CHAPITRE 4
Brice passa la semaine suivante à se maudire pour la façon dont il s’était comporté avec Sabina lors de la séance de croquis qu’elle avait bien voulu lui accorder.
Dès leur première rencontre, il avait reconnu en elle l’éclair qui brille dans les yeux des biches traquées. Pourquoi, alors, avait-il fallu qu’il cherche systématiquement à la provoquer ? Quel démon intérieur l’avait donc conduit à se moquer d’elle ? Il avait tout simplement été aveuglé par sa volonté d’aller au-delà de l’image publique qu’elle entretenait soigneusement.
Résultat : il n’était parvenu qu’à se rendre antipathique !
Oh, cette fois-ci, elle avait accepté de répondre à ses coups de téléphone ! Elle avait pris ses quatre appels, mais à chaque fois elle avait trouvé une excuse des plus légitimes pour décliner toutes les dates qu’il lui proposait en vue d’une deuxième séance de travail.
Lors de leur dernière conversation téléphonique, Sabina avait cependant fait une concession. Elle pouvait lui accorder une petite heure, ce matin, mais… chez elle ! Et vraisemblablement sous l’œil vigilant de Richard, avait-il alors pensé.
Autant dire que cette proposition ne l’enchantait guère. Néanmoins, comme il n’en était qu’au stade des croquis, il pouvait, il est vrai, se rendre chez elle. Et, de toute façon, il n’avait pas le choix.
Après tout, se dit-il en découvrant une Sabina fort détendue dans sa résidence de Mayfair, peut-être cette solution n’était-elle pas si mauvaise que cela ? D’autant que la belle était seule. Nulle trace de Richard à l’horizon…
Ce matin, elle incarnait la quintessence de l’hôtesse charmante. En outre, elle était vêtue avec beaucoup de distinction : un corsage beige et une jupe noire, qui lui arrivait juste au-dessus des genoux. Sa chevelure était rassemblée en un chignon sage et bas.
Une évidence s’imposa alors à lui : ce n’était pas cette Sabina-là qu’il voulait peindre !
— On s’entraîne à jouer son futur rôle de maîtresse de maison ? railla-t il, peu après lui avoir dit bonjour.
Ç’avait été plus fort que lui !
Il était pourtant arrivé plein de bonnes intentions et bien résolu à s’en tenir à un échange professionnel afin de la mettre à l’aise. Hélas ! Cette image si lisse qu’elle s’appliquait à donner d’elle-même avait suffi à raviver le démon qui sommeillait en lui. De toute évidence, par cette tenue, elle avait surenchéri dans la protection dont elle s’entourait habituellement. Nul doute que la séance à l’atelier l’avait sensiblement ébranlée !
— Vous aviez raison, Brice, lorsque vous affirmiez la dernière fois que la goujaterie était une seconde nature chez vous, repartit-elle alors calmement.
D’accord, il aurait dû s’excuser… mais il n’y parvint pas.
Quelque chose dans son être, sa personnalité, lui donnait envie de la prendre par les épaules et de la secouer. Il voulait l’entendre rire… ou pleurer, bref, lui arracher des émotions, que diable ! Néanmoins, s’il passait à l’acte, il risquait fort d’être à jamais banni de chez elle ! Il convenait d’opérer de façon plus subtile.
— Vous avez bonne mémoire, se *******a-t il d’observer avant d’ajouter sèchement : navré, mais il va falloir dénouer vos cheveux.
Là-dessus, il prit place sur une chaise, carnet de croquis et crayon en main.
— C’est impossible, décréta-t elle. J’ai un déjeuner juste après notre séance et je n’aurai pas le temps de refaire mon chignon.
La peste ! pensa Brice, fort énervé. Elle avait donc décidé de lui donner du fil à retordre !
— Avec qui ? fit-il. Votre confesseur ?
Elle le fixa durant quelques instants sans ciller et, dans les profondeurs de ses prunelles bleutées, il vit briller un bref éclair de colère.
— J’ai rendez-vous avec ma mère ! précisa-t elle froidement.
Il lui lança un regard étonné puis déclara :
— Vous êtes top model… et votre mère aime vous voir dans une tenue pareille ?
Finalement, ce n’était pas à cause de lui qu’elle s’était accoutrée de la sorte, mais pour sa mère. Voilà où menait la vanité, McAllister ! se dit-il, piqué au vif.
— Que reprochez-vous donc à ma tenue ? demanda-t elle, la voix vibrant de ressentiment.
Objectivement, il était difficile de critiquer ses vêtements. Elle était d’une élégance irréprochable, mais sa coiffure et sa mise masquaient toute sa personnalité ! Impossible de déceler en elle, ce matin, la beauté provocante du mannequin Sabina.
Mue par le besoin de se défendre, elle enchaîna sans attendre sa réponse :
— Ma mère vit en Ecosse depuis le décès de mon père, et je la vois rarement. C’est une femme qui déteste l’excentricité.
— C’est-à-dire ?
Elle soupira longuement, puis commença d’une voix chargée de tristesse :
— Mes parents enseignaient l’histoire à l’université d’Edimbourg, et se consacraient entièrement à leur carrière. Je crois qu’en réalité, ils ne voulaient pas d’enfant, mais un accident est si vite arrivé…
Elle émit un petit rire dérisoire avant de poursuivre :
— Ils étaient relativement âgés quand je suis née ; ma mère avait quarante et un ans et mon père quarante-six. Aujourd’hui, évidemment, on voit les choses différemment, mais à l’époque… Toujours est-il que mon père a, me semble-t il, mieux accepté sa paternité que ma mère sa maternité. Naturellement, lui n’a pas dû arrêter d’enseigner pendant cinq ans pour s’occuper de moi !
C’était bien la première fois que Sabina se livrait autant. Ce qui en disait long sur sa nervosité !
— Votre naissance a constitué un bouleversement total pour eux, lui dit-il.
Et pas seulement sa naissance, pensa-t il. Comment s’étaient-ils accommodés de sa beauté frappante ? Car nul doute qu’enfant, elle devait déjà avoir l’air d’un ange sorti tout droit du paradis.
— J’ai eu effectivement une enfance étrange, dit-elle d’un ton mélancolique.
Et certainement très solitaire, réalisa Brice. Une enfance aux antipodes de la sienne, lui qui avait été élevé par des parents jeunes et joyeux et qui passait tous ses étés en Ecosse, dans le château de son grand-père, avec ses cousins Logan et Fergus. Il avait réellement le sentiment d’appartenir à une fratrie. Au clan des McDonald.
— A qui ressemblez-vous ? demanda-t il doucement, désireux de ne pas rompre le charme, car il avait le sentiment que Sabina évoquait rarement son enfance.
— A mon père, dit-elle en esquissant un vague sourire — sourire qui disparut totalement lorsqu’elle précisa : il est mort il y a cinq ans.
— Je suis désolé, dit-il d’un ton sincère, tout en se demandant s’il ne tenait pas là la clé de sa relation avec Richard.
Ne recherchait-elle pas une figure paternelle auprès de cet homme plus âgé ?
— Il souffrait d’un cancer depuis des années, sa disparition a été une délivrance pour lui, confia-t elle. Mon plus vif regret, c’est qu’il n’ait pas été là lorsqu’on m’a remis ma licence d’histoire…
Elle s’interrompit et, devant son expression étonnée, elle lui décocha un superbe sourire avant d’ajouter d’un ton dérisoire :
— Eh oui, Brice, je n’ai pas toujours été top model à plein temps ; je suis allée à l’université, vous savez.
Allusion directe à ses remarques désobligeantes sur le métier de mannequin, la dernière fois, se dit-il, presque honteux. Comme il regrettait son arrogance ! Il l’avait jugée sans la connaître. Pas étonnant qu’elle veuille le tenir à distance !
Soudain, il l’entendit ajouter :
— En tant que grand défenseur de la cause féministe, ma mère désapprouve la voie que j’ai choisie.
— Et que pense-t elle de votre vie en concubinage avec Richard Latham ?
A peine eut-il terminé sa phrase, qu’il la regrettait déjà. Bon sang ! Il venait de commettre un sérieux impair. De fait, ce n’était pas réellement l’opinion de Mme Smith qui le préoccupait. Sa question exprimait davantage son indignation à lui, à l’idée que la belle Sabina partageât la vie — et le lit — de Richard Latham.
— Vous êtes bien trop indiscret, monsieur McAllister ! rétorqua-t elle, furieuse, en le fusillant du regard.
Certes, la question de Brice l’avait agacée ! Néanmoins, elle était surtout en colère contre elle-même pour les confidences qu’elle venait de lui faire.
— En parlant de Richard… Votre fiancé n’est pas à la maison, aujourd’hui ?
— Il est à New York jusqu’à demain.
Sur une impulsion, il demanda :
— Dans ces conditions, accepteriez-vous de dîner avec moi ce soir ?
Sa question le stupéfia lui-même… Comment osait-il inviter une femme déjà fiancée au restaurant ? Et qui plus est, une femme qui ne lui avait donné aucun signe encourageant ! Bien au contraire !
Sabina paraissait aussi suffoquée que lui.
Ses joues étaient devenues toutes pâles, aussi pâles que l’albâtre, et ses yeux insondables le fixaient d’un air stupéfait.
A cet instant, comme pour reprocher à Brice son audace, un rayon de soleil vint jouer sur le diamant de Sabina qui se mit à scintiller de tous ses feux. Le cadeau de Richard Latham…
— Ce n’était pas une bonne idée, excusez-moi, marmonna-t il alors, confus. Enfin, ce n’était qu’une invitation à dîner, Sabina, sans arrière-pensées.
Elle le fixait toujours d’un air égaré…
A cet instant, on frappa à la porte.
— Entrez, fit-elle d’une voix rauque.
— Vous m’aviez priée de vous apporter le courrier dès qu’il arriverait, précisa Mme Clark en lui tendant une liasse d’enveloppes.
— Merci beaucoup, répondit Sabina en lui adressant un beau sourire.
Quelle incroyable faculté à recouvrer une contenance ! pensa alors Brice. Comme il regrettait ses propos ! Elle n’avait déjà pas une grande opinion de lui, mais il venait de sonner le glas de leur relation !
Certes, il n’espérait pas que toutes les femmes tombent à ses pieds, mais il n’était pas habitué à ce qu’on le prenne en grippe dès le premier regard, comme cela avait été le cas avec Sabina. Et, contre toute attente, plus elle était inamicale, plus elle l’intéressait !
— Ecoutez, déclara-t il subitement en se levant, je crois qu’il est préférable que nous en restions là, aujourd’hui. De toute évidence…
Il s’interrompit subitement. Sabina venait de laisser tomber son paquet de lettres et paraissait totalement tétanisée. Ce n’était tout de même pas lui qui…
— Sabina, que se passe-t il ? s’enquit-il, inquiet.
A cet instant, elle se baissa pour ramasser son courrier… et chancela. Se précipitant vers elle, il la prit fermement par le bras et l’aida à s’asseoir sur une chaise.
Puis, d’un pas décidé, il se dirigea vers le bar, lui servit un double whisky et le lui tendit.
— Non, merci, dit-elle, le souffle court. Je doute que ma mère apprécie les effluves de whisky.
— Ma proposition vous répugne donc à ce point ? demanda-t il alors, hésitant lui-même à vider le verre.
— Pardon ? fit-elle, visiblement surprise par sa question.
Ce n’était donc pas son invitation qui l’avait mise dans cet état. Dans ces conditions, pourquoi avait-elle failli s’évanouir ?
Ce fut alors qu’il remarqua qu’elle serrait une enveloppe vert pâle entre ses doigts crispés. Elle la serrait si étroitement que la lettre en était froissée et ses phalanges blanchies…
— Sabina…, commença-t il.
Brusquement, elle se leva et annonça :
— Votre proposition ne me contrarie absolument pas, bien au contraire, je trouve que c’est une excellente idée.
Curieux ! Si Mme Clark n’était pas venue les interrompre, il doutait fort qu’elle eût répondu favorablement à son invitation. Néanmoins, pour une raison inconnue de lui, la seule vue de cette mystérieuse lettre verte — qu’elle n’avait même pas lue — l’avait perturbée au point qu’elle avait accepté son invitation à dîner.
Le mystère s’épaississait…
— Parfait, répondit-il avant qu’elle ne change d’avis. Je passerai vous prendre à 19 h 30. Cela vous convient-il ?
— Entendu, dit-elle, visiblement pressée de le voir partir.
Etait-ce afin de pouvoir lire le contenu de l’enveloppe vert pâle ? se demanda Brice.
— Dois-je réserver pour trois ou Clive patientera-t il dans la voiture ?
— Je suis certaine que nous pourrons nous passer de lui, répondit-elle, tendue, en jetant un coup d’œil à sa montre. Désolée, nous n’avons pas avancé ce matin, mais à présent, je dois partir.
— Je comprends, vous ne devez pas faire attendre votre mère, dit-il en lui souriant gentiment.
Contrairement à ce qu’elle croyait, ils avaient énormément progressé ce matin : il avait beaucoup appris à son sujet — sur son enfance, ses relations avec ses parents.
Et pourtant, il repartait frustré ! Car ce qu’il aurait réellement aimé savoir, c’était ce que contenait la lettre qui l’avait étrangement bouleversée.
L’interrogerait-il ce soir, à ce sujet ? Peut-être… Il avait tout l’après-midi pour méditer là-dessus.
— Un appel pour vous, Mlle Sabina, l’informa Mme Clark en fin d’après-midi, lorsque la jeune femme décrocha le téléphone de sa chambre. M. Latham.
— Passez-le-moi ! s’exclama-t elle chaleureusement.
Après la drôle de journée qu’elle venait de vivre, elle avait envie d’entendre le son rassurant de sa voix.
— Richard ! Comment vas-tu ? Oh, ne me dis pas que tu dois repousser ton retour ?
— Allons, allons, une question à la fois ! Oui, je vais bien, et non, mon retour n’est pas repoussé, je serai à la maison demain, comme prévu. J’avais juste envie de savoir comment tu allais.
Cela faisait quatre jours qu’il était parti et jusque-là, elle n’avait pas vu le temps passer, car elle avait été fort occupée. Et puis ce matin, tout avait basculé ! Et depuis, elle ne souhaitait qu’une chose : qu’il rentre le plus rapidement possible à Londres.
— Je vais bien, mentit-elle. Très prise par le travail, comme toujours.
— Et qu’as-tu prévu de beau, pour ce soir ?
— Oh… Eh bien, je vois McAllister.
— Parfait ! Comment se déroulent les séances ? Le grand homme est-il enfin descendu de sa tour d’ivoire et s’est-il rendu compte que tu es la plus belle créature qu’il ait jamais peinte ?
— Hum… Pas vraiment, répondit-elle, réalisant que Richard s’était mépris sur le sens de ses propos et avait cru qu’elle rencontrait Brice McAllister pour une séance de travail.
Non qu’elle ne fût jamais sortie au restaurant avec un autre homme depuis qu’elle vivait sous le toit de Richard ! Son travail la conduisait souvent à accepter ce genre d’invitations. Mais le dîner avec Brice n’entrait pas dans cette catégorie. Avalant une large bouffée d’air, elle commença :
— En fait, Richard, je…
— Un instant, Sabina, on essaie de me joindre sur mon autre ligne. Ne quitte pas…
Plus elle attendait, et plus le courage lui manquait. Richard apprécierait-il qu’elle dîne avec un homme pour des raisons non directement professionnelles ?
Voilà qu’elle redoutait ce dîner, à présent. Oh, pourquoi avait-il fallu que Brice fût là précisément au moment où elle avait reçu la lettre ? Elle s’était ensuite trouvée dans un tel état de confusion que, désireuse qu’il parte au plus vite, elle avait accepté son invitation.
— Désolé, Sabina, reprit enfin Richard. Mon rendez-vous est arrivé, je dois te quitter. Je te rappellerai plus tard dans la soirée, d’accord ?
— Euh… A dire vrai, je comptais me coucher tôt, ce soir, mentit-elle pour la deuxième fois. Je viendrai t’attendre à l’aéroport, demain.
Et elle pourrait enfin lui expliquer tranquillement que Brice McAllister l’avait invitée à dîner !
— Inutile de te déplacer jusqu’à Heathrow, envoie Clive, cela suffira.
Non, elle viendrait l’accueillir. Il serait plus facile de faire des confessions à l’arrière de la banquette de la limousine…
— Je n’ai rien à faire demain, et cela me ferait vraiment plaisir de venir te chercher.
— Comme tu voudras. A demain.
Génial ! pensa-t elle avec dérision en raccrochant. Non seulement elle allait dîner en tête à tête avec un homme qu’elle s’était ingéniée à fuir jusqu’à présent, mais en plus elle avait menti à son fiancé à ce sujet.
Fallait-il que Brice la rende nerveuse pour qu’elle agisse contre son gré ! Tout cela, c’était la faute de ses yeux verts. Des yeux qui vous transperçaient jusqu’au plus profond de votre être, et auxquels rien n’échappait.
Nul doute qu’il était conscient de ses réticences à poser pour lui. Des réticences qui l’avaient conduite à trop parler. Elle d’ordinaire si réservée ne parvenait pas à s’expliquer ses confidences sur son enfance, ce matin.
En outre, elle était convaincue que Brice avait compris que c’était l’enveloppe verte qui l’avait plongée dans un état d’agitation intense.
La dernière qu’elle avait reçue remontait à trois semaines. Durant cette longue période, elle avait presque nourri l’espoir que le calvaire était terminé. Voilà pourquoi ce matin, à la réception de la lettre, elle avait été si bouleversée !
Et le déjeuner avec sa mère n’avait absolument pas arrangé les choses !
— Etes-vous convenus d’une date de mariage, Richard et toi ? lui avait demandé cette dernière tandis qu’elles dégustaient leur salade aux crevettes.
Sabina avait manqué s’étrangler.
McAllister, sa mère à présent… mais qu’avaient-ils donc tous à vouloir la pousser au mariage ?
— Pas encore, avait-elle répondu. Nous ne sommes pas pressés.
Comme tout le monde, sa mère ignorait l’arrangement qui la liait à Richard. Une mère qui était l’incarnation de la perfection, pensa-t elle alors. Tout en Leonore Smith était soigné, de ses ongles à sa tenue vestimentaire, en passant par sa syntaxe. Oh, Sabina adorait sa mère, seulement… elle était incapable de communiquer avec elle ! Et chaque fois qu’elle la rencontrait, elle avait l’impression d’être sur la sellette.
— Si je te pose cette question, précisa Leonore, c’est que je projette de faire un petit voyage, à l’automne. Je ne voudrais pas que ton mariage ait lieu durant cette période.
— Excellente idée ! répondit Sabina, sans prêter attention à la dernière phrase. Et où comptes-tu aller ?
— Nous n’avons pas encore choisi notre destination, répondit-elle en avalant une gorgée de vin. Je… Je pars avec une connaissance. Il se peut que nous nous rendions à Paris, c’est une ville où l’on peut se divertir…
Se divertir ? Etait-ce bien sa mère qui venait de prononcer ce mot ?
— Et cette amie, je la connais ?
A ces mots, Leonore rougit légèrement et détourna les yeux. Mon Dieu ! Cette connaissance, c’était un homme ! réalisa Sabina, choquée.
Pourquoi cette nouvelle la bouleversait à ce point, mystère ! Après tout, sa mère était encore une fort belle femme pour ses soixante-six ans. Elle était toujours aussi mince et blonde qu’à trente. Mais de là à ce qu’elle fît une escapade romantique à Paris…
Décidément, se dit-elle en regardant une dernière fois son reflet dans le miroir avant de rejoindre Brice, elle venait de vivre une bien mauvaise journée !
Hélas, elle n’était pas encore terminée. Qu’allait lui réserver la soirée ?