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Ils sont à deux cents mètres de la maison des parents d’Emmanuelle. Brice roule au pas et remplit son regard de la joie qu’elle exhibe
Plus vite, sinon je finis à pieds
Où est-ce
Là, à droite, le petit chemin. Voilà, tournez maintenant
Non, je vous laisse là
Pas question. Je... Pourquoi
C’est votre fête... votre famille
Vous ne voulez pas restez un moment
Je n’y serais pas à ma place. Emmanuelle, je
Même si moi j’ai envie de vous garder encore un peu
Tenez, c’est pour vous, je voulais vous le donner à la gare
Brice, j’ai vraiment envie de vous avoir près de moi, pas du tout de vous voir disparaître si vite. Pas de cela
Ils sont nombreux à vous attendre, et vous m’oublierez vite. Je me suis donné beaucoup de peine pour vous offrir ça
Merci. Mais... C’est à cause de... de cette marque
Non, pas vraiment... Pas complètement. Sinon... l’impression de forcer votre porte, avec ce que j’ai de triste en moi, de gâter ainsi l’esprit de la fête
Vous ne me ferez pas confiance jusqu’au bout
En vous ? Oui, totalement
C’est le plus précieux de mes cadeaux aujourd’hui, bien plus que ce paquet, que tous ceux qui se cachent là-bas. Alors, vous venez ? Dites oui, je vous en prie
Attendez ! Un moment encore... Un soir, la première fois que je vous ai vue, vous m’avez donné quelque chose
Quelque chose
J’aimerais vous le rendre maintenant
Me rendre
Après, je n’aurai plus l’opportunité de le faire
Brice
C’est elle qui s’avance, qui s’offre, qui tremble contre lui, elle qui prend ses lèvres, doigts perdus dans les cheveux sombres, tenant le visage blessé contre le sien, le retenant encore. Le quitte seulement pour poser le front contre son épaule. Heureuse du plaisir qu’elle décèle dans sa voix
-Deux... je vous en dois deux
Je peux accorder des délais de remboursement
Elle hésite sur les mots, de peur d’aller trop loin, trop vite, de se tromper sur ce qu’il attend d’elle
Il est temps d’honorer la première échéance
Il faudra aussi penser aux intérêts de retard
Cher
Un tarif d’usurier
Je crois que je vais payer très lentement
Attention, Brice, je deviens avide, mes taux vont monter en flèche. Je commence déjà à compter, le premier versement se fait attendre
Elle ne peut en dire davantage, s’abandonne entre ses mains, pas du tout effrayée par le désir qu’elle devine en lui, bien moins par l’avidité, la force de son étreinte qu’il maîtrise à grand peine. Elle est grise d’espérance, ivre de bonheur, du sien et de celui de Brice aussi
Emmanuelle, vous tenez absolument à vous rendre... là-bas
Plus autant que... qu’avant... mais je... je ne peux pas leur faire ça
Et en d’autres circonstances
Je ne sais pas... à moins que toute question ne devienne inutile
Peut-être... eh bien... en route ! Mon visage, ma joue ? Ils vont
Il n’y a rien à voir, rien à redire
Ils ne vous ressemblent pas tous
Ceux-là, oui. Vous allez les surprendre, pas les effrayer.
Les surprendre
A cause de moi. Venez, vous ne pouvez pas comprendre... donnez un coup de Klaxon... Ça y est ! Regardez-les... il n’en manque pas un
Une cavalcade qui leur amène des visages souriants, des mains qui ouvrent une portière... qui tirent Emmanuelle à l’extérieur du véhicule, une euphorie chaleureuse
Et les parents
Devine ! Nous étions treize, sans toi... sans vous... et maman ne voulait pas rester dans la même pièce. Ils sont derrière la maison
Où étais-tu passée
Pitié, Richard... ne me bousculez plus ! Brian... où est
Des baisers et des rires... des corps qui forment un cercle autour d’elle, dont Brice est exclu... quelques secondes seulement... relié à eux par des yeux qui le cherchent, une voix qui l’appelle, des doigts qui se tendent, s’accrochent aux siens, le ramènent près d’elle... sous un échange de regards étonnés et de sourires entendus
Une semaine entière sans donner de tes nouvelles
Je suis désolée, Patrick... j’ai été très occupée
Ce n’était pas un reproche, seulement un record à souligner... Tu grandis, fillette, et c’est tant mieux
J’étais avec Brian... et il reste avec moi
Avec toi ? Dans ce cas, Brian... vous êtes le bienvenu à la maison
Merci
Attendez, je dois vous présenter tout le monde... Voici Richard, qui est marié avec Joanna, la petite brune. Les jumeaux sont à eux. Il est le second de la lignée. Patrick est l’aîné. Avec sa femme, Bénédicte, ils ont réussi à mettre au monde le petit monstre qui arrache les fleurs derrière vous. Sam, tu arrêtes immédiatement sinon j’en fais autant à tes cheveux. Ensuite, nos jumelles à nous, Marie et Martine, que nous appelons pile et face mais ça les rend furieuses. Aïe ! Vous voyez ! Marie est mariée avec Bernard, le pauvre a bien du mérite et ils sont les parents du bébé qui dort dans le berceau. Je ne cite plus de nom, vous allez les oublier dans deux minutes. Vous tous, voici Brian. Vous lui tenez compagnie pendant que je vais chercher papa et maman. Rentrez vos griffes et gare à celui qui lui raconte n’importe quoi derrière mon dos
Un baiser sur la joue de Brice interloqué, comme pour montrer, à chacun, l’importance qu’il a pour elle, et la voilà partie, le laissant seul face à tous
Ne restez pas debout, et n’ayez aucune inquiétude, elle va vous revenir. Un vrai tourbillon, non
En effet... et j’ai du mal, en ce moment, à la suivre. Ici, avec vous... elle est totalement différente
Depuis quand vous connaissez-vous
Quelques jours
Seulement ! Et elle vous invite ici ? Chez nous ? Pardon... vous ne pouvez pas comprendre
C’est ce qu’elle a dit ! N’agit-elle pas ainsi avec chacun de ses amis
Non, ceux-là viennent la chercher, la ramènent... Ils ne restent que quelques secondes, à peine le temps d’échanger deux mots. Mais pas au point de partager notre intimité, jamais lors d’une réunion familiale. Elle est ainsi faite, c’est peut-être, pour elle, le moyen de nous permettre de mesurer la place qu’elle leur accorde dans sa vie. Pour vous, nous l’avons crue importante... Surtout à cette occasion, un jour particulier pour elle
Je sais... Vous êtes Patrick, c’est cela ? L’aîné de tous
Oui, et je suis très heureux de vous accueillir chez nous, Brian
Appelez-moi Brice. Brian, c’est encore une idée à elle ! Je vous expliquerai plus tard. J’avais peur de vous choquer, tous, à cause de... de ça... et c’est là qu’elle a précisé que la surprise viendrait d’elle. Je comprends mieux maintenant ! Alors, il n’y a eu personne... jamais, avant moi
Non... mais apparemment, nous avons mal interprété votre présence
Peut-être pas. Et si c’était le cas
Il suffit qu’elle vous ait amené jusqu'à nous
Je vois... Mon nom est Brice D’Orval, et
Le peintre ? B.D.O. ! C’est vous ! C’est amusant... je viens de m’offrir l’une de vos toiles
Vraiment ? Pour en revenir à Emmanuelle... elle est toujours comme ça ? Avec tous
Essentiellement quand elle se sent dans son élément. Elle est spontanée, très gaie aussi, mais ne vous y trompez pas, elle n’a aucune faiblesse, et elle sait se défendre
Je vous crois aisément, j’en ai fait l’expérience
Oh ! Je vous plains. Alors
Alors ? Je suis là, et incapable de dire s’il y a un vainqueur ou un vaincu
Pourquoi pas deux vainqueurs ? La voilà qui revient
Brian, voici maman et papa, Yvette et Charles Davrey. Voilà, avec eux, vous avez vu tout le monde. Mon Dieu ! Gus et Flamme ! Je vais les chercher
Attendez... Emmanuelle, ils peuvent patienter un petit moment.
Brian, si vous voulez, nous pouvons aller voir qui sont ces deux nouveaux venus
Certainement Monsieur Davrey. Il s’agit de mes chiens, je vous préviens, ils sont encombrants. Ils peuvent rester dans le véhicule
Allons les en sortir, et pas de Monsieur, Charles suffira largement
Merci. Emmanuelle, vous venez
Allez-y tout seul, mon père ne vous mordra pas. Alors, vous autres, que me racontez-vous
Aucune pitié ! Elle l’a laissé se débattre au milieu de visages qu’il confond, avec des prénoms qu’il mélange, le surveillant de loin, ou bien le taquinant à l’occasion d’un rapprochement quelconque
Il s’est retrouvé gamin devant son père, comme un adolescent soucieux de réussir un examen de passage. Sa mère l’a séduit, sans réserve... par toute l’affection qu’elle distribue à chacun, tout l’amour qui émane d’elle, dans les regards qu’elle laisse glisser sur eux, par la main toujours caressante... Le même geste en Emmanuelle, une pression affectueuse du bout des doigts, comme un message transmis à travers eux
Tous sont charmants, ouverts... heureux
Sans le vouloir, petit à petit, Brice a repris ses distances, il s’est éloigné d’eux, pour mieux les apprécier, ou mieux les deviner. De trop près, souvent, rien n’est évident... Et il les observe, de loin, réunis dans une même toile
Au point d’envier leur affection partagée et la complicité qui règne entre eux
Et il suit Emmanuelle, il la regarde aller de l’un à l’autre, et il aime sa manière de se pencher un peu vers celui qui lui parle, et la douceur du regard qu’elle pose sur le petit Sam, et son geste pour le soulever de terre, l’élever très haut, à bout de bras, pour le ramener contre elle, et l’y serrer très fort, et il ressent son émotion à la lire ainsi, sur son visage, et il sourit au rire qui monte jusqu'à lui
Et aussi la façon d’entourer de ses bras le cou de son frère aîné, et d’obéir en riant à la main qui la tire vers lui, jusqu'à s’installer carrément sur ses genoux, et il aimerait être celui qui la porte ainsi, et recevoir son souffle dans l’oreille, entendre sa voix d’au plus près, et respirer la chaleur de sa peau
A la découvrir, soudain, plus attentive, l’air grave, presque recueilli, il devine qui est au centre de leurs propos, et il attend son regard qui le cherche, et la question qu’il renferme et qu’il pressentait, et le sourire, hésitant, à lui seul adressé
Il a besoin de se retrouver seul, de se ressaisir... Il y a trop de monde... de rires... de bruit... Malgré la joie qui règne autour de lui, il se sent oppressé... Il n’a jamais eu l’habitude de telles réunions... et tout va trop vite... bien trop pour lui
Le temps passe, il va devoir partir... et la quitter... Elle
Sans le désirer vraiment
Ses chiens sont dans la véranda, il a tenu à les y enfermer à cause des enfants. N’étant pas habitués à les côtoyer il a craint que l’un d’eux se montre agressif et les effraie. Il s’attarde un instant près de Gus et Flamme, pour tenter de se reprendre, alors que dans son crâne se bousculent les mots échangés avec le frère d’Emmanuelle
Personne... il n’y a jamais eu personne avant lui ! Heureux, bien trop, par ce que cela représente, et, en lui, brutalement, l’urgence de la rejoindre, de donner toute réalité à une espérance, de revenir à la vie... avec elle... par elle... pour elle seulement... arrêté dans son élan par les voix qui lui parviennent de la cuisine, qui se glissent jusqu'à lui par la porte entrouverte... Ses parents sont là, et le font hésiter... et reculer.
Je te dis que la petite est amoureuse, Charles
Et alors ? Voilà qui est nouveau ! Depuis quand te fais-tu du souci pour une histoire d’amour ? D’habitude, tu frétilles de curiosité
Ce n’est pas pareil ! Pour elle, je suis certaine que c’est la première fois et tu sais bien comment elle est ! Absolue au-delà du possible ! Avec ta fille, je l’ai toujours su, c’est tout ou rien. Elle va souffrir
Ma fille ! Comme si j’étais responsable de cet aspect de son caractère ! Souffrir ? Peut-être, mais c’est aussi quelque chose qu’elle devra apprendre... comme tout le monde. Et ce n’est pas prouvé... mais toi, tu es trop pessimiste
Je me demande seulement s’il va savoir comment s’y prendre avec elle
Yvette, tu me désespères ! Notre fille est bien assez grande pour lui faire comprendre ce qu’elle attend de lui. Et ce ne sont pas nos affaires, toi et moi, nous devons être là, pour essuyer ses yeux, ou pour rire avec elle si tout se passe bien dans sa vie
Je t’accorde que c’est un homme très bien, mais tu reconnaîtras que c’est aussi quelqu’un de singulier
A quel point de vue
Dans sa façon d’être, pas le même style que ces jeunes gens qui ont traversé la maison, autrefois. Avec tous les amis de ses frères, je pensais qu’elle en choisirait un parmi eux.
Notre Emmanuelle ? Elle aussi est un être à part. Pas le même esprit dans notre petite que dans ceux que tu évoques. En revanche, Brian c’est différent... Tu sais, je crois qu’ils se ressemblent tous les deux.
Toi aussi, tu t’en es rendu compte
Oui, il devait être heureux... avant
Avant quoi
Là, je ne sais pas, ce n’est qu’une impression... Et puis... il n’y a pas beaucoup de gaieté en lui, et c’est cela surtout qui m’inquiète pour Emmanuelle.
Tu vois ce que je veux dire maintenant
Brice est mal à l’aise, pour ne pouvoir nier s’être laissé aller à écouter aux portes, et inquiet d’être surpris, mais heureux de les voir tels qu’elle les lui a décrits. A leurs yeux, il n’est que l’individu qui plaît peut-être à leur fille, et leur seul souci, le bonheur qu’elle devrait trouver auprès de lui ou la peine qu’il pourrait lui apporter
Il ne peut rester là, à entendre des mots qui ne lui sont pas destinés, et il se résigne à taper à la vitre, à leur adresser un signe de la main, et reçoit en retour une invitation à les rejoindre
Vous avez fui la mêlée ? Nous aussi ! Ils sont épuisants.
Une ambiance très sympathique et que j’ai beaucoup appréciée, mais... il se fait tard, et je dois partir. Merci pour votre accueil... à tous
Vous êtes un ami de notre fille
Monsieur... Charles, j’ai quelque chose à vous dire. A vous aussi, Madame
Nous vous écoutons
Je ne m’appelle pas Brian mais Brice D’Orval, et je suis peintre... Assez connu pour que la presse me poursuive. Brian c’est... votre fille n’a rien trouvé de mieux pour préserver mon anonymat ! Ici, je ne crois pas que cela soit nécessaire, pas avec des êtres tels que vous
Nous sommes très touchés de votre confiance
Si je vous empruntais Emmanuelle quelques jours de plus, cela vous ennuierait-il
Si elle en a décidé ainsi
Je ne lui ai pas encore posé la question
Alors tout dépend d’elle
Merci, Charles... à vous deux
Dites, Brian... ou... Brice, je sais que cela ne me regarde pas, mais
Elle ne risque rien avec moi, je vous le promets... Et puis... je ne sais même pas si elle va vouloir me suivre
Alors là, je ne parierais pas ma chemise sur le contraire ! Prenez soin de ma fille et nous serons les meilleurs amis du monde
Promis ! Tans pis pour le gâteau ? Pour la fin de la réunion ? Vous ne m’en voudrez pas
Non, nous nous ferons une raison
Dans ce cas... dites-lui que je l’attends... à bientôt
Ils restent tous deux à le regarder courir dans l’allée, les chiens à ses côtés
Charles, pourquoi ne pas aller la trouver tout simplement et lui demander de l’accompagner ? Je n’y comprends plus rien
N’essaie pas, va prévenir ta fille et ne t’inquiète pas si tu ne la vois pas revenir
Tu crois
Pour une fois, fais ce que je te dis. File
Emmanuelle cherche Brice, ne le trouve pas. Ses parents non plus, il doit être avec eux. Elle se raccroche à cette idée, et s’en veut de l’avoir laissé seul si longtemps... trop longtemps... livré aux pensées sombres qui l’empoisonnent
Sa mère lui fait signe... Il se passe quelque chose d’anormal, elle le sent, à cause de son sourire, pas celui qu’elle affiche d’ordinaire... un sourire un peu crispé et son cœur se serre.... Brice s’en est allé, elle en est certaine, et sans même lui dire adieu
Maman... Il... il est parti
Oui, à l’instant, mais
Sans me prévenir
Je n’y comprends rien, mais
Il n’y a rien à comprendre...ça ira, maman, ça... ça passera
Mais non... il veut te parler avant... il a dit que... Hé ! doucement ! Pas la peine de prendre le risque de te casser une jambe. Nous voilà bien maintenant ! Regardez-la ! Et si elle ne revient pas, je n’ai pas fini de les entendre
Plus bas, au bout de l’allée, devant le portillon du jardin... Emmanuelle voit la voiture, portière ouverte du côté passager, comme en attente
Elle savait bien qu’il ne pouvait pas disparaître ainsi
A quelques pas de la vitre baissée devant le visage impassible de Brice, elle ralentit sa course, effrayée par ce qu’elle découvre en elle
A portée de la main qui se tend lentement vers elle, elle prend conscience de l’importance qu’il a prise dans sa vie
Et les doigts unis aux siens, elle sait qu’elle ne veut pas le voir en sortir
Brice, pourquoi maintenant
Votre famille est merveilleuse
Je le sais... et c’est pour cela que vous nous quittez
Non
Vous rentrez chez vous
Il est temps de le faire, et je voulais vous dire adieu
Adieu ? Pas à bientôt
Vous avez envie de me revoir ? Vraiment
Oui, je... Et puis, vous semblez oublier ce que vous me devez. Si je vous laisse partir, je ne rentrerai jamais dans mes fonds
Sans compter les intérêts ! C’est compliqué ! Quand voulez-vous que je m’en acquitte
Pourquoi pas, ici
Maintenant ? Vu l’importance de la dette, j’ai trop peu de temps devant moi pour cela... et sur la route... ce serait trop risqué... A moins que vous n’acceptiez de me faire crédit jusque chez moi
Chez vous
Pas comme hier, Emmanuelle... Jamais plus
La portière
Quoi que vous décidiez, c’est à vous de la claquer... de l’extérieur ou de... l’intérieur
Devant la maison, Yvette Davrey hâte le pas. Emmanuelle n’est pas revenue. Il va falloir affronter les autres
Patrick aussi est tout près, à quelques mètres de la route, regard fixé sur le véhicule qui emporte sa sœur, regrettant de ne pouvoir la suivre, espérant de tout cœur que tout aille bien pour elle
Et que l’homme qui la leur prend, et qu’il a senti torturé, ne réalise pas trop tard ce qui se passe en lui