6
Je m’abandonne à ses baisers féroces. Ses lèvres sont brûlantes, sa langue agile. Son baiser me grise, m’enflamme. Je sens mon âme qui s’embrase.
Meghan lui sourit, coquine. Visiblement, sa déclaration l’avait laissé bouche bée, mais il se reprit vite. Elle le devinait à la fois surpris et intrigué.
Quelle coquine elle faisait !
Se laissant glisser de son tabouret, elle se plaça entre ses cuisses. Il la prit par les hanches. Elle aimait sentir ses mains sur elle — fortes, déterminées… Les siennes, en revanche, tremblaient comme des feuilles.
Une main sur sa tempe, elle se fraya un chemin dans ses boucles sombres. Ses cheveux étaient aussi doux et soyeux qu’elle l’avait imaginé. Elle laissa glisser sa paume sur sa nuque, le long de sa mâchoire, puis elle s’avança tout contre lui, frottant son ventre entre ses cuisses, sur le bouton de sa braguette.
Elle le désirait. Maintenant. Mais un peu plus d’enthousiasme de sa part n’aurait rien gâché.
— Allez, Nick, chuchota-t?elle à son oreille. Laisse-toi aller, libère tes pulsions.
Il tressaillit. Ses doigts se crispèrent sur sa taille, puis se relâchèrent. Pourtant, lorsqu’il la regarda, elle ne lut que du regret et de l’inquiétude dans ses yeux.
— Et si je te ramenais dans ta chambre ?
Elle secoua la tête en signe de dénégation, avant de s’arrêter. La terrasse s’était mise à tourner sous ses pieds.
— Non, non, non… Une chambre, c’est bien trop prévisible.
L’amour à la vanille ? Non merci. Ce qu’elle voulait, c’était plutôt cinq boules café et coco, avec chocolat amer et beaucoup de chantilly.
Oh oui, baby, vas-y !
— Je veux qu’on fasse l’amour comme des fous, sans tabou.
Un mélange de désir et d’alcool saturait ses veines. L’alcool rendait sa diction incohérente ; le désir lui donnait des ailes. Elle prit les mains de Nick dans les siennes et les pressa sur ses fesses.
— Comme des fous et sans tabou ? murmura-t?il en la pétrissant doucement. Oh ! Beauté fatale, tu me rends fou.
Elle vacilla et reprit son équilibre en se retenant à lui.
— Alors, on baise ou quoi ?
Il parut indécis. Mais quand il reprit la parole, ce fut d’une voix ferme.
— Meghan, je pense que nous devrions…
— Non, non, ne pense plus. Je veux faire l’amour sur la plage, avec les vagues qui viennent s’écraser sur nous, comme dans les films.
Elle se libéra de son étreinte et s’échappa en zigzaguant. Qu’aurait fait Elise dans la même situation ? Elle aurait rejeté la tête en arrière, les lèvres fendues en un large sourire. L’aurait appelé d’un petit signe de l’index, provocante et sexy.
— Essaie de m’attraper !
Détachant ses sandales, Meghan commença à courir vers la plage d’un pas incertain. Le sable était frais sous ses pieds et une brise marine plaquait le tissu de sa robe contre ses jambes. Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Derrière elle, Nick gagnait rapidement du terrain.
Riant, le souffle court, elle se laissa rattraper et lâcha ses sandales. Ils avaient de l’eau jusqu’aux chevilles. Alors qu’il la soulevait contre lui, elle posa sa tête dans le creux de son épaule et se laissa bercer par les battements de son cœur et le fracas des vagues, les yeux perdus dans l’horizon. La surface de l’eau scintillait dans le clair de lune comme une pluie d’étoiles.
Tout en lui caressant le dos, il prit sa nuque de la main. Ce tendre massage déclencha en elle un désir puissant, et elle se mit à trembler dans ses bras. Le visage enfoui au creux de son épaule, elle pressa son corps contre le sien. Ses seins étaient tendus et douloureux ; les petites pointes durcies se frottaient contre son torse. L’envie la submergea lorsqu’elle sentit l’arête saillante de son érection contre son ventre.
Enfin, elle y était. Son fantasme du Grand bleu allait bientôt se réaliser. Oui, oui, oh oui !
Elle inclina la tête en arrière pour mieux le regarder. Ses yeux avaient pris la teinte vert foncé du jade. Le vent avait emmêlé ses courtes boucles noires et, sous le clair de lune, des ombres étaient apparues sur son visage, accentuant sa mâchoire carrée. Comment pouvait-on laisser en liberté un homme avec une bouche pareille ? Les lèvres étaient pleines, charnues, sexy…
Je le veux et je vais l’avoir.
— Je ne suis pas frigide, je peux le prouver.
— Je n’ai jamais pensé que tu étais…
Ses mots s’étranglèrent dans sa gorge. Elle s’était mise à frotter son ventre contre le sien, les boutons de sa robe s’accrochant à sa fermeture éclair. Les bras autour de lui, elle lui pétrit les fesses. Laissant échapper un gémissement rauque, il se pencha vers elle. Leurs souffles s’emmêlèrent et elle ferma les yeux. Elle anticipa, pleine d’impatience, la caresse de leur premier baiser. Une seconde passa, puis une éternité. L’attente était presque insupportable.
Elle rouvrit les yeux. Il la contemplait avec une tendresse inattendue. Ses doigts pincèrent doucement sa joue, comme s’il voulait emporter un souvenir avec lui.
— Hmm ! c’est vraiment bon, Nick, mais tu ne veux pas m’embrasser ?
— Plus que tu ne le crois. Plus qu’il ne faut.
Il prit son visage dans ses mains. Quand ses lèvres effleurèrent enfin les siennes, la caresse fut si lente, si douce, qu’elle crut défaillir. Puis sa bouche couvrit la sienne, et elle comprit qu’elle était perdue.
Elle ferma de nouveau les yeux et ses genoux se dérobèrent sous elle. Son tendre baiser était comme une promesse qu’on chuchote. Il fit courir le bout de sa langue sur sa lèvre supérieure avant de prendre possession de sa bouche.
Elle lui rendit son baiser, explorant sa bouche au parfum de cannelle et de tabac. Leurs langues se parlaient, se répondaient, et elle sentait tout son corps renaître à ce langage.
Posant le plat de sa main au creux de ses reins, il la maintint serrée contre lui. Gémissante, elle se frotta à lui. Une douce chaleur irradiait entre ses cuisses, et ses hanches commencèrent à se balancer sur un rythme vieux comme le monde. Le désir enflammait sa chair, embrasait son âme. Tous ses sens étaient en éveil.
C’était encore meilleur que tout ce qu’elle avait écrit.
Le monde tournait tout autour d’elle. Comme si l’univers tout entier s’était réduit à ce petit bout de plage et à ces deux êtres qui s’y unissaient. Le souffle court, elle se sentit partir. De minuscules points de lumière dansaient dans la brume qui s’était formée devant ses yeux tandis qu’une force irrésistible l’attirait vers l’obscurité. Elle essaya de faire le point sur le visage de Nick, mais il se perdit dans le brouillard. Tout devint flou. Puis noir.
Meghan glissa entre ses bras et se laissa tomber sur le sable détrempé. Encore tout à leur baiser, Alex eut besoin d’une seconde pour comprendre ce qui se passait.
Comme elle ne réagissait pas, il l’attrapa par les bras et la tira sur la plage, hors d’atteinte des vagues. S’agenouillant devant elle, il vérifia qu’elle respirait. Son pouls était rapide mais régulier. Il repoussa doucement les mèches folles qui s’étaient emmêlées sur son front mouillé et essuya les grains de sable collés sur ses joues.
Beauté fatale s’était endormie comme un bébé.
Il n’allait pas profiter de son état, bien sûr, mais quand même… Il n’était qu’un homme ! Si elle n’avait pas brusquement sombré dans le sommeil, il aurait sûrement réalisé son fantasme de faire l’amour sur la plage — entre autres.
Après avoir ramassé ses sandales, il la prit dans ses bras et se redressa, la calant fermement contre lui. La chaleur de son corps irradiait contre sa peau à travers sa robe trempée.
Il se dirigea vers l’hôtel. Comment allait-il bien pouvoir traverser le hall avec une femme endormie dans les bras sans se faire remarquer ? Manque de chance, Julie avait dû les voir à travers les palmiers, car elle apparut soudain devant lui.
— Hé ! que s’est-il passé ? Elle va bien ?
— Overdose de cocktails. Ça va aller, mais il faut qu’on la ramène dans sa chambre.
Elle souleva le bras sans vie de sa sœur et le lui cala contre le torse.
— J’espère que ce n’est pas grave.
Il jeta un coup d’œil à Meghan et la repositionna contre lui. Toujours pas de réaction
— Une bonne nuit de sommeil, quelques aspirines, et il n’y paraîtra plus, assura-t?il.
— Merci de vous en être occupé…
— Euh… Nick. Nick Alexander.
Elle le dévisagea des pieds à la tête, avec un petit air entendu.
— Alors, c’est vous, le pirate. Alléluia !
— Hein ? dit-il, abasourdi.
— Rien, rien. Je ne peux pas abandonner la soirée pour l’instant. Vous voulez bien la monter dans sa chambre ?
— Bien sûr, ne vous inquiétez pas. Il ne va rien lui arriver.
— Merci, Nick. Pourquoi ne passez-vous pas par là ?
Elle lui indiqua un chemin qui contournait le bâtiment et menait à un ascenseur de service.
Arrivé au sixième étage, Alex repéra rapidement la chambre de Meghan. Laissant tomber les sandales, il lui posa les pieds par terre et la maintint fermement contre lui de façon qu’elle tienne debout. Ne restait plus qu’à trouver la clé.
Il recula d’un pas et l’observa tout en la tenant à bout de bras. La tête de Meghan retomba mollement sur sa poitrine. Il chercha vainement des poches sur sa robe. Rien que du tissu rose translucide qui collait à sa peau. Peut-être une poche secrète ? Il glissa sa main le long de ses hanches à la recherche de la carte magnétique. Sans résultat.
Mais où… ?
Il s’interrompit et baissa les yeux vers son décolleté. Il n’y avait que son soutien-gorge. Prenant une longue inspiration, il se força à déglutir. Depuis le début de la soirée, il mourait d’envie de toucher sa poitrine, se demandant si ses seins empliraient les paumes de ses mains. La seule différence, c’est que, dans ses fantasmes, Meghan était réveillée.
Il glissa sa main sous le tissu humide et se retint de gémir lorsqu’il sentit la pointe de son sein gauche se dresser contre ses doigts. Il s’y attarda un instant puis explora le bonnet droit. Il y trouva la clé magnétique, toute tiède d’être restée contre sa peau.
Derrière lui, la sonnerie de l’ascenseur retentit. Alex délaissa à regret les seins de Meghan pour glisser la carte dans la serrure magnétique. Il poussa le battant du pied, la souleva dans ses bras et envoya les sandales à l’intérieur de la chambre d’un tir bien ajusté. Puis il pénétra dans la pièce.
La suite étant identique à la sienne, il n’eut aucun mal à trouver la chambre. Il allongea Meghan sur le lit et alla chercher une serviette de toilette dans la salle de bains. Il lui sécha les cheveux, le visage, puis frotta doucement ses bras et ses jambes.
Jetant la serviette sur la table de nuit, il s’apprêtait à recouvrir Meghan du dessus-de-lit quand il s’arrêta, hésitant. Sa robe était mouillée, et le fin coton plaqué contre sa peau.
Il ne pouvait quand même pas la laisser comme ça. Il fallait la déshabiller, sinon elle risquait de prendre froid.
Ouais, c’est ça. Tu as surtout envie de voir ce qui se cache sous cette robe sexy.
Un genou posé sur le bord du lit, il commença à la déboutonner, puis la releva en position assise. Elle s’écroula contre lui. La maintenant plus ou moins droite, il fit glisser le tissu mouillé jusqu’à sa taille.
Elle avait un corps magnifique, avec des courbes là où il fallait. Sa peau dorée contrastait avec le rose fushia de son soutien-gorge. Ses doigts le démangeaient. Il voulait encore caresser sa chair ferme et sentir la chaleur de son corps sous ses doigts.
C’est alors qu’elle se mit à bouger, gémissant doucement, puis lança un bras au-dessus de sa tête. Toujours endormie, elle roula sur le côté, ce qui permit à Alex de lui retirer entièrement sa robe. Et de perdre la raison.
Le string rose fushia ne laissait aucune place à l’imagination. Il s’insinuait entre les deux fesses les plus parfaites qu’il ait jamais contemplées.
— Oh, Beauté fatale, tu me tues ! murmura-t?il en levant les yeux au ciel.
D’accord, il n’était qu’un minable, mais il tendit quand même la main vers elle. Sa peau était douce comme du velours, fraîche comme le sable fin. Il laissa ses doigts s’aventurer vers l’intérieur de sa cuisse, là où sa peau prenait une teinte de miel. Lui-même sentait son sexe en érection tendre le tissu de son jean à le craquer.
Elle écarte les jambes et le regarde qui l’observe, sans la moindre honte. Il glisse ses doigts dans la chaleur humide de sa fente et commence à décrire des petits mouvements circulaires. Elle se cambre contre sa main, l’encourage…
Se rappelant ces phrases du journal intime, il la recouvrit à regret avec le dessus-de-lit et se leva, pris de remords. Non, il ne fallait pas. Il devait garder ses distances. D’autant qu’elle faisait peut-être partie du cartel. Il n’allait pas commettre la même bêtise qu’Emelio. Il n’était pas si bête…
Oh, et puis, si ! Il ferait l’amour à Meghan, juré.
Allongé sur le dos, la bouche ouverte, le souffle court, Alex sentait sa peau le brûler, et tous les muscles de son corps lui faisaient mal. Le parfum de Meghan vint chatouiller ses narines. Lorsqu’il reprit enfin son souffle, il ouvrit les paupières et leva les yeux dans sa direction.
Elle était toujours aussi belle, avec ses cheveux ébouriffés, sans maquillage. Et malgré ses yeux injectés de sang.
— Déjà fatigué, Nick ?
Les mots lui parvinrent, presque inaudibles parmi le vacarme des battements de son cœur. On aurait dit que la voix de Meghan avait été créée pour le téléphone rose. Non pas qu’il aime ça, d’habitude.
— Oh, ça va, ça fait une heure que je m’active !
Il replaça la barre de musculation sur son support et se redressa. Alors que Meghan reculait d’un pas, il se leva et s’étira, exhibant ses muscles. L’admiration qu’il lut dans ses yeux dorés en valait largement la peine.
Il n’avait pas dormi de la nuit, mais, pour une fois, ce n’était pas à cause du cauchemar d’Overtown. Non, il avait passé son temps à ressasser les fantasmes que Meghan avait décrits dans son journal intime. Elle occupait toutes ses pensées, malgré une heure de footing sur la plage et une autre heure passée dans la salle de musculation.
Attrapant sa serviette, il s’essuya le visage et le torse. Il ne put retenir un petit sourire en voyant qu’elle continuait de le dévisager, et gonfla ses muscles à son intention.
— Vous êtes venue pour le cours de gym ?
— Non, pour le massage de détente Shiatsu.
Elle inspira profondément, les épaules en arrière et les seins pointés en avant. Alex avait du mal à ne pas garder les yeux fixés sur sa poitrine. La pointe de ses mamelons, sans soutien-gorge, le narguait sous le fin coton de son T-shirt. Une nouvelle vague de désir le submergea.
— Vous êtes tendue ?
— Euh…
Rosissante, elle détourna le regard et, d’un geste machinal, se mit à triturer son bracelet en or. La prenant par la main, il l’emmena un peu à l’écart, vers la baie vitrée.
— Alors, Beauté fatale, où étiez-vous passée, ce matin ?
— Je vous évitais.
— Brutale, mais franche !
Elle fit une petite grimace et effleura son bras du bout des doigts.
— Excusez-moi, je vous en prie, commença-t?elle, l’air piteux. J’ai tellement honte. Ces Miami Vice étaient très alcoolisés et je n’ai pas l’habitude de boire.
Il s’adossa au mur et lui sourit gentiment.
— Ah, ça, vous étiez gaie ! Comment va votre tête ?
— Toujours attachée, apparemment, ajouta-t?elle en se frottant les tempes. Enfin, je n’en jurerais pas.
— Il faut que vous buviez beaucoup d’eau…
— Nick, le coupa-t?elle, je suis vraiment désolée au sujet de ce qui s’est passé la nuit dernière.
Il l’observa attentivement. Il voulait guetter sa réaction lorsqu’il lui poserait la question suivante.
— Vous êtes désolée pour tout ce qui s’est passé ?
— Que voulez-vous dire ?
— Rien, rien, oubliez ça.
Il regarda sans la voir la terrasse extérieure. Si Meghan avait oublié l’incroyable baiser qu’ils avaient échangé la veille, ce n’était pas lui qui allait le lui rappeler. Il avait essayé de se comporter en gentleman — hormis le moment où il avait un peu abusé de son coma éthylique pour lui peloter les fesses.
— Je regrette d’avoir tant bu et de m’être comportée ainsi avec vous.
— Je ne me suis pas senti insulté.
— Je m’en souviens, en effet.
Ses yeux étincelèrent d’amusement, et elle le dévisagea de la tête aux pieds.
— Oui, répéta-t?elle, enjôleuse, je m’en souviens…
Il tressaillit, surpris. Est-ce qu’elle s’était réveillée, la nuit dernière, sans qu’il s’en aperçoive ?
— Vraiment ?
— Jusqu’à un certain point, du moins. On était sur la plage, et puis je me suis réveillée dans ma chambre avec la migraine.
Bien. Son secret resterait bien gardé. Il hésita un instant avant de lui demander :
— Et vous vous souvenez aussi de ce que vous m’avez dit ?
Le rire de Meghan s’étrangla dans sa gorge.
— Comment l’oublier ? Je n’ai jamais rien fait de tel de toute ma vie. Je n’ose pas imaginer ce que vous pensez de moi.
Il lui prit le visage dans les mains et riva son regard au sien.
— Je pense que vous êtes une femme magnifique qui n’a pas peur de reconnaître l’inévitable.
— Je vous dois une explication. Il faut que je vous…
Elle s’interrompit. Quelqu’un s’était installé sur le banc de musculation, à portée d’oreille.
— Vous êtes toujours d’accord pour la sortie en mer avec masque et tuba ? s’enquit-il.
— Bien sûr. Je vous retrouve sur la jetée dans une heure.
Plaçant les mains sur ses avant-bras, elle se dressa sur la pointe des pieds et déposa un doux baiser sur ses lèvres.
Alex se sentit chavirer sous la tendresse de son geste. Il sourit, étonnamment heureux.
— A tout à l’heure, Beauté fatale.
Et il la regarda s’éloigner, hypnotisé par le balancement de ses hanches moulées dans son petit short blanc.
Etait-il tombé sur la tête ? Le moment était mal choisi pour se lancer dans une nouvelle histoire. Les recherches d’Emelio au sujet de Meghan n’avaient rien donné — ni casier, ni mandat d’arrêt, pas même une amende. Sans doute n’avait-elle rien à voir avec le cartel, mais cela ne signifiait pas pour autant qu’il pouvait se lancer tête baissée dans une aventure.
D’autant qu’il n’était pas question de lui révéler sa couverture. Il devait jouer son rôle, même avec elle. Mentir et dissimuler.
Et merde ! Encore et toujours la même situation. Liz, son ex-femme, avait fini par demander le divorce parce qu’elle ne supportait pas de le voir disparaître plusieurs jours durant sans donner signe de vie. Elle refusait d’admettre qu’il doive lui cacher des choses. Alors que c’était justement le propre de son boulot ! Jamais elle n’avait voulu comprendre que sa profession était une composante essentielle de son identité.
Dans le vestiaire, il retira son débardeur et son short trempés de sueur avant d’entrer dans la douche. Il se savonna énergiquement le torse, le ventre, les cuisses. Et se mit à penser à Meghan.
Il aurait bien changé de place avec la masseuse. Il l’imagina nue devant lui, gémissant doucement sous ses mains. Il ferait rouler sa peau mate sous ses doigts, la malaxerait jusqu’à ce qu’elle soit tiède et souple à force de caresses. Il lui masserait les épaules, frotterait son dos, lui pétrirait les cuisses. Puis il se pencherait pour goûter sa chair tendre…
Il laissa échapper un soupir de frustration. Baissant la tête, il offrit sa nuque au jet et ouvrit à fond le robinet d’eau froide. La morsure glacée de l’eau lui arracha un râle sourd. Mais il avait repris le contrôle de ses sens et de son esprit.