Lundi 14 juillet
Qu’est-ce que cela donnera de faire l’amour avec un parfait inconnu ? De surmonter mes inhibitions et de le laisser m’explorer de la façon la plus intime ?
Tout au long de ces pages, sous le nom d’Elise, mon autre moi, je me suis montrée sensuelle et débridée, audacieuse et provocante. J’ai fantasmé au sujet de cet amant aux cheveux bruns qui révèle en moi la femme, sexy et désirable. J’ai rêvé de prendre des risques, de me laisser aller.
Ceci est la dernière page de mon journal — et le commencement d’une nouvelle vie.
Qu’est-ce que cela pourra bien donner de trouver un amant et de lui dire : « Prends-moi, je suis à toi » ?
Alex Worth parcourut le couloir en marbre à grandes enjambées en direction de sa chambre — sa suite. Jamais il n’aurait cru qu’un type comme lui séjournerait un jour dans un endroit tel que le Cayo Sueño Resort. Enfin une mission d’infiltration dotée de quelques attraits !
Rappelle-toi comment tu es arrivé ici, intervint la voix de sa conscience. N’oublie pas ce qui est en jeu.
Ignorant cette pointe de remords, il poursuivit son chemin. Là, sur sa gauche. Chambre — Suite 809. Il déverrouilla la porte et l’ouvrit en grand. Aussitôt, son regard fut attiré par une paire de sandales rouge cerise à talons aiguilles, négligemment abandonnée au pied du canapé. « Séduis-moi ! » semblaient-elles clamer.
Jetant un œil à la carte magnétique qui faisait office de clé, Alex vérifia le numéro de la chambre inscrit sur la porte. Non, il ne s’était pas trompé.
Son regard revint sur les sandales sexy. Quel accueil ! La chambre comportait donc aussi une femme !
— Bonjour ?
Il tendit l’oreille à l’affût d’un mouvement. Rien.
Après avoir posé son bagage dans l’entrée, il claqua la porte bruyamment. Toujours pas de réponse.
Il pénétra dans la suite, l’épaisse moquette étouffant le bruit de ses pas, et appela de nouveau.
— Il y a quelqu’un ?
Sa voix se répercuta sur les murs tapissés de tons clairs, sans plus de résultat.
Il passa la tête par la porte de la salle de bains. Aucune femme en vue. Seulement une trousse à maquillage sur la coiffeuse et un drap de bain humide pendu au porte-serviette.
Revenant dans le salon désert, il perçut pourtant un léger parfum de femme. Une senteur florale, délicatement boisée. Et sur le canapé étaient soigneusement étalés un soutien-gorge rouge vif bordé de dentelle et une culotte assortie.
Il eut un petit sourire. Qui était cette femme ? Les dessous avaient été arrangés minutieusement, comme si elle avait voulu se rendre compte de l’effet qu’ils auraient sur elle. Il ramassa le soutien-gorge et tenta d’imaginer la poitrine qui devait le remplir. Le léger satin lui glissa entre les mains. Hmm, ce toucher lisse et soyeux… Sans doute pareil à la peau de sa propriétaire.
Laissant tomber le soutien-gorge sur le canapé, il ramassa les sandales et se dirigea vers la chambre. Peut-être l’attendait-elle, nue, sur son lit ?
Eh non. C’eût été trop beau. Mais que se passait-il, bon sang ? Comment était-elle entrée dans sa suite et, plus important, où était-elle à présent ?
Deux petites valises étaient posées contre le mur, près du placard. Il posa les sandales par terre et déchiffra l’étiquette accrochée sur l’un des bagages. Apparemment, Meghan Elise Foster, habitant Baltimore, avait emprunté un vol d’American Airlines pour se rendre en Floride. Ce qui n’expliquait toujours pas pourquoi elle avait atterri dans sa chambre.
Alex savait qu’il ne pouvait se fier à rien ni à personne durant son séjour, pas même à une petite culotte rouge provocante. On ne comptait plus les bons agents qui s’étaient fait prendre à ce genre de piège. Il serait bientôt présenté au tristement célèbre Frankie Ramos par Rogelio Braga, son contact dans le cartel de Miami. Par conséquent, il était hors de question d’oublier que sa venue à Cayo Sueño était strictement professionnelle — et très risquée.
Une troisième valise gisait ouverte sur le lit, à moitié vidée, comme si sa propriétaire avait été interrompue au beau milieu de sa tâche. Il en fouilla le contenu sans le moindre remords. Il travaillait en sous-marin depuis trop longtemps pour s’embarrasser de considérations telles que la vie privée des gens. Il fallait qu’il sache qui était cette femme.
La culotte coquine et les sandales couleur du péché s’accordaient mal avec les habits étalés sur le lit. Des vêtements de marque et de bonne qualité, mais sans fantaisie. Les jupes étaient longues, les décolletés sages et les coloris classiques — pas le moindre motif en vue.
A l’inverse, la lingerie était tout simplement affriolante. Il reconnut les modèles qui remplissaient les catalogues de son ex-femme, encore adressés chez lui. Des balconnets fleuris aux couleurs vives, des strings en satin et des guêpières en dentelle débordaient de la valise, la plupart toujours pourvus de leurs étiquettes.
Bizarre… Peut-être que Mlle Foster traversait une crise d’identité. S’il pouvait le comprendre, cela le mettait néanmoins mal à l’aise. Il s’apprêtait à tourner les talons quand il remarqua un petit livre relié dans le fauteuil placé près de la fenêtre. On aurait dit un carnet d’adresses ou un agenda.
Curieux, il le ramassa et l’ouvrit au hasard. Les pages étaient couvertes d’une écriture fine et régulière. Pas de doute, il venait de tomber sur le journal intime de Mlle Foster !
Lorsque le sens des mots qu’il était en train de lire arriva enfin à son cerveau, il retint son souffle.
Waouh !
Le voilà qui apparaît, rayonnant dans sa nudité. Grand, musclé, d’une beauté à couper le souffle, mon amant imaginaire se tient devant moi, à portée de main, sous la chute d’eau. Comme il tend les bras vers moi, le soleil fait scintiller les gouttelettes qui roulent le long de son corps sublime. Il s’avance et s’offre à moi. Rien ne pourrait plus me séduire, me flatter, que la preuve saillante de son désir à mon égard.
L’image s’imprima au fer rouge dans le cerveau d’Alex. Le corps enflammé, il sentit un étau enserrer sa poitrine et son pouls s’affoler. Il referma le carnet d’un coup sec, puis le jeta dans le fauteuil, comme s’il lui brûlait les doigts. Le petit recueil glissa à terre, les pages ouvertes.
Alex le contempla une seconde. Papier crème, écriture fine, couverture bleue à motifs cachemire… Brusquement, le désir l’emporta sur son intégrité. Il ramassa le carnet et le feuilleta jusqu’à ce qu’il retrouve l’épisode de la cascade.
Il m’enlace, me soulève, sans cesser d’explorer ma bouche de ses baisers, et me guide sur lui. Nos corps s’unissent. Le plaisir me surprend et je crie sous les assauts répétés de sa virilité. Nous nous accouplons sous la cascade. M’empoignant, il me colle à lui. Mon corps glisse et s’empale encore et encore…
Toc, toc !
Pris en flagrant délit, Alex referma le carnet d’un coup sec. L’espace d’une seconde, un flot d’adrénaline se déversa dans ses veines, le mettant en alerte. Ce ne pouvait être Mlle Foster, songea-t?il. Elle n’aurait pas frappé. Il n’y avait que deux personnes qui savaient à coup sûr où il était en cet instant : l’un des deux était son allié, l’autre sa cible. Or son coéquipier n’était pas censé arriver si tôt.
Instinctivement, il tendit la main vers la ceinture de son jean. Mais son Beretta était resté à Miami, avec son badge et ses vrais papiers. Le petit génie de la finance qu’il était censé incarner ne portait pas d’arme. Il fallait qu’il se reprenne — et vite.
Son nom : Nicholas Alexander. Son travail : courtier dans une petite société à Coral Gables. La raison de sa venue : proposer aux responsables du cartel différents moyens pour blanchir les revenus du trafic de drogue.
Que le spectacle commence !
Attrapant la poignée de la porte, il ferma les yeux une seconde et s’efforça de calmer les battements de son cœur. Il se rappela l’éclair du canon. Le claquement du coup de feu. La douleur. Rouvrant les yeux, Nick déglutit avec effort et ouvrit la porte.
Un garçon d’étage se tenait devant lui, un sourire professionnel plaqué sur le visage.
— Monsieur Alexander ? J’ai une livraison pour vous.
Alex ne laissa rien paraître de son soulagement. Il transféra le petit carnet qu’il tenait à la main dans sa poche.
— Faut-il que je signe quelque part ?
— Non, monsieur. C’est envoyé par quelqu’un à l’intérieur du complexe hôtelier.
Le garçon lui tendit une bouteille de champagne et lui souhaita un bon après-midi.
De retour dans le salon, Alex la posa ainsi que le petit mot qui l’accompagnait sur la table basse. Tout allait bien. Ce n’était qu’une livraison. Le moment n’était pas encore venu d’affronter Braga. Il pouvait se détendre.
Malheureusement, son corps n’était pas aussi prompt à récupérer que son esprit.
Se laissant tomber sur le canapé, il posa les coudes sur ses genoux et se força à inspirer profondément. Il se frotta les mains sur le visage, agacé de sentir les gouttes de sueur qui perlaient sur son front. Ces attaques de panique se faisaient de plus en plus fréquentes. Trop fréquentes.
Un mélange profond de frustration, de ressentiment et de colère le submergèrent d’un coup, et ses yeux se mirent à le piquer. La sensation de nausée était en train de se dissiper, mais son assurance en avait pris un sale coup. Il fit courir ses doigts le long de la cicatrice qui marquait sa tempe.
Qu’est-ce qui m’arrive, merde ?
Il avait passé les huit dernières années à la DEA, l’agence fédérale de lutte antidrogue, dont trois ans et demi à la division des opérations spéciales, la DOS, qui regroupait les meilleurs agents, procureurs et analystes de la DEA, du FBI et des services des douanes américaines. Lui-même se considérait comme l’un des éléments les plus brillants de la DOS. Toujours volontaire pour partir en mission, rien ne l’excitait plus que son boulot. Oui, son boulot était toute sa vie. Du moins, jusqu’à ce fichu jour à Overtown, six semaines plus tôt.
Le rendez-vous avait mal tourné. Une indic les avait doublés, son équipe et lui, et il y avait eu des coups de feu. Résultat : la fille avait été tuée ainsi qu’un agent fédéral, et la couverture d’Emelio, son coéquipier, avait été grillée. Quant à Nick, il avait sans le vouloir sauvé la vie de Rogelio Braga, mais avait fini à l’hôpital avec une sale blessure au front.
Ce dernier mois, son anxiété s’était muée en une véritable panique. Stress post-traumatique, selon le psychologue de la DEA. La plupart des agents ayant subi un choc présentaient les mêmes symptômes, lui avait-on expliqué avec patience avant de lui prescrire une thérapie. Malgré sa méfiance, Alex avait suivi toutes les séances obligatoires, serrant les dents et opinant du chef.
Post-traumatique, mon cul ! J’ai du mal à dormir, c’est tout.
A présent, l’enquête touchait à sa fin. L’issue était proche. Et plus la pression s’intensifiait, plus la peur de recevoir une balle en pleine face le terrifiait. Il haïssait sa propre faiblesse. Et il commençait à détester ce boulot.
Il prit la bouteille de champagne et inspecta l’étiquette avant de lire le petit mot qui l’accompagnait.
« Bienvenue à Cayo Sueño, Alexander. J’espère que ce petit cadeau te fera plaisir. Fais en bon usage !
Braga. »
Hum ! un cadeau ? Le léger parfum qui flottait dans l’air lui chatouilla les narines. Il fallait qu’il retrouve cette Meghan Foster et qu’il détermine si elle s’était retrouvée dans sa chambre exprès ou par accident. Dans tous les cas, il espérait bien avoir l’occasion de la voir avec ses sandales couleur du péché.
— Rien ne vaut une bonne dose de Sea, sex and sun. Ça vous dit d’essayer avec moi ?
Meghan Foster sentit un doigt pointu lui labourer les côtes. Se retournant, elle se retrouva nez à nez — ou plutôt le décolleté au niveau des yeux — avec l’homme le plus poilu qu’elle ait jamais rencontré. Le pelage qui lui recouvrait le torse et le menton faisaient plus que compenser l’absence totale de cheveux sur son crâne.
— Excusez-moi ?
Reculant contre la rambarde de la terrasse, elle se retint de croiser les bras sur sa poitrine en un geste défensif.
— C’est un jeu de mots. Le Sea, sex and sun est un cocktail. Vous connaissez ?
Il leva devant elle un verre orné d’une ombrelle en papier et rempli d’un liquide rosé.
— Alors ? Ça vous dit ? Je vous fais découvrir le goût du Sex sur la plage ?
Elle ne put réprimer un frisson en imaginant le petit homme frétiller sur le sable, avec ses poils et son sourire édenté.
— Euh… non, je vous remercie.
— Tu ne sais pas ce que tu loupes, ma jolie.
— Je crois que si.
Le gnome haussa ses épaules velues et partit en quête d’une nouvelle victime.
Nombre de ses fantasmes prenaient place au bord de l’eau. Elle avait même réécrit dans son journal une version personnelle du film Le Grand Bleu. Mais le prochain mâle qui lui proposerait de faire l’amour sur la plage avait intérêt à être plus jeune, plus grand, et à ressembler à Tarzan plutôt qu’à Sheeta.
Sur la terrasse inférieure, un groupe de musiciens jouait un air de Calypso. Elle commença à onduler des hanches au rythme des percussions, tout en observant la foule alentour avec une incrédulité amusée. La réception de bienvenue s’était transformée en un joyeux désordre et débordait maintenant sur la terrasse qui surplombait la piscine principale.
L’eau turquoise réfléchissait les rayons du soleil. Eblouie, Meghan plissa les yeux et repoussa ses lunettes sur son nez. En cette fin d’après-midi, de légers nuages gris s’étiraient dans le ciel sans toutefois parvenir à dissiper la chaleur. Pourquoi s’était-elle habillée comme ça ? Son chemisier de soie collait à sa peau ; quant à son bermuda en lin, il lui semblait lourd et épais. Avalant une dernière gorgée de soda, elle reposa son verre en cristal sur la rambarde et se tordit le cou de gauche à droite à la recherche de sa sœur. Responsable des activités de loisirs à Cayo Sueño, Julie avait économisé en secret pour lui offrir ces vacances bien méritées.
Meghan sourit. Sa mère, dans le coup elle aussi, lui avait même fait promettre de ne pas bien se tenir. Ce qui tombait bien puisqu’elle n’avait absolument pas l’intention d’être une gentille fille. Cette semaine sur une plage de rêve serait un nouveau départ, le début de sa nouvelle vie. Hors de question d’en gâcher une seule minute. Tournant son visage vers le chaud soleil de Floride, elle crut sentir dans l’air gorgé d’humidité un parfum torride, piquant, voire un peu dangereux.
Comme mon nouveau moi — torride, piquante, voire un peu dangereuse.
Guindée, froide, assommante, tels étaient les qualificatifs qu’avait employés Rob à son sujet. Il lui avait jeté ces insultes à la figure le jour où elle avait trouvé chez eux une petite culotte qui ne lui appartenait pas. Jamais, de sa vie, elle n’avait porté une culotte ouverte à l’entrejambe.
Comment avait-elle pu se montrer aussi stupide ? Quand Rob lui avait raconté qu’il devait travailler tard le soir, elle l’avait cru. Lorsqu’il lui avait dit qu’il s’absentait pour voyage d’affaires, elle ne s’était doutée de rien. Et pendant tout ce temps-là, lui s’était envoyé en l’air avec cette blonde siliconée, une nymphomane de son bureau.
Meghan l’avait alors accusé de la tromper. Il n’avait même pas pris la peine de nier — ce qui l’avait plus blessée que la liaison elle-même. Et, cerise sur le gâteau, il avait reporté toute la faute sur elle, l’accusant d’être bien trop froide pour le satisfaire. Il avait enfin trouvé une vraie femme, sexy, aventureuse et sophistiquée — bref, tout son contraire. Tout ce qu’elle ne serait jamais, ailleurs que dans son journal intime.
En plus de la briser émotionnellement, cette trahison avait détruit le peu de confiance qu’elle avait en son sex-appeal. Bien sûr, elle avait toujours su que leur couple manquait de spontanéité. Lorsqu’ils faisaient l’amour, quelque chose la retenait de se donner complètement. Mais…
Repoussant le flot de souvenirs, elle renforça sa détermination à aller de l’avant. Il était trop tard pour se lamenter sur le passé.
Ce qu’il lui fallait, c’était une liaison, à elle aussi. Une aventure purement sexuelle, sans remords ni regrets. Le type de rencontre qu’elle n’avait jamais vécu que sur le papier. Cette semaine, elle allait enfin vivre, s’amuser, se dévergonder ! Elle allait se transformer en déesse du sexe. Il ne lui restait plus qu’à trouver le type idéal…
Un doigt lui laboura de nouveau les côtes. Laissant échapper un soupir d’impatience, elle fit volte-face, le regard tourné vers le bas et les sourcils froncés, bien décidée à envoyer balader ce satané gnome poilu.
— Je vous dis que c’est non, pour le Sex !
Les mots moururent sur ses lèvres. Ecarlate, elle cligna des paupières à plusieurs reprises. Ce n’était plus le gnome, oh, ça non ! Lentement, elle arracha son regard à la contemplation d’une braguette de jean admirablement bien porté et releva lentement la tête.
Taille mince, torse large recouvert d’une chemise hawaïenne bleu et jaune, bras musclés, épaules carrées et, pour finir, visage souriant à la beauté rude… Il était superbe. Sur son haut front, ses cheveux noirs ébouriffés semblaient dire « coiffez-moi ! » et elle dut réprimer l’envie de vérifier par elle-même s’ils étaient aussi soyeux qu’ils le paraissaient.
Oh là là… Comble de l’insolence, un minuscule anneau en or brillait à son oreille gauche.
Le pirate haussa les sourcils d’un air interrogateur. C’est alors qu’elle remarqua le sillon qui allait se perdre dans son cuir chevelu. Et sa bouche. Hmm ! sa bouche… pleine, charnue, appelant les baisers… Ses lèvres s’étirèrent en un sourire à la fois amical et sexy, découvrant des dents blanches et régulières. Grand, brun, sublime, ce mauvais garçon semblait tout droit sorti de ses fantasmes.
Il est parfait, songea-t?elle en frémissant d’excitation. Tout simplement parfait.
C’est alors qu’elle aperçut son propre reflet, bouche bée, dans les lunettes de soleil de l’inconnu. Gênée, elle tenta de se redonner une contenance.
— Je ne savais pas que j’étais dans un club de ce genre, poursuivit-il. D’habitude, il faut au moins que je demande avant d’être repoussé.
Le timbre légèrement voilé de sa voix la fit frissonner des pieds à la tête. Qui donc se montrerait assez stupide pour le repousser ? Elle remonta ses lunettes sur son nez. Ce type était trop beau pour être vrai.
— Je… je croyais que c’était quelqu’un d’autre.
Le sourire du pirate s’intensifia, trahissant son amusement — et son intérêt.
— Vous voulez dire qu’avec moi, c’est oui, pour le sexe ?
— Je veux dire… Oh ! oubliez ça.
Il éclata d’un rire animal.
Vite, un trou de souris, tant qu’elle conservait encore un semblant de dignité ! Non, impossible de bouger. Comme clouée au sol, elle continua de dévisager l’homme de ses fantasmes, sans oser sauter le pas. Maintenant qu’elle avait trouvé le parfait inconnu, elle n’était plus si sûre de pouvoir aller jusqu’au bout.
Jusqu’à ce qu’il lui sourie de nouveau, son visage rayonnant d’une sensualité brute et dangereuse.
Quelle apprentie déesse du sexe aurait pu y résister ?