chapitre 12
Pendant longtemps, trop longtemps, j’ai vécu dans le mensonge. Je veux être quelqu’un d’autre.
Alex ne savait pas quel type de fantasme Meghan était en train de réaliser, mais elle avait mal choisi son moment — et son public. Il inspira lentement, dégageant le poids qui lui comprimait la poitrine.
Ramos était apparemment intrigué. Il avait capturé la main de Meghan dans la sienne, et ses yeux brillaient d’un éclat reptilien.
— Sa maîtresse ? Vous ne manquez pas d’audace de l’admettre ainsi.
— L’audace fait partie de mon métier.
Elle reprit sa main avec l’air de quelqu’un sachant monnayer son sex-appeal.
Alex contracta ses muscles de façon à s’empêcher de trembler. Elle essayait de se frotter à un monde que lui-même avait du mal à comprendre. Et il ne pouvait rien faire pour l’arrêter.
Ramos la jaugeait toujours.
— Votre métier ? De quoi s’agit-il exactement, mademoiselle ?
— Maîtresse avec un grand M. J’aide Nicky à résoudre un petit problème de discipline.
Elle lui lança un regard entendu qui ne laissait planer aucun doute sur la nature du problème en question. Ramos s’esclaffa. Pris de court, Alex imagina « Elise » vêtue de cuir et de clous. Et à en juger par l’expression de Ramos, leurs pensées avaient pris le même chemin.
Attends un peu que nous nous retrouvions seul à seul, Beauté fatale.
Après un coup pareil, c’était elle qui aurait un petit problème de discipline à régler. En attendant, il fallait qu’il reprenne les rênes.
— Au sujet de vos investissements, Señor Ramos…
Ce dernier l’ignora. Son regard caressait le corps de Meghan d’une façon qui lui donnait envie de le réduire en charpie.
— J’occupe l’une des suites à l’étage. Peut-être me rejoindrez-vous…
— Non, l’interrompit Alex d’un ton sans réplique.
La cicatrice à sa tempe pulsait méchamment. Pas question de laisser ce salopard s’approcher de Meghan !
Elle secoua la tête avec emphase.
— Désolée. Pour les partouzes, je demande qu’un acompte me soit versé quarante-huit heures à l’avance.
Alex étouffa un petit rire de surprise. Bon sang, quelle femme ! Il devait reconnaître qu’elle le bluffait, avec son air blasé, comme si elle avait déjà tout vécu. S’il n’était pas autant en colère, il l’aurait même admirée.
Ramos lui jeta un coup d’œil dédaigneux.
— Mon offre n’incluait pas M. Alexander. Je suis sûr que son petit problème sera vite réglé.
Une insulte à peine déguisée concernant sa virilité. En guise de réponse, Alex émit un petit ricanement. Meghan lui donna un coup de pied dans le tibia de peur qu’il n’aille plus loin.
— Je vais consulter mon agenda et je vous appellerai, proposa-t?elle à Ramos.
Se penchant vers elle, ce dernier lui chuchota quelques mots à l’oreille. Alex était trop loin pour entendre ce qu’il lui disait et trop près pour ne pas remarquer que son regard s’attardait dans son décolleté.
Elle eut une moue condescendante.
— C’est une demande assez courante, bien que peu d’hommes de votre réputation osent la formuler.
Ramos plissa les paupières et se raidit.
— Qu’est-ce que M. Alexander vous a dit à mon sujet ?
— Nicky et moi n’avons pas eu le temps de parler de vous, Frankie, fit-elle observer avant de boire une gorgée de vin. Mais je suis sûre que tout ce qu’on raconte est vrai.
Cette fois, c’est Alex qui lui donna un petit coup de pied dans le tibia afin de la faire taire.
Ramos inclina la tête en réponse à ce qui pouvait passer pour un compliment. Puis il indiqua d’un hochement de tête la table où l’attendait Vivian.
— Je suis en train de négliger ma compagne. Vous joindrez-vous à nous pour le dessert ?
Meghan jeta un regard malicieux à Alex de l’autre côté de la table. Elle posa l’index sur sa lèvre inférieure qu’elle tordit en un petit mouvement suggestif.
— Nous avons déjà des projets pour le dessert, n’est-ce pas, mon chou ?
Devant la sexualité qui émanait d’elle, il sentit son corps réagir aussitôt. Cependant, ses projets attendraient qu’il ait fini de lui passer un savon. Comment avait-elle pu se jeter au-devant du danger comme cela ?
— Une autre fois, Señor Ramos, si ça ne vous ennuie pas. Mais j’aimerais quand même vous retrouver demain pour discuter affaires.
Autant prêcher dans le désert, songea-t?il. Ramos restait entièrement focalisé sur Meghan.
— J’ai organisé une petite fête au casino du club vendredi soir. Je serais ravi de vous y retrouver, Elise.
— Hmm… Ce sera sûrement une soirée très intéressante, commenta-t?elle en hochant la tête comme s’il allait de soi qu’elle était invitée. Nous viendrons, n’est-ce pas, Nicky ?
Son ton ne souffrait pas la discussion. Alex masqua son amusement derrière un masque de soumission.
— Vos désirs sont des ordres, Maîtresse.
Ramos laissa échapper un petit ricanement de mépris.
— Un homme, un vrai, ne se conduirait pas ainsi en public.
Meghan se mit à rire, une cascade cristalline qui se termina en un soupir langoureux.
— Nicky est un homme, un vrai. Il a su accaparer mon intérêt ces derniers jours. Et je ne le fais même pas payer…
Elle commençait à aller trop loin. Il devait reprendre le contrôle de la situation. Le problème, c’est qu’il était littéralement fasciné par sa prestation. Comme Ramos, d’ailleurs, qui ne lui accordait plus la moindre attention…
Il plissa les paupières en le voyant effleurer le bras de Meghan du bout des doigts, puis poser sa main sur son épaule nue.
— Vous ne savez pas ce qu’est un homme, un vrai, tant que vous ne m’avez pas connu.
Elle lui lança un regard aussi coupant que le verre.
— Je ne vous ai pas donné la permission de me toucher, s’exclama-t?elle d’une voix tranchante. Si nous faisons affaire ensemble, il vaudra mieux que vous suiviez mes instructions à la lettre.
Nom de Dieu !
Alex sentit l’air grésiller autour d’eux et serra les poings devant la soudaine lividité de Ramos. Connaissant sa réputation de caractériel, il s’attendait au pire. La peur lui donnait des petits coups de poignard dans la poitrine. « Elise » et sa grande bouche allaient avoir leur peau à tous les deux.
C’est alors qu’elle lui adressa un petit clin d’œil. Incroyable : elle s’amusait ! Il était écartelé entre l’envie irrépressible de l’embrasser et la hâte de lui remonter les bretelles.
Rougissant, Ramos retira sa main, mais ses yeux étincelèrent d’excitation.
— J’attends vendredi avec impatience, alors.
Sur ces mots, il s’éloigna. Alex attendit que son cœur reprenne un rythme normal et que sa colère se soit calmée pour reprendre la parole.
— Meghan, tu as perdu la tête ? bougonna-t?il, la mâchoire contractée.
Elle rejeta la tête en arrière avec un sourire triomphant.
— Je me suis bien débrouillée et tu le sais.
— Tu étais supposée attendre en silence que j’en aie fini avec lui, répliqua-t?il en terminant son verre d’un trait. Allez, on rentre, Beauté fatale.
Elle envoya balader ses sandales et se mit à arpenter le salon, trop agitée pour écrire dans son journal. Elle ne savait pas ce qui lui avait pris, mais Dieu qu’elle s’était sentie bien ! Elle planait et n’avait pas la moindre intention d’atterrir.
L’adrénaline qui courait dans ses veines était meilleure que n’importe quelle drogue. Et elle se sentait excitée comme jamais. Nick lui avait demandé de l’attendre pendant qu’il joignait son supérieur, mais elle ne pourrait pas l’attendre encore bien longtemps. A peine franchirait-il le seuil qu’elle se jetterait sur lui.
Où est-il, où est-il, où est-il ?
Passant devant la baie vitrée, elle aperçut son propre reflet. Le visage empourpré, elle avait les pupilles dilatées, et les pointes de ses seins se dressaient sous le fin tissu de sa robe.
Oh là là… Je suis en train de me consumer. Où est-il ?
Quand on frappa un coup sec à la porte, elle se précipita dans l’entrée pour ouvrir. Nick passa devant elle sans la regarder et se dirigea vers le salon d’un pas pressé. Elle eut quand même le temps d’apercevoir son visage, frémissant de colère et de désir ardent.
Elle se concentrerait sur le désir ardent.
Se jetant à sa poursuite, elle laissa échapper un gémissement et se colla contre lui. Elle l’embrassa comme une affamée, submergée par un désir instinctif.
— Il faut qu’on parle, décida-t?il.
— Après.
— Non. Maintenant. Cette petite comédie que tu nous as jouée ce soir… Tu as presque réussi à me faire croire que tu étais une dominatrice.
Elle éclata de rire, la tête penchée en signe d’invitation.
— Sors tes menottes et tu y croiras vraiment.
Elle reprit aussitôt possession de sa bouche et fit glisser ses mains jusqu’à la boucle de sa ceinture. Les lèvres collées aux siennes, elle sentit contre son ventre la preuve de son excitation. Mais il la repoussa avec un soupir sonore.
— Déshabille-toi et prends-moi comme une bête, murmura-t?elle en se frottant contre sa braguette. J’ai salement envie de toi.
L’espace d’une seconde, le désir enflamma ses yeux verts. Pourtant, il s’écarta d’un pas et fronça les sourcils.
— Il faut vraiment qu’on parle.
— Arrrrrg… Maintenant ?
— Tu as pris des risques insensés, ce soir, Beauté fatale. J’aurais pourtant juré t’avoir demandé de la fermer.
Bon, bon. La passion attendrait quelques minutes encore. Impatiente, elle se remit à faire les cent pas. Elle se repassa le film de la soirée, et la fameuse scène du restaurant, avec une joie intense.
— Je t’assure que je voulais me taire. Mais ça m’est venu d’un coup. Et ça a marché ! Ramos y a cru. Il a gobé chacune de mes paroles.
— Oui, eh bien ! il ne les gobera plus, Maîtresse Elise, rétorqua Nick. Ton heure de gloire est terminée.
— Mais il nous a invités au casino vendredi ! Tu n’as jamais approché Ramos d’aussi près, et c’est grâce à moi.
Il l’attrapa par le coude quand elle passa devant lui.
— Je veux bien admettre que ton personnage a parfaitement servi à établir ma couverture aux yeux de Ramos. Et ne crois pas que je ne t’en sois pas reconnaissant. Mais tu nous as fait courir un risque énorme. Tu as joué…
— Et j’ai gagné ! le coupa-t?elle, ravie de sa prestation. Car c’est de ça qu’il s’agit, n’est-ce pas ? Se mesurer à l’adversaire et sortir la tête haute. C’est ça qui est drôle et excitant. Parce qu’on ne peut jamais être sûr à cent pour cent d’avoir gagné.
— Là, c’est l’adrénaline qui parle. Pas la femme qui m’a confié détester les flics parce que c’étaient des accros au danger.
Il la lâcha, le temps de retirer sa veste de sport qu’il jeta sur un fauteuil. Meghan se rembrunit. Sous les paroles de Nick, la réalité s’était brutalement imposée à elle. Kyle. Comment avait-elle pu oublier ? Elle s’était juré de ne jamais approcher de près ou de loin un représentant de l’ordre public et voilà qu’elle se mettait à jouer les Mata Hari. Qu’est-ce qu’il lui avait pris ? Elle avait failli faire capoter toute l’enquête sur Ramos et Braga.
— Crois-moi, ma chérie, je sais ce que tu ressens. Il n’y a rien de tel que ce mélange irrésistible de peur et d’excitation coulant dans tes veines. Moi aussi, j’y étais accro depuis des années… Jusqu’à aujourd’hui.
Il s’assit sur le canapé et croisa les jambes, la cheville sur son genou.
— Je suppose, commença-t?elle en baissant la tête, que je me suis laissé emporter par la situation. C’était tellement drôle de pouvoir être quelqu’un d’autre.
— Ce n’est pas aussi glamour ni aussi amusant que tu sembles le croire. Les flics doivent s’immerger dans des milieux dangereux sans compter leurs heures. Tout ça pour un salaire de misère et bien peu de considération.
— Sans compter les risques…
Elle soupira, envahie par un sentiment de tristesse. Nick était un flic, un homme qui chassait les malfrats et qui risquait, un jour, de ne pas rentrer à la maison.
— Quand tu prends le badge, tu prends le danger qui va avec.
Il passa une main dans ses cheveux. Il semblait si fatigué et si malheureux… Elle eut un rire sans joie.
— Kyle disait : « C’est mon boulot. Protéger et servir. » Le pire, c’est qu’il y croyait.
— Comme la plupart d’entre nous, Meghan. C’est comme ça qu’on arrive à dormir la nuit et qu’on rempile tous les matins.
— Mais pourquoi ? Pourquoi continuer ?
Les traits durcis, il parut se plonger en lui-même.
— Ça en vaut la peine si ça permet à quelqu’un de passer un jour de plus avec son mari, sa fille… ou son frère.
Elle haussa les sourcils devant sa douleur manifeste.
— Un frère, répéta-t?elle, cherchant à comprendre. Qu’est-il arrivé au tien ?
Il garda le silence. Prenant sa main dans la sienne, il baissa les yeux, assailli par les souvenirs. Chacune des images qui venaient le hanter lui serrait la poitrine et l’empêchait de respirer. S’il voulait vraiment se montrer honnête avec Meghan, il allait devoir se mettre à nu et réveiller ses vieux démons. Peut-être alors réussirait-elle à comprendre ce qui le motivait.
Après un long silence, il ouvrit enfin les vannes.
— Mon frère. Greg. Il a commencé à se droguer au lycée. L’héroïne l’a rendu imprudent, fou et sans morale. Il se fichait de tout sauf de sa prochaine dose. Mes parents ne se sont jamais remis de voir leur fils cadet se détruire sous leurs yeux.
— Que s’est-il passé ?
Il se racla la gorge. Jamais il n’avait parlé de ça, pas même à ses parents.
— Je l’ai laissé tomber, voilà ce qui s’est passé, avoua-t?il avec amertume. J’entrais à la fac, je ne pouvais pas être toujours derrière lui. Greg a abandonné le lycée et a commencé à disparaître quelques jours puis plusieurs semaines d’affilée.
— Et maintenant, où est-il ?
— Aucune idée. La dernière fois que je l’ai vu, il venait d’être libéré après avoir été arrêté pour possession de drogue. On aurait dit un cadavre. Maigre et sale à faire peur. Le juge l’avait obligé à suivre une cure de désintoxication, mais il s’est sauvé. On ne l’a pas revu depuis.
Elle passa les bras autour de sa taille et posa sa tête sur son épaule. Alex ferma les yeux un instant, acceptant son réconfort.
— J’ai essayé de lui parler, de l’aider, mais il était devenu un étranger. J’ai perdu mon petit frère bien avant qu’il ne disparaisse de ma vie.
— Et c’est pour ça que tu es entré à la DEA. Pour te venger.
Il rouvrit les yeux. Les obstacles qui les séparaient paraissaient infranchissables.
— Je suis désolé d’avoir enquêté sur toi, mais…
Elle posa les doigts sur ses lèvres.
— Tu n’as pas à t’excuser. Tu faisais ton boulot, c’est tout.
— Ce boulot pourrait compromettre notre relation.
Elle se leva, mettant de la distance entre eux. Lorsqu’elle reporta enfin son attention sur lui, son regard était froid.
— Y a-t?il quelque chose entre nous ? On était censés s’amuser, tu te souviens ?
Il la dévisagea, déçu, jusqu’à ce qu’elle se détourne. Il avait cru qu’ils s’étaient rapprochés, mais voilà qu’elle érigeait de nouvelles défenses.
— C’est vrai, j’oubliais. Pas de promesses. Ni remords, ni regrets.
Elle eut la grâce de rougir devant son amertume à peine masquée. Il continua à la fixer, frustré de ne la voir s’abandonner qu’au lit. Il était assez bon pour son corps, mais pas pour son cœur. Il pouvait jouer le rôle de l’amant imaginaire, mais pas celui de son amour.
Il se tient debout devant moi, sous la chute d’eau. Il s’approche de moi, s’offre à moi. Nos corps s’unissent sous la cascade…
Sous le regard circonspect de Meghan, il se leva et ôta sa chemise d’un seul geste, sans se soucier des boutons. Puis il l’attira à lui sans ménagement. Elle posa une main sur la poitrine, comme pour l’arrêter. Sans doute avait-elle reconnu le feu de la colère qui étincelait dans son regard.
Il défit sa fermeture Eclair, lui enleva sa robe et glissa une main dans sa petite culotte. Après avoir fouillé entre ses cuisses humides, il recula d’un pas, sans la quitter des yeux, puis se débarrassa de son pantalon et de son caleçon.
Sa main dans la sienne, il entraîna ensuite Meghan vers la salle de bains, prenant au passage deux préservatifs. Il ouvrit le robinet de la douche et l’installa dans la cabine où l’eau chaude formait déjà un nuage de vapeur. Il l’embrassa lentement, explorant, caressant sa bouche, mettant dans ce baiser toute sa passion, dans le but de lui montrer l’absurdité de leur petit arrangement. Les règles qu’elle avait imposées étaient stupides. Qu’elles aillent au diable !
Meghan gémit quand il prit ses seins dans ses paumes, les caressant avec ardeur. Les mains encadrant son visage, elle l’embrassa goulûment. Puis elle enroula ses jambes autour de ses cuisses et l’attira un peu plus contre elle. Son membre viril se dressa plus encore et s’écrasa contre sa chair moite de désir.
Un désir violent l’envahit. Dans la salle de bains saturée de buée, il saisit à tâtons un préservatif avant de le dérouler sur son sexe en érection. Puis il rejoignit Meghan sous le jet de la douche et referma la porte de la cabine. Des gouttes d’eau ruisselaient sur son torse. Elle tendit la langue pour lécher une goutte qui coulait le long de sa poitrine. Frémissant, il la prit par la nuque et l’embrassa de nouveau à pleine bouche.
Tendant la main vers un flacon de gel douche, elle en versa sur ses mains et se massa le corps jusqu’à ce qu’il soit recouvert de mousse. Puis elle se frotta à lui pour le savonner. Son corps collé au sien, elle prit son sexe dans ses mains et fit glisser ses doigts couverts de mousse le long de sa verge.
Ses caresses ressemblaient à une torture. Elle le serrait entre ses doigts, le relâchait, allait et venait sur toute sa longueur. Il laissa échapper un cri sourd, luttant pour conserver son contrôle. S’il ne se retenait pas, il allait jouir dans ses mains. Sauf qu’il ne pouvait plus se retenir ! Il fallait qu’il la prenne maintenant.
Il la plaqua contre la cloison de la cabine, lui coupant le souffle. Puis, du genou, il lui écarta les cuisses et se frotta contre elle. Elle renversa la tête en arrière, les yeux clos, extatique. Faisant glisser ses mains sur sa peau mouillée, il se pencha vers elle pour lui mordiller la nuque. Elle se cambrait, se balançait contre lui, et ses gémissements de désir lui faisaient l’effet d’un coup de fouet. Maintenant, bon sang !
Il la retourna jusqu’à ce qu’elle prenne appui des deux mains contre le mur carrelé. Le jet de la douche tombait en cascade sur ses cheveux, son dos, ses fesses rondes et ses cuisses. Fasciné par sa cambrure, il la prit par la taille et la pénétra par-derrière. Il la possédait, la faisait sienne dans un acte primaire, instinctif. Il sentait Meghan faiblir sous ses assauts, et elle s’agrippa à la barre d’appui de la douche. Son autre main toujours en appui contre le mur, elle se cambra pour mieux le rejoindre.
Il lui écarta encore les jambes et continua à la posséder avec une rage féroce, la pénétrant profondément, entrant en elle autant qu’il le pouvait. Son sexe se contractait autour du sien, l’avertissant de l’imminence de son orgasme. Une impression presque insoutenable.
Fermant les yeux, il eut soudain une conscience aiguë de l’odeur de savon et de sexe qui flottait dans l’air gorgé d’humidité. Du bruit du jet d’eau contre le carrelage. De leurs cris étouffés par la douche. De cette sensation glissante de l’eau sur sa peau et de sa chair qui se mouvait en elle.
Il parvint difficilement à retenir sa propre jouissance lorsqu’il sentit le plaisir la prendre. Elle cria tandis que son corps s’agitait de soubresauts et qu’elle glissait au sol. Il dut réunir toute sa force pour la retenir et toute sa volonté pour ne pas jouir en même temps qu’elle. Avant qu’elle ait pu reprendre son souffle, il ferma le robinet de la douche et ouvrit la porte.
Il la prit dans ses bras et la porta, dégoulinante d’eau, jusque dans la chambre à coucher. Les fantasmes de Meghan étaient puissants et érotiques, mais cela ne lui suffisait pas. Il voulait plus. Ils s’étaient envoyés en l’air sous la douche ; maintenant, ils allaient faire l’amour.
Malgré son désir ardent, il prit tout son temps avant de la pénétrer de nouveau. Quelle chance il avait ! A présent, il connaissait Meghan mieux que lui-même. Il avait appris à apprécier sa force et ses faiblesses. C’était une femme magnifique et attentionnée, intelligente, drôle et passionnée. Et elle allait être sienne.
Lorsqu’elle écarta les cuisses, il la pénétra lentement, centimètre par centimètre, prolongeant l’attente du moment où leurs corps s’uniraient. Il recula puis s’avança doucement, frissonnant de plaisir. Comme elle se cambrait contre lui, il plongea en elle, leurs deux corps n’en formant plus qu’un.
Il prit son visage entre ses mains et riva ses yeux dans les siens. Elle était à lui.
— Je t’aime, Meghan.
Les mots jaillirent de sa bouche en un chuchotement rauque. Elle écarquilla les yeux de surprise puis les referma, comme pour repousser sa déclaration. Il balança ses hanches en avant, augmentant le rythme et la friction. Meghan lui caressait le dos de ses doigts fins. Brusquement, elle se tordit et se débattit sous lui. Eperdu de désir, il accéléra le mouvement, fouillant son sexe, martelant son rythme, exigeant une réaction.
— Je t’aime, répéta-t?il.
Il n’avait jamais été aussi effrayé, aussi vulnérable. Il avait du mal à respirer, et son cœur battait violemment dans sa poitrine, languissant d’entendre sa réponse. Devant lui, le visage tourmenté de Meghan trahissait le tumulte de ses émotions, en écho aux siennes.
Elle aussi paraissait fragile, vulnérable. Magnifique. Un sourire tremblant apparut sur ses lèvres. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, des larmes perlèrent à ses paupières et elle eut un soupir qui ressemblait à un sanglot.
— Moi aussi, je t’aime, Nick.
Elle soutint son regard. Et il sentit ses yeux s’emplir de larmes. Elle avait prononcé les mots qu’il attendait — sauf qu’ils s’adressaient à quelqu’un d’autre. Le poids de ses émotions menaça de l’écraser. C’était trop tard.
Il plongea en elle, ressentant ses frissons à chacun de ses assauts. Elle l’embrassa follement, soulevant son corps pour s’unir au sien. Il se démena en elle, rapide et dur.
Ce n’est que lorsqu’il la sentit au bord de l’abîme, qu’il se laissa enfin aller.
Alex n’arrivait pas à dormir. Il laissa échapper un soupir en contemplant le corps assoupi de Meghan. Doucement, avec maintes précautions, il tendit la main vers elle et caressa son visage. Lorsqu’il effleura sa joue, elle se blottit contre sa main. Il sentit son cœur balbutier et saigner.
Elle l’avait appelé Nick, bon sang…
Il voulait qu’elle l’aime, lui. Pas cet amant imaginaire tout droit sorti de ses fantasmes, ni même ce personnage qu’il avait été obligé de jouer. Il se retrouvait pris à son propre piège. Un peu plus tôt, il lui avait demandé de lui faire confiance, tout en sachant pertinemment qu’il n’en était pas digne. Quitte à embrouiller encore plus la situation, il devait maintenant lui rendre son journal. S’il ne le faisait pas, il ne mériterait jamais sa confiance. Et leur avenir tout entier en dépendait.
Il l’aimait !
Meghan s’étira langoureusement, un sourire aux lèvres. Quelle nuit incroyable ! Décidément, le danger était un puissant aphrodisiaque. Roulant sur le côté, elle tendit le bras. Le lit était froid à côté d’elle, et elle ouvrit les yeux. Apparemment, Nick s’était déjà levé. Mais elle pouvait sentir sa présence dans les courbatures qui meurtrissaient sa chair et dans l’allégresse qui gonflait son cœur.
Pourtant, une petite voix lui soufflait que c’était sans espoir. Ils n’avaient pas d’avenir. Maintenant qu’elle savait qu’il était agent fédéral — un métier encore plus dangereux que celui de Kyle —, il fallait qu’elle s’en tienne aux règles qu’elle s’était fixées. Elle rejeta les couvertures sur le côté avec un soupir. Pour l’instant, elle ne voulait pas y penser. Ils avaient encore trois jours à passer ensemble et elle se refusait à tout gâcher avec des « si ».
Posant les pieds par terre, elle se leva et s’étira de nouveau de tout son long. Une légère brise en provenance de la fenêtre caressa son corps nu. Elle passa dans le salon et se servit une canette de Coca-Cola — de la caféine ! — dans le minibar. Après quelques gorgées goulues, elle se tourna vers le balcon.
Nick était penché sur la rambarde, pieds et torse nus. Il fumait une cigarette. Les rayons du soleil projetaient un jeu d’ombres et de lumière sur les muscles de ses épaules et de son dos. Le tissu de son pantalon s’étirait sur ses fesses, accentuant ses puissantes cuisses. Elle avala une nouvelle gorgée de soda en admirant la vue.
— Bonjour, mon chéri. Quelle belle journée !
Il se retourna. Son sourire avait quelque chose de forcé. Peut-être s’inquiétait-il au sujet de son enquête ? Il écrasa sa cigarette et la rejoignit à l’intérieur.
— Bonjour. Tu as bien dormi ?
— Comme un bébé. Une fois que l’adrénaline est retombée, je me suis effondrée.
Comme elle tendait la main vers sa joue pour l’embrasser, elle remarqua son air distant. Quelque chose ne tournait pas rond, qui n’avait rien à voir avec l’enquête. Elle laissa retomber son bras, étudiant son visage.
— Qu’est-ce qui ne va pas, Nick ?
— Je m’appelle Alex, répliqua-t?il, un soupçon d’amertume perçant dans sa voix.
— Excuse-moi, Alex. C’est difficile de s’y habituer.
Un nuage de tristesse assombrit son regard et il détourna la tête, serrant les poings au fond de ses poches.
— Il faut qu’on parle, au sujet de la nuit dernière.
Elle sentit sa bonne humeur céder peu à peu la place à de l’inquiétude. Qu’est-ce qui pouvait bien l’assombrir de la sorte ?
— La nuit dernière était tout simplement… incroyable, commenta-t?elle.
— Ce n’était pas une vraie cascade, mais je pense que c’était un bon substitut, non ?
Un ton neutre que démentait cette lueur de regret dans ses yeux.
— Une cascade ? répéta-t?elle, décontenancée.
Où voulait-il en venir ? Le mot flotta entre eux un moment, lourd de sens.
— Que veux-tu di… ?
Elle s’interrompit au milieu de sa phrase. Et son corps se raidit sous le choc. Est-ce qu’il faisait référence à… ? Non, c’était impossible !
Et pourtant, il lui suffit de le regarder pour voir ses soupçons se confirmer.
Oh… mon… Dieu…
chapitre 13
Il est l’amant parfait. Il sait être tendre et passionné. Il donne vie à mes fantasmes les plus inavouables, mes secrets les plus intimes, mes désirs les plus fous.
Consumée par une colère blanche, Meghan reposa violemment sa canette sur la table, renversant un peu de soda. Elle eut soudain une conscience aiguë de sa nudité. Nick — Alex — avait violé son intimité, et elle se sentait profondément humiliée.
Ramassant la robe qu’elle avait portée la veille, elle l’enveloppa autour d’elle afin de cacher son corps le plus possible, puis, les poings serrés sur sa poitrine, elle agrippa le tissu. Surtout ne pas sombrer, malgré la violence de sa trahison.
— Tu as lu mon journal, c’est ça ? l’attaqua-t?elle. Pendant tout ce temps, c’était toi qui l’avais.
— Ma chérie…
— Non !
Un non qui claqua tel un coup de fouet. Furieuse, elle regagna la chambre, attrapa son peignoir dans la commode et l’enfila rapidement d’un geste rageur. Comme il jurait à voix basse, elle se retourna pour lui faire face, le visage fermé. Il se tenait sur le seuil, fouillant sa tignasse brune d’une main.
— Je suis vraiment désolé, Meghan, assura-t?il en lui tendant son journal intime. Je ne voulais pas que tu t’en rendes compte.
— C’est ça, tes excuses ?
Elle lui arracha le carnet des mains et le serra contre elle. Des passages lui revinrent à la mémoire, descriptions intimes de ses espoirs, de ses rêves et de ses fantasmes. Et il avait lu ces pages. Toutes. Personne ne la connaissait désormais aussi bien que Nick — Alex.
— C’est dans tes habitudes de fouiller dans la vie intime de parfaits inconnus ?… Je suppose que oui, répondit-elle à sa place.
Une question stupide, vu sa profession. Elle se sentit si pathétique. Dire qu’elle l’avait presque supplié de devenir son amant… Pas étonnant qu’il ait profité de la situation.
— Je t’en prie, Meghan, ne me jette pas la pierre. Tu l’as laissé traîner au beau milieu de ma chambre. N’importe qui se serait montré curieux, surtout après avoir vu ta valise pleine de sous-vêtements.
— Ça explique que tu l’aies feuilleté. Mais tu l’as gardé et tu m’as menti quand je t’ai demandé si tu l’avais vu !
Le poussant sans ménagement, elle passa dans le salon et lui ramassa ses vêtements. Elle les lança dans sa direction avec un regard mauvais.
— Rhabille-toi et va-t’en.
Il ramassa sa chemise, ses chaussettes retombant par terre. Il essaya de l’enfiler, en vain. Les boutons étaient encore attachés, et il les maltraitait sans parvenir à les défaire. Il jura.
— Je ne bouge pas, décréta-t?il en se campant sur ses jambes. Je veux que tu comprennes et que tu acceptes mes excuses.
Elle le considéra comme si elle ne l’avait jamais vu et s’assit sur le canapé, lui tournant à moitié le dos. Sa robe de chambre s’étant entrouverte sur ses jambes, il ne put s’empêcher de la reluquer. Aussitôt, elle tira le tissu d’un coup sec pour se recouvrir. Quand ses yeux revinrent se poser sur lui, elle soutint son regard sans ciller.
— Tu n’avais pas le droit de lire mon journal intime. Comment as-tu pu faire une chose aussi méprisable ? Certains détails doivent demeurer secrets.
— Et certaines choses doivent être vécues. C’est toi qui m’as demandé de réaliser ton rêve le plus secret.
Les joues en feu, elle laissa échapper un cri de fureur. Le sang bouillait dans ses veines et lui montait au visage. Ce type était tout simplement incroyable !
— Tu as dépassé les limites, Alex. Tu m’as blessée. Et comme si ça ne suffisait pas, tu m’insultes maintenant ? Tu t’es servi de ce que tu as lu pour me manipuler ! s’écria-t?elle en tendant le journal vers lui d’un geste accusateur. L’après-midi sur la plage, le dîner romantique avec mes plats préférés, et hier soir, dans la douche… Tu ne m’as pas séduite, je me suis séduite toute seule. L’intimité que j’ai cru partager avec toi était aussi fausse que ton identité !
Il se laissa tomber dans un fauteuil avec un soupir. Ses traits étaient tirés, ses yeux marqués par la fatigue.
Je n’ai jamais eu l’intention de te manipuler. Je voulais être l’amant de tes rêves. Je voulais réaliser tes fantasmes.
— Eh bien, tu y es parvenu, attaqua-t?elle, méprisante. Tu as joué ton rôle à merveille. Comme je l’avais écrit.
Sur ces mots, elle se leva d’un bond et sortit sur le balcon. Les mains tremblantes, elle s’agrippa à la rambarde pour s’efforcer de se calmer. Il la rejoignit, toujours pieds nus, et s’appuya contre le chambranle de la porte, maintenant volontairement une distance raisonnable entre eux.
— Je suis désolé d’avoir violé ton intimité. Mais je ne suis pas désolé d’avoir eu la chance de découvrir qui tu étais réellement.
Elle le dévisagea en plissant les yeux.
— Surtout, n’oublie pas de me faire signe le jour où tu découvriras qui tu es réellement, rétorqua-t?elle sur un ton où l’amertume le disputait au sarcasme.
— Je suis ce type dont tu es tombée amoureuse. Et qui est tombé amoureux de toi.
Elle secoua la tête. Un inconnu, voilà ce qu’il était pour avoir dissimulé une part de son identité — son nom, sa profession et son véritable but. Une fois de plus, elle avait fait confiance à un homme, cru ce qu’il lui disait. Et avait eu tort. Comment avait-elle pu se montrer aussi stupide ?
— Tu n’es pas celui que je croyais, et je ne suis même pas celle que je pensais être.
Elle baissa la tête sur le petit carnet qu’elle tenait dans sa main. Et lorsqu’elle redressa la tête, un rideau de larmes aveuglait ses yeux au point qu’elle ne le distinguait plus.
— J’ai toujours été la gentille fille ; j’ai toujours fait ce qu’il fallait faire, commença-t?elle, la voix tremblante. Quand je suis arrivée à Cayo Sueño, mon manque de confiance en moi m’a poussée à endosser le rôle de quelqu’un d’autre. Le prix à payer pour cette erreur est bien plus cher que je ne le pensais.
Traversant le balcon à grandes enjambées, il prit doucement son menton entre son pouce et son index, et l’obligea à le regarder. Dans ses yeux brûlait la flamme de son amour pour elle.
— La femme que j’ai découverte dans ces pages est sensuelle et passionnée, et elle assume pleinement sa sexualité. Je n’ai pas eu de mal à comprendre que tu désirais la faire vivre en dehors de ton journal. Je ne voulais pas te blesser, Meghan. Je voulais juste te rendre heureuse…
— Oh, merci beaucoup, railla-t?elle. Alors, tu as tout calculé dans les moindres détails, hein ? Pas mal du tout, le coup du « je t’aime ». Tu t’es inspiré de quelle page ?
— Je t’aime, Meghan. Vraiment. C’est extraordinaire d’être avec toi. Tout est vrai, chaque moment, chaque caresse…
Elle l’écoutait mais ne le croyait plus. Les larmes commencèrent à couler le long de ses joues.
— C’était important pour moi, poursuivait-il, envoûtant, persuasif. Tu es importante pour moi. Ce qu’il y a entre nous…
— N’est rien.
Rejetant la tête en arrière, elle repoussa sa main.
— Il n’y a rien entre nous, Nick. Notre couple n’est qu’un mensonge bâti sur une tromperie.
Il ferma les yeux et pressa ses doigts sur ses tempes.
— J’ai tout fait foirer. Comment faire pour que tu me pardonnes ?
Elle baissa la tête, vaincue par la fatigue et le désarroi. Elle avait besoin d’être seule et de laisser libre cours à ses larmes.
— Va-t’en, murmura-t?elle, les mots lui écorchant la gorge. Tout ce que je veux, c’est que tu t’en ailles.
— Je n’arrive pas à croire qu’il soit parti.
Debout devant le plan de travail de la cuisine, Meghan aidait sa sœur à préparer le repas.
— Eh bien, tu t’attendais à quoi ?
— Il est sorti comme ça, sans un mot.
— C’est ce que tu lui as demandé de faire, non ?
Julie versa les légumes coupés en tranches dans une marmite d’eau bouillante.
Meghan la regardait faire. Elle repensait à la veille, à ce qu’elle avait appris sur son boulot de flic.
— Il sait tout de moi, et moi, je le connais à peine.
— Pourquoi en savoir plus ? Tu voulais juste un corps magnifique pour satisfaire tes fantasmes, une aventure sexuelle sans lendemain. Tu as déjà oublié ?
Elle releva vivement la tête, prête à se lancer dans une dispute. Mais une lueur malicieuse dansait dans les yeux de sa sœur.
— O.K., O.K… J’avais tort. Tu avais raison.
— Alors, tu vas lui pardonner ?
— Je crois…
Elle prit un morceau de parmesan dans le frigo et commença à le râper dans un bol.
— Toute ma vie, je n’ai fait qu’attendre un type comme lui. Je ne me suis jamais sentie aussi heureuse, aussi désirable et désirée. Nick est drôle et charmant. Il est intelligent, dynamique et…
— Bon sang, tu es amoureuse de lui !
Sous le regard aigu de sa sœur, elle soupira et reposa le fromage sur la table.
— Ce matin, je t’aurais dit oui sans hésiter. Maintenant, je ne sais plus, avoua-t?elle en haussant les épaules, incapable d’analyser ses émotions. Trois ou quatre orgasmes à faire trembler la terre ne créent pas une relation durable.
— Peut-être, mais c’est un sacré début ! répliqua Julie avec un petit sourire plein de malice.
— Tout s’est passé si vite. J’ai peur d’avoir confondu amour physique et amour véritable, dans le feu de la passion.
Julie versa de l’huile d’olive sur les fettuccine.
— Parfois, quelque chose de magique se passe entre deux personnes, même si ça peut paraître rapide ou imprudent. Apparemment, Nick te rend heureuse, à la fois physiquement et psychologiquement. Peut-être devrais-tu passer outre la raison et te fier à ton instinct.
— Je ne sais pas si je peux encore croire en mon instinct, Jules, observa Meghan tout en débouchant une bouteille de vin. Il m’a déjà trompée.
— Oui, mais il a fini par avouer qu’il avait ton journal. Il n’était pas obligé…
— Je ne sais pas.
Sa sœur refusa de la laisser s’en tirer ainsi.
— Bien sûr que si, tu le sais. Il est tombé amoureux de toi, et il pense que tu l’aimes aussi, assez pour lui pardonner son erreur. Ecoute la voix de ton cœur, Meg. Je crois qu’elle te dit que Nick est l’homme de ta vie.
— Frankie Ramos m’a abordée près de la piscine, ce matin, déclara Meghan à l’autre bout du fil.
Alex se raidit, les doigts crispés sur le combiné. Ce n’étaient pas vraiment les mots qu’il attendait, mais il était quand même heureux d’entendre sa voix. Jusqu’à ce qu’il comprenne leur sens.
— Ne dis plus rien. Retrouve-moi dans le hall.
Il raccrocha avant qu’elle ait eu le temps de protester. L’agent fédéral avait repris le dessus. Il savait, pour l’avoir passée au crible, que sa chambre n’était pas sur écoute, mais si Ramos avait localisé Meghan, il faudrait qu’il fouille la sienne aussi. Son cœur se serra. En la mêlant à son enquête, il l’avait jetée dans la gueule du loup.
Génial. Tout simplement génial…
Il bipa Emelio et lui expliqua rapidement ce qui s’était passé au restaurant, deux jours plus tôt. Après avoir décidé qu’il le retrouverait dans sa suite, il quitta sa chambre et se dirigea vers l’ascenseur, jurant à voix basse. La cabine s’ouvrit, et il s’y engouffra aussitôt, l’air mauvais. Le vieux couple qui attendait sur le palier, ne bougea pas, décidant qu’il valait mieux attendre le prochain.
Bon sang ! il aurait dû prévoir que Ramos essayerait de joindre Meghan ! Sûr qu’elle ne voudrait plus jamais avoir affaire à lui, après un coup pareil. Quand elle lui avait avoué qu’elle l’aimait, il s’était imaginé qu’ils trouveraient un moyen de se voir à Miami. Mais maintenant…
Il avait dormi seul, cette nuit — sans doute la plus longue qu’il ait jamais passée. Son sommeil avait été morcelé, entre des cauchemars, des accès d’insomnie dus à la culpabilité et un insupportable sentiment de perte. Il ne voulait pas que tout soit détruit entre eux à cause d’une erreur stupide.
Il s’était dit qu’il lui laisserait un peu de temps pour se calmer. Mais pas question de laisser tomber. Des femmes comme Meghan, on n’en rencontrait qu’une dans sa vie — si on avait de la chance.
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent au sixième étage, et elle lui apparut. Le visage exempt de tout maquillage, elle portait cette fois ses propres vêtements — T-shirt bleu, jupe beige qui lui arrivait au genou. Il nota avec un soupçon de plaisir que ses yeux étaient cernés derrière ses lunettes. Elle non plus n’avait pas dû beaucoup dormir.
Refusant de croiser son regard, elle pénétra dans l’ascenseur et lui tourna le dos. Il la voyait suivre les numéros des étages au-dessus de la porte, détachée, indifférente à sa présence. Il aurait tout aussi bien pu faire partie des moutons qui ornaient le tapis.
— Est-ce que tu comptes me parler un jour ? lui demanda-t?il.
— Bonjour, Alex. Comment vas-tu ?
Même sa politesse faussement enjouée ne parvenait pas à camoufler sa fatigue.
— Mal. Tristement seul. Rongé de remords.
— Parfait.
Alors seulement, elle condescendit à se tourner vers lui.
Il frotta sa cicatrice avec un profond soupir. Pour le pardon, ce n’était pas encore gagné.
— Et toi, comment vas-tu ?
— Mal. Tristement seule.
Il sourit et lui tendit la main.
— Tu me pardonnes ?
— Je m’y emploie.
Elle mit sa main dans la sienne puis la reprit, l’air soucieux.
— Comment Ramos m’a-t?il retrouvée ?
Laissant retomber son bras, il se força à dissimuler le sentiment de peine et d’énervement que lui causait sa froideur.
— Je ne sais pas. Emelio pense que des hommes à lui surveillent le club.
— Oh, je t’en prie, Alex ! Il y a des centaines de personnes ici. Comment aurait-il pu me retrouver ?
— Tu es inoubliable, Meghan.
Visiblement, elle crut qu’il se moquait d’elle, car elle baissa la tête. Ses épaules s’affaissèrent, et elle croisa les bras sur sa poitrine en un geste protecteur.
— Est-ce que je suis en danger ?
— Non, assura-t?il avec force. Je ferai tout pour qu’il ne t’arrive rien
Elle lui jeta un coup d’œil en coin mais ne dit rien.
C’en fut trop. D’accord, il avait vraiment déconné avec le journal intime, mais il ne supportait plus son silence lourd de reproche.
— Dis quelque chose, bon sang !
— Tu ne voudrais pas que quelqu’un surprenne notre conversation à propos de ton enquête.
— Alors, parlons de nous deux, Beauté fatale.
Tendant le bras, il écrasa le bouton d’arrêt d’urgence. La sonnerie de l’alarme retentit en même temps que l’ascenseur s’immobilisait. Meghan perdit l’équilibre et tomba sur Alex, bras écartés. La rattrapant par le coude, il lui fit faire volte-face.
— Dis-moi que tu me pardonnes.
Elle expira bruyamment.
— Je suis plus gênée qu’en colère. Tu connais tous mes secrets, maintenant, et je ne me suis jamais sentie aussi vulnérable.
— Personne, ou presque, ne peut résister devant un livre ouvert, ma douce.
— Je suppose que tu as raison…
Il fit glisser ses doigts le long de ses bras et serra ses mains dans les siennes.
— Penses-y. Si ç’avait été l’inverse, qu’aurais-tu fait ? N’aurais-tu pas lu mon journal ?
— Je ne l’aurais pas gardé et je ne t’aurais pas menti à son sujet, répliqua-t?elle avec une moue.
— Oui, je reconnais que c’était nul.
— Enfin… Après m’être calmée, j’ai réfléchi. Tu aurais pu le garder et je n’en aurais jamais rien su, dit?elle avant de venir se coller contre lui et de poursuivre : ou bien me le rendre dès le premier jour et nous n’aurions pas vécu toutes ces expériences incroyables.
Ce ventre qui se frottait contre le sien signifiait-il qu’elle lui avait pardonné ? se demanda-t?il, le corps soudain brûlant. La température commençait à s’échauffer sérieusement dans le petit ascenseur.
— Alors… tu me pardonnes ?
— Disons que j’ai compris que tu voulais sincèrement me faire plaisir.
Ses hanches se balancèrent tout contre son jean. Et recommencèrent.
— Et j’y suis parvenu ? s’enquit-il, la voix lourde de sous-entendus.
Elle lui adressa un petit sourire provocant.
— Tu ne t’es pas trop mal débrouillé…
Le souffle soudain court, elle tressaillit dans ses bras. Une flamme dansait dans ses yeux d’ambre, faisant fondre sa réserve glaciale.
— Tu m’as terriblement manqué, Beauté fatale.
— On s’est quittés il y a à peine vingt-six heures et quarante-trois minutes.
— Non pas que tu aies trouvé le temps long…
L’odeur à la fois fleurie et épicée de sa peau l’emplissait d’un désir si fort qu’il en tomba presque à genoux.
Impossible de dire lequel des deux fit le premier pas. Alors qu’il penchait la tête vers sa bouche, elle fit glisser ses mains sur sa poitrine jusqu’à sa nuque. Il couvrit ses lèvres des siennes, et tous les deux s’abandonnèrent à ce baiser affamé.
La plaquant dans un coin de la cabine, il agrippa ses hanches et maintint son corps tendre contre le sien. Il sentit les petites pointes de ses seins se durcir lorsqu’elle se frotta contre l’érection qui déformait son jean.
C’était si bon, si juste… Et il l’aimait tant.
D’une main, il lui pétrit les seins à travers son T-shirt pendant qu’elle emmêlait ses doigts dans ses cheveux. L’attirant plus près, elle insinua sa langue dans sa bouche avec un faible gémissement.
C’est alors que l’alarme se déclencha de nouveau. Et l’ascenseur fit un bond avant de reprendre sa descente. Alex regarda les chiffres des étages défiler rapidement au-dessus de la porte. L’équipe chargée de la maintenance avait dû remettre la machine en marche de l’extérieur.
— Alors, c’est de ça que tu voulais me parler ? s’enquit Meghan.
De la gaieté dansait dans ses yeux alors qu’elle réajustait son T-shirt. Il sourit.
— Non, mais j’aurais bien continué…
Il ne demandait pas mieux que de l’emmener dans sa chambre pour poursuivre cette conversation. Le problème, c’est qu’Emelio était passablement énervé et qu’ils devaient mettre sur pied un plan destiné à coincer Ramos.
— Mon coéquipier nous attend.
— Ramos a débarqué sans crier gare, déclara Meghan.
Emelio se percha sur le bord de son siège.
— Où ça ?
— A la piscine, intervint Alex. Est-ce que nous avons quelqu’un qui pourrait contrôler les employés de l’hôtel ?
— Je m’en occupe. Ensuite, que s’est-il passé, Meghan ?
— Tout d’abord, j’étais trop surprise pour réagir. Puis il m’a appelé « Maîtresse Elise », et je me suis aussitôt remise dans mon rôle. C’était étrange, commenta-t?elle, l’air perplexe. Bref, il m’a dit qu’il était ravi de m’avoir retrouvée. Il voulait que l’on prenne rendez-vous pour réaliser le fantasme bizarre dont il m’a parlé l’autre soir.
Emelio leva un sourcil interrogateur, mais elle secoua la tête.
— Je préfère vous épargner les détails.
Comme Alex s’agitait à son tour, elle lui prit la main. Apparemment, elle ne voulait rien lui dire non plus. Une raison de plus pour faire la peau à Ramos.
Jetant un coup d’œil à leurs mains jointes, Emelio plissa le front. Il se radossa à sa chaise et glissa ses pouces dans les poches de son jean.
— Et ensuite ?
— Je lui ai fait croire qu’Elise était impatiente de réaliser son fantasme. Je l’ai un peu provoqué, je l’ai incité à parler… En gros, il voulait s’assurer que je viendrais au casino ce soir.
Alex laissa échapper une plainte sourde, irrité à la fois par la situation et par sa propre réaction. Meghan et Ramos… Il ne le supporterait pas. Une sueur froide perlait sur son front rien qu’en l’imaginant en tête à tête avec le baron de la drogue.
— Ouais, il sera bien déçu de voir que tu lui poses un lapin. S’il croit que je vais te laisser…
— Comment ça, si tu vas me laisser ? l’interrompit?elle avec un regard courroucé. Je dois y aller. Il m’attend.
— C’est hors de question.
— Attends, Alex, insista Emelio, essayant de le ramener à la raison. On a besoin d’elle, et tu le sais. Si Ramos lui a confié ses petites manies sexuelles, peut-être qu’il lui en dira plus.
— Les hommes comme Frankie Ramos ne parlent pas affaires avec les prostituées, même de luxe.
Elle croisa les bras d’un air de défi.
— En tout cas, il ne semble pas prêt à parler affaires avec toi. Ramos a demandé à Elise de venir sans Nick.
Emelio s’interposa de nouveau.
— Mec, il pourrait se détendre avec elle, révéler quelque chose qui nous permette enfin de le coincer.
Alex réfléchissait. Bon sang ! il devait bien y avoir un autre moyen, qui ne lui fasse courir aucun risque ! Sauf qu’il avait beau se creuser les méninges, il ne voyait pas d’autre solution.
— O.K. Tu peux m’accompagner et te pendre à mon cou comme une jolie poule de luxe, mais rien de plus.
— Désolé de te décevoir, bel étalon, mais ta poule de luxe a un cerveau, rétorqua-t?elle en tapotant sa cuisse de ses ongles. Ramos n’a jamais mis en doute ce que je lui ai raconté — preuve que j’ai parfaitement joué mon rôle. Il est évident qu’Elise l’intrigue. Si elle se pend à son cou, qui sait ce qu’elle verra… et ce qu’il lui racontera.
Alex tapota les poches de sa chemise à la recherche de cigarettes. Merde ! Il les avait laissées dans sa suite.
— Je n’aime pas la façon dont tu parles d’Elise, comme s’il s’agissait de quelqu’un d’autre.
— Je suis quelqu’un d’autre, par rapport au jour de mon arrivée à Cayo Sueño.
Elle lui avait répondu calmement, mais sa voix frémissait d’une émotion contenue.
Il ferma les yeux. Elle avait raison, bien sûr, mais, bon sang, qu’il détestait ça ! L’éclair du canon. Le claquement sourd du coup de feu. La douleur. Il avait un goût âcre dans la bouche quand il rouvrit les yeux.
— Pourquoi t’impliquerais-tu autant ?
— Pour Kyle. Pour Greg. Et pour nous deux.
Il souleva leurs deux mains et porta son poignet à sa joue. Pas le choix, il devait accepter. Elle se pencha vers lui afin de l’embrasser. Avec elle, il avait l’impression d’être le seul homme sur Terre. S’il lui arrivait quelque chose, il en mourrait.
— On se calme, tous les deux, et on se concentre. On a une enquête à boucler, intervint Emelio en jetant un coup d’œil à sa montre. Il faut qu’on prépare notre opération, qu’on prévoie les hommes et le matériel, et on n’a pas beaucoup de temps devant nous. Meghan, on vous retrouve ce soir, avant votre départ pour le casino.
— Je continue à dire que ça ne me plaît pas du tout, Em.
— Que ça te plaise ou non, on n’a pas le choix. On ne peut pas laisser passer une occasion pareille.
Meghan contempla une dernière fois l’image que lui renvoyait le miroir de la salle de bains. Elise était une aventurière, audacieuse et provocante ; elle aimait le champagne frappé et les hommes torrides. Ce soir, elle allait sortir de son journal et marcher dans le cercle de feu.
Elle savait exactement comment elle allait s’y prendre — mettre Ramos à l’aise, lui faire baisser sa garde. Et si elle réussissait à jouer avec lui comme ce matin, il lui mangerait dans la main tel un petit chien et lui révélerait tout ce qu’elle voulait au sujet de ses affaires.
A la fois nerveuse et excitée, elle continua à s’observer dans le miroir. Julie lui avait prêté une robe de soirée en satin qui lui allait à merveille. Le tissu, couleur pêche, épousait chacune de ses courbes, et une fente remontait sur le côté jusqu’à mi-cuisses. Quant à son décolleté, il était époustouflant. Quelle trouvaille, le Wonderbra !
Entendant quelqu’un frapper trois petits coups, elle s’adressa un clin d’œil dans le miroir et se dirigea vers l’entrée d’un pas guilleret. L’ourlet de sa robe dansait autour de ses chevilles avec une légèreté enivrante.
Quand elle aperçut Alex sur le seuil, elle dut se retenir à la porte pour ne pas défaillir.
Il était magnifique. Ses cheveux sombres légèrement humides étaient coiffés en vagues souples vers l’arrière. Et son smoking le rendait tellement sexy… Seule ombre au tableau : il n’arborait pas son expression habituelle, à la fois confiante et séductrice.
Elle recula de façon à le laisser entrer, et il passa devant elle sans prononcer un mot. C’est alors qu’elle remarqua le sac qu’il tenait à la main.
— Qu’est-ce que c’est ?
Il en sortit un boîtier noir relié à plusieurs fils.
— C’est un micro H.F. Emelio devrait bientôt arriver pour s’assurer qu’il transmet correctement.
Elle le suivit dans le salon et regarda le micro avec méfiance. Elle n’appréciait pas du tout l’idée d’avoir à s’autocensurer toute la soirée.
— Qui va le porter ? Toi ou moi ?
— C’est pour toi. Je ne peux pas prendre le risque de me faire fouiller par Ramos. Tourne-toi.
Elle hésita un instant avant d’obéir. Sa main puissante effleura son dos lorsqu’il défit le crochet qui fermait sa robe et descendit la fermeture Eclair. Puis, glissant la main sous sa robe, il accrocha l’émetteur à sa taille.
Elle tressaillit à son contact. La caresse de ses doigts chauds sur sa peau lui donnait la chair de poule. Elle n’y connaissait rien en micro H.F. mais il lui semblait qu’Alex prenait tout son temps pour le mettre en place. Non pas que ça la dérange.
Une fois l’émetteur posé, il la prit doucement par l’épaule et la fit se retourner. Elle vit ses pupilles se dilater quand il plongea les yeux dans son décolleté. Le corsage échancré de sa robe révélait les bonnets pigeonnants de son soutien-gorge, et les petites pointes de ses seins formaient deux petits boutons sous le tissu couleur chair.
Il expira profondément, puis caressa sa clavicule du bout des doigts, y laissant un sillon de feu. Il plongea deux doigts dans son soutien-gorge avant de camoufler le micro entre ses deux seins.
— C’est bien, comme ça ? murmura-t?il, la voix rauque.
— Hmm, délicieux. Je veux dire… ça va !
Le cœur battant la chamade, elle sentit une vague brûlante déferler entre ses cuisses. Alex s’approcha et passa les mains dans son dos afin de remonter sa fermeture Eclair. Lorsqu’il se pencha en avant, elle l’embrassa dans le cou. Son souffle lui ébouriffa les cheveux. Et elle frissonna devant cette intimité.
La tête inclinée sur le côté, il plongea son regard dans le sien. Un courant de désir et de complicité passa entre eux, et leurs corps se rapprochèrent presque à leur insu. Comme Alex la prenait par la taille, elle posa les mains sur ses avant-bras et entrouvrit les lèvres pour recevoir son baiser.
Un coup sec frappé à la porte rompit le charme. Elle lut dans les yeux verts d’Alex une frustration et un regret poignants. Inspirant longuement, elle tenta de reprendre ses esprits. Ils avaient autre chose à faire.
— Va ouvrir à Emelio pendant que je retouche mon rouge à lèvres.
— Il est encore temps de reculer, Meghan. Tu n’es pas obligée de nous aider. On peut y arriver sans toi.
— Non, vous n’y arriverez pas sans moi, Nick, répliqua-t?elle avec gravité. Nous avons une mission à remplir. Un salaud à arrêter.