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chapitre 6


Jenna s’éveilla d’un bond. Elle était toujours habillée. Néanmoins, elle avait tiré la couverture sur elle durant la nuit et au moins n’avait‑elle pas attrapé froid. Elle regarda l’heure au réveil, sur la table de nuit, et s’aperçut qu’il était 4 heures du matin. Son horloge interne semblait décidément réglée sur l’heure de New York.
Elle s’endormit et s’éveilla de nouveau. Il était 6 heures. Rejetant les couvertures, elle se rappela qu’elle s’était endormie alors qu’elle devait juste attendre que Sam aille se coucher. Elle se jura qu’aujourd’hui, elle ne se laisserait pas distraire de son but. Mince ! Elle n’était pas plus avancée que le jour où elle était arrivée au ranch, et n’avait toujours aucune idée de l’endroit où Sam avait pu installer le bureau de sa grand-mère.
Elle s’étira et entreprit de faire glisser le zip de sa robe, qui, malheureusement, resta coincé. Elle eut beau s’y essayer plusieurs fois, rien n’y fit.
Espérant que Maria passerait par là, elle se dirigea vers la porte, traversa le couloir et aperçut Sam qui sortait de sa chambre. Lorsqu’il la vit, il fronça les sourcils. Mortifiée, elle ferma les yeux un instant.
— Jenna ?
— Pourrais-tu… ?
Ses paroles moururent sur ses lèvres.
— Pourrais-je… quoi ? demanda-t‑il en s’approchant, l’air intrigué.
Elle se tourna et ferma les yeux. Même à travers ses vêtements, elle pouvait sentir la chaleur de sa peau. Inspirant légèrement, elle perçut son parfum musqué. Elle ressentait son désir, comme s’il était le sien. Et elle avait envie de lui, comme cela ne lui était jamais arrivé auparavant, avec aucun homme. Tout ce qu’elle voulait, c’était se fondre en lui et voir où cela les mènerait. Mais elle ne pouvait pas, non. Surtout pas maintenant. Elle avait besoin d’être seule, afin d’explorer la maison. Si elle l’entraînait dans sa chambre, qui savait combien de temps ils passeraient ensemble. En ce qui la concernait, elle aurait volontiers passé la journée entière avec lui, au lit.
Elle entendit son souffle chaud contre son oreille.
— Qu’est-ce que tu veux, Jenna ? Dis-le-moi, chuchota-t‑il.
— Pourrais-tu m’aider à détacher cette robe ? demanda-t‑elle d’une voix rauque. Je me suis endormie tout habillée et à présent la fermeture Eclair est coincée.
— Bien sûr. C’est tout ce que tu veux ?
Il prit la tirette de la fermeture entre ses doigts et commença à la faire glisser doucement, écartant le tissu. Ses doigts effleurèrent sa peau. Elle frissonna et sentit la chaleur de son corps contre son dos, comme la caresse d’une flamme. Il descendit le zip jusqu’en bas, tout en laissant courir ses doigts contre sa peau. Ses mains étaient faites pour caresser le corps d’une femme, songea-t‑elle.
— Oui, c’est tout ce dont j’ai besoin… pour l’instant, répondit‑elle.
Un désir pressant s’insinua en elle. Sam se pressa tout contre ses fesses et elle sentit son sexe dur dans le creux de ses reins.
Il prit ses longs cheveux dans une main et les fit tomber de côté, révélant sa nuque, puis elle sentit la chaleur de ses lèvres dans son cou et des vagues de feu se propagèrent en elle. Tout était parfait. Elle le voulait, le désirait tant. Ses lèvres glissèrent jusqu’à son épaule et embrassèrent sa peau nue.
Il glissa une main sur sa taille et elle enlaça ses doigts.
— Je ne t’ai pas dit, hier soir, à quel point tu avais magnifiquement joué.
— Merci, dit‑elle en dénouant ses doigts.
Sam retira sa main, puis se mit à lui caresser les cheveux.
— Est-ce que… tu pars travailler aux écuries ? demanda-t‑elle.
— Oui, je dois ranger le grenier à foin, et j’en ai pour un bon moment. Cet après-midi j’ai rendez-vous avec le comité de soutien de l’hôpital.
Il s’interrompit un instant, semblant peser ses mots.
— Aimerais-tu m’accompagner ?
Le ton séducteur de sa voix lui donnait envie d’acquiescer à tout ce qu’il disait. Elle inspira profondément, tandis que la joie s’insinuait en elle. Son absence lui laisserait suffisamment de temps pour ses recherches.
— Eh bien, on dirait que tu vas être occupé toute la journée. J’ai bien peur qu’il en soit de même pour moi. J’ai rendez-vous à 13 heures avec l’académie de musique et une répétition à 15 heures. Et puis, il faut que je m’exerce.
Elle regarda ses mains, cherchant désespérément à en faire quelque chose, avant de les caresser.
Puis, sans même s’excuser, elle s’enfuit. La façon dont elle s’éloignait de lui était incompréhensible. Elle lui jeta un dernier coup d’œil et ferma sa porte.
Etait-ce parce qu’elle avait réellement besoin de cette matinée pour se mettre en chasse ou bien parce que Sam la troublait profondément, plus qu’aucun homme n’en avait jamais été capable ? En sa présence, elle perdait tout contrôle d’elle-même, et son cœur battait la chamade.
A moins que ce ne fût la raison, qui l’avait fait s’éloigner de lui.
Non, certainement pas. Une femme à l’esprit pragmatique aurait su se retirer de façon plus élégante.
Mais les lâches, eux, savent quand il faut courir et battre en retraite, et c’était ainsi qu’elle venait de se conduire. Elle retira sa robe et ses bas et se réfugia dans la salle de bains, avant de céder à une impulsion insensée, telle qu’ouvrir sa porte, attraper Sam par le cou et l’entraîner sur son lit pour assouvir leur désir.
Elle se glissa sous le jet de la douche et l’eau chaude commença à la relaxer. Elle était déterminée à découvrir le bureau dès ce matin et à y récupérer le fameux carnet. Ensuite, elle pourrait se rendre à ses rendez-vous de l’après-midi, satisfaite d’avoir accompli les derniers vœux de sa grand-mère.
Soudain, elle se sentit coupable. Elle avait à peine pensé à son aïeule, ces dernières vingt-quatre heures. D’aussi loin qu’elle se souvienne, sa grand-mère avait toujours été à ses côtés, et l’avait toujours soutenue, dans tout ce qu’elle avait entrepris. Tandis que sa propre mère, ne faisait qu’apparaître et disparaître dans sa vie. Jamais elle n’avait pu se débarrasser de la déception qu’elle lui avait causée. Cela n’avait pas été évident, pour une petite fille de cinq ans, de comprendre un comportement aussi égoïste, mais depuis lors elle s’était fait à cette idée, et avait compris que l’amour et la passion de la musique ne faisaient pas bon ménage. L’un des deux devait s’effacer devant l’autre. Il en avait été de même pour sa grand-mère, qui avait renoncé à sa carrière pour l’amour de son époux. Elle les aimait tellement tous les deux, son grand-père et elle, qu’elle remerciait chaque jour sa grand-mère d’avoir fait ce sacrifice et de lui avoir offert un foyer si chaleureux.
Pour sa part, elle n’avait aucune intention de laisser ses sentiments interférer dans sa carrière, qui était à son apogée. Jenna comptait bien rester au sommet aussi longtemps que possible. La musique était un univers sûr, sécurisant, qu’elle comprenait bien mieux que ces sensations étourdissantes qui lui faisaient perdre tout contrôle sur elle-même.
Lorsqu’elle ouvrit la porte de sa chambre, pour la seconde fois de la matinée, tout était calme dans la maison. Sam travaillait dans la grange, et il était encore tôt. Elle jeta un coup d’œil devant la porte de sa chambre, se demandant si le bureau pouvait s’y trouver. Inspirant profondément, elle traversa le couloir et tourna la poignée. La porte s’ouvrit sans un bruit.
A pas de loup, elle entra dans la pièce. Ses yeux se posèrent sur les meubles de cèdre massif, puis sur le grand lit recouvert d’un édredon aux couleurs vives, la table de nuit et la commode. Un confortable fauteuil était installé près de la fenêtre, de laquelle on pouvait observer les pâturages dans lesquels on menait paître les bêtes.
Aucune trace de bureau. Pourtant, elle ne pouvait se résoudre à sortir.
Jenna marcha jusqu’à la commode et regarda ce qui s’y trouvait posé : une vieille montre d’homme, un badge en forme d’étoile et quelques pièces de monnaie. La montre en argent retint son attention. Elle s’en saisit ; elle avait vu suffisamment d’antiquités dans sa vie, pour savoir qu’il s’agissait d’une montre ancienne de valeur. Soulevant la chaîne, elle poussa le remontoir et la plaque avant s’ouvrit, révélant un message gravé.
« A mon mari bien-aimé, Silas, avec tout mon amour.
Savannah. »
L’inscription, si personnelle, lui rappela qu’elle était en train de fouiller dans l’intimité de Sam. Honteuse de ce qu’elle était en train de faire, mais incapable de s’arrêter, elle referma délicatement la montre.
Ensuite, elle prit l’étoile, qu’elle reconnut aussitôt comme un insigne de l’équipe des Rangers. En l’approchant tout près de ses yeux, elle y vit l’inscription de la compagnie d’élite à laquelle Sam avait appartenu. Eh bien, tous deux avaient un riche héritage, lui avec ses ancêtres et son appartenance au Rangers, et elle avec le scandaleux carnet de sa grand-mère, sur lequel elle devait mettre la main.
Peut-être un homme tel que Sam comprendrait‑il si elle se *******ait de lui expliquer quelle importance les écrits de sa grand-mère avaient pour elle. Sauf qu’elle comptait toujours sur la possibilité qu’un juge reconnaisse l’illégalité de la vente et demande la restitution de tous les meubles ainsi que des objets qu’ils contenaient. Mais pouvait‑elle prendre un tel risque ?
Elle s’approcha du lit et imagina le corps de Sam allongé, au milieu des draps et des oreillers. A cette idée, son pouls s’accéléra. Elle caressa d’une main le portemanteau qui se trouvait dans un coin. Il était sculpté dans des cornes de bétail, et diverses ceintures et écharpes, ainsi que la chemise blanche qu’il portait la veille au concert y étaient accrochées. Elle s’approcha et porta le vêtement à son nez. Elle avait l’habitude des eaux de toilette coûteuses, mais Sam n’en portait pas. Il n’avait besoin d’aucun parfum artificiel. Inspirant profondément, elle huma la chemise, respirant l’odeur naturelle de Sam.
Elle ferma les yeux et se délecta de la senteur, qui ne ressemblait à aucune autre et embaumait le cuir, le vent et le savon.
La porte d’entrée claqua et elle entendit des pas traverser le hall et grimper les escaliers. Prestement, elle raccrocha la chemise et se dirigea vers la porte. Elle était juste sur le seuil, lorsque Maria arriva en haut des marches.
Jenna fit un pas en avant. Honteuse, elle avait du mal à croire qu’elle avait ainsi fouillé dans les effets personnels de Sam et le rouge lui monta aux joues.
— Si vous cherchez Sam, dit Maria, il est dans la grange, je l’ai aperçu lorsque j’ai déposé Caleb il y a environ vingt minutes. Je suis très en retard sur mon planning, à cause de ce Tooter qui n’arrête pas de jacasser. Pourriez-vous dire à Sam que le petit déjeuner sera servi dans un instant ?
Jenna sourit, essayant de calmer les battements de son cœur.
— Oui, bien sûr, Maria. Merci.
Elle se dirigea vers l’escalier, tandis que Maria pénétrait dans la chambre de Sam. Elle la vit prendre le linge sale pour le laver et soupira. Apparemment, Maria ne s’interrogeait pas sur la raison de sa présence dans l’antre de Sam, et ne songeait qu’à son travail.0
A mi-chemin de la grange, Jenna commença à se sentir nerveuse ; elle avait l’impression d’avoir dévoilé l’âme de Sam. La montre et l’étoile de Ranger révélaient déjà tant de choses sur lui qu’elle avait envie d’en savoir encore bien davantage.
— Sam ? Tu es là ?
Au-dessus d’elle, le parquet grinça et un peu de paille et de poussière tombèrent à ses pieds.
Lorsqu’il apparut, il était nu jusqu’à la taille, un bandana bleu noué seul autour de son cou. Ses cheveux sombres n’étaient pas attachés et descendaient dans son cou, moites de sueur.
Il avait son Stetson noir sur la tête (certainement pour empêcher ses cheveux de lui tomber sur le visage), et l’avant était tellement enfoncé que ses yeux demeuraient dans l’ombre.
Tout ce qu’elle voyait, c’était ses joues et son menton, ce qui mettait encore plus en valeur le dessin de ses lèvres. Quant à ses mains, elles étaient protégées par d’épais gants de cuir.
Les mots ne parvenaient pas à sortir de sa bouche. Elle était troublée par l’allure de Sam et ne parvenait qu’à le regarder fixement. Elle suivit le mouvement des gouttes de transpiration qui roulaient sur son torse, glissaient de son ventre musclé jusqu’à la ceinture de son jean. Elle se lécha les lèvres, sentant presque le goût salé de son corps sous sa langue.
Il s’approcha d’elle.
— Eh bien ? Que se passe-t‑il ? Tu as perdu ta langue ?
Elle regarda son jean qui le moulait de façon si étroite, et se souvint de la puissance de ses cuisses, lorsqu’il s’était serré contre elle, la nuit précédente.
— Non, j’ai juste un peu de poussière dans l’œil, ré-pondit‑elle d’une voix rauque.
Elle ne pouvait le quitter des yeux ; les muscles de sa poitrine l’hypnotisaient.
Il hésita. Les yeux sombres de Jenna semblaient briller dans la semi-obscurité de la grange.
Il posa ses mains sur le plancher du grenier. D’un bond, il se laissa habilement choir sur le foin entassé à côté de Jenna et se remit rapidement sur pied.
Il s’approcha d’elle, et comme la veille, elle eut l’impression de sentir la chaleur irradier de son corps, mêlée à son odeur musquée.
Il retira ses gants et s’approcha tout près.
— Laisse-moi regarder cette poussière.
Rangeant ses gants dans la poche arrière de son jean, il se tint tout contre elle. Instinctivement, cherchant son équilibre, elle posa les mains sur son torse, et sentit son pouls s’accélérer lorsqu’il plongea son regard dans le sien. Il posa les mains sur son visage et elle se sentit tressaillir.
— Du calme, murmura-t‑il d’une voix basse et rauque, dont il usait certainement pour calmer les chevaux.
Ses mains étaient rugueuses et abîmées par les travaux du ranch. Comment pouvaient‑elles en même temps être si douces ?
Jenna s’abandonna à la caresse de sa main, à la chaleur de son souffle sur son front qui faisait voleter les petits cheveux autour de son visage.
Sam fronça les sourcils.
— Tout m’a l’air normal. Est-ce que par hasard tu me raconterais des histoires ?
Elle déglutit, essayant de trouver rapidement une excuse, sachant que cela lui serait impossible, alors qu’il se tenait si près d’elle et la troublait tant.
— D’accord, je l’avoue, j’ai menti. En fait, j’étais un peu troublée par ta… tenue. On ne voit pas souvent des hommes se balader ainsi, aussi peu vêtus, à New York.
— Ma tenue ? Oh… je vois. Aurais-je par hasard heurté ta sensibilité ?
— Non.
— Donc ça ne te dérange pas ?
— Non.
— Si, ça te perturbe.
— Non, pas vraiment… je… Sam, tu me troubles.
Elle ferma les yeux un instant, essayant de se reprendre.
Sam sourit.
— Tu préfères peut-être que je mette une chemise ?
— Non… enfin, si.
Il se colla contre elle.
— Alors, que veux-tu dire ? C’est oui, ou non ?
— Tu m’énerves ! Ton corps ne me trouble pas plus que ça, sache-le ! En fait, je suis venue ici parce que j’ai pensé que tu avais peut-être faim et pour te dire que Maria était sur le point de servir le petit déjeuner.
— Hm, ce n’est pas cette faim-là qui me dévore, Jenna, mais plutôt celle qui s’empare de moi, chaque fois que tu me regardes, comme tu es en train de le faire !
Soudain, elle se sentit prise au piège.
— Sam, à quoi joues-tu ?
Ses mots moururent sur ses lèvres, alors que Sam la prenait par la taille et la tenait serrée tout contre lui.
— Chérie, je ne joue pas.
Sa bouche se posa sur la sienne et elle sentit l’urgence de son désir.
Ses lèvres étaient chaudes et douces comme du velours et elle gémit de plaisir en les sentant se poser sur les siennes. En cet instant, peu lui importaient ses doutes et les conséquences de leurs gestes.
Elle glissa ses bras autour de son cou, jetant au passage son Stetson par terre. Ses mains se posèrent sur sa nuque et elle caressa ses cheveux, doux comme de la soie.
Sam gémit et l’embrassa plus profondément, sa langue fouillant sa bouche comme une flamme brûlante.
Puis, soudain, il s’écarta d’elle. Il ferma les yeux et elle lut sur son visage, l’effort qu’il faisait pour ne pas se laisser aller aux pulsions de son corps.
Elle lui caressa le visage. Il ouvrit les yeux et la vul-nérabilité qu’elle découvrit en lui la toucha. Cette facette de sa personnalité l’effrayait presque. Elle se sentait nettement plus à l’aise lorsqu’il exerçait sur elle son charme de cow-boy macho.
Cette partie de lui, si sensible, qui s’offrait à elle, lui faisait peur et en même temps l’excitait, elle devait bien le reconnaître.
Pendant une longue minute, il l’observa. Puis il leva doucement la main vers elle, et de son pouce, caressa ses lèvres. Jenna gémit et se sentit défaillir tandis qu’il continuait cette caresse si intime.0
— Tu l’as déjà fait dans le foin ? chuchota-t‑il.
Prenant son visage entre ses mains, il commença à l’embrasser doucement, caressant ses lèvres des siennes. Des frissons la parcoururent, lorsqu’elle sentit sa langue s’immiscer en elle.
— Maintenant, chérie ? Si nous le faisions maintenant ?
Elle n’eut pas le temps de lui répondre. Déjà, il l’embrassait de nouveau, caressait ses cheveux. Elle lisait le désir dans ses yeux.
Soudain, son baiser se fit plus exigeant, plus profond et elle sentit des vagues de chaleur monter en elle. Jamais elle n’avait connu un feu aussi brûlant. Toute résistance l’abandonna, et elle se cambra contre lui, appelant ses caresses de tout son corps.
Lorsqu’elle sentit ses mains se poser sur ses seins, elle sut qu’elle était en train de vivre ce dont sa grand-mère parlait dans son journal intime.
La passion.
Alors elle comprit que si elle ne s’y abandonnait pas, elle prenait le risque de ne jamais la connaître.
Sam la serra un peu plus contre lui, et leurs regards se croisèrent, éperdus.
— Sam ?
La voix de Tooter résonna dans la grange.
— Bon sang, murmura Sam sans répondre à son con-tremaître. J’ai bien peur que nous devions remettre nos petits jeux dans le foin à plus tard.
Il s’écarta d’elle, prit ses gants dans sa poche et les enfila, profitant de ce bref moment pour reprendre contenance. Jenna essaya d’en faire de même, mais tout ce dont elle avait envie était de poser de nouveau ses mains sur lui, et de poursuivre leurs caresses.
— Rentre à la maison, lui dit‑il. Je serai là bientôt. Dis à Maria qu’elle pourra servir dans environ une demi-heure. Tu pourras tenir jusque-là ?
— Pour le petit déjeuner, peut-être, pour le reste, je ne sais pas, répondit‑elle en passant devant lui.
Lorsqu’elle aperçut Tooter, elle lui sourit, mais le vieil homme se *******a de lui jeter un coup d’œil. Elle s’arrêta et le regarda, intriguée. Et soudain : elle comprit. Tooter avait fait exprès de les interrompre. Elle se demanda ce qu’il avait contre elle. Lorsqu’elle aurait un moment, elle en parlerait à Sam. Elle était habituée à entretenir de bonnes relations avec son entourage, de même qu’avec son public et cela l’ennuyait qu’il n’en soit pas de même avec le vieil homme.
— Sam ?
— Je suis là, Tooter.
Lorsque son contremaître s’approcha de lui, Sam avait repris toute son assurance.
— Que se passe-t‑il ?
— Le gars qui livre la nourriture du bétail est là.
— Tooter, pourquoi est-ce que tu viens me parler de ça ?
— Je pensais que tu aimerais être au courant.
Sam le regarda droit dans les yeux, l’air furieux.
— C’est curieux, parce que depuis que tu as commencé à travailler au ranch, ce qui remonte à quoi, oh, disons, seulement une bonne vingtaine d’années, tu t’es toujours occupé de l’alimentation des animaux sans même m’en toucher un mot !
Tooter rougit et contempla le bout de ses chaussures, avant de relever les yeux sur lui, l’air frustré. Il semblait avoir un énorme poids sur la poitrine.
— Est-ce que tout ceci n’aurait pas plutôt pour but de nous séparer, Mlle Sinclair et moi ?
Tooter se renfrogna.
— Elle n’est pas faite pour toi, Sam. Tu te laisses complètement mener par tes hormones. Elle est exactement comme ton ex-femme.
Sam se sentit bouillir intérieurement, sachant que Tooter n’avait pas entièrement tort. Jenna avait de nombreux points communs avec Tiffany, mais en cet instant, il n’en avait cure. Il avait envie d’elle.
— Ce que je fais ou ne fais pas avec Mlle Sinclair ne regarde que moi. Je n’ai pas besoin que tu te mêles de ça, Tooter. *******e-toi de faire le boulot pour lequel je te paie !
Sa rage diminua aussitôt en découvrant la peine sur le visage du vieil homme. Il se pencha et ramassa son chapeau par terre, passa vivement sa main dans ses cheveux et remit son Stetson sur sa tête.
— Ecoute, je suis désolé de t’avoir parlé ainsi, c’était injuste. Néanmoins, ce que j’essaie de te dire c’est que je suis adulte et que je sais pertinemment ce que je suis en train de faire.
— Vraiment ? Je n’en suis pas si sûr. J’ai bien vu la façon dont tu la regardais, hier, lorsque je suis venu te parler de Silver Shadow. Je ne suis peut-être plus très jeune, mais je ne suis pas aveugle.
— N’essaie pas de me dire comment mener ma vie, Tooter. J’apprécie ton opinion et je la respecte, mais pas dans ce domaine.
Tooter lui opposa un sourire moqueur.
— Tu brûles de désir pour elle, mais elle, tout ce qu’elle fera, c’est te briser le cœur.
— Tout ceci n’est que temporaire, et s’arrêtera dès qu’elle quittera le ranch.
— Ce qui ne sera jamais assez tôt, en ce qui me concerne. Dès que je l’ai vue, j’ai su qu’elle allait t’attirer des problèmes.
Tooter se retourna et quitta la grange, grommelant à propos de la stupidité des hommes et de leur libido. Et Sam se disait qu’il n’avait peut-être pas tort.
Il frappa du poing dans sa main et regagna rapidement l’étage du grenier. Il pouvait encore sentir la main de Jenna caresser son visage, et se remémorer la façon dont elle l’avait regardé. Ses doigts étaient longs et gracieux, faits pour jouer de la musique et tirer de sublimes notes d’un instrument précieux. Mais lui avait envie de goûter à ces doigts, de jouer avec eux. Il voulait les sentir sur sa peau. Il voulait vibrer à l’unisson avec Jenna, si fort qu’il en oublierait tout. Qui il était, et qui elle était.
Même s’il le savait parfaitement.0
Tooter avait raison. Jenna n’appartenait pas à son monde. Elle appartenait à New York, une ville où les hommes gardaient leurs vêtements en public. Une ville où les magnifiques gratte-ciels se découpaient sur un horizon sublime et où les voitures n’avançaient pas. Un endroit où la sophistication et l’élégance faisaient partie du quotidien. Pas un endroit où l’on trouvait en permanence de la poussière, de la boue, du foin et de la sueur.
Plus tard, Tooter pourrait dire qu’il l’avait bien prévenu.
Mais seulement, bien plus tard !0

chapitre 7

10 octobre 1957
Dansez avec moi, m’a-t‑il demandé.
La réception, dont j’étais l’invitée d’honneur, était terriblement ennuyeuse. Mes yeux se sont posés sur lui et je l’ai laissé me conduire sur la piste de danse.
Etre dans ses bras était comme m’envoler vers le paradis. Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire lorsqu’il m’a tenue un peu plus serrée contre lui et que j’ai senti les battements précipités de son cœur.
C’était un homme superbe, aux cheveux et aux yeux extrêmement sombres. J’y voyais briller l’étincelle du désir qu’il éprouvait pour moi.
Je savais qui il était. J’avais entendu des ru-meurs selon lesquelles il était un prince d’Egypte, descendant des pharaons et expert en femmes. Peut-être était-ce enfin lui ? Celui que j’attendais pour lui faire découvrir les affres de la passion.
Il a dit qu’il souhaitait que le rejoigne dans son palais. Qu’il me désirait.
Nous nous tenions au milieu de la piste, nos deux corps comme mêlés l’un à l’autre, nos cœurs battant à l’unisson. Bien sûr, je lui dis que je ne pouvais pas quitter ainsi la réception, mais il insis-ta, prétendant que les festivités pouvaient très bien continuer sans moi.
J’avais envie de découvrir l’interdit avec lui, j’ai donc quitté la réception et me suis précipitée dans son palais, en bordure du Caire.
Il m’a fait pénétrer dans une pièce magique, où se trouvaient une fontaine à cascade et des di-vans bas garnis de nombreux coussins.
Sans perdre de temps, il m’a attirée à lui et m’a embrassée. Il avait le goût du vin et du mystère. Il continua à m’embrasser passionnément et je me sentis bientôt gémir sous ses baisers.
Lentement, dans des gestes sensuels et rete-nus, il a retiré tous ses vêtements et les a jetés au loin. J’adorais le regarder et sentir le désir monter en moi.
Sa bouche, sur mes seins, sur mon corps, était chaude. Soudain, je criai en le sentant verser quelque chose de lourd sur mon sein. Lorsque j’ouvris les yeux, je le vis sourire. Il tenait une fiole dans sa main et je vis que le liquide ambré qu’elle contenait était du miel. Il me dit que j’avais un goût exquis, et je me mis à rire comme une idiote.
Aucun homme ne m’avait encore dit une chose pareille.
Puis il plongea ses doigts dans le miel et les porta à ma bouche. En le goûtant sur ma langue, je crus m’évanouir de plaisir. Il m’embrassa, sa-vourant le goût du miel dans ma bouche, sa langue me fouillant profondément. Puis, il baissa la tête et prit mon téton dans sa bouche, suçant le miel et mon sein.
Je me tortillais de plaisir sous lui, et, sans s’arrêter, il versa du miel sur mon autre sein. En sentant le liquide doré couler sur la pointe de mon sein tendu, une douce moiteur envahit mon entre-jambe.
Lorsque sa langue suivit la trace du miel, je me mis à gémir et enfin je jouis, les sensations explo-sant en moi comme un feu d’artifice.
Lorsqu’il me prit, son sexe entra en moi d’un seul coup. Je sentis un autre orgasme monter par strates et je m’abandonnai à ses caresses.
Plus tard, alors que je me reposais entre ses bras, il me parla de ses ancêtres et me montra des anneaux incrustés de pierres précieuses. Bien sûr, naïvement, j’ai cru qu’il s’agissait de boucles d’oreilles. Mais il m’apprit qu’ils étaient faits pour être portés aux pointes des seins, et que les femmes s’en paraient comme d’un bijou sexuel, destiné à exciter les hommes. J’étais très intriguée et lui demandai de quelle façon les femmes se faisaient percer le bout des seins.
Il me demanda si j’accepterais de les porter pour lui. Je lui répondis que je trouvais l’idée très excitante et que j’aimerais essayer.
Le 12 octobre 1957
Lors de notre rencontre suivante, je décidai de le surprendre : je me mis à danser et me déshabil-lai lentement pour lui, au son de la musique maro-caine que jouait son gramophone. Lorsque je lui dévoilai mes seins, il gémit en voyant que je por-tais les anneaux. Je vis qu’il devenait fou de désir et eut aussitôt l’impression de détenir un mysté-rieux pouvoir. Les anneaux ondulaient au rythme de mon corps ; ils étaient si puissamment éro-tiques que j’eus un premier orgasme rien qu’en dansant.
Lorsque la musique s’arrêta, il me fit allonger sur le divan et commença à me lécher les seins, en titillant les pointes percées. Jamais je n’avais ressenti une telle sensation, et je jouis si fort que j’en eus le souffle coupé. Puis il plongea en moi, m’emportant sur les sommets de la passion.
Ce ne fut que bien plus tard, alors qu’il s’était endormi en me serrant dans ses bras, que j’éprouvai une étrange mélancolie. Pourquoi ? Je n’en sais rien.
J’avais expérimenté ce que je souhaitais, mais je ne sais toujours pas pourquoi j’éprouvai alors cette curieuse sensation.
Je quittai l’Egypte avec les anneaux, le souvenir de nos étreintes… et rien d’autre.
Allongée sur son lit à baldaquin, Jenna referma le carnet. Son rythme cardiaque s’était accéléré et elle se sentait excitée. Une telle audace, un tel abandon… Quel effet cela faisait‑il, de se laisser aller ainsi ? L’amour était-il à ce point indispensable dans la vie d’une femme ? Peut-être était-ce la leçon que tentait de lui transmettre ce journal paré de la délicate écriture de sa grand-mère.
La journée s’était déroulée dans un tourbillon d’activités. Elle avait abandonné le bureau aux Stanton dès leur arrivée, et était partie répéter dans le superbe théâtre de l’université. L’acoustique en était parfaite et mettait chaque note en valeur.0
Durant la réception, elle eut l’impression de rencontrer mille et un étudiants, chacun la pressant de questions. Elle salua, encouragea, répondit aux demandes, sourit, réussit à grignoter entre deux conversations, et finalement passa un excellent moment. Les habitants de Savannah étaient décidément des personnes chaleureuses et sympathiques.
Lorsqu’elle rentra au ranch, Maria était là et Sam était déjà rentré, mais il n’avait pas dîné car six vaches avaient mis bas, ainsi que deux juments.
Elle laissa une heure s’écouler : il était minuit, Sam était certainement endormi et elle avait tout loisir d’explorer le bureau.
Elle se leva et remit le journal intime dans sa mallette. Il était temps de trouver le second tome, ainsi que ces étranges bijoux. Des anneaux à porter au bout des seins ? Incroyable !
Sa grand-mère était décidément bien audacieuse, et elle s’interrogeait sur les conséquences d’un tel comportement.
Simplement vêtue de sa chemise de nuit transparente, elle se glissa hors de sa chambre et regarda la porte de Sam, sentant un immense désir l’envahir. La lecture du premier carnet l’avait davantage émoustillée qu’elle ne s’y attendait, mais l’heure n’était pas à aller batifoler avec Sam.
Rapidement, elle descendit l’escalier et se rendit à son bureau. Tournant la poignée, elle ouvrit la porte. Dans la faible lumière, elle distingua un homme assis dans un fauteuil en cuir et qui tenait un verre dans la main.
— Jenna ?
Mon Dieu ! Sam n’était pas dans son lit, et elle était prise au piège ! Il se leva et posa son verre sur la table basse. Incapable de reculer, elle avança dans la pièce.
Apparemment, il venait juste de prendre une douche et ses cheveux étaient encore humides.
— Que fais-tu encore debout à cette heure ? demanda-t‑elle, essayant de masquer sa surprise. Tu dois être éreinté.
— Je n’arrive pas à dormir.
Sa beauté virile la fascinait. Ses yeux, bleu sombre, dans lesquels elle remarqua aussitôt une étincelle de désir, étaient rivés aux siens.
Elle s’avança vers lui, et sans un mot, déboutonna sa chemise, en écarta les pans et la repoussa sur ses épaules. La chemise glissa sur le tapis. Elle fit courir ses doigts sur la toison brune qui ornait son torse. En sentant ses mains sur lui, Sam poussa un soupir. Cela la fit hésiter. Elle avait tant envie de lui… mais elle devait auparavant s’assurer que tout était bien clair entre eux. D’ordinaire, elle ne consacrait pas tant d’attention aux émotions de ses partenaires.
Laissant ses mains courir sur lui, elle se plaça derrière lui. Elle se pressa contre son dos, posa ses lèvres sur sa peau et l’embrassa. Puis ses mains et ses lèvres prirent le même chemin, descendant dans son dos, le couvrant de baisers.
A un instant elle tourna la tête, et se figea.
Le bureau était là, tout près d’elle, émergeant de l’obscurité, juste à portée de main. Une vague de culpabilité l’envahit. Séduire Sam pour arriver à ses fins était une forme de trahison. Tout ce qu’ils pourraient jamais partager ensemble porterait les stigmates de sa duplicité.
Sam se retourna, lui prit les mains et l’attira à lui.
— A quoi joues-tu ? Cela te plaît de me torturer ?
Sans attendre de réponse, il releva sa chemise de nuit et l’embrassa. Jenna se sentit perdre tout contrôle. Il prit son téton dans sa bouche et le suça, tandis qu’elle gémissait et se tordait de plaisir sous lui.
Elle leva les yeux vers lui et se sentit soudain dépassée par ses sensations. Un sanglot dans la gorge, elle s’écarta de lui et se précipita hors de la pièce.
Il la rattrapa à mi-hauteur de l’escalier.
— Jenna, attends ! Je suis désolé ! Je croyais que tu me taquinais ! Je ne voulais pas t’effrayer.
Elle courut jusqu’à sa chambre et s’arrêta, pétrifiée, devant le miroir. Etait-ce son reflet qu’elle y voyait ? La femme qui lui faisait face ne lui ressemblait pourtant pas. Elle avait l’air sauvage, aguichante, provocante. Ses lèvres étaient gonflées et ses yeux lançaient des étincelles de désir.
Sam arriva derrière elle et gémit en contemplant son reflet dans le miroir. Elle savait qu’il y voyait la même chose qu’elle : une femme folle de désir.
Elle sentit sa main caresser ses cheveux. Puis il retira l’élastique qui les maintenait, et ses mèches tombèrent en cascade sur ses épaules.
Il fit glisser les bretelles de sa chemise de nuit sur ses épaules et se pencha pour embrasser sa peau nue. Puis elle se tourna et lui fit face.
Il s’approcha plus près d’elle encore, et posa ses lèvres sur les siennes, introduisit sa langue et l’embrassa passionnément.
S’écartant d’elle, il vit que sa chemise de nuit recouvrait encore ses seins. Il se pencha pour les libérer, les caressa, et Jenna gémit en sentant ses doigts sur ses tétons durcis. Elle tira sur la chemise de nuit qui glissa jusqu’au sol.
Elle n’avait plus rien sur elle, excepté le petit triangle de soie de sa culotte, qui séparait encore son intimité des caresses de Sam.
Il embrassa ses épaules, sa langue glissant dans son cou tandis qu’il caressait langoureusement ses seins, en faisant rouler les pointes entre ses doigts, les pinçant, les agaçant.
Il leva légèrement la tête et regarda leur reflet dans le miroir. Il était évident que Jenna avait perdu tout contrôle d’elle-même, s’abandonnant entièrement à ses caresses, et un profond désir s’empara de lui. La chaleur et la douceur de ses seins, entre ses mains, le rendaient complètement fou.0
Il glissa sa main de plus en plus bas, jusqu’à son sexe. Jenna cria de plaisir et se frotta contre sa main. Puis elle se tourna vers lui, et caressant sa poitrine, fit descendre sa main jusqu’à sa ceinture. D’un geste sûr, elle la pressa contre sa braguette, le caressant déjà à travers la toile. En sentant ses doigts se glisser à l’intérieur de son pantalon, il gémit de plaisir. Excité, il l’embrassa pendant qu’elle caressait doucement son sexe entre ses doigts.
Il serra les dents en sentant sa main se refermer sur son érection, mais perdit tout contrôle lorsqu’elle commença à faire aller et venir sa main le long de son sexe. En un éclair, Jenna lui retira son jean et prit son sexe à pleines mains.
Son excitation grandissait de plus en plus, et fermant les yeux, il se laissa aller à ses caresses.
Quelques instants plus tard, il s’écarta d’elle et la fit se retourner, de façon à ce qu’elle ait son dos de nouveau contre sa poitrine. Glissant une main sous l’élastique de son string, il le lui retira et le jeta sur le sol. Puis, s’agenouillant derrière elle, et glissant sa main sur ses fesses, il la fit se pencher en avant, jusqu’à ce qu’il ait bientôt son sexe face à lui, chaud et humide, et qu’il puisse y plaquer sa bouche. Aussitôt, il commença à la lécher, lui donnant du plaisir avec sa langue, la traquant dans ses replis les plus secrets, caressant les lèvres, suçant son clitoris. Puis, tout en continuant, il introduisit un doigt en elle et l’entendit gémir de plus belle. Son doigt s’enfonçait de plus en plus profondé-ment dans son sexe humide, puis ressortait, pour mieux s’enfoncer de nouveau, tandis que sa langue, chaude, suivait le rythme. Jenna cria encore et encore sous le double assaut.
Il voulait qu’elle se souvienne de lui et oublie tous les autres hommes qu’elle avait rencontrés. Il voulait être le seul à la mettre dans un tel état d’excitation et de jouissance.
Ses cris de plaisir lui firent perdre tout contrôle. Il la voulait. Maintenant. Ici. Il n’avait aucune envie d’attendre plus longtemps, ni même de perdre du temps à l’emmener au lit.
Il retira les derniers vêtements qui l’encombraient encore. L’attrapant par les hanches, il se pressa contre elle, son sexe dur contre le sien, toujours si chaud, si humide.
— Je t’en prie, Sam, je ne peux plus attendre. Viens, gémit‑elle.
— Nous n’avons pris aucune précaution.
— Viens, je t’en prie !
D’un coup de rein puissant, il plongea en elle, se fondant dans son intimité.
Reprenant son contrôle pendant un moment, il cessa de bouger, puis reprit ses mouvements. Il la pénétrait lentement, langoureusement, entrant et sortant d’elle tout en essayant de contrôler les pulsions de désir qui montaient en lui.
Puis, de nouveau, il s’enfonça en elle profondément et Jenna se mit à crier de plaisir. Elle se déhancha de plus belle contre lui et il voyait son sexe entrer et sortir d’elle plus vite qu’il ne pouvait le contrôler. Ses hanches claquaient contre les fesses de Jenna et soudain, elle se raidit et se mit à gémir intensément. C’en fut trop pour lui et il perdit tout contrôle.
Sur une dernière poussée, encore plus profonde, il se laissa aller à son plaisir..0

chapitre 8

Un moment s’écoula avant qu’ils ne retrouvent leurs esprits. Sam s’écarta doucement d’elle, Jenna se retourna puis lui passa les bras autour du cou.
La façon dont ils avaient perdu tout contrôle d’eux-mêmes la sidérait. Ses aventures précédentes n’étaient rien en comparaison de celle-ci. Le désir avait supplanté le moment de panique qu’elle avait ressenti en pénétrant dans le bureau. Pourquoi diable essayait‑elle d’échapper à ce qui lui faisait tant envie ?
Elle désirait Sam, et il la désirait tout autant. Leur ballet amoureux, depuis le moment où ils s’étaient rencontrés à l’aéroport, les avait guidés vers cet instant, le plus érotique de toute sa vie.
Sam la fixait, et écarta gentiment une mèche de cheveux de son visage. En sentant toute la tendresse qu’il lui manifestait, en glissant ses bras autour d’elle et en la tenant serrée tout contre lui, elle sentit des larmes lui monter aux yeux.
D’un mouvement, il la prit dans ses bras, et, sans se soucier de leurs vêtements éparpillés par terre, il la conduisit dans sa chambre. Il la posa délicatement sur le lit, mais elle refusa de le lâcher.
A la lueur de la lune, il étudia son visage quelques se-condes.
— Reste avec moi, ce soir, demanda-t‑il d’une voix douce.
Elle ferma les yeux un instant. Une émotion s’emparait d’elle, qu’elle ne parvenait pas à identifier ; qu’elle ne voulait surtout pas identifier. Il lui demandait de rester avec lui. De dormir avec lui. C’était quelque chose qu’elle n’avait jamais fait, avec aucun homme. C’était bien trop intime et impliquait une réelle confiance mutuelle. D’ailleurs, elle ne s’était jamais sentie désirée à ce point et cela l’effrayait presque.
Sam la prit dans ses bras et elle s’y pelotonna, essayant de chasser sa peur. Pour la première fois de sa vie, l’horrible sentiment de solitude qui l’étreignait souvent semblait s’évanouir.
Mais tout ceci n’était que provisoire, se dit‑elle en soupirant dans les bras de Sam.
Seulement provisoire.
Elle s’éveilla en sentant la bouche chaude de Sam sur son sein. Se tournant vers lui, elle lui caressa les cheveux, puis les épaules.
— Sam, gémit‑elle tandis qu’il lui embrassait l’autre sein.
Il gémit et glissa les mains entre ses cuisses, jusqu’à son sexe. Lorsqu’il commença à la caresser, puis à la pénétrer avec son doigt, elle haleta.
Les mains de Jenna glissèrent des épaules de Sam jusqu’à sa taille, puis son bas-ventre, mais évitèrent son érection.
— Touche-moi, souffla-t‑il. Vas-y, tu me rends fou.
— Continue à mordiller mes seins, Sam, c’est si bon.
Il obtempéra, prenant un téton dans sa bouche, l’aspirant et le taquinant de ses dents.
Elle enroba son pénis d’une main, qu’elle fit aller et venir à plusieurs reprises. Sam se pressait contre elle. Elle le repoussa et le fit rouler sur le dos, contemplant, fascinée, la façon dont il se déhanchait sur le lit, poussant son sexe dur dans sa main tandis qu’elle continuait à l’exciter. Lorsqu’elle prit la pointe de son pénis dans sa bouche, il frémit et cria son nom. La peau de son sexe était douce comme du velours et si chaude… Elle le caressa avec sa langue. Lorsqu’elle le prit tout entier dans sa bouche, et le suça de haut en bas, Sam sembla perdre tout contrôle et se contracta sur le lit.
Il l’attrapa par les épaules.
— Jen, je t’en prie.
Elle ralentit son rythme et retira presque sa bouche, avant de s’en saisir de nouveau.
— Bon sang ! Tu me rends dingue ! dit‑il.
Elle le prit encore et encore dans sa bouche, enfonçant son sexe de plus en plus profondément entre ses lèvres. Elle en tremblait presque, tant elle le désirait. Oui, elle avait autant envie de lui, que lui d’elle.
— Jen…, la supplia-t‑il.
Elle releva la tête, et rampant sur lui, remonta lentement sur son corps. L’attrapant par la nuque, il prit sa bouche avec passion et l’embrassa fiévreusement.
Il posa sa main sur ses fesses et l’attira encore plus près de lui. Puis il glissa un doigt entre ses cuisses et elle frémit sous sa caresse.
Il se fit plus pressant, et ses halètements se muèrent en cris de plaisir qui l’excitèrent davantage encore. Il enfonça son doigt de plus en plus profondément en elle, et Jenna ondula en rythme contre lui. Elle ne sentait plus rien que ces doigts qui la caressaient si intimement, donnant vie à son sexe, à son corps tout entier, qui fut soudain assailli par une fulgurante extase. Elle s’abandonna au plaisir, tandis qu’il la rejoignait dans l’orgasme.
Lorsqu’elle ouvrit de nouveau les yeux, ce fut pour contempler un Sam endormi. Elle soupira en le contemplant, et sentit une immense tendresse lui étreindre le cœur.
Elle avait toujours décidé de n’avoir que de brèves liaisons, et choisissait ses partenaires en fonction de cette règle. Jamais elle ne s’était liée avec un homme qui aurait souhaité un engagement plus profond, ou qui aurait été une entrave à sa carrière. Elle ne voulait pas non plus blesser qui que ce soit, par son propre désir de ne pas s’engager.
Dès lors que ses amants n’étaient pas amoureux d’elle, elle ne risquait pas de les blesser.
Elle se passa la langue sur les lèvres, ressentant une furieuse envie de toucher Sam. Dans son sommeil, les draps avaient glissé, révélant son corps nu.
Elle s’imagina en train de le caresser et sentit son cœur battre de plus en plus vite. Au plus profond d’elle, elle avait l’impression de se trouver à une lisière. Quelque chose était là, tout près d’elle, à portée de main, mais elle ne pouvait pas y toucher. Pas si elle voulait s’en tenir à sa ligne de conduite ha-bituelle.
Elle promena sa main à côté de la sienne, dessina quelques arabesques sur le lit, réfléchit un instant, puis écarta sa main.
Le choc de la main de Sam se refermant sur la sienne la fit sursauter.
Il tourna la tête et l’observa. Puis il lui sourit, et la tirant par le bras, la serra tout contre lui, aussi près qu’il le put.
— Bonjour, dit‑il en embrassant ses cheveux.
— Bonjour.
— Cette nuit a été fantastique.
— Hm, tu peux le dire.
Oui, la nuit avait été délicieuse, songea-t‑elle en pensant au journal de sa grand-mère. Son aïeule avait découvert ce qu’elle cherchait, alors qu’elle-même avait à peine conscience qu’une telle passion pût exister.
Elle se sentait coupable, aussi regarda-t‑elle ailleurs, ses yeux s’attardant sur la montre qu’il avait posée sur la table de nuit. Elle tendit la main, l’attrapa, se cala contre Sam et observa le bijou.
— C’était celle de mon arrière arrière-grand-père. Il l’a donnée à mon grand-père, qui l’a ensuite transmise à mon père. Lorsque mon père est décédé…
Les mots de Sam moururent dans sa gorge. Elle leva les yeux sur lui et découvrit une immense douleur sur son visage, qui lui étreignit le cœur.
Comment pouvait‑elle penser qu’un homme tel que lui, aussi bon, qui semblait tellement tenir à un objet faisant partie de son héritage familial, ne comprenne pas sa requête pour récupérer le journal de sa grand-mère ?
Elle l’enlaça et se serra contre lui. Durant un moment, ils restèrent ainsi, en silence.
— Raconte-moi, dit‑elle doucement.
— Cela faisait partie de ce qu’il m’a légué. Le ranch, le bétail… et tout le reste. S’il y avait eu un meilleur hôpital ici, mon père aurait survécu à son attaque.
— C’est pour cette raison que tu tiens tant à rénover l’hôpital ?
— Oui, mais aussi pour aider les gens d’ici. C’est ce que mon père aurait souhaité. Pas pour lui-même, mais pour les habitants de Savannah. Des gens que ma grand-mère aimait beaucoup. Même aujourd’hui, malgré le développement de la ville et des environs, nous sommes toujours une communauté unie.
— C’est quelque chose qu’il faut entretenir, Sam.
— Je le fais. J’ai l’impression d’avoir une responsabilité envers eux, transmise par mon arrière arrière-grand-père. Il a bâti ce ranch et cette ville à la sueur de son front.
Sam appuya sur le remontoir de la montre et le couvercle s’ouvrit.
— Je comprends tout à fait que tu te sentes responsable de l’héritage que t’ont laissé les tiens. Mon héritage à moi, c’est la musique. A son époque, ma grand-mère a été une cantatrice célèbre. Quant à ma mère, elle a suivi sa trace.
— Et toi ? Pourquoi as-tu choisi le violon ?
— Parce que je ne voulais pas entrer en compétition avec ma propre mère.
— Pourquoi pas ?
— Il faut que tu saches que c’est ma grand-mère qui m’a élevée, parce que ma mère était trop occupée par sa carrière. L’opéra est toute sa vie. C’est comme une drogue pour elle ; la célébrité, l’adulation des foules, elle adore cela. Elle n’aurait certainement pas apprécié que je détourne les projecteurs à mon profit.
— Tu es bonne ?
— Vocalement parlant ?
— Bien sûr, à quoi croyais-tu que je faisais allusion ?
Elle sourit.
— Ma grand-mère disait toujours que j’aurais pu faire carrière comme chanteuse d’opéra. Aurais-je été meilleure que ma mère, ça je n’en sais rien. Mais le violon représente tout pour moi.
— Tu dis cela comme si rien d’autre n’avait d’importance dans ta vie.
— Depuis que ma grand-mère est décédée, c’est le cas, Sam. Jouer du violon est tout ce qui compte.
Il hocha la tête.
— Aucune place pour quoi que ce soit d’autre ?
— Non.
Il se détourna, se pencha au bord du lit et reposa sa montre sur la table de nuit.
Puis il prit son visage entre ses mains.
— C’est triste, Jenna. Très triste.
— Tu sais, l’absence permanente de ma mère m’a rendue très solitaire, et la musique m’a servi de consolation. Je n’ai besoin de personne, je suis indépendante et j’aime ma vie telle qu’elle est. Je ne vois rien de triste là-dedans.
— Tu ne penses donc pas à ton futur ?
— Bien sûr que si. J’espère qu’un jour j’enseignerai dans une prestigieuse académie, à moins que je n’ouvre ma propre école.
— Je parlais de famille, Jenna.
Elle sentit son estomac se crisper.
— Jamais. Je ne m’imagine pas du tout en maman.
— Parce que la tienne était si distante ?
— Je ne pense pas pouvoir me consacrer à la fois à une famille et à ma musique. Et je n’ai aucune envie de renoncer à mon art, comme l’a fait ma grand-mère.
Il la serra contre lui.
— Dommage.
Elle resta allongée contre lui, acquiesçant en silence à son propos. C’était peut-être dommage, mais c’était le chemin qu’elle s’était choisi. L’idée de personnes dépendant d’elle, attendant quelque chose d’elle la glaçait d’effroi….
Au bout d’un moment, Sam remua.
— Que dirais-tu de faire un tour en ville ? Il faut que tu t’achètes des vêtements plus adéquats, si tu veux te sentir à l’aise.
Une vague de culpabilité l’assaillit. Il avait été si généreux en l’accueillant dans son ranch ! Pourtant, elle lui dissimulait toujours la véritable raison de sa présence ici. Elle allait lui dire la vérité et repartir avec lui sur des bases honnêtes.
— Sam ?
— Mmm, murmura-t‑il en enfouissant son visage dans son cou et en la couvrant de baisers.
— J’aimerais te dire quelque chose…
La sonnerie du téléphone la fit sursauter, et instincti-vement Sam tendit le bras pour décrocher l’appareil
— Winchester.
Il écouta son interlocuteur durant quelques instants et fronça les sourcils.
— Nous sommes trop justes ? De combien ?
Jenna le regarda se concentrer sur sa conversation et se pencha par-dessus le lit, à la recherche de sa chemise de nuit. Soudain, elle se rappela qu’elle était restée dans sa chambre, par terre.
— Ne t’en fais pas, Lester. Nous trouverons ce qui manque. J’en parlerai à qui de droit.
Il s’interrompit et sa voix se fit encore plus ferme.
— J’obtiendrai cela d’une façon ou d’une autre, même si je dois y laisser ma chemise, ou vendre mon âme au diable. Je te le promets. La rénovation de l’hôpital est ma priorité absolue.
En entendant ces paroles, un immense regret l’envahit, blessant son cœur. Elle ferma les yeux, se rendant compte à quel point elle avait été près de révéler son secret, de dévoiler la vie privée de sa grand-mère dans sa partie la plus intime, à quelqu’un qui ne comprendrait pas, et apprécierait sans doute encore moins la quête d’une jeune femme de cette époque pour la passion absolue.
Même si elle savait que Sam était un homme généreux, dont les motivations altruistes étaient évidentes et clairement définies. Mais après tout, qui savait s’il n’exploiterait pas le trésor de sa grand-mère ? Le journal intime d’une cantatrice célèbre pourrait rapporter beaucoup d’argent dans une vente aux enchères.
Elle avait certes confiance en lui mais ne pouvait courir le risque de laisser trahir les volontés de son aïeule au profit d’une cause, aussi honorable soit-elle.
Ce que Sam et elle partageaient était tout récent, et guère solide. Ce n’était que du sexe, génial peut-être, mais rien d’autre. Après quatre jours passés en sa présence, il apparaissait clairement que Sam était homme à ne pas lâcher ses objectifs jusqu’à leur accomplissement final, sans craindre ce qui pouvait se mettre en travers de sa route.
Il ne fallait pas qu’elle oublie le sien.
Trouver le carnet, et partir d’ici.
De l’autre côté du lit, Sam lui sourit.
— Alors, qu’étais-tu sur le point de me dire ?
— Que je n’aurai besoin que de trois quarts d’heure pour me préparer.
Elle quitta sa chambre, prit une douche et s’habilla. Alors qu’elle ouvrait sa porte pour le rejoindre, elle se rendit compte qu’il n’était pas prêt. Elle referma la porte et inspira profondément.
Puis elle ouvrit sa mallette et prit le premier tome du journal.
Le 20 novembre 1957
Elle s’appelait Mme Bridgett Delacroix. Après m’avoir écoutée sur scène, elle m’invita à venir dans sa propriété et à y séjourner pour la nuit. J’étais très excitée par cette idée, parce qu’après plusieurs jours de concert, j’avais envie de décou-vrir la France, avant d’en repartir.
Lorsque nous arrivâmes chez elle, le déjeuner était servi dans le patio qui offrait une vue magni-fique sur de superbes jardins.
Pendant que nous déjeunions, un homme très beau vint nous rejoindre. Ses yeux et ses cheveux étaient sombres, presque noirs. Après m’avoir été présenté, il s’inclina devant moi et me fit un bai-semain, en effleurant mes doigts. J’eus l’impression de sentir des étincelles dans tout mon bras.
Bridget me présenta cet homme comme un de ses amis très chers. Il s’appelait Henri. Ensuite, elle me prit par la main et me conduisit à l’intérieur de sa demeure.
En m’éloignant, je sentis le regard d’Henri posé sur moi. J’aurais tant aimé rester dans le jardin et discuter avec lui, mais mes bonnes manières me rappelèrent à l’ordre, et je ne voulais pas froisser mon hôtesse.
Les murs de son intérieur étaient ornés de pein-tures érotiques et des sculptures suggestives étaient posées sur diverses étagères. J’essayais de ne pas les regarder, mais elles me fascinaient.
Bridgett remarqua mon intérêt et me dit de ne pas hésiter à contempler tout ce qui me plaisait.
Je lui demandai alors où elle avait trouvé tous ces objets. Elle se *******a de me sourire d’un air mystérieux en me répondant simplement : « Ici et là. »
Le 21 novembre 1957
Le lendemain matin, quand je fus éveillée, je descendis au rez-de-chaussée et trouvai Bridgett dans le salon. Elle était en train de refermer mon journal intime, et c’est alors que je me rappelai l’avoir oublié la veille au soir. Je le lui arrachai des mains, l’informant que mes écrits étaient privés. J’étais très énervée.
Elle était intriguée par ma quête de plaisir et m’apprit qu’elle était en réalité une courtisane, de haut niveau, réservant son temps pour une élite.
Elle offrait ses services à de riches gentlemen qui désiraient expérimenter ce qu’il y avait de mieux en matière de compagnie féminine…
Un instant plus tard, elle me prenait la main pour me conduire à l’étage, dans sa chambre. Là, elle se dirigea vers sa boîte à bijoux, et en sortit une fine chaîne d’or, qu’elle déposa entre mes mains.
Elle m’invita à porter cette chaîne sous mes vê-tements, et prétendit que, grâce à elle, je me sen-tirais séduisante et étrangement puissante avec les hommes. Ensuite, elle m’apprit qu’Henri était très attiré par moi, et que, si je souhaitais pour-suivre mon initiation au plaisir, il serait certaine-ment ravi de m’y aider.
J’acceptai et elle me conseilla de retourner dans ma chambre. Là, je me dévêtis, attachant la fine chaîne autour de ma taille. Lorsque j’entendis frapper, j’invitai à entrer. Henri vint jusqu’à moi. Ses mains chaudes caressèrent tout d’abord ma taille, et je me sentis frissonner tandis que ses mains partaient à la découverte de mon corps
Il me dit que j’étais magnifique, et défit les épingles de mon chignon. Lorsque je sentis mes cheveux tomber en cascade sur mes épaules et dans mon dos, ce fut comme une caresse d’une extrême sensualité. Je gémis doucement lorsqu’il écarta ma chevelure pour m’embrasser dans le cou. Ses lèvres étaient fabuleusement douces et ses baisers comme une promesse d’eden.
Il joua avec la chaîne autour de mes reins et je sentis des spasmes de désir dans mon ventre à chaque effleurement de ses doigts. Ses mains vinrent ensuite explorer mon corps et se refermè-rent sur mes seins.
« S’il te plaît… » Ce fut tout ce que je réussis à lui chuchoter et il continua à caresser mon corps. Tout ce que je voulais c’était sentir de nouveau ses mains sur mes seins tendus de désir.
Il gémit et m’embrassa, en un baiser passionné qui me rendit brûlante. Puis sa bouche descendit jusqu’à mon sein, dont il suça la pointe, jusqu’à ce que, le souffle court je gémisse de plaisir. Ses lèvres étaient chaudes et sa langue léchait ma peau. Lorsqu’il revint vers ma bouche, je m’agrippai à sa ceinture et déboutonnai son pan-talon, libérant son sexe puissamment érigé, que je pris dans ma main.
Henri me regarda droit dans les yeux, me de-mandant si je savais donner du plaisir à un homme avec ma bouche. Je n’avais jamais essayé, mais j’étais prête à le faire.
Il me conduisit jusqu’au lit, m’installant à genoux entre ses cuisses. Je baissai ma bouche pour le prendre. Il gémit, se pressa contre mes lèvres, et soudain, fut en moi. Je ne savais pas qu’une femme pouvait avoir un tel pouvoir sur un homme. Il me dit comment procéder. Oh, ses mots étaient crus, sauvages, et m’excitaient terriblement. Je le fis gémir de plaisir et vis ses mains agripper le couvre-lit.
J’adorais cela.
Soudain, il n’y tint plus. Il m’allongea sur le lit et déclara que c’était à mon tour d’avoir du plaisir. Lorsque sa bouche toucha mon sexe, je gémis de surprise et de plaisir. Cela aussi, était nouveau pour moi.
Finalement, il vint sur moi et plongea en moi avec une telle force que je me cambrai en criant.
Son sexe, énorme et dur, m’emplissait totale-ment et mes hanches se mouvaient en rythme avec lui.
Jamais je n’aurais imaginé connaître un tel dé-ferlement de sensualité et de passion.
Peu après, je quittai la propriété de Bridgett dans la voiture de laquelle j’étais arrivée. J’emportai avec moi un nouveau souvenir à ajouter à ma collection de bijoux érotiques. Un objet qui me rappellerait ces quelques heures de passion que j’avais partagées dans une magnifique demeure française.
Pour autant, je n’étais pas encore totalement comblée.
Mon voyage initiatique devait continuer.
Jenna remit le carnet en place dans sa mallette. Elle ferma les yeux, se demandant s’il était possible qu’un autre homme fût plus doué au lit que Sam. Même en cet instant, séparée de lui, elle le désirait encore.
Sans hésiter une seconde, elle quitta sa chambre et se dirigea vers la sienne. Elle retira ses vêtements et ouvrit la porte de la salle de bains.
Il s’approcha d’elle lorsqu’elle entra sous la douche, et elle se pressa contre lui.
— Est-ce que cela te dérange, si je prends un petit peu plus de temps pour me préparer ?
Elle le regarda, sourit, et l’embrassa.
Savannah était une ville bien plus importante qu’elle ne l’avait imaginé. Tandis que Sam conduisait, elle remarqua divers restaurants, plusieurs banques et de nombreuses boutiques.
Sam se gara, et la conduisit à l’intérieur de l’une d’elles.
— Bonjour, Sam, dit une jeune femme en s’approchant d’eux. Voici donc la fameuse musicienne dont j’ai entendu parler ?
— C’est bien elle. Et nous avons fait un tabac, l’autre soir, grâce à elle.
— Ravie de vous rencontrer, dit la jeune femme en s’adressant à elle. Je m’appelle Lurlene Kellar. Mes parents sont les propriétaires de cette boutique. Nous sommes vraiment ravis que vous ayez accepté de nous aider dans cette collecte de fonds. Ma mère ne va pas très bien ; en tout cas, pas autant qu’elle aimerait nous le faire croire, et ce nouvel hôpital serait vraiment une bénédiction. Au moins, suis-je certaine qu’elle pourrait y recevoir tous les soins dont elle a besoin.
Un sentiment imprévu s’empara de Jenna. En proposant ses services, elle n’avait pas pensé à tous ces gens, ni à ce qu’un nouvel hôpital, plus moderne, représentait pour eux. Jusqu’à présent, tout ceci était resté quelque peu abstrait pour elle.
Elle, elle vivait à New York, où l’on pouvait appeler les urgences en un clin d’œil. Jamais elle n’avait eu à se soucier de trouver un médecin, qu’il soit généraliste ou spécialiste. Mais tous ces gens, ici à Savannah, dépendaient de l’hôpital de la ville voisine. Pour la première fois de sa vie, elle eut l’impression que sa musique allait incarner quelque chose. Au lieu de jouer pour le plaisir de son public, elle allait contribuer à améliorer la vie des habitants de toute une ville.
Elle serra la main de Lurlene.
— Bon, dit Sam, Jenna a besoin de vêtements confor-tables : des jeans, des bottes et des chemises. Tout ce qu’elle a amené est bien trop élégant pour le ranch.
— Eh bien, vous êtes à la bonne adresse, répondit Lurlene en leur souriant.
Naviguant entre les allées, Jenna commença à empiler quelques vêtements sur les bras de Sam, jusqu’à ce qu’ils atteignent le rayon des bottes.
Jenna regarda les cuirs rutilants, puis contempla les bottes de Sam, qui, visiblement, avaient vu bien plus de terrain que les siennes n’en verraient jamais..0
Lurlene les conduisit jusqu’à la cabine d’essayage puis se retira au fond du magasin pendant que Jenna essayait plusieurs jeans. Après avoir vérifié que Lurlene était occupée avec un autre client, Sam s’introduisit dans la cabine d’essayage sous un fallacieux prétexte.
— Vous êtes incorrigible, Sam Winchester, dit Jenna en retenant un fou rire, tandis qu’il glissait ses mains sous sa chemise. Que dirais-tu d’aller déjeuner ensuite ? proposa-t‑elle. Tu m’as fait rater le petit déjeuner ce matin.
Elle termina ses essayages, fit son choix parmi les articles et se rendit à la caisse pour régler ses achats.
— Tu es certain que je n’ai pas besoin d’un chapeau ? demanda-t‑elle.
— Oh que si, répondit‑il en se dirigeant vers le rayon et en en choisissant un pour elle. Puis il revint vers elle et le lui posa sur la tête.
— Allez, miss Texas, allons chercher de quoi vous remplir l’estomac..0

 
 

 

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chapitre 9


sam se cala dans son fauteuil, les yeux rivés sur l’écran de son
ordinateur. Son bureau était encore en travaux, et il avait posé l’ordinateur portable sur ses genoux, essayant de se concentrer sur les colonnes de chiffres qui dansaient sous ses yeux, mais son esprit était ailleurs.
L’aube venait à peine de se lever, lumineuse et claire, et même si cela faisait à peine une semaine que Jenna était arrivée au Wildcatter, il savait que bientôt le temps qu’ils passaient ensemble prendrait fin. Elle retournerait à New York, et lui poursuivrait sa vie ici, sans elle.
Il l’avait laissée dans son lit, après une nouvelle nuit passée à faire l’amour. Même s’il avait peu dormi, il se sentait en pleine forme, comme revigoré, et avait décidé de se mettre au travail de bonne heure.
Jenna avait été merveilleuse, cette nuit. Elle lui avait prodigué mille caresses de ses mains si douces. Sa peau était comme de la soie, et il ne se lassait pas de la caresser ; quant à ses yeux si profonds, il aurait voulu s’y noyer.
Tandis qu’il piquait les balles de foin pour les distribuer aux chevaux, il s’était remémoré la danse de leurs corps, dans l’ombre de la nuit. En remplissant les abreuvoirs, il avait songé à ses lèvres, si sensuelles, si passionnées. En piétinant dans l’herbe et dans la boue, il s’était senti réchauffé par le souvenir de sa candeur et de ses appétits.
Quant à Tooter, il n’avait jamais manifesté autant d’hostilité envers quiconque, pas même Tiffany. Voyait‑il une ennemie, en Jenna ? Et si c’était le cas, en quoi cela le blessait‑il tellement, lui ?
Tiffany était superficielle, alors que Jenna possédait une personnalité riche, profonde, qui l’électrisait.
Dix minutes plus tard, il éteignait l’ordinateur. Il n’arriverait à rien de bon ce matin. Tout ce dont il était capable était de penser à Jenna, couchée dans son lit. Lorsqu’il l’avait laissée, le drap dissimulait à peine ses épaules nues, ses cheveux étaient répandus sur l’oreiller et elle souriait dans son sommeil. Bon sang ! Il ne pouvait se l’ôter de l’esprit. Dormait‑elle encore ?
En entendant la porte de son bureau s’ouvrir, il leva les yeux. Alors qu’il s’attendait à voir Maria entrer pour faire le ménage, ce fut la mince silhouette de Jenna qui apparut dans l’embrasure de la porte. Elle portait un de ses jeans neufs et une chemise colorée. Il déglutit en voyant qu’elle était pieds nus, ce qu’il trouvait diablement sexy, surtout avec d’aussi ravissants orteils joliment vernis.
Elle fit quelques pas dans la pièce, se dirigeant vers le fond. La lumière était si faible qu’il n’était pas certain qu’elle ait remarqué sa présence. Elle s’arrêta devant une sculpture représentant un cow-boy sur son cheval cabré, que son arrière arrière-grand-père avait acquis pour une bouchée de pain, avant que le sculpteur ne devienne célèbre. Doucement, elle caressa la sculpture et il se demanda quelles pensées lui traversaient l’esprit.
Puis elle se détourna et il remarqua qu’elle regardait fixement son nouveau bureau. Soudain, le bruit du couvercle de son ordinateur, qu’il était en train de refermer, la fit sursauter, et elle tourna la tête dans sa direction.
Leurs regards se croisèrent.
Elle se raidit imperceptiblement et une lueur de panique dansa dans ses yeux. Aussitôt son instinct de Ranger se mit en alerte.
Elle était à la recherche de quelque chose, l’avertit la partie rationnelle de son cerveau. Il posa l’ordinateur sur la table basse à côté de son fauteuil. Si, d’un côté, son esprit logique tentait de le convaincre, sa sensibilité, de l’autre, entendait ignorer l’avertissement. Il voulait aller vers elle.
— Jenna, que se passe-t‑il ?
Elle le regarda fixement et il se sentit troublé. Des émotions diverses se mêlaient en lui. Cependant, si elle essayait de lui cacher quelque chose, il fallait qu’il le sache.
Il l’attrapa par le bras.
Il devait absolument savoir.
— Je t’ai posé une question. Que fais-tu ici ?
— Je suis désolée. Je sais que je n’aurais pas dû venir ici sans ton accord, mais je n’ai pas pu résister.
Elle posa une main sur son torse et il sentit son cœur s’accélérer. Plissant les yeux, il l’observa, ne sachant plus que penser. Se faisait‑il des illusions ou était-ce vraiment la culpabilité et la crainte qu’il avait lues dans ses yeux, et non un simple embarras ?
— Vraiment ?
— Oui. Ici, c’est un peu toi que je retrouve. La sculpture, tes souvenirs de Ranger et tes antiquités en disent long sur toi.
— Comme quoi, par exemple ?
— Que ton passé et tes ancêtres sont importants pour toi. Que tu attaches une grande importance à la famille. Ça me trouble beaucoup, car en un sens, cela me rappelle ma grand-mère. Je me souviens combien elle tenait à toutes ces petites choses, qui représentaient l’unité familiale. Les anciennes photographies, comme les plus récentes. Tous ces objets dont elle choisissait de s’entourer, évoquant ses souvenirs…
Des larmes lui montèrent aux yeux, et en les voyant, Sam sentit sa méfiance s’évanouir et son cœur se serrer. Jamais il n’avait pu supporter les pleurs d’une femme. Son chagrin transparaissait tellement à travers ses yeux sombres qu’il en fut ému, et il se souvint de la veille, lorsqu’elle l’avait réconforté, alors que le souvenir de son père l’avait tant fait souffrir.
Soudain, il eut honte que ses doutes l’aient empêché de lui offrir tout de suite le réconfort dont elle avait manifestement besoin..0
Il la serra dans ses bras.
— Jenna, je suis désolé. Je suis juste un peu énervé, parce que je suis bloqué là avec cette paperasse et toutes ces factures.
Elle leva les yeux vers lui.
— Pourquoi n’irions-nous pas faire un tour ? proposa-t‑il.
— Il faut que je m’exerce.
— Un peu plus tard, alors.
Elle hocha la tête.
— Que dirais-tu de faire le tour du ranch à cheval ?
— Je suis complètement débutante dans ce domaine, tu sais.
— Dans ce cas, ce sera une expérience intéressante. Je crois que je vais me replonger dans ces colonnes de chiffres pour un moment, et une fois que tu auras terminé tes gammes, enfile tes bottes et retrouve-moi aux écuries, d’accord ?
— Ça marche.
— Tu es devenu dingue, ou quoi ?
Sam mit ses poings sur ses hanches et dévisagea son contremaître.
Tooter se redressait de toute sa taille, se raidissant avec indignation, tout en poursuivant sa diatribe.
— Depuis qu’elle est ici, elle n’a rien fait d’autre que te distraire de ton travail. Dawson est ici avec des juments qu’il veut nous proposer. Nous avons de nombreux jeunes poulains dont il faut s’occuper, d’autres juments, ainsi que des vaches prêtes à mettre bas. Il faut faire courir les yearlings, préparer les boxes, réparer les clôtures, et nous avons tout un troupeau à mener au pâturage. Avec tout ça, crois-tu vraiment qu’il te reste du temps pour t’amuser avec la jeune dame ?
— Tooter, rétorqua Sam d’une voix autoritaire. Il ne s’agit que d’une petite ballade à cheval pour commencer la journée. Je serai vite de retour et nous pourrons nous occuper de tout cela après le déjeuner. Tu auras toute mon attention.
Tooter retira son Stetson et en frappa sa cuisse.
— Ecoute mon garçon, je n’ai pas eu ton attention une seule seconde depuis que cette femelle a posé le pied ici, et tu le sais très bien.
— Tooter, je n’ai aucune intention de discuter avec toi. Sors Silver Shadow et Black Spot de leurs boxes et selle-les pour moi, s’il te plaît.
— Quoi ? Shadow et Black ? Ce sont tes préférés !
— Exact.
— Et tu vas laisser cette gamine monter l’un de tes favoris ?
— Tooter, fais ce que je te demande.
— Je n’arrive pas à croire que tu vas laisser cette femme monter l’un de tes chevaux personnels, qui plus est l’un de tes préférés. Tu n’as jamais agi ainsi avec Tiffany.
— Ce n’est pas le sujet, Tooter.
Il savait que le vieil homme n’était animé que de bonnes intentions, et qu’il ne voulait pas le voir souffrir à cause d’une autre femme, mais il se montrait si protecteur que cela en devenait irritant.
— Tiffany ne comprenait rien aux chevaux.
— Parce que celle-là, si ?
— Je ne sais pas très bien comment exprimer cela, mais Jenna est bien plus ouverte aux nouvelles expériences que ne l’était Tiffany. Tu sais très bien que mon ex-femme n’en avait absolument rien à faire des chevaux. Tout ce qui lui plaisait, c’était l’image du cow-boy.
— Eh bien, celle-ci t’a bien embobiné, si tu crois qu’elle s’intéresse à toi et à ce ranch. Elle ne va pas rester ici et jouer à l’épouse idéale pour un cow-boy comme toi. Crois-moi, elle a bien mieux à faire, et elle le sait.
Sam commença à s’éloigner, mais Tooter ne baissait pas les bras. Sam savait qu’il avait raison, mais cela lui faisait mal de l’entendre. Jenna ne resterait pas ici. Il le savait et ne se faisait aucune illusion. Tout ce qu’ils partageaient était une formidable complicité sexuelle. Rien de plus. Si elle semblait s’intéresser un peu plus à lui, c’était uniquement parce qu’il était très différent des hommes qu’elle rencontrait à New York. Il était tout à fait conscient du fait qu’elle était attirée par l’image du cow-boy, comme Tiffany l’avait été, mais Jenna le comprenait et semblait deviner ce qui était important pour lui ou pas. Tiffany ne s’intéressait qu’à elle-même.
Le moment d’intimité qu’il avait passé avec Jenna dans son bureau l’avait troublé. Il aurait voulu en partager d’autres. Néanmoins, il devrait mettre un frein à tout ceci, parce que Tooter avait fichtrement raison.
— Tu crois que je ne sais pas tout ça, lui dit‑il. Je ne suis pas stupide !
— Alors, cesse de te conduire comme si tu l’étais, rétorqua Tooter en partant.
Avant qu’il ne tourne les talons, Sam avait eu le temps de remarquer la lueur de déception dans ses yeux.
C’était à cause d’elle qu’ils se disputaient, elle le savait. Jenna se tenait sur le seuil de la porte, tandis que des bribes de conversation lui parvenaient. Lorsqu’elle vit Sam arriver, elle l’évita, passa par derrière et suivit Tooter dans la grange.
Dans le bureau de Sam, elle avait dû mentir ; la honte et la culpabilité l’avaient envahie. Cependant, ce qu’elle lui avait dit n’était pas entièrement faux, et c’était bien là son problème. Il la fascinait, elle voulait connaître tout ce qui le concernait. A présent, elle avait besoin de sentir sa peau contre elle, lorsqu’elle s’endormait, et la première chose qu’elle avait envie de contempler au matin, c’étaient son visage encore endormi ainsi que ses mains puissantes.
A son réveil, ce matin, elle avait été contrariée de constater qu’il avait déjà quitté le lit. Elle avait aussitôt pensé qu’il avait dû s’habiller et aller accomplir ses corvées quotidiennes. Après tout, on était déjà lundi et c’était un jour de travail pour lui. La veille, il lui avait consacré sa journée entière. Elle ne pouvait pas s’attendre à ce qu’il en soit ainsi chaque jour.
C’est pourquoi elle s’était dirigée vers son bureau, avant que quiconque ne rôde dans les parages. Pas de chance. Sam s’y trouvait, assis dans l’ombre, son ordinateur portable sur les genoux. En le voyant, si beau, si sexy, l’idée de chercher le carnet intime de sa grand-mère avait été reléguée au second plan. Néanmoins, la lueur de suspicion qu’elle avait reconnue dans ses yeux l’avait alarmée pour des raisons qu’elle était incapable de définir. Des raisons auxquelles elle ne voulait même pas songer, tant cela impliquait de choses nouvelles… Pour elle, mais pour lui aussi..0
Elle entendit Tooter maugréer à propos de leur dispute. Savoir qu’elle était la cause d’une discorde entre ces deux hommes qui s’estimaient tant, la peinait.
Tooter passait un licol autour d’un bel étalon gris, lorsqu’elle s’éclaircit la gorge.
Il la regarda, plissant les yeux.
Elle n’était pas du genre à tergiverser lorsqu’elle avait quelque chose à dire, et alla droit au but.
— Ce que vous dites à propos de moi n’est pas totalement vrai.
— Mais une partie l’est.
— Oui. Je ne vais pas rester ici. Ma vie est ailleurs. Tout ceci n’est que temporaire, Tooter. Bientôt, vous retrouverez votre Sam.
Tooter s’écarta du cheval.
— Vous croyez cela ? Vous croyez que Sam ne pense qu’au « temporaire », comme vous dites. Je connais cet homme, et vous êtes dangereuse pour lui, dit‑il en pointant son doigt vers elle.
Jenna posa ses mains sur ses hanches.
— Je serai partie bientôt, alors, arrêtez de l’ennuyer comme ça ! Si vous avez envie de passer votre colère sur quelqu’un, alors faites-le sur moi ! Sam est un hôte agréable et un homme bon !
Lentement, Tooter la dévisagea.
— Peut-être bien que vous vous souciez un petit peu de lui. Mais pas assez !
— Ne me jugez pas.
Il se détourna d’elle et attrapa une selle.
— Faites en sorte que tout soit clair entre vous. Et qu’il ne souffre pas !
— Je vous promets de ne pas le blesser.
Elle fit mine de ne rien entendre, lorsqu’il marmonna entre ses dents.
— Ouais, ça j’en suis sûr, mais Sam est du genre têtu.
En sortant de la grange, elle tomba droit sur Sam.
— Justement, je te cherchais, dit‑elle avant qu’il ne puisse spéculer sur la raison de sa présence près de Tooter et des chevaux.
Il la regarda et sourit.
— Ça tombe bien, moi aussi.
Soudain, ils entendirent le bruit des sabots tout proches.
— On dirait que Tooter a enfin sellé ces chevaux, dit Sam.
Elle le regarda et dut s’efforcer de retenir toute la tendresse qu’elle sentait monter en elle. Elle avait promis à Tooter qu’elle ne serait qu’une invitée de passage. Et elle tenait toujours ses promesses. Elle ne ferait pas de mal à Sam, elle ne le supporterait pas. Non, elle ne se comporterait pas comme sa mère. A chaque occasion possible, elle rappellerait à Sam qu’elle n’était ici que pour peu de temps, afin qu’ils puissent se quitter en excellents termes. Il n’y avait aucune raison que Sam découvre la véritable raison de sa présence ici. Elle récupérerait le carnet et les bijoux, puis disparaîtrait, sans qu’il ait vu quoi que ce soit.
— Je crois que tu ferais bien de m’apprendre à monter. Le temps passe vite, et d’ici la fin de la semaine, je serai partie.
Sam serra les dents. Il se força à sourire et hocha la tête. Il s’empara des rênes après que Tooter eut sorti les deux chevaux de la grange.
Sam regarda le vieil homme s’éloigner et Jenna discerna de la peine dans ses yeux. Il était évident qu’il aimait beaucoup son irascible compagnon, et elle espérait que ces deux-là pourraient bientôt redevenir les meilleurs amis du monde.
Sam se tourna vers elle et lui présenta les deux chevaux. Elle sentit de la fierté chez lui, tandis qu’il l’invitait à faire connaissance avec Black Spot, l’un des chevaux les plus doux du ranch.
— Laisse-lui le temps de faire ta connaissance, dit‑il.
L’animal pencha son cou vers elle et la renifla.
— Caresse-le derrière les oreilles, il adore ça.
Elle obéit et Black Spot ferma les yeux, savourant vi-siblement la caresse. Puis, elle descendit sa main sur son chanfrein, jusqu’à son nez.
— Qu’il est doux ! s’exclama-t‑elle.
Surpris par sa voix, le cheval fit un écart et la regarda nerveusement.
— Désolée, mon vieux, dit‑elle un ton plus bas.
Ensuite Sam lui expliqua comment placer son pied dans l’étrier pour se hisser sur le dos du cheval et se mettre en selle. Cela avait l’air si simple… qu’elle dut s’y reprendre plusieurs fois.
Sans se décourager, elle essaya encore d’attraper la selle et de s’y asseoir, mais elle ne réussissait pas à prendre assez d’élan. Soudain, elle sentit une paire de mains familières l’attraper par la taille et la hisser en selle.
— J’aurais peut-être pu y arriver, si tu m’en avais laissé le temps, hasarda-t‑elle.
— Ouais, mais je n’aurais pas pu rester très longtemps à regarder tes jolies petites fesses moulées dans ton jean, ou bien le mien serait devenu trop étroit.
Eh bien, ça au moins c’était direct ! Elle sourit. Sam ne se donnait même pas la peine de dissimuler le désir qu’il éprouvait pour elle.
Ils avancèrent au pas, en silence, durant un bon moment. Ils n’avaient tout simplement pas besoin de parler. Soudain, elle vit Sam se crisper, se lever de sa selle, et regarder au loin. Il mit son cheval au trot et traversa le pré.
Black Spot l’imita et elle se cramponna de son mieux à la selle. Lorsqu’elle arriva près de Sam, il avait déjà mis pied à terre et s’approchait d’une vache étendue sur le flanc.
Elle avait l’air de souffrir et Sam semblait inquiet.
— Est-ce que je peux t’aider ? proposa-t‑elle.
— Oui, descends et apporte-moi la corde accrochée à ma selle.
Elle obtempéra, malgré une légère difficulté à descendre élégamment, et lui apporta la corde. Sam avait déjà ôté sa chemise et était en train d’aider l’animal.
— Elle est sur le point de mettre bas, mais le veau a l’air d’être coincé. Bon sang, Rose du Texas est l’une de mes préférées !
Jenna s’approcha de l’animal, se mit à genoux et lui caressa la tête..0
— Pauvre Rose, Sam va t’aider, tout va s’arranger.
Sam la regarda et esquissa un sourire en l’entendant parler ainsi à la vache. Sa gorge se serra en voyant toute la douceur qui émanait d’elle et transparaissait sur son visage. Si seulement elle pouvait le regarder aussi tendrement, juste une fois. Il aurait donné sa main droite, pour ça. Pourtant, il savait également qu’il pourrait bien devenir accro à un tel regard. Son regard s’attarda sur sa main, qui caressait Rose et il ne put s’empêcher de se souvenir de cette même main, lui caressant tout le corps, jusqu’à ce qu’il avait de plus intimes.
— Il y a un téléphone portable dans la sacoche de ma selle, ainsi que des serviettes. Pourrais-tu me les apporter ?
Elle lui tendit une des serviettes et il se nettoya les mains, puis s’empara de son téléphone et composa un numéro.
— Tooter, c’est Sam. Rose du Texas est en train d’essayer de mettre bas, mais le veau se présente mal. Appelle le vétérinaire. Je suis juste à l’est de la grange rouge. Amène-le ici dès qu’il arrive.
Il raccrocha et reporta toute son attention sur Rose.
— Est-ce ton père, ou bien Tooter, qui t’a appris à t’occuper des chevaux et des vaches ?
— Mon père était bien trop occupé à diriger le ranch pour m’enseigner quoi que ce soit. Tooter était bien plus patient, c’est lui qui m’a tout appris. Mais je n’ai pas vraiment le temps de discuter de cela, maintenant, Jenna. Il faut que nous aidions Rose, sinon, elle risque de mourir.
Il lui expliqua comment faire. Le veau étant déjà à moitié sorti, ils allaient tenter de l’expulser complètement, en s’aidant de la corde, en poussant et en tirant le plus fort possible.
Ils accordèrent leurs efforts et en quelques instants, le veau était né.
— Est-ce qu’il va bien ? demanda Jenna.
— Ça m’en a tout l’air.
Il regarda Rose du Texas et fronça les sourcils.
— Pas elle, cependant, observa-t‑il, l’air inquiet. Elle aurait dû cesser de s’agiter, se mettre sur pied et lécher son petit.
— Sam, qu’est-ce qui ne va pas ?
— Elle devrait se lever, à présent, à moins que… oh bon sang !
Il se pencha de nouveau sur le ventre de l’animal.
— Des jumeaux ! Elle est en train de donner naissance à un autre veau !
Jenna était aux anges.
— Celui-ci n’est pas bloqué, dit Sam. Tout a l’air de bien se passer.
En quelques instants, le second veau vit le jour. Ce-pendant, contrairement à son frère, il ne remuait pas.
— Bon sang ! C’est pas vrai ! cria Sam en se penchant sur lui et palpant sa tête, qui devenait dangereusement bleue.
Jenna se mordit la lèvre, sentant des larmes lui monter aux yeux.
— Oh Sam, non ! chuchota-t‑elle.
Il se pencha vers le petit, s’attendant au pire. Contrai-rement à ce qui aurait pu se passer, Rose du Texas avait survécu et avait déjà donné naissance à un premier veau, superbe.
Soudain, contre toute attente, le faible animal inspira profondément et sembla reprendre vie. Sa mère s’approcha de lui et se mit à le lécher.
Sam se redressa, soulagé.
— Bravo, Rosy. Tu m’as donné deux superbes futurs taureaux.
Un peu plus tard, de retour dans la grange, Sam appela le vétérinaire pour lui annoncer la bonne nouvelle et ils convinrent ensemble d’un rendez-vous pour le lendemain, afin d’examiner les jeunes veaux.
Jenna entendait la fierté dans la voix de Sam. Elle se demandait si elle pourrait observer les animaux depuis le grenier à foin, aussi grimpa-t‑elle à l’échelle, poussa la porte et entra. Un souffle d’air régnait dans le grenier et elle se tordit le cou pour voir la jeune mère et ses deux petits. Soudain, son pied glissa et elle se rattrapa au montant de la porte. Une poigne solide l’attrapa et elle se sentit serrée contre une poitrine musclée.
— Alors, tu comptais faire un petit vol plané ?
Sam l’enlaçait. Ils se regardèrent et aussitôt, s’embrassèrent passionnément.
— J’ai envie de toi, Sam.
Elle le regarda, amusée, constatant qu’il était troublé, et songea au journal de sa grand-mère et à la façon dont elle avait appris à satisfaire les hommes.
Elle s’approcha plus près de lui, ses mains se posant sur sa braguette, caressant son sexe à travers son jean.
— Jenna…, murmura-t‑il.
L’air du grenier était chargé de leur désir.
— Retire ta chemise, ordonna-t‑elle sans retirer ses mains.
Elle sentait son sexe durcir et frémir sous ses doigts. De sa main libre, elle ouvrit sa braguette et fit descendre son jean sur ses hanches.
Elle se serra contre lui et sentit le désir monter en elle. Oui, elle avait envie de lui, mais pas seulement pour quelques jours.
Elle le voulait pour toujours.
Pour la vie entière.
Impossible.
Sam frissonnait sous ses caresses et elle ressentit un impérieux besoin de l’embrasser.
Sam se cambra et lui mordit gentiment les lèvres, à plusieurs reprises. Puis, jouant avec sa langue, il caressa l’intérieur de sa bouche. C’était si bon qu’elle se sentait déjà défaillir !
— Faisons-le ici, Sam, dans le foin.
Il sourit et la caressa.
Du feu. Partout où il la touchait, son corps semblait s’enflammer.
Sentir Sam derrière elle l’excitait au plus haut point. Elle aurait voulu qu’il la pénètre tout de suite. Son souffle dans sa nuque était chaud et la faisait frémir d’impatience. Elle sentit des volutes de chaleur dans son ventre lorsque ses doigts glissèrent de sa nuque jusqu’à ses épaules, puis descendirent lentement jusqu’au bas de son dos, le caressant langoureusement. Soudain, ses mains s’accrochèrent à son jean et saisirent vigoureusement ses hanches..0
Elle gémit de plaisir en sentant son sexe dur se presser entre ses cuisses.
— Dans le foin ? Mais ce n’est pas très… civilisé, Jenna, dit‑il d’une voix rauque.
— Peut-être, mais c’est extrêmement excitant, répondit‑
elle sur un ton provocant.
Etourdie, elle sentit ses seins se durcir, tandis qu’il lui retirait sa chemise et dégrafait son soutien-gorge.
Lorsqu’il prit enfin ses seins dans ses mains, les tétons en étaient déjà durcis. Sa bouche descendit jusqu’à son oreille dont il suça le lobe, et elle sentit des étincelles de plaisir la parcourir jusqu’au bout de ses seins. Elle se cambra contre lui.
— Dis-moi que cela t’excite, demanda-t‑il d’une voix rauque.
Ces mots l’embrasèrent un peu plus.
Elle haleta et se cambra encore un peu plus contre lui, étirant son dos contre son torse. Lorsqu’il se mit à taquiner et pincer le bout de ses seins entre ses doigts, elle se sentait déjà au bord de l’orgasme. Il la prit alors par les épaules, et la fit se retourner face à lui. Dans ses yeux brillait une telle flamme de désir, qu’elle en fut profondément troublée. Elle passa une main dans ses cheveux, et il ferma les yeux, comme s’il était déjà au bord du plaisir ultime.
Sa bouche descendit sur ses lèvres qu’il captura, semblant lui demander de se rendre, de baisser sa garde, et de lui donner tout ce qu’elle pouvait lui offrir.
Mais elle capitulerait plus tard. Pour l’instant, il y avait quelque chose qu’elle tenait absolument à faire.
Le gémissement de Sam fut étouffé dans la bouche de Jenna lorsqu’elle laissa sa main descendre de son torse à son entrejambe, et que ses doigts se refermèrent sur son sexe.
— Jenna… oh mon Dieu…
Elle commença à le caresser, sa main allant de haut en bas sur son sexe dur et dressé. Aussitôt, il remua les hanches d’avant en arrière, conduisant son sexe dans sa main, le dos appuyé contre le mur, afin de garder l’équilibre. Sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration, qui devenait de plus en plus forte, jusqu’au râle, et de son autre main, elle lui caressait la joue, sans cesser de l’embrasser.
Puis sa bouche descendit le long de son corps.
Lorsque ses lèvres se posèrent sur le bout de son sexe, il gémit encore plus fort.
Elle saisit la base de son sexe et enroula sa langue autour, le léchant jusqu’à ce qu’elle l’entende jurer doucement. L’attrapant par les épaules, il la fit alors se redresser. Durant un bref instant, il la regarda droit dans les yeux et elle frémit en y découvrant l’intensité de son désir.
Durant un moment, il se *******a de la regarder. Puis il prit l’un de ses tétons entre ses dents, le lécha et le suça jusqu’à ce qu’elle se cambre et gémisse de plaisir.
Soudain, il voulut aussi la débarrasser de son jean. Il le détacha, baissa sa culotte, et fit glisser le tout le long de ses jambes, tandis qu’elle piétinait les vêtements pour mieux s’en extraire.
Les lèvres de Sam avaient repris possession de sa bouche, et la chaleur de ses baisers réduisait à néant le souvenir de tous les baisers qu’elle avait reçus dans sa vie. Lorsqu’il s’agissait de Sam, aucun homme ne tenait la comparaison.
Son baiser se fit plus profond, plus pressant, et il posa ses deux mains sur ses fesses, l’attirant tout contre lui. Elle gémit en sentant son sexe tendu contre elle. Du plus profond d’elle, lui vint une curieuse sensation : celle d’être totalement faite pour lui, comme s’ils étaient deux entités dont la rencontre avait été prévue depuis la nuit des temps.
Sam, lui, n’avait qu’une envie : se fondre en elle, le plus profondément possible, et s’y perdre. Pourquoi l’attirait‑elle si fort ? Pourquoi réveillait‑elle ainsi tous ses instincts les plus primaires ?
Plus il l’embrassait, plus il avait envie d’elle. Son désir s’intensifia tellement, qu’il finit par la pousser sur une pile de foin.
S’allongeant sur elle, il plaqua ses hanches contre les siennes, et se mit à l’embrasser plus doucement, plus tendrement. Ce faisant, il perçut comme une innocence en elle, comme si elle n’avait jamais été embrassée, ni connu cette passion qui semblait les dévorer.
Lorsque sa langue se faufila entre ses lèvres, elle s’offrit à lui totalement, soupirant d’aise.
Leurs deux langues s’emmêlèrent, se caressèrent, se taquinèrent.
— Maintenant, Sam.
Il posa ses deux mains de chaque côté d’elle et plongea profondément en elle. Le moment n’était plus à la retenue. Tout n’était plus que passion. Elle commença à jouir presque aussitôt. Il la sentit se contracter, gémir, haleter, respirer de plus en plus fort, et un sentiment d’immense fierté monta en lui. Il parvenait à la faire vibrer passionément sous lui, il aimait la regarder crier de plaisir. Son orgasme fut le moment le plus érotique qu’il ait jamais vécu.
Après son extase, il continua à aller et venir intensément en elle. Alors, elle noua ses jambes autour de ses hanches et ils ondulèrent au même rythme, en gémissant ensemble.
Puis soudain, l’orgasme explosa aussi en lui, et il se laissa aller à un plaisir inouï.
Quelques instants plus tard, frissonnant de satisfaction, il s’allongea sur le dos, et la serra contre lui.
Un curieux élan de possessivité s’emparait doucement de lui, sans qu’il s’y soit attendu. Depuis que Tiffany l’avait quitté, et qu’il avait juré de ne plus jamais retomber amoureux, il n’avait pensé qu’à son travail. Aujourd’hui, tout ce qui importait était de garder Jenna à ses côtés et de ne jamais la laisser partir. Mais cela ne dépendait pas uniquement de lui..0
Il avait compris la leçon et savait parfaitement qu’il n’avait rien à offrir à Jenna qui fût compatible avec la vie qu’elle menait..0

 
 

 

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chapitre 10

Le bruit du tonnerre la réveilla en sursaut et elle bondit près de Sam. Elle s’assit, comprenant que tandis qu’ils s’étaient endormis dans le pré ensoleillé, après leur pique-nique, une tempête s’était levée.
Une journée était passée depuis que Rose du Texas avait donné naissance à ses deux veaux, et Sam avait travaillé diligemment avec Tooter afin de gagner du temps pour lui faire découvrir tout le domaine.
Il s’assit à côté d’elle, regardant le ciel.
— J’ai écouté la météo ce matin, et il était censé faire beau toute la journée, mais parfois, les tempêtes surgissent d’un seul coup et vous surprennent. Rassemblons les affaires, je vais chercher les chevaux.
Il s’éloigna tandis qu’elle ramassait les assiettes, les couverts, et rangeait le tout dans ses sacoches. Contre le vent, elle essaya de plier la couverture qui claqua entre ses mains : elle l’enroula autour d’elle. Un éclair de lumière surgit dans le ciel et elle entendit le hennissement apeuré d’un cheval.
Elle parvenait enfin à plier la couverture quand elle vit Silver Shadow se cabrer. Avec horreur, elle se rendit compte que Sam se trouvait bien trop près du cheval.
Pourtant, il ne sembla pas hésiter une seconde et ne s’enfuit pas loin de l’animal. Au contraire, il essaya de le calmer. Jenna sentit une boule d’angoisse se former dans sa gorge. Un autre éclair de tonnerre craqua juste à côté de l’arbre auquel les chevaux étaient attachés. C’en était trop pour Silver Shadow, déjà effrayé. Il rua de nouveau, tirant sur ses rênes, qui se détachèrent. Ses sabots des pattes avant, dangereusement proches de la tête de Sam, frappèrent l’air avant de lui heurter la tempe. Il porta la main à sa tête et chancela en arrière, tandis que l’étalon s’enfuyait au grand galop.
Jenna laissa tomber la couverture et courut vers Sam, oscillant contre le vent. Elle l’entendit jurer en arrivant près de lui.
— Ce cheval n’a jamais apprécié les tempêtes.
— Sam, ta tête ! Est-ce que ça va ?
Elle posa ses doigts sur sa tempe, à l’endroit où le sabot avait frappé. Heureusement, il ne semblait pas l’avoir heurté trop fort.
— Ça va, il m’a juste un peu entaillé. Prends les sacoches, cria-t‑il, essayant de couvrir le bruit du vent.
Elle lui obéit et revint près de lui. L’autre cheval commençait, lui aussi, à tirer sur ses rênes, et à hennir de peur.
D’un geste sec, Sam le libéra et grimpa sur son dos. Puis il prit les sacoches et les posa devant lui.
Ensuite, il se baissa vers elle et lui tendit la main. Elle levait les yeux vers lui : un mince filet de sang coulait de sa tempe sur sa joue et ses yeux bleus semblaient étinceler dans la tempête. Elle sentit son cœur battre à tout rompre, et attrapa sa main.
— Pousse sur tes jambes, et grimpe, lui cria-t‑il, le vent tournoyant toujours autour d’eux.
Elle s’exécuta et un peu rudement, Sam réussit à l’installer devant lui.
Protégée par les bras de Sam, elle s’agrippa à la selle. Des gouttes de pluie lui tombèrent sur le visage, et elle sentit le vent froid dans son dos. Mais la chaleur de Sam tout contre elle la réconforta… et à sa grande surprise, l’excita.
— Nous aurions dû prendre la camionnette, grogna Sam.
— Où aurait été le plaisir, alors ? Faire le tour de ton ranch, confortablement installée sur la banquette ? Quel ennui !
Il se mit à rire.
— Bon sang, Jenna, tu me surprendras toujours. Il faut que nous trouvions un abri. Le ranch est beaucoup trop loin.
— Où allons-nous ?
— Il y a une cabane, pas très loin d’ici. Nous y serons en sécurité.
Il eut à peine le temps de terminer sa phrase, que le ciel devint encore plus sombre et qu’un déluge s’abattit sur eux. En un instant, Jenna fut trempée jusqu’aux os. La pluie était si violente, qu’elle pouvait à peine respirer !
Pendant une minute, elle eut presque peur et eut envie de se cramponner à lui. Mais c’était inutile. Sam tenait son bras autour de sa taille avec assurance, sans trop la serrer. Elle se sentait en sécurité. Le monde autour d’eux semblait se déchaîner mais Sam la protégeait, et elle n’avait rien à craindre.
Elle releva légèrement la tête, essayant de voir à travers la pluie battante. Tout ce qu’elle pouvait observer était une immense étendue brumeuse, qui semblait se poursuivre jusqu’à l’horizon, sans aucun refuge visible, du moins à ses yeux. Non, pour elle il n’y avait rien d’autre que cette pluie froide qui s’abattait sur eux et le vent tournoyant sans fin.
Black Spot avançait au pas, ses sabots s’enfonçant dans l’herbe boueuse.
Sam la serra un peu plus contre lui, inquiet à l’idée de ce qui se passerait s’il la lâchait et qu’elle tombait. Il s’en voulait de sa légèreté, d’avoir laissé la tempête les surprendre.
Il avait lâché les rênes sur l’encolure de Black Spot, sachant que son cheval trouverait d’instinct le refuge.
Soudain, Black Spot s’arrêta et frissonna. Sam plissa les yeux et regarda tout autour d’eux.
— Alors mon vieux, que se passe-t‑il ? demanda-t‑il en caressant l’encolure de l’animal.
Spot avait‑il senti un danger quelconque ?
Le cheval se mit à trembler, tête dressée, oreilles rabattues. Soudain, il poussa un long hennissement et partit au trot. Si Sam ne l’avait pas tenue fermement, Jenna serait tombée à terre.
Soudain, Sam comprit qu’il n’y avait aucun danger. Au travers des trombes d’eau tombant du ciel, Black Spot avait humé l’odeur du foin et de l’avoine.
— Brave garçon, dit Sam en se penchant pour caresser la crinière du cheval.0
Se sentant encouragé, Spot partit au galop.
— Nous sommes arrivés ? demanda Jenna.
— Presque ! cria Sam.
Puis il se concentra sur leur chemin, tandis que la cabane se profilait au loin.
Lorsqu’ils atteignirent la grange, la grêle commençait à tomber et Sam mit rapidement pied à terre. Il ouvrit les portes en grand, attrapa les rênes et tira Black Spot à l’intérieur. Jenna se baissa en passant sous le porche. Sam s’approcha d’elle et la prit par la taille pour l’aider à descendre. Puis il lui tendit un trousseau de clés.
— Ouvre la porte et file à la salle de bains, il y a des vêtements secs dans le placard. Change-toi. Pendant ce temps, je m’occupe de Spot et je vais mettre le chauffage en marche.
Jenna saisit les clés et les mit dans sa poche. Elle prit les sacoches sur le dos de Black Spot, les posa sur son épaule, puis caressa l’animal derrière les oreilles, comme Sam le lui avait appris.
— Merci de nous avoir amenés ici, mon vieux.
Elle revint ensuite vers Sam et s’arrêta devant lui.
— Merci à toi aussi, dit‑elle en essayant vainement de sourire.
— Viens un peu ici.
Il écarta les bras et après avoir posé les sacoches à terre, elle s’y réfugia, enfouissant son visage dans son cou. En soupirant, elle passa ses bras autour de sa taille. Il se baissa vers elle, l’embrassa doucement sur la tempe, puis caressa ses cheveux. Fermant les yeux, il la serra très fort contre lui, une vague d’émotions bloquant sa poitrine. Des émotions qu’il n’avait pas éprouvées depuis bien longtemps, et qui semblaient combler un vide infini en lui.
Il déposa un autre baiser sur sa tête, puis lui sourit.
— Je t’en prie. Tout le plaisir était pour moi.
Elle se sentit frissonner et passa ses bras autour de son cou. Alors, il se pencha et l’embrassa avec passion, essayant de la réconforter, de la rassurer.
Si seulement il pouvait la garder pour toujours avec lui, et prendre soin d’elle.
Au bout de quelques instants, il la relâcha.
— Maintenant, vas-y et change-toi, ma belle.
Elle lui sourit, s’écarta légèrement de lui et lui caressa le visage, puis sortit.
Pendant quelques instants, il fut incapable de bouger. La caresse qu’elle venait de lui prodiguer sur la joue n’avait absolument rien de sexuel, pourtant elle l’avait troublé au plus profond de son être, bien plus que n’importe quelle nuit passée à faire l’amour n’aurait pu le faire.
Curieusement, il avait l’étrange impression de voir enfin une petite lumière au fond d’un tunnel.
Il venait de recevoir quelque chose de la part de Jenna, à laquelle il ne s’attendait pas.
Un cadeau extraordinaire, qui le troublait plus que tout.
Il lui fallut vingt bonnes minutes pour s’occuper de Black Spot : lui retirer sa selle et sa bride, lui apporter de l’eau, à manger et du foin. Puis il sortit de la grange et se dirigea vers le petit local où se trouvaient les compteurs, et mit le chauffage en marche. Entre-temps, d’énormes grêlons s’étaient mis à tomber et rebondissaient sur le toit avec fracas.
La cabane avait été aménagée avec suffisamment de confort, et il fut accueilli par un beau feu de cheminée. Un plat chauffait déjà dans la cuisine, et Jenna était en train d’essorer ses cheveux dans l’évier à côté. Il resta un instant planté devant la porte, à la regarder. Un autre de ses a priori à son encontre venait de s’évanouir. Visiblement, elle n’avait eu aucun mal à allumer le feu et à comprendre ce qui lui ferait plaisir. Il vit qu’elle frissonnait encore et se rendit compte qu’elle avait fait passer son propre confort après le sien, s’occupant tout d’abord de leur préparer quelque chose à manger. Tiffany, elle, se serait déjà changée, aurait enfilé des vêtements secs, tout en se plaignant du froid. Ensuite, elle aurait attendu qu’il s’occupe du feu et fasse la cuisine.
Songer à elle l’attrista.
— Je t’avais dit de changer de vêtements.
Son ton la fit sursauter.
— J’ai pensé qu’il était plus important d’allumer d’abord le feu et de préparer à manger.
Voilà, elle tenait enfin l’occasion de se disputer avec lui et de le défier.
Leur enlacement, leur baiser, la tendresse échangée dans la grange, l’avaient effrayée et tout ce qu’elle souhaitait à présent, était prendre des distances avec lui.
Bon sang, elle était ici pour récupérer ce sacré journal intime, qui était à présent comme un boulet accroché à son pied. Il lui était de plus en plus difficile de se rappeler les véritables raisons qui l’avaient amenée au Texas. Chaque fois que Sam se rapprochait davantage d’elle, elle avait l’impression de perdre complètement les pédales.
Car Sam était un homme aux facettes multiples. Il était superbe, mais aussi intéressant, et elle avait envie, non, elle mourait d’envie de le connaître encore mieux. Elle avait honte d’elle : elle avait promis à sa grand-mère de récupérer son journal. Au lieu de cela, elle avait couché avec Sam et profité de sa compagnie des jours durant. Néanmoins, sa culpabilité était entamée par ses deux tentatives pour récupérer le carnet, et par le fait que Sam, bien malgré lui, l’en avait empêchée.
Elle se tourna vers l’évier et tendit la main vers le robinet, mais Sam retint son mouvement.
— Ne touche pas à ça, et reste loin de tous les points d’eau. Les tuyaux peuvent conduire l’électricité, et à cause de l’orage, l’air en est chargé.
— J’ai besoin d’eau pour faire du café.
— Non, ce dont tu as besoin, c’est de changer de vê-tements.
Elle posa les poings sur ses hanches.
— Très bien, je vais le faire. Mais ensuite, j’aurai besoin d’une bonne tasse de café bien chaud.
Il soupira et elle dut se retenir de ne pas le toucher. S’approchant d’un placard, il l’ouvrit. A l’intérieur se trouvaient des quantités de bouteilles d’eau.
— Eh bien ! Tu es vraiment organisé, remarqua-t‑elle. Il y a de quoi tenir un siège, ici. J’ai déjà trouvé des piles, une radio, des bougies, une lampe torche, des boîtes de conserve, du bois pour le chauffage…
— Oui, et tu as même réussi à allumer le feu.
— Ce n’était pas difficile. J’ai une cheminée dans mon appartement à New York.
Elle prit l’une des bouteilles et commença à préparer le café.
— J’ai également trouvé une trousse de premier secours. Nous devrions nous occuper de ta blessure.
Elle ouvrit un tiroir et en sortit la trousse, qu’elle posa sur la table. Sam s’approcha d’elle.
— D’abord, va te changer. Ensuite, nous jouerons au docteur.
Avant qu’elle n’ait pu protester, il la saisit par le bras et l’entraîna dans la salle de bains. Là, il la lâcha et se mit à fouiller dans le placard.
— Enlève tes vêtements, Jenna.
Elle essaya de lui obéir mais ses doigts étaient comme engourdis, douloureux, et elle ne réussissait même pas à déboutonner sa chemise. Sam se retourna vers elle, les bras chargés de vêtements.
— Voilà, dit‑il, retirant déjà sa veste et son jean, aussi trempés que les siens.
Qui sait pourquoi, lui ne tremblait pas. Retirant son T‑shirt, il tendit les mains vers sa chemise.
— Laisse, je vais le faire.
— Non, protesta-t‑elle. Non, ça va aller.
Mais ses doigts glissèrent sur les boutons. Sam écarta ses mains et lui jeta un regard légèrement moqueur.
— Chérie, tu es têtue. Laisse-moi t’aider. Après tout, c’est moi qui nous ai mis dans cette situation.
Incapable de regarder Sam dans les yeux, alors qu’il était si proche d’elle, elle baissa les paupières. Il lui retira sa chemise et défit son jean. Elle sentit le frôlement de ses doigts sur ses seins. Si seulement il la touchait de façon plus érotique. En fait, elle n’appréciait pas qu’il se soucie autant d’elle, qu’il s’occupe aussi gentiment d’elle. D’autant plus que le jeu était truqué, puisqu’il ignorait toujours la véritable raison de sa présence chez lui.
Non, elle ne voulait pas de sa gentillesse, encore moins de sa tendresse. Ce qu’elle voulait, c’était qu’il se comporte comme ses autres amants, et qu’il limite leur relation au sexe.
Il lui tendit quelques vêtements qu’elle enfila, pendant qu’il se changeait également.
Lorsqu’ils furent bien au sec, ils retournèrent dans la cuisine où ils savourèrent une bonne tasse de café chaud.
Puis elle s’installa sur le canapé du salon, devant le feu, avec la trousse de premier secours.
Avant qu’il ne pût protester, elle prit son menton dans ses mains et l’obligea à tourner la tête afin d’examiner sa blessure qui n’était guère profonde. Mais c’était tout de même une belle entaille qui avait saigné et Jenna la nettoya doucement. Soudain elle s’aperçut que Sam la regardait avec intensité. Elle aurait pu se noyer dans ses yeux, tant il la fascinait. Aussitôt elle sut que, dès qu’elle aurait mis la main sur le journal de sa grand-mère, elle partirait.
Prenant de la gaze et du sparadrap dans la trousse, elle banda la blessure.
— Est-ce que tu vas me donner un bisou pour que je guérisse plus vite ? la taquina-t‑il.
Elle s’approcha un peu plus près de lui et déposa un léger baiser sur sa tempe.
— Voilà, ça va mieux ?
Sam caressa son bras du bout des doigts, et de nouveau elle eut cette curieuse sensation de n’avoir jamais connu aucun autre homme. Il était le seul. Le seul qui la mettait dans un tel état d’excitation physique, mais qui la troublait aussi émotionnellement.
La pluie continuait de tomber sur le toit en un bruit rassurant, comme les battements de son cœur, qui cognait si fort dans sa poitrine. Elle était certaine que Sam l’entendait.
Les bûches crépitèrent dans la cheminée. Le vent s’accrut et souffla contre les murs de leur abri, et elle entendit le goutte à goutte de l’évier. Autour d’eux, l’air semblait presque vivant.
Doucement, Sam commença à embrasser son visage et effleura sa lèvre inférieure de son pouce. Il était si près qu’elle pouvait observer la longueur de ses cils, tandis qu’il se tenait les yeux fermés devant elle.
Elle leva la main vers lui, caressa ses cheveux et l’entendit soupirer. Au plus profond d’elle, elle sentit fondre quelque chose, enfoui depuis si longtemps qu’elle n’avait même plus conscience de son existence. Sam ouvrit les yeux et elle se perdit dans la profondeur de son regard.
Il l’enveloppa de ses bras musclés et elle huma son parfum qui pénétra jusqu’au fond de son cœur. Sa bouche s’élargit en un sourire charmeur. Il embrassa le lobe de son oreille et murmura son nom.
Son désir brillait intensément dans ses yeux et elle savait qu’il était le reflet de celui qui brillait au fond de son âme à elle. Cependant, elle y lisait aussi de la méfiance, un instinct de protection et une certaine distance, mais elle savait que dans un instant, tout cela s’effacerait.
— Jenna…
Sa voix était rauque. Elle trembla lorsqu’il l’embrassa, ressentant ses aspirations secrètes. La solitude qui se lisait dans ses yeux semblait s’éloigner, comme une ombre du passé. Elle écouta le rythme irrégulier de sa respiration, sentit sa vulnérabilité et comprit qu’il gardait de plus en plus difficilement le contrôle de ses émotions.
Leurs deux cœurs s’étaient trouvés et il était inévitable qu’un tel moment arrive. Elle avait fait tomber ses défenses et avait regardé jusqu’au plus profond de lui. Et tous deux s’étaient rencontrés en un accord intime et vibrant, jouant les accords de la passion.
Sans prononcer un mot, elle avait demandé et il avait offert, et intuitivement, elle l’avait conduit à ce qui pouvait bien causer leur perte.
Pourtant, même si ce n’était guère prudent de sa part, c’était certainement ce qu’elle recherchait depuis toujours !
Il la caressa. Ses mains étaient avides, comme son corps, et elle sentit la même passion la gagner.
— Devant le feu, Sam.
Il se retourna pour regarder l’âtre et lorsqu’il posa de nouveau son regard sur elle, elle y vit briller une lueur de défi.
Il prit quelques coussins sur le canapé et les disposa à terre. Puis il fit de même avec la couverture qui était posée sur le dossier du canapé.
Ensuite, il la souleva dans ses bras, et la posa délica-tement sur leur couche devant le feu.
Tout au fond de son cœur, durant ses pires journées de solitude, elle avait eu faim de chaleur et de lumière. Cependant, jamais elle n’aurait imaginé pouvoir être comblée ainsi, grâce à Sam. Jusqu’à leur rencontre, rien n’avait eu un tel goût de bonheur.
Cette nuit-là, elle découvrit ce qu’il lui en coûtait de donner ce qu’elle n’avait encore jamais offert à personne. Leurs deux corps emmêlés devant le feu, elle s’émerveilla de la complicité de leurs cœurs.
Impatient, Sam se déshabilla rapidement, puis lui retira ses vêtements.
Il prit l’un après l’autre ses tétons dans sa bouche et les lécha, les caressa et les suça jusqu’à ce qu’elle griffe son dos, tant elle était excitée.
Sa bouche brûlante sur sa peau semblait courir partout. Sur ses seins, sur son ventre…
Il ne lui laissait aucun répit. Aucun homme ne l’avait jamais amenée à un tel état d’excitation, et jamais elle ne s’était sentie aussi vivante.
Jamais aucun homme n’avait chuchoté son nom, comme si sa vie en dépendait.
Elle sentit son membre dur et gonflé entre ses cuisses et elle s’ouvrit pour lui, écartant ses cuisses brûlantes afin de lui offrir son sexe, moite de désir. Elle l’entendit gémir lorsque l’extrémité de son sexe effleura son intimité.
Avant de la pénétrer, il reprit ses baisers et l’embrassa sur tout le corps. Elle se cambrait contre lui, folle de plaisir. Des vagues de désir montaient en elle, la submergeaient. Soudain, elle se sentit au bord de l’orgasme et se laissa entraîner. Un véritable ouragan se déchaîna en elle, et tout son corps se contracta, tandis qu’un océan de plaisir déferlait en elle, vague après vague, la laissant haletante.
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle lut de la fierté dans son regard. Sam semblait avoir atteint les limites de son contrôle.
Elle tendit le bras, et prit son sexe dans sa main, puis le guida en elle.
L’agrippant par les cheveux, elle le serra tout contre elle et tendit sa bouche, affamée.
Ils s’embrassèrent passionnément.
Sam la prit par les hanches et accentua son rythme, plongeant en elle de plus belle, allant et venant dans son sexe si chaud et mouillé de plaisir.
Il semblait atteindre en elle des profondeurs insondables, que le seul désir n’aurait jamais pu atteindre. Tout ce qu’elle était capable de faire, était de l’entraîner encore plus loin avec elle.
Elle sentait son sexe grandir encore à l’intérieur d’elle-même. Soudain, comme une tempête brûlante, un feu intense déversa ses flammes. Plus rien n’existait. Elle cria son plaisir et Sam la suivit dans cet ouragan qui les conduisit bien plus loin qu’ils n’auraient jamais osé l’imaginer.
Haletants, ils restèrent un moment enlacés. Leurs deux fronts se touchèrent et ils se sourirent l’un à l’autre. Jenna ne voulait plus le lâcher. Elle le tenait serré, appréciant de sentir tout le poids de son corps contre elle.
Après un moment, Sam roula sur le côté, et écarta le bras pour qu’elle vienne se nicher contre son épaule.
— Je crois que nous devrions aller au lit, à moins que tu ne veuilles dormir ici.
— Oui, c’est ce que je veux.
— Dans ce cas, je vais aller chercher d’autres couvertures.
Après une telle étreinte, Jenna songea que, de sa vie, elle n’aurait plus jamais froid.
Néanmoins, la nuit serait fraîche, même en dormant devant le feu. Elle souhaita qu’une couverture magique puisse les protéger du monde, de l’aube qui allait bientôt naître, et de la réalité qu’il leur faudrait bien affronter.
— Bonne idée, murmura-t‑elle en voyant Sam revenir avec des oreillers, d’autres couvertures et même un édredon.
Ils installèrent le tout, puis se blottirent dans les bras l’un de l’autre, bien au chaud.
Plus rien n’existait que leur complicité.
Peu importaient le vent et la pluie dehors.
Peu importait le lendemain.
Seul comptait ce pur moment de félicité partagée.
Seuls comptaient leurs deux cœurs, qui battaient à l’unisson.
Le reste n’avait plus d’importance, et il serait bien temps de s’en occuper plus tard, songea Jenna en fermant les yeux, lovée contre la poitrine de Sam, ses doigts entremêlés aux siens.
Dans l’immédiat, elle ne souhaitait rien d’autre que de savourer ce rare moment d’intense passion.0


chapitre 11

Du fond de la salle de classe, Sam regarda Jenna diriger son cours. Les étudiants lui posaient de nombreuses questions et elle répondait à chacun avec patience et assurance. Parfois, elle utilisait une terminologie technique, qu’il ne comprenait pas.
Ils avaient passé la nuit dans leur refuge et avaient regagné le ranch dès les premières lueurs de l’aube. La façon dont elle avait accueilli la tempête et leur installation de fortune l’avait surpris. Elle avait également appris très vite à monter, comme si elle était née sur le dos d’un cheval, insistant même pour s’occuper seule des soins de Black Spot. Il sourit intérieurement. Force était de constater qu’elle avait fait un sacré bon boulot !
Elle avait fait de même, en s’introduisant dans son cœur. Il ne pouvait pas le nier. Elle était ancrée en lui, et il lui faudrait du temps pour l’oublier. Oui, elle avait brisé toutes ses défenses et avait gagné son cœur.
A présent, il ne pouvait plus imaginer dormir une seule nuit sans elle, ne plus la voir passer la porte d’entrée, ou ne plus voir son doux sourire en face de lui, lorsqu’ils prenaient leurs repas.
Pourtant, elle lui avait bien fait comprendre qu’elle ne voulait rien d’autre qu’une liaison temporaire.
C’était ce qu’il avait souhaité, lui aussi, au début, mais à présent, il voulait davantage. Il faudrait pourtant bien qu’il accepte le fait qu’il en allait différemment pour elle. On était mercredi, et samedi elle serait partie. Elle avait déjà donné deux concerts, et jouerait une dernière fois vendredi soir.
Il se leva, quitta la pièce, partit faire quelques courses et revint la chercher.
C’était mieux ainsi, songea-t‑il. Peut-être qu’elle était différente de Tiffany, mais elle n’était pas d’ici, et son style de vie ne correspondait pas au sien.
Il aurait été complètement stupide de croire le contraire.
Jenna dit au revoir au dernier de ses étudiants et quitta la salle de classe. Apparemment, Sam n’était pas là. Elle se dirigea vers la sortie et regarda dehors, mais elle ne voyait son 4x4 garé nulle part. Il avait dû être retenu. Elle retourna à l’intérieur et s’assit sur un banc dans l’entrée. Ouvrant sa sacoche, elle remarqua la couverture rouge du journal de sa grand-mère.
Elle l’ouvrit et se remit à lire.
Le 30 janvier 1958
Oahu est une île magnifique et je suis *******e de pouvoir m’y reposer après mes concerts à Hawaii. C’est le maire d’Oahu qui m’a invitée ici. Sa fille, Kalei, est charmante avec moi, et m’a demandé si j’aimerais apprendre le hula. Je lui ai dit que cette danse me semblait très érotique et que, oui, cela me ferait plaisir d’en apprendre les pas.
Elle m’a alors offert un paréo de couleurs vives, une jupe en raphia confectionnée par ses soins, et un collier porte-bonheur.
Une nuit, alors que je m’entraînais au hula depuis une semaine, le maire donna une soirée.
De nombreux marins étaient présents et Kalei me demanda si je souhaitais danser. Je proposai de chanter également, et appris rapidement un air hawaïen, dont les paroles évoquaient un amour interdit.
Ma tenue était très légère, un simple paréo aux couleurs chatoyantes, et la jupe en raphia.
Lorsque les tambours commencèrent à jouer, j’eus l’impression que leur son résonnait au plus profond de moi, jusque dans mon sexe. Je m’avançai sur scène et me mis à danser. Un officier était assis au premier rang et ne me quittait pas des yeux.
Je me lançai dans une danse folklorique, nommée Kahiko, enracinée dans la tradition, qui évoque la survie, les lois des dieux et le « kapus », mot qui signifie tabou. Dès que je commençai à danser, je sentis une énergie incroyable parcourir mon corps. Mes mouvements semblaient chargés d’une force sensuelle, quasi sexuelle, et étaient un hommage aux forces de la nature, aux dieux, qui protègent et sauvent les êtres, selon leur bon vouloir.
Je dansai pour cet officier et chantai pour lui. Il semblait très excité.
Plus tard, après le spectacle, j’allai me promener sur la plage et l’homme me suivit. Il me dit qu’il s’appelait Daniel. Il était très beau. Je ne peux pas dire pourquoi, mais j’avais l’impression que je ne pourrais pas le séduire ailleurs qu’ici, sur cette plage, même si je l’avais voulu.
Il était très doux, très gentil, et m’apprit qu’il était en congé pour un mois. Il me parla de sa solitude et de sa passion pour la mer. Je passai toute la nuit à l’écouter parler et me raconter sa vie. J’étais submergée par l’émotion. Il était si inhabituel qu’un homme ne cherche qu’à discuter avec une femme, sans essayer d’obtenir autre chose d’elle.
Je l’ai embrassé tendrement sur les lèvres, ne cherchant nullement à l’exciter, mais à lui montrer que j’étais en harmonie avec lui. Sa bouche était douce, et je ne me lassais pas de l’embrasser.
C’est la nuit la plus mémorable que j’ai jamais vécue.
Le 28 février 1958
Cela fait quelque temps déjà que j’ai négligé d’écrire mon journal, mais je viens de passer quatre semaines formidables avec Daniel.
La première fois où nous avons fait l’amour a été magique. C’était sur une plage déserte, sans rien d’autre qu’une couverture sous nos deux corps enfiévrés. Sentir ses lèvres chaudes sur mes seins me procurait un sentiment délicieux.
Mes mains caressaient ses muscles puissants. Lorsque je sentis son érection entre mes cuisses, je gémis sous sa bouche.
Je le sentis trembler, et il m’implora.
« S’il te plaît », dit‑il d’une voix rauque.
La passion contenue dans son baiser sembla alors vibrer dans chaque cellule de son corps et y résonner.
Je pressai mes seins contre son torse nu. Ses lèvres descendirent dans mon cou et je sentis l’humidité de sa langue qui glissait sur ma peau. Ses mains caressaient mon ventre, et je cessai de respirer lorsqu’elles remontèrent sur mes seins et que, de ses pouces, il caressa mes tétons durcis. Sa bouche se posa sur eux et je criai de plaisir.
Lorsqu’il me pénétra, j’eus un orgasme puissant. Il allait et venait en moi avec une passion non contenue.
Jamais, auparavant, je n’avais ressenti un tel abandon pour un homme.
Jamais, je n’avais eu autant envie d’arrêter la course du temps, et de fixer ce moment pour l’éternité.
Après notre étreinte, je me reposai entre ses bras, comblée, et bien déterminée à …
— J’espère que tu ne m’as pas attendu trop longtemps.
La voix de Sam la surprit. Elle sursauta et referma aussitôt le carnet.
— Je me suis laissé entraîner dans une discussion sur l’alimentation du bétail, et j’ai perdu pas mal de temps.
Les mains tremblantes, elle rangea le carnet dans sa sacoche et se leva. Attrapant Sam par le cou, elle posa un baiser sur ses lèvres. Dieu qu’elle aimait l’embrasser, sentir la douceur de sa bouche sur la sienne, humer son parfum, sentir son corps tout contre elle.
Mais tout cela était impossible. Elle ne pouvait pas rester ici, c’était inenvisageable. Ce n’était pas son univers, et elle ne pouvait renoncer à la musique.
Oui, c’était impossible.
Pas plus qu’elle ne pouvait supposer de le voir suivre le même chemin que son père, qui était toujours resté dans l’ombre de sa mère. Elle ne détruirait pas Sam, ne profiterait pas de lui. Simplement, elle ne pouvait pas lui donner ce qu’il désirait, ni un foyer, ni son cœur, et encore moins un enfant.
Lorsqu’elle mit fin à son baiser, il la regarda longuement, semblant essayer de déchiffrer un message. Elle voulut éviter son regard et détourna les yeux. Comme elle se sentait coupable ! Ce n’était pas pour cela qu’elle était ici, pas pour partager quoi que ce fût avec lui. Non, elle était venue au Texas pour retrouver ce fichu carnet et n’avait déjà que trop tardé à le récupérer.
Au diable la recherche de la passion parfaite de sa grand-mère. Le dernier passage qu’elle avait lu était cependant très différent. On y sentait poindre des émotions. Cette rencontre avec le jeune officier l’avait touchée plus qu’elle ne voulait l’admettre, parce qu’il lui semblait soudain que sa quête dépassait largement la seule passion.
Contrairement aux rencontres de sa grand-mère, la relation de Jenna avec Sam n’avait rien de désinvolte. C’était ce qu’elle s’était efforcée de croire, mais c’était faux.
Peu importait ce qu’elle avait cru. Au bout du compte, elle savait pertinemment qu’entre eux deux, il ne s’agissait pas simplement de passer du bon temps et de se donner du plaisir.
C’était bien plus que cela.
Il la prit par le bras et la força à le regarder.
— Bon sang, Jenna, je devrais être en retard plus souvent.
Elle se sentit rougir.
Si seulement elle pouvait se *******er d’une simple amitié pimentée de sexe. Mais elle voulait plus.
Tellement plus !
Inspirant profondément, elle lui passa les bras autour de la taille.
— Ne sois pas si présomptueux, Winchester.
Ils quittèrent l’académie et sortirent dans le soleil. Sam lui tint la porte ouverte et elle grimpa dans le 4x4.
— Hm, bien mieux qu’à ton arrivée, fit‑il remarquer, malicieux.
Il se dirigea vers le centre et, pour la première fois, Jenna regarda vraiment la ville. Elle fit un signe de la main à Lurlene, lorsqu’ils passèrent devant sa boutique. Savannah était riche de son histoire et il y régnait une bonne entente entre les habitants. Alors qu’ils arrivaient à un coin de rue, un bâtiment, signalé par une énorme pancarte et un néon, attira son attention.
— Sam, qu’est-ce que c’est ? Un bar ?
— Oui, si on veut. En fait, c’est à la fois un bar et un night-club. On y joue de la musique country.
— Est-ce que l’on peut y danser ?
— Bien sûr, m’dame. Toutes les meilleures danses du Texas.
— Tu m’y emmèneras ?
— Ce n’est pas vraiment le genre d’endroit que tu es habituée à fréquenter.
Etait-ce une critique qu’elle percevait dans sa voix ? De la déception ? Elle aurait peut-être dû en rester là, mais elle se sentait blessée.
— Eh bien, j’aimerais y aller ce soir, à moins que tu ne sois trop occupé.
— Non, mais si tu peux attendre jusqu’à samedi, ce serait bien mieux. C’est le meilleur jour pour y aller se distraire.
Il détourna un instant son regard de la route et le planta dans le sien.
— Samedi soir, je serai partie.
— C’est vrai. Tu ne seras plus là. J’avais oublié.
— Tu es en colère contre moi ?
Elle vit diverses émotions affleurer sur son visage.
— Pourquoi le serais-je ?
— Je t’ai dit depuis le début que je ne resterais que deux semaines. J’ai une tournée à honorer. Dès lundi, je dois être à Rome. D’ailleurs, j’ai déjà bien assez abusé de ton temps.
Il serra les dents et se concentra sur la route.
— Au moins, Tooter sera *******.
— J’en suis sûre.
— Il faut que je m’arrête faire une course, j’ai besoin de suppléments nutritionnels pour les animaux. Ça ne te dérange pas ?
— Non, je t’en prie.
Le parking où il se dirigea était bondé de camions. Certains hommes chargeaient leur cargaison. D’autres, debout à côté de leurs engins, discutaient entre eux. Il se gara, elle ouvrit sa portière puis sauta à terre, sur le gravier. Visiblement, tout le monde connaissait Sam, ici, et chacun le salua. Il répondit à tous, souriant, serrant des mains, échangeant quelques propos sur le bétail de l’un et les préoccupations de l’autre. Durant tout ce temps, il la tenait à côté de lui, si bien qu’elle se retrouva, elle aussi, entourée par ce petit groupe d’hommes et de femmes qui semblaient tant apprécier Sam.0
Chacun avait véritablement l’air heureux de le voir. Les hommes lui témoignaient du respect, et les femmes semblaient fières de lui, d’une fierté quasi-maternelle pour l’homme que l’on connaît depuis son enfance, et qui a bien grandi.
A les regarder tous ainsi, elle sut que Sam appartenait à cette ville. Il faisait partie du paysage, était enraciné dans cette communauté, pour laquelle il déployait tant d’efforts.
Contrairement à lui, elle n’était que de passage. A présent que sa grand-mère était décédée, elle n’avait plus aucune attache à New York — seulement son agent, qui était aussi, heureusement, une amie. Néanmoins, jamais elle n’avait eu le temps de développer une réelle amitié avec quiconque, comme celle qui régnait entre tous ces gens.
Lorsqu’elle rentrerait chez elle, elle ne trouverait pas un voisinage aussi amical. D’ailleurs, elle se demanda qui remarquerait qu’elle avait regagné son appartement.
Soudain, elle sentit son cœur se serrer et eut envie de se sentir aussi intégrée que Sam l’était. Elle en mourait d’envie. Il avait passé son bras autour de ses épaules et elle remarquait bien les regards curieux et les coups d’œil interrogateurs.
Néanmoins, même si elle l’enviait, ce genre de relation, si forte, l’effrayait aussi.
La musique avait toujours été son refuge, et jamais elle ne pourrait s’impliquer autant dans quoi que ce soit d’autre. La musique était toute sa vie, et elle refusait de s’engager dans un autre lien aussi fort.
Peu importait avec quoi.
Ou avec qui.
Les liens représentaient un véritable danger, qui la forceraient à exposer son cœur, et qui l’obligeraient à protéger celui de Sam.
Non, elle ne voulait pas de tout ça. Elle ne voulait pas qu’il l’aime.
Tout était finalement une question de choix. Sa grand-mère avait choisi l’amour, et sa mère, la musique, négligeant même sa propre fille pour s’adonner à sa passion. Et cela l’avait blessée, elle, bien plus qu’elle n’avait jamais laissé sa mère le voir. Plus personne ne la blesserait. Elle serait forte, intouchable, et certainement pas responsable du bonheur d’autrui.
Elle se dégagea du bras de Sam et sourit.
— Je déteste jouer les enquiquineuses, mais crois-tu que tu en as encore pour longtemps ? Il faut que je m’exerce.
Sam hocha la tête.
— Tu as raison. Moi aussi, j’ai du travail.
Il toucha le bord de son chapeau pour saluer la petite assemblée et pénétra dans le magasin. Pendant ce temps, elle retourna au 4x4, troublée par les sentiments qu’elle éprouvait pour lui.
A l’instant où elle ouvrit la portière, Sam sortait de la boutique, un sac à la main. Il lui sourit. Alors qu’il la rejoignait, un homme l’interpella et il se retourna pour lui parler.
— Salut Sam, justement je voulais t’appeler, dit l’homme en lui serrant la main. Je voulais venir voir tes chevaux. Millie a besoin d’une bonne monture.
— Je l’ai vue, l’autre jour, gagner le championnat junior. Félicitations, Mike.
— Merci, Sam.
Les deux hommes discutèrent de chevaux, de bétail, de tournois et de rodéo.
— Tes chevaux sont vraiment les meilleurs, Sam. Ton père serait fier de toi.
A ces paroles, Jenna vit passer dans le regard de Sam, quelque chose qu’elle n’y avait encore jamais remarqué. Il y avait de la satisfaction, certes, mais aussi une ombre de tristesse, qu’il dissimula en baissant les yeux.
— Des circuits ? demanda-t‑elle en s’approchant. Des rodéos ?
— Des compétitions, jeune dame. Dis-moi Sam, la jeune demoiselle est‑elle complètement ignorante de notre art ?
— Non, elle s’y connaît plutôt bien pour une débutante. Au fait, désolé pour les présentations, voici Jenna Sinclair.
— Ah ! La violoniste. J’ai entendu dire que vous sé-journiez chez Sam.
— Oui. J’ignore tout du marché du bétail et des rodéos, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.
— Pensez-vous ! répondit‑il en lui serrant la main. A chacun son boulot, comme je dis toujours. Et d’ailleurs, j’ai entendu dire que vous jouez divinement bien.
— Dans ce cas, peut-être viendrez-vous assister à mon concert, demain soir ? La recette des billets sera offerte au comité de charité.
— C’est pour une bonne cause. Nous serons tous là.
Mike et Sam discutèrent encore quelques instants et fixèrent un rendez-vous pour qu’il vienne choisir un nouveau cheval pour sa fille. Puis il partit.
Sam et elle grimpèrent dans le 4x4 et prirent la route pour retourner au ranch.
— Sam…
Les épaules crispées, il se tourna vers elle, et elle vit que la tristesse avait de nouveau envahi ses yeux.
— Hmm ?
— Ton père ne tenait pas vraiment à ce que tu élèves des chevaux, n’est-ce pas ?
— Pas vraiment.
— Mais encore ?
— Mon père n’était pas capable de m’aider, en matière de chevaux. Il disait qu’il n’avait pas le temps, et que l’élevage de bétail suffisait.
— C’est pour cela que tu es parti, lorsque tu as eu dix-huit ans ?
— Oui. J’étais en colère et je me sentais frustré. Le prix du bétail n’était plus aussi haut qu’à une époque. Je lui ai dit que nous devions nous diversifier, mais il n’en a pas tenu compte. C’était un vrai fermier, et seuls ses vaches et ses taureaux l’intéressaient.
— Tu m’as dit aussi que tu étais revenu à cause de sa santé. Mais il y avait autre chose que son cœur, n’est-ce pas ?
— Oui, il y avait autre chose.
Il poussa un profond soupir, puis se décida.
— Mon père avait un problème avec la boisson, comme on dit. Il avait connu plusieurs coups durs, dans sa vie. Mon frère aîné est mort-né et ma mère est décédée peu de temps après ma naissance. Jamais, il ne s’est remis de ces deux drames.0
— Et toi, il t’a perdu quelque part en chemin ?
— On peut dire ça. Tooter a réparé les dégâts que mon père causait.
— C’est lui qui t’a appris tout ce que tu sais.
— Il a été comme un père pour moi.
— Il a sauvé le ranch ?
— Il a sauvé mon héritage et la fierté de mon père. Il a tout assumé à sa place, l’a aidé à redevenir sobre ; il s’assurait qu’il mangeait correctement chaque jour, au lieu de boire. Tooter a travaillé dur. Il croyait en moi, en mes idées pour développer un élevage et m’a aidé à chaque étape.
— Tout comme ma grand-mère l’a fait pour moi.
Elle se glissa vers lui et posa sa main sur sa nuque pour combler son irrépressible besoin de le toucher.
Lorsqu’ils arrivèrent au ranch, Tooter se tenait devant le porche. A peine Sam eut‑il garé son 4x4, que son contremaître était déjà à la portière. Sam l’ouvrit et descendit aussitôt. Jenna fit le tour du 4x4 et entendit les dernières paroles de Tooter.
— … s’est comportée bizarrement toute la journée. J’ai essayé de te joindre sur ton portable, mais tu ne répondais pas.
— J’étais au magasin.
Sam se dirigeait déjà vers l’écurie d’un bon pas, Tooter derrière lui. Apparemment, il se faisait beaucoup de souci pour sa jument.
— J’espère qu’elle va bien ! cria Jenna.
Sam s’arrêta et se retourna.
— Merci, dit‑il.
Jenna se dirigea vers la maison, et resta un moment dans le hall. Son estomac criait famine, mais elle décida de l’ignorer, et regarda en direction du couloir qui menait au bureau de Sam.
Autant dire les choses clairement : elle avait purement et simplement négligé sa mission. Elle s’était laissé prendre au piège des beaux yeux bleus de Sam, et à ses mains si vigoureuses qui la fascinaient. Ses pensées prenaient un tour qui ne lui plaisait guère ; elle avait soudain des envies de stabilité, de foyer où il faisait bon se retrouver… à deux.
Mais non, ce n’était pas sa vie. Sa vie à elle consistait à ne se soucier que d’elle-même, et à conserver son indépendance ; à ne jamais laisser quiconque devenir trop proche, afin qu’elle n’ait jamais à faire de choix.
Elle se hâta jusqu’au bureau de Sam. Il fallait qu’elle trouve le journal. Il le fallait absolument. Mais lorsqu’elle entra, elle déchanta rapidement : Caleb se trouvait déjà là, en train de ranger des papiers pour Sam.
Il se retourna pour la regarder, alors qu’elle se tenait toujours sur le seuil, le souffle coupé.
— Vous avez besoin de quelque chose, m’dame ?
— Non, désolée de vous avoir dérangé.
Elle se retira et se dirigea vers la salle à manger. Puis rapidement, elle passa devant le salon et monta à l’étage. Maria sortait de la chambre de Sam, une corbeille à linge entre les bras.
— Ah, vous êtes rentrés tous les deux ! Puis-je vous préparer quelque chose à manger ?
— Volontiers, mais je ne sais pas à quelle heure Sam pourra venir me rejoindre. Il est aux écuries. Je crois qu’il s’agit de Jigsaw’s Pride.
— Est-ce qu’il y a un problème ?
Maria avait l’air soucieuse.
— Je ne sais pas exactement, mais Sam était inquiet. Il a l’air de tenir à cette jument.
Maria hocha la tête tout en descendant l’escalier, et Jenna la suivit.
— Tous ses animaux sont importants pour lui, mais celle-ci est particulière à ses yeux. Il l’a acquise auprès d’un homme qui la maltraitait et, depuis, a pris soin d’elle chaque jour.
— Sam m’a dit qu’il avait quitté le ranch, à une époque, parce que son père n’était pas intéressé par l’élevage de chevaux.
— Ce n’est un secret pour personne. Chacun ici les a entendus se disputer à ce sujet.
— Vous le connaissiez déjà, à l’époque, Maria ?
Maria sourit.
— J’ai travaillé, lavé et cuisiné dans ce ranch depuis que j’ai l’âge de dix-huit ans. C’est même ici que j’ai rencontré Red, mon mari. Les Winchester ont toujours été bons pour nous.
— Vous avez dû connaître le père de Sam, alors.
— Oui, il n’a pas toujours été à la hauteur avec son fils, mais heureusement, Tooter était là. Sam a été un petit garçon adorable, un adolescent solide et responsable, puis il est devenu l’homme charmant que vous connaissez aujourd’hui. Vous n’en trouverez pas de meilleur. Il s’est senti frustré, à cause de son père. Voilà le problème. Peut-être avait‑il besoin de se prouver quelque chose à lui-même. Tout ce que je sais, c’est que, lorsque son père est tombé malade, il est revenu ici chaque week-end, quand il n’était pas de permanence au poste de police.
— Il a de la chance de vous avoir, Tooter et vous.
— C’est nous qui avons eu de la chance de travailler pour une famille aussi agréable.
Jenna sentit une boule se nouer dans sa gorge. Il était douloureux de constater à quel point leurs enfances avaient été différentes. La sienne avait été embellie par la musique et par ses liens affectifs si forts avec ses grands-parents mais réglée également par la stricte discipline de son entraînement musical. On lui avait enseigné tout ce qu’elle pouvait souhaiter. La seule chose à faire était de se fixer un but et de l’atteindre. Même pour la célébrité.
Sam, quant à lui, avait dû chercher son équilibre tout seul, mais cette lutte avait forgé son caractère.
Maria termina de préparer leur déjeuner et servit les assiettes.
— Je vais aller prévenir Sam que tout est prêt, dit‑elle.
— Non, je vous en prie, Maria, laissez-moi le faire.
Jenna sortit par la porte arrière et se dirigea vers les écuries. Lorsqu’elle y parvint, elle vit Tooter et Red qui se tenaient près d’un box. Elle s’approcha et aperçut Sam à l’intérieur. Il caressait une superbe jument noire, dont les flancs étaient gonflés du poulain à naître.0
— Comment va-t‑elle ? demanda-t‑elle.
Les trois hommes la regardèrent. Red sourit et lui fit de la place à côté d’eux, devant la porte du box. Tooter garda son habituelle mine renfrognée, mais s’écarta également afin de lui laisser une meilleure vue sur la jument.
Sam s’approcha et lui sourit.
— On dirait que ça va aller. Je crois qu’elle va mettre bas dans la soirée.
Quelques instants, plus tard, Jenna se retirait, laissant les hommes entre eux.
Elle rentra à la maison, s’arrêtant d’abord dans la cuisine pour prendre son repas, puis se dirigea vers sa chambre, où elle enfila délibérément des vêtements sophistiqués. Elle savait à quel monde elle appartenait, et ce n’était pas à celui de Sam. Bien sûr, elle avait le pouvoir de mettre Sam à ses pieds, et cette idée la faisait presque frémir. Si elle utilisait ce pouvoir pour lier Sam à elle, où est-ce que cela les mènerait ? Bien sûr, au bout d’un certain temps, elle réussirait certainement à le convaincre de vendre son ranch et à quitter Savannah. Elle était absolument certaine de pouvoir arriver à ses fins, si elle le souhaitait.
C’était quelque chose que sa mère n’aurait pas hésité à faire. Mais pour elle, cela aurait représenté la trahison ultime, et elle se promit de n’en jamais rien faire.
Elle n’était absolument pas comme sa mère.
Jamais elle ne détruirait Sam.
Jamais.
Il était bien mieux sans elle, et sans l’influence qu’elle pouvait avoir sur lui.
Elle prit son violon, et commença à jouer. Mais son esprit était ailleurs.
Jamais elle ne se serait attendue à apprécier le mode de vie qu’elle avait ici.
Jamais elle ne se serait attendue à se plaire dans une ville comme Savannah. Il existait ici une proximité entre les êtres qui la touchait, procurant un doux sentiment qu’elle avait envie de faire sien et de garder au fond de son cœur.
C’était comme lorsqu’elle prenait le thé avec sa grand-mère, ou se promenait au clair de lune avec son grand-père, tandis qu’il lui apprenait le nom des étoiles, une à une. C’était comme être enfin arrivée… chez soi. Plus elle passait de temps au Wildcatter, moins elle avait envie de partir.
Pourtant, elle devait s’en aller.0

chapitre 12


Des heures plus tard, un coup frappé à sa porte la fit sursauter, au point qu’elle en lâcha son archer.
— Entrez.
Sam passa sa tête par l’entrebâillement de la porte. Il était crasseux et avait l’air épuisé.
— Désolé de te déranger, mais tu voulais aller dans ce bar, ce soir. Toujours partante ?
Elle faillit lui dire qu’elle avait besoin de continuer à s’exercer, mais ne put s’y résoudre. Il lui restait si peu de temps à passer avec lui. Et ce temps semblait s’écouler de plus en plus vite.
— Volontiers, mais es-tu certain de pouvoir quitter Jigsaw’s Pride ? Tu disais qu’elle allait mettre bas ce soir.
— Ce sera bien plus tard, dans la nuit, crois-moi, mais si cela peut te rassurer, j’ai dit à Tooter qu’il m’appelle sur mon portable, en cas de besoin.
— Tu as l’air fatigué.
— Une bonne douche, une soirée avec toi, et toute fatigue disparaîtra. J’aimerais t’enseigner deux ou trois pas de danse bien de chez nous. Accorde-m’en plusieurs, ce soir. Je serai bientôt prêt.
— Je t’attends.
Elle se doucha, elle aussi, et enfila un jean qu’elle avait acheté dans la boutique de Lurlene. D’humeur malicieuse, tout à coup, elle décida d’ouvrir sa valise. A l’intérieur se trouvait un petit bustier noir à bretelles qui moulait parfaitement ses formes et rendrait certainement Sam fou de désir.
En souriant, elle l’enfila, puis se coiffa et descendit au rez-de-chaussée.
Elle se rendit dans le salon, et s’arrêta net. Sam se trouvait déjà dans le hall. La lumière du lustre brillait dans ses cheveux sombres. Il portait un T‑shirt moulant qui mettait ses épaules en valeur ainsi qu’un pantalon de cuir noir. Elle suivit la ligne de ses jambes, jusqu’à ses pieds.
Il portait des bottes rouges.
Il était en train de serrer la main de Jake Stanton et lui tendait un chèque. Inconscient de l’attention dont il était l’objet, il ouvrit la porte, et l’entrepreneur partit. Appa-remment, les travaux dans le bureau de Sam étaient ter-minés.
Lorsqu’il se retourna et qu’il posa les yeux sur elle, il laissa échapper un sifflement admiratif.
— Superbe. Je crois qu’il va falloir que je te tienne en laisse, ce soir, sinon un cow-boy mal intentionné risque de te kidnapper.
Elle marcha jusqu’à lui et passa ses bras autour de son cou, pressant son corps contre le sien, l’émotion voilant sa voix.
— Il faudrait qu’il soit vraiment doué pour m’éloigner de toi… Et qu’en est‑il des cow-girls, qui vont s’évanouir rien qu’en te regardant ?
Il lui sourit.
— Je me *******erai de leur marcher dessus en t’accompagnant sur la piste de danse.
Ils rirent et elle lui passa la main dans les cheveux.
— Vilain garçon.
Ses yeux bleus se rivèrent aux siens et, durant un instant, l’appétit qu’il éprouvait pour cette femme lui coupa quasiment le souffle. Quel bonheur de savoir qu’elle avait autant envie de lui, que lui d’elle !
Pourtant, il avait tout à fait conscience du temps qui filait et du fait qu’elle serait bientôt partie.
Repoussant cette pensée, il lui prit le menton, leva son visage vers lui, et posa sa bouche sur la sienne, d’abord doucement, puis avec de plus en plus de ferveur.
Jenna répondit à son baiser en écartant les lèvres. Leurs langues s’emmêlèrent et leur étreinte s’intensifia. Il sentit la courbe gracile de ses hanches pressée contre la raideur qui gagnait son bas-ventre.
Avant qu’ils n’atteignent le point de non-retour, il rompit leur baiser.
— Nous ferions mieux d’y aller, avant que je ne t’entraîne là-haut, dans mon lit. La nuit dernière me semble déjà si loin…
Elle le regarda et lui sourit.
— A moi aussi.
Lorsqu’ils furent dans le 4x4, roulant dans l’obscurité, elle se tourna vers lui.
— Est-ce que Jake a terminé ton bureau ?
— Oui, il a fait du bon travail.
— Alors, tu vas enfin pouvoir utiliser ce superbe bureau que tu as acheté à New York.
— Oui, ce meuble rendrait presque la paperasserie agréable.
Bientôt, ils arrivèrent au bar. On entendait la musique résonner depuis l’intérieur. Ils entrèrent et Sam demanda une table. En s’y dirigeant, il remarqua de nombreux couples sur la piste de danse.
Il salua quantité de gens et fut agréablement surpris de voir que certains saluaient également Jenna, l’appelant par son prénom.
Enfin, ils s’installèrent à leur table et la serveuse, Ann Louise, s’enquit de leur commande.
— Alors, Sam, comment va mon oncle Red ? Cela fait une bonne semaine que je ne l’ai pas vu.
— Tu le connais. Toujours aussi bougon.
— Bien, dis-lui bonjour de ma part, veux-tu ? J’irai le voir la semaine prochaine.
— D’accord.
Ann Louise posa ensuite un regard chargé de curiosité sur Jenna.
— Vous êtes cette fameuse musicienne dont tout le monde parle, ici ? J’ai entendu dire que vous séjourniez chez Sam.
— C’est bien moi, répondit Jenna.
— Ravie de vous rencontrer. J’espère que vous appréciez votre séjour. C’est vraiment admirable, ce que vous faites, de jouer ainsi, bénévolement, afin d’aider à récolter des fonds pour l’hôpital. C’est une cause qui tient vraiment à cœur à Sam. Bon, qu’est-ce que je vous sers ?
— Une bière, pour moi. Jenna ?
— La même chose.
Ann Louise sourit, puis se dirigea vers une autre table.
— Alors, tu veux prendre ta première leçon ? proposa Sam.
Elle regarda la piste de danse d’un air inquiet.
— Ce n’est pas très difficile, tu sais. Viens, fais-moi confiance.
Elle se leva et mit sa main dans la sienne. Il la conduisit sur la piste.
— Suis-moi.
Il la tint contre lui, dans la position classique d’une valse.
— Lorsque je m’avance, tu recules. C’est une danse à deux temps, très simple.
Il lui fit une démonstration, puis ils s’élancèrent.
— En douceur… voilà … tu y es !
Ils dansèrent sur ce morceau, puis sur le suivant. Sam aimait la tenir ainsi entre ses bras. Il s’imaginait déjà danser avec elle ainsi, chaque samedi soir.
— Sam, pourrait-on essayer cet autre pas que tout le monde a l’air de connaître par cœur ?
— Hm, mademoiselle se lance !
— Oui, je prends le taureau par les cornes.
Il lui enseigna les rudiments de cet autre pas et de nouveau elle se sentit rapidement à l’aise.
Visiblement, elle passait un bon moment. Ses yeux brillaient de joie.
Soudain, il sentit son estomac se contracter. Depuis des années, Maria lui disait qu’il avait besoin de se trouver une nouvelle femme. Il ne pouvait pas dire le contraire. Mais bon sang, ce n’était certainement pas celle avec qui il dansait ce soir, dont il avait besoin.
Il sentait encore la douceur de ses cheveux entre ses doigts, voyait encore la lueur de désir dans ses yeux. Il se souvenait du rythme de sa respiration, lorsqu’il la tenait entre ses bras, de son rire… et de tant d’autres choses.
Mais certains principes se rappelaient à sa mémoire. La plus belle paire de fesses moulées dans un jean, ne devait pas faire perdre la tête à un homme, ni le détourner de ses priorités. Or, il connaissait bien les siennes : dès l’instant où il avait appris que son père était malade, il avait su quelle direction sa vie prendrait. Il avait quitté l’équipe des Rangers sans hésitation, et était rentré chez lui.
L’élevage : voilà ce qui comptait pour lui. C’était sa vie.
Jamais il ne pourrait y renoncer.
Pourtant, en dansant avec Jenna, il était tenté de lui dire qu’elle semblait dans son élément ici. C’était surprenant de voir avec quelle facilité elle s’était glissée dans son monde, avec quelle simplicité elle avait su se mêler aux habitants de la petite ville, n’hésitant pas à aller dîner avec lui au restaurant local, ou à acheter des vêtements dans une petite boutique qui ne ressemblait guère à Bloomingdale’s ou à Neiman Marcus.
De même, elle l’avait aidé lorsque Rose du Texas avait donné naissance à ses deux veaux, elle avait galopé avec lui sous la pluie et passé la nuit dans un lit de fortune, sans rechigner. Elle l’avait culbuté dans le foin, sans jouer les délicates. Bon sang, il l’adorait. Et même plus encore ! Oui, Jenna Sinclair, avec ses yeux séducteurs, sa bouche gourmande et son enthousiasme, pouvait bien briser son cœur, s’il la laissait faire.
La musique s’arrêta. Jenna était essoufflée par la danse et leurs éclats de rire.
— Je meurs de soif.
Ils regagnèrent leur table, s’assirent, et elle avala quelques grandes goulées de bière. Sam la regardait en souriant.
— Pas très féminin, n’est-ce pas ? dit‑elle en léchant la mousse au-dessus de sa lèvre.
Sam sentit son entrejambe se raidir et s’exhorta au calme.
Quelqu’un interpella Jenna.
— Hé ! la violoniste ! Pourquoi tu ne nous jouerais pas un air ?
Sam la regarda, et elle regarda l’orchestre. Un des musiciens tendait son violon vers elle. Elle sourit à Sam d’un air malicieux, se leva et se dirigea sur scène. Pour la première fois depuis son ouverture, le bar était entièrement silencieux. Jenna regarda la foule, se pencha et dit quelque chose aux membres du groupe. De grands sourires illuminèrent leurs visages. Jenna posa son archer sur le violon et commença à jouer la version modernisée d’une chanson de country très populaire. La plupart des couples se précipitèrent sur la piste de danse.
Sam ne pouvait détacher ses yeux d’elle tandis qu’elle jouait et appréciait visiblement de se trouver au milieu de l’orchestre. Dès la fin du morceau, chacun applaudit.
Elle le rejoignit en souriant.
— Où as-tu appris ce morceau ?
— J’avais un professeur qui estimait que nous devions apprendre toutes sortes de musiques. J’adorais cette chanson et je l’ai joué des dizaines et des dizaines de fois, jusqu’à ce que je la maîtrise parfaitement. Cela m’a vraiment aidée à m’améliorer pour le classique.
Elle s’assit et soudain le téléphone portable de Sam sonna.
— Winchester.
C’était la première fois dans sa vie qu’il entendait Tooter paniquer. Son sang ne fit qu’un tour.
— Sam, je ne sais pas ce qui se passe, mais Jigsaw’s Pride va vraiment mal. J’ai déjà appelé le vétérinaire, dit Tooter.
— Nous arrivons tout de suite.
Jenna se tenait à la fenêtre de sa chambre, qui donnait sur les écuries, et attendait des nouvelles de la jument et du poulain. Elle était anxieuse : l’inquiétude de Sam était véritable.
En discutant avec lui dans le 4x4, elle avait réalisé avec surprise à quel point il tenait à sa jument. C’était la première fois que Jigsaw’s Pride allait mettre bas et ce poulain était pour Sam l’objet de grands espoirs — la succession d’une jument en laquelle il croyait. Il lui avait dit son émotion à la naissance du premier poulain de son élevage.
Tout ceci ne lui était guère familier, mais elle comprenait Sam. Et elle avait beau se dire qu’elle devait aller se coucher parce que le lendemain soir, elle avait un nouveau concert à donner, elle savait qu’elle ne pourrait pas dormir. Car, comparée à l’angoisse de Sam, sa musique ne lui semblait plus aussi importante. Ce soir, c’était pour lui qu’elle s’inquiétait. Jamais il ne supporterait de perdre sa jument !0
Bon sang, elle était venue ici pour récupérer le journal intime de sa grand-mère, et rien d’autre. C’était pourtant un plan d’une extrême simplicité. Néanmoins, même en cet instant, où elle aurait facilement pu se rendre dans le bureau de Sam et fouiller le meuble, elle était incapable de s’y résoudre. La culpabilité serait trop lourde à porter. Comment pourrait‑elle trahir si odieusement cet homme, qui était aussi merveilleux avec elle ?
Tout aurait dû être si facile.
A présent, tout s’était compliqué.
Il demeurait pourtant deux priorités : retrouver le journal et partir d’ici.
La nuit passa, et lorsque les premières lueurs de l’aube balayèrent le ranch, Jenna quitta la fenêtre, ouvrit sa porte et descendit l’escalier.
Alors qu’elle se dirigeait vers le bureau de Sam, la porte d’entrée s’ouvrit.
Sam se tenait sur le seuil, l’air complètement groggy. Il la regardait fixement, comme si son cœur venait d’être brisé. Elle comprit immédiatement et s’approcha de lui.
— Nous les avons perdus, tous les deux. Le poulain était mort-né et…
Les mots s’étranglèrent dans sa gorge. Il ferma les yeux et resta immobile, puis prit sa main. Elle sentit sa paume glacée dans la sienne, et ressentit une profonde tristesse.
— Viens avec moi, Sam.
Il la laissa le guider dans l’escalier et jusqu’à sa salle de bains. Il tremblait et elle le fit asseoir, observant la fatigue sur son visage et le désespoir dans ses yeux. Emue, elle tourna les robinets de la douche et ajusta la température de l’eau, jusqu’à ce qu’elle soit parfaite.
— Viens, dit‑elle. Glisse-toi sous la douche. Ensuite, tu iras te coucher.
Elle l’aida à se déshabiller, le poussa sous la douche puis retira à son tour ses vêtements. Une fois sous l’eau avec lui, elle le savonna énergiquement de haut en bas et l’aida à se rincer.
Elle le sécha et le conduisit au lit, où il s’allongea, les bras repliés sur les yeux, la mâchoire crispée.
Il n’avait pas bougé lorsqu’elle revint de nouveau de la salle de bains, et il resta dans la même position lorsqu’elle se mit au lit avec lui.
Elle se glissa contre lui et doucement, prit son avant-bras pour l’écarter de ses yeux.
— Laisse-moi te serrer contre moi, Sam.
Il poussa un profond soupir, puis obtempéra.
Elle le serra dans ses bras, son corps lourd contre le sien, et espéra qu’il s’endormirait rapidement. Mais il ouvrit soudain les yeux et la regarda avec intensité.
— Merci d’être là, dit‑il d’une voix rauque.
— Je t’en prie.
Après toutes les nuits où elle avait partagé son lit, après tous ces longs moments passés à faire l’amour, cette nuit-là revêtait une importance particulière, parce qu’elle avait la sensation d’être entièrement à son écoute. Elle remarquait tout : la façon dont il respirait et dont sa poitrine se soulevait, la douceur de ses cheveux sur l’oreiller, le parfum de sa peau, la chaleur qui émanait de lui. Durant des heures, bien après qu’il se fut endormi, elle resta ainsi à le contempler, mémorisant une foule de détails qui seraient autant de souvenirs. Elle se sentait si coupable envers lui, qu’elle avait presque du mal à respirer. Il dormait d’un sommeil si profond, si confiant, qu’elle ressentait le besoin de le protéger.
Jusqu’à présent, jamais elle ne s’était préoccupée du bien-être de qui que ce fut. Son confort à elle, c’était sa grand-mère qui le lui avait offert. A présent, elle ressentait le besoin d’un lien plus fort, plus intime avec Sam.
A cette idée, la panique la gagna. Qu’il était tentant de s’abandonner aux émotions qu’il déclenchait en elle. Et soudain, elle redouta la solitude qui serait la sienne à son retour à New York.
Sam se réveilla dans l’après-midi. La pluie tambourinait sur le toit, leur rappelant qu’il existait un monde en dehors de leur chambre.
Un monde qu’il leur faudrait tôt ou tard affronter.
Il roula dans le lit jusqu’à elle, sa barbe naissante éraflant légèrement sa peau lorsqu’il tourna la tête. Jenna sentit son souffle chaud dans son cou, lorsqu’il chuchota son nom. Elle lui caressa les cheveux, et une vague de tendresse dont elle s’effraya la submergea.
Doucement, il caressa sa poitrine, puis, avec ses genoux, écarta ses cuisses et s’installa entre ses jambes, son sexe déjà durci par le désir.
Il l’embrassa dans le cou.
— J’ai besoin de toi, Jenna, dit‑il d’une voix chargée d’émotion.
De toutes les choses qu’il aurait pu lui dire, c’était celle qu’elle avait le plus envie d’entendre… et qu’elle redoutait également plus que tout.
Il enfouit son visage dans son cou et soudain, le désir les submergea tous les deux.
— J’ai envie de toi, j’ai envie de venir tout au fond de toi.
— Oui, répondit‑elle d’une voix gutturale.
Cette fois, il ne fut plus question de tendresse ou de maîtrise de soi. La faim qu’ils avaient l’un de l’autre les consumait, les emmenait au bord d’abysses inexplorés, d’où ils n’étaient pas certains de revenir.
Puis soudain, l’univers tout entier sembla exploser autour d’eux.
Après l’extase, Sam la tint serrée entre ses bras. Leurs corps tremblaient toujours et Jenna se lova contre lui, si troublée émotionnellement, qu’elle se sentait incapable de bouger.
Tandis que les vagues de plaisir refluaient, elle prit conscience qu’elle était sur le point de fondre en larmes. Pourtant, elle se sentait en sécurité dans les bras de Sam, à un point qu’elle n’avait jamais connu.
Il soupira profondément et se tourna vers elle.0
— Ça va ?
Elle hocha la tête et enfouit son visage dans son cou.
— Et toi ?
Il lui sourit, une lueur amusée au fond des yeux.
— Pas mal.
Elle savait qu’il essayait de détendre l’atmosphère et lui en fut reconnaissante ; elle l’embrassa, puis le regarda droit dans les yeux.
— Je suis heureuse d’être venue ici, Sam, dit‑elle en essayant de maîtriser le tremblement de sa voix.
— Moi aussi, ma belle. Moi aussi.
Elle s’allongea à côté de lui, la tête sur son épaule. Pendant un instant, ils restèrent ainsi en silence.
— A quoi penses-tu ? demanda-t‑elle.
Il soupira.
— Je me demandais si j’aurais pu faire quelque chose pour sauver Jigsaw’s Pride, ou bien si je suis juste en train de me torturer pour rien.
Il soupira de nouveau.
— Je suis certainement en train de me torturer pour rien.
— Qu’a dit le vétérinaire ?
— Que je n’aurais rien pu faire d’autre. C’est la nature. Le poulain était trop gros, il l’a déchirée à l’intérieur et nous n’avons pas pu stopper l’hémorragie.
— Je suis vraiment désolée, Sam.
— Je sais, et je t’en remercie. Néanmoins, il se fait tard et nous ne devons pas oublier que tu as un concert ce soir. Je suis certain que tu as envie de t’exercer un peu, dit‑il, semblant retrouver un ton plus léger.
— Tout ce que je voudrais, c’est rester allongée ici, avec toi.
— Moi aussi, j’aimerais bien.
Elle le regarda et sourit.
— Tu sais, je connais déjà très bien tous les morceaux que je vais jouer ce soir.
Il rit, et l’attrapant par la taille, la fit asseoir à cali-fourchon sur lui.
— Vraiment, petite coquine ? Alors, dis-moi un peu, que pourrions-nous faire pour tuer le temps d’ici à ce soir ?
— Hm, je crois qu’en y réfléchissant bien, nous trou-verons quelque chose.
Bien plus tard, lorsqu’elle quitta la chambre de Sam, elle s’aperçut qu’elle avait encore largement le temps de s’exercer au violon, ce qu’elle fit, jusqu’à ce qu’ils partent pour le Tannenbaum Theater.
Le concert se déroula à la perfection et elle fut agréa-blement surprise de la présence de nombreux habitants de Savannah dans le public.
Son auditoire l’applaudit longuement, et elle donna deux rappels.
Lorsqu’elle retourna dans sa loge, celle-ci regorgeait de bouquets de fleurs de ses admirateurs locaux.
Elle fut encore chaleureusement félicitée durant le cocktail qui suivit le concert.
Lorsqu’ils pénétrèrent dans la salle où se poursuivait la soirée, chacun s’immobilisa et soudain, les applaudissements éclatèrent de toutes parts.
Jamais elle ne s’était sentie aussi heureuse.
Pourtant, le même soir, à peine rentrée, elle se sentit gagnée par la panique.
Par la panique et la culpabilité.
Comment leur histoire, à Sam et à elle, pourrait‑elle fonctionner ?
Comment venir à bout de tous ses doutes ?
Comment survivrait‑elle à leur séparation, lorsqu’elle serait de retour chez elle ?
Elle décida de fouiller le bureau, même si l’idée l’en tourmentait.
Elle partait le lendemain et c’était le moment où jamais de mettre la main sur ces carnets. Elle était venue pour ça, et pour rien d’autre.
Pressée d’en finir, elle se dirigea jusqu’au bureau de Sam qui était parti garer le 4x4 et s’assurer que tout était en ordre. Une fois sur place, elle commença à fouiller le meuble de son aïeule, mais son journal intime était introuvable. De même que les bijoux.
Sa gorge se serra. Il devait les avoir trouvés.
Elle avait été complètement stupide.
— Que diable fais-tu ici ?
Elle sursauta et se retourna en entendant la voix de Sam.
— Je cherche le journal intime de ma grand-mère.


 
 

 

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chapitre 13

— Quel journal intime ? demanda Sam manifestement intrigué.
Elle soutint son regard.
— Comme tu l’as dit, tu as acheté ce meuble à une vente aux enchères. En fait, il n’aurait jamais dû quitter la maison de ma grand-mère.
Un nœud se formait déjà dans sa gorge.
Sam la regardait, interloqué.
— Quoi ?! C’est le bureau de ta grand-mère ?
Elle se mordit nerveusement les lèvres.
— Le journal s’y trouve forcément. Les deux autres étaient vides.
— Tu es venue ici pour ce meuble ? Pas pour nous aider à récolter des fonds pour l’hôpital ?
Il avait l’air blessé.
— Tu m’as menti !
— Oui. Sam, il est vraiment très important que tu me donnes ce carnet. Il renferme des informations confiden-tielles, qui pourraient faire du tort à des gens… et je ne peux pas le laisser entre des mains étrangères. Je l’ai promis à ma grand-mère. Je veux aussi que tu me rendes les bijoux.
Il avait l’air de plus en plus surpris.
— Je ne comprends pas un traître mot de ce que tu me dis, et je n’ai ni le journal intime de ta grand-mère, ni ses bijoux. Tu es venue ici pour rien.
Ses mots la fouettaient au visage et la culpabilité l’envahissait. Elle essaya de rester digne, de parler cal-mement. Et soudain, elle comprit qu’elle avait agi à dessein en le trahissant. Elle savait pertinemment que Sam n’aurait pas gardé le carnet. Elle le savait, et tout ce qu’elle cherchait c’était à briser les sentiments qu’il éprouvait pour elle.
C’était la meilleure chose qu’elle pouvait faire pour lui. Il fallait qu’il cesse de l’aimer.
Il fallait qu’il la déteste.
Ainsi, tout serait plus facile.
Il se détourna d’elle et sortit de la pièce. Ce ne fut qu’au moment où elle entendit claquer la porte d’entrée, qu’elle sortit de sa léthargie.
— Sam !
Sa voix n’était plus qu’un mince sifflet.
Elle sortit du bureau, se précipita dans le hall et ouvrit la porte en grand. Alors, elle le vit qui s’éloignait sous le déluge.
Sam avait l’impression qu’on venait de lui retirer le cœur de la poitrine. Jenna était chez lui sous le prétexte de l’aider pour la reconstruction de l’hôpital, avec soi-disant, l’envie de goûter au mode de vie dans un ranch, comme elle le lui avait dit.
En fait, tout ceci n’était qu’un prétexte pour récupérer un journal intime et des bijoux, qu’elle croyait qu’il lui avait volé.
Comment pouvait‑elle penser une telle chose de lui ? Comment pouvait‑elle l’accuser de la sorte ? S’il avait trouvé quoi que ce soit dans ce vieux bureau, il aurait fait tout ce qui était en son pouvoir pour le transmettre à son ancien propriétaire. Sa peine grandit encore. Le fait qu’elle n’eut pas confiance en lui était encore plus douloureux que de savoir qu’elle était ici sous de faux prétextes. Elle aurait dû savoir. Elle aurait dû mieux le connaître.
Lui faire confiance.
— Sam !
Il s’arrêta et se retourna, tandis qu’elle courait vers lui, à perdre haleine, sous la pluie et le vent.
Elle fonça droit sur lui et lui fit perdre l’équilibre. Ils tombèrent, et roulèrent ensemble au bas du talus.
Au terme de leur chute, elle se retrouva au-dessus de lui, ses jambes emmêlées aux siennes, son visage ruisselant de pluie au-dessus du sien. Elle plongea ses yeux gonflés de larmes dans son regard hébété, et il vit soudain la douleur qui était la sienne, il lut la peine sur son visage et sentit son cœur se serrer. La soie de sa robe était si fine, qu’il voyait ses tétons bruns à travers le tissu, et devinait toutes les courbes de son corps. Elle était si belle, et semblait en même temps si peu sûre d’elle, qu’il en fut ému.
Il l’observa de haut en bas, de ses seins, si ronds, si fermes, à ses cuisses longues et bronzées.
Alors il comprit que s’il devait se séparer d’elle, sa vie ne ressemblerait plus à rien. Ses yeux remontèrent jusqu’à ses seins et il vit ses tétons durcir sous son regard. Il tendit les bras vers elle, tira sur la bretelle du bustier, l’attira contre lui, et la serra dans ses bras.
— Sam, haleta-t‑elle. Sam.
Elle continua de chuchoter son nom.
— Sam, je suis tellement désolée.
— Je sais, dit‑il doucement.
— Ma grand-mère avait trois bureaux. Sans daigner me consulter, mon oncle les a tous vendus. J’avais peur que tu ne comprennes pas ma requête et que tu gardes le carnet. A présent, je sais que tu n’aurais jamais fait cela. Jamais.
— Non, je ne l’aurais pas fait.
Jenna venait d’avouer son erreur, et il sentait la douleur s’alléger dans sa poitrine. Il leva les yeux vers elle.
— Jenna, je t’aime.
— Ne dis pas cela, je t’en prie.
— Si, je le dois. Je veux que tu restes ici. On trouvera des solutions. Je le sais.
— Je suis désolée, pour tout, dit‑elle.
Elle secoua la tête et enfouit son visage dans son cou, puis se mit à pleurer.
— Oh Sam, Sam. Pardonne-moi, je t’ai fait du mal. Je voulais te protéger. Il faudrait que je fasse un choix, et j’en suis incapable. J’aime trop ma musique. Je ne peux pas y renoncer, même pas pour toi. Dis-moi que tu comprends, Sam. Toi, tu as besoin d’une femme qui restera à tes côtés et te secondera au ranch. Tu le sais bien.
— Je comprends tout à fait ce que tu ressens vis-à-vis de ta musique. Je ne suis pas en train de te demander de modifier complètement ta vie ni de renoncer à quoi que ce soit pour rester ici.
Oui, il comprenait. Il ne comprenait que trop bien, ce qu’elle ressentait.
— Jenna, je ne te demande pas de faire un choix définitif. Juste de trouver un compromis, pour ne pas nous priver l’un de l’autre.0



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MERCU RIHAME
J'ATTEND LA FIN
NE ME LAISSE PAS ATTENDRE LONGTEMPS
BISOU

 
 

 

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