áãÔÇßá ÇáÊÓÌíá æÏÎæá ÇáãäÊÏì íÑÌì ãÑÇÓáÊäÇ Úáì ÇáÇíãíá liilasvb3@gmail.com






ÇáÚæÏÉ   ãäÊÏíÇÊ áíáÇÓ > ÇáÞÕÕ æÇáÑæÇíÇÊ > ÑæÇíÇÊ ãäæÚÉ > ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÇÌäÈíÉ > ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇáÊÓÌíá

ÈÍË ÈÔÈßÉ áíáÇÓ ÇáËÞÇÝíÉ

ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ Romantic Novels Fourm¡ ÑæÇíÇÊ ÑæãÇäÓíÉ ÇÌäÈíÉ


ÅÖÇÝÉ ÑÏ
äÓÎ ÇáÑÇÈØ
äÓÎ ááãäÊÏíÇÊ
 
LinkBack (2) ÃÏæÇÊ ÇáãæÖæÚ ÇäæÇÚ ÚÑÖ ÇáãæÖæÚ
ÞÏíã 04-01-10, 04:49 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 21
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
ÚÖæ ÑÇÞí


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
ÇáÚÖæíÉ: 62940
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 1,517
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 247

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏItaly
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

chapitre 12


Pendant longtemps, trop longtemps, j’ai vécu dans le mensonge. Je veux être quelqu’un d’autre.

Alex ne savait pas quel type de fantasme Meghan était en train de réaliser, mais elle avait mal choisi son moment — et son public. Il inspira lentement, dégageant le poids qui lui comprimait la poitrine.

Ramos était apparemment intrigué. Il avait capturé la main de Meghan dans la sienne, et ses yeux brillaient d’un éclat reptilien.

— Sa maîtresse ? Vous ne manquez pas d’audace de l’admettre ainsi.

— L’audace fait partie de mon métier.

Elle reprit sa main avec l’air de quelqu’un sachant monnayer son sex-appeal.

Alex contracta ses muscles de façon à s’empêcher de trembler. Elle essayait de se frotter à un monde que lui-même avait du mal à comprendre. Et il ne pouvait rien faire pour l’arrêter.

Ramos la jaugeait toujours.

— Votre métier ? De quoi s’agit-il exactement, mademoiselle ?

— Maîtresse avec un grand M. J’aide Nicky à résoudre un petit problème de discipline.

Elle lui lança un regard entendu qui ne laissait planer aucun doute sur la nature du problème en question. Ramos s’esclaffa. Pris de court, Alex imagina « Elise » vêtue de cuir et de clous. Et à en juger par l’expression de Ramos, leurs pensées avaient pris le même chemin.

Attends un peu que nous nous retrouvions seul à seul, Beauté fatale.

Après un coup pareil, c’était elle qui aurait un petit problème de discipline à régler. En attendant, il fallait qu’il reprenne les rênes.

— Au sujet de vos investissements, Señor Ramos…

Ce dernier l’ignora. Son regard caressait le corps de Meghan d’une façon qui lui donnait envie de le réduire en charpie.

— J’occupe l’une des suites à l’étage. Peut-être me rejoindrez-vous…

— Non, l’interrompit Alex d’un ton sans réplique.

La cicatrice à sa tempe pulsait méchamment. Pas question de laisser ce salopard s’approcher de Meghan !

Elle secoua la tête avec emphase.

— Désolée. Pour les partouzes, je demande qu’un acompte me soit versé quarante-huit heures à l’avance.

Alex étouffa un petit rire de surprise. Bon sang, quelle femme ! Il devait reconnaître qu’elle le bluffait, avec son air blasé, comme si elle avait déjà tout vécu. S’il n’était pas autant en colère, il l’aurait même admirée.

Ramos lui jeta un coup d’œil dédaigneux.

— Mon offre n’incluait pas M. Alexander. Je suis sûr que son petit problème sera vite réglé.

Une insulte à peine déguisée concernant sa virilité. En guise de réponse, Alex émit un petit ricanement. Meghan lui donna un coup de pied dans le tibia de peur qu’il n’aille plus loin.

— Je vais consulter mon agenda et je vous appellerai, proposa-t?elle à Ramos.

Se penchant vers elle, ce dernier lui chuchota quelques mots à l’oreille. Alex était trop loin pour entendre ce qu’il lui disait et trop près pour ne pas remarquer que son regard s’attardait dans son décolleté.

Elle eut une moue condescendante.

— C’est une demande assez courante, bien que peu d’hommes de votre réputation osent la formuler.

Ramos plissa les paupières et se raidit.

— Qu’est-ce que M. Alexander vous a dit à mon sujet ?

— Nicky et moi n’avons pas eu le temps de parler de vous, Frankie, fit-elle observer avant de boire une gorgée de vin. Mais je suis sûre que tout ce qu’on raconte est vrai.

Cette fois, c’est Alex qui lui donna un petit coup de pied dans le tibia afin de la faire taire.

Ramos inclina la tête en réponse à ce qui pouvait passer pour un compliment. Puis il indiqua d’un hochement de tête la table où l’attendait Vivian.

— Je suis en train de négliger ma compagne. Vous joindrez-vous à nous pour le dessert ?

Meghan jeta un regard malicieux à Alex de l’autre côté de la table. Elle posa l’index sur sa lèvre inférieure qu’elle tordit en un petit mouvement suggestif.

— Nous avons déjà des projets pour le dessert, n’est-ce pas, mon chou ?

Devant la sexualité qui émanait d’elle, il sentit son corps réagir aussitôt. Cependant, ses projets attendraient qu’il ait fini de lui passer un savon. Comment avait-elle pu se jeter au-devant du danger comme cela ?

— Une autre fois, Señor Ramos, si ça ne vous ennuie pas. Mais j’aimerais quand même vous retrouver demain pour discuter affaires.

Autant prêcher dans le désert, songea-t?il. Ramos restait entièrement focalisé sur Meghan.


— J’ai organisé une petite fête au casino du club vendredi soir. Je serais ravi de vous y retrouver, Elise.

— Hmm… Ce sera sûrement une soirée très intéressante, commenta-t?elle en hochant la tête comme s’il allait de soi qu’elle était invitée. Nous viendrons, n’est-ce pas, Nicky ?

Son ton ne souffrait pas la discussion. Alex masqua son amusement derrière un masque de soumission.

— Vos désirs sont des ordres, Maîtresse.

Ramos laissa échapper un petit ricanement de mépris.

— Un homme, un vrai, ne se conduirait pas ainsi en public.

Meghan se mit à rire, une cascade cristalline qui se termina en un soupir langoureux.

— Nicky est un homme, un vrai. Il a su accaparer mon intérêt ces derniers jours. Et je ne le fais même pas payer…

Elle commençait à aller trop loin. Il devait reprendre le contrôle de la situation. Le problème, c’est qu’il était littéralement fasciné par sa prestation. Comme Ramos, d’ailleurs, qui ne lui accordait plus la moindre attention…

Il plissa les paupières en le voyant effleurer le bras de Meghan du bout des doigts, puis poser sa main sur son épaule nue.

— Vous ne savez pas ce qu’est un homme, un vrai, tant que vous ne m’avez pas connu.

Elle lui lança un regard aussi coupant que le verre.

— Je ne vous ai pas donné la permission de me toucher, s’exclama-t?elle d’une voix tranchante. Si nous faisons affaire ensemble, il vaudra mieux que vous suiviez mes instructions à la lettre.

Nom de Dieu !

Alex sentit l’air grésiller autour d’eux et serra les poings devant la soudaine lividité de Ramos. Connaissant sa réputation de caractériel, il s’attendait au pire. La peur lui donnait des petits coups de poignard dans la poitrine. « Elise » et sa grande bouche allaient avoir leur peau à tous les deux.

C’est alors qu’elle lui adressa un petit clin d’œil. Incroyable : elle s’amusait ! Il était écartelé entre l’envie irrépressible de l’embrasser et la hâte de lui remonter les bretelles.

Rougissant, Ramos retira sa main, mais ses yeux étincelèrent d’excitation.

— J’attends vendredi avec impatience, alors.

Sur ces mots, il s’éloigna. Alex attendit que son cœur reprenne un rythme normal et que sa colère se soit calmée pour reprendre la parole.

— Meghan, tu as perdu la tête ? bougonna-t?il, la mâchoire contractée.

Elle rejeta la tête en arrière avec un sourire triomphant.

— Je me suis bien débrouillée et tu le sais.

— Tu étais supposée attendre en silence que j’en aie fini avec lui, répliqua-t?il en terminant son verre d’un trait. Allez, on rentre, Beauté fatale.

Elle envoya balader ses sandales et se mit à arpenter le salon, trop agitée pour écrire dans son journal. Elle ne savait pas ce qui lui avait pris, mais Dieu qu’elle s’était sentie bien ! Elle planait et n’avait pas la moindre intention d’atterrir.

L’adrénaline qui courait dans ses veines était meilleure que n’importe quelle drogue. Et elle se sentait excitée comme jamais. Nick lui avait demandé de l’attendre pendant qu’il joignait son supérieur, mais elle ne pourrait pas l’attendre encore bien longtemps. A peine franchirait-il le seuil qu’elle se jetterait sur lui.

Où est-il, où est-il, où est-il ?

Passant devant la baie vitrée, elle aperçut son propre reflet. Le visage empourpré, elle avait les pupilles dilatées, et les pointes de ses seins se dressaient sous le fin tissu de sa robe.

Oh là là… Je suis en train de me consumer. Où est-il ?

Quand on frappa un coup sec à la porte, elle se précipita dans l’entrée pour ouvrir. Nick passa devant elle sans la regarder et se dirigea vers le salon d’un pas pressé. Elle eut quand même le temps d’apercevoir son visage, frémissant de colère et de désir ardent.

Elle se concentrerait sur le désir ardent.

Se jetant à sa poursuite, elle laissa échapper un gémissement et se colla contre lui. Elle l’embrassa comme une affamée, submergée par un désir instinctif.

— Il faut qu’on parle, décida-t?il.

— Après.

— Non. Maintenant. Cette petite comédie que tu nous as jouée ce soir… Tu as presque réussi à me faire croire que tu étais une dominatrice.

Elle éclata de rire, la tête penchée en signe d’invitation.

— Sors tes menottes et tu y croiras vraiment.

Elle reprit aussitôt possession de sa bouche et fit glisser ses mains jusqu’à la boucle de sa ceinture. Les lèvres collées aux siennes, elle sentit contre son ventre la preuve de son excitation. Mais il la repoussa avec un soupir sonore.

— Déshabille-toi et prends-moi comme une bête, murmura-t?elle en se frottant contre sa braguette. J’ai salement envie de toi.

L’espace d’une seconde, le désir enflamma ses yeux verts. Pourtant, il s’écarta d’un pas et fronça les sourcils.

— Il faut vraiment qu’on parle.

— Arrrrrg… Maintenant ?

— Tu as pris des risques insensés, ce soir, Beauté fatale. J’aurais pourtant juré t’avoir demandé de la fermer.


Bon, bon. La passion attendrait quelques minutes encore. Impatiente, elle se remit à faire les cent pas. Elle se repassa le film de la soirée, et la fameuse scène du restaurant, avec une joie intense.

— Je t’assure que je voulais me taire. Mais ça m’est venu d’un coup. Et ça a marché ! Ramos y a cru. Il a gobé chacune de mes paroles.

— Oui, eh bien ! il ne les gobera plus, Maîtresse Elise, rétorqua Nick. Ton heure de gloire est terminée.

— Mais il nous a invités au casino vendredi ! Tu n’as jamais approché Ramos d’aussi près, et c’est grâce à moi.

Il l’attrapa par le coude quand elle passa devant lui.

— Je veux bien admettre que ton personnage a parfaitement servi à établir ma couverture aux yeux de Ramos. Et ne crois pas que je ne t’en sois pas reconnaissant. Mais tu nous as fait courir un risque énorme. Tu as joué…

— Et j’ai gagné ! le coupa-t?elle, ravie de sa prestation. Car c’est de ça qu’il s’agit, n’est-ce pas ? Se mesurer à l’adversaire et sortir la tête haute. C’est ça qui est drôle et excitant. Parce qu’on ne peut jamais être sûr à cent pour cent d’avoir gagné.

— Là, c’est l’adrénaline qui parle. Pas la femme qui m’a confié détester les flics parce que c’étaient des accros au danger.

Il la lâcha, le temps de retirer sa veste de sport qu’il jeta sur un fauteuil. Meghan se rembrunit. Sous les paroles de Nick, la réalité s’était brutalement imposée à elle. Kyle. Comment avait-elle pu oublier ? Elle s’était juré de ne jamais approcher de près ou de loin un représentant de l’ordre public et voilà qu’elle se mettait à jouer les Mata Hari. Qu’est-ce qu’il lui avait pris ? Elle avait failli faire capoter toute l’enquête sur Ramos et Braga.

— Crois-moi, ma chérie, je sais ce que tu ressens. Il n’y a rien de tel que ce mélange irrésistible de peur et d’excitation coulant dans tes veines. Moi aussi, j’y étais accro depuis des années… Jusqu’à aujourd’hui.

Il s’assit sur le canapé et croisa les jambes, la cheville sur son genou.

— Je suppose, commença-t?elle en baissant la tête, que je me suis laissé emporter par la situation. C’était tellement drôle de pouvoir être quelqu’un d’autre.

— Ce n’est pas aussi glamour ni aussi amusant que tu sembles le croire. Les flics doivent s’immerger dans des milieux dangereux sans compter leurs heures. Tout ça pour un salaire de misère et bien peu de considération.

— Sans compter les risques…

Elle soupira, envahie par un sentiment de tristesse. Nick était un flic, un homme qui chassait les malfrats et qui risquait, un jour, de ne pas rentrer à la maison.

— Quand tu prends le badge, tu prends le danger qui va avec.

Il passa une main dans ses cheveux. Il semblait si fatigué et si malheureux… Elle eut un rire sans joie.

— Kyle disait : « C’est mon boulot. Protéger et servir. » Le pire, c’est qu’il y croyait.

— Comme la plupart d’entre nous, Meghan. C’est comme ça qu’on arrive à dormir la nuit et qu’on rempile tous les matins.

— Mais pourquoi ? Pourquoi continuer ?

Les traits durcis, il parut se plonger en lui-même.

— Ça en vaut la peine si ça permet à quelqu’un de passer un jour de plus avec son mari, sa fille… ou son frère.

Elle haussa les sourcils devant sa douleur manifeste.

— Un frère, répéta-t?elle, cherchant à comprendre. Qu’est-il arrivé au tien ?

Il garda le silence. Prenant sa main dans la sienne, il baissa les yeux, assailli par les souvenirs. Chacune des images qui venaient le hanter lui serrait la poitrine et l’empêchait de respirer. S’il voulait vraiment se montrer honnête avec Meghan, il allait devoir se mettre à nu et réveiller ses vieux démons. Peut-être alors réussirait-elle à comprendre ce qui le motivait.

Après un long silence, il ouvrit enfin les vannes.

— Mon frère. Greg. Il a commencé à se droguer au lycée. L’héroïne l’a rendu imprudent, fou et sans morale. Il se fichait de tout sauf de sa prochaine dose. Mes parents ne se sont jamais remis de voir leur fils cadet se détruire sous leurs yeux.

— Que s’est-il passé ?

Il se racla la gorge. Jamais il n’avait parlé de ça, pas même à ses parents.

— Je l’ai laissé tomber, voilà ce qui s’est passé, avoua-t?il avec amertume. J’entrais à la fac, je ne pouvais pas être toujours derrière lui. Greg a abandonné le lycée et a commencé à disparaître quelques jours puis plusieurs semaines d’affilée.

— Et maintenant, où est-il ?

— Aucune idée. La dernière fois que je l’ai vu, il venait d’être libéré après avoir été arrêté pour possession de drogue. On aurait dit un cadavre. Maigre et sale à faire peur. Le juge l’avait obligé à suivre une cure de désintoxication, mais il s’est sauvé. On ne l’a pas revu depuis.

Elle passa les bras autour de sa taille et posa sa tête sur son épaule. Alex ferma les yeux un instant, acceptant son réconfort.

— J’ai essayé de lui parler, de l’aider, mais il était devenu un étranger. J’ai perdu mon petit frère bien avant qu’il ne disparaisse de ma vie.

— Et c’est pour ça que tu es entré à la DEA. Pour te venger.

Il rouvrit les yeux. Les obstacles qui les séparaient paraissaient infranchissables.

— Je suis désolé d’avoir enquêté sur toi, mais…

Elle posa les doigts sur ses lèvres.


— Tu n’as pas à t’excuser. Tu faisais ton boulot, c’est tout.

— Ce boulot pourrait compromettre notre relation.

Elle se leva, mettant de la distance entre eux. Lorsqu’elle reporta enfin son attention sur lui, son regard était froid.

— Y a-t?il quelque chose entre nous ? On était censés s’amuser, tu te souviens ?

Il la dévisagea, déçu, jusqu’à ce qu’elle se détourne. Il avait cru qu’ils s’étaient rapprochés, mais voilà qu’elle érigeait de nouvelles défenses.

— C’est vrai, j’oubliais. Pas de promesses. Ni remords, ni regrets.

Elle eut la grâce de rougir devant son amertume à peine masquée. Il continua à la fixer, frustré de ne la voir s’abandonner qu’au lit. Il était assez bon pour son corps, mais pas pour son cœur. Il pouvait jouer le rôle de l’amant imaginaire, mais pas celui de son amour.

Il se tient debout devant moi, sous la chute d’eau. Il s’approche de moi, s’offre à moi. Nos corps s’unissent sous la cascade…

Sous le regard circonspect de Meghan, il se leva et ôta sa chemise d’un seul geste, sans se soucier des boutons. Puis il l’attira à lui sans ménagement. Elle posa une main sur la poitrine, comme pour l’arrêter. Sans doute avait-elle reconnu le feu de la colère qui étincelait dans son regard.

Il défit sa fermeture Eclair, lui enleva sa robe et glissa une main dans sa petite culotte. Après avoir fouillé entre ses cuisses humides, il recula d’un pas, sans la quitter des yeux, puis se débarrassa de son pantalon et de son caleçon.

Sa main dans la sienne, il entraîna ensuite Meghan vers la salle de bains, prenant au passage deux préservatifs. Il ouvrit le robinet de la douche et l’installa dans la cabine où l’eau chaude formait déjà un nuage de vapeur. Il l’embrassa lentement, explorant, caressant sa bouche, mettant dans ce baiser toute sa passion, dans le but de lui montrer l’absurdité de leur petit arrangement. Les règles qu’elle avait imposées étaient stupides. Qu’elles aillent au diable !

Meghan gémit quand il prit ses seins dans ses paumes, les caressant avec ardeur. Les mains encadrant son visage, elle l’embrassa goulûment. Puis elle enroula ses jambes autour de ses cuisses et l’attira un peu plus contre elle. Son membre viril se dressa plus encore et s’écrasa contre sa chair moite de désir.

Un désir violent l’envahit. Dans la salle de bains saturée de buée, il saisit à tâtons un préservatif avant de le dérouler sur son sexe en érection. Puis il rejoignit Meghan sous le jet de la douche et referma la porte de la cabine. Des gouttes d’eau ruisselaient sur son torse. Elle tendit la langue pour lécher une goutte qui coulait le long de sa poitrine. Frémissant, il la prit par la nuque et l’embrassa de nouveau à pleine bouche.

Tendant la main vers un flacon de gel douche, elle en versa sur ses mains et se massa le corps jusqu’à ce qu’il soit recouvert de mousse. Puis elle se frotta à lui pour le savonner. Son corps collé au sien, elle prit son sexe dans ses mains et fit glisser ses doigts couverts de mousse le long de sa verge.

Ses caresses ressemblaient à une torture. Elle le serrait entre ses doigts, le relâchait, allait et venait sur toute sa longueur. Il laissa échapper un cri sourd, luttant pour conserver son contrôle. S’il ne se retenait pas, il allait jouir dans ses mains. Sauf qu’il ne pouvait plus se retenir ! Il fallait qu’il la prenne maintenant.

Il la plaqua contre la cloison de la cabine, lui coupant le souffle. Puis, du genou, il lui écarta les cuisses et se frotta contre elle. Elle renversa la tête en arrière, les yeux clos, extatique. Faisant glisser ses mains sur sa peau mouillée, il se pencha vers elle pour lui mordiller la nuque. Elle se cambrait, se balançait contre lui, et ses gémissements de désir lui faisaient l’effet d’un coup de fouet. Maintenant, bon sang !

Il la retourna jusqu’à ce qu’elle prenne appui des deux mains contre le mur carrelé. Le jet de la douche tombait en cascade sur ses cheveux, son dos, ses fesses rondes et ses cuisses. Fasciné par sa cambrure, il la prit par la taille et la pénétra par-derrière. Il la possédait, la faisait sienne dans un acte primaire, instinctif. Il sentait Meghan faiblir sous ses assauts, et elle s’agrippa à la barre d’appui de la douche. Son autre main toujours en appui contre le mur, elle se cambra pour mieux le rejoindre.

Il lui écarta encore les jambes et continua à la posséder avec une rage féroce, la pénétrant profondément, entrant en elle autant qu’il le pouvait. Son sexe se contractait autour du sien, l’avertissant de l’imminence de son orgasme. Une impression presque insoutenable.

Fermant les yeux, il eut soudain une conscience aiguë de l’odeur de savon et de sexe qui flottait dans l’air gorgé d’humidité. Du bruit du jet d’eau contre le carrelage. De leurs cris étouffés par la douche. De cette sensation glissante de l’eau sur sa peau et de sa chair qui se mouvait en elle.

Il parvint difficilement à retenir sa propre jouissance lorsqu’il sentit le plaisir la prendre. Elle cria tandis que son corps s’agitait de soubresauts et qu’elle glissait au sol. Il dut réunir toute sa force pour la retenir et toute sa volonté pour ne pas jouir en même temps qu’elle. Avant qu’elle ait pu reprendre son souffle, il ferma le robinet de la douche et ouvrit la porte.

Il la prit dans ses bras et la porta, dégoulinante d’eau, jusque dans la chambre à coucher. Les fantasmes de Meghan étaient puissants et érotiques, mais cela ne lui suffisait pas. Il voulait plus. Ils s’étaient envoyés en l’air sous la douche ; maintenant, ils allaient faire l’amour.

Malgré son désir ardent, il prit tout son temps avant de la pénétrer de nouveau. Quelle chance il avait ! A présent, il connaissait Meghan mieux que lui-même. Il avait appris à apprécier sa force et ses faiblesses. C’était une femme magnifique et attentionnée, intelligente, drôle et passionnée. Et elle allait être sienne.

Lorsqu’elle écarta les cuisses, il la pénétra lentement, centimètre par centimètre, prolongeant l’attente du moment où leurs corps s’uniraient. Il recula puis s’avança doucement, frissonnant de plaisir. Comme elle se cambrait contre lui, il plongea en elle, leurs deux corps n’en formant plus qu’un.

Il prit son visage entre ses mains et riva ses yeux dans les siens. Elle était à lui.

— Je t’aime, Meghan.

Les mots jaillirent de sa bouche en un chuchotement rauque. Elle écarquilla les yeux de surprise puis les referma, comme pour repousser sa déclaration. Il balança ses hanches en avant, augmentant le rythme et la friction. Meghan lui caressait le dos de ses doigts fins. Brusquement, elle se tordit et se débattit sous lui. Eperdu de désir, il accéléra le mouvement, fouillant son sexe, martelant son rythme, exigeant une réaction.

— Je t’aime, répéta-t?il.

Il n’avait jamais été aussi effrayé, aussi vulnérable. Il avait du mal à respirer, et son cœur battait violemment dans sa poitrine, languissant d’entendre sa réponse. Devant lui, le visage tourmenté de Meghan trahissait le tumulte de ses émotions, en écho aux siennes.

Elle aussi paraissait fragile, vulnérable. Magnifique. Un sourire tremblant apparut sur ses lèvres. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, des larmes perlèrent à ses paupières et elle eut un soupir qui ressemblait à un sanglot.

— Moi aussi, je t’aime, Nick.

Elle soutint son regard. Et il sentit ses yeux s’emplir de larmes. Elle avait prononcé les mots qu’il attendait — sauf qu’ils s’adressaient à quelqu’un d’autre. Le poids de ses émotions menaça de l’écraser. C’était trop tard.

Il plongea en elle, ressentant ses frissons à chacun de ses assauts. Elle l’embrassa follement, soulevant son corps pour s’unir au sien. Il se démena en elle, rapide et dur.

Ce n’est que lorsqu’il la sentit au bord de l’abîme, qu’il se laissa enfin aller.

Alex n’arrivait pas à dormir. Il laissa échapper un soupir en contemplant le corps assoupi de Meghan. Doucement, avec maintes précautions, il tendit la main vers elle et caressa son visage. Lorsqu’il effleura sa joue, elle se blottit contre sa main. Il sentit son cœur balbutier et saigner.

Elle l’avait appelé Nick, bon sang…

Il voulait qu’elle l’aime, lui. Pas cet amant imaginaire tout droit sorti de ses fantasmes, ni même ce personnage qu’il avait été obligé de jouer. Il se retrouvait pris à son propre piège. Un peu plus tôt, il lui avait demandé de lui faire confiance, tout en sachant pertinemment qu’il n’en était pas digne. Quitte à embrouiller encore plus la situation, il devait maintenant lui rendre son journal. S’il ne le faisait pas, il ne mériterait jamais sa confiance. Et leur avenir tout entier en dépendait.
Il l’aimait !

Meghan s’étira langoureusement, un sourire aux lèvres. Quelle nuit incroyable ! Décidément, le danger était un puissant aphrodisiaque. Roulant sur le côté, elle tendit le bras. Le lit était froid à côté d’elle, et elle ouvrit les yeux. Apparemment, Nick s’était déjà levé. Mais elle pouvait sentir sa présence dans les courbatures qui meurtrissaient sa chair et dans l’allégresse qui gonflait son cœur.

Pourtant, une petite voix lui soufflait que c’était sans espoir. Ils n’avaient pas d’avenir. Maintenant qu’elle savait qu’il était agent fédéral — un métier encore plus dangereux que celui de Kyle —, il fallait qu’elle s’en tienne aux règles qu’elle s’était fixées. Elle rejeta les couvertures sur le côté avec un soupir. Pour l’instant, elle ne voulait pas y penser. Ils avaient encore trois jours à passer ensemble et elle se refusait à tout gâcher avec des « si ».

Posant les pieds par terre, elle se leva et s’étira de nouveau de tout son long. Une légère brise en provenance de la fenêtre caressa son corps nu. Elle passa dans le salon et se servit une canette de Coca-Cola — de la caféine ! — dans le minibar. Après quelques gorgées goulues, elle se tourna vers le balcon.

Nick était penché sur la rambarde, pieds et torse nus. Il fumait une cigarette. Les rayons du soleil projetaient un jeu d’ombres et de lumière sur les muscles de ses épaules et de son dos. Le tissu de son pantalon s’étirait sur ses fesses, accentuant ses puissantes cuisses. Elle avala une nouvelle gorgée de soda en admirant la vue.

— Bonjour, mon chéri. Quelle belle journée !

Il se retourna. Son sourire avait quelque chose de forcé. Peut-être s’inquiétait-il au sujet de son enquête ? Il écrasa sa cigarette et la rejoignit à l’intérieur.

— Bonjour. Tu as bien dormi ?

— Comme un bébé. Une fois que l’adrénaline est retombée, je me suis effondrée.

Comme elle tendait la main vers sa joue pour l’embrasser, elle remarqua son air distant. Quelque chose ne tournait pas rond, qui n’avait rien à voir avec l’enquête. Elle laissa retomber son bras, étudiant son visage.

— Qu’est-ce qui ne va pas, Nick ?

— Je m’appelle Alex, répliqua-t?il, un soupçon d’amertume perçant dans sa voix.

— Excuse-moi, Alex. C’est difficile de s’y habituer.

Un nuage de tristesse assombrit son regard et il détourna la tête, serrant les poings au fond de ses poches.

— Il faut qu’on parle, au sujet de la nuit dernière.

Elle sentit sa bonne humeur céder peu à peu la place à de l’inquiétude. Qu’est-ce qui pouvait bien l’assombrir de la sorte ?

— La nuit dernière était tout simplement… incroyable, commenta-t?elle.

— Ce n’était pas une vraie cascade, mais je pense que c’était un bon substitut, non ?

Un ton neutre que démentait cette lueur de regret dans ses yeux.

— Une cascade ? répéta-t?elle, décontenancée.

Où voulait-il en venir ? Le mot flotta entre eux un moment, lourd de sens.

— Que veux-tu di… ?

Elle s’interrompit au milieu de sa phrase. Et son corps se raidit sous le choc. Est-ce qu’il faisait référence à… ? Non, c’était impossible !

Et pourtant, il lui suffit de le regarder pour voir ses soupçons se confirmer.

Oh… mon… Dieu…


chapitre 13


Il est l’amant parfait. Il sait être tendre et passionné. Il donne vie à mes fantasmes les plus inavouables, mes secrets les plus intimes, mes désirs les plus fous.

Consumée par une colère blanche, Meghan reposa violemment sa canette sur la table, renversant un peu de soda. Elle eut soudain une conscience aiguë de sa nudité. Nick — Alex — avait violé son intimité, et elle se sentait profondément humiliée.

Ramassant la robe qu’elle avait portée la veille, elle l’enveloppa autour d’elle afin de cacher son corps le plus possible, puis, les poings serrés sur sa poitrine, elle agrippa le tissu. Surtout ne pas sombrer, malgré la violence de sa trahison.

— Tu as lu mon journal, c’est ça ? l’attaqua-t?elle. Pendant tout ce temps, c’était toi qui l’avais.

— Ma chérie…

— Non !

Un non qui claqua tel un coup de fouet. Furieuse, elle regagna la chambre, attrapa son peignoir dans la commode et l’enfila rapidement d’un geste rageur. Comme il jurait à voix basse, elle se retourna pour lui faire face, le visage fermé. Il se tenait sur le seuil, fouillant sa tignasse brune d’une main.

— Je suis vraiment désolé, Meghan, assura-t?il en lui tendant son journal intime. Je ne voulais pas que tu t’en rendes compte.

— C’est ça, tes excuses ?

Elle lui arracha le carnet des mains et le serra contre elle. Des passages lui revinrent à la mémoire, descriptions intimes de ses espoirs, de ses rêves et de ses fantasmes. Et il avait lu ces pages. Toutes. Personne ne la connaissait désormais aussi bien que Nick — Alex.

— C’est dans tes habitudes de fouiller dans la vie intime de parfaits inconnus ?… Je suppose que oui, répondit-elle à sa place.

Une question stupide, vu sa profession. Elle se sentit si pathétique. Dire qu’elle l’avait presque supplié de devenir son amant… Pas étonnant qu’il ait profité de la situation.

— Je t’en prie, Meghan, ne me jette pas la pierre. Tu l’as laissé traîner au beau milieu de ma chambre. N’importe qui se serait montré curieux, surtout après avoir vu ta valise pleine de sous-vêtements.

— Ça explique que tu l’aies feuilleté. Mais tu l’as gardé et tu m’as menti quand je t’ai demandé si tu l’avais vu !

Le poussant sans ménagement, elle passa dans le salon et lui ramassa ses vêtements. Elle les lança dans sa direction avec un regard mauvais.

— Rhabille-toi et va-t’en.

Il ramassa sa chemise, ses chaussettes retombant par terre. Il essaya de l’enfiler, en vain. Les boutons étaient encore attachés, et il les maltraitait sans parvenir à les défaire. Il jura.

— Je ne bouge pas, décréta-t?il en se campant sur ses jambes. Je veux que tu comprennes et que tu acceptes mes excuses.

Elle le considéra comme si elle ne l’avait jamais vu et s’assit sur le canapé, lui tournant à moitié le dos. Sa robe de chambre s’étant entrouverte sur ses jambes, il ne put s’empêcher de la reluquer. Aussitôt, elle tira le tissu d’un coup sec pour se recouvrir. Quand ses yeux revinrent se poser sur lui, elle soutint son regard sans ciller.

— Tu n’avais pas le droit de lire mon journal intime. Comment as-tu pu faire une chose aussi méprisable ? Certains détails doivent demeurer secrets.

— Et certaines choses doivent être vécues. C’est toi qui m’as demandé de réaliser ton rêve le plus secret.

Les joues en feu, elle laissa échapper un cri de fureur. Le sang bouillait dans ses veines et lui montait au visage. Ce type était tout simplement incroyable !

— Tu as dépassé les limites, Alex. Tu m’as blessée. Et comme si ça ne suffisait pas, tu m’insultes maintenant ? Tu t’es servi de ce que tu as lu pour me manipuler ! s’écria-t?elle en tendant le journal vers lui d’un geste accusateur. L’après-midi sur la plage, le dîner romantique avec mes plats préférés, et hier soir, dans la douche… Tu ne m’as pas séduite, je me suis séduite toute seule. L’intimité que j’ai cru partager avec toi était aussi fausse que ton identité !

Il se laissa tomber dans un fauteuil avec un soupir. Ses traits étaient tirés, ses yeux marqués par la fatigue.

Je n’ai jamais eu l’intention de te manipuler. Je voulais être l’amant de tes rêves. Je voulais réaliser tes fantasmes.

— Eh bien, tu y es parvenu, attaqua-t?elle, méprisante. Tu as joué ton rôle à merveille. Comme je l’avais écrit.

Sur ces mots, elle se leva d’un bond et sortit sur le balcon. Les mains tremblantes, elle s’agrippa à la rambarde pour s’efforcer de se calmer. Il la rejoignit, toujours pieds nus, et s’appuya contre le chambranle de la porte, maintenant volontairement une distance raisonnable entre eux.

— Je suis désolé d’avoir violé ton intimité. Mais je ne suis pas désolé d’avoir eu la chance de découvrir qui tu étais réellement.

Elle le dévisagea en plissant les yeux.

— Surtout, n’oublie pas de me faire signe le jour où tu découvriras qui tu es réellement, rétorqua-t?elle sur un ton où l’amertume le disputait au sarcasme.

— Je suis ce type dont tu es tombée amoureuse. Et qui est tombé amoureux de toi.

Elle secoua la tête. Un inconnu, voilà ce qu’il était pour avoir dissimulé une part de son identité — son nom, sa profession et son véritable but. Une fois de plus, elle avait fait confiance à un homme, cru ce qu’il lui disait. Et avait eu tort. Comment avait-elle pu se montrer aussi stupide ?

— Tu n’es pas celui que je croyais, et je ne suis même pas celle que je pensais être.

Elle baissa la tête sur le petit carnet qu’elle tenait dans sa main. Et lorsqu’elle redressa la tête, un rideau de larmes aveuglait ses yeux au point qu’elle ne le distinguait plus.

— J’ai toujours été la gentille fille ; j’ai toujours fait ce qu’il fallait faire, commença-t?elle, la voix tremblante. Quand je suis arrivée à Cayo Sueño, mon manque de confiance en moi m’a poussée à endosser le rôle de quelqu’un d’autre. Le prix à payer pour cette erreur est bien plus cher que je ne le pensais.

Traversant le balcon à grandes enjambées, il prit doucement son menton entre son pouce et son index, et l’obligea à le regarder. Dans ses yeux brûlait la flamme de son amour pour elle.

— La femme que j’ai découverte dans ces pages est sensuelle et passionnée, et elle assume pleinement sa sexualité. Je n’ai pas eu de mal à comprendre que tu désirais la faire vivre en dehors de ton journal. Je ne voulais pas te blesser, Meghan. Je voulais juste te rendre heureuse…

— Oh, merci beaucoup, railla-t?elle. Alors, tu as tout calculé dans les moindres détails, hein ? Pas mal du tout, le coup du « je t’aime ». Tu t’es inspiré de quelle page ?

— Je t’aime, Meghan. Vraiment. C’est extraordinaire d’être avec toi. Tout est vrai, chaque moment, chaque caresse…

Elle l’écoutait mais ne le croyait plus. Les larmes commencèrent à couler le long de ses joues.

— C’était important pour moi, poursuivait-il, envoûtant, persuasif. Tu es importante pour moi. Ce qu’il y a entre nous…

— N’est rien.

Rejetant la tête en arrière, elle repoussa sa main.

— Il n’y a rien entre nous, Nick. Notre couple n’est qu’un mensonge bâti sur une tromperie.

Il ferma les yeux et pressa ses doigts sur ses tempes.

— J’ai tout fait foirer. Comment faire pour que tu me pardonnes ?

Elle baissa la tête, vaincue par la fatigue et le désarroi. Elle avait besoin d’être seule et de laisser libre cours à ses larmes.

— Va-t’en, murmura-t?elle, les mots lui écorchant la gorge. Tout ce que je veux, c’est que tu t’en ailles.

— Je n’arrive pas à croire qu’il soit parti.

Debout devant le plan de travail de la cuisine, Meghan aidait sa sœur à préparer le repas.

— Eh bien, tu t’attendais à quoi ?

— Il est sorti comme ça, sans un mot.

— C’est ce que tu lui as demandé de faire, non ?

Julie versa les légumes coupés en tranches dans une marmite d’eau bouillante.

Meghan la regardait faire. Elle repensait à la veille, à ce qu’elle avait appris sur son boulot de flic.

— Il sait tout de moi, et moi, je le connais à peine.

— Pourquoi en savoir plus ? Tu voulais juste un corps magnifique pour satisfaire tes fantasmes, une aventure sexuelle sans lendemain. Tu as déjà oublié ?

Elle releva vivement la tête, prête à se lancer dans une dispute. Mais une lueur malicieuse dansait dans les yeux de sa sœur.

— O.K., O.K… J’avais tort. Tu avais raison.

— Alors, tu vas lui pardonner ?

— Je crois…

Elle prit un morceau de parmesan dans le frigo et commença à le râper dans un bol.

— Toute ma vie, je n’ai fait qu’attendre un type comme lui. Je ne me suis jamais sentie aussi heureuse, aussi désirable et désirée. Nick est drôle et charmant. Il est intelligent, dynamique et…

— Bon sang, tu es amoureuse de lui !

Sous le regard aigu de sa sœur, elle soupira et reposa le fromage sur la table.

— Ce matin, je t’aurais dit oui sans hésiter. Maintenant, je ne sais plus, avoua-t?elle en haussant les épaules, incapable d’analyser ses émotions. Trois ou quatre orgasmes à faire trembler la terre ne créent pas une relation durable.

— Peut-être, mais c’est un sacré début ! répliqua Julie avec un petit sourire plein de malice.

— Tout s’est passé si vite. J’ai peur d’avoir confondu amour physique et amour véritable, dans le feu de la passion.

Julie versa de l’huile d’olive sur les fettuccine.

— Parfois, quelque chose de magique se passe entre deux personnes, même si ça peut paraître rapide ou imprudent. Apparemment, Nick te rend heureuse, à la fois physiquement et psychologiquement. Peut-être devrais-tu passer outre la raison et te fier à ton instinct.

— Je ne sais pas si je peux encore croire en mon instinct, Jules, observa Meghan tout en débouchant une bouteille de vin. Il m’a déjà trompée.

— Oui, mais il a fini par avouer qu’il avait ton journal. Il n’était pas obligé…

— Je ne sais pas.

Sa sœur refusa de la laisser s’en tirer ainsi.

— Bien sûr que si, tu le sais. Il est tombé amoureux de toi, et il pense que tu l’aimes aussi, assez pour lui pardonner son erreur. Ecoute la voix de ton cœur, Meg. Je crois qu’elle te dit que Nick est l’homme de ta vie.

— Frankie Ramos m’a abordée près de la piscine, ce matin, déclara Meghan à l’autre bout du fil.

Alex se raidit, les doigts crispés sur le combiné. Ce n’étaient pas vraiment les mots qu’il attendait, mais il était quand même heureux d’entendre sa voix. Jusqu’à ce qu’il comprenne leur sens.

— Ne dis plus rien. Retrouve-moi dans le hall.

Il raccrocha avant qu’elle ait eu le temps de protester. L’agent fédéral avait repris le dessus. Il savait, pour l’avoir passée au crible, que sa chambre n’était pas sur écoute, mais si Ramos avait localisé Meghan, il faudrait qu’il fouille la sienne aussi. Son cœur se serra. En la mêlant à son enquête, il l’avait jetée dans la gueule du loup.

Génial. Tout simplement génial…

Il bipa Emelio et lui expliqua rapidement ce qui s’était passé au restaurant, deux jours plus tôt. Après avoir décidé qu’il le retrouverait dans sa suite, il quitta sa chambre et se dirigea vers l’ascenseur, jurant à voix basse. La cabine s’ouvrit, et il s’y engouffra aussitôt, l’air mauvais. Le vieux couple qui attendait sur le palier, ne bougea pas, décidant qu’il valait mieux attendre le prochain.

Bon sang ! il aurait dû prévoir que Ramos essayerait de joindre Meghan ! Sûr qu’elle ne voudrait plus jamais avoir affaire à lui, après un coup pareil. Quand elle lui avait avoué qu’elle l’aimait, il s’était imaginé qu’ils trouveraient un moyen de se voir à Miami. Mais maintenant…

Il avait dormi seul, cette nuit — sans doute la plus longue qu’il ait jamais passée. Son sommeil avait été morcelé, entre des cauchemars, des accès d’insomnie dus à la culpabilité et un insupportable sentiment de perte. Il ne voulait pas que tout soit détruit entre eux à cause d’une erreur stupide.

Il s’était dit qu’il lui laisserait un peu de temps pour se calmer. Mais pas question de laisser tomber. Des femmes comme Meghan, on n’en rencontrait qu’une dans sa vie — si on avait de la chance.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent au sixième étage, et elle lui apparut. Le visage exempt de tout maquillage, elle portait cette fois ses propres vêtements — T-shirt bleu, jupe beige qui lui arrivait au genou. Il nota avec un soupçon de plaisir que ses yeux étaient cernés derrière ses lunettes. Elle non plus n’avait pas dû beaucoup dormir.

Refusant de croiser son regard, elle pénétra dans l’ascenseur et lui tourna le dos. Il la voyait suivre les numéros des étages au-dessus de la porte, détachée, indifférente à sa présence. Il aurait tout aussi bien pu faire partie des moutons qui ornaient le tapis.

— Est-ce que tu comptes me parler un jour ? lui demanda-t?il.

— Bonjour, Alex. Comment vas-tu ?

Même sa politesse faussement enjouée ne parvenait pas à camoufler sa fatigue.

— Mal. Tristement seul. Rongé de remords.

— Parfait.

Alors seulement, elle condescendit à se tourner vers lui.

Il frotta sa cicatrice avec un profond soupir. Pour le pardon, ce n’était pas encore gagné.

— Et toi, comment vas-tu ?

— Mal. Tristement seule.

Il sourit et lui tendit la main.

— Tu me pardonnes ?

— Je m’y emploie.

Elle mit sa main dans la sienne puis la reprit, l’air soucieux.

— Comment Ramos m’a-t?il retrouvée ?

Laissant retomber son bras, il se força à dissimuler le sentiment de peine et d’énervement que lui causait sa froideur.

— Je ne sais pas. Emelio pense que des hommes à lui surveillent le club.

— Oh, je t’en prie, Alex ! Il y a des centaines de personnes ici. Comment aurait-il pu me retrouver ?

— Tu es inoubliable, Meghan.

Visiblement, elle crut qu’il se moquait d’elle, car elle baissa la tête. Ses épaules s’affaissèrent, et elle croisa les bras sur sa poitrine en un geste protecteur.

— Est-ce que je suis en danger ?

— Non, assura-t?il avec force. Je ferai tout pour qu’il ne t’arrive rien
Elle lui jeta un coup d’œil en coin mais ne dit rien.

C’en fut trop. D’accord, il avait vraiment déconné avec le journal intime, mais il ne supportait plus son silence lourd de reproche.

— Dis quelque chose, bon sang !

— Tu ne voudrais pas que quelqu’un surprenne notre conversation à propos de ton enquête.

— Alors, parlons de nous deux, Beauté fatale.

Tendant le bras, il écrasa le bouton d’arrêt d’urgence. La sonnerie de l’alarme retentit en même temps que l’ascenseur s’immobilisait. Meghan perdit l’équilibre et tomba sur Alex, bras écartés. La rattrapant par le coude, il lui fit faire volte-face.

— Dis-moi que tu me pardonnes.

Elle expira bruyamment.

— Je suis plus gênée qu’en colère. Tu connais tous mes secrets, maintenant, et je ne me suis jamais sentie aussi vulnérable.

— Personne, ou presque, ne peut résister devant un livre ouvert, ma douce.

— Je suppose que tu as raison…

Il fit glisser ses doigts le long de ses bras et serra ses mains dans les siennes.

— Penses-y. Si ç’avait été l’inverse, qu’aurais-tu fait ? N’aurais-tu pas lu mon journal ?

— Je ne l’aurais pas gardé et je ne t’aurais pas menti à son sujet, répliqua-t?elle avec une moue.

— Oui, je reconnais que c’était nul.

— Enfin… Après m’être calmée, j’ai réfléchi. Tu aurais pu le garder et je n’en aurais jamais rien su, dit?elle avant de venir se coller contre lui et de poursuivre : ou bien me le rendre dès le premier jour et nous n’aurions pas vécu toutes ces expériences incroyables.

Ce ventre qui se frottait contre le sien signifiait-il qu’elle lui avait pardonné ? se demanda-t?il, le corps soudain brûlant. La température commençait à s’échauffer sérieusement dans le petit ascenseur.

— Alors… tu me pardonnes ?

— Disons que j’ai compris que tu voulais sincèrement me faire plaisir.

Ses hanches se balancèrent tout contre son jean. Et recommencèrent.

— Et j’y suis parvenu ? s’enquit-il, la voix lourde de sous-entendus.

Elle lui adressa un petit sourire provocant.

— Tu ne t’es pas trop mal débrouillé…

Le souffle soudain court, elle tressaillit dans ses bras. Une flamme dansait dans ses yeux d’ambre, faisant fondre sa réserve glaciale.

— Tu m’as terriblement manqué, Beauté fatale.

— On s’est quittés il y a à peine vingt-six heures et quarante-trois minutes.

— Non pas que tu aies trouvé le temps long…

L’odeur à la fois fleurie et épicée de sa peau l’emplissait d’un désir si fort qu’il en tomba presque à genoux.

Impossible de dire lequel des deux fit le premier pas. Alors qu’il penchait la tête vers sa bouche, elle fit glisser ses mains sur sa poitrine jusqu’à sa nuque. Il couvrit ses lèvres des siennes, et tous les deux s’abandonnèrent à ce baiser affamé.

La plaquant dans un coin de la cabine, il agrippa ses hanches et maintint son corps tendre contre le sien. Il sentit les petites pointes de ses seins se durcir lorsqu’elle se frotta contre l’érection qui déformait son jean.

C’était si bon, si juste… Et il l’aimait tant.

D’une main, il lui pétrit les seins à travers son T-shirt pendant qu’elle emmêlait ses doigts dans ses cheveux. L’attirant plus près, elle insinua sa langue dans sa bouche avec un faible gémissement.

C’est alors que l’alarme se déclencha de nouveau. Et l’ascenseur fit un bond avant de reprendre sa descente. Alex regarda les chiffres des étages défiler rapidement au-dessus de la porte. L’équipe chargée de la maintenance avait dû remettre la machine en marche de l’extérieur.

— Alors, c’est de ça que tu voulais me parler ? s’enquit Meghan.

De la gaieté dansait dans ses yeux alors qu’elle réajustait son T-shirt. Il sourit.

— Non, mais j’aurais bien continué…

Il ne demandait pas mieux que de l’emmener dans sa chambre pour poursuivre cette conversation. Le problème, c’est qu’Emelio était passablement énervé et qu’ils devaient mettre sur pied un plan destiné à coincer Ramos.

— Mon coéquipier nous attend.

— Ramos a débarqué sans crier gare, déclara Meghan.

Emelio se percha sur le bord de son siège.

— Où ça ?

— A la piscine, intervint Alex. Est-ce que nous avons quelqu’un qui pourrait contrôler les employés de l’hôtel ?

— Je m’en occupe. Ensuite, que s’est-il passé, Meghan ?

— Tout d’abord, j’étais trop surprise pour réagir. Puis il m’a appelé « Maîtresse Elise », et je me suis aussitôt remise dans mon rôle. C’était étrange, commenta-t?elle, l’air perplexe. Bref, il m’a dit qu’il était ravi de m’avoir retrouvée. Il voulait que l’on prenne rendez-vous pour réaliser le fantasme bizarre dont il m’a parlé l’autre soir.

Emelio leva un sourcil interrogateur, mais elle secoua la tête.

— Je préfère vous épargner les détails.

Comme Alex s’agitait à son tour, elle lui prit la main. Apparemment, elle ne voulait rien lui dire non plus. Une raison de plus pour faire la peau à Ramos.

Jetant un coup d’œil à leurs mains jointes, Emelio plissa le front. Il se radossa à sa chaise et glissa ses pouces dans les poches de son jean.

— Et ensuite ?

— Je lui ai fait croire qu’Elise était impatiente de réaliser son fantasme. Je l’ai un peu provoqué, je l’ai incité à parler… En gros, il voulait s’assurer que je viendrais au casino ce soir.

Alex laissa échapper une plainte sourde, irrité à la fois par la situation et par sa propre réaction. Meghan et Ramos… Il ne le supporterait pas. Une sueur froide perlait sur son front rien qu’en l’imaginant en tête à tête avec le baron de la drogue.

— Ouais, il sera bien déçu de voir que tu lui poses un lapin. S’il croit que je vais te laisser…

— Comment ça, si tu vas me laisser ? l’interrompit?elle avec un regard courroucé. Je dois y aller. Il m’attend.

— C’est hors de question.

— Attends, Alex, insista Emelio, essayant de le ramener à la raison. On a besoin d’elle, et tu le sais. Si Ramos lui a confié ses petites manies sexuelles, peut-être qu’il lui en dira plus.

— Les hommes comme Frankie Ramos ne parlent pas affaires avec les prostituées, même de luxe.

Elle croisa les bras d’un air de défi.

— En tout cas, il ne semble pas prêt à parler affaires avec toi. Ramos a demandé à Elise de venir sans Nick.

Emelio s’interposa de nouveau.

— Mec, il pourrait se détendre avec elle, révéler quelque chose qui nous permette enfin de le coincer.

Alex réfléchissait. Bon sang ! il devait bien y avoir un autre moyen, qui ne lui fasse courir aucun risque ! Sauf qu’il avait beau se creuser les méninges, il ne voyait pas d’autre solution.

— O.K. Tu peux m’accompagner et te pendre à mon cou comme une jolie poule de luxe, mais rien de plus.

— Désolé de te décevoir, bel étalon, mais ta poule de luxe a un cerveau, rétorqua-t?elle en tapotant sa cuisse de ses ongles. Ramos n’a jamais mis en doute ce que je lui ai raconté — preuve que j’ai parfaitement joué mon rôle. Il est évident qu’Elise l’intrigue. Si elle se pend à son cou, qui sait ce qu’elle verra… et ce qu’il lui racontera.

Alex tapota les poches de sa chemise à la recherche de cigarettes. Merde ! Il les avait laissées dans sa suite.

— Je n’aime pas la façon dont tu parles d’Elise, comme s’il s’agissait de quelqu’un d’autre.

— Je suis quelqu’un d’autre, par rapport au jour de mon arrivée à Cayo Sueño.

Elle lui avait répondu calmement, mais sa voix frémissait d’une émotion contenue.

Il ferma les yeux. Elle avait raison, bien sûr, mais, bon sang, qu’il détestait ça ! L’éclair du canon. Le claquement sourd du coup de feu. La douleur. Il avait un goût âcre dans la bouche quand il rouvrit les yeux.

— Pourquoi t’impliquerais-tu autant ?

— Pour Kyle. Pour Greg. Et pour nous deux.

Il souleva leurs deux mains et porta son poignet à sa joue. Pas le choix, il devait accepter. Elle se pencha vers lui afin de l’embrasser. Avec elle, il avait l’impression d’être le seul homme sur Terre. S’il lui arrivait quelque chose, il en mourrait.

— On se calme, tous les deux, et on se concentre. On a une enquête à boucler, intervint Emelio en jetant un coup d’œil à sa montre. Il faut qu’on prépare notre opération, qu’on prévoie les hommes et le matériel, et on n’a pas beaucoup de temps devant nous. Meghan, on vous retrouve ce soir, avant votre départ pour le casino.

— Je continue à dire que ça ne me plaît pas du tout, Em.

— Que ça te plaise ou non, on n’a pas le choix. On ne peut pas laisser passer une occasion pareille.
Meghan contempla une dernière fois l’image que lui renvoyait le miroir de la salle de bains. Elise était une aventurière, audacieuse et provocante ; elle aimait le champagne frappé et les hommes torrides. Ce soir, elle allait sortir de son journal et marcher dans le cercle de feu.

Elle savait exactement comment elle allait s’y prendre — mettre Ramos à l’aise, lui faire baisser sa garde. Et si elle réussissait à jouer avec lui comme ce matin, il lui mangerait dans la main tel un petit chien et lui révélerait tout ce qu’elle voulait au sujet de ses affaires.

A la fois nerveuse et excitée, elle continua à s’observer dans le miroir. Julie lui avait prêté une robe de soirée en satin qui lui allait à merveille. Le tissu, couleur pêche, épousait chacune de ses courbes, et une fente remontait sur le côté jusqu’à mi-cuisses. Quant à son décolleté, il était époustouflant. Quelle trouvaille, le Wonderbra !

Entendant quelqu’un frapper trois petits coups, elle s’adressa un clin d’œil dans le miroir et se dirigea vers l’entrée d’un pas guilleret. L’ourlet de sa robe dansait autour de ses chevilles avec une légèreté enivrante.

Quand elle aperçut Alex sur le seuil, elle dut se retenir à la porte pour ne pas défaillir.

Il était magnifique. Ses cheveux sombres légèrement humides étaient coiffés en vagues souples vers l’arrière. Et son smoking le rendait tellement sexy… Seule ombre au tableau : il n’arborait pas son expression habituelle, à la fois confiante et séductrice.

Elle recula de façon à le laisser entrer, et il passa devant elle sans prononcer un mot. C’est alors qu’elle remarqua le sac qu’il tenait à la main.

— Qu’est-ce que c’est ?

Il en sortit un boîtier noir relié à plusieurs fils.

— C’est un micro H.F. Emelio devrait bientôt arriver pour s’assurer qu’il transmet correctement.

Elle le suivit dans le salon et regarda le micro avec méfiance. Elle n’appréciait pas du tout l’idée d’avoir à s’autocensurer toute la soirée.

— Qui va le porter ? Toi ou moi ?

— C’est pour toi. Je ne peux pas prendre le risque de me faire fouiller par Ramos. Tourne-toi.

Elle hésita un instant avant d’obéir. Sa main puissante effleura son dos lorsqu’il défit le crochet qui fermait sa robe et descendit la fermeture Eclair. Puis, glissant la main sous sa robe, il accrocha l’émetteur à sa taille.

Elle tressaillit à son contact. La caresse de ses doigts chauds sur sa peau lui donnait la chair de poule. Elle n’y connaissait rien en micro H.F. mais il lui semblait qu’Alex prenait tout son temps pour le mettre en place. Non pas que ça la dérange.

Une fois l’émetteur posé, il la prit doucement par l’épaule et la fit se retourner. Elle vit ses pupilles se dilater quand il plongea les yeux dans son décolleté. Le corsage échancré de sa robe révélait les bonnets pigeonnants de son soutien-gorge, et les petites pointes de ses seins formaient deux petits boutons sous le tissu couleur chair.

Il expira profondément, puis caressa sa clavicule du bout des doigts, y laissant un sillon de feu. Il plongea deux doigts dans son soutien-gorge avant de camoufler le micro entre ses deux seins.

— C’est bien, comme ça ? murmura-t?il, la voix rauque.

— Hmm, délicieux. Je veux dire… ça va !

Le cœur battant la chamade, elle sentit une vague brûlante déferler entre ses cuisses. Alex s’approcha et passa les mains dans son dos afin de remonter sa fermeture Eclair. Lorsqu’il se pencha en avant, elle l’embrassa dans le cou. Son souffle lui ébouriffa les cheveux. Et elle frissonna devant cette intimité.

La tête inclinée sur le côté, il plongea son regard dans le sien. Un courant de désir et de complicité passa entre eux, et leurs corps se rapprochèrent presque à leur insu. Comme Alex la prenait par la taille, elle posa les mains sur ses avant-bras et entrouvrit les lèvres pour recevoir son baiser.

Un coup sec frappé à la porte rompit le charme. Elle lut dans les yeux verts d’Alex une frustration et un regret poignants. Inspirant longuement, elle tenta de reprendre ses esprits. Ils avaient autre chose à faire.

— Va ouvrir à Emelio pendant que je retouche mon rouge à lèvres.

— Il est encore temps de reculer, Meghan. Tu n’es pas obligée de nous aider. On peut y arriver sans toi.

— Non, vous n’y arriverez pas sans moi, Nick, répliqua-t?elle avec gravité. Nous avons une mission à remplir. Un salaud à arrêter.

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ**   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 04-01-10, 06:03 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 22
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
ÚÖæ ÑÇÞí


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
ÇáÚÖæíÉ: 62940
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 1,517
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 247

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏItaly
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

chapitre 14


Ma vie est totalement dénuée d’excitation. J’ai toujours été la grande sœur responsable, la fille irréprochable, celle sur qui on peut compter. J’aimerais, juste une fois, faire quelque chose d’impulsif, peut-être même un peu dangereux… Alex sentit une bouffée d’adrénaline déferler dans ses veines. La tête lui tournait légèrement et son cœur battait à tout rompre. Tel un guerrier se préparant pour la bataille, il essaya de vider son esprit tout en restant en alerte. A l’intérieur du casino de Cayo Sueño, les machines à sous sonnaient de tous côtés, couvrant le murmure des voix. L’atmosphère était lourde, et les spots colorés ne parvenaient pas à percer le rideau de fumée créé par d’innombrables cigares hors de prix. Une foule de gens était réunie devant les diverses machines et plateaux de jeu, priant Lady Luck — la fée Chance. D’ordinaire, ce genre de situation mettait Alex en transe, l’adrénaline étant sa drogue préférée. Il n’aimait rien tant que la surprise et affrontait le danger avec jubilation. Mais aujourd’hui, il redoutait la confrontation avec Ramos et ses sbires, parce qu’il y avait en jeu un élément bien trop précieux : la sécurité de Meghan. Il se força à endosser son rôle. Il était Nick Alexander, petit génie de la finance. Sûr de lui, confiant, blasé. Légèrement arrogant, d’attitude comme de look. Un type qui réussissait dans la vie. Il traversa le casino à grands pas, détaillant la foule du regard. Concentre-toi sur les visages. Oublie ta peur. Catalogue les joueurs. Il fit mine de ne pas reconnaître le croupier à la table de black-jack devant lui. Emelio lui jeta un coup d’œil, mais l’ignora tout autant. Après avoir arrêté une serveuse pour lui commander une bière, Alex se dirigea vers la caisse. Il afficha un sourire pro — le sourire de Nick — à l’intention de la rouquine à la poitrine généreuse qui se tenait dans la cabine vitrée. — Bonsoir. Je voudrais ouvrir un compte. — Certainement, monsieur. Je sens que c’est votre jour de chance, déclara-t?elle avec un clin d’œil enjôleur. S’esclaffant, il ouvrit son portefeuille rempli de billets de cent dollars. Il en sortit une carte de crédit reliée à un compte spécial et la glissa sur le comptoir. — Combien désirez-vous pour commencer, monsieur ? — Cinquante mille. La rouquine ne cilla pas. Passant simplement sa carte dans un scanner, elle lui prépara une pile de jetons de mille dollars chacun. — Merci. Ses jetons dans les mains, il allait tourner les talons quand la rouquine se pencha pour l’attraper par le bras. — Si vous n’avez rien à faire plus tard… Il secoua la tête et sourit, histoire d’adoucir son refus. — Désolé, j’ai déjà des projets. Avant Meghan, il aurait sans doute fini la soirée avec elle — surtout qu’elle était vraiment bien roulée. Mais désormais, ce qu’elle avait à lui offrir ne l’intéressait plus. Même si, malheureusement, celle qui l’intéressait ne lui avait pas encore totalement pardonné. Depuis son divorce, il avait évité de s’engager de nouveau avec qui que ce soit. C’était plus facile d’être seul quand on ne savait pas où — ni qui — l’on serait la semaine suivante. Meghan lui avait fait comprendre à quel point sa vie était vide de sens et combien il était seul. Quoi qu’il se passe — et quoi qu’il doive faire —, il voulait avoir une place dans sa vie. La seule chose qui lui importait plus que de voir Ramos en prison, c’était de se réveiller chaque matin à côté d’elle.

Ramos se leva pour l’accueillir à une table un peu à l’écart. — Nick ! Je commençais à me demander si vous alliez venir. Alex sourit. Ouais, c’est ça. Comme si j’allais laisser passer une chance pareille. Ce soir, il comptait bien découvrir comment le cartel blanchissait ses narcodollars. — Comment pourrais-je laisser passer une chance pareille de rafler votre argent ? Ramos éclata de rire. Un rire trop bruyant, trop dur. Etudiant son visage, Alex comprit qu’il se trouvait sous l’influence de la drogue. Ses pupilles étaient si dilatées que ses yeux paraissaient noirs. Les rumeurs étaient donc exactes : Ramos ne faisait pas que goûter ses produits, il s’en goinfrait. Ce qui risquait de le rendre plus imprévisible que jamais. Alex sentit une vague d’anxiété le submerger. Meghan comptait sur lui. Tout comme Greg, qui aurait tant eu besoin de son grand frère. Ou Liz, son ex-femme, qui ne demandait qu’à être aimée. Et Emelio, qui s’en était remis à lui à Overtown. Toute sa vie, on avait compté sur lui, et il ne s’était pas montré à la hauteur. Mais cette fois, ce serait différent. La sécurité de Meghan dépendait de son habilité à coincer Ramos. Quoi qu’il se passe, il ne la laisserait pas tomber. A cette pensée, un étrange sentiment de calme l’envahit, comme s’il se trouvait, mentalement, dans l’œil du cyclone. Son anxiété s’évapora et sa nausée reflua. Nick était entré en scène. — J’avais une affaire personnelle à régler. — Une affaire personnelle d’un genre très spécial, je vois, plaisanta Ramos en lui indiquant de la main une petite tache rouge dans le cou. Alex ne se souvenait pas que Meghan l’ait embrassé à cet endroit… Il frotta un mouchoir contre sa peau, mais aucune trace de rouge à lèvres ne vint maculer le tissu. Hmm… Apparemment, c’était un suçon, qui devait remonter à la nuit précédente. Tant pis. Ramos éclata d’un rire faussement joyeux. — La dame vous a laissé sa marque, mon ami. Alex esquissa un semblant de sourire, le laissant tirer ses propres conclusions. — C’est pour ça qu’elle est payée. — Elise n’est pas avec vous ? s’enquit cet espèce de salopard en regardant autour de lui d’un air moqueur. — Non… plus maintenant, répondit Alex, une nuance de regret dans la voix. Nous ne sommes plus en affaires. Ramos étira ses lèvres en un fin sourire, les yeux brillant de satisfaction. — Parfait. Passons aux choses sérieuses, si vous voulez bien. — Le Señor Braga va-t?il nous rejoindre ? — Rogelio a été malencontreusement… retenu. Alex ne laissa rien transparaître. Cela signifiait-il que Braga était occupé ailleurs ou, comme il le soupçonnait, qu’il avait été exécuté ? Soudain, il regretta de ne pas porter lui-même de micro afin d’avertir Emelio. Il serra la main des quatre hommes assis autour de la table de poker. A peine se fut-il assis, ses jetons posés devant lui, que la jolie serveuse blonde lui apporta sa bière. — Merci, ma belle. Occupe-toi des verres de ces messieurs, veux-tu ? lui demanda-t?il en glissant un billet de cent dollars dans son décolleté. Ramos eut un hochement de tête approbateur. Après avoir reluqué la serveuse, ses hommes passèrent quelques minutes à échanger des remarques machistes sur les femmes et des tuyaux crevés sur la Bourse. Ensuite, l’un d’eux coupa les cartes, le suivant les distribua, et chacun des joueurs misa mille dollars au centre de la table. Allumant une cigarette, Alex étudia son jeu. Dame de trèfle, dame de cœur — pas si mal. Il prit ça comme un bon présage. Pensant à Meghan, il dirigea son regard vers l’entrée. Comme en réponse à ses pensées, elle pénétra dans l’immense hall. Elle lui fit le même effet que la première fois où il l’avait aperçue, sur la terrasse du club. En dépit du danger qu’ils encouraient, il sentit une flambée de désir le saisir au… Une minute ! Elle semblait inquiète, peu sûre d’elle, et jouait nerveusement du bout des doigts avec son bracelet. C’était Meghan, pas Elise ! Il eut un coup au cœur. C’est vrai qu’elle s’était admirablement bien débrouillée l’autre soir, dans le feu de l’action, mais maintenant, elle avait pleinement conscience du pétrin dans lequel elle s’était fourrée. Brusquement, il eut une folle envie de la prendre dans ses bras et de l’emmener loin du casino. Sauf qu’il était trop tard pour reculer. Elle fouilla le hall du regard à sa recherche. Dès qu’elle le repéra, une expression de joie anima son visage. Elle lui adressa un clin d’œil et se redressa. Alex la vit se métamorphoser sous ses yeux, admiratif malgré lui. Son allure si féminine se fit tout à coup audacieuse, avec un brin de cynisme et une touche d’arrogance. D’une démarche assurée, Elise traversa le casino. Ramos l’avait certainement aperçue, lui aussi, puisqu’il grommela rapidement une excuse et quitta la table de poker. Alex se retint à grand-peine de le suivre. Il devait faire confiance à Meghan, même si son instinct le poussait à intervenir. C’était à elle de jouer, maintenant. Il se força à desserrer les dents. Détends-toi, bon sang. Suis le jeu ! Les parties se succédaient à vive allure ; il semblait être le seul à avoir de bonnes cartes. Il ne s’était défait que de quelques milliers de dollars, alors que les autres en avaient déjà perdu plus d’une centaine de milliers chacun. A chaque partie, constata-t?il, intrigué, les hommes de Ramos misaient des sommes bien trop importantes par rapport à leurs pertes. Et n’utilisaient jamais les jetons de dix mille dollars de leur patron, empilés sur un plateau devant sa chaise vide. — C’est moi, ou Lady Luck nous boude, ce soir ? Alex leva les yeux vers celui qui venait de parler. Malgré ses pertes — quarante mille dollars durant la dernière partie —, Shelton paraissait d’excellente humeur. Un de ses acolytes, Kent, lui asséna une grande claque dans le dos en s’esclaffant. — Je parie qu’elle viendra nous sauver la mise bientôt. Alex fronça les sourcils, les nerfs tendus à se rompre. Pas de doute, quelque chose d’important était en train de se passer. — Vous avez l’air bien sûr de vous pour quelqu’un qui vient de perdre aussi gros. Shelton lui lança un regard acéré avant de se replonger dans ses cartes. Kent éclata de rire de nouveau. — Reste cool, mec. Braga m’a dit que Nick était notre nouveau banquier. Vous pouvez l’initier à notre petite charade. Kent posa ses cartes sur le tapis. Il avait une quinte flush. Que signifie… ? A son tour, Shelton lui montra son jeu — un carré de dix —, bientôt imité par ses comparses. Avec des jeux pareils, ils auraient dû gagner, pas perdre. Ces types faisaient exprès ! Alex jeta un coup d’œil en direction du tas de jetons de dix mille dollars. Banco ! Les narcodollars étaient blanchis, lavés, amidonnés et repassés ici. Au casino.

Attitude. Tout n’était qu’une question d’attitude, et elle en avait à revendre. Elle dégageait un mélange de mystère, d’intelligence et d’érotisme — tout ce qu’un homme pouvait désirer. Ramos n’avait aucune chance. Elise était capable de manger n’importe quel type sans jamais être rassasiée. Accoudée sur la table, Meghan se pencha en avant. Elle inclina la tête d’un air gourmand et sourit. — Alors… vous voulez partager ma compagnie durant quelque temps. Je dois vous prévenir, Frankie, que je suis très exigeante. Je ne traite pas avec n’importe qui. — Et j’apprécie votre discrétion. Le dos tourné au bar, il avait commandé une bouteille du meilleur champagne et l’avait descendue comme de l’eau. A en juger par ses grands mouvements et son visage animé, il était plus que soûl. — Dites-moi, qu’est-ce qui vous attire chez un homme, Maîtresse Elise ? Elle pensa aussitôt à Alex. Son rire sexy, son charme bon enfant, sa tendresse. Elle le savait près d’elle, mais pour l’instant, elle devait se débrouiller toute seule. Caressant le rebord de sa flûte du majeur, elle effectua des petits ronds paresseux sous le regard hypnotisé de Ramos. — Chaque homme est différent. C’est difficile d’expliquer ce qui m’excite. — Je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qu’une femme comme vous a pu trouver chez un type comme Nick Alexander. Ayant fini sa flûte de champagne, il commanda une autre bouteille. Quand le serveur l’eut apportée, il se resservit un verre et lui remplit le sien. — Ce que mes anciens clients et moi avons pu faire ensemble ne vous regarde pas, répliqua-t?elle d’un ton de reproche. Nick était un partenaire agréable, mais j’ai envie de passer à autre chose. Ce qui m’intéresse, en revanche, c’est ce que vous pensez pouvoir m’offrir. — Vous ne seriez pas là si je n’avais pas réussi à susciter votre intérêt, très chère. — J’admets que vous éveillez ma curiosité. Elle plongea son index dans son champagne avant de le porter lentement à sa bouche. Puis, soutenant son regard, elle se lécha le doigt. — Je suis un homme très important, déclara-t?il en se rengorgeant. Bien plus riche et puissant qu’un pauvre type comme Alexander ne le sera jamais. Elle retint un soupir d’agacement. C’était la troisième ou quatrième fois qu’il citait le nom de Nick, et le micro scotché entre ses seins commençait à la démanger. Peut-être fallait-il qu’elle le provoque un peu ? — Vraiment, Frankie, si j’accepte de vous prendre, il faut que vous me convainquiez que je ne perdrai pas mon temps avec vous, répliqua-t?elle, condescendante. Je commence à avoir quelques doutes. Un éclair de colère passa dans les yeux de Ramos, lui donnant un air de folie. Son humeur vira à cent quatre-vingts degrés en moins d’une seconde. — On ne badine pas impunément avec Francisco Guillermo Ramos. Vous croyez que vous pouvez vous moquer de moi, Elise ? Comment aurait-elle pu résister à titiller cet ego surdimensionné ? Elle baissa nonchalamment les yeux pour inspecter ses ongles manucurés. Peut-être aurait-elle dû se retenir ? Non. Ne recule pas. — Pourquoi ne jouerais-je pas avec vous, Frankie ? c’est bien pour ça que vous voulez me payer, non ? Après un instant de flottement, il éclata de rire. Ouf ! elle avait repris le contrôle. — Voilà la femme d’affaires qui parle. Ça, c’est un langage qui me plaît. — C’est vrai que vous vous y connaissez, en affaires. Le moment était venu de lui passer un peu de pommade. Elle poursuivit : — Un homme de votre réputation, avec un tel pouvoir, une telle puissance… Le business, ça vous connaît. Peut-être que vous pourriez m’aider ? J’ai justement un petit problème à résoudre… Les yeux noirs de Ramos brillèrent d’une lueur qui ne devait pas tout à l’alcool. — Nous pourrions nous aider l’un l’autre. Mes conseils en échange de vos services ? Elle jeta un coup d’œil discret sur sa gauche afin de s’assurer qu’Emelio était toujours assis à la table de black-jack. Il hocha la tête et lui adressa un bref sourire. On y va. A ce signal, elle se cambra, accentuant la profondeur de son décolleté, et battit des cils. C’était l’heure des fausses confidences. — L’un de mes clients s’est montré très bavard… sous mes encouragements, commença-t?elle, suave. J’ai profité de certaines informations privilégiées qu’il n’a pas pu s’empêcher de me faire partager. Du coup, je me retrouve à la tête d’une petite somme plutôt coquette que j’aimerais investir… sans en avertir le fisc. Ramos qui finissait de vider la deuxième bouteille de champagne dans leurs verres, eut une grimace de dédain. — Toutes mes activités basées sur des opérations en liquide, comme les distributeurs de bonbons et de boissons, les fast-foods et les boutiques de prêteurs sur gage, ont un bon rapport… Elle l’interrompit d’un petit claquement de langue réprobateur et fit courir ses ongles sur le dos de sa main. Lorsqu’il leva les yeux, elle humecta lentement ses lèvres de la pointe de sa langue. — Il m’en faudra plus que ça, Frankie. Si tu veux qu’on joue à ce que tu m’as demandé l’autre soir, tu devras m’aider à trouver des placements plus intéressants… off-shore, par exemple. — Je ne pense pas… — Ne pense pas, Frankie. Imagine. Tout ce que je pourrais te faire, les positions que nous pourrions inventer tous les deux… La délicieuse fantaisie que tu as susurrée à mon oreille l’autre soir. On y jouerait ensemble. Plusieurs fois. Il déglutit lentement et se dandina sur sa chaise. — Je verse mon argent par petites quantités sur différents comptes courants. Après quoi, je procède à des virements à l’étranger au nom de mon cousin. Par-dessus l’épaule de Ramos, elle vit Alex se diriger vers le bar. Il regardait Emelio en souriant. Apparemment, elle était en train d’obtenir les informations qui leur manquaient. Il lui adressa un geste circulaire de l’index, afin qu’elle continue à faire parler le trafiquant. Sous la table, elle tendit la jambe et fit langoureusement aller et venir son pied le long de la jambe de Ramos. — Vraiment ? Mais que faites-vous de l’argent ensuite ? demanda-t?elle en lui pressant la main en signe d’encouragement. — C’est là que ça devient ingénieux, Elise. Mon cousin Pablo a créé des comptes spéciaux au nom d’organismes caritatifs pour recevoir des dons. Et il prit pour exemple le nom d’une association caritative sud-américaine destinée aux enfants miséreux. Meghan serra les poings, et ses ongles s’enfoncèrent dans ses paumes. Espèce de salopard ! Elle avait donné cent dollars à ces mafieux l’an passé. Cent dollars qui étaient allés grossir les poches de Ramos, au lieu de nourrir des enfants affamés ! Le moulin à paroles s’était enclenché, et elle n’avait plus qu’à l’écouter se vanter, hochant la tête d’un air appréciateur de temps à autre. Croyait-il vraiment que sa récompense serait à la mesure de ce qu’il lui apprenait ? Comme il l’agrippait par la main, elle se dégagea et détourna la tête, dégoûtée, incapable de soutenir son regard une minute de plus. Alex était installé au bar. Une bouteille de bière devant lui, il avait l’œil rivé sur Emelio. Tout à coup, elle le vit s’assombrir. Il porta la main à son oreille et fit rouler entre ses doigts sa boucle d’oreille en diamant. Le signal ! Il fallait maintenant qu’elle « fiche le camp le plus vite et le plus loin possible », ainsi qu’il le lui avait seriné avant de quitter l’hôtel. — Eh bien, Frankie, je suis impressionnée. Je crois que nous allons traiter ensemble, minauda-t?elle en se levant. Donnez-moi une minute pour me repoudrer le nez, et vous me direz comment je peux investir dans vos opérations. A peine s’était-elle éloignée de trois pas que le casino sombra brusquement dans le chaos. Emelio rejeta sa chaise en arrière et se précipita vers Ramos en hurlant : « On ne bouge plus ! » Plus d’une douzaine d’agents sortirent de nulle part en vociférant, leurs badges à la main. Quelqu’un laissa échapper un cri de terreur ; un plateau se renversa dans un bruit de verre brisé ; une femme s’évanouit, et plusieurs clients du casino tentèrent de s’échapper. Ramos pivota sur son siège et cria : — Revenez, Elise, je vous protégerai !

Elle le regarda, incapable de décider de quel côté elle devait se sauver. Plusieurs agents fédéraux se précipitaient dans sa direction. Elle était coincée au beau milieu de la bagarre. Il fallut moins d’une seconde à Ramos pour dessoûler. Les yeux fous, il semblait prendre la mesure du tohu-bohu autour de lui. Soudain, Meghan le vit s’assombrir en fixant un point juste derrière elle. Oh, mon Dieu… Alex avait dû montrer sa satisfaction, car Ramos lâcha soudain un hurlement de furie. Une haine pure déferla dans son regard tandis qu’il comprenait dans quel piège il s’était laissé prendre. Renversant son tabouret, il s’abrita derrière une table et glissa la main dans sa veste. Paralysée par la terreur, elle le vit sortir une arme. — Noooon ! hurla-t?elle. Ramos visa la poitrine d’Alex. — Hijo de perra ! Je ne te louperai pas, cette fois ! Oh, non, c’est impossible ! Pas ça. Pas une nouvelle fois ! Sans penser à sa propre sécurité, elle s’interposa entre eux, les bras écartés. Aussitôt, Alex l’attrapa par les jambes et la plaqua au sol. Le souffle coupé par la violence de l’impact, elle s’écroula sous lui. De la douleur. Une douleur sourde et brûlante. Son épaule droite était en feu. Baissant les yeux, elle s’aperçut que le sang coulait le long de son bras. Elle reprit son souffle et s’obligea à déglutir de façon à contenir la nausée qui montait à sa bouche. — Oh, mon Dieu, ma chérie, tu es blessée ! Attrapant un mouchoir dans la poche de son smoking, il le maintint pressé contre son bras. Elle grimaça de douleur. — Que quelqu’un appelle une ambulance ! cria-t?il à la ronde avant de l’embrasser sur le front. Elle se retint à lui comme à une bouée de sauvetage, luttant de toutes ses forces pour ne pas sombrer. Alex roula sur le côté et la força à s’asseoir. Elle eut juste le temps de voir Emelio renverser Ramos d’un coup de pied dans la poitrine, envoyant valser son arme au loin. — Francisco Ramos, vous êtes en état d’arrestation pour tentative d’assassinat, usage d’une arme à feu, trafic de drogue, blanchiment d’argent et évasion fiscale. Vous avez le droit de garder le silence… — Vous n’avez rien contre moi, pendejo. Mon avocat ne fera qu’une bouchée de vous, minable. Emelio eut un petit sourire. — Qu’il essaie. Alex maintenait le mouchoir plaqué contre l’épaule de Meghan tout en la serrant dans ses bras. Il ferma les paupières, essayant d’effacer les petits points lumineux qui dansaient devant ses yeux. C’était comme si son cerveau avait disjoncté au moment où Ramos avait dégainé son Glock 29. Tâchant de ramener son pouls à la normale, il rouvrit les yeux et souleva le mouchoir afin d’étudier la blessure de Meghan. Apparemment, la balle lui avait traversé l’épaule. — Où est cette putain d’ambulance ? Elle s’accrocha à lui, murmurant son nom encore et encore. Le mouchoir était gorgé de sang, et Alex sentait le liquide poisseux couler sur ses doigts. Un étau cruel enserrait sa poitrine. Bon sang ! dire qu’il avait mis la vie de Meghan en danger pour son boulot ! Elle avait joué son rôle à merveille du début à la fin, mais il savait à quel point cela lui avait coûté. Les traits marqués par la douleur, elle respirait aussi bruyamment que lui. Il posa une main tremblante sur sa joue, caressant avec tendresse l’ovale de son visage. — Julie va se mettre en colère quand elle verra l’état de sa robe, bredouilla-t?elle avec un rire forcé. Ses yeux étaient trop brillants, et la pâleur crayeuse de son visage faisait peur. Un tremblement incontrôlable se mit à l’agiter de la tête aux pieds. — Tu m’as sauvé la vie, murmura-t?il en effleurant son front brûlant de fièvre du doigt. Plus que ça, même, elle avait sauvé son âme. Il plongea les yeux dans son regard d’ambre, le cœur débordant d’amour et de gratitude. Elle avait forcé sa solitude, l’avait éveillé à la joie de vivre. Comme si elle lui avait donné le mode d’emploi. Avant elle, il passait à côté de la vie, sans savoir ce qu’il manquait. Maintenant qu’il l’avait trouvée, il ne la laisserait plus s’échapper. — Qu’est-ce qui t’a pris de rester planté là, juste devant Frankie ? murmura-t?elle, la voix de plus en plus faible. Tu souriais comme un imbécile, prêt à te faire tirer dessus. — J’étais tellement fier de toi. Angoissé, il vit les yeux de Meghan se voiler. Il fallait qu’il la maintienne éveillée coûte que coûte. — Grâce à toi, poursuivit-il, Ramos va enfin aller en prison. Tu as joué le rôle d’Elise à la perfection. Il augmenta la pression sur son épaule, lui arrachant une grimace de douleur. La plaie continuait à saigner. — Je l’ai mystifié. J’étais vraiment bonne, hein ? Il laissa échapper un petit rire sans joie. — Fantastique ! Si jamais tu veux changer de boulot… — Ce n’est pas drôle. — Je sais. Excuse-moi. Il caressa ses cheveux du bout des doigts. Les mots eurent du mal à sortir. — Tu t’es montrée si courageuse. Tu devais être terrifiée… — Je ne sais pas ce qui m’a pris. Un coup de folie. — Oui, folle de moi. Je t’aime, Beauté fatale. Une drôle d’expression passa sur son visage. Son instinct lui souffla que ce n’était pas dû à sa blessure.

— Alex… Elle n’eut pas le temps de poursuivre. Un agent arriva par-derrière et, prenant Alex par le bras, l’obligea à se relever. — Je vais te fouiller pour voir si tu ne camoufles pas d’arme. N’y prends pas trop de plaisir, mon grand. — Dans tes rêves, Sandalis. Tu n’es pas du tout mon genre, marmonna Alex sans bouger les lèvres. Shelton et Kent, les hommes de main de Ramos, contemplaient la scène. Alex devait continuer à jouer son rôle. Il ne pouvait risquer de griller sa couverture. L’un des agents entraîna Ramos à l’extérieur. Le Sud-Américain se retourna vers Alex et le menaça entre ses dents. — Tu me le paieras. Ne crois pas que tu vas t’en tirer comme ça. — Tu passes trop de temps devant la télé, Frankie. C’est alors qu’il sentit les menottes lui mordre la chair. Dans la foule, des murmures s’élevèrent, et on le montra du doigt. L’espace d’une seconde, il se demanda qui il était et pourquoi il avait choisi ce boulot. Mais le pire de tout, c’était le regard incrédule de Meghan. — Et que se passe-t?il, maintenant, Alex ? murmura-t?elle. La question sous-jacente lui noua le ventre. Elle ne parlait pas de l’instant présent et de l’opération de police, mais de leur avenir. Il la vit se refermer sur elle-même, impuissant à la rassurer. S’agenouillant auprès d’elle, il prit un ton faussement léger. — On va continuer à jouer le jeu devant les autres suspects, puis je rejoindrai mon bureau à la DEA pour taper mon rapport… et je viendrai te voir dès que possible. Emelio s’approcha d’elle à son tour. — Tenez bon. L’ambulance ne va pas tarder à arriver. Ils vous emmèneront à l’hôpital où l’on examinera votre épaule. Ça va aller. Puis il rejoignit Alex et lui parla à mi-voix. — Ne t’inquiète pas, je vais prendre soin d’elle. — Merci, mon pote. Je te le revaudrai. — Allez, ordure, on y va ! s’écria l’agent spécial Sandalis en le tirant violemment par le bras. Tu es en état d’arrestation. Tout ce que tu diras pourra être retenu contre toi… En s’éloignant, Alex jeta un dernier regard à Meghan. Elle le contemplait, les yeux empreints d’une émotion qu’il ne parvint pas à définir. Puis elle détourna la tête.

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ**   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 04-01-10, 06:06 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 23
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
ÚÖæ ÑÇÞí


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
ÇáÚÖæíÉ: 62940
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 1,517
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 247

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏItaly
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

chapitre 15


Mes vacances de rêve ont viré au cauchemar, dans lequel le danger le dispute à la trahison. J’ai trouvé l’amour pour découvrir que ce n’était pas pour moi… — Encore ? — Oui, madame. Et je suis sûr que ce n’est pas fini, affirma le livreur avec un grand sourire. C’est quelqu’un qui doit vraiment vouloir que vous lui pardonniez. Ayant pris le bouquet de marguerites, elle referma la porte et passa devant ses valises alignées dans l’entrée pour rejoindre le salon. Des vases et des corbeilles de fleurs emplissaient la pièce, ne cessant d’arriver depuis le matin. Elle ménagea une petite place sur la table du salon pour les marguerites, puis sortit sur le balcon. Se réinstallant sur son fauteuil, elle reprit son stylo. Je voulais quelqu’un de différent. Je voulais une aventure. Que dit le dicton, déjà ? Méfie-toi de ce que tu souhaites… Dommage qu’il ait fallu que je me prenne une balle dans l’épaule pour comprendre. Elise est en moi, elle fait partie de ma personnalité. Mais au final, je suis Meghan. La fille responsable, respectable. Celle sur qui l’on peut compter. J’ai souhaité vivre une petite histoire et, maintenant, je veux quelque chose qui dure toujours. Mais ce ne sera pas avec Nick, l’amant de mes rêves devenu réalité. Ni avec Alex, l’agent fédéral. Comment un homme qui affronte chaque jour le danger et change d’identité à chaque mission, pourrait-il s’engager pour la vie ? Du revers de la main, Meghan essuya les gouttelettes de sueur qui perlaient sur son front. Qu’est-ce qui lui avait pris de traverser l’île par cette chaleur ? L’air était lourd, gorgé d’humidité, et le soleil brillait haut dans un ciel sans nuage. Il devait faire plus de trente-cinq degrés en cette fin de matinée. Elle réajusta la bretelle de son sac à dos sur son épaule valide et écouta d’une oreille distraite les explications du guide. Les murs de pierres révélés par les fouilles contrastaient avec la végétation luxuriante et les mares d’eau salée alentour. — Les archéologues sont divisés sur l’origine de ce cercle de pierre. Il aurait été sculpté selon les uns par un groupe d’Indiens Maya originaires de Yucatan, de l’autre côté du golfe, et selon les autres, par des Indiens Tequesta. Tous s’accordent à dire que cet endroit était un lieu sacré. Elle jeta un coup d’œil à sa montre alors que le guide continuait à réciter ses explications sur un ton monocorde. Tout à coup, sa vision se brouilla, et elle sentit sa tête tourner. Elle était en train de se déshydrater. Attrapant une bouteille d’eau dans son sac, elle en but la moitié en quelques gorgées. — Je veux bien que tu m’en laisses un peu. Alex avait surgi à son côté. Elle l’accueillit avec un peu d’hésitation. Certes, elle était heureuse de le voir, plus qu’elle ne voulait l’admettre, mais cela ne changeait rien à sa décision. Lui tendant la bouteille, elle en profita pour admirer ses longues jambes bronzées, ses hanches minces… Tout sauf sa chemise. L’horreur du jour était couverte de perroquets orange et verts. — Comment vas-tu, ma chérie ? Elle haussa les épaules, grimaçant aussitôt sous la douleur. — Je suis un peu fatiguée, mais je crois que c’est surtout à cause des médicaments qu’on m’a donnés à l’hôpital. — Désolé de ne pas avoir pu t’y rejoindre. J’avais une tonne de rapports à rendre, ainsi que d’autres trucs à régler. — Tu n’as rien raté. On m’a juste droguée, soignée et fait un pansement. Julie a pu me ramener le soir même. Elle était plus choquée que moi. Tandis que le guide continuait son monologue, Alex se pencha vers elle et lui chuchota à l’oreille : — C’est barbant, non ? Si on faisait l’école buissonnière ? L’idée d’aller se perdre dans ses bras était tentante. Très tentante. Seulement, c’était fini. — Tu ne vas pas me croire, je n’ai jamais manqué l’école. Pas une seule fois. — Dans ce cas, je vais te dévergonder. Exactement ce qu’elle souhaitait — avant. Elle se remémora leur première rencontre, les étincelles d’excitation et l’attirance qu’elle avait immédiatement ressenties. A ce moment-là, elle avait cru qu’il pourrait changer sa vie. Malheureusement, tout avait un prix.

Alex l’entraîna à l’écart du groupe. Un peu plus loin, deux archéologues travaillaient sur un autre site. Ils s’éloignèrent encore. Le brouhaha des conversations et le son des outils contre la pierre se perdaient dans le lointain. Posant son sac par terre, Meghan grimpa sur un rocher. A présent, elle entendait le bruit des vagues sur la plage et le souffle du vent dans les hauts branchages. La brise légère, empreinte de l’odeur des fleurs et du soleil, lui ébouriffa les cheveux. Alex vint s’asseoir près d’elle. Plissant les yeux, il admira la vue puis lui indiqua les ruines d’un geste du menton. — Greg aurait adoré voir ça. Elle ne voulait pas parler de Greg. Il fallait qu’ils discutent du présent, pas du passé. — Vraiment ? Pourquoi ? — Il voulait être archéologue. C’était un gamin passionné par les dinosaures et les fossiles, expliqua-t?il avant de s’esclaffer. Je me rappelle le jour où il a trouvé ces vieux os au fond du jardin. Il devait avoir dix ans. Il était tellement excité, persuadé d’avoir découvert un animal préhistorique, que je n’ai pas eu le courage de lui dire que c’était sans doute le squelette du chat des anciens propriétaires. Elle repoussa ses lunettes sur son nez et plongea son regard dans le sien avec une fierté mêlée de compassion. — Combien de temps encore vas-tu passer à te punir ? Quand comprendras-tu que tu ne peux pas le sauver ? Le premier moment de stupeur passé, il détourna la tête, les dents serrées. Elle savait qu’elle l’avait blessé, mais elle voulait lui ouvrir les yeux. Elle adoucit sa voix, tout en sachant que cela n’atténuerait pas le coup qu’elle allait lui porter. — Je suis *******e que tu sois venu, Alex. Comme ça, je peux te dire au revoir en personne. — Nous avons tout le temps d’en parler. Ton départ n’est prévu que pour demain. — Je m’en vais aujourd’hui. — Quoi ? — Je te souhaite d’être heureux, Alex. Mais tout est fini entre nous. Les paupières mi-closes, il la considéra intensément. — Tu veux renoncer à nous, foutre en l’air notre avenir et notre bonheur à cause du passé ? répliqua-t?il avec amertume. Tu n’as pas le droit de… — Le passé ne ment pas, Alex. Je sais ce que Julie a dû endurer et je connais ses blessures. Elle n’est pas près de guérir et je ne veux pas vivre ce qu’elle a vécu. Redouter chaque nuit qu’on frappe à la porte ou qu’on appelle pour dire qu’un malheur est arrivé. — Ça ne se passera pas comme ça… Il essaya de la prendre par la taille, mais elle se dégagea. — Si, ça se passera comme ça, assura-t?elle d’une voix douce mais ferme. Parce que tu te bas contre un ennemi que tu ne peux pas vaincre, une bataille que tu ne peux pas gagner. Et peu importe ce qui peut arriver. — Je ne voulais pas que tu sois blessée. Dieu sait que je n’ai jamais souhaité que quiconque soit blessé. — Tu savais quel genre de type était Ramos et, malgré ça, tu m’as laissée aller en première ligne. — Si je m’en souviens bien, c’est toi qui as insisté pour participer à l’opération. Et Emelio et moi ne t’avons pas quittée d’une semelle. — Vous étiez là pour recueillir des preuves contre Ramos, pas pour me protéger. — Je faisais mon boulot, Meghan, riposta-t?il, glacial, presque distant. Le mieux possible. Elle ne lui en voulait pas. Il était comme Kyle, déterminé à se battre coûte que coûte pour un monde meilleur. C’était sans doute admirable, mais elle avait eu sa dose des flics adeptes du danger. — Et moi, j’essaie juste de me protéger. Le mieux possible. Devant elle, Alex semblait de marbre, mais elle discernait dans ses yeux un soupçon de désespoir. — Ne fais pas ça. Ne gâche pas la meilleure chose qui nous soit jamais arrivée, à l’un comme à l’autre. — Si c’est ça, le meilleur, alors le pire sera insupportable, conclut-elle en descendant du rocher, triste et résignée. Tu n’es pas le genre d’homme avec qui je peux construire un avenir. Il sauta à terre, visiblement résolu à lui barrer la route. — Tu ne sais même pas quel genre d’homme je suis… — C’est justement le problème. — Parce que j’avais un rôle à jouer… — Je ne vois pas comment…, commença-t?elle dans un sanglot. — Arrête de me couper la parole ! Il serra les poings, afin de mieux contenir ses émotions, et poursuivit : — Nicholas n’est pas plus réel que l’amant imaginaire que tu as fabriqué dans ton journal. — Au sujet de mon journal, justement… — Ne recommence pas avec ça, Beauté fatale. Je t’ai déjà présenté mes excuses. Si je suis capable de réaliser tes rêves, je compte bien vivre dans la réalité. Elle se raidit comme sous l’effet d’un coup de fouet. — Excuse-moi, Alex ou Nick ou qui que tu sois aujourd’hui, mais en quoi ta vie est-elle réelle ?

— Et la tienne ? Jusqu’à cette semaine, tu n’as vécu qu’à travers le personnage que tu as créé dans ton journal. Qui est la vraie Meghan ? A moins qu’il ne faille dire Elise ? — D’accord, je me suis trompée, admit-elle, à bout de nerfs. Mon plan était stupide. En me glissant dans la peau de quelqu’un que je ne suis pas, je suis tombée amoureuse de quelqu’un qui n’existe pas. Il la prit doucement par les épaules et l’attira à lui en prenant soin de ne pas lui faire mal. Quand elle tenta de se dégager, il refusa de lâcher prise. — La femme que j’ai rencontrée est plus proche de ta vraie nature que tu ne l’imagines. Tu es impulsive et drôle et passionnée… — Je sais que c’est Elise qui t’attire en moi. Je l’ai lu dans tes yeux. Mais elle n’est pas moi, décréta-t?elle en s’écartant. Jouer les Mata Hari m’a amusée… jusqu’à ce que les balles commencent à siffler autour de moi. Il emmêla ses doigts avec les siens. — Donne-moi une seconde chance. Je sais qu’on peut y arriver. Mon boulot est peut-être un obstacle, mais il n’est pas insurmontable. — C’est aussi une question d’honnêteté. Comment croire un homme dont la vie est basée sur le mensonge et la tromperie ? — Je ne suis pas le seul à avoir un problème d’honnêteté, observa-t?il en lui serrant la main un peu plus fort. En fait, c’est plus facile pour toi de me montrer du doigt que d’affronter tes propres peurs. Dieu qu’il avait l’air malheureux… Jamais elle n’avait vécu un moment aussi difficile, comme si son cœur était en train de mourir de chagrin. Cependant, son instinct lui soufflait qu’elle n’avait pas le choix. — Je ne pourrai pas vivre en sachant que tu prends des risques à tout instant, que ta vie est sans cesse en danger… Il détourna le regard, pas assez vite pour qu’elle ne puisse pas voir les larmes dans ses yeux. — Ne me quitte pas. Je t’en prie, dit-il avec un calme qu’il semblait loin de ressentir. Elle sentit son cœur se briser. Comme il serait facile de céder, d’organiser leurs vies en fonction de ses missions… Mais elle avait peur. Elle désirait autre chose que le sexe, autre chose que la séduction. Elle voulait une maison avec des enfants et un chien. Et un mari qui rentre à la maison tous les soirs. Alex n’était pas destiné à être son M. Fabuleux. Elle avait besoin d’un homme avec qui elle pourrait construire une vraie relation de couple. Or les horaires, la vie même d’Alex, étaient tout sauf stables. De 21 heures à 5 heures du matin, il infiltrait et surveillait des trafiquants de drogue dans des bars, des casinos, au fond d’impasses sinistres ou en planque sur les docks. Elle avait passé une semaine excitante et pleine d’enseignements ; elle s’était essayée à une autre vie, à être quelqu’un d’autre. Et elle avait appris beaucoup de choses sur elle-même. Sa reconnaissance envers Nick — Alex — serait d’ailleurs éternelle. Mais l’aventure touchait à sa fin. Et même s’il était merveilleux au lit — et fantastique en dehors —, il ne lui était pas destiné. — Je n’ai pas besoin de héros dans ma vie. Il l’attira contre lui. C’était une erreur, mais elle était incapable de lui résister. Elle enroula les bras autour de sa taille et, ignorant la voix de la raison, se laissa aller contre lui. Encore un instant, juste un instant. Ils restèrent enlacés ainsi un long moment, sans prononcer un mot. Elle percevait sa chaleur à travers son horrible chemise et la tension de son corps. Posant les lèvres au creux de son cou, elle sentit son pouls battre contre sa bouche. Elle s’enivra de l’odeur de sa peau, avec la conscience aiguë que c’était la dernière fois. — Embrasse-moi, Beauté fatale, pour me dire adieu. Se penchant vers elle, il prit tendrement sa bouche. Son baiser avait un goût de tristesse, de manque et de regret. Lorsqu’ils se séparèrent enfin, l’intensité de ses émotions la submergea. Finalement, songea-t?elle amèrement, le dicton avait raison. Mieux valait ne pas aimer du tout. Alex jeta un regard courroucé au téléphone qu’il tenait dans la main. Peut-être réussirait-il à joindre Meghan par la force de sa volonté ? Il avait appelé chez Julie tout au long de la semaine, mais tombait systématiquement sur son répondeur. La machine refusait obstinément de lui dire si Meghan était là. Bon sang ! il fallait pourtant qu’il lui parle ! Ou, au moins, entende le son de sa voix. Il resta perdu dans ses pensées, jusqu’à ce que la tonalité répétitive finisse par le sortir de sa rêverie. Lâchant un soupir de frustration, il raccrocha et se mit à contempler le tapis avec morosité. La douleur de la solitude transperçait sa poitrine. Toutes les nuits, le visage de Meghan apparaissait dans ses rêves, et il se réveillait au petit matin épuisé et malheureux. Il se rappelait son corps qui s’emboîtait parfaitement au sien, la douceur de ses baisers, sa beauté dans la chaude lueur du crépuscule, ses gémissements la première nuit où ils avaient fait l’amour. Se levant d’un mouvement impatient, il se força à se reprendre. Il traversa l’appartement à moitié vide — et se promit pour la énième fois d’acheter quelques meubles. Il possédait en tout et pour tout un grand lit, un canapé, un téléviseur et un petit coin salle à manger. A son installation, il pensait acheter des rideaux et des cadres à mettre au mur, mais il n’avait pas trouvé le temps de s’en occuper. Les murs restaient donc désespérément vides, et seule la poussière obscurcissait les fenêtres. Il attrapa une bière dans le réfrigérateur, la décapsula et en but un tiers d’une seule gorgée. Un goût d’amertume lui emplit la bouche. Personne n’avait jamais réussi à le toucher comme Meghan ; jamais il n’avait laissé personne s’approcher d’aussi près. Elle était tout ce qu’il avait toujours ignoré désirer. Il aurait fait n’importe quoi pour qu’elle lui pardonne, pour regagner sa confiance. D’accord, il ne méritait peut-être pas son amour, mais il était prêt à lui prouver le contraire. Il voulait être celui dont l’image se reflèterait à jamais dans ses yeux. Il résista à la tentation de prendre une cigarette. Depuis son retour de Cayo Sueño, il y avait renoncé. C’était un vice qui appartenait à son passé et n’avait pas de place dans l’avenir qu’il voulait construire. Abandonnant sa bouteille de bière à moitié pleine, il alla dans sa chambre afin de passer une chemise. Puis il ramassa ses clés et prit la direction des bureaux de la DEA à Miami.

Alex avait les oreilles qui bourdonnaient et sentait la migraine poindre. Il songea qu’il devrait probablement se faire greffer un nouveau derrière, une fois que son patron aurait fini de le lui botter. — Comment as-tu pu laisser une civile participer à une opération d’une telle envergure ? s’exclama Brent Easton, furibond. Tu es devenu dingue ou quoi ? Alex se rencogna sur sa chaise tandis que son patron et les types des Affaires internes se relayaient pour lui casser du sucre sur le dos. — Et tout en sachant que c’était une grave erreur, tu as mis la vie de cette personne en danger… Lorsque le chef divisionnaire vint se joindre à la fête, il cessa de compter les coups. — Après huit ans dans nos services, tu aurais dû… A ces mots, il décrocha. Au bout du compte, le bilan de ces huit années était loin de lui plaire, même si le mensonge et les subterfuges se révélaient un mal nécessaire dans sa profession. Il n’avait jamais hésité à faire tout ce qui était nécessaire pour boucler une enquête ; il changeait même de personnalité comme de chemise, si nécessaire. Mais cette fois, le succès de l’opération ne justifiait pas ses actes. Trop préoccupé par les résultats, il avait perdu de vue l’essentiel. Meghan aurait pu mourir. L’idée de passer le reste de ses jours sans elle lui donna le tournis. Elle avait pris un risque fou pour le sauver, au point qu’elle aurait pu y laisser la vie. Décidément, le bilan ne lui plaisait pas. Car son boulot l’avait non seulement privé de la femme de sa vie, mais avait en plus brouillé définitivement son identité. Il n’était plus question pour lui de retourner sur le terrain. De fait, quand les gars des Affaires internes et le chef divisionnaire eurent enfin débarrassé le plancher, sa décision était prise. — C’est fini. Je démissionne, Brent. — Quoi ? Tu ne peux pas démissionner… — Je viens de le faire, répliqua-t?il en se penchant en avant, les coudes sur les genoux. Je vais rester encore une ou deux semaines, le temps de boucler toute la paperasse et de transmettre les enquêtes en cours à mon successeur. Après, je m’en irai. Brent le jaugea du regard. — Tu reviendras dans trois mois maximum pour me supplier de te redonner une mission. Alex secoua la tête. — Pas cette fois. J’en ai vu assez. — Je n’y crois pas, rétorqua Brent, visiblement incrédule. Tu ne peux pas vivre comme tout le monde, Alex. Tu as besoin de l’excitation que procure ton boulot d’infiltration. Alex haussa les épaules. — Je n’appelle pas ça vivre, du moins plus maintenant. Ça fait trop longtemps que je me réveille le matin sans savoir si je suis Alex Worth, Andy Ruiz ou Nick Alexander… — Tu es un bon élément. Tu as pris des risques énormes, et j’irais même jusqu’à dire que tu es un excellent agent. Tu es sûr que ça ne va pas te manquer ? Alex esquissa un petit sourire. — Oh, si, c’est sûr. Ça va me manquer : ne plus mentir, trahir, coucher n’importe où avec n’importe qui… et toutes ces choses fantastiques qui sont le lot quotidien des agents des opérations spéciales ! Brent écarta les bras, les paumes tournées vers le haut. — Que veux-tu, c’est un boulot de première classe ! — Je me passerai avec joie d’être « arrêté » encore une fois. On aurait dû coller un rapport sur le dos de Sandalis pour avoir prétendu que je lui avais résisté. — Il a plein de bleus qui confirment ses dires. Alex laissa échapper un râle de colère. — Je me suis défendu quand il m’a fracassé contre un mur ! — Tu connais la chanson, déclara Brent en haussant les épaules. Il faut que ça ait l’air vrai devant les autres suspects. — Je ne suis pas sûr que ça ait suffi cette fois. Ramos sait que son organisation a été infiltrée. Et vu qu’il a accepté de témoigner en échange d’une remise de peine, il ne lui faudra pas longtemps avant de me démasquer. Il regarda par la fenêtre avec un soupir. — Je suis fatigué, Brent, et ça me rend vulnérable. Une raison de plus pour ficher le camp. A partir de dorénavant, je fais ce qui me plaît et je n’ai plus de compte à rendre qu’à moi-même. — Je te le répète, ça va te manquer. Tu ne seras pas heureux dans un bureau, sans l’excitation, l’adrénaline… — La seule chose qui va me manquer, c’est nos parties de golf, l’interrompit-il en se levant, main tendue. Cela dit, on n’est pas forcé d’arrêter juste parce qu’on ne travaille plus ensemble, non ? Brent se leva à son tour et lui serra la main avec chaleur. — Je te souhaite bonne chance, mon vieux. Tu sais que tu auras toujours ta place ici, si ça ne se passe pas comme tu veux. Alex ne répondit pas, mais il savait qu’il ne reviendrait pas. Il avait fallu qu’il rencontre Meghan pour comprendre à quel point sa vie était vide de sens. Maintenant, il fallait qu’il la convainque à son tour. Le seul rôle qui lui restait à jouer était celui de l’homme de sa vie.

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ**   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 04-01-10, 06:10 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 24
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
ÚÖæ ÑÇÞí


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
ÇáÚÖæíÉ: 62940
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 1,517
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 247

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏItaly
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

chapitre 16


Alex est celui dont j’ai toujours rêvé. Il a tout ce que j’ai toujours désiré chez un homme, et même plus. Il m’a touchée d’une façon qui m’a changée à jamais. Il avait raison : il y a quelque chose de magique entre nous. Le cœur lourd, Meghan inscrivit ses initiales au bas de la page, puis referma le petit carnet bleu avec un long soupir. Ses doigts caressèrent doucement la couverture rugueuse. C’était comme dire adieu à un très vieil ami. Son journal intime lui avait permis d’exprimer ses fantasmes sans risquer d’être blessée. Sauf qu’elle ne pouvait plus réprimer sa vraie nature. Elle savait maintenant qui elle était et surtout ce qu’il lui fallait. Mais elle l’avait laissé partir. Elle posa le carnet sur la chauffeuse turquoise et jeta un coup d’œil autour d’elle. Le salon de Julie à Miami était décoré dans le plus pur style South Beach — pavés de verre, couleurs pastel… Tout à fait Julie, si vive et si gaie. Elle regarda avec envie par la baie vitrée. L’appartement avait une vue imprenable sur l’Océan qui se trouvait à quelques pâtés de maisons à peine. Elle aurait bien aimé y passer plus de temps, mais les dernières semaines avaient été chargées entre les livres à potasser et les devoirs à préparer. Sans compter ses recherches pour trouver un boulot. Se penchant sur le guéridon, elle appuya sur le bouton du répondeur. — Bonjour, Meghan. Ici Lisa, de l’agence de recherche pour l’emploi. J’ai un poste à vous proposer. Une agence de détectives, January Investigations, recherche quelqu’un ayant travaillé dans un cabinet d’avocats. Appelez-moi, que je vous arrange un entretien. Elle nota le numéro de téléphone et se promit de rappeler à la première heure. Faites que ça débouche enfin sur quelque chose ! Elle avait du mal à trouver un boulot qui s’adapte à ses heures de cours et paie plus que le salaire minimum. Le message suivant était de Julie. — Meg, c’est Jules ! Achète le journal. Il faut que tu lises cet article. Je te rappelle. Bisous ! Après, il y avait un appel sans message. Aucune nouvelle d’Alex. Quand elle était revenue à Miami, il avait essayé de la joindre plusieurs fois et lui avait laissé des messages lui disant à quel point elle lui manquait. Puis il lui avait expliqué qu’il serait indisponible pendant quelque temps, à cause d’un procès où il devait témoigner. Depuis, il ne l’avait pas rappelée. Trop souvent, elle s’était demandé où il était, ce qu’il faisait. Sans pouvoir s’empêcher de s’inquiéter. Malgré son emploi du temps chargé, elle passait de longs moments à penser à lui. Et chaque fois, une douleur sourde et lancinante lui transperçait le cœur. Les nuits étaient tristes et solitaires sans lui. Quant aux jours, ils ne valaient guère mieux. Ça suffit. Elle se leva. Il fallait qu’elle bouge, qu’elle sorte respirer une bonne bouffée d’air frais. Décidant d’aller acheter le journal, elle ramassa ses clés et prit la direction de la 13e Rue. Elle tourna dans Ocean Drive, au cœur du district Art déco — « Sobe », comme l’appelait Julie — et s’arrêta dans un kiosque à journaux pour acheter le Miami Herald. Bouche bée, elle contempla la une. Les mains tremblantes, elle se mit à lire l’article qui s’étalait sur plusieurs colonnes en première page. « L’administrateur de la DEA, T.R. Marshall a annoncé aujourd’hui le succès d’une opération conduite par ses services durant les deux dernières années, baptisée « Opération Dinero ». Un grand jury fédéral vient tout juste d’inculper dix-sept personnes impliquées dans un vaste réseau de trafic de drogue et de blanchiment d’argent. » Elle survola le reste de l’article jusqu’à l’avant-dernier paragraphe. « L’un des succès les plus notables de l’opération réside en la capture de Francisco Guillermo Ramos par des agents de la DEA dont l’anonymat a été préservé, au club de vacances très exclusif de Cayo Sueño, à côté de Key West. Plus de cent millions de dollars ont été saisis dans différentes sociétés, utilisées comme relais pour le blanchiment des narcodollars. » T.R. Marshall a déclaré que “le gouvernement (venait) de gagner une bataille de premier plan dans la lutte contre le fléau du trafic de drogue”. “Nous avons frappé le cartel là où ça fait mal : au porte-monnaie. Il nous faut remercier les agents fédéraux qui ont passé de longs mois à infiltrer le milieu et dont le courage exemplaire a permis de porter un coup fatal à l’un des pires réseaux criminels sévissant en Floride.” »

Meghan leva les yeux du journal, emplie d’une fierté qui la surprit elle-même. Elle détestait le boulot d’Alex et les risques qu’il lui faisait courir, mais ce qu’il accomplissait était juste. Elle avait cru ne pas vouloir de héros dans sa vie, mais elle avait eu tort. Peut-être était-ce au contraire exactement ce dont elle avait besoin. Deux jours plus tard, elle poussa la porte des bureaux de January Investigations. Le poste semblait trop beau pour être vrai : des horaires souples, un salaire plus que correct, une couverture sociale intéressante… Que devrait-elle faire pour décrocher la place ? Coucher avec le patron ? Elle étudia son reflet dans la vitre. Elle portait un caraco rouge et des chaussures à talons assorties. Etait-ce une erreur ? Peut-être aurait-elle dû s’habiller dans un style plus classique… Non. Elle n’était plus la même, désormais, alors pourquoi continuer à porter ses anciens vêtements ? Lissant du plat de la main la veste de son tailleur en lin, elle caressa du doigt la petite pièce en argent qu’Alex lui avait offerte. Porte-moi chance ! Au troisième étage, une jolie brunette était assise derrière le bureau de la réception. « Tiffnee », à en croire la plaque posée à côté du téléphone. Elle parlait dans son casque de téléphone tout en mâchonnant bruyamment un chewing-gum. Avec ses yeux bleus, son petit nez retroussé et sa bouche pleine et charnue, elle était mignonne à croquer. — Bonjour, puis-je vous aider ? Ça m’étonnerait, Tiffnee. Meghan se présenta. — Meghan Foster. J’ai rendez-vous à 10 heures avec le directeur de l’agence. La jeune fille prit un air désolé. — Oh, je suis désolée, mademoiselle Foster, il n’est pas encore arrivé. Il avait un rendez-vous à Fisher Island qui s’est prolongé, mais je suis sûre qu’il ne devrait plus tarder. Meghan accepta le siège qu’elle lui indiqua d’un signe jovial de la tête, mais refusa un verre de « cette boisson hyper cool aux algues qui vient juste de sortir ». La jeune fille reprit sa conversation téléphonique, où il s’avéra que « Steven » était sans doute « plus cool que Michael », mais qu’il ne savait pas danser. Meghan regarda autour d’elle. Tiffnee, sa jeunesse délurée et ses manières peu professionnelles juraient avec le décor par ailleurs classique de l’agence — sol carrelé de marbre, tableaux originaux, halogènes sobres. Se préparant à attendre, Meghan croisa puis décroisa les jambes, avant de prendre un magazine sur la table basse. Quelques minutes plus tard, la porte d’entrée s’ouvrit et quelqu’un pénétra dans le hall. Comme Tiffnee raccrochait précipitamment, Meghan leva les yeux. L’homme qui venait d’entrer lui tournait le dos, mais il avait l’allure chic et tranquille d’un businessman. Vêtu d’un costume taillé sur mesure, il portait une mallette en cuir à la main, qu’il posa sur le bureau de la réception. Tiffnee lui adressa un sourire éclatant. La boule de chewing-gum rose semblait avoir miraculeusement disparu. — Salut, patron ! Votre rendez-vous de 10 heures est arrivé. L’homme se tourna en direction de Meghan, et elle laissa échapper le magazine de ses mains. Oh, mon Dieu ! Le cœur battant, la poitrine enserrée dans un étau, elle sentit ses yeux se gonfler de larmes. Et le monde se mit à tournoyer autour d’elle… Alex ! Et pourtant, elle avait du mal à le reconnaître, sans ses mèches folles, sa barbe de trois jours et son diamant à l’oreille. Il s’avança vers elle, sans paraître le moins du monde surpris. — Salut, Beauté fatale, dit?il avec son sourire sexy. Elle sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Salut, monsieur Fabuleux. Rasé de près, les cheveux coupés court, il était habillé normalement — mis à part la cravate, ornée de fleurs multicolores. Il était encore plus beau que dans son souvenir. — Je n’en crois pas mes yeux, bredouilla-t?elle. Que fais-tu là, Alex ? Tiffnee intervint avec enthousiasme. — C’est lui le proprio de la boîte. Lui, le directeur ? Depuis quand ? Jouait-il un rôle dans le cadre d’une nouvelle enquête ? Perdue et ne sachant trop comment réagir, elle repoussa ses lunettes sur son nez et se leva. Devait-elle l’embrasser, le serrer dans ses bras, ou quoi ? Elle lui tendit la main avant de la rabaisser. Le geste avait quelque chose de ridicule, après tout ce qu’ils avaient partagé. Cela dit, Alex avait l’air aussi emprunté qu’elle. Il finit par esquisser un geste vague en direction du couloir. — Si nous allions dans mon bureau ? — Elle est encore plus jolie que ce que tu m’avais dit, boss. Interloquée, Meghan se retourna vers la réceptionniste. Tiffnee leur adressa un clin d’œil. — Dois-je dire que tu… euh, que vous êtes « indisponible » pendant toute la durée de l’« entretien » ? — Remets-toi vite au travail en attendant que je te trouve une remplaçante, espèce de sale gamine. — Ouais, ouais. C’est ça. Elle ne parut pas le moins du monde impressionnée par la menace. Comme le téléphone se mettait à sonner, elle leur sourit et repositionna son casque sur ses oreilles avant de répondre.

— Désolé. J’ai promis à mon oncle de la faire travailler à l’agence, expliqua Alex, entraînant Meghan. C’est lui qui a financé en grande partie la boîte. Il l’invita à entrer dans son bureau. Meghan s’assit sur le bord du canapé en cuir et posa son sac sur le sol. Grande et claire, la pièce était égayée par des rideaux éclatants aux motifs fleuris, qui lui rappelèrent ses horribles chemises hawaïennes. — Où étais-tu passé, Alex ? C’est vraiment ton agence ? Qu’est-ce que… ? — Une question à la fois ! l’interrompit?il en riant. J’ai procédé à quelques changements. Elle s’assit plus confortablement dans le canapé, se retenant à tout instant de ne pas laisser éclater sa joie. Et pourtant, elle avait une folle envie de se pendre à son cou. Elle voulait l’embrasser et lui faire promettre… Du calme, Meg. Attends de savoir ce qui se passe exactement. — Commençons par le plus important, alors. Qu’est-ce que je fais ici ? demanda-t?elle. — Lisa et Julie m’ont aidé à monter ce coup. Elle avait raison, ce boulot était trop beau pour être vrai. Il retira sa veste et s’assit à son côté. — L’agence a besoin d’une directrice adjointe qui gère la boutique pendant que je prospecte de nouveaux marchés. Ce n’était pas vraiment — pas du tout ! — la réponse qu’elle attendait. Elle baissa les yeux pour ne pas lui montrer sa déception. Ses oreilles se mirent à bourdonner. — J’ai cru… Elle dut s’interrompre. Se raclant la gorge, elle s’arma de tout son courage. — J’ai cru que tu voulais me revoir, acheva-t?elle. — Mais je voulais te revoir. Je veux te revoir ! Seulement, je sais que tu refuses d’envisager l’avenir avec un flic, alors… — Parle-moi de cette agence, l’interrompit-elle en essayant de reprendre une contenance. Pourquoi l’appeler January Investigations ? — Dans la mythologie romaine, Janus est le dieu des commencements. Il est représenté par une créature à deux têtes, l’une tournée vers le passé, l’autre vers l’avenir. Je pensais que ce serait un beau nom pour un nouveau départ. Ne pose pas la question, Meghan. Tu vas être déçue. N’y pense même pas. Ne lui… — Il faut que je te pose une question. As-tu prévu une petite place pour moi dans ta nouvelle vie ? Il la contempla avec ferveur. — Je pensais que le plus gros obstacle qui nous séparait était mon boulot. Est-ce que j’avais tort ? — Oui, tu avais tort. Lui prenant la main, elle serra ses doigts avec force, comme pour mieux lui transmettre ses sentiments. L’étincelle était toujours là, cette sensation brûlante là où leurs mains se touchaient, qui se répandait dans tout son corps. — Et j’avais tort, moi, poursuivit-elle. Je me suis laissé aveugler par des choses stupides et superficielles qui m’ont masqué la vérité. — Quelle vérité ? Un kaléidoscope d’émotions défila dans ses yeux verts. Il semblait prudent, et ses doigts tremblaient légèrement. Cette démonstration inattendue de nervosité encouragea Meghan à poursuivre. — Ton travail est une composante essentielle de ta personnalité. Ton courage, ta détermination et ton sens de la loyauté te définissent aussi bien que la couleur de tes cheveux. Je respecte et j’admire ces qualités en toi. J’avais tort de vouloir te changer. Je ne voudrais pas que tu sois autrement. — Tu n’imagines pas ce que ça signifie pour moi, remarqua-t?il avec un étrange sourire. — J’ai eu peur, terriblement peur, lorsque j’ai été confrontée à la réalité de ton travail. La nuit que j’ai passée avec toi sur le terrain m’a terrifiée, surtout quand j’ai compris que tu devais affronter ça tous les jours. Elle s’arrêta un moment, les yeux brillant de larmes. — Alors, je me suis enfuie. J’ai tourné le dos à ce que je désirais le plus au monde — ton amour. Et puis j’ai lu un article dans le journal relatant l’arrestation de Ramos. J’étais tellement fière de toi et de ce que tu avais accompli… Ça m’a fait comprendre que ta profession n’avait pas d’importance. Son éclat de rire soudain la fit sursauter. Elle fronça les sourcils, interloquée. Elle lui confessait ses peurs les plus intimes et il était pris de fou rire ? — Qu’est-ce qu’il y a ? — Tu ne vas pas le croire, mon cœur. Quelle ironie ! J’ai démissionné de la DEA. Je ne suis plus agent fédéral. — Quoi ? Un mélange de surprise et d’excitation lui fouetta le sang. Peut-être qu’ils pouvaient envisager un avenir commun, finalement… Mais aussitôt, la culpabilité l’assaillit. — C’est un peu subit, comme décision, non ? — Oui, je sais, admit-il en pinçant le lobe de son oreille, pas encore habitué à l’absence de son petit diamant. Tout ce que tu m’as dit m’a fait réfléchir. — Tu as démissionné à cause de moi ? Elle n’était pas sûre de vouloir porter pareille responsabilité. S’il venait à regretter sa décision par la suite, il risquait de le lui reprocher.

— Non, j’ai démissionné à cause de moi, répondit-il, la voix rauque. Mentir était devenu ma deuxième nature. Ça faisait tellement longtemps que je travaillais en sous-marin que je ne savais plus qui j’étais. La seule chose dont j’étais sûr, c’est que je n’aimais pas celui que j’étais devenu. Elle reprit sa main, ne voulant pas se laisser distraire en un moment aussi important. — Alors, tu as échangé ton badge de flic contre une licence de détective privé. Tu aimes le risque et les défis. En quoi ce changement d’étiquette va-t?il réellement modifier ta vie ? — Je n’ai pas seulement changé d’étiquette, j’ai décidé de passer à autre chose. Le travail sur le terrain ne m’intéresse plus. J’ai tout fait et, crois-moi, ça ne me manquera pas. Je vais me spécialiser dans les services : gestion de la sécurité des biens et des personnes, enquêtes de personnalité, recherches en tout genre. Mais rien qui me fasse prendre de risques. Elle étudia son visage à la recherche d’éventuels regrets. — Ça n’a pas dû être facile de renoncer à ta carrière après toutes ces années. Tu es sûr de toi ? — Ça s’est révélé beaucoup plus facile que je ne l’aurais cru. Tu avais raison. Je me suis engagé à la DEA pour sauver mon frère… Quand tu m’as quitté, j’ai compris que c’était une chimère. On ne peut pas réécrire le passé. Elle lui caressa le visage tendrement. Bien que rasé et habillé différemment, c’était toujours le même homme — celui dont elle était tombée amoureuse. — Tu es sorti tout droit de mes fantasmes et tu m’as ramenée à la vie. Je me fiche de la profession que tu choisis d’exercer, tant que tu seras à mes côtés. Alex ferma les yeux, submergé par les émotions. Quel enfer il avait vécu, ces dernières semaines ! Il aurait tellement voulu lui parler, la toucher, la prendre dans ses bras… Tout en sachant qu’il devait d’abord remettre de l’ordre dans sa vie. Rouvrant les yeux, il la dévora du regard. Elle était légèrement maquillée, et la coupe de ses vêtements était plus attrayante, plus féminine que ce qu’elle portait habituellement. Il prit son visage entre ses mains et l’embrassa. — Il y a encore une chose que je voudrais savoir, l’interrompit-elle en posant la main sur son torse. Il retint son souffle devant sa gravité. — Est-ce que tu as lu mon journal jusqu’au bout ? Bon sang, il pouvait même en réciter des passages entiers ! Il n’avait jamais rien lu d’aussi érotique… Le seul problème, c’est qu’apparemment, elle ne lui avait pas encore pardonné cette intrusion dans son intimité. S’armant de tout son courage, il décida de lui dire la vérité. — Oui. Du début à la fin. Et plusieurs fois. — Ah, oui ? rétorqua-t?elle, provocante. Alors tu sais que nous avons encore beaucoup de fantasmes à explorer… — Beaucoup, en effet. Mais avant toute chose, je voudrais que ce soit toi qui réalises un de mes désirs les plus chers. Posant un genou à terre, il sortit un écrin de la poche de son pantalon et l’ouvrit devant elle. Sur le velours rouge trônait une bague ancienne avec une émeraude sertie de diamants. Meghan porta la main à ses lèvres et retint son souffle. — Tu me rends fou. D’un simple regard, d’une caresse du bout des doigts, d’un sourire, déclara-t?il. Tu es tout ce que je désire de la vie. Je ne peux pas vivre sans toi. Epouse-moi, Beauté fatale. Sois mon présent, mon avenir, mon tout. Sois mienne et permets-moi d’être tien. Elle s’agenouilla devant lui, les larmes coulant sur ses joues. — Je t’aime, Alex. De tout mon cœur, répondit-elle d’une voix enrouée par l’émotion. Tu es la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. Je ne désire rien de plus que de passer le reste de mes jours à tes côtés.
Leur baiser fut tendre, lent et incroyablement doux. Emporté par une vague de désir, il la prit par la taille et caressa ses courbes. Elle défit sa cravate tout en y jetant un coup d’œil amusé. — C’est un motif intéressant. Tu l’as découpée dans une de tes chemises ou il te restait du rab de tes rideaux ? — Je l’ai achetée en pensant à toi, répliqua-t?il avec un large sourire. Lui ôtant sa veste, il caressa ses épaules nues et elle tressaillit au contact de ses mains chaudes. C’est alors qu’il la vit — la marque qui lui rappellerait toujours le prix de son amour. Il embrassa doucement la petite cicatrice en lui demandant pardon. Elle prit son menton dans sa main et le força à la regarder en face. — Tout va bien, Alex. Ce n’est rien. Ça restera un symbole de notre rencontre. Un souvenir. Quelque chose qui nous rappellera toujours que rien n’est jamais aussi simple que ce qui paraît et qu’il faut chérir ce que l’on a. Elle déboutonna sa chemise et commença à le picorer de petits baisers. Le cœur battant, il défit la fermeture Eclair de sa jupe qui tomba à ses pieds. L’impatience les rendait maladroits. Quand il tenta de lui enlever son caraco alors qu’elle-même s’attaquait à sa chemise, leurs bras s’emmêlèrent. Elle s’esclaffa. — On n’y arrivera pas comme ça. Elle enleva elle-même son caraco, révélant son soutien-gorge en dentelle rouge et sa culotte assortie. Nue à l’exception de ses dessous couleur du péché et de ses talons aiguilles, elle lui apparut comme dans ses fantasmes. Lesquels remontaient au jour où il avait trouvé ses affaires éparpillées dans sa chambre d’hôtel… Elle s’apprêtait à retirer ses sous-vêtements quand il l’arrêta. — Garde-les. J’ai toujours rêvé de te faire l’amour dans cette tenue. Elle rit en désignant le bureau. — Il n’a pas l’air très confortable. — Attends. Le canapé est un convertible. Il suffit de tirer là. Elle le regarda faire, le sourire aux lèvres. — Tu avais tout prévu, n’est-ce pas ? — J’ai décoré le bureau en imaginant le jour où je pourrais jouer avec toi au patron libidineux et à la vilaine petite secrétaire. — Oh, Alex, murmura-t?elle d’une voix suave. Toi et tes jeux de rôle… Samedi 5 octobre C’est une véritable bombe, une poupée belle à se damner. Sublime, maligne, sexy en diable. Et totalement à ma merci. Elle se cambre et se débat, tire sur les liens de soie qui la retiennent aux barreaux de mon lit. Mais la lueur de désir qui danse dans ses prunelles la trahit… Alex imagina avec plaisir la réaction de Meghan lorsqu’elle lirait ce passage de son journal. Il avait hâte de partir en voyage de noces pour réaliser avec elle ce fantasme. Mais chaque chose en son temps. Pour l’instant, il devait laisser sa plume et s’habiller pour le mariage. Il ferma le journal avec un petit sourire. Oui, pas de doute, la réalité valait toujours mieux que la fiction.


FIN

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ**   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 05-01-10, 09:50 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 25
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:

ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Sep 2007
ÇáÚÖæíÉ: 43839
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 67
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: aghatha ÚÖæ ÈÍÇÌå Çáì ÊÍÓíä æÖÚå
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 16

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏAlgeria
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
aghatha ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

merci ma douce je l ai tant attendue ce roman merci pr ts tes efforts ke dieu te benisse soeurette

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ aghatha   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÅÖÇÝÉ ÑÏ

ãæÇÞÚ ÇáäÔÑ (ÇáãÝÖáÉ)

ÇáßáãÇÊ ÇáÏáÇáíÉ (Tags)
books, couple, de mia zachary, french books, french novels, french romance books, french romance novels, le piment de la passion, novels, ÑæÇíÇÊ, ÑæÇíÇÊ ÃÌäÈíÉ, ÑæÇíÇÊ ÑæãÇäÓíÉ, ÑæÇíÇÊ ÑæãÇäÓíÉ ÃÌäÈíÉ, ÑæÇíÇÊ ÑæãÇäÓíÉ ÝÑäÓíÉ, ÑæÇíÇÊ ÝÑäÓíÉ, romance books m romance, romance novels, ÞÕÕ, ÞÕÕ ÃÌäÈíÉ, ÞÕÕ ÑæãÇäÓíÉ, ÞÕÕ ÑæãÇäÓíÉ ÃÌäÈíÉ, ÞÕÕ ÑæãÇäÓíÉ ÝÑäÓíÉ, ÞÕÕ ÝÑäÓíÉ, ßÊÈ, ßÊÈ ÃÌäÈíÉ, ßÊÈ ÑæãÇäÓíÉ, ßÊÈ ÑæãÇäÓíÉ ÃÌäÈíÉ, ßÊÈ ÑæãÇäÓíÉ ÝÑäÓíÉ, ßÊÈ ÝÑäÓíÉ fiancée à un autre
facebook




ÌÏíÏ ãæÇÖíÚ ÞÓã ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÃÏæÇÊ ÇáãæÖæÚ
ãÔÇåÏÉ ÕÝÍÉ ØÈÇÚÉ ÇáãæÖæÚ ãÔÇåÏÉ ÕÝÍÉ ØÈÇÚÉ ÇáãæÖæÚ
ÊÚáíãÇÊ ÇáãÔÇÑßÉ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÅÖÇÝÉ ãæÇÖíÚ ÌÏíÏÉ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÇáÑÏ Úáì ÇáãæÇÖíÚ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÅÑÝÇÞ ãáÝÇÊ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÊÚÏíá ãÔÇÑßÇÊß

BB code is ãÊÇÍÉ
ßæÏ [IMG] ãÊÇÍÉ
ßæÏ HTML ãÚØáÉ
Trackbacks are ãÊÇÍÉ
Pingbacks are ãÊÇÍÉ
Refbacks are ãÊÇÍÉ


LinkBacks (?)
LinkBack to this Thread: https://www.liilas.com/vb3/t115895.html
ÃÑÓáÊ ÈæÇÓØÉ For Type ÇáÊÇÑíÎ
Untitled document This thread Refback 07-09-09 11:04 AM
(حصري) Le piment de la passion, de Mia Zachary - منتديات ليلاس - Gturl This thread Refback 05-08-09 01:04 AM


ÇáÓÇÚÉ ÇáÂä 07:35 PM.


 



Powered by vBulletin® Version 3.8.11
Copyright ©2000 - 2024, Jelsoft Enterprises Ltd.
SEO by vBSEO 3.3.0 ©2009, Crawlability, Inc.
ÔÈßÉ áíáÇÓ ÇáËÞÇÝíÉ