áãÔÇßá ÇáÊÓÌíá æÏÎæá ÇáãäÊÏì íÑÌì ãÑÇÓáÊäÇ Úáì ÇáÇíãíá liilasvb3@gmail.com






ÇáÚæÏÉ   ãäÊÏíÇÊ áíáÇÓ > ÇáÞÕÕ æÇáÑæÇíÇÊ > ÑæÇíÇÊ ãäæÚÉ > ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÇÌäÈíÉ > ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇáÊÓÌíá

ÈÍË ÈÔÈßÉ áíáÇÓ ÇáËÞÇÝíÉ

ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ Romantic Novels Fourm¡ ÑæÇíÇÊ ÑæãÇäÓíÉ ÇÌäÈíÉ


ÅÖÇÝÉ ÑÏ
äÓÎ ÇáÑÇÈØ
äÓÎ ááãäÊÏíÇÊ
 
LinkBack (1) ÃÏæÇÊ ÇáãæÖæÚ ÇäæÇÚ ÚÑÖ ÇáãæÖæÚ
ÞÏíã 08-03-08, 11:47 AM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 36
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
áíáÇÓ ãÊÇáÞ


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Aug 2006
ÇáÚÖæíÉ: 9435
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 262
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: classicoofou ÚÖæ ÈÍÇÌå Çáì ÊÍÓíä æÖÚå
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 13

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏMorocco
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
classicoofou ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : classicoofou ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

24







Léon, petit village tout au sud du pays des Landes, Saint Girons plage, au bord même du golfe de Gascogne. Entre les deux, Francie partage son temps. A Saint Girons, elle a repris possession de la maison de ses parents, où elle n’était pas revenue depuis des années. Pour la première fois, elle n’y a plus rencontré les fantômes d’hier

C’est la destination qu’elle a donnée sur ce quai de gare à Aix. Sans comprendre. Un retour aux sources

Elle s’est retrouvée, tard, la nuit, devant la porte close. Glacée jusqu’aux os et sans moyen de se réfugier à l’intérieur. Elle s’est assise sur une chaise bancale, oubliée dans une véranda ouverte aux embruns, longtemps, avant de se décider à se diriger vers la cabine téléphonique, toute proche. Une heure du matin, quand elle compose le numéro des parents de Sylvie, paisiblement endormis dans cette petite maison, à l’entrée de Léon. Mamine et Monsieur Damien, chez qui elle aurait dû se rendre directement

Monsieur Damien, le père de Sylvie, elle n’est jamais arrivée à l’appeler autrement. En pyjama. Une course à toute vitesse dans la nuit noire. Affolé, de la savoir dehors, seule, si tard, encore plus inquiet de ne pas en connaître la raison et sans un reproche pour l’heure tardive. Elle, désolée, se sentant complètement stupide, de ne pas avoir prévenu, de lui causer tous ces tracas

Devant elle, maladroit de trop d’affection, gauche pour trop de tristesse qu’il devine en elle, en pantalon de flanelle rayée, sans chaussettes dans ses grosses chaussures de marche, un pardessus tout de travers, boutonné à la va-vite. Et en Francie une vague d’émotion, qui monte, qui l’envahit, qui la jette, entre rires et larmes, dans les bras de cet homme, pour se blottir, à l’abri, dans un cercle de tendresse. Elle le retrouve, aussi doux qu’un père, que son père à elle. Papa Damien, deux mots qui gonflent son cœur

Mon tout petit, encore du chagrin. Viens, il fait froid dehors et Mamine nous attend. Il ne faut pas pleurer alors que je suis ******* que tu sois là. Nous languissions de toi. Dépêche-toi, tu vas nous attraper du mal. Il fait si chaud d’où tu nous arrives ? Tu n’as rien sur le dos pour te protéger. Dans la voiture tu seras mieux et nous allons attendre que tu te calmes un peu

Monsieur Damien, Papa Damien, si tu savais ce que je suis heureuse de te revoir. Tu n’as pas changé

Ouais, dis ça à mes rhumatismes. Tu nous as manqué, tu sais, c’est maman qui est folle de joie. Nous devons nous hâter, elle aussi se fait du souci à t’imaginer dans cet endroit désert

Je me suis trompée, j’aurais dû aller tout de suite chez vous, à Léon. Je ne sais pas pourquoi je suis venue jusqu’ici

L’envie de rentrer chez toi, c’est tout. Demain, je t’y ramène. Les clés sont là, si tu tiens vraiment à y demeurer dès maintenant. Mais, tu n’auras rien pour te tenir chaud, rien de rien. Il vaut mieux que tu viennes à la maison. Et tes bagages ? Mon Dieu, on partait sans tes valises

La route, plus sombre de serpenter entre les pins et enfin, sagement veillée par des jarres vernissées et ventripotentes, débordantes de fleurs, une maison enfouie sous les arbres. Toute son enfance qui lui saute au visage. Depuis combien de temps n’est elle pas revenue ici ? Et Sylvie ? Tout cela doit lui manquer aussi

Sylvie va bien, elle est en Afrique avec Victor

Nous savons tout, notre petiote nous tient au courant. Nous avons une pleine boîte de lettres, de cartes postales. Elle est heureuse. Alors, pour nous, c’est parfait. Victor aussi, il nous écrit souvent. Il parle beaucoup de Sylvie.

De plus en plus ? Je le savais

Tu penses que tous les deux

C’est évident

Ça alors, depuis tout ce temps. C’est bien. C’est vraiment bien. J’en connais une qui va avoir du mal à y croire

Ne lui dis rien, papa Damien, il n’y a rien de certain encore, mais, si je ne me trompe pas, ils viendront ensemble, un beau matin, et vous sortirez les petits gâteaux et la bouteille de vin blanc. Et toi, tu feras semblant d’être étonné, un peu en colère

Pourquoi en colère

Comme tous les papas qui marient leur fille, le garçon n’est jamais assez bon pour elle

Pas un garçon comme Victor

Oui, tu as raison, avec lui, ce serait difficile. Si tu savais. J’ai le cœur qui éclate de joie de revenir ici

Regarde qui nous attend à la porte

Pauvre Mamine, j’ai dû lui faire une belle peu

Mais non, elle est pressée de t’embrasser. Allez, va vite, je gare la voiture et je te rejoins à l’intérieur. Je me charge de tes valises

Plus petite que sa fille, aussi ronde que douce, les cheveux d’un gris argent, la même espièglerie dans le regard, sauf en ce moment, où tout son être est tendu vers cette jeune fille qui court dans l’allée du jardin

Fran. Franie, ma petite fille, que je suis *******e. Tu n’as rien. Pourquoi n’avoir rien dit, nous serions allés te chercher à la gare. Tu as un problème. C’est pour cela

Mamine, je n’ai rien, c’est de ma faute. Une envie subite de revenir ici. Je n’ai pas réfléchi au temps du trajet et je suis arrivée bien plus tard que je ne le croyais. Une folle idée à laquelle j’ai obéi, sans y penser. Tout va bien
Nous verrons demain, je t’ai préparé du lait chaud, sucré avec du miel de nos forêts, celui que tu aimes. Il fait froid dans ce pays, tu te rappelles ? Après, au lit. Nous avons tout notre temps pour parler. Tiens, papa, du lait chaud pour toi aussi. Tu l’as bien mérité

Merci maman, je suis ******* de l’avoir avec nous, tu sais

Et moi. D’être assise, là, entre vous deux. Je suis désolée de vous avoir réveillés

Tiens, c’est vrai, la prochaine fois, tu dormiras sur la route. Je voudrais bien voir ça. Ta chambre est encore un peu froide. Je l’ai préparée si vite. Mais je t’ai ajouté une couverture. Si tu as besoin de quelque chose, tu connais la maison. Rien n’a changé de place

Je le vois bien, Mamine, c’est vrai, rien n’a changé. Vous non plus et je vous aime tellement

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ classicoofou   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 08-03-08, 11:51 AM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 37
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
áíáÇÓ ãÊÇáÞ


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Aug 2006
ÇáÚÖæíÉ: 9435
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 262
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: classicoofou ÚÖæ ÈÍÇÌå Çáì ÊÍÓíä æÖÚå
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 13

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏMorocco
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
classicoofou ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : classicoofou ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

La nuit, ce qu’il en reste, dans cette chambre, à retrouver les parfums qui l’ont grisée et les sons qui l’ont bercée, de l’enfance à l’adolescence. La même odeur de lavande, dans les draps et les couvertures, le parquet qui craque toujours au même endroit, de ce bruit redouté qui bousculait le silence des heures obscures

Papa, il faut arranger cette lame, elle va finir par provoquer un accident

Je viens, je viens, maman. Oh, elle tiendra bien encore un peu, tu sais

Des années, des années maintenant qu’elle résiste, et qu’elle le fera encore. Elle est certaine que Monsieur Damien ne l’a jamais réparée exprès

Elles avaient treize… ou quatorze ans

Pour descendre, en catimini le soir, alors que les parents de Sylvie étaient couchés et que toutes deux les pensaient endormis, elles n’avaient d’autre passage que cette portion de plancher, et aucun moyen d’en éviter le craquement. Et du fond du couloir, se glissant jusqu'à elles, la voix de Monsieur Damien

Pas trop tard, les petiotes, pas trop tard. Sinon, gare à Victor

Leur débandade dans les escaliers, pour qu’il n’entende pas leurs rires. Et plus tard, à leur retour, le même grincement. A la table du petit déjeuner, d’un ton légèrement distrait, un rien satisfait, le père de Sylvie

Tu vois, maman, ce qui est bien avec ce parquet, c’est qu’il craque toujours à des heures raisonnables. Ce serait dommage que ça change

Elles deux, le nez dans leur bol de lait fleurant bon le miel des Landes. Victor, debout devant la porte de la cuisine, à les attendre, rouge comme une pivoine.

Ce bruissement devant la fenêtre ? Les murmures de son arbre, il lui racontait des histoires, chaque nuit. Par grand vent, il cognait parfois contre les carreaux, l’appelant à partager avec lui l’ivresse des souffles de tempêtes. Jusqu’au jour où, malgré les prières, le désespoir et la colère de Francie, Monsieur Damien s’est vu obligé de tailler les branches les plus proches de la façade

Je te dis que tu lui fais mal. Ce soir il va pleurer

Mais non, pitchoune, c’est ce qu’il te demande depuis des jours et des jours. Le feuillage, pour lui, c’est comme des cheveux. Quand les tiens sont trop longs, tu vas chez le coiffeur. Lui aussi. Quand on te coupe les tiens, ça te fait mal

Non, c’est vrai

Alors ? Si ça lui fait du bien, tu voudrais l’en priver

Oh, non

Et les écureuils qui couraient sur les branches, qui s’élançaient, d’un bond, sur le rebord de la fenêtre, pour s’y agglutiner, croquant noisettes et autres friandises qu’elles plaçaient là pour eux. Sylvie et elle. Toujours. Les nuits dans leurs lits jumeaux, à se raconter mille histoires, s’inventant mille vies

Très tôt, les jours de vacances, Victor se lançait à l’assaut des croisées de leur chambre, éclaboussant le mur de pignes de pins éclatées, jusqu'à les réveiller, et maman Damien, mine de rien, fredonnait dans la cuisine, leur préparant un pique-nique

Tout ces souvenirs qui remontent à la surface, dans lesquels elle se blottit, ramenant les couvertures sous son menton, s’y enfouissant, c’est là, qu’est son vrai refuge

Dès son premier matin, à Léon, France s’est organisée. Elle a repris sa bicyclette, couvre allègrement les huit kilomètres qui séparent ses deux points d’attache. Elle s’applique à remettre en état la maison de ses parents, ouvre les fenêtres à l’air iodé, aère les lieux de leur tristesse. Elle redonne vie aux meubles, les débarrassant des housses qui les protègent. Ils sont là ses fantômes, tous ces draps blancs, linceuls de chagrins révolus

Elle s'efforce de restituer un aspect ordonné au jardin envahi par le sable blond et les mauvaises herbes mais elle préfère encore les promenades au bord de l’Océan, s’emplissant les poumons de son odeur, les oreilles de son bruit, le cœur de sa force. Parfois, à chaque fois que possible, elle accompagne Monsieur Damien, à travers la forêt, terrain de jeu de son enfance

Elle laisse le temps glisser autour d’elle et s’accroche à celui d’autrefois. Elle replace ses pas dans ceux de la jeune fille d’hier. Elle retrouve les mêmes rires, les mêmes envies, les mêmes taquineries. Elle est complètement fermée à son passé récent, ne le laisse en rien aborder ce rivage où elle a trouvé la paix. Elle veut conserver ces lieux purs de toute peine, de tout regret. Quand elle rit, c’est de tout son cœur, quand elle court sur la grève, c’est à bout de souffle, au bout de soi

Elle a demandé à Maman Damien de taire sa présence chez eux. Alors, aux amis qui appellent, aux parents, que Francie connaît pourtant si bien, Mamine n’a rien dit, elle n’a rien laissé filtrer. A personne

Pour que Francie savoure, en toute tranquillité, sa liberté retrouvée. Une semaine, puis deux

Mais si elle ne veut pas que le temps la talonne, lui, perfide, ne se laisse pas oublier

Un matin, très tôt, les yeux encore embrumés de sommeil, elle entend. Un, deux coups de Klaxon. Et la clochette du portail blanc au bout de l’allée du jardin

Son cœur, le voilà qui s’emballe. Xavier. Il l’a rattrapée. A la fenêtre, carrosserie bleue, c’est la voiture de... Victor. C’est Victor, déjà là. Enfin là

Et elle court, vers lui, vers eux, car Sylvie ne peut que l’accompagner. Il ne peut en être autrement. Et avec ses amis, elle restaure son royaume. Sylvie, ses parents, Victor et elle. Personne n’en est absent

En effet, ils sont là, Victor et Sylvie, qui n’ont pas le temps de sortir du véhicule. Monsieur et Madame Damien, riant de joie, sont à hauteur des portières, mains sur les poignées. Et derrière, toujours courant, une tornade de mèches rousses illuminées par des yeux à l’étrange couleur

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ classicoofou   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 08-03-08, 11:58 AM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 38
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
áíáÇÓ ãÊÇáÞ


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Aug 2006
ÇáÚÖæíÉ: 9435
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 262
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: classicoofou ÚÖæ ÈÍÇÌå Çáì ÊÍÓíä æÖÚå
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 13

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏMorocco
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
classicoofou ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : classicoofou ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

25





Victor, un bras autour des épaules de Sylvie, Francie, pendue à l’autre, comme à son habitude. Ils avancent dans le sous bois, d’un pas tranquille. Ils ont repris leurs balades à travers la forêt. Leurs courses, leurs jeux ? Terminés. Les dragons existent pour d’autres, les princesses ont grandi, sont devenues femmes. Mais si elles n’ont plus les mêmes rêves, elles ont toujours tellement à se raconter

Déjà une semaine à reconstruire leur petit monde. Hier
seulement hier
ils ont ouvert une bouteille de vin blanc, en ont rempli des verres, ont sorti de leur boîte les petits gâteaux

Victor, rouge comme autrefois, d’une timidité inconnue chez lui. Pour la première fois, cherchant ses mots. Papa Damien, un tantinet renfrogné, pour la forme, faisant d’un clin d’œil, de Francie sa complice. Et Mamine ! Un poème de bonheur, de rires, un océan de larmes. A faire déborder l’Atlantique. Sa petite fille, sa toute petite à elle, avec ce grand-là. Elle ne les a pas vus grandir, et il serait enfin un homme ? Assez fort pour son bébé

Le téléphone depuis hier ne cesse de sonner. La nouvelle est d’importance. Le prochain mariage de Sylvie, mais oui, dans un mois, un tout petit peu plus qu’un mois

Ils fuient, tous trois, renouent avec leur solitude, leur complicité. Ils laissent dans la petite maison, aux pieds des pins, les parents de Sylvie faire, défaire, organiser à leur convenance une petite fête toute simple. A leur image. Aux couleurs du pays

Francie a tout appris, d’un coup. La disparition de Victor, la peur de Sylvie. Leur angoisse ? Le prix de leur bonheur tout neuf

Tu sais, Francie, je suis certaine que sans cette épreuve, Victor, celui qui sait toujours tout, celui-là même, en serait encore à se demander de qui je pouvais bien être amoureuse

J’ai même pensé à Xavier. Tu vois, j’ai perdu l’esprit à ce point

Xavier

Oui, tu te rends compte. Le comble de l’absurde

Francie s’est raidie. Se sépare du couple. Reprend ses distances

Je dois rentrer. Il faut que je passe chez moi. J’ai quelque chose pour vous là-bas. Qui vous plaira. Ton père m’attend Sylvie. Continuez votre promenade. Je suis très heureuse pour vous deux

Sylvie doit discuter avec sa mère. Elle ne veut pas la laisser seule se charger de notre mariage. Je t’accompagne chez toi

Non, c’est idiot. Ça ira

J’y tiens Francie. Et Sylvie aussi. Je vais me sentir complètement déplacé entre ces deux femmes qui vont discuter sur des choses qui me dépassent complètement. Je compte sur toi aussi pour me donner un conseil. Ton avis sur un point très particulier. Tu ne vas pas me faire faux bond

Vraiment, tu as besoin de moi

Francie. Tu doutes de moi ? Tu veux que je jure et que je crache comme autrefois

Non, Vic. Je te crois. C’est d’accord

Ils reviennent sur leurs pas. Sylvie sait. Le moment est venu. Pour Victor d’essayer de comprendre ce qui s’est passé entre Xavier et Francie. Pour cette dernière, de cesser de se cacher derrière une insouciance qu’elle est loin de ressentir. C’est en silence qu’ils arrivent devant l’entrée du jardin odorant

Francie a un regard perdu, d’animal traqué, prêt à fuir, plus loin, très vite. La main de Victor s’accroche fermement à son bras, la retenant, la gardant près de lui alors que, souriante, Sylvie attend, à quelques mètres d’eux, et agite la main pendant qu’ils partent dans la voiture de Victor

Francie, maintenant je peux te parler, ma puce ne peut plus nous entendre. Tu veux bien me suivre jusqu’à Mont-de-Marsan

Mont-de... ? Pourquoi

C’est plus près que Bordeaux. J’ai oublié quelque chose de très important

Quoi donc

Tu ne devines pas ? Il n’y a pas de véritables fiançailles sans anneau

Une bague ? Pour Sylvie. Pourquoi ne pas me l’avoir dit tout de suite. Bien sûr que je viens avec toi. Au bout du monde. Nous irons chercher mon cadeau demain

Nous avons tout le temps, toute la journée. Sylvie sait que nous partons pour un bon bout de temps. Je ne suis pas très doué pour ça, mais j’ai inventé toute une histoire. Un cabinet médical à visiter.

Tu veux vraiment t’installer dans la région

Oui, un ami de mon père, tu sais, le vieux Docteur Michel, il prend sa retraite à la fin de l’année

Pas du tout un mensonge. Une proposition que Victor est tenté d’accepter, du moins si Sylvie est d’accord. Cette façon d’exercer la médecine lui conviendrait plutôt. Et, ainsi, ils resteraient près de leurs parents, à tous deux, resserrant le cercle familial

Comme les bons vieux médecins de campagne

Oui, plus près des gens que dans une grande ville

Et l’Afrique

Nous pourrons y revenir, participer à quelques missions.

Sylvie

Aussi amoureuse de ce pays que moi. Qu’en penses-tu

C’est... Je ne sais que dire

Tout est si clair pour eux. Devant leur bonheur, leur amour, cette sérénité qui émane de leur couple, la vie se montre facile, simple, devient leur complice

Je vous envie un peu, tu sais

Tu avais tout cela Francie

Non, Victor. S’il te plaît. Pas maintenant

Quand ? Dans un mois, dans un an, quand tout sera perdu pour toi

Je n’ai plus rien à perdre. Rien de bien important

Rien de moins que ta vie ? Et tes rêves de théatre

Rien de plus que cela… seulement des rêves et nul ne peut vivre de chimères, Victor. J’ai appris cela. La leçon a été dure mais j’ai compris. Que veux-tu comme bague

Je te laisse le soin de choisir. Je n’entends rien à ces choses-là, et toi, tu connais bien notre bout de chou. Tu sais ce qui peut lui plaire

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ classicoofou   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 08-03-08, 12:03 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 39
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
áíáÇÓ ãÊÇáÞ


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Aug 2006
ÇáÚÖæíÉ: 9435
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 262
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: classicoofou ÚÖæ ÈÍÇÌå Çáì ÊÍÓíä æÖÚå
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 13

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏMorocco
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
classicoofou ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : classicoofou ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

Oui, je verrai sur place

Et Xavier ? Il devient quoi dans tout cela

Ne me tourmente pas

Nous ne t’avons rien dit, pour ne pas te peiner en prononçant son nom devant toi, mais pendant que tu t’enterrais ici, lui, malgré la peine de t’avoir perdue, c’est vers Sylvie qu’il est allé. Là-bas, jusques en Somalie, c’est lui encore qui m’a ramené, m’a rendu à celle que j’aime

Xavier ? En Afrique. Pourquoi

Il est de ceux sur qui on peut compter. Le seul à qui je confierais ce que j’ai de plus cher au monde. J’avais besoin de lui, il a pensé qu’il pouvait nous aider. Simplement pour cela. Pour Sylvie, calmer son désespoir. Et pendant ce temps, toi, ici disparue. Pourquoi ne lui avoir rien dit

C’est trop dur encore pour moi. Victor, il m’a menti. Il n’est pas ce que tu crois

Lui ? Nous nous ressemblons, tous les deux, nous sommes pareils ! Si tu te méfies de lui, autant me laisser ici, moi. Rien de cruel ne peut te venir de lui

Tu ne sais rien ! Il s’est servi de moi

Que sait-il, lui, de ce qui est mort en elle ? Xavier ? Tout en lui n’est que mensonges. Ce qu’il disait vouloir pour elle ? Mensonges ! Sa douceur, sa prétendue gentillesse, jusqu'à cet amour dans lequel elle a cru ? Mensonges, encore

Qu’était-elle pour lui ? Rien d’autre que la garantie d’un.... Comment ont-ils dit ? Elle entend encore la voix de Monique : «Nous allons avoir un succès énorme». Et sa réponse à lui : «Oui, cette pièce, avec elle et tout ce qu’elle peut y apporter.»

Que suis-je pour lui, Victor ? Je ne savais pas, j’ignorais tout
Savoir quoi, ma Douce

J’ai cru, j’étais folle, qu’il ne m’aimait que pour moi

Alors que Xavier ne voyait en elle que la comédienne. Depuis Orange, il savait. Il dit qu’elle a du talent, et seulement cela compte pour lui. Ce maudit talent ! Sans lui, à ses yeux, elle n’est rien. « Je ne remplirai jamais sa vie ». Ses mots à lui, les siens ! Alors que pour elle... Dès le matin, à le chercher près d’elle, à écouter son souffle. A chaque instant ! Chacun de ses gestes, pour lui, tous ses désirs à elle pour satisfaire les siens

Il ne savait rien avant de t’aimer, tu es folle de croire que
Il savait tout

Est-il sourd à ses mots ? Pourquoi refuser d’en accepter l’évidence qu’ils véhiculent ? Xavier les a observés à Orange, il l’a avoué à Monique, elle a tout entendu. Elle, et pas quelqu’un d’autre ! Il ne s’agit pas, là, de ragots auxquels Francie aurait eu la sottise de prêter l’oreille. Cela Victor doit lui faire la grâce d’y croire

Cette merveilleuse chance ? Ce don du ciel ? Lui, c’est à lui qu’elle les doit ! Pour devenir meilleure, telle qu’il la devinait

Pas pour moi, pour lui, seulement pour lui et

Tais-toi, Francie, arrête ! Tu t’égares, j’étais au courant de tout

Toi ? Toi... Non, ce n’est pas possible

Oui, moi. Et tu te trompes Fran. Sur toute la ligne

Non, pas toi, toi aussi tu m’as menti

Tu penses vraiment que je pourrais te faire ça ? Il est amoureux de toi, et bien plus que cela, dès ce fameux jour à la bibliothèque. Et c’était bien la première fois pour lui qu’il te voyait. Il faisait trop sombre dans le théâtre, il ne t’a pas vraiment vue lors de ton audition, et ce jour-là, il ne t’a pas reconnue… alors qu’il te cherchait dans tout Aix

Non, tu te ranges de son côté, à cause de... Pour ce qu’il a fait pour vous. Tu prends son parti.

Ouvre les yeux, Fran

Sait-elle que Xavier est devenu fou de douleur un certain soir devant une piste de danse ? Parce qu’il les a cru amants et que Francie lui devenait inaccessible. Aux Baux, pour avoir deviné qu’ils ne s’aimaient pas d’amour, tout lui est redevenu espoir. Alors, il les a suivis à Orange, pour se rapprocher d’elle, tenter de permettre à « leur » histoire de commencer. Et c’est là, et seulement là, qu’il l’a reconnue

Ta voix, elle d’abord, avant de voir qu’elle t’appartenait

C’est cela, il n’a vu que

Rien, il n’a plus rien vu ! Sinon ton désespoir, le mal qu’il t’avait fait. Orange, c’est pour toi le début d’une trahison, mais pour lui, la certitude qu’il te perdait à jamais. C’est vrai, il t’a offert de pouvoir jouer sur scène. Vrai aussi, qu’il a tout fait pour te permettre de réaliser tes rêves, il se serait perdu lui-même s’il l’avait fallu… mais de loin, de très loin ; il ne se serait jamais approché de toi sans mon intervention

Toi, à cause de toi

A cause ? Non, grâce à moi. Francie, vous êtes faits l’un pour l’autre, tout autant que Sylvie et moi. J’ai su que tu l’aimais avant que toi, tu en prennes conscience. Et lui

Il ne peut pas se tromper sur les sentiments de Xavier pour Francie. Il ne l’aurait jamais autorisé à demeurer près d’elle s’il n’était pas aussi certain de ce qu’il avance que de son amour pour celle qui l’attend à Léon

Et si tu acceptes de croire que, durant des années, mon seul but était de te savoir heureuse, que j’aurais tout sacrifié pour cela, tu peux aussi le faire pour le reste

Tais-toi, s’il te plaît, tais-toi

Francie ne veut rien entendre, refuse de le croire. Elle a froid, et peur devant ce gouffre qui s’ouvre en elle. Elle ferme les yeux pour faire reculer le vertige qui l’y pousse, elle alimente sa peine, sa détresse, se raccroche à ces mots surpris dans les coulisses de ce théâtre d’Aix. Elle traque leur vérité, celle qu’elle est certaine devoir en traduire. Sinon

Tu l’as détruit. Par ton départ, tu lui as tout enlevé

Non, tu mens. Il est... Pas lui... Ce serait pire que tout

Comme tu veux. Tu sais tout. Continue, à fuir, toujours, à ne jamais affronter la réalité. C’est encore la fuite en avant, te cacher. Je ne peux rien faire de plus pour toi. Nous arrivons



La bague, ce n’est pas un faux prétexte. Il m’en faut une. Si tu as encore un peu d’amitié pour moi

Elle l’a accompagné au travers des rues de Mont-de-Marsan, elle ne s’est animée qu’un instant, juste le temps de trouver ce pour quoi il l’a entraînée si loin. Elle a choisi de tout son cœur, sans tricher

Ils sont repartis. Silencieux jusqu’au bout. Francie l’a prié de la conduire, chez elle, à Saint Girons plage. Elle a abandonné Victor le temps d’en ramener ce qu’elle voulait y prendre. Ensuite, jusqu’à la maison de la forêt. Où Sylvie les attend. Ne dit rien. Semble tout ignorer

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ classicoofou   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 08-03-08, 12:10 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 40
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
áíáÇÓ ãÊÇáÞ


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Aug 2006
ÇáÚÖæíÉ: 9435
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 262
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: classicoofou ÚÖæ ÈÍÇÌå Çáì ÊÍÓíä æÖÚå
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 13

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏMorocco
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
classicoofou ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : classicoofou ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

26









Encore quelques jours pour Francie, à s’isoler dans sa tanière de Saint Girons, à endormir son âme au tumulte de l’océan

Mais, un matin, Victor et Sylvie viennent l’arracher à cette contemplation aride où elle se perd des heures entières. L’esprit vide, insensible au froid, indifférente à la biche qui s’enfuit devant ces intrus, qui se hâte vers l’abri des hauts troncs droits et fiers

Ils partent. Ils ne reviendront que pour leur mariage

Francie, surveille maman. Je crois qu’elle en fait trop pour ce jour-là

Elle s’amuse comme une petite folle

Justement. Je me demande ce qu’elle nous prépare

Cette joie en eux, Francie la ressent bien plus encore de leurs efforts pour la faire discrète

Tu lui ressembles tellement

Francie, ne dis pas cela, je vais m’inquiéter pour mes vieux jours

Victor. Maman est adorable

Oui, mais pleine de surprises

Comme ça, tu es certain de ne pas t’ennuyer un seul jour avec moi

Ils partent. Aix, celui qu’elle a fuit, là-bas. Xavier... Il finira par la retrouver, par eux. Pas encore, pas maintenant. Elle n’est pas prête

Vous partez sur... Vous rentrez directement à



Aix ? Non, nous devons rencontrer le Docteur Michel. Et pour la suite, eh bien, tout dépend de ce bout de chou. Nous avons quelques jours encore devant nous. Rien ne nous presse. Et toi ? Tes projets

Peut-elle encore en former ? Que lui reste-t-il ? Des jours et des nuits solitaires, des rêves envolés et un cœur à l’agonie. Surtout plus de force pour espérer plus loin

Rien de bien particulier. J’ai beaucoup à faire ici. Tout remettre en état. Nous nous reverrons le jour de la cérémonie

Tu vas rester ici

Au moins quelques semaines, Victor. Ensuite, je n’ai pas décidé, je verrai

Francie, je ne peux rien faire pour toi

Rien, Sylvie, tout va très bien. Je suis heureuse, tes parents me dorlotent, j’ai tout ce qu’il me faut

Pas de message ? Je ne peux pas lui dire que

Sylvie. rien. Pas un mot. A personne

Tu n’as pas le droit de te cacher. Il mérite au moins la vérité. Bien plus

Laisse, chérie. Rien ne pourra lui faire entendre raison. Nous nous reverrons ce jour-là, mais, je préfère te prévenir, Xavier sera là. Je ne veux pas avoir à choisir entre vous deux, Fran. Il est pour moi un ami très cher, et aussi témoin à mon mariage. Pas question de le sacrifier à cause de ton aveuglement

Victor, tais-toi. Tu lui fais de la peine

Je suis désolé, ma puce, mais il faut que Fran sache à quoi s’en tenir. Ta présence aussi nous est précieuse, Francie. Sans toi, notre bonheur ne sera pas complet

Le bonheur ? De quoi parle-t-il ? De cette chose fragile, inconsistante, qui s’évapore dès qu’on croit le caresser du doigt ? Que savent-ils, ces deux, de cette mort lente qui l’habite ? Supposent-ils qu’elle puisse subir plus encore

Je ne peux pas, Victor. Ne me demande pas cela

Je n’exige rien, Fran. Tu agiras comme bon te semble. Nous t’aimerons toujours autant. Quoi que tu décides. Je voulais seulement te tenir au courant. Nous devons partir. Prends bien soin de toi

Oui. Je vous souhaite tout le bonheur du monde. Vous allez me manquer. Terriblement

Pars avec nous

Non Sylvie, tu sais bien, je ne peux pas. J’ai besoin d’un peu de temps. Après, je ne sais pas. On verra, on verra demain. Allez, partez. Je vous aime très fort tous les deux. Soyez prudents. Victor, vous deux, écrivez-moi

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ classicoofou   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÅÖÇÝÉ ÑÏ

ãæÇÞÚ ÇáäÔÑ (ÇáãÝÖáÉ)

ÇáßáãÇÊ ÇáÏáÇáíÉ (Tags)
ÑæÇíÉ ÝÑäÓíÉ, regine fernandez
facebook




ÌÏíÏ ãæÇÖíÚ ÞÓã ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÃÏæÇÊ ÇáãæÖæÚ
ãÔÇåÏÉ ÕÝÍÉ ØÈÇÚÉ ÇáãæÖæÚ ãÔÇåÏÉ ÕÝÍÉ ØÈÇÚÉ ÇáãæÖæÚ
ÊÚáíãÇÊ ÇáãÔÇÑßÉ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÅÖÇÝÉ ãæÇÖíÚ ÌÏíÏÉ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÇáÑÏ Úáì ÇáãæÇÖíÚ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÅÑÝÇÞ ãáÝÇÊ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÊÚÏíá ãÔÇÑßÇÊß

BB code is ãÊÇÍÉ
ßæÏ [IMG] ãÊÇÍÉ
ßæÏ HTML ãÚØáÉ
Trackbacks are ãÊÇÍÉ
Pingbacks are ãÊÇÍÉ
Refbacks are ãÊÇÍÉ


LinkBacks (?)
LinkBack to this Thread: https://www.liilas.com/vb3/t71753.html
ÃÑÓáÊ ÈæÇÓØÉ For Type ÇáÊÇÑíÎ
des mots en coulisse de regine fernandez - منتديات ليلاس - Gturl This thread Refback 14-04-09 11:40 PM


ÇáÓÇÚÉ ÇáÂä 03:42 AM.


 



Powered by vBulletin® Version 3.8.11
Copyright ©2000 - 2024, Jelsoft Enterprises Ltd.
SEO by vBSEO 3.3.0 ©2009, Crawlability, Inc.
ÔÈßÉ áíáÇÓ ÇáËÞÇÝíÉ