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ÇáÊÓÌíá

ÈÍË ÈÔÈßÉ áíáÇÓ ÇáËÞÇÝíÉ

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ÞÏíã 19-12-09, 10:43 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 16
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ãÚÏá ÇáÊÞííã: princesse.samara ÚÖæ ÈÍÇÌå Çáì ÊÍÓíä æÖÚå
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ÇÝÊÑÇÖí

 

très jolie histoire, merci pour l'effort

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ princesse.samara   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 04-01-10, 04:27 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 17
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ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
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ÇÝÊÑÇÖí

 

chapitre 8

Je me caresse devant lui, je le tente et le provoque. Sensuelle comme jamais, éminemment sexuelle, il est sous mon charme et je l’ai en mon pouvoir. Je me révèle dans cet autre moi, tellement plus forte, tellement plus femme.

Le cœur battant, à la fois angoissée et pleine d’espoir, Meghan sortit de l’ascenseur et longea le couloir vers la chambre de Nick.

Tout va bien se passer. Mieux que bien. Fantastique.

Elle se regarda dans le miroir d’une coiffeuse qui décorait le couloir et essaya de s’imaginer à travers les yeux de Nick.

Julie l’avait de nouveau laissée fouiller dans son placard. De fines bretelles en satin mordaient ses épaules nues jusqu’à la bordure de sa robe brodée de perles. Révélant plus qu’il ne couvrait sa poitrine, le tissu bleu roi mettait en valeur ses cuisses bronzées.

Cette journée au soleil lui avait donné des couleurs, et le maquillage lui apportait une touche à la fois sophistiquée et provocante. En plus de sa bouche rouge et brillante, une ombre bleue donnait à ses yeux un air mystérieux.

Elle était belle, désirable. Ce soir, elle allait faire l’amour.

Meghan Foster, apprentie déesse du sexe. Elle se fit un clin d’œil et, la tête haute, les épaules dégagées, se dirigea vers la suite 809.

A peine avait-elle frappé que la porte s’ouvrit. Waouh ! Nick se tenait devant elle, sûr de lui et de la place qu’il occupait dans l’univers. Il dégageait une vitalité innée qui l’attirait irrésistiblement, tel un insecte vers une source de lumière.

Il portait un smoking, mais avec des bottes de cow-boy noires et un diamant à l’oreille. Avec lui, le mot sexy prenait un tout autre sens…

Sans avoir le temps d’y réfléchir, elle se retrouva dans ses bras. Elle ferma les yeux et respira l’odeur de sa peau. Son cœur battait follement dans sa poitrine, tout contre le sien. Elle caressa lentement sa joue, l’arête de sa mâchoire, le creux de sa nuque, et explora les différentes textures de sa peau.

Prenant son visage entre ses mains, il se pencha sur sa bouche qu’il écrasa de ses lèvres en un baiser ardent. Ses mains étaient partout à la fois, caressant, glissant, pétrissant, malaxant. Lorsqu’il captura sa langue et l’aspira, ce fut comme s’il allumait un feu jusqu’entre ses cuisses.

Elle mit fin au baiser à regret, afin qu’il puisse fermer la porte. Pas la peine de choquer les voisins. Si la suite était à la mesure de ce baiser, la nuit promettait d’être chaude. Elle se sentait prête, plus que prête, à se lancer dans l’aventure.

Il l’attira dans le salon où elle fut accueillie par une douce musique. La baie vitrée était ouverte, et l’on avait mis le couvert pour deux sur le balcon.

Nick tamisa les lumières puis se tourna vers elle. Captivée par l’ambiance qu’il avait créée, elle n’avait pas bougé, debout au milieu de la pièce. Quand il la rejoignit, elle vit une lueur sauvage éclairer son regard, et elle tressaillit.

Devant son sourire carnassier, son instinct lui hurla de prendre ses jambes à son cou. Cependant, son désir était le plus fort. Elle ne demandait qu’à se jeter dans ses bras et le supplier de la combler en réalisant ses moindres fantasmes.

Il lui prit la main sans la quitter des yeux et posa ses lèvres au creux de son poignet, là où la peau était la plus sensible. Son pouls battait la chamade contre sa bouche. Elle sut que si elle se mettait à courir, ce serait pour se jeter dans la gueule du loup.

La tenant par la main, il lui fit décrire un cercle sur elle-même.

— Vous êtes ravissante, ce soir, mademoiselle Foster, commenta-t?il en la détaillant des pieds à la tête.

— Et vous, vous avez l’air d’un homme prêt à me ravir, monsieur Alexander, répondit-elle d’une voix qu’elle eut du mal à reconnaître. Que diriez-vous de passer directement au dessert ?

Il secoua lentement la tête et l’emmena sur le balcon où il l’invita à s’asseoir. Une fois qu’elle se fut installée, il prit place face à elle et souleva le couvercle d’un plat.

— Mais, Nick, je n’ai pas de couvert.


— Tu n’en auras pas besoin.

Un sourire provocant sur les lèvres, il attrapa une olive et la lui approcha de la bouche. Elle s’avança pour la prendre, léchant du bout de la langue la trace de saumure laissée sur ses doigts. Les yeux de Nick étincelèrent en réponse.

Il lui servit une coupe de champagne. Quand les bulles pétillèrent sur sa langue, elle laissa échapper un petit rire cristallin. Il lui prit la coupe des mains et posa ses lèvres à l’endroit où elle avait posé les siennes. Elle le regarda faire en rougissant.

Il continua de la nourrir ainsi, bouchée après bouchée — morceau de fromage, crevette, feuilleté au crabe. Elle léchait ses doigts après chaque morceau, se délectant de ses tressaillements.

En guise de dessert, il prit une fraise bien mûre et s’agenouilla devant elle. Ecartant doucement ses genoux, il lui caressa la cuisse du pouce, fit glisser le fruit sur son autre cuisse et se pencha afin de lécher le sillon rouge laissé par le jus. Puis il prit le fruit entre ses lèvres et releva la tête. Elle pressa sa bouche contre la sienne. Il croqua le fruit, et elle sentit le jus sucré couler dans sa bouche. Impossible de dire ce qui, de la fraise ou de son baiser, était le plus doux.

Nick avait assouvi sa faim, mais pas son désir. Le souffle coupé par la puissance du manque, elle s’adossa à son siège et plongea ses yeux dans les siens.

— Alors, que vas-tu me servir maintenant ?

— Tout ce dont tu as toujours rêvé.

Sa voix était pleine de promesses, et son regard intense la mettait silencieusement au défi. Il était parfait. Tout simplement parfait.

Il ne se doutait peut-être pas de ce qu’il lui offrait et de l’importance qu’avaient ces quelques mots. Tout à coup, le doute la saisit. En serait-elle capable ? Il y avait si longtemps qu’elle en rêvait…

— Fais-moi confiance, chuchota-t?il comme s’il avait deviné son appréhension.

Il lui tendit la main, lui donnant encore le moyen de refuser, mais elle la prit sans hésiter. De sa paume chaude et ferme, il la guida vers le canapé où il l’abandonna un instant, le temps de se débarrasser de sa veste de smoking. Puis il l’assit sur ses genoux et défit ses sandales. La tenant par la taille, il lui caressa la cuisse de l’autre main. L’odeur de son parfum floral et épicé lui caressa les narines lorsqu’elle dénoua son nœud papillon. Elle défit ensuite les premiers boutons de sa chemise et picora son cou et son menton de petits baisers tendres.

— Je te veux, Nick, murmura-t?elle en lui caressant les cheveux. Je veux tout explorer avec toi.

Tout ? Des extraits de son journal lui revinrent à la mémoire. La nuit promettait d’être torride, songea-t?il.

Elle caressait doucement sa bouche du bout des lèvres. Un deuxième baiser qui lui donnait envie de la dévorer. Douce, réservée, elle taquinait son désir et, pour y répondre, il restreignait sa passion du mieux qu’il le pouvait. Enfin, elle s’abandonna, ouvrant ses lèvres et enroulant sa langue à la sienne.

Puis elle se leva et se tint devant lui, provocante. Sans le quitter du regard, elle passa une main dans son dos et commença à défaire doucement sa fermeture Eclair. Sa robe bleue glissa à terre, révélant un bustier en satin noir et un string assorti. Il la dévisagea, la bouche sèche.

— Cet ensemble me fait fantasmer depuis que je l’ai vu dans ta valise.

Ces sous-vêtements ne dissimulaient rien ; ils ne faisaient qu’attirer le regard aux endroits stratégiques. Au toucher, le satin du tissu devait même se confondre avec le grain de sa peau. Son corps resplendissait d’un doux éclat dans la lueur des bougies, coloré d’un jeu d’ombres et de dégradés mordorés.

Oh ! comme il désirait explorer ce corps somptueux, parcourir ces courbes veloutées et ces vallons mystérieux, découvrir de nouvelles frontières, pénétrer au cœur de son intimité, goûter à l’essence de sa féminité !

Brusquement, il eut une conscience aiguë de chaque détail. Le pouls qui palpitait dans la gorge de Meghan, répondant comme un écho au battement de son propre cœur. Sa poitrine qui tressaillait à chaque inspiration. Les muscles contractés de son ventre, le balancement involontaire de ses hanches.

— Tu comptes passer la nuit à me regarder ou tu envisages de me toucher un jour ?

A ces mots chuchotés, un souffle incandescent parcourut ses veines et l’embrasa tout entier. Le désir était presque douloureux. Seul le rappel de son journal le poussa à se maîtriser.

Insouciante, je donne ce qui me plaît et je prends ce que je veux… L’homme que j’ai choisi fait de mon plaisir une priorité, il est là pour moi, pour me combler.

— Oh ! je vais te toucher, Beauté fatale. Et te goûter aussi. Montre-moi où, ma beauté.

Elle s’empourpra. Pas de doute, elle était gênée, mais le désir ardent qu’il lut dans son regard le bouleversa. Seigneur, quelle femme !

— Montre-moi, insista-t?il.

Elle leva la main droite et posa ses doigts fins et élégants sur sa bouche. Il se rassit plus profondément dans le canapé, son pantalon de smoking tendu sur son érection.

— Et où, encore ?

Elle fit glisser ses doigts sur son menton, dans son cou, puis sur son bras. Avant de baisser timidement la tête.

Il fit de son mieux pour la rassurer.

— Tu es en sécurité avec moi. Je ne ferai rien que tu n’aies pas envie de faire. Je ne te toucherai pas si tu ne le veux pas.

Après quelques secondes, elle releva le menton. Les yeux dans les siens, l’air soudain effronté, elle prit ses seins dans ses mains et les caressa jusqu’à ce que les petites pointes se dressent fièrement contre le tissu. Puis ses mains descendirent encore, parcourant son ventre jusqu’à la lisière de son string minuscule.

Alex crut qu’il allait disjoncter quand les doigts de Meghan se mirent à caresser ses hanches et ses cuisses galbées. Puis, descendant doucement vers son entrejambe, elle décrivit de petits dessins sur le tissu soyeux qui gardait la porte du paradis.

— Viens là ! ordonna-t?il en l’attirant vers lui.

Elle s’assit à califourchon sur ses genoux en riant. Un rire qui s’étrangla dans sa gorge quand il arracha son soutien-gorge, et se transforma en un gémissement sauvage lorsqu’il prit ses seins nus à pleines mains. Les deux sphères se réchauffaient sous la caresse de ses doigts. Comme il les pétrissait doucement, elle laissa échapper un petit râle sourd.

Faisant courir ses mains le long de ses bras, il emprisonna ses poignets d’une main ferme et les tint derrière son dos. Puis il la tira légèrement en arrière. Sa magnifique poitrine apparut devant lui, dressée, offerte à son plaisir. Meghan frissonna lorsqu’il posa ses lèvres sur sa peau, et instinctivement, elle se frotta contre son entrejambe.

Il embrassa son sein d’un bout à l’autre avant de prendre le mamelon dans sa bouche. Elle poussait des petits soupirs qui le rendaient fou. Que ferait-elle quand il pénétrerait enfin le cœur de sa chair ?

— Hmm…

Elle haleta puis pressa avec insistance son sein contre sa bouche. Obéissant à son ordre muet, il suça la petite pointe tendue par le désir et l’aspira contre son palais.

— Enlève ta chemise, Nick… Je veux te sentir contre moi.

Lâchant ses poignets, il arracha sa chemise, sans se soucier des boutons qui s’éparpillèrent sur le canapé. Elle le caressait du bout des doigts, ses ongles se frayant un chemin parmi les courtes boucles brunes sur son torse. Elle taquina les pointes de ses seins jusqu’à ce qu’elles soient aussi dures que les siennes.

Il sentait sa respiration s’arrêter, recommencer, s’affoler. Lorsqu’il se débarrassa enfin des manches qui emprisonnaient ses bras, elle mordilla le lobe de son oreille, l’électrisant encore. Il la prit dans ses bras et écrasa sa bouche sur la sienne, sa langue s’introduisant en elle. Emmêlant ses mains dans ses cheveux, elle l’attira plus près et l’embrassa plus profondément, tandis qu’il laissait glisser ses mains sur ses reins et ses magnifiques fesses.

La bouche de Meghan était brûlante, impatiente, et ses mouvements un peu désordonnés. Elle posa la main sur l’érection qui gonflait son pantalon et pressa doucement dessus.

La soulevant dans ses bras, il se releva. Elle continua de l’embrasser au creux du cou pendant qu’il la portait jusque dans la chambre. Elle s’allongea sur le lit et l’attendit, uniquement vêtue de son string, resplendissante de désir dans la lueur douce de la lampe de chevet.

Un sentiment inconnu de possessivité le prit à la gorge. Momentanément incapable de proférer le moindre son, il s’assit près d’elle sur le bord du lit. Elle vint s’agenouiller devant lui. Il prit son visage entre ses mains et plongea son regard dans ses yeux d’ambre.

— Je te veux, Beauté fatale. Laisse-moi t’aimer.

A ce mot, elle cligna des paupières et le fixa, comme si elle cherchait une réponse. Il n’aurait su dire lequel des deux était le plus surpris par son lapsus.

— Donne-toi à moi, Meghan, et je te promets que tu ne le regretteras jamais.

Il vit ses yeux s’emplir de larmes et posa ses lèvres sur son front en un tendre baiser. Ce qui avait commencé comme un défi suite à la lecture de son journal avait pris une tournure plus intense, plus profonde. Il lui demandait non seulement de dévoiler la part d’elle-même qu’elle avait jusque-là dissimulée, mais aussi de prendre des risques et de lui ouvrir son cœur.

Il embrassa doucement ses tempes, ses joues, avant de prendre possession de sa bouche. Tenant sa nuque dans une main, il reprit le chemin de ses seins, caressant ses courbes pleines et taquinant les petites pointes jusqu’à ce qu’elles se dressent de nouveau.

— Déshabille-toi, lui murmura-t?elle à l’oreille.

Alex se releva lentement et enleva ses vêtements un à un tout en observant sa réaction. Son caleçon glissa jusqu’à ses chevilles. Il l’enjamba, un sourire satisfait sur les lèvres, tandis qu’elle le regardait faire avec fascination.

La lueur de gaieté qu’elle avait dans le regard se mua en demande. Lorsqu’elle tendit la main vers lui, gémissante, il sentit les muscles de son ventre se contracter en anticipant le contact de sa peau contre sa chair tendue. Il s’approcha et laissa échapper un petit hoquet quand elle enroula ses doigts autour de son sexe. Elle le tenait juste assez fermement pour qu’il sente battre son pouls contre la paume de sa main.

Ses doigts parcoururent sa verge tendue jusqu’au creux de ses jambes, là où sa peau était la plus réceptive. Partout où ils passaient, ils laissaient un sillon de feu, et il se mit à trembler, essayant de reprendre le contrôle de ses sens.

Elle le caressait, de plus en plus sûre d’elle, de plus en plus audacieuse, fière de pouvoir l’amener aussi près de l’abîme.

Hello, Elise.

Elle se laissa glisser par terre et s’agenouilla à ses pieds. Il tressaillit. Des fines gouttes de sueur perlaient sur son front et sa lèvre supérieure. Elle se pencha vers lui, les lèvres entrouvertes, l’œil pétillant de malice, et, tirant la langue, lécha le bout de son sexe d’un petit coup rapide.


Il retint son souffle et se cambra, lui offrant sa verge. Mais elle lui sourit d’un air espiègle et s’éloigna hors de sa portée. Puis elle recommença, encore et encore, l’agaçant de ses petits coups de langue, jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus.

— Est-ce que je dois t’attacher pour que tu arrêtes de gigoter ? dit-elle, faussement sévère.

Il n’eut pas le temps de lui répondre.

Elle le prit tout entier dans sa bouche. Alex tressaillit et rejeta la tête en arrière, les doigts emmêlés dans les boucles de Meghan. Lorsqu’elle laissa échapper des petits râles satisfaits du fond de sa gorge, il crut qu’il perdait totalement le contrôle.

Il ferma les yeux et inspira longuement. Cette nuit était la sienne, il était là pour la combler. S’arrachant à l’insoutenable caresse de sa bouche, il la saisit par la taille puis l’allongea sur le lit. Il lui ôta son string d’un geste avant de la rejoindre.

Il la prit dans ses bras. Son cœur battait la chamade contre le sien, et ses courbes douces et fermes épousaient parfaitement les siennes. Tout à coup, il se sentit envahi par un sentiment de perfection. Un peu comme pendant l’orage, durant cette seconde d’attente qui précède l’éclair, il avait l’impression de pouvoir anticiper la violence du choc.

Des années d’infiltration l’avaient forcé à conserver la tête froide et à masquer ses émotions. Il avait toujours gardé le contrôle — question de vie ou de mort. Mais avec Meghan, c’était différent. Il était différent. Il voulait faire partie de sa vie. Devenir sien, et qu’elle s’offre à lui en retour. Il se sentait dépassé par la puissance de ses émotions.

Bon sang ! il était en train de tomber amoureux…

 
 

 

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ÞÏíã 04-01-10, 04:28 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 18
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chapitre 9

Il me prend avec ardeur, il me prend avec fureur. Il m’emmène au bord de l’abîme. Sa passion n’a d’égale que la mienne.

Son corps était sur le point de s’embraser et Nick voulait faire des câlins ? On était loin de la frénésie sexuelle qu’elle avait imaginé. Elle l’attrapa par les fesses et l’attira à elle. Quand il prit position entre ses cuisses ouvertes, dressé sur ses coudes, les poils de ses jambes effleurèrent l’intérieur de ses cuisses. Elle tressaillit d’exitation.

Son corps d’homme la pressait contre le matelas, mais son poids, plutôt que de l’incommoder, la réjouissait. Il déposa un chapelet de baisers le long de sa gorge, jusqu’à la naissance de ses seins, et une pulsion de désir la traversa de part en part. Avançant ses hanches au-devant des siennes, elle laissa échapper un soupir de frustration. Jamais elle ne s’était sentie aussi excitée, aussi prête. S’il ne la pénétrait pas, et vite, elle allait… Elle allait le mordre !

Folle de désir, elle se frotta contre lui et l’agrippa par les épaules. Elle aurait voulu être encore plus près. Elle le voulait en elle. L’attente était en train de lui faire perdre la raison.

Elle enfouit sa tête dans le creux de son cou et mordit l’os de sa clavicule.

— Aïe ! gémit-il.

— Touche-moi, goûte-moi, prends-moi ! Tout de suite !

Comme elle se cambrait contre lui, son sexe effleura sa fente et taquina son clitoris. Ses seins étaient lourds, tendus par le désir de ses caresses ; ses mammelons pointes se dressaient contre son torse. Elle emmêla ses doigts dans ses cheveux courts et lui indiqua la direction à prendre.

Il n’eut pas besoin de plus d’encouragements. Sa bouche partit à l’assaut de son corps, léchant ses seins l’un après l’autre, puis entama une lente descente le long de son ventre. A chaque caresse, elle découvrait une nouvelle zone érogène.

Après avoir mordillé la peau tendre autour de son nombril, il atteignit l’orée de sa toison. Il huma l’odeur de son intimité, enfouit son visage dans son sexe avant d’y plonger la langue. Meghan gémit quand sa bouche prit possession de sa chair humide et gonflée par le désir. Jamais elle n’avait laissé quiconque s’aventurer ainsi dans le cœur de sa féminité. Prenant une longue inspiration, elle força tous ses muscles à se détendre, puis s’abandonna aux assauts de sa langue.

Etourdie par les sensations, elle commença à onduler des hanches au rythme de ses caresses.

— Oh, oui…

Elle se raidit sous l’effet du plaisir. Ses doigts s’agrippèrent aux cheveux de Nick, maintenant sa tête en place. Lorsqu’il la pénétra de la langue, une vague de feu embrasa son intimité, et un délicieux fourmillement prit possession de son ventre.

Elle avait déjà ressenti cette sensation, mais jamais avec un homme. La joie lui fit monter les larmes aux yeux tandis que Nick l’entraînait toujours plus loin, toujours plus vite, jusqu’au point culminant de son plaisir. Elle ne pensait plus à rien, elle n’était plus que sensations. Et son corps frissonna sous la violence d’un orgasme tel qu’elle n’en avait jamais connu.

Haletante, elle redescendit lentement sur terre, à la fois soulagée et sidérée par les réponses de son propre corps. Elle aurait voulu que cela ne s’arrête jamais.

Elle ouvrit les yeux. Nick la dévisageait, un sourire espiègle sur ses lèvres humides.

— Waouh ! dit-elle en reprenant son souffle avec peine. C’était… waouh !

— Et ce n’est qu’un début, Beauté fatale.

Son ton était empreint d’une arrogance toute virile, comme s’il venait juste de conquérir l’Everest. Il avait l’air si sûr de lui qu’elle ne put s’empêcher de le taquiner.

Feignant le détachement, elle fronça les sourcils.

— Tu ne peux pas faire mieux que ça… C’est impossible.

— Tu me mets au défi ?

Il plongea vers elle pour un baiser ardent et passionné. Un désir nouveau s’insinua en elle. A sa stupéfaction, ce premier orgasme n’avait fait qu’exacerber son désir. Elle se mit à le chatouiller et, profitant de l’effet de surprise, le renversa sur le dos et le chevaucha.


— Te voilà maintenant à ma merci.

Elle caressa du bout des doigts l’intérieur de ses avant-bras puis dessina un chemin dans son cou, sur ses épaules, effleurant ses muscles saillants. Biceps, abdominaux, pectoraux…

Elle le sentait tendu sous elle, retenant son énergie — pour l’instant. Alors qu’elle plongeait son regard dans ses yeux verts, elle y lut un mélange de tendresse et de défi. Elle aimait les petits plis qui marquaient le coin de ses yeux quand il lui souriait, la chaleur de son regard tandis qu’il l’observait.

Se redressant, Nick voulut prendre son sein gauche dans sa bouche, mais elle lui échappa. Un éclair de déception brilla dans ses yeux. Une lutte subtile se jouait entre eux, où il n’y aurait que des gagnants. Amusée, elle mêla ses doigts aux siens et lui passa les bras par-dessus la tête.

Il la regarda faire, sans bouger cette fois. Effleurant ses lèvres d’un baiser, elle titilla sa bouche de sa langue. Il avait un léger goût de cannelle, mêlé à son goût à elle.

Elle lui lécha le cou puis souffla doucement sur les sillons humides. Nick frissonna mais resta immobile. De même qu’il ne bougea pas lorsqu’elle frotta ses seins contre son torse recouvert d’un léger voile de sueur. Pourtant, tous ses muscles se tendaient, elle le sentait, et il laissa échapper un son rauque. La chaleur que dégageaient leurs deux corps aurait pu enflammer les draps.

Sans relâcher son étreinte, elle descendit sur lui et l’observa tandis qu’elle frottait son sexe humide sur son ventre. Il se cambra vers elle. Sa verge tendue par le désir vint se loger tout contre son petit bourgeon, là où irradiait la force irrésistible de son désir.

Frémissante, elle se frotta sur toute sa longueur, allant et venant de façon à prolonger encore cette délicieuse sensation. Sous elle, Nick vibrait de tout son être, laissant échapper de petits râles.

— Pitié…

C’était elle qui avait le contrôle. Nick était à sa merci. L’apprentissage touchait à sa fin ; elle était une véritable déesse de l’amour. Triomphante, elle s’empala sur lui. Mais il la repoussa en douceur.

— Attends.

En le voyant sortir une boîte de préservatifs d’un tiroir, elle se mit à rire.

— Un paquet de trente-six, taille extra large, avec des rainures pour intensifier le plaisir ? Tu n’es pas du genre à te laisser prendre par surprise !

— Je les ai achetés pour toi.

Elle commença à ricaner, mais la caresse de ses doigts tièdes entre les lèvres humides de son sexe était une distraction trop puissante. Elle saisit l’un des petits paquets et déchira l’emballage.

— Allonge-toi. J’ai lu une description dans un livre et j’aimerais l’essayer avec toi.

Se baissant sur lui, ses dents effleurèrent sa chair tendue et vulnérable. Il gémit de surprise et de plaisir lorsqu’elle déroula le préservatif à l’aide de sa langue et de ses lèvres.

— Tu me tues, Beauté fatale…

— Est-ce qu’on n’appelle pas justement l’orgasme la « petite mort » ?

— Chuuut…

La retournant, il se blottit entre ses jambes ouvertes. Elle se cambra lorsqu’il pénétra enfin sa fente offerte et glissa en elle, leurs deux sexes s’interpénétrant comme s’ils avaient été taillés sur mesure.

Elle lâcha un cri de plaisir. Allongé sur elle, il se mit à bouger d’avant en arrière sur un rythme lent et sensuel. Puis, attrapant ses genoux, il les écarta et la pénétra plus profondément. Il l’écrasait de tout son poids, fourrageant entre ses cuisses, la base de son sexe frottant contre son entrejambe en feu.

— Ouvre les yeux, Meghan.

Alors qu’il se redressait sur ses coudes, elle leva les yeux vers lui, puis les baissa vers son ventre, là où leurs deux corps se rejoignaient. Que c’était érotique de pouvoir à la fois sentir et regarder !

Bientôt, elle reconnut la sensation presque douloureuse qui montait du plus profond de son être. Lui aussi avait dû la sentir, parce qu’il accéléra le rythme, intensifiant le délicieux frottement. Libérée, folle de désir, elle se révéla sous ses coups de boutoir, déchaînant sa passion jusqu’à ne plus pouvoir retenir la vague de plaisir.

Elle s’agrippa alors à son dos couvert de sueur et s’arc-bouta pour mieux se laisser emporter.

— Encore ! cria-t?elle.

— Tout ce que j’ai… Aaaaah !

Son cri, poussé d’une voix méconnaissable, ressemblait au rugissement d’une bête sauvage, au grognement d’un être primitif.

L’orgasme la submergea. Ses muscles intimes se contractèrent autour du sexe de Nick, et un souffle brûlant la parcourut, entraînant un déferlement de spasmes dans tout son corps.

Les yeux clos, il accéléra le rythme, de plus en plus vite, de plus en plus profond. Elle le sentit venir à son tour, son sexe vibrant de violence contenue avant que ne survienne enfin la libération. Il se retint à elle comme à une ancre au cœur de la tempête, et un râle triomphant s’échappa de sa gorge au moment où il s’abandonna au plaisir.

Elle reprit peu à peu ses esprits. Le souffle court, Nick reposait sur elle — en elle. Elle ferma les yeux, essayant de calmer les battements de son cœur.

La jouissance physique avait été à la hauteur de ses attentes, mais l’intensité des émotions qu’elle ressentait à présent la prenait par surprise. Sans doute n’était-ce qu’un effet secondaire. Elle s’était ouverte — littéralement — au contact le plus intime qui soit. Rien de plus normal que d’être un peu bouleversée.

Il fallait juste qu’elle fasse attention à ne pas se laisser prendre au jeu.


Qui était cet homme dans les bras duquel elle s’était abandonnée, corps et âme ? Elle observa Nick qui dormait à son côté. Une ombre passa sur son visage et ses traits se durcirent, avant de se relâcher. Elle venait de faire l’amour avec un inconnu, quelqu’un qu’elle avait rencontré deux jours plus tôt. Elle ne savait rien de lui et ne le reverrait sans doute jamais, songea-t?elle avec amertume. N’était-ce pas ce qu’elle était venue chercher sur cette île de rêve ? Alors, pourquoi ce sentiment de vide, de tristesse ?

Se levant doucement, elle ramassa ses vêtements éparpillés par terre. Elle enfila ses dessous, sa petite robe bleue froissée, et alla dans la salle de bains afin de se passer un peu d’eau sur le visage. L’image que lui renvoya le miroir était toute chiffonnée. Son maquillage avait coulé, ses jolies boucles étaient emmêlées, et les cernes sous ses yeux témoignaient de la nuit qu’elle venait de passer. Pourtant, son visage paraissait reposé, détendu. Et un petit sourire béat persistait sur ses lèvres.

Elle essaya tant bien que mal de réparer les dégâts. Puis elle se faufila dans le couloir, ses sandales à la main.

Alex se réveilla seul dans son lit. Il avait l’habitude, mais le sentiment d’abandon qui étreignait sa poitrine était, lui, tout à fait nouveau.

Le lit vide était froid, et il roula sur le côté. Attrapant l’oreiller, il le serra contre sa poitrine. Il ferma les yeux et enfouit son visage dans la taie imprégnée d’une odeur de calendula.

Un vrai môme devant son premier amour…

Il resta là, empli d’un sentiment de joie, à l’attendre. Il l’attendit, encore et encore. Avant de partir à sa recherche. Le salon était vide, comme la salle de bains. Il fronça les sourcils. Où était-elle passée ?

Pourquoi était-elle partie ?

Il ouvrit le robinet de la douche et se glissa sous le jet d’eau brûlant. Il se sentait déçu, rejeté. Il avait fait de son mieux pour recréer ses fantasmes et rendre leur nuit spéciale. Et elle, elle s’était levée et l’avait quitté au beau milieu de la nuit. Sans même un petit mot ou un baiser d’adieu.

Le jeu de la séduction l’avait affecté plus qu’il ne l’aurait cru. Comment aurait-il pu offrir à une femme son premier orgasme et partager avec elle l’expérience sexuelle la plus intense qu’il ait jamais vécue, sans tomber amoureux ?

Sauf qu’elle, elle s’était sauvée. Sauvée !

Il n’avait pas le droit de lui en vouloir. Après tout, elle lui avait annoncé la couleur dès le début. Mais, bon sang, personne ne l’avait jamais quitté comme ça après l’amour !

Il ferma le robinet d’un geste rageur, sortit de la salle de bains sans prendre la peine de se sécher et, tout dégoulinant, décrocha le téléphone.

— Bonjour, Beauté fatale.

— Bonjour, Nick.

Elle semblait prudente, presque froide, à l’autre bout du fil.

— Pourquoi ne m’as-tu pas réveillé avant de te lever ? J’avais prévu de commencer la journée en te faisant l’amour.

Elle parut hésiter avant de répondre.

— Je croyais que c’était terminé. C’est-à-dire… je croyais qu’on avait eu notre nuit torride…

Elle s’interrompit, et il ressentit le silence qui suivit comme un coup de poignard en plein cœur. Etait-ce donc ce que ressentaient les femmes le lendemain matin, de la gêne ?

— Rien n’est fini, Beauté fatale, loin de là. Tu as accepté de prendre les choses comme elles venaient.

— C’est vrai. La nuit dernière était fantastique. Mais nous sommes en vacances. Ce n’est qu’un interlude avant de reprendre le cours de nos vies.

Il aurait dû se sentir soulagé. D’autant qu’avec sa mission, il aurait eu du mal à se concentrer, Meghan à ses côtés. Le problème, c’est qu’il ne pouvait accepter qu’ils en restent là. Il trouverait bien un moyen pour tout concilier.

— Accorde-moi le reste de la semaine avec toi.

— Nick…

— Je veux une véritable aventure, avec tout ce que ça implique en terme de flirt et d’intimité.

— Pourquoi se lancer dans quelque chose qui ne durera que quelques jours ?

Bonne question. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la population mâle aurait applaudi à sa vision du sexe pour le sexe, sans remords ni regrets. Il était vraiment stupide.

Il ferma les paupières et en appela à ce qu’il ressentait.

— Il y a quelque chose de magique entre nous. Pas la peine de le nier, surtout après la nuit dernière. Explorons-le et voyons où ça nous mène.

Elle mit un moment avant de répondre, à tel point qu’il se prépara à un refus. Finalement, elle soupira.

— D’accord, Nick, je suis toute à toi. Jusqu’à la fin de la semaine.

C’était déjà ça. Une fois qu’elle eut accepté de passer la journée avec lui à Key West, ils raccrochèrent.

Après s’être habillé, Alex alluma une cigarette et sortit sur le balcon avec son journal intime.

Il avait eu l’intention de le lui rendre la nuit dernière ou au réveil, mais maintenant, il voulait le relire d’un bout à l’autre. Il fallait qu’il comprenne le fonctionnement intime de Meghan.

Afin de lui prouver que la réalité dépassait toujours la fiction. En mieux.

 
 

 

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chapitre 10


Elise rejette la tête en arrière avec un rire de gorge. Elle est humide de désir, impatiente de jouir. Son amant à la peau mate la pénètre d’un seul coup de rein et elle jouit presque immédiatement.

Alex accueillit Meghan avec un grand sourire et se pencha vers elle pour l’embrasser. Comme elle ne répondit pas tout de suite à son baiser, il recula légèrement, mortifié par son absence de réaction. Mais elle rattrapa ses lèvres et l’embrassa d’une bouche affamée. Tout rentrait dans l’ordre.

Oh, bon sang ! il était accro…

— Nick, c’est vraiment la plus moche de toutes.

Suivant son regard moqueur, il contempla sa chemise couverte de larges motifs rouges, verts et blancs.

— Qu’est-ce que tu racontes ? Elle est superbe. Je la porte tous les ans à Noël.

Elle le prit par le cou et pressa son corps contre le sien.

— Festive ou pas, je vais devoir te l’enlever.

— Ah oui ?

— Oui, murmura-t?elle au creux de son oreille. En n’utilisant que les dents.

Sa bouche brûlante dessinerait un sillon le long de son torse puis s’attaquerait de la même façon à la fermeture Eclair de son jean…

Il la prit par la taille et la maintint serrée contre l’érection qu’elle venait de provoquer.

— Tu vas devoir rester collée à moi jusqu’à ce que je puisse marcher.

— Oh, vraiment ? Mais que pourrions-nous faire pour passer le temps ? demanda-t?elle d’une voix ingénue en frottant son ventre contre son entrejambe.

— Arrête ça, Beauté fatale.

— Pourquoi ?

Il lui mordilla le cou.

— Je vais me faire arrêter pour atteinte aux bonnes mœurs, si tu continues. Tu vas me le payer.

— Hmm… Tout le plaisir est pour moi, répondit-elle, effleurant sa bouche du bout de la langue, avant de reculer avec un grand sourire. C’est toi qui connais la ville. Où allons-nous ?

Les pouces dans les poches de son jean, il réajusta discrètement son caleçon. Puis, se raclant la gorge, il essaya de remettre en marche son cerveau.

— Il y a l’aquarium géant de Key West.

Elle grimaça.

— Tu as promis de m’emmener manger des fruits de mer ce soir. Je ne pourrai rien avaler si on passe l’après-midi à admirer leurs cousins.

— D’accord. Alors, allons chez Mel. C’est plein de trucs de filles, ça devrait te plaire.

— Des trucs de filles ?

— Perles, or, rubis…

— Oh, ce genre de trucs ? s’exclama-t?elle, visiblement ravie.

Une fois dans le musée d’Histoire maritime de Mel Fisher, Alex repéra une affiche qui annonçait la projection d’un documentaire. La séance était sur le point de commencer. La Nuestra Señora de Atocha, un galion du xviie siècle, avait coulé au large des Iles Marquises en 1652. Fisher et son équipage avaient réussi à repêcher l’Atocha et sa précieuse cargaison après de longues années de recherche. Le film durait un quart d’heure.

Alex tira Meghan par le coude.

— Viens, ça va commencer.

— Ça a l’air intéressant.

— Oui, je crois que tu vas apprécier.

Un plan venait de prendre forme dans son esprit. Le moment était venu de payer.


Plus un siège de libre dans la salle. Alex entraîna Meghan au fond au moment où les lumières s’éteignirent et, s’adossant au mur, l’attira contre lui.

— Quoi que je fasse, tu dois garder le silence.

Elle hocha la tête d’un air hésitant. Posant les mains sur ses seins, il les soupesa et commença à les caresser. Meghan, bouche bée, jeta un coup d’œil inquiet autour d’elle, mais il ne s’arrêta pas. Au contraire. Il prit les petites pointes entre ses doigts et les pinça doucement.

Excitée, le souffle court, elle regarda droit devant elle. Le film se déroulait sur l’écran, projetant une lumière clignotante sur son visage. Les yeux mi-clos, elle se laissa aller en arrière contre Alex. Il insinua alors sa main droite dans son short. Elle lâcha un petit soupir.

— Souviens-toi que tu n’as pas le droit de faire le moindre bruit, lui rappela-t?il.

Après quelques secondes, elle se détendit et changea d’appui, les jambes plus écartées. Il glissa les doigts jusqu’à son clitoris et décrivit des cercles lents tout autour avant de plonger dans la fente de son sexe humide et chaud. Les lèvres entrouvertes, elle expira, haletante, et ses muscles intimes tressaillirent autour de ses doigts. Comme il la pénétrait plus profondément, elle se tortilla contre sa main, devançant ses caresses.

Elle était brûlante, mouillée et à sa merci.

Il lui effleura l’oreille de ses lèvres.

— Si tu savais comme je bande, murmura-t?il. Tu le sens ? Je voudrais être en toi, aller et venir, plus fort, plus profond, jusqu’à ce que tu cries de plaisir.

Au bord de l’abîme, elle se mordait les lèvres, le souffle court. Il jeta un coup d’œil à l’écran et, avec un timing parfait, retira sa main juste au moment où apparaissait le générique de fin. Les lumières se rallumèrent.

Meghan cligna des paupières, les yeux écarquillés et le visage en feu. Elle se retourna contre lui et enfouit son visage dans son cou pour se cacher des spectateurs qui défilaient vers la sortie.

— Bon sang ! s’exclama-t?elle à mi-voix, comment as-tu pu me faire un truc pareil ? Pourquoi as-tu arrêté ?

Elle se mit à tambouriner des poings sur sa poitrine.

— Je t’avais dit que tu me le paierais ! répliqua-t?il en lui volant un baiser.

Elle laissa échapper un petit soupir et lui cogna le torse d’un coup de tête.

— Tu es horrible, Nick. Monstrueux.

Il rit, sans riposter. L’érection qui déformait encore la braguette de son jean ne facilitait pas non plus ses mouvements.

— On continue ? proposa-t?il.

— Tu penses avoir gagné, hein ? Mais je n’en ai pas fini avec vous, monsieur. Loin de là.

— Je suis ravi de te l’entendre dire, Beauté fatale.

Ils visitèrent le musée main dans la main. A la boutique, il lui offrit un pendentif rattaché par un cordon en cuir. Il s’agissait d’une petite pièce de monnaie en argent qui avait passé plusieurs centaines d’années au fond de la mer avant d’être repêchée par Fisher.

— Lorsqu’ils l’ont remontée à la surface, c’était un petit morceau de métal informe. Et maintenant, regarde.

— C’est magnifique.

Il le lui attacha autour du cou.

— Il faut beaucoup de patience et de travail pour révéler la vraie valeur des choses, déclara-t?il, le regard brûlant.

— J’ai comme l’impression que l’on ne parle plus de fouilles sous-marines…

— Je ne voudrais pas que tu passes à côté d’un trésor enfoui.

— Je t’entends bien, Nick, mais nous n’avons pas seize ans. Mes vacances se terminent dans quatre jours.

Il prit sa main dans la sienne.

— Ce n’est pas obligé.

— Si. Je n’ai pas l’habitude des histoires d’un soir, mais…

— Comment ça, un soir ? la coupa-t?il en lui lâchant la main. Je croyais que tu m’avais donné le reste de la semaine ?

Elle posa la main sur sa bouche pour l’interrompre.

— Profitons de l’instant présent, O.K. ?

Il hocha la tête en signe d’assentiment. Tout en se promettant de ne pas en rester là. Il voulait qu’elle reconnaisse le lien spécial qui les unissait. Il adorait faire l’amour avec elle, mais il appréciait encore plus les moments partagés, les rires et l’amitié. Elle.

Ils passèrent l’après-midi à visiter Key West, ses rues ensoleillées, ses boutiques hétéroclites et ses musées, avant de retourner vers le ferry.

— J’adore Key West, déclara finalement Meghan avec enthousiasme. Regarde : un magasin de souvenirs à trois sous côtoie un vieux bistrot décrépit et une galerie d’art… Et, partout, on sent l’odeur de la mer.

— Oui, moi aussi j’aime cet endroit. Mais tu n’as pas encore vu le meilleur.

— C’est où ?

— Tu verras ce soir, au moment où le soleil se couche. Je te promets que tu ne le regretteras pas.


Alex avait quitté Meghan deux heures plus tôt dans le hall de l’hôtel, afin de réviser le plan d’investissements que la société de courtage Alexander devait proposer aux représentants du cartel dépêchés en Floride. Emelio et lui avaient rassemblé assez d’informations pour leur soumettre un projet crédible, et ils attendaient maintenant que Frankie Ramos se manifeste. Si son yacht était toujours ancré dans le port de Key West, le trafiquant de drogue n’avait pas encore donné signe de vie.

Alex ne devait pas retrouver Meghan avant le dîner, mais il décida d’aller voir si elle était dans sa chambre. Peut-être était-elle en train de faire la sieste…

Arrivé devant la porte de la suite 608, il hésita un instant avant de frapper. Dans la main gauche, il portait un petit paquet, acheté à la boutique de souvenirs de l’hôtel. Il mourait d’envie de voir Meghan l’essayer.

Le bandeau noué sur mes yeux est d’un érotisme puissant. Le souffle court, j’attends avec impatience — et une pointe d’appréhension ? — que mon amant me touche enfin. Il vient à moi dans l’obscurité, en silence, résolu à me prendre totalement, corps et âme.

Meghan lui ouvrit, vêtue d’un peignoir. Elle recula d’un pas pour le laisser entrer et considéra le petit paquet avec curiosité.

— C’est pour moi ?

Nick lui tendit le paquet. Elle le prit et en sortit une magnifique écharpe de soie vert émeraude.

— J’avais envie d’essayer quelque chose de nouveau avec toi, si ça ne te fait pas peur, murmura-t?il tout en la déshabillant du regard.

Etait-il en train de suggérer ce à quoi elle pensait ? Elle avait décrit dans son journal une ou deux scènes érotiques incluant des liens, mais n’avait jamais osé les réaliser.

— Alors ? Qu’en dis-tu ?

S’approchant, il dénoua la ceinture de son peignoir et le vêtement tomba à terre. Après lui avoir pris le foulard de soie des mains, il le fit passer sur ses épaules, autour de son cou, sur ses seins, puis étira le tissu entre ses mains, l’enroulant autour de ses poignets.

Une bouffée d’excitation la submergea. Elise oserait-elle ? Oh, oui ! Sans la moindre hésitation. Rien n’était plus excitant que de braver l’interdit.

Penchant la tête sur le côté, Meghan posa une main sur sa hanche en une attitude provocante.

— Est-ce que j’ai l’air effrayé ?

— Tu es incroyablement belle.

Ses yeux clairs et intenses brillaient d’un feu intérieur, remarqua-t?elle avec délice. Elle y lisait de l’admiration mêlée à une émotion indéfinissable. Tout à coup, avant qu’elle ait eu le temps de réagir, il posa le foulard sur ses yeux et le lui attacha derrière la tête.

Elle ferma les paupières sous le bandeau, déroutée par l’afflux soudain de sensations. Une fois de plus, l’atmosphère se chargea d’électricité. Il effleura ses cheveux d’une caresse tendre et rassurante, mais sans prononcer un mot.

Sa peau dégagea une odeur de savon lorsqu’il la souleva dans ses bras. Désorientée, elle se laissa transporter à travers la pièce jusqu’au lit. Il l’allongea sur les draps frais et la laissa là.

Elle ne le voyait pas, ne le touchait plus. Nue à l’exception de l’écharpe de soie, elle se sentit brusquement vulnérable, exposée. Elle serra ses bras autour d’elle en un geste protecteur, croisa et décroisa les jambes nerveusement. Enfin, elle s’obligea à se détendre. Le cœur battant, impatiente, elle attendit la suite.

Aveuglée par le bandeau, elle avait une conscience aiguë de sa respiration haletante, de la moiteur à la naissance de ses cuisses, de la brise légère soufflant sur son corps nu. Cela ressemblait tellement à ce qu’elle avait décrit dans son journal — l’obscurité totale, l’attente qui se prolongeait, augmentant l’excitation, l’homme qui allait la posséder et dont elle ne faisait que deviner la présence… Si ressemblant, et pourtant si différent.

Enfin, Nick vint la rejoindre sur le lit.

Elle tressaillit lorsqu’il posa la main sur son épaule, et devança la caresse de sa bouche sur la sienne.

Ses lèvres étaient douces et tièdes, sa langue experte et son baiser envoûtant. Seules leurs bouches se touchaient, et ce point de contact entre leurs deux corps semblait concentrer toute leur passion. Des vagues de désir déferlèrent jusqu’au creux de ses cuisses tandis qu’elle laissait échapper un gémissement sourd.

Il se retira subitement, la laissant frustrée et désemparée. Ses inhibitions s’étaient envolées. Elle tendit la main vers lui, sans parvenir à l’atteindre. Et elle eut une brève seconde d’inquiétude, toute seule dans ce noir absolu.

Le fantasme et la réalité se confondaient, intensifiant le sentiment d’excitation face à l’inconnu. Une sorte d’instinct primitif lui fit deviner la présence de Nick à côté d’elle, immobile et silencieux. Elle sourit. Il voulait l’observer ? Elle allait lui en donner pour son argent.

Posant les mains sur ses seins fermes, elle commença à les pétrir doucement. Elle frotta les mamelons à l’aide de ses pouces. Les petites pointes réagirent aussitôt en se dressant contre ses doigts. Un petit gémissement s’échappa de sa gorge, et elle écarta les jambes, ondulant doucement des hanches, frottant ses fesses en rythme contre les draps. Ses mains entamèrent alors une lente descente, effleurant son ventre, sa toison, jusqu’à trouver l’épicentre humide de son désir.

Nick laissa échapper un râle, et elle s’esclaffa tout en continuant à se caresser. Non seulement elle donnait libre cours à sa vraie nature, mais elle avait réussi, malgré le bandeau, à reprendre le dessus : il était de nouveau à sa merci.

Elle lui fit signe de s’approcher, et ses mains vinrent se mêler aux siennes, accompagnant, encourageant ses mouvements. Lorsque ses doigts la pénétrèrent, elle cria de plaisir, avant de gémir de frustration quand il les retira.

— Oh, je t’en prie…

Le parfum enivrant d’une rose chatouilla ses narines juste avant qu’elle sente la caresse des pétales soyeux sur ses lèvres. Il fit aller et venir la fleur sur sa joue, dans le creux de son cou, sur ses épaules, d’un sein à l’autre… Elle tressaillait à chaque fois, impatiente de savoir quel chemin la rose allait ensuite emprunter.

La fleur descendit sur ses cuisses, tiédie par la chaleur de sa peau, et remonta doucement. Alors que les pétales effleuraient son sexe, Nick prit la pointe d’un de ses seins dans sa bouche. Il le suça, le lécha, le martyrisa jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. Totalement abandonnée aux sensations, elle écarta les jambes sans la moindre pudeur, lui offrant son sexe ouvert en gémissant.

— Nick !

— Chut, tu n’es pas encore prête…

— Oh, si !

— Chuuuut…

Elle frissonna lorsque les pétales de rose tombèrent en pluie sur sa peau nue. Son odeur de shampoing montant à ses narines, il lui lécha le cou, la gorge, les seins, avant de reprendre sa bouche. Puis il s’allongea sur elle.

Elle enroula les jambes autour de sa taille. Son sexe dur vint buter contre sa chair incandescente, et elle l’accueillit en elle en criant son nom. Enfouissant son visage dans son cou, elle colla tout son corps contre le sien. Leurs cœurs battaient à l’unisson.

Leur passion se déchaîna, les entraînant dans un corps à corps sauvage. Elle se tordit sous lui, l’attirant et le repoussant. Ses jambes nouées autour de sa taille l’enferraient en une prise indéfectible. Il glissa ses mains sous ses fesses avant de la plaquer contre lui, la pénétrant de toute sa puissance et de tout son être.

Le plaisir lui arracha un cri aigu, et elle s’agrippa à lui, parcourue de frissons. Avec un cri rauque, il jouit violemment en elle tout en la maintenant plaquée contre lui.

Enfin, ils se laissèrent retomber sur le lit défait, épuisés, le souffle court. Nick lui retira son bandeau et essuya tendrement son front où perlaient de fines gouttes de sueur.

Elle se laissa aller contre lui, saisie par un sentiment de plénitude. Le visage enfoui dans sa poitrine, elle écouta le martèlement de son cœur contre son oreille. Il chuchota dans ses cheveux quelque chose qu’elle ne comprit pas. Peu importe, l’étreinte de ses bras en disait long.

A sa grande surprise, les émotions la dépassaient. Si Nick avait révélé en elle l’amante passionnée, il avait aussi touché la femme. Les sentiments qu’elle éprouvait à son égard la bouleversaient, d’autant plus qu’elle ne pouvait pas lutter.

Je l’aime. J’aime Nicholas Alexander.

Au lieu de se sentir comblée, elle en voulait encore. Elle voulait plus, elle voulait toujours. C’était comme si elle était amoureuse pour la première fois.

Sur son balcon, Alex fumait une cigarette. Il avait laissé un petit mot à Meghan lui indiquant qu’il devait voir son client et qu’il la retrouverait à 19 heures. Mais il avait cherché Braga en vain.

Il tira une bouffée de sa cigarette avec impatience. Où était passé son contact ? Déjà qu’ils n’arrivaient pas à localiser Ramos… Est-ce que l’opération était en train de tourner au fiasco ? Ou avait-il complètement négligé sa mission à force de penser à Meghan ?

Il soupira. Il se sentait écartelé entre désir et devoir. Meghan méritait mieux que ça. Il voulait qu’elle fasse partie de sa vie, mais quel genre de vie pouvait-il lui offrir ? Des semaines d’absence. Un coup de fil de temps en temps.

Encore des secrets et des mensonges…

Il écrasa sa cigarette dans le cendrier posé sur la table. Quel salaud il faisait. S’il ne pouvait pas tout lui avouer, au moins devait-il lui rendre son journal.

Bon sang ! Pourquoi les choses se compliquaient-elles toujours ? Ne pouvait-il pas être simplement un gars ordinaire amoureux d’une femme extraordinaire ? Il était comme pris au piège. Mais il n’avait pas le choix. Une fois l’enquête bouclée, il lui raconterait tout. Il n’aurait plus qu’à prier pour qu’elle veuille encore de lui.
Meghan s’avança vers lui, drapée dans un fourreau de soie rouge. Fasciné par le balancement de ses hanches, il dut s’obliger à détacher son regard de sa silhouette. Ses sandales rouges à talons aiguilles lui donnaient une allure incroyable.

— Tu es sublime, ce soir, Beauté fatale.

— Merci. J’aimerais pouvoir te retourner le compliment, mais je ne m’habituerai jamais à ce motif vert et or tout droit sorti d’un film d’horreur.

Comme elle levait les yeux au ciel, il éclata de rire.

— Où m’emmènes-tu ? demanda-t?elle.

— Je t’avais promis quelque chose de spécial pour ce soir et c’est presque l’heure.

— Tout a été spécial, pour moi, ces trois derniers jours, répliqua-t?elle en souriant.

La tendresse qu’il lut dans ses yeux ajouta à son sentiment de culpabilité.

La prenant par le bras, il l’emmena dans les rues de la ville. Elle écarquilla les yeux de surprise lorsqu’ils arrivèrent à Mallory Square.

Des stands avaient été montés, proposant des objets artisanaux, et une foule joyeuse passait de l’un à l’autre. Aux quatre coins du parc, des musiciens jouaient des airs gais, entourés de nombreux spectateurs.

— Oh, Nick, c’est un festival !

— Le mieux, c’est qu’il a lieu tous les soirs.

— Tous les soirs ? Vraiment ?

Il éclata de rire devant sa joie enfantine.

— Bienvenue dans la seule ville au monde où l’on célèbre tous les soirs le coucher du soleil !

Le soleil couchant enflammait le ciel, s’éclipsant lentement derrière l’horizon dans un dégradé de rose, d’orange et de jaune. Lorsque le dernier rayon eut disparu dans la mer, la foule applaudit. Reprenant leurs instruments, les musiciens se mirent à jouer des airs plus langoureux, et des couples se formèrent.

Meghan prit Nick par la taille.

— C’est magnifique. Merci de m’avoir fait partager ce moment avec toi.

Il la prit dans ses bras et plongea son regard dans le sien. Le crépuscule donnait à son visage un éclat mystérieux, accentué par l’ombre dorée sur ses paupières.

— Je dois te confier quelque chose, Beauté fatale. Je ne suis pas venu à Cayo Sueño dans l’intention de rencontrer quelqu’un. Au contraire.

Il lui sembla qu’elle retenait son souffle, et elle se raidit contre lui. Il hésita, se demandant s’il était encore trop tôt pour lui avouer ce qu’il ressentait.

— Moi non plus, avoua-t?elle. Tout ce que je cherchais, c’était une aventure sexuelle, rien de plus. Je ne m’attendais pas à… ça.

Alex crut que son cœur s’arrêtait de battre dans sa poitrine. Dis-le, je t’en prie, dis-le-moi. Si elle le disait d’abord, il se jetterait à l’eau.

Elle baissa la tête, un léger sourire aux lèvres. Dans la pénombre, il crut déceler une nuance de rouge sur ses joues.

— Je… je ne suis pas sûre. Mais j’aime beaucoup ça. Je t’aime beaucoup.

O.K., c’est pas mal. C’est même bien.

— Moi aussi, je t’aime beaucoup, répondit-il sans parvenir à aller plus loin.

Croisant les bras sur sa poitrine, elle fit semblant d’être fâchée.

— C’est tout ?

Il lui sourit gaiement.


— Bon, d’accord, je t’aime vraiment beaucoup.

— Nick ! protesta-t?elle.

— Hé ! c’est plus que ce que tu m’as dit, toi.

— Oui, mais je l’ai dit la première. Tu dois faire mieux.

Il pencha la tête sur le côté, comme s’il étudiait la question.

— Est-ce que tu veux qu’on continue à se voir ? demanda-t?il finalement.

Eclatant de rire, elle le prit par le cou.

— Tu me rends folle.

Il la contempla, empli d’un sentiment de tendresse.

— Moi aussi, je suis fou de toi.

— Alors, que fait-on ?

Comment lui répondre ? Il aurait dû être en train de travailler sur le cas Ramos. Mais il ne pouvait se détacher d’elle. Elle lui donnait tout ce qu’il avait jamais désiré — sauf qu’il ne pouvait l’accepter. Parce que rien n’était vrai. Elle était tombée amoureuse de quelqu’un qui n’était pas vraiment lui.

Il répondit par une pirouette.

— On va manger !

Il l’entraîna vers une grande bâtisse coloniale entourée d’un jardin à la végétation luxuriante. On les installa à une petite table près d’une porte-fenêtre d’où ils surplombaient les massifs de fleurs et les palmiers.

Meghan porta un regard appréciateur sur le mobilier art déco.

— On se croirait dans un bistrot élégant de la Rive Gauche.

— La maison a été bâtie en 1887, mais l’hôtel Saint-Pierre n’a ouvert ses portes qu’en 1921. Ils ont vingt-sept chambres, toutes différentes. Le restaurant sert une cuisine contemporaine d’inspiration française.

— Tu dois venir souvent.

— Non, j’ai lu leur brochure publicitaire.

Elle s’esclaffa et se plongea dans le menu. Adossé à sa chaise, il l’admira à son aise, étonné d’être aussi affamé. Et pas seulement de nourriture. Elle avait sur lui un pouvoir incroyable. Il sentait son sexe durcir rien qu’en caressant des yeux ses lèvres pleines et charnues.

Baissant son menu, elle surprit son regard.

— Quoi ?

— On pourrait passer directement au dessert. J’ai un désir irrépressible de te couvrir de sauce au chocolat et de crème Chantilly… et de te lécher.

Il vit une lueur intéressée passer dans ses yeux, mais elle grimaça.

— Tu veux me faire mourir de faim ? D’abord, on mange le plat principal à table.

— D’abord ? répéta-t?il, plein d’espoir.

— On en reparle dans un instant, répondit-elle en se levant. Je vais me repoudrer le nez.

Il la regarda s’éloigner, remarquant avec fierté les coups d’œil admiratifs sur son passage.

Il devait bien y avoir une solution, songea-t?il. Ces prochains mois, elle allait être très prise par ses études. Peut-être qu’une relation épisodique lui conviendrait ? En attendant mieux ?

Tout en tambourinant des doigts sur la table, il balaya distraitement la salle des yeux. C’est alors qu’une femme à l’allure tapageuse retint son attention. Aussitôt, un goût de bile lui monta à la gorge, et il sentit une bouffée d’adrénaline se répandre dans ses veines. Si Vivian était là, Frankie Ramos ne devait pas être bien loin.

Les choses sérieuses allaient commencer.

 
 

 

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chapitre 11


J’observe mon reflet dans le miroir et c’est Elise qui me rend mon regard. La lumière du soir projette des ombres sur mon visage. Je me demande quelle est la part de jeu et de vérité qui s’exprime en chacun de nous.

Meghan sortit des toilettes pour se retrouver en plein cauchemar. S’obligeant à inspirer calmement, elle observa avec un sentiment où la panique se mêlait à la colère la scène qui se jouait sous ses yeux.

Une femme se pendait au cou de Nick et l’embrassait comme un marin de retour au bercail.

Meghan étudia sa rivale d’un œil critique. Le credo de cette fille semblait être « toujours moins » pour les vêtements et « toujours plus » en terme de maquillage. Le corps digne d’une danseuse du Crazy Horse, elle était moulée dans un semblant de robe dorée qui dévoilait plus qu’il ne cachait une poitrine généreuse et un derrière parfaitement rond et ferme.

Dévorée de jalousie, Meghan envisagea un instant de se faire poser des implants mammaires… avant de retrouver la raison. Nick l’aimait telle qu’elle était. Elle n’allait pas se laisser démonter par un étalage de beauté factice.

Après avoir pris une longue inspiration, elle redressa le menton et chargea en direction de la table.

— Je ne crois pas que nous ayons été présentées ?

Elle remarqua l’air gêné de Nick alors qu’il tentait de décrocher la fille, collée à lui comme une bande Velcro.

— Voici, euh, Vivian. C’est… euh… c’est…

C’est une traînée, avec un grand T ! conclut Meghan intérieurement tandis que la fille faisait courir ses immenses ongles nacrés sur le bras de Nick. Oh, que ça allait faire mal, quand elle lui arracherait un à un ses abominables et vulgaires cheveux platine !

— Oh, Alex et moi, ça remonte à loin !

Alex ? C’est quoi, ça ? Un surnom ?

Elle fronça les sourcils. Visiblement nerveux, Nick adressa un signe de tête imperceptible à Vivian. Il y avait quelque chose entre eux, c’était certain.

Comme Meghan reculait d’un pas, il la retint par le bras.

— Vivian et moi avons des relations d’affaires, rien de plus.

— Oh, quel goujat ! s’exclama cette dernière en faisant la moue. Mais où étais-tu ? Je ne t’ai pas vu depuis la fête de Lena.

— Oui, eh bien…

La jeune femme l’interrompit.

— Au fait, as-tu vu Rogelio ?

— Non, je devais le retrouver plus tôt, mais il m’a fait faux bond.

— Il était censé dîner avec nous. Frankie m’a fait comprendre qu’on ne le reverrait pas de sitôt…

Rien n’avait changé dans l’attitude de Nick. Pourtant, Meghan pouvait sentir son agitation. Comme si la pression avait subitement monté d’un cran.

— Nous ?

— Frankie devrait arriver d’un moment à l’autre, annonça Vivian.

Interloquée, Meghan regarda la blonde peroxydée. Sa voix avait changé, perdant toute trace de flirt, et, dans ses yeux bleus, brillait une lueur d’intelligence.

— Je t’ai laissé un message à l’hôtel. Quand je t’ai vu ici, j’ai cru que tu l’avais lu.

Qu’y avait-il donc entre eux ? Meghan ne comprenait pas.

— Merci, Viv. J’apprécie. Vraiment.

— Tu n’as qu’à passer me voir un de ces quatre pour me remercier. Tu connais mon adresse.

Voyant Meghan darder sur elle un regard assassin, Nick lui pressa la taille dans un geste rassurant.

— On doit y aller, je crois que nos assiettes sont servies.

— Moi aussi. A bientôt, Nick.

Vivian souffla un petit baiser dans sa direction et s’éloigna en roulant des fesses vers sa table.

Une fois qu’elle fut hors de portée de voix, Meghan se retourna vers Nick et planta ses mains sur ses hanches.

— D’accord, maintenant, je veux savoir.

— Pas tout de suite, décréta-t?il en l’attrapant abruptement par le bras.

Elle laissa échapper un petit hoquet de surprise. Il ne lui avait pas fait mal, mais sa poigne était étonnamment ferme. Se libérant de son emprise, elle se rassit, les lèvres pincées.

Je ne vais pas faire de scandale. Je vais peut-être le tuer, mais je ne ferai pas de scandale.

Elle saisit son verre de vin et le vida d’un trait, l’œil rivé sur Vivian. La blonde platine les observait de loin, un sourire moqueur sur les lèvres. Après avoir reposé son verre sur la table, Meghan plongea les yeux dans ceux de Nick.

— Crache le morceau, Alex. Et vite.

Il demeura silencieux un instant, les traits tendus. Ses yeux verts avaient pris une teinte plus sombre. Inquiétante. Elle ne reconnaissait pas le masque qui recouvrait son visage.

— Qui est cette femme, exactement ? l’attaqua-t?elle, partagée entre la peur et la colère.

— Une danseuse de cabaret et une escort-girl.

Elle renifla avec dédain.

— Le genre de fille que tu fréquentes habituellement ?

— Viv m’a présentée à Rogelio Braga l’année dernière. Braga est mon contact du cartel de Miami.

Un frisson glacé courut le long de sa colonne vertébrale. Elle ne comprenait plus rien. De quoi lui parlait-il, au juste ?

— Qui es-tu exactement ?

Il se pencha vers elle.

— Tu dois me promettre de ne pas répéter ce que je vais te dire, murmura-t?il juste assez fort pour qu’elle l’entende.

Elle fronça les sourcils.

— On avait dit pas de promesses, tu te souviens ?

— Meghan, je suis sérieux…

— Alors, n’essaie pas de gagner du temps. Qui es-tu ?

Il se pinça l’arête du nez et cligna brièvement des paupières.

— Je ne devrais pas te faire confiance comme ça, mais tu as raison. Je te dois des explications.

Il aurait tout aussi bien pu la poignarder. C’était lui qui n’aurait pas dû lui faire confiance ? Le dialogue tournait à l’absurde. Elle baissa les yeux sur cette bouche qui l’avait embrassée, ces bras qui l’avaient serrée, ce corps qui l’avait aimée…

— Tu n’as pas hésité à me faire confiance au lit.

— Ça n’a rien de personnel.

Elle avait dû laisser échapper un petit cri de détresse, car il releva brusquement la tête.

— Non, attends, je ne voulais pas dire ça. Faire l’amour avec toi était personnel. C’est le reste…

Elle leva une main.

— J’attends toujours tes explications, Nick, l’interrompit-elle. A moins que ce ne soit Alex ?

— Je m’appelle Alex Worth. Nicholas Alexander Worth.

— Pourquoi m’as-tu dit que tu t’appelais Nick Alexander ?

Il laissa échapper un long soupir tout en évitant son regard. Sans doute était-il en train d’essayer de concocter une nouvelle histoire.

— Je suis agent fédéral…

Pas de doute, elle était en train de faire une attaque. Sa poitrine se serra ; le sang parut se retirer de ses veines, et le bourdonnement qui emplit ses oreilles noya la fin de sa phrase.

Nick était un flic. Comme Kyle.

— Je travaille pour la DEA, à Miami. Vivian est mon indic, et Rogelio Braga n’est pas mon client mais l’un des maillons du cartel, chargé de blanchir des narcodollars. Ça fait deux ans que j’essaie de coincer son patron.

Elle voyait sa bouche bouger sans qu’aucun son parvienne à ses oreilles. Au moins n’était-il pas une ordure de trafiquant de drogue. Juste un accro au danger avec un badge.

Les yeux fixés sur lui, elle serrait ses mains l’une contre l’autre, entrelaçant ses doigts de façon à les empêcher de trembler.

— Tu es un agent secret et tu n’as pas cessé de me mentir depuis que nous nous sommes rencontrés. Tu comptais continuer à me mentir jusqu’à quand, exactement ?

Baissant la tête, il massa la cicatrice qui lui marquait la tempe. Il avait les lèvres serrées, l’air sombre. Lorsqu’il releva la tête, ses yeux, tel un kaléidoscope, reflétaient le tumulte de ses émotions.

— Tu ne m’aurais jamais dit la vérité, répondit-elle à sa place.

— Je suis un agent fédéral, j’ai appris à ne jamais mettre en péril une enquête en cours.

Il se pencha vers elle et l’attrapa par le poignet.

— Mais je le fais quand même.

Elle essaya de se dégager, submergée par toutes ces informations, mais il tint bon.

— Une enquête à mon sujet ?

— Non. Je t’ai soupçonnée, tout d’abord, admit-il en relâchant son étreinte.

A peine eut-il ôté sa main qu’elle s’écarta.

— Soupçonnée ? Moi ? Mais de quoi ?

— Je me suis demandé si tu avais un lien quelconque avec Braga — surtout après vous avoir vus ensemble.

Voilà qui expliquait au moins son attitude bizarre au bar de l’hôtel puis sur la jetée.

Une pensée vraiment désagréable lui traversa l’esprit.

— A partir de quel moment, exactement, m’as-tu mise hors de cause ? lança-t?elle, un goût amer dans la gorge.

Impossible de rien voir dans son regard. Refermé sur lui-même, il semblait insondable. Seuls les coins de sa bouche s’affaissèrent.

— Tu es hors de cause depuis qu’une recherche dans nos fichiers m’est revenue négative.

Tu as demandé à quelqu’un de fouiller dans ma vie, dans mon passé ?

Il tendit la main de nouveau vers elle, mais elle l’envoya promener.

— Je n’ai pas eu le choix. Je devais savoir qui tu étais.

Mais lui, pendant ce temps-là, savait très bien qui il n’était pas. Quelle ironie… Ils avaient tous les deux joué un rôle.

La gorge serrée, elle retenait difficilement ses larmes. D’autant qu’il n’avait toujours pas répondu à la question qui lui nouait le ventre. Elle croisa les bras et serra ses coudes si fort qu’elle s’infligea des bleus.

— Tu m’as mise dans ton lit avant ou après le résultat de ta petit enquête de moralité ?

Il baissa la tête, ferma les paupières un court instant et jura à voix basse. Puis il riva ses yeux dans les siens.

— Après, je te jure que c’était après, déclara-t?il avec toute la force de sa conviction.

— As-tu la moindre idée de ce que je ressens ?

Elle avait chuchoté la question d’une voix cassée, sans totalement le croire.

— Au début, quand je pensais que tu travaillais pour Braga, je ne pouvais pas te parler de ma mission, expliqua-t?il. Une fois que j’ai été persuadé de ton innocence, j’ai gardé le silence dans le but de te protéger.

Elle joua avec son verre de vin, faisant rouler le pied entre ses doigts. Sa colère s’était muée en un étrange sentiment d’abattement. Malgré ses intentions, elle était tombée profondément amoureuse de Nick — Alex —, tout ça pour découvrir qu’il était quelqu’un d’autre, quelqu’un de dangereux, d’imprévisible. Tout le contraire de ce qu’elle attendait d’un homme.

Une couche de glace emprisonna son cœur — ce cœur qu’elle venait tout juste d’offrir à un homme qu’elle ne connaissait pas.

— Je n’ai jamais voulu te blesser, Meghan. Et je suis désolé que tu te retrouves mêlée à cette enquête.

Elle soupira, faisant tourner son verre dans l’autre sens.

— Pourquoi me dis-tu tout ça, maintenant ? Pourquoi ne pas avoir prétendu que Vivian était une ancienne petite amie ?

— Je n’avais pas le choix. Il y a quelques mois, la DEA a fait une descente dans l’un des entrepôts de Francisco Ramos à Overtown. On nous avait prévenus qu’un chargement de drogue devait arriver.

— Et ?

— L’un de nos indics nous a doublés. Résultat, mon coéquipier a été démasqué, et moi, j’ai écopé de ça, conclut-il en pointant du doigt la cicatrice sur sa tempe.

Elle plissa le front, creusant dans sa mémoire.

— Overtown ? Ça a fait les gros titres des journaux pendant un moment. Si je me souviens bien, plusieurs trafiquants ont été arrêtés. Et il y a eu deux morts…

Elle s’interrompit. Nick ne l’écoutait plus. Comme figé, il semblait regarder un point mouvant derrière elle. L’expression de son visage se durcit, et ses lèvres se pincèrent en un sourire cynique et fourbe. En une seconde, l’homme qui était assis devant elle devint un parfait inconnu. Etait-ce Alex ?

— Je dois encore te dire quelque chose, chuchota-t?il, la voix méconnaissable.

— Je ne veux plus rien savoir.

— Le Frankie dont parlait Vivian, celui avec qui elle doit dîner, c’est Francisco Ramos. Et il se dirige droit sur nous.

Il lui fit un petit signe du menton lui signifiant que quelqu’un approchait dans son dos.

— Quoi ? Il arrive maintenant ?

Elle écarquilla les yeux, horrifiée. Ce n’est pas vrai ! Mais il garda le silence. Elle reprit son souffle avec peine, puis tourna discrètement la tête sur le côté.

Un Hispanique plutôt séduisant marchait d’un pas vif dans leur direction. Sous son T-shirt bleu ciel et sa veste en lin, il avait la carrure longue et musclée d’un boxeur professionnel. Il dégageait un mélange de force et d’autorité — le type même de l’homme qui a l’habitude d’être obéi.

La panique la cloua sur place et elle sentit le sang se retirer de son visage. Se retournant vers Nick, elle demanda dans un souffle :

— Qu’allons-nous faire ?

— Calme-toi, Meghan, et écoute-moi. Ecoute-moi ! Si nous jouons notre rôle tranquillement, nous nous en sortirons très bien.

Sa voix était calme et rassurante, mais le masque qui figeait ses traits lui faisait augurer le pire. Il tendit la main et enserra ses doigts tremblants dans les siens. Elle n’aurait su dire lequel des deux avait les mains les plus moites. Pourtant, il semblait parfaitement confiant et détendu.

Elle se demanda s’il était un aussi bon acteur dans toutes les occasions. Chacun des moments qu’ils avaient passés ensemble était désormais sujet à caution. Chassant ces pensées de son esprit, elle décida de se concentrer sur l’instant présent, sur ce qui lui glaçait le cœur. Elle aurait tout le temps de se poser des questions sur Nick plus tard.

— Je crois qu’il vaut mieux qu’on s’en aille…

— Il ne va rien se passer, Meghan. Nous sommes dans un lieu public. Ne crains rien. Fais-moi confiance et je te promets de te sortir de ce guêpier le plus vite possible.

— Le moment est mal choisi pour parler de confiance.

— Parfait, je vois que tu as retrouvé ton mordant.

Il exerça une petite pression sur ses doigts avant de relâcher sa main et de se radosser à son siège.

— Maintenant, souris, Beauté fatale, mais surtout ne dis rien, précisa-t?il. Souviens-toi, mon nom est Nicholas Alexander et je suis courtier.


Sur ces mots, il posa son regard derrière elle et se leva d’un geste souple. Elle ne put qu’admirer son numéro d’acteur. Il arborait maintenant un air impatient tout en accueillant Ramos avec une obséquiosité très convaincante.

— Señor Ramos ! Merci de m’avoir invité à Cayo Sueño.

Ramos ignora sa main tendue.

— C’est Rogelio qui a arrangé ça, pas moi, rétorqua-t?il, un sourire pincé sur les lèvres.

— Je suis très impatient de pouvoir discuter avec vous de certains projets d’investissements. J’ai quelques idées…

— Moi aussi, j’ai quelques idées. Notamment au sujet de la dernière fois où nous nous sommes rencontrés.

Nick laissa retomber sa main et soutint son regard menaçant.

— C’était un épisode très fâcheux.

Devant son ton courtois mêlé d’un soupçon d’insolence, le sourire de Ramos se fit cassant. Apparemment, Meghan n’était pas la seule à avoir noté la nuance ironique de Nick. Cette animosité était-elle supposée venir de l’investisseur, ou bien l’agent se dévoilait-il malgré lui ? Elle sentit son pouls s’emballer tandis qu’une vague d’appréhension la submergeait.

— La blessure sur votre front semble avoir cicatrisé. Ça vous fait un joli souvenir, n’est-ce pas ?

— Certains ont eu plus de chance que d’autres, cette nuit-là. Vous vous en êtes sorti sans la moindre égratignure.

— J’ai souvent repensé à vous depuis. L’idée m’a effleuré que vous étiez peut-être responsable de ce qui s’était passé… par stupidité ou à dessein.

Si elle comprenait bien leur échange, Ramos soupçonnait Nick Alexander d’être un traître.

— Pourquoi aurais-je bêtement compromis une relation que j’espère profitable pour chacun d’entre nous ? répliqua Nick en se rasseyant.

Nonchalamment, il se versa un verre de vin avant de servir Meghan.

— Vivian me dit que le Señor Braga est… injoignable. Par stupidité ou à dessein ?

— Que voulez-vous dire ?

— Lui et moi avons récemment discuté de possibles changements à la tête de votre organisation, commença-t?il en prenant un air de connivence. En fait, et je le cite, il m’a affirmé qu’il « s’en occuperait personnellement ».

Les yeux noirs de Ramos se vidèrent de tout signe de vie. Il observa Nick, impassible.

— J’aurais dû mieux viser. Ça m’aurait épargné du temps.

C’était donc lui qui l’avait blessé par erreur en visant Braga ? songea Meghan, étonnée de ne pas s’être encore évanouie.

Nick maîtrisait parfaitement ses émotions. Pas un muscle de son visage ne tressaillit, mais il caressa la cicatrice sur son front avec son index.

— Un accident est vite arrivé…

Pendant qu’ils poursuivaient leur bras de fer verbal, Meghan tordait sa serviette de table entre ses mains. Tout allait bien se passer. Nul doute que Nick finirait par sauver la situation. N’excellait-il pas à ce petit jeu ? Il n’y avait qu’à voir la facilité avec laquelle il lui avait menti.

Mais que se passerait-il s’il n’y arrivait pas ?

Si Ramos découvrait que son organisation avait été infiltrée, se mettrait-il en chasse ? Enverrait-il ses hommes de main pour descendre Nick ? Oh, mon Dieu… Elle frissonna en l’imaginant blessé — ou mort.

Elle jeta un coup d’œil à Ramos, angoissée par la tournure qu’avaient prise ses pensées. Le sourire du baron de la drogue était aussi faux que le décolleté de Vivian.

— On dirait que je me suis trompé à votre sujet, Nick. Que diriez-vous de vous joindre à nous pour un verre ? On pourrait discuter de vos projets d’investissements.

— J’en serais ravi. Vous allez aimer ce que j’ai à vous proposer. Mais ainsi que vous l’avez sans doute remarqué, j’ai déjà un engagement.

Ramos tourna la tête vers Meghan, semblant juste remarquer sa présence. Il la reluqua comme un plat de viande sur le menu. En son for intérieur, elle se replia sur elle-même.

— Et comment se nomme votre adorable compagne ?

— C’est juste une amie, répondit Nick un peu trop sèchement. Je serai ravi de vous retrouver demain à l’heure qui vous conviendra.

Alors que Ramos réfléchissait en silence, visiblement contrarié, Meghan prit une brusque décision.

Je peux le faire. Je sais que j’en suis capable.

A peine l’idée l’avait-elle effleurée qu’un sentiment de calme l’envahit. La vie était faite pour prendre des risques. Il suffisait de connaître ses limites et d’être sûre de ses choix. Le mari de Julie avait été tué, non parce qu’il provoquait le danger, mais parce que quelqu’un avait pris la mauvaise décision au mauvais moment. Il était intervenu avec plusieurs collègues lors d’un braquage. Complètement paniqué, le vigile du magasin s’était mis à tirer sur eux et avait finalement tué trois officiers de police — dont Kyle.

Mais elle ne paniquerait pas. Si elle prenait un risque, c’était pour protéger Nick. Pour rendre sa couverture plus crédible. Si elle voulait qu’ils aient un avenir ensemble, il fallait qu’elle accepte son travail et son sens du devoir. Et, le cas échéant, qu’elle lui apporte son aide.

Elle repensa à son journal intime. Sur ces pages, elle était téméraire, provocante, sexy et toujours maîtresse de la situation. Or voilà que se présentait l’occasion de mettre ces qualités en pratique. Un flot d’excitation se déversa dans ses veines.

Une fille vraiment très, très vilaine.

Ramos la déshabillait de nouveau du regard.

— J’attends toujours que vous me présentiez votre ravissante amie.

— C’est personne.

— Personne ? s’exclama-t?elle en faisant la moue. Tu es vraiment un très mauvais garçon, Nicky. Je vais devoir te punir, plus tard.

Il la considéra d’un air interloqué. Elle soutint son regard, le suppliant mentalement de jouer le jeu. Les pupilles dilatées, il saisit le message, mais sa bouche prit un pli réprobateur. Se tournant vers Ramos, Meghan lui tendit la main majestueusement. Elle était confiante, provocante, irrésistible.

Ramos se pencha sur sa main, comme pour l’embrasser.

— Et comment vous appelez-vous, très chère ?

— Elise Foster. Je suis sa maîtresse.

 
 

 

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