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merci du fond du coeur mon adorable rihame

 
 

 

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chapitre 12

<FONT size=6><FONT face="Book Antiqua"><SPAN style="FONT-FAMILY: Arial; FONT-SIZE: 10pt">The Tattler — Vendredi 13 décembre

 
 

 

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The Tattler — Vendredi 13 décembre

Les potins de Mary Lynn

Le patriarche prend sa retraite

C’est officiel, le délicieux Cameron O’Brien vient de prendre la barre des Editions O’Brien. Cameron, le jeune célibataire le plus courtisé de New York, a reçu les rênes du pouvoir et le titre envié de P.-D.G. après un vote à l’unanimité. On suppose qu’il va se hâter de rassurer les investisseurs inquiets depuis l’attaque dont a été victime Michael O’Brien il y a deux semaines. Le pronostic des médecins sur la santé du patriarche se veut rassurant et le cher papa devrait se remettre rapidement. Rappelons que l’infarctus de Michael O’Brien s’est déclaré suite à la fugue de sa fille, Kit. Celle-ci, en effet, plutôt que de rentrer sagement à la maison, avait préféré prendre la poudre d’escampette au bras de Joshua Parker, scénariste de La dernière frontière, la célèbre série télé dont le dernier épisode a été diffusé vendredi dernier.

Interrogée lors d’une conférence de presse tenue depuis, dans la propriété familiale, Kit n’a pas fait mystère de ses projets de s’investir dans les œuvres de charité. Le fait est que la révélation de ses activités journalistiques sous le nom d’emprunt de Carol Jones a mis, semble-t?il, un terme à sa carrière au sein des Editions O’Brien.

Mais que va devenir notre héritière adorée, cher lecteur ? Même ses amants quittent le navire… Le beau Joshua a ainsi été vu en ville au bras d’une autre femme. Pauvre Kit, oui !
Savez-vous par ailleurs que l’ex-fiancé de Kit, Blaine Rourke, a lui aussi pris le large ? Blaine, que l’on a surpris enlacé à l’irrésistible top model Tara Lynwood (voir notre photo) la nuit dernière à l’opéra ! Pauvre, pauvre Kit, oui, que l’on n’aperçoit même plus en ville depuis l’accident de papa ! Un papa qui ne s’est guère remis de ses frasques et a décidé de lui serrer la vis. Espérant que sa chère enfant ne vienne pas refaire la une avec l’un de ces exploits dont elle a le secret. Cette fois, il pourrait ne pas s’en remettre…

Cameron O’Brien repoussa le Tattler en soupirant. On ne pouvait accorder le moindre crédit aux articles de Mary Lynn. D’ailleurs, un jour ou l’autre, il s’attaquerait au problème. Pour l’heure, il y avait d’autres priorités.

Il se tourna vers l’homme assis en face de lui. Il éprouvait une réelle estime pour Joshua Parker et il avait la conviction que celui-ci était l’homme qu’il fallait à Kit.

— Je comprends votre frustration, mais faites-moi confiance, elle devrait se montrer demain soir. Je l’accompagnerai moi-même. Dans le cas contraire, je vous autorise à lui rendre visite chez elle. Mon père va bien mieux et je le mettrai au courant.

— Je vous remercie, dit Joshua en se levant.

— Non, c’est moi qui vous remercie, corrigea Cameron en venant se placer devant lui. Vous avez joué votre rôle à la perfection et je vous en suis reconnaissant. Mais les choses ont évolué et maintenant que mon père est sorti d’affaire, il voudrait voir sa fille enfin heureuse.

— Je comprends.

Oui, Joshua comprenait. Après la greffe de rein subie par son propre père, il ne savait que trop bien à quel point la convalescence d’un individu dépendait de l’attitude de ses proches.

Il ferma un bref instant les yeux.
Ces deux dernières semaines avaient représenté un vrai cauchemar et la nouvelle de l’annulation du mariage de Kit avec Blaine n’y avait rien changé.

A présent, après tout ce temps, il se demandait où en était la jeune femme. L’aimait-elle ?
Lui pardonnerait-elle ? Sur les ordres de Cameron, il n’avait pas tenté de la contacter.

— Le bonheur de ma sœur dépend de vous, déclara gravement Cameron en lui serrant la main.

— Je m’y emploierai jusqu’à la fin de mes jours, articula Joshua avec peine.

 
 

 

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ÞÏíã 30-01-10, 02:09 AM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 19
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Rue de la Paix ! Cela fait 2 000 dollars.

— Je ne peux pas le croire ! s’écria Kit en fixant le plateau de Monopoly.

— Ta mère disait toujours que tu avais les poches percées, remarqua Michael O’Brien avec un air victorieux. Allez, tu dois payer !

— Bon, vous avez gagné, père. Vous avez une chance insolente !

— C’est un don du ciel, ma chère fille ! renchérit Michael en riant, tandis que Kit lui servait un verre d’eau.

— J’aimerais bien en avoir seulement le centième…

Kit sourit à son père. Deux semaines et demie après son attaque, Michael O’Brien se portait comme un charme. Il avait pu rentrer à la maison et dirigeait déjà son staff d’infirmières d’une main de fer.

Contrairement à ce que prétendait la presse, il ne semblait nourrir aucune rancune contre Kit. Celle-ci avait d’ailleurs pris ses distances avec tout ce qui n’était pas sa famille, laissant à Cameron le soin de diriger l’entreprise pour pouvoir se consacrer tout entière à son père. Oui, finalement, elle faisait ce que son père avait toujours souhaité. Elle ne sortait pas de la maison…

Et étrangement, elle vivait la situation sans frustration ni colère. Oui, elle se sentait plutôt bien, loin des journalistes, des réceptions, de la foule. En dépit des circonstances à l’origine de son attaque, Michael O’Brien se montrait d’humeur plaisante et ils passaient ensemble des moments merveilleux, faits d’affection et de complicité.

— Tu penses à lui, n’est-ce pas ? demanda soudain le convalescent, rompant le silence.

— Oh, non, pas en cet instant, répondit-elle en croisant son regard. Je pensais à nous.

— Nous ?

— Oui, je réalise que je suis bien avec vous. Et puis, ces moments nous permettent d’apprendre à nous connaître.

— Ah ! Tu vois bien que je ne suis pas un monstre, répliqua Michael avec un sourire triste. Je comprends ce que tu veux dire, Katherine. J’ai été si souvent absent durant toutes ces années. Ta mère disait souvent que tes bêtises n’avaient qu’un but, attirer mon attention.

— Je le crois aussi, acquiesça Kit en rangeant le jeu dans sa boîte.

— Tu as toujours été mon bébé, dit tendrement Michael, et j’ai toujours voulu ce qu’il y avait de mieux pour toi. Mais l’orgueil m’a poussé à croire que nul autre que moi ne pouvait savoir ce qui était bien pour ma fille. Il me semble que le moment est venu de t’en laisser décider.
— Ne vous accablez pas, murmura Kit en lui prenant la main. Vous avez toujours cherché à me protéger, plus encore depuis la disparition de maman. Mais je suis adulte aujourd’hui et, c’est vrai, je sais ce que je veux.

— Serait-ce un moyen détourné de me faire comprendre que tu ne comptes pas épouser Blaine ? demanda son père en souriant.

— Je n’ai jamais voulu épouser Blaine. Je ne l’aime pas et je ne l’ai jamais aimé. C’est plus comme un frère pour moi.

— Alors raconte-moi tout. Est-ce que tu l’aimes ?

— Qui ? s’exclama Kit.

— L’homme de la croisière. Le seul avec lequel tu aies jamais fugué. Joshua Parker.

Kit hésita. Admettre la vérité apaiserait peut-être son chagrin ?

— Oui. Seulement lui, il ne m’aime pas.

— Qu’en sais-tu ?

— Nous nous sommes disputés avant mon départ. Depuis, il n’a pas même essayé de me téléphoner. Et puis…

Kit se tut, le cœur brisé, avant de chuchoter :

— Je l’ai aperçu au bras d’une autre femme…

— Et tu as donc décidé de l’oublier…

— Oui. J’ai essayé de l’appeler une ou deux fois, sans jamais avoir de réponse. C’est sûrement mieux ainsi. Un jour, il m’a dit que nous étions incompatibles, moi, la citadine et lui, le cow-boy. Les contraires s’attirent, mais ne vivent pas ensemble, je suppose…

— Peut-être réussiras-tu à mieux surmonter cette épreuve lorsque tu reprendras ton travail, remarqua Michael.

Kit leva les yeux sur son père, surprise.

— Eh bien voilà, poursuivit Michael, qui respira profondément avant de s’expliquer. J’ai donné à Eléni des instructions pour qu’elle te confie des reportages dès le début de l’année, sur des sujets plus sérieux désormais. Et que tu signes tes articles de ton vrai nom.

— Oh, merci, père…, murmura Kit, stupéfaite.

— Et merci Eléni, renchérit Michael. Elle n’a cessé de me répéter que je la privais de son meilleur élément.

Kit éclata de rire. Elle savait que son père adorait Eléni, mais comprenait que ce n’était pas là la raison de son changement d’attitude.

— Tout va rentrer dans l’ordre, ma chérie, reprit Michael. Fais-moi confiance. Tu sais, avec le temps, tout cicatrise.

— Désolée de vous interrompre, mais c’est l’heure de vos médicaments et de votre toilette, monsieur O’Brien, lança à ce moment l’infirmière d’un ton sans appel en pénétrant dans la chambre.

Kit rit de nouveau en voyant son père faire les gros yeux.

— Je reviendrai un peu plus tard, papa, dit-elle. Et merci.

— Kit ! l’appela son père alors qu’elle se dirigeait vers la porte.

— Oui ?

— Une chose encore. Tu sais combien je t’aime, n’est-ce pas ? Je ne te l’ai jamais dit, mais…

Il se tut. Kit sourit, attendrie par cet homme, son père, si vulnérable, si humain, au fond. Un homme sacrément courageux qui avait su admettre ses erreurs. Et qui lui déclarait aujourd’hui, devant témoin, tout son amour.

— Je sais, papa. Mais merci de me le dire. Je t’aime moi aussi. Et maintenant, écoute l’infirmière, d’accord ?

— Pfft, quel type, ce Joshua Parker ! lança Cameron au moment où Kit pénétrait dans le salon. Il y a un article passionnant dans l’hebdo télé sur La dernière frontière, tu l’as lu ?

Kit ignora l’allusion et alla prendre place sur le canapé. Refermant le magazine, Cameron se servit un scotch, avant de se laisser aller dans le vieux fauteuil en cuir. Puis il porta le verre à ses lèvres et dégusta le breuvage. Il tendit ensuite la main vers un paquet de cigarettes posé sur la table devant lui.

— Cameron ! se récria Kit. Papa est en haut, encore très faible, et toi, tu empoisonnes l’atmosphère ? Il serait furieux s’il savait que tu fumais dans la maison ! Il croit que tu as arrêté !

— J’avais arrêté. J’ai recommencé depuis son attaque, répondit Cameron en allumant sa cigarette. Mais la fumée ne parviendra pas jusqu’à sa chambre. Calme-toi, Kit. Comme tu es nerveuse depuis cette croisière !

— Ces heures d’attente à l’hôpital ont été éprouvantes.

— Une sainte, voilà ce que tu es, s’esclaffa Cameron en lui adressant un clin d’œil. Tu as toujours été plus généreuse que tout le monde, malgré ce que peuvent dire les journaux.

— Je te ferai remarquer que tu es à la une encore plus souvent que moi, répliqua Kit avec un sourire.

Elle se blottit sur le canapé avec un sentiment de bien-être tout relatif. Oui, il s’agissait plutôt d’apaisement. Son entretien avec son père l’avait libérée d’un poids qui l’oppressait depuis des années et elle n’allait pas laisser Cameron gâcher ce moment de sérénité, le premier depuis des semaines.

Son frère écrasa sa cigarette dans le cendrier et la fixa, avec ce sourire moqueur dont il avait le secret.

— J’ai un travail fou en ce moment, dit-il. Un tas de rendez-vous, des réceptions… J’ai besoin d’une jolie fille pour m’accompagner. Une actrice, un top model… Qui sait ? Peut-être Joshua pourrait-il me procurer un nom…

Kit bondit sur ses pieds. En temps normal, elle aurait remis son frère en place, mais en cet instant, elle dut lutter pour retenir ses larmes.

— Allez, assieds-toi, reprit Cameron, manifestement désemparé par sa réaction. Je plaisantais…

Silencieuse, Kit alla se poster devant la baie vitrée. On jouissait d’une vue exceptionnelle sur Central Park, décoré en cette période de l’année de guirlandes multicolores et de banderoles rouge et verte souhaitant à tous de joyeuses fêtes.

Kit n’avait guère la tête à fêter Noël cette année, au point qu’elle en avait même négligé ses traditionnelles soirées de charité.

— Tu as perdu ta langue ? l’interpella Cameron en allumant une nouvelle cigarette.

Elle fusilla son frère du regard et décida d’attaquer pour ne pas avoir à se défendre.

— Bon, que veux-tu savoir, Cameron ? Ce qui s’est exactement passé ? Je l’ai embrassé, point final !

— Allons donc ! chantonna Cameron. Embrassé ? Vous avez passé plusieurs jours et autant de nuits l’un près de l’autre et…

— Et quoi ? Allez, Cameron, fais travailler ton imagination ! le provoqua-t?elle.

— Eh, ne le prends pas comme ça, protesta celui-ci. Je voulais seulement savoir ce que tu éprouvais.

— D’après toi ? Il se promène en ville au bras d’une autre femme alors que moi, je m’efforce de survivre. Voilà, cher frère. Tu es ******* ?

Dans un silence gêné, elle se leva, abandonnant son verre.

— Je dois me préparer, lança-t?elle. Tu aurais pu t’abstenir de vouloir à tout prix m’emmener à ce dîner de charité.

— Je te l’ai dit. J’ai besoin d’une jolie femme à mon bras, répondit Cameron en souriant. Que veux-tu, moi aussi, je suis célibataire…

— Tu as surtout besoin d’une partenaire qui ne t’empêche pas de flirter, répliqua Kit, mordante.

— Un point pour toi ! admit Cameron. Allez, va t’habiller, maintenant.

Une fois dans sa chambre, Kit s’efforça de chasser de son esprit la cause de son désespoir. Sur le fauteuil traînait le Tattler de la veille. Tous les jours, le même supplice recommençait. Encore un papier sur Joshua et sa nouvelle conquête. Encore une plaie saignante sur son cœur déjà meurtri. Y survivrait-elle ?

Au moins, il y avait eu une bonne nouvelle : son père, lui, était en bonne voie de guérison. Et puis, elle était repartie avec lui sur de bonnes bases, entamant une relation prometteuse faite de compréhension et de tolérance.

Après tout, il suffisait d’oublier Joshua, même s’il ne se passait pas un jour sans qu’il fasse la une de la presse à sensation ! Plutôt curieux, pour quelqu’un qui prétendait détester les journalistes…

En réalité, Joshua courait les œuvres de charité, toujours avec la même petite blonde à son bras, se prêtant sans rechigner aux sollicitations des photographes. Les articles n’avaient pas révélé l’identité de sa partenaire, mais à l’évidence, celle-ci était bien plus qu’une simple camarade. On avait vu Joshua embrassant la jeune femme sur la joue, un bras noué à sa taille. Oui, se dit-elle, accablée, il l’avait bel et bien oubliée. Tout était fini. Comme elle avait été sotte, elle qui, un temps, s’était laissée aller à espérer qu’une fois sa colère apaisée, il reviendrait vers elle ! Pas une fois, il n’avait essayé de l’appeler pour prendre au moins des nouvelles de son père. Il l’avait laissée tomber, et c’était définitif.

Kit se mordilla la lèvre. Non, elle ne pleurerait plus. Elle finirait par l’oublier, elle aussi… Enfouissant le visage entre ses mains, elle se laissa tomber sur son lit et ferma les yeux. En vain. L’image de Joshua refusait de la laisser en paix.
— Kit ! Kit ! Réveille-toi !

Déjà revêtu de son smoking, Cameron secoua sa sœur par l’épaule. Des journaux froissés traînaient sur le lit. Kit grogna une protestation, puis le dévisagea.

— Oh, soupira-t?elle en tentant de se recoucher. Vas-y sans moi.

— Pas question, protesta Cameron. Je refuse. Allez, je t’en prie, fais un effort. Cette soirée est prévue depuis des semaines. Et puis, que penseraient les gens ?

— Que toi tu y ailles, c’est important, répliqua-t?elle. Mais moi, personne ne remarquera mon absence.

Comme elle se trompait, songea Cameron, en allumant la lampe de chevet.

— Enfin, Kit ! fit-il mine de se fâcher. Il s’agit de notre fondation. En outre, si tu continues à vivre comme une recluse, les rumeurs ne vont pas tarder et…

— Bon, d’accord…, soupira Kit en se levant.

Au passage, elle fit tomber quelques journaux de son lit, mais ne fit rien pour les ramasser.

Les yeux pleins de larmes, elle regarda son frère. Celui-ci lui souriait tendrement. Il savait à quel point elle était désespérée. Eh bien, ce soir, tout s’arrangerait.

— Allez, dépêche-toi maintenant, déclara-t?il en quittant la chambre.

Il descendit dans le salon et alla vérifier son nœud papillon dans un petit miroir. Le gratin de la ville serait présent au dîner de gala. Mais par-dessus tout, une personne y assisterait. Une sonnerie l’avertit à cet instant de l’ouverture des portes de l’ascenseur privé par lequel l’infirmière faisait descendre son père.

— Alors ? lança aussitôt celui-ci de l’autre bout de la pièce. Elle vient ?

— Elle s’était endormie, mais elle va venir. Cela n’a pas été sans mal pour la décider.

— Oui, mais elle vient, répondit Michael en congédiant l’infirmière d’un geste. Il faut qu’elle t’accompagne. C’est important. Kit a besoin de…

— Kit a besoin de quoi… ? les interpella brusquement l’intéressée en pénétrant dans le salon. De me dépêcher, peut-être ? ajouta-t?elle, souriante, en déposant un baiser sur le front de son père.

— Exactement, mentit Cameron en regardant sa sœur, admiratif. Remarque, ça valait la peine d’attendre. Tu es superbe !

— Entièrement d’accord avec toi, renchérit leur père. Ta mère serait fière. Comme tu lui ressembles…

Kit rougit. Jusqu’au dernier moment, elle avait hésité à revêtir sa robe longue en satin blanc.

— Flatteurs que vous êtes ! s’exclama-t?elle en riant.

— Tu as bien fait de mettre cette robe, remarqua son frère. Le blanc te va très bien.

— J’en ai assez du noir, expliqua Kit. J’ai fait don de toutes mes tenues noires aux œuvres de ce soir. C’est bien mieux ainsi.

Cela avait été un déchirement, mais elle l’avait fait. Oui, elle s’était débarrassée de ses robes de croisière.

— Bien, il faut y aller, à présent, lança Cameron en rompant le lourd silence qui planait soudain sur la pièce.

— Un instant, s’interposa Michael. Euh, Kit… j’ai pensé que ceci serait du meilleur effet pour une soirée de gala. Cameron ?

Intriguée, Kit fronça les sourcils en voyant son père tendre un petit coffret de velours noir à son fils. Avec un sourire de connivence, celui-ci prit l’étui, qu’il ouvrit délicatement sous les yeux de sa sœur. De somptueuses boucles d’oreilles incrustées d’un solitaire, ainsi qu’un sautoir lui aussi orné d’un fabuleux diamant brut étincelaient de mille éclats.

— Je tiens à ce que tu portes ces bijoux ce soir, dit alors son père. Ta mère les adorait, tu te souviens ? Je les lui avais offerts pour nos dix ans de mariage…

Luttant pour contenir ses larmes, Kit parvint à articuler :

— Je ne savais pas. J’avais oublié…

Cameron lui retira le collier qu’elle portait pour le remplacer par le sautoir. Puis il recula et observa sa sœur, avant de se tourner vers son père. Tous deux la dévisagèrent, manifestement satisfaits, tandis qu’avec mille précautions, Kit fixait à ses oreilles les boucles que sa mère avait tant aimées…

— Parfait, dit Michael. Je sens que cette nuit s’annonce sous les meilleurs auspices, Kit. Oui, ce soir, la chance est avec toi.

— Je n’ai jamais eu la moindre chance, père.

— Et alors ? Il y a un début à tout, Katherine. Et puis, tu es divine. Tous les hommes présents à la soirée seront honorés de danser avec toi. Mais ne perdez plus de temps avec votre vieux père, mes enfants. Disparaissez !

Cameron et Kit se dirigèrent vers la porte, tandis que leur père se hâtait vers son bureau.

— Oh, Kit, une chose encore ! l’interpella-t?il en faisant volte-face.

Kit tourna vers lui un regard interrogateur.

— Fais-moi plaisir, reprit son père. Sois raisonnable.

Et Michael disparut, la laissant perplexe. Raisonnable ? Que voulait-il dire par là ? Et pourquoi ce soir, précisément ?

 
 

 

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chapitre 13


Kit fut bientôt forcée d’admettre que cette soirée de gala n’avait somme toute rien de déplaisant. Le dîner lui-même avait été délicieux.

— Bientôt l’heure de la vente aux enchères, lança Eléni, tout excitée. Je suis si heureuse que tu sois finalement venue, Kit. N’oublie pas de te montrer généreuse, d’accord ? Je compte sur toi.

— Euh… ?

— D’autant qu’il y a des pièces exceptionnelles ce soir, renchérit Cameron, tout en consultant le programme des ventes. Tenues de soirées et bijoux de stars, photographies dédicacées, toiles de maître et… regarde-moi ça ! s’exclama-t?il soudain avec euphorie, le script d’un épisode de La dernière frontière signé de l’auteur lui-même, un don fait par un certain Mark Cooper… Oui, c’est la signature de Joshua Parker ! Extraordinaire ! Je crois que je vais te l’offrir, Kit !

— Oh, je t’en prie, Cameron ! répliqua celle-ci en se levant brusquement de table. Eléni, attends-moi !

Elle emboîta le pas à sa rédactrice en chef, qui s’était déjà éloignée pour aider aux ultimes préparatifs de la vente aux enchères. Eléni s’était comme tous les ans investie sans compter dans l’organisation de la soirée.
Eléni et Kit rejoignirent Larry, le maître de cérémonie. Fébrile, celui-ci examina une dernière fois les pièces qu’il devait présenter à l’assistance, avant de monter sur l’estrade. Les applaudissements fusèrent et la vente commença.

Kit se figea quand Eléni lui tendit la première pièce. Sa petite robe noire. Elle se mit à trembler, submergée par les souvenirs. Nuit magique, si pleine d’espoir alors… Bah, au moins, c’est pour la bonne cause ! se dit-elle, amère.

— Une robe de soirée somptueuse, signée d’un grand couturier italien ! annonça Larry. Un don de Kit O’Brien ! Mise à prix…

— 5 000 dollars, si elle la porte ! lança alors une voix dans l’assistance.

— Pardon ? demanda Larry, un instant déstabilisé.

Kit observa la salle et aperçut l’homme qui venait de parler. L’inconnu se tenait près de la sortie, revêtu comme les autres invités mâles d’un smoking.

— Je ferai don de 5 000 dollars au centre pour la recherche contre le cancer si elle accepte de la revêtir, répéta l’homme d’une voix claire et ferme.

Larry se tourna vers Kit, qui tenait toujours sa petite robe noire, et la jeune femme fronça les sourcils. Cette voix lui était inconnue, mais… Et si… ? La gorge serrée, elle se moqua d’elle-même. Non, ce n’était pas Joshua. Pourquoi se serait-il trouvé là, d’ailleurs ?

— Kit ? chuchota Eléni. Tu as entendu ? 5 000 dollars ! Je t’en prie ! Mets-la ! Il le faut !

Sceptique, Kit regarda la robe. Elle n’avait aucune envie de la porter. Mais pour 5 000 dollars, elle pouvait bien faire un petit effort…

— Bon, d’accord, se résigna-t?elle. Je vais me changer.

— Et voilà, chers amis ! enchaîna Larry. La mise à prix de cette robe est de 5 000 dollars. Nous reviendrons sur cet article sitôt que Kit sera prête ! Passons à la pièce suivante, si vous le voulez bien, avec le collier de…

En coulisse, Kit se hâta de se changer, tandis qu’Eléni s’interrogeait à voix haute :

— Je me demande qui est cet homme… Cooper, ou quelque chose comme ça. Cela ne me dit rien.

Kit soupira. Pourquoi ce sentiment de déception mêlé de soulagement ? Ce ne pouvait être Joshua. Il n’avait aucune raison de se trouver là ! Oh, bien sûr, un script original de La dernière frontière faisait partie de la vente aux enchères, mais cela ne justifiait pas qu’il fût présent à la soirée. D’autant qu’il devait savoir qu’elle s’y trouverait. Non, elle ne devait pas oublier qu’il l’avait plaquée. Définitivement plaquée.

Et dire qu’elle était tombée amoureuse de lui ! Ensemble, ils auraient pu… Mais non, tout était fini entre eux.

Serrant les dents, Kit s’efforça de se détendre. Un lavage de cerveau, voilà ce dont elle avait besoin. Non, je ne l’aime pas, se dit-elle rageusement. J’en ai fini avec lui. Je me moque qu’il ne réponde pas quand je téléphone à la ferme. J’ai ma fierté, après tout. Joshua ne mérite pas…

— Oui ? s’exclama-t?elle soudain. Tu disais, Eléni ?

— Je disais qu’il était temps d’y retourner.

Kit se regarda dans le miroir. Oui, s’encouragea-t?elle, il est temps de reprendre ma vie en main.

— Je suis prête, Eléni. Et je te jure que cette satanée robe va rapporter 5 000 dollars !

Et elle se rua hors des coulisses pour monter sur l’estrade.



— Et voici Kit O’Brien, revêtue de sa magnifique robe ! lança Larry en l’accueillant. Qu’en pensez-vous, chers amis ? A présent, nous vous proposons un rendez-vous avec notre superbe Kit O’Brien contre votre générosité…

— Larry ! s’exclama Kit, stupéfaite. Mais que racontez-vous là ?

Larry s’excusa auprès de l’assistance et se tourna vers elle :

— Mais enfin, Kit, c’est bien ce qui a été convenu il y a quelques semaines !

Bon sang, oui, réalisa-t?elle alors. Il y avait une éternité de cela, alors que tout le bureau de soutien à la recherche contre le cancer réfléchissait au moyen de faire grimper les enchères, elle avait eu l’idée saugrenue de s’offrir pour une sortie contre la générosité d’un donateur. Une idée contre laquelle son père, mis au courant, s’était bien entendu opposé sans que cela n’arrête la jeune femme.

Aujourd’hui toutefois, les choses avaient changé. Elle-même avait changé, elle n’était plus dans le même état d’esprit.

— Mais oui, Kit, renchérit Eléni. Tu l’avais promis…

— Oh, mais… Non, je ne peux pas. C’est impossible…

— Ce qui est impossible, c’est de reculer maintenant, protesta Larry. Mesdames et messieurs ! lança-t?il en s’éloignant. Une soirée au bras de Kit O’Brien ! A combien démarrent les enchères ?

Quelques sifflets fusèrent dans la salle et quelqu’un s’écria :

— Moi, je lui lègue ma fortune !

Les invités éclatèrent de rire et Kit rit à son tour, reprenant confiance. Après tout, elle n’avait jamais eu pour habitude de revenir sur sa parole ou sur ses engagements. Et puis, si cela pouvait aider à la cause… Lentement, elle s’avança sur la scène et, faisant taire les rires et les cris, déclara :

— Vous le savez, la recherche contre le cancer est importante pour moi. Maman est décédée de cette terrible maladie, et je compte donc sur votre générosité. Car sachez-le, messieurs, je ne suis pas bon marché…

— Et pourquoi pas deux rendez-vous pour le prix d’un ? suggéra alors une voix amicale.

— Non, Blaine, répondit Kit en saluant son ami. N’insiste pas !

Blaine s’était montré compréhensif et très gentil avec elle lorsqu’elle lui avait expliqué qu’il n’y aurait jamais le moindre mariage entre eux. D’ailleurs, il semblait déjà s’être consolé avec cette brune qui l’accompagnait ce soir encore. Une jolie jeune femme, qui parut néanmoins un instant déstabilisée par la réflexion de son cavalier.

Il y eut de nouveaux rires et des réflexions plus ou moins délicates fusèrent avant que Larry parvienne à obtenir le silence. Les enchères commencèrent et bien vite, la somme de 5 000 dollars fut atteinte, à la grande joie de Kit.
Un groupe de messieurs se disputa un moment, surenchérissant à coups de 500 dollars. Kit ne tarda pas à perdre le fil de la négociation, emportée par ses pensées. Que lui importait d’être achetée par l’un ou par l’autre ? Après Joshua Parker, plus rien ne comptait.
— 10 000 !

Un murmure parcourut la salle. S’arrachant à ses pensées, Kit se tourna vers la porte de sortie, à l’endroit même d’où s’était élevée la voix. Sans doute le même homme qui, un moment plus tôt, avait proposé d’acheter sa robe noire 5 000 dollars si elle acceptait de la porter…

Soudain, elle sentit son sang se glacer dans ses veines. Oui, l’enchère venait effectivement d’être lancée par le même homme. Mais c’était la personne qui se tenait à sa droite qui attira son attention. Un homme qui ressemblait d’ailleurs vaguement à son voisin. Un homme qu’elle connaissait. Intimement. Joshua !

Soudain prise de vertiges, elle resta pétrifiée, tandis que Larry annonçait :

— Adjugée pour 10 000 dollars au numéro 2045 !

Kit quitta précipitamment la scène et courut dans les coulisses. Se ruant dans l’une des cabines d’essayage, elle ferma la porte derrière elle et tenta de recouvrer son souffle.

— Kit ? appela Eléni à travers la porte. Tout va bien ?

— Bien sûr, répliqua Kit en la laissant entrer, avant de s’écrouler sur une chaise. Je viens juste de me prostituer. Devant Joshua ! Que fait-il ici ?

— Oh, Kit, je t’en prie ! Pense à la réussite de cette soirée ! Nous avons déjà récolté deux millions de dollars ! C’est fantastique ! Inespéré ! Et ceci, en partie grâce à toi !

— Oui, bien sûr…, marmonna Kit.

Oui, elle pouvait se féliciter d’avoir été à l’origine de l’enchère la plus importante de cette soirée. Mais… Joshua devait être choqué qu’elle ait osé se vendre ainsi. Trop heureuse de faire parler d’elle ! Oui, voilà ce qu’il devait se dire ! Alors qu’elle ne voulait pas — ne voulait plus— se prêter à ce petit jeu !


— Oui ? fit-elle en s’apercevant qu’Eléni avait parlé et attendait une réponse.

— Tu es toujours dans la lune, décidément ! Tu devrais aller te rhabiller. Ce gentleman a payé et il doit certainement t’attendre !

— Je m’en moque, soupira-t?elle.

Après tout, ne l’avait-il pas laissée tomber sans lui accorder la moindre chance de s’expliquer ? Elle finit par se lever néanmoins et, pressée par Eléni, accepta de se changer. Elle revêtit sa robe longue en satin blanc, abandonnant la noire sur le dos d’une chaise. Puis, devant le miroir, rêveuse, elle ajusta le sautoir que lui avait offert son père et vérifia l’éclat des boucles d’oreilles.

Inspirant profondément, elle décocha un sourire confiant à son reflet. Elle était Kit O’Brien, après tout ! La gorge nouée, elle passa une main tremblante dans ses cheveux, puis sortit enfin d’un pas décidé.

Joshua regarda Kit se frayer un passage à travers la foule des invités, qui bavardaient gaiement depuis la fin des enchères. Il sourit. La jeune femme s’était arrêtée au bar pour demander un verre de vin.
Il but une gorgée d’eau, satisfait. Jusqu’ici, tout se déroulait comme prévu. Oui, Cameron avait vu juste. Kit avait finalement accepté d’assister à cette soirée de gala. Et avec quelle distinction teintée d’orgueil elle avait su jouer son rôle ! Tout ça par pur esprit de générosité, pour la cause qu’elle défendait avec tant d’énergie depuis le décès de sa mère. Oui, il était fier d’elle. Et comme il avait dû se faire violence pour garder le silence, tandis qu’elle rayonnait sur la scène dans cette robe sublime, offerte à la convoitise des mâles subjugués par sa beauté. Un vrai supplice pour lui. Mais Cameron avait insisté pour qu’il reste dans l’ombre.

Et c’était Mark qui avait reçu mission de faire grimper les enchères. Quelle idée excellente son frère avait-il eu d’exiger que Kit passe la petite robe noire ! Jamais lui-même ne l’aurait eue. Joshua rit sous cape en portant le verre à ses lèvres. Lorsqu’il avait vu Kit dans cette robe, son cœur avait cessé de battre ; le souvenir de ces instants passés auprès d’elle l’avait un instant terrassé. Oui, cette nuit-là, ils avaient fait l’amour. Cette nuit-là, il avait su qu’il l’aimait. Qu’il l’aimait vraiment. Qu’elle était la femme qu’il attendait depuis toujours.

Eprouvait-elle les mêmes sentiments pour lui ? Parviendrait-il à la convaincre de partager sa vie ?
Joshua avait besoin de Kit, besoin d’elle pour continuer à exister. Chassant ses angoisses et ses doutes, il inspira profondément. L’heure était venue.

Avec un sourire rigide destiné à cacher son désarroi, Kit s’approcha de l’homme qui l’avait achetée aux enchères.

— Ah, voilà notre très chère Kit O’Brien ! lui dit gaiement l’inconnu.

Kit soutint son regard. Il avait de beaux yeux, moins profonds néanmoins que ceux de Joshua. Et ce sourire ! Un peu fade à côté de celui, chaud et voluptueux, de Joshua. Mais cet homme avait payé et elle avait le devoir de se montrer au moins aimable. Elle lui adressa un sourire.

— J’ai beaucoup entendu parler de vous, mademoiselle. Je ne crois pas regretter ma… euh… ma mise. Vous devez être une femme remarquable. Je suis enchanté à l’idée de mieux vous connaître.

— Je suis une femme comme les autres, rien de plus, répondit Kit sans se départir de son sourire.

— Je suis certain que non, contra l’homme, l’air mystérieux. Heureux de cette rencontre. Et à bientôt, j’espère…

— Puis-je avoir l’honneur de connaître votre nom ? demanda Kit, intriguée par cet étrange comportement.

— Oh, peu importe ! répondit son interlocuteur en riant. Nous aurons tout le temps de faire connaissance…

— Je ne vois pas pourquoi…, commença Kit.

— Mon chéri, cesse de la taquiner ainsi ! protesta à cet instant une voix féminine enjouée dans son dos. Tu as parfaitement joué ton rôle. Il est temps de conclure maintenant.

Kit se tourna et aperçut la blonde des tabloïds venir vers eux. La seconde suivante, la jeune femme enlaçait amoureusement l’inconnu. A la fois révoltée et stupéfaite, Kit comprit que Joshua avait été évincé et que la blonde avait jeté son dévolu sur l’homme qui venait de l’acheter, elle, par un don mirobolant. Mais à quoi tout cela rimait-il ? Et qui était cette femme ?

— Comme tu voudras, ma chérie, dit l’inconnu en déposant un baiser sur la joue de la nouvelle venue.

Puis il se tourna vers Kit, qu’il fixa un moment, avant de prendre la parole.

— Je suis Mark, dit-il. Et cette femme délicieuse est mon épouse adorée, Donna.

— Flatteur, lança la blonde.

— Votre épouse ? répéta Kit, sur ses gardes.

— Je suis heureuse de vous rencontrer enfin, Kit, dit la jeune femme en lui tendant la main. Mark vous a taquinée. Il adore plaisanter. Nous ne pouvions pas le priver de ce rôle…

Désemparée, Kit se trouvait en proie à la plus totale confusion. Mais que faisait Joshua avec une femme mariée ? Et cet homme était-il au courant du double jeu de son épouse ? Enfin, pourquoi ce mari apparemment amoureux avait-il tenu à l’acheter, elle ?

— Je ne comprends pas…

En cet instant, elle eut néanmoins la vague intuition que les choses allaient vite s’éclaircir. Un long frisson la parcourut quand elle sentit Joshua approcher derrière elle.

— Bonsoir, Kit. Heureux de vous revoir.

Elle se sentit défaillir sous l’effet de ces mots murmurés à son oreille. Au prix d’un effort surhumain, elle se tourna vers lui.

— Ne dites rien, reprit Joshua en lui saisissant le bras pour l’empêcher de fuir.

Telle une somnambule, elle ne réagit pas lorsqu’il l’entraîna vers la piste de danse. Puis, brusquement, elle s’immobilisa au milieu de la foule des invités.

— Je vous demande de me lâcher, déclara-t?elle d’une voix ferme en cherchant à s’arracher à son emprise. Je dois aller saluer des amis.

— Non, je refuse, répliqua Joshua avec un sourire en lui enlaçant la taille. Je vous signale que je vous ai achetée. Et j’ai droit à mon rendez-vous. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient…

— Je ne vois que cela, répondit-elle tandis que déjà, il la faisait tournoyer au rythme d’une valse viennoise.

— Dommage. Vous vous êtes vendue et je vous ai achetée. Le marché est conclu. Et j’ai trop attendu ce moment.

Joshua posa les mains sur le dos de la jeune femme, qui retint un gémissement au contact des doigts sur sa peau. Elle devait garder le contrôle, ne pas céder au trouble qui l’envahissait. Et tant pis si son corps avait faim de cet homme, son esprit lui ordonnerait de résister. Elle ne céderait pas. Elle en avait fini avec lui. Elle ne voulait plus souffrir.

— Ce n’est pas une bonne idée, lâcha-t?elle. Tout est fini entre nous.

— Cela reste à démontrer, contra Joshua en resserrant son étreinte. Mais j’y pense, trouvez-vous que mon demi-frère me ressemble ?

— Votre demi-frère ?

Brusquement, tout s’éclaircit. Oui, son demi-frère. Et cette blonde était sa belle-sœur, bien sûr !

— Mon demi-frère, répéta Joshua. Mark. Financier à Wall Street et ami de votre propre frère.

— Bien sûr.

Kit remit mentalement en place tous les éléments du puzzle. Evidemment ! Elle aurait dû se douter que Cameron se trouvait derrière tout ça.

Elle regarda Joshua. Certes, il n’était pas sorti avec une autre femme, mais cela n’excusait en rien son attitude. Car il l’avait abandonnée sans ménagement et sans jamais tenter de l’appeler.

Non ! Elle se raidit et serra les poings. Pas question de se laisser aller à lui caresser les cheveux. Cheveux qu’il avait d’ailleurs fait couper court, sans rien perdre de son charme, convint-elle. Non, elle ne le toucherait pas.

Troublée par les sensations qu’éveillait en elle la proximité du corps masculin, elle songea qu’elle ferait bien mieux de battre en retraite. De le fuir. De rester en colère contre lui, et non de se laisser une nouvelle fois piéger par le désir.

— Ecoutez, Joshua, peu importe que vous ayez payé ou non. Vous ne pouvez pas débarquer ainsi et attendre de moi que je vous saute au cou après tout ce que vous m’avez dit ! Pour qui me prenez-vous ?

— Souvenez-vous des circonstances, Kit, répondit Joshua, l’air grave. Vous m’avez menti, certes par omission, mais menti tout de même.

Kit baissa les yeux. Elle avait conscience de l’avoir trahi. Mais lors de leur dispute à la ferme, il n’avait rien voulu entendre. Elle n’avait pu s’expliquer. Il n’imaginait pas combien elle avait souffert de ce rejet, non, il ne l’imaginait pas.

— Je me suis excusée, dit-elle. De toute façon, comme vous l’avez si bien dit à la ferme, nous n’avons plus rien à faire ensemble. Je pense que vous aviez raison…

— Et moi, je sais que je me trompais, répliqua-t?il sur un ton sans appel en la serrant contre lui. Mais vous avez un engagement à respecter, Kit. J’ai payé. Vous êtes à moi.

Sans rien rajouter, il dansa un moment, les yeux plongés dans ceux de sa partenaire, avant de murmurer :

— Faisons comme si tout recommençait, Kit. Par une danse.

Elle tressaillit tandis qu’il se plaquait contre elle, éveillant dans sa chair une soif douloureuse et brûlante, embrasant violemment tous ses sens.

— Je vous restituerai votre enchère. Le double, même, proposa-t?elle en désespoir de cause.
— Je ne veux pas d’argent, Kit. C’est vous que je veux, vous.

A ces mots, elle se sentit près de défaillir, de céder aux exigences de son corps. S’arrachant malgré tout aux bras qui l’enserraient, elle quitta la piste de danse et se dirigea vers sa table. Vite, elle devait trouver Cameron et le supplier de la ramener à la maison.

Fendant la foule, elle aperçut enfin son frère, en grande discussion avec une superbe jeune femme.

— Kit, sourit Cameron en la voyant approcher, je te présente Emily !

— Enchantée, marmonna Kit. Cameron, je veux rentrer.

— Assieds-toi, Kit, ordonna son frère en l’observant. Il n’y a pas d’urgence, que je sache !

— Si ! Je veux rentrer ! Tout de suite !

— Ne partez surtout pas sans ça !

Kit sursauta et fit volte-face. Joshua se tenait devant elle, la robe noire sur le bras.

— Vous pouvez la garder ! répliqua-t?elle. Je ne la porterai plus.

Joshua se pencha et lui déposa la robe entre les mains en chuchotant à son oreille :

— Vous la porterez, Kit. Pour moi.

Elle recula vivement et jeta la robe sur la table. Comment osait-il ?

— Vous rêvez ! Comme je vous l’ai dit il y a une minute, je crois que nous devons en rester là. Adieu !

— Je ne bougerai pas d’ici, Kit !

Pestant intérieurement, elle regarda son frère, qui l’ignora superbement et reprit sa discussion avec sa nouvelle conquête.

L’espace de quelques secondes, Joshua fut tenté de renoncer. Il avait écouté les conseils de Cameron et patienté jusqu’à ce soir pour essayer de la reconquérir. Puis, sur la piste de danse, il lui avait avoué avoir besoin d’elle. Oui, pour elle, il avait ravalé sa fierté. Mais après tout, peut-être n’en avait-il pas fait assez ? Ou bien… Oui, ou bien, elle ne voulait tout simplement plus de lui !

Il inspira profondément, hésitant. Tourner le dos et disparaître de la vie de cette femme ? Non, il ne pouvait s’y résigner. Il avait déjà commis une erreur une première fois. Et Kit s’était battue pour le ramener à la raison, de toutes ses forces et avec tout son cœur. Non, aujourd’hui, c’était à lui de se battre.

— Kit, déclara-t?il d’une voix ferme, je ne sortirai pas d’ici sans vous. Nous appartenons l’un à l’autre.

— Mais revenez sur terre ! répliqua-t?elle, cruelle. Trois semaines sans nouvelles, et vous réapparaissez. Et après une valse ou deux, vous espérez que je vais tomber dans vos bras !
Mon Dieu, comme elle aimait cet homme et qu’il lui coûtait de prétendre le contraire alors que tout en elle aspirait à baisser les armes !

— Oui, je sais, répondit Joshua avec un sourire.

Oh, ce sourire, comme elle le détestait en cet instant ! Et allait-elle lui reprocher de rêver, elle que les cauchemars hantaient depuis leur séparation ? Il était tout ce qu’elle désirait. Et il le savait ! Il attendait, simplement. Telle était la vérité. Leur vérité.

Eh bien, non, elle n’était pas d’humeur à admettre cette vérité-là ! Et sa fierté, alors ?

Saisissant brusquement un verre qui gisait sur la table, aveuglée par la colère, elle le brandit face à Joshua. Il la fixa, sans broncher.

— Vous savez, Joshua, vous devriez vous trouver quelqu’un d’autre, siffla-t?elle.

Ce fut à cet instant qu’elle réalisa que les gens autour d’eux avaient interrompu leurs conversations. Tous regardaient dans sa direction. Levant le verre, elle le lança alors sans plus réfléchir sur le smoking de Joshua, qu’elle toisa ensuite, le menton fièrement levé.

Des murmures parcoururent la salle, qu’elle n’entendit même pas. Les gens s’éloignèrent discrètement, si bien que tous deux se retrouvèrent bientôt face à face dans une espèce de no man’s land. Joshua la fixait et elle le fixait en retour.

Tandis que des gouttes d’eau dévalaient le long du smoking, il conservait un calme olympien. Ce qui eut le don de décupler la colère de Kit. Celle-ci serra les poings, prête à en découdre.

Joshua sourit. Elle était merveilleuse, plus belle qu’aucune des autres femmes qu’il avait pu rencontrer. Et la vie auprès d’elle promettait d’être riche et intense.

Mais pour l’heure, ils avaient besoin de parler, d’analyser leurs sentiments. Calmement et sans témoin. Pour cela, l’endroit était plutôt mal choisi.

— Je crois que cela va faire le délice des tabloïds, déclara-t?il en désignant son smoking.

Kit haussa les épaules sans rien dire. Soutenant son regard, elle tressaillit quand il fit un pas vers elle.

— Je me moque des journalistes et de leurs commentaires, reprit-il. N’avons-nous pas une autre histoire à écrire tous les deux, Kit ?

Incapable de faire un geste, Kit sut à cet instant qu’elle était vaincue. Joshua s’approcha encore pour la soulever de terre et l’emporta ainsi, blottie entre ses bras fermes et puissants, presque inconsciente.

 
 

 

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