8
— Holly… Holly, réveille-toi.
Holly cligna des yeux et étouffa un bâillement.
— Bonjour, princesse, dit David en lui tendant un mug de café délicieusement odorant. Le petit déjeuner est servi.
Elle s’appuya contre les oreillers et saisit le mug.
— Merci. Quelle heure est il ?
— 6 heures moins le quart. Il faut que nous soyons partis dans une heure.
— Parle pour toi…
David fronça les sourcils.
— Je te rappelle que nous sommes dimanche et que nous sommes censés prendre notre garde à l’hôpital tout à l’heure. Nous sommes du matin, tu avais oublié ?
— Oh, excuse-moi… Ce que j’ai oublié, c’est de te dire que j’avais interverti ma garde de ce matin avec Trish. Je la remplace ce soir et, en échange, elle me remplacera mercredi soir.
— Pourquoi ? Tu as quelque chose de prévu mercredi soir ?
— Un concert au club de l’hôpital.
Devant l’air déconcerté de David, elle se mit à rire.
— Je dois vraiment avoir l’esprit ailleurs pour ne pas t’avoir fait acheter une place ! Zoé, Jude et moi organisons une fois par mois un concert au club de l’hôpital afin de collecter des fonds que nous répartissons ensuite entre nos trois services. L’argent récolté permet de pallier les coupes budgétaires décidées par la direction en achetant, par exemple, du matériel médical, ou en remplaçant les appareils qui menacent de nous lâcher d’un jour à l’autre.
— C’est la première fois que j’en entends parler, commenta David avec surprise. Tu dois vraiment avoir l’esprit ailleurs, en effet !
— J’ai une bonne excuse. Ces derniers temps, certains événements m’ont un peu… distraite. Alors, tu vas faire ta B.A. et acheter une place ?
— C’est bien pour te faire plaisir. Mais je te préviens tout de suite, je ne pourrai pas assister au concert.
— Ça ne commence pas avant 8 heures et demie. Si tu viens tout de suite dès la fin de ta garde, tu ne manqueras qu’une demi-heure du spectacle.
— Entendu, conclut il en la rejoignant dans le lit. J’avoue que je ne suis pas très enthousiaste à l’idée de te laisser ici alors que je suis obligé d’aller à l’hôpital.
— Comme je te comprends, le taquina-t elle. Je vais pouvoir m’attarder dans mon grand lit et j’ai sept longues heures de liberté devant moi avant de reprendre le chemin de l’hôpital à mon tour.
David esquissa une moue contrariée.
— Je serais presque tenté de me faire porter pâle.
— Docteur Neave, vous n’oseriez tout de même pas !
— O.K., O.K., docteur Grand-Méchant-Loup, tu as gagné.
— Pour me faire pardonner, je te préparerai quelque chose de bon pour le déjeuner.
— Ici ?
— Ah oui, il faudrait que je te donne un double des clés…
David se figea.
— Tu vas me donner un double des clés de chez toi ?
Elle eut un haussement d’épaules désinvolte.
— Ça paraît logique… Etant donné que nous avons passé ici tout notre temps libre ces derniers jours.
De fait, depuis leur nuit à l’hôtel, ils avaient passé chaque minute de leur temps libre ensemble, incapables de supporter d’être séparés l’un de l’autre plus d’une demi-heure. L’appartement de David étant minuscule — sans parler de la décoration qui donnait la nausée à Holly —, ils avaient naturellement investi la maison de la jeune femme. David n’était retourné chez lui que pour aller chercher quelques affaires de rechange et vider le réfrigérateur des victuailles qui avaient dépassé la date de péremption.
— Holly, tu vas peut-être me trouver un peu lent, mais… tu me proposes d’emménager chez toi, c’est bien ça ?
Elle lui adressa un sourire radieux.
— Si tu es d’accord… Je sais bien que nous avions décidé de prendre notre temps, mais ce n’est pas comme si nous venions à peine de nous rencontrer.
— Et puis nous avons déjà perdu douze longues années.
— Alors, à quoi bon attendre encore ?
Emu, il se pencha et l’embrassa.
— J’avoue que je ne sais pas quoi dire.
— Eh bien réfléchis et dis-moi ce que tu auras décidé ce soir. Maintenant, il est un peu tôt parce que je te rappelle que tu dois prendre ta garde dans… moins d’une demi-heure.
— Tu n’auras qu’à me donner tes clés quand tu arriveras à l’hôpital. Comme ça, quand tu rentreras ce soir à la maison, j’aurai préparé le dîner et tu n’auras plus qu’à te mettre les pieds sous la table.
A la maison… Holly avait eu le coup de foudre pour sa maison et elle s’y était tout de suite sentie chez elle. Mais, en cette minute, elle comprenait que, pendant toutes ces années où elle y avait vécu seule, quelque chose — ou plutôt quelqu’un — lui avait manqué. David…
Aujourd’hui, tout était parfait…
Holly et David se retrouvèrent à l’hôpital au moment où cette dernière vint prendre sa garde. Ils s’isolèrent quelques minutes dans le bureau de David, le temps de faire le point sur les patients.
— Au fait, avant que j’oublie…, dit Holly au moment de quitter la pièce.
Puis elle tendit le double des clés de chez elle à David. Il s’en empara et la serra dans ses bras.
Elle se débattit en riant.
— Laisse-moi tranquille, j’ai des patients à voir !
— Ils peuvent attendre quelques secondes, répondit il en la dévorant de baisers. Et le code de l’alarme ? ajouta-t il lorsqu’il la relâcha.
— 0104.
— C’est un poisson d’avril ?
— Exactement ! Tu vois, tu aurais pu le deviner tout seul.
Elle planta un baiser sonore sur sa joue et s’éclipsa.
Pendant un bon moment, elle n’eut que des cas assez routiniers, jusqu’à ce qu’elle soit appelée au chevet de Tiffany Baker, une jeune femme que l’on avait installée dans le box numéro 3.
— Vous savez, à mon avis, c’est juste une grippe, annonça aussitôt la patiente.
— Il n’y a pas d’épidémie en ce moment, objecta Holly en souriant.
— Alors, ça doit être le décalage horaire.
Le fiancé de Tiffany, Brian, secoua la tête.
— Elle est rentrée de Thaïlande depuis quinze jours, et elle a une fièvre de cheval, expliqua-t il. C’est pour ça que je l’ai amenée aux urgences.
Alarmée, Holly redoubla d’attention. Les symptômes apparents d’une grippe, une forte fièvre et un séjour en Thaïlande, tout cela faisait penser d’emblée à la malaria.
— Pouvez-vous préciser vos symptômes ? demanda-t elle.
— J’ai très chaud et je transpire pas mal à cause de la fièvre, je suppose. Sinon, je me sens très fatiguée et j’ai des maux de tête en permanence.
— Et donc vous rentrez de Thaïlande ?
— Oui. Je suis photographe et j’ai été envoyée là-bas par mon journal pour y faire un reportage.
Tout en écoutant la jeune femme, Holly l’avait observée avec soin. Elle était parcourue de frissons et des gouttelettes de sueur perlaient à son front. Des symptômes qui en effet accompagnaient souvent une grippe, mais son intuition lui soufflait qu’il y avait à craindre bien plus qu’une simple grippe.
— Avez-vous déjà séjourné en Afrique de l’Ouest ? s’enquit elle.
— Non, jamais.
Voilà qui écartait au moins l’éventualité de la fièvre de Lhassa, une fièvre hémorragique mortelle.
— Et depuis combien de temps ressentez-vous ces symptômes ?
— Deux ou trois jours, répondit Brian.
— Avez-vous pris un traitement antipaludéen ?
Tiffany acquiesça d’un signe de tête.
— Vous pensez au paludisme ? demanda-t elle d’un ton anxieux.
— C’est une possibilité. Les souches de virus transportées par les moustiques de certaines régions de Thaïlande sont particulièrement résistantes aux antipaludiques. Quand avez-vous pris votre dernier comprimé ?
— Le jour de mon départ. Je sais que j’ai arrêté un peu tôt, mais…
— En effet, soupira Holly.
Elle vérifia ensuite les constantes de Tiffany : hyperpyrexie, tension artérielle trop basse et battements cardiaques trop rapides. Des symptômes courants chez les patients atteints de malaria…
— Je pense que vous êtes atteinte de paludisme, reprit elle. Toutefois, comme il existe quatre formes de la maladie, je vais devoir vous faire faire des analyses de sang afin de déterminer quelle est la forme dont vous souffrez. Ensuite, je vous adresserai au service des maladies tropicales et infectieuses.
— La malaria, c’est une maladie qui peut être mortelle, n’est-ce pas ? s’enquit Brian d’un ton alarmé.
Holly lui adressa un sourire rassurant.
— La plupart des décès surviennent chez les enfants de moins de cinq ans et en particulier dans les pays sous-développés. Tiffany, avez-vous des chances d’être enceinte ? ajouta-t elle en reportant son attention sur la jeune femme.
— Non. Je suis sous contraceptif et j’ai eu mes règles la semaine dernière.
— Je vais tout de même vous faire faire un test de grossesse par mesure de précaution.
— Docteur, il est normal que la maladie se déclare seulement maintenant ? demanda la jeune femme.
— La période d’incubation est plus ou moins longue en fonction du type de virus qui a infecté le patient. En règle générale, elle est de deux ou trois semaines, mais elle peut aller jusqu’à six semaines, voire parfois plus. Une fois que nous aurons prélevé tous les échantillons sanguins pour analyse, je vais vous faire hospitaliser. Si aucune complication ne survient, vous vous sentirez mieux dans quarante-huit heures grâce au traitement de quinine et de tétracycline — un antibiotique — que je vais vous prescrire.
Brian, malgré de visibles efforts pour conserver son sang-froid, paniquait de plus en plus.
— Et que se passera-t il en cas de complications ?
— Il se pourrait que nous soyons obligés d’hospitaliser Tiffany dans l’unité de soins intensifs.
Par prudence, Holly se garda de préciser ce qu’elle entendait par « complications », à savoir que Tiffany souffre d’un Plasmodium falciparum, la forme la plus grave de la maladie, responsable de la majorité des cas fatals. Le P. falciparum risquait aussi de provoquer des convulsions cérébrales, voire un coma, une insuffisance rénale, une acidose ou encore une sévère anémie, toutes pathologies qui laisseraient de graves séquelles.
— De toute façon, continua-t elle, nous avons détecté le problème assez tôt et il y a toutes les chances pour que nous réussissions à vous soigner rapidement.
— J’espère bien ! soupira Tiffany. Je suis censée partir en reportage à Moscou la semaine prochaine.
— Alors là, je dois vous annoncer que ce sera sûrement impossible, objecta Holly. Mais comme nous ne pouvons rien pronostiquer avant d’avoir obtenu vos résultats d’analyses, je vais vous envoyer une infirmière pour les prélèvements et je vais également prendre contact avec un médecin du service des maladies infectieuses.
Prenant congé du couple d’un sourire, elle quitta le box. Dans le couloir, elle demanda à la première infirmière qu’elle croisa de procéder aux prélèvements dont elle avait besoin.
— Je suspecte un cas de malaria, alors prenez les précautions nécessaires : masque de protection, gants en latex, etc. Dès que ce sera fait, prévenez-moi afin que je vous donne le formulaire de demande d’analyses que je vais remplir maintenant, et ensuite, envoyez les prélèvements au labo en leur précisant bien que c’est très urgent. Je veux un test immunochromatographique du sang complet. De mon côté, je vais prévenir le service des maladies tropicales et infectieuses et préparer le formulaire d’admission de la patiente. Elle s’appelle Tiffany Baker et elle est dans le box 3.
— Entendu, docteur.
Après quoi, Holly pénétra dans un autre box afin de s’occuper d’un nouveau patient.
La suite de sa garde s’écoula selon une routine éprouvée : plaies à suturer, chevilles ou poignets foulés, fractures diverses… A la fin de sa garde, elle briefa le médecin qui allait prendre la relève, alla se changer aux vestiaires et rentra chez elle à pied.
Lorsqu’elle arriva, une étrange émotion l’envahit. Les rideaux étaient tirés, une douce lumière tamisée éclairait les pièces, l’une de ses musiques favorites jouait en sourdine et un fumet appétissant s’échappait de la cuisine.
Elle s’immobilisa sur le seuil de la cuisine pour contempler David, debout devant le plan de travail, qui coupait des fruits en quartiers.
Si l’avenir devait ressembler à la scène à laquelle elle était en train d’assister, songea-t elle avec ravissement, elle signait tout de suite et sans condition.
— Tu veux un coup de main ? demanda-t elle.
David se retourna vers elle et lui sourit.
— Non, merci. Assieds-toi… Alors, comment s’est passée ta garde ?
— Bien… Excepté que j’ai eu un cas de paludisme.
— Grave ?
— Si je prononce le mot de « Thaïlande »… ?
David lui adressa un regard entendu.
— Probablement un Plasmodium falciparum, donc un cas très sérieux. Ce qui justifie bien un petit remontant, ajouta-t il en ouvrant la porte du réfrigérateur dont il sortit une bouteille de vin blanc.
Il remplit un verre et le tendit à Holly.
— Tiens…
Elle le remercia d’un sourire.
— Tu sais, je risque de m’habituer très vite à ce genre de choses… Etre attendue, dorlotée…
— Encore faut il, pour que cela continue, que nos gardes concordent à peu près. Imagine que je sois systématiquement du soir et toi du matin, ou l’inverse…
— Et que nous n’ayons jamais le moindre jour de congé en commun, compléta-t elle avec un soupir. Enfin… Qu’est-ce que tu as fait cet après-midi ?
— J’ai téléphoné à mon propriétaire pour le prévenir que mes yeux ne pouvaient supporter une seconde de plus sa décoration rouge et orange, et je lui ai donné mon congé. Une chance que mon appartement soit un meublé, ça m’a facilité la tâche pour déménager. Il m’a suffi d’empaqueter mes vêtements et mes petites affaires personnelles, et voilà !
— Et le disque que nous sommes en train d’écouter, c’est le tien ou le mien ?
— Le tien. Pour l’instant, je n’ai apporté que mes vêtements. J’ai rangé le plus gros dans la chambre d’amis afin de ne pas envahir ton espace.
Holly posa son verre sur la table.
— Tu n’envahis pas mon espace, David… Il s’agit plutôt d’un partage.
— C’est ta maison.
— Et je suis ravie de la partager avec toi… Inutile de tergiverser sur la façon dont les choses auraient dû ou pu se passer. Il est trop tard et, aujourd’hui, nous sommes deux personnes très différentes de ce que nous étions à l’époque de l’adolescence. Nous avons connu des expériences diverses et peut-être même que nous n’avons plus du tout la même façon d’envisager les choses ou l’avenir. Quoi qu’il en soit, j’ai très envie d’être auprès de toi.
— Moi aussi.
— Alors, si tu penses sincèrement que mes propres vêtements occupent trop de place dans l’armoire de la chambre, tu n’as qu’à le dire, tout simplement.
— Quitte à te décevoir, j’ai plutôt l’impression que c’est moi qui ai une garde-robe de princesse, répondit il, la mine penaude.
— Ne me dis pas que tu es une fashion victim pire que Jude ? le taquina-t elle en riant. Elle possède la plus impressionnante collection de chaussures qu’il m’ait été donné de voir !
— Non, je ne crois pas.
Il s’approcha d’elle pour l’enlacer et se mit à la couvrir de baisers avides.
— David ! Dois-je te rappeler que je sors tout juste d’une longue garde et que je meurs de faim ?
A regret, il la laissa s’échapper.
— D’accord. Je te nourris d’abord, et ensuite…
Il laissa sa phrase en suspens, pour le plus grand plaisir de Holly. Inutile qu’il précise sa pensée, elle avait exactement la même.
Décidément, jamais la vie ne lui avait paru aussi belle…
Le mercredi soir suivant, dès la fin de sa garde, David se changea en hâte et se précipita au club de l’hôpital afin d’assister au concert.
A la fin du spectacle, il retrouva Holly et l’attira un peu à l’écart.
— Jude chante divinement bien, commenta-t il, admiratif.
— Oui, c’est vrai, elle a une voix d’or.
Soudain, un éclair de désir traversa son regard.
— Dis-moi, maintenant que nous vivons sous le même toit, sommes-nous encore tenus à la plus absolue discrétion ou bien me donnes-tu le droit de t’embrasser là tout de suite, en public ?
En guise de réponse, Holly se blottit contre lui et chercha ses lèvres.
— Ah, enfin ! s’exclama une voix masculine derrière eux. A partir de cet instant, je ne me considère plus comme obligé de surveiller la moindre de mes actions ou de mes paroles de peur que ma femme ne se livre aux pires représailles.
Ils se tournèrent vers Kieran et éclatèrent de rire.
— David, je te présente Kieran Bailey, le mari de…
— Jude, je sais, coupa David en souriant. Nous nous sommes déjà croisés.
De fait, les médecins des urgences étaient amenés à côtoyer tous ceux des autres services en fonction des diverses pathologies de leurs patients.
— Ah oui ? murmura Holly, vaguement gênée.
— Tu rougis ? se moqua gentiment Kieran. Mais c’est une première !
— Tu veux que je te parle de ton dernier spectacle en date ? répliqua-t elle sur un ton taquin.
Kieran leva les mains en signe de reddition et se tourna vers David.
— J’ai donné la sérénade à Jude dans sa rue pour lui demander sa main, expliqua-t il. Mais comme je ne sais pas chanter, j’avais apporté un magnétophone et je me suis livré à un play-back sous les yeux de tous les voisins qui s’étaient postés à leur fenêtre.
David se mit à rire.
— Ainsi donc, c’est la fameuse déclaration publique dont Holly m’a vaguement parlé. Je comprends mieux pourquoi elle m’interdisait même un simple baiser sur le pas de sa porte.
— Ma sœur, Tess, qui habite juste en face, vous a quand même aperçu avec un énorme bouquet de fleurs orange.
— Et elle s’est empressée de le lui répéter, lui l’a répété à Jude, qui l’a répété à Zoé, et ainsi de suite, intervint Holly en levant les yeux au ciel.
— La rumeur se répand toujours comme une traînée de poudre, tu le sais bien, dit Kieran. En tout cas, Tess meurt d’envie de faire votre connaissance, ajouta-t il à l’adresse de David. Bon, je vous laisse, j’étais censé aller chercher un verre au bar pour ma chanteuse de femme.
Il prit congé d’un sourire, puis s’éloigna.
— C’est fou ! s’exclama David en enlaçant de nouveau Holly. On pourrait penser que dans un aussi grand centre hospitalier, l’anonymat est roi et que chacun est trop occupé lui-même pour prêter attention à son voisin. Or, c’est tout le contraire ! On se croirait dans un petit hôpital de campagne.
Holly haussa les épaules avec une désinvolture résignée.
— Bienvenue au London City General.