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Il a tout ce que j’ai toujours désiré chez un homme, tout ce dont j’ai toujours rêvé. Quand il apparaît, c’est comme si je le reconnaissais entre tous. Il y a quelque chose d’instinctif entre nous. Nos yeux se croisent, nos âmes entrent en harmonie.

— Vous êtes très différente de celle que j’imaginais.

— Pardon ?

Meghan cligna des yeux, essayant de focaliser son attention sur le pirate, plutôt que sur ses phéromones en folie.

— C’est-à-dire que vous êtes très habillée pour un club de bord de mer, remarqua-t?il avec un drôle de sourire. Jolies chaussures !

Elle baissa les yeux sur ses sandales blanches à talons hauts, assorties à son bermuda en lin.

— Je suppose que je ne me suis pas encore mise en mode vacances.

D’un hochement de tête, il indiqua la foule qui les entourait.

— Sacrée fête, hein ?

— Ça s’améliore de minute en minute.

Serais-je en train de flirter, là ? Apparemment, oui. Génial ! Continue !

Le pirate se rengorgea, paraissant encore plus grand — si c’était possible.

— C’est aussi ce qu’il me semblait.

Elle baissa les yeux, incrédule. Ce type la bombardait de signaux et elle ne savait comment lui répondre. Gênée, elle se dandina d’un pied sur l’autre, tripotant le bracelet en or à son poignet.

— Vous êtes un habitué ?

— C’est la première fois que je descends dans cet hôtel, mais je passe pas mal de temps à Key West.

— Que faites-vous, dans la vie ?

— Je suis courtier.

Elle jeta un coup d’œil à sa chemise. Même un aveugle aurait pu distinguer ses couleurs criardes à un kilomètre de distance.

— J’avoue que j’ai du mal à vous imaginer en train de passer des ordres en Bourse.

— Les voyages d’affaires se placent sous le signe de la décontraction… Et vous ?

Il n’eut pas le temps de répondre. Bousculé par un client, il avança d’un pas vers Meghan. Sa main droite lui effleura accidentellement un sein, et elle sentit aussitôt un frisson d’excitation la parcourir, lui coupant le souffle.

Bon sang ! si elle réagissait ainsi à un contact involontaire, que se passerait-il quand il s’enhardirait et la caresserait ?

Il la considéra avec curiosité. Emportée par son imagination, elle en avait oublié la question qu’il lui avait posée.

— Oh, euh… Je travaille pour un avocat.

— En tant qu’assistante ?

— Oui. Je prépare les procès, je transmets les documents à la cour, j’interroge les témoins…

Elle s’interrompit. Cela n’avait aucun intérêt. Passant une main moite dans ses cheveux, elle se racla la gorge et termina :

— De toute façon, je reprends mes études à l’université de droit de Miami cet automne.

— Vous serez donc bientôt avocate, déclara-t?il, avant de plaisanter : saviez-vous que maintenant, on utilise des avocats pour les expériences en laboratoire ? Il paraît qu’il y a certaines choses que même les rats refusent de faire.

Elle s’esclaffa.

— On ne me l’avait jamais sortie, celle-là ! Blague à part, je compte me spécialiser en droit civil, pas en droit pénal. Je veux faire de l’arbitrage et de la médiation judiciaire.

— Alors, ce sont sans doute vos dernières vacances avant longtemps. Qu’elles soient mémorables !

Il leva sa bouteille de bière vers elle en guise de toast. A nouveau, un frisson la parcourut, et ses joues se teintèrent de rose. La voix de son pirate était chaude et profonde, sensuelle comme le crissement de draps en satin froissés par le va-et-vient des corps…

Des éclats de rire et des applaudissements la ramenèrent sur terre.

— On va voir ce qui se passe ? proposa-t?il en lui offrant galamment le bras.

Elle posa la main au creux de son coude. Sa peau était chaude, et le contact de ses poils, soyeux. Là où elle le touchait, le bout de ses doigts faisait des étincelles, lui envoyant des décharges dans tout le corps.

Après leur avoir frayé un chemin jusqu’à l’autre bout de la terrasse, il lui dégagea une place contre la rambarde et se plaça juste derrière elle. La chaleur de son corps lui parvenait à travers ses vêtements. Tout émoustillée, elle ressentit une irrépressible envie de frotter ses fesses contre sa braguette.

Penchant légèrement la tête de côté, le plus subtilement possible, elle étudia du regard cet homme qui venait de surgir de ses fantasmes, puis le débarrassa mentalement de son horrible chemise et de son jean moulant. Son corps était parfait, elle l’aurait juré. Mince, athlétique, ferme. Dur. Comme du roc.

Ces frissons qui la parcouraient, cette chaleur qui irradiait entre ses cuisses, c’était bien du désir, non ? Et si elle ressentait du désir, cela signifiait qu’elle n’était pas frigide. La réaction de son corps en présence de cet homme sublime prouvait qu’elle était une femme normale avec des appétits sexuels normaux.

Il avait dû sentir son regard, parce qu’il baissa les yeux vers elle et lui adressa un petit sourire entendu. Vue ! Les joues en feu, elle expira en silence avant de reporter son attention sur la scène en contrebas.

Les employés de Cayo Sueño s’y étaient réunis et se présentaient tour à tour, égrenant leurs noms et leurs fonctions.

Elle les écouta distraitement jusqu’à ce que sa sœur saisisse le micro. L’uniforme d’un blanc éclatant faisait ressortir son bronzage et mettait en valeur sa magnifique silhouette. Julie décrivit avec un enthousiasme communicatif toutes les activités possibles à l’intérieur du complexe et autour de l’île.

— Personnellement, je pense que sept jours ne suffiront pas pour profiter de tout ce que nous avons à vous offrir !

A ces mots, Meghan sentit le pirate se pencher vers elle. Son souffle chaud lui chatouilla la nuque.

— J’ai comme la bizarre impression de m’être embarqué sur La croisière s’amuse, murmura-t?il à son oreille.

Elle éclata de rire et se retourna vers lui.

— Espérons qu’on ne nous obligera pas à faire une course en sac !

Il lui sembla qu’il la fixait intensément du regard, mais, avec ses lunettes noires, elle n’aurait pu le jurer. Elle aurait tant voulu qu’il les enlève. Avait-il les yeux verts, comme l’homme de ses fantasmes ?

Oh, je vous en prie, faites qu’ils soient verts !

Julie continuait d’énumérer au micro les magnifiques excursions possibles autour de Key West, dont le parc national des Dry Tortugas. Après avoir souhaité de fabuleuses vacances à tout le monde, elle conclut :

— J’en profite, puisque tout le monde est suspendu à mes lèvres. La jeune femme sur la terrasse du haut, en chemisier beige et bermuda blanc, c’est ma sœur.

Abasourdie, Meghan la vit lui adresser de grands signes de la main. Aussitôt, une centaine de paires d’yeux se tournèrent vers elle et la dévisagèrent avec curiosité, la pétrifiant sur place.

— C’est la première fois en deux ans que Meghan prend des vacances, et elle vient tout juste d’arriver à Cayo Sueño. Je suis sûre que vous allez tous l’aider à rendre son séjour mémorable. Merci et bonnes vacances !

Pour la millionième fois de sa vie, Meghan regretta de ne pas être fille unique.

— Julie Ann Foster, je vais te tuer !

— Ce n’est pas une chose à dire devant témoins.

Le pirate… Pivotant vers lui, elle s’aperçut qu’elle n’avait qu’à lever le visage pour l’embrasser. Il avait posé ses deux bras sur la rambarde, de part et d’autre d’elle. Autant dire qu’elle était dans ses bras. Malgré son embarras suite à l’annonce de sa sœur, son corps s’enflamma.

— Ce n’est pas drôle, marmonna-t?elle. Il y a peut-être un fou dangereux parmi les clients de l’hôtel, et maintenant, grâce à ma sœur, il connaît mon nom.

— Al…

Ses mots s’étranglèrent dans sa gorge. Il se reprit et lui tendit la main.

— Nick. Nicholas Alexander. Je ne suis pas un fou dangereux, promis.

Elle s’esclaffa et avança la main à son tour. Lorsqu’il la prit dans sa large paume, la douceur de sa poigne la surprit.

— Ravie de faire votre connaissance, Nick.

Il retira ses lunettes de soleil, et elle découvrit — enfin ! — ses yeux. Ils avaient la couleur vert d’eau des jeunes pousses et de longs cils noirs. Encore mieux que dans ses rêves les plus fous !

Sa main toujours dans la sienne, il pencha la tête afin de mieux l’observer.

— Et vous, vous êtes Meghan Elise Foster de Baltimore.

Comment le savait-il ? Surprise, elle retira sa main.

— En effet.

Il la dévisageait avec une telle intensité qu’il semblait atteindre son âme. Personne ne l’avait jamais déshabillée ainsi du regard. Elle aurait pu se perdre dans ces yeux-là. Ainsi que dans ce sourire mi-taquin, mi-sexy, qui animait son visage.

— Dans ce cas, vous portez de très beaux dessous.

— Pardon ?

Elle posa un bras sur ses seins comme pour masquer son soutien-gorge.

Son ton était bien trop intime, et il avait un air de connivence qu’elle ne comprenait pas. Il fit courir son regard sur elle, de haut en bas puis de bas en haut.

— L’ensemble en dentelle rouge. Très sexy.

Où avait-il vu ses sous-vêtements ? A part la vendeuse du magasin de lingerie, personne n’était au courant.

— Je peux savoir de quoi vous parlez ?

— Vous les avez laissés traîner sur mon canapé.

— Votre canapé ?

— Il semblerait que vous vous soyez installée dans ma suite par erreur. Ça ne me dérange pas, mais j’ai pensé que vous aimeriez être mise au courant.

— C’est sans doute une erreur, répondit-elle en cherchant sa clé magnétique dans son sac. Regardez : c’est bien la suite 809.

— Non, vous la tenez à l’envers.

Il prit son poignet et le retourna, jusqu’à ce que la carte apparaisse dans le bon sens.

— Vous avez la 608. La 809, c’est la mienne.

Elle haussa les sourcils, incrédule.

— Mais cette clé ouvre la 809 !

— Alors, j’ai hâte d’être à ce soir pour vous voir dans ces dessous affriolants.

Il lui fit un clin d’œil accompagné d’un sourire charmeur qui atténuait l’arrogance de sa remarque. D’un seul coup, elle sentit sa bouche s’assécher.

La morsure froide de la pluie électrisa la peau nue d’Elise au moment où le corps torride de son amant entrait en contact avec le sien…

Elle s’obligea à déglutir et se concentra sur le problème présent. Adoptant une attitude décidée, elle glissa son sac en bandoulière sur son épaule.

— Allons vérifier ça, voulez-vous ?

A la réception, ils se joignirent à d’autres vacanciers en prise avec le même problème. Le directeur de l’hôtel présenta ses excuses à tout le monde, expliquant que l’ordinateur avait malencontreusement attribué les mêmes codes d’accès à plusieurs chambres.

Un quart d’heure plus tard, après avoir été escortée par un garde qui avait insisté pour être présent à l’ouverture de la porte, Meghan se retrouva seule dans une chambre avec l’homme le plus attirant de la Terre. Et dans un état digne d’une adolescente en chaleur. Elle dut se racler la gorge avant de réussir à parler.

— Merci de l’avoir renvoyé. J’ai bien cru qu’il allait me fouiller.

— Je m’en chargerai moi-même.

Plein de sous-entendus, il posa une main sur le mur, tout contre elle.

— Quelque chose à déclarer ? Boîtes d’allumettes ? Bonbons à la menthe ?

La défiant du regard, il effleura son bras nu du bout des doigts. Elle eut du mal à ne pas baisser les yeux. Puis il se pencha sur elle. Le ventre noué, elle retint son souffle.

Oh, mon Dieu… Il va m’embrasser !

Elle posa la paume sur sa poitrine pour l’arrêter. Un courant brûlant irradia à travers le tissu tape-à-l’œil, et sous sa main, elle sentit son pouls s’affoler et s’accorder au sien.

Jusqu’à ce qu’une panique soudaine vienne la submerger.

Elle remua nerveusement. Est-ce qu’il la prenait pour une allumeuse ? Certes, elle voulait prendre un peu de bon temps, mais pas aussi vite que ça. S’ils continuaient ainsi, ils risquaient de faire l’amour ici et maintenant, sur la moquette. Hmm ! En y pensant, ce serait plutôt une bonne idée… Mais non. Pas tout de suite.

Elle le vit baisser les yeux sur sa main puis la regarder de nouveau. Soudain troublée par cette intimité, elle retira sa main. Guindée. Inexpérimentée. Embarrassée.

— Rien à déclarer, dit?elle d’une voix qu’elle espéra assurée. Si ce n’est un savon parfumé et un shampooing spécial pour les séjours en bord de mer.

Elle se faufila sous son bras tendu et se précipita vers la chambre, histoire de refaire ses bagages.

— En parlant de choses à déclarer…

A son ton moqueur, elle se retourna. Il se tenait dans l’embrasure de la porte de la chambre, une petite culotte et un soutien-gorge en dentelle rouges à la main. Elle sentit ses joues s’enflammer.

— … Je vous les rends à regret.

Il la regardait droit dans les yeux tout en caressant le fin tissu entre son pouce et son index, comme pour s’assurer de sa qualité.

Ses doigts frôlèrent l’échancrure du string d’Elise, chatouillant la peau sensible au creux de ses cuisses, avant de se glisser dessous…

Clignant des paupières, elle essaya de se concentrer. La bouche de Nick était entrouverte en un sourire espiègle, à croire qu’il lisait dans ses pensées, et ses yeux la défiaient.

Très bien. Elle pouvait lui tenir tête. Le menton levé, les épaules bien dégagées, elle s’avança vers lui et tendit la main afin de récupérer ses sous-vêtements. Une nouvelle décharge l’électrisa quand il effleura la paume de sa main du bout des doigts.

Aussitôt, elle eut un nouvel accès d’anxiété.

Qu’est-ce qu’il lui prenait de flirter avec un type tel que lui ? Il pouvait avoir n’importe quelle femme et n’avait sans doute que faire de quelqu’un comme elle. Une bouffée d’envie et de solitude lui déchira la poitrine. Elle était nulle, frigide…

Stop ! Voilà qu’elle recommençait.

Repoussant ses doutes, elle canalia ses pensées sur la mission qu’elle s’était fixée : séduire un homme agréable à regarder et passer avec lui une semaine débridée. Eh bien ! elle en avait trouvé un, et il était parfait. Nick correspondait en tout point à l’amant qu’elle décrivait à longueur de pages dans son journal intime. Son regard fascinant et même un peu dangereux lui parlait d’aventure et d’érotisme.

Demande-lui.

Elle toussota, préparant sa voix la plus suave. Mais hésita juste une seconde de trop. Et s’il la rejetait, l’humiliait ? Et d’abord, pourquoi se précipiter ainsi ? Elle pouvait au moins prendre le temps de vérifier qu’il n’était pas un fou dangereux avant de l’inviter dans son lit.

Elle baissa les yeux en lui prenant ses sous-vêtements des mains. Elle ne voulait pas affronter son regard sûrement moqueur devant sa tentative ratée de séduction.

— Merci.

— Tout le plaisir est pour moi, répondit-il chaudement. La dentelle rouge, je n’aurais jamais cru que c’était votre style.

Elle serra les lèvres. Meghan n’était peut-être pas une déesse du sexe, mais Elise si. La dentelle rouge, c’était tout à fait son style, et elle pouvait mettre n’importe quel homme à ses pieds, lui compris.

— Vous ne me connaissez pas assez pour dire quel est mon style, répliqua-t?elle d’une voix qu’elle voulut provocante mais qui s’étrangla à moitié dans sa gorge.

Les larmes aux yeux, elle tourna les talons et regagna la chambre. Posant son sac à main sur le lit, elle ouvrit la valise la plus proche afin d’y fourrer ses sous-vêtements.

Un chagrin trop familier l’envahissait. Timide, apeurée, à la merci du moindre sarcasme… C’était bien elle. Elle n’avait pas changé. Comme elle était risible, à vouloir jouer les affranchies !

Plus intrigué que jamais, Alex vit le feu refluer et Meghan se replier sur elle-même. Cette femme était une contradiction vivante. Les pages de son journal intime étaient torrides à s’en brûler les doigts, mais elle se comportait comme une gamine effarouchée.

Etait-ce vraiment la même personne ?

S’adossant à la commode, il croisa les bras sur sa poitrine et l’étudia du regard. Meghan Elise Foster de Baltimore ne correspondait pas du tout à ce qu’il s’était imaginé. La description que lui avait donnée la femme de chambre ne lui avait pas fait honneur.

Les cheveux courts, bouclés, encadraient un visage fascinant. Derrière les lunettes à fine monture, ses yeux avaient la couleur ambrée d’un bon single malt. Chauds et pétillant d’intelligence. Sa peau dorée était lisse et sans défauts, régulièrement pigmentée par une touche de rouge qui lui montait aux joues. Elle avait des taches de rousseur sur le bout du nez et un petit menton volontaire.

Quant à son corps… Un vrai délice. Ses seins, petits et ronds, épousaient parfaitement la forme d’une paume. Ses hanches étaient tout en courbes, ses fesses superbes et ses jambes interminables qu’il mourait d’envie de voir s’enrouler autour de sa taille.

Elle s’affairait dans la pièce avec grâce, prétendant l’ignorer. Mais les fréquents coups d’œil qu’elle lui jetait la trahissaient. Il eut un sourire narquois. Elle en faisait un peu trop.

— Je peux vous aider ? s’enquit-il en s’approchant.

— Je m’en sors très bien toute seule, merci.

Elle sortit ses T-shirts en coton, ses bermudas en lin et son maillot de bain une pièce de la commode. Les vêtements, pliés avec soin, furent transférés sans le moindre faux pli dans la valise. En passant devant lui, elle l’effleura presque, et son parfum exotique mit tous ses sens en alerte.

— Quel est votre parfum ?

Elle s’arrêta net.

— C’est une huile parfumée. Fleurs de calendula.

— Elle vous correspond tout à fait.


— Ah bon ? Pourquoi ? demanda-t?elle, visiblement partagée entre méfiance et curiosité.

Il inclina la tête sur le côté, rassemblant les différentes informations qu’il avait apprises à son sujet.

— De la douceur… avec une pointe de piment.

Elle lui sourit, ravie du compliment. La petite fossette qui apparut au coin de sa bouche ajoutait de la personnalité à son sourire charmant. Avec quelle ardeur il désirait cette bouche… Il se sentait prêt à commettre des folies pour elle. Cette femme avait le mot « danger » écrit en lettres de feu sur son front. Une vraie beauté fatale.

Mais le danger, lui souffla la voix de la raison, c’était justement ce qu’il devait éviter. Il devait à la fois remplir sa mission et prouver à la DEA qu’il était encore un bon agent, malgré le fiasco d’Overtown. Rigueur et professionnalisme, tels étaient ses mots d’ordre. Il n’avait pas besoin de distractions dans le genre de Meghan.

Seulement, son corps, lui, s’opposait fermement à sa raison.

Lorsqu’elle se baissa pour ramasser les sandales rouges, son imagination s’emballa. Il se la représenta allongée sur le lit, vêtue uniquement de ses talons aiguilles couleur du péché et lui lisant son journal intime à voix haute. Il se dandina d’un pied sur l’autre pour soulager la pression qui avait monté d’un cran contre sa braguette.

— Je me suis mal exprimé, tout à l’heure, déclara-t?il. Je voulais dire que chez une femme de votre classe, on s’attend plutôt à trouver des sous-vêtements blancs, roses ou crème.

— Exact.

Remarquant la petite veine qui palpitait dans son cou, il s’imagina dans le rôle du prédateur, rôdant autour de l’enclos.

— Mais je parie que la dentelle rouge vous va à merveille.

— En effet.

Elle soutint son regard — avec aplomb cette fois. Le feu s’était rallumé, effaçant son regard triste, et il la reconnut. Pas de doute, c’était Elise, la vraie femme qui se cachait dans ce corps de rêve.

— Et si vous me faisiez un petit défilé ?

— Et si nous conservions une part d’imagination ? Je n’ai pas l’habitude de me montrer en petite tenue à un inconnu.

— Je crains que mon imagination ne soit déjà saturée par ces quelques morceaux de dentelle.

Jamais il n’avait réagi ainsi devant une femme. Il voulait débarrasser Meghan de ses contradictions et révéler la bombe sexuelle qui se cachait en elle. C’était son boulot de pénétrer les secrets des gens et, oh ! comme il avait envie de pénétrer les siens !

Cela dit, il ne l’avait pas encore blanchie de tout soupçon. Etait-elle liée au cartel d’une façon ou d’une autre ? Elle avait l’air innocent, mais il se méfiait des coïncidences. Si elle travaillait pour Braga, il saurait le découvrir le moment venu. Sinon, il se laisserait aller au bref plaisir de sa compagnie avant de se concentrer sur sa mission.

S’approchant, il envahit délibérément son espace et toucha ses lèvres du bout des doigts. Elle tressaillit sous cette caresse inattendue. Il riva ses yeux dans les siens. Le petit halètement qu’elle avait laissé échapper était le son le plus excitant qu’il ait jamais entendu.

— Passez la nuit avec moi et nous ne serons plus des inconnus.

 
 

 

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3


Dans mes fantasmes, je suis qui je veux, je fais ce qui me plaît. Je peux écouter mes pulsions et m’abandonner à mes désirs les plus fous. Tout est permis : mes fantasmes demeurent anonymes.

Meghan défit ses valises pour la deuxième fois de la journée.

— Eh bien, cette première journée a été épique.

— Ah oui ? demanda Julie, les médailles de son bracelet cliquetant quand elle rejeta ses cheveux en arrière.

— Je me suis fait draguer par un gnome, tu m’as présentée à tous les clients comme le cas social de la semaine et, au final, j’ai dû me battre avec un pirate pour récupérer mes sous-vêtements.

Julie éclata de rire.

— Un gnome et un pirate ? Je ne me souviens pas de les avoir mentionnés dans la brochure du club.

— Oublie le gnome, décréta Meghan en rangeant sa lingerie dans un tiroir. Par contre, le pirate, c’est ce type sublime dans la suite duquel je me suis installée par erreur.

— Il n’avait pas enfilé tes sous-vêtements quand même ?

— Non… Il les a juste caressés.

L’image de la dentelle rouge sur les mains bronzées de Nick lui revint à la mémoire, et elle se prit à imaginer la prochaine fois qu’il poserait ses mains dessus — cette fois-là, c’est elle qui en serait vêtue.

— J’ose à peine imaginer ta réaction ! s’exclama Julie.

Meghan lui répondit de son ton le plus nonchalant. C’était tellement facile de la mener en bateau !
— J’ai accepté de passer la nuit avec lui.

— Pardon ?

— Il m’a proposé de dîner avec lui.

— Oh !

Julie se rassit sur sa chaise et reprit un morceau de brie.

— Tu me rassures ! J’avais cru que…

— J’ai décidé d’en faire mon amant.

— Quoi ?

S’étouffant à moitié, elle laissa tomber le morceau de fromage sur le plateau. Devant son air hébété, Meghan reprit :

— J’ai dit…

— J’ai entendu, la coupa sa sœur en secouant la tête. Tu n’es pas sérieuse !

Meghan posa ses mains sur ses hanches avec détermination.

— Je suis tout à fait sérieuse. Nick est beau, charmant et très sexy. Je pense qu’il sera un amant parfait.

— Tu ne t’es jamais écartée du droit chemin de toute ta vie. Ça m’étonnerait que tu commences maintenant, objecta Julie en brassant l’air de la main. Ce qu’il te faut, c’est un type sympa, loyal, avec une belle maison et un chien. Quelqu’un sur qui tu pourras compter.

— Autant ne prendre que le chien. Je ne suis pas à la recherche d’une relation durable.

— Parfait. Sauf que ce n’est pas du tout ton genre de prendre un amant comme ça.

— Apparemment, tout le monde a de moi une image très précise… Tu ne t’es jamais dit que je pourrais te surprendre ?

Délaissant le morceau de brie qu’elle avait repris sur le plateau, Julie la dévisagea d’un air interloqué.

— Mais tu n’as jamais été impulsive ou imprudente ! C’est toi qui nous as fait tenir, depuis le départ de papa. A quinze ans, tu es devenue le chef de famille. Maman s’est toujours reposée sur toi.

Meghan refoula son amertume. Elle aurait tant voulu avoir une adolescence plus insouciante. Mais ressasser le passé ne la mènerait nulle part. Elle se força à répondre calmement à sa sœur.

— J’ai toujours fait ce qu’on attendait de moi, rarement ce que j’avais envie de faire.

— Je sais, Meg, et je suis désolée. Je t’en serai éternellement reconnaissante, je t’assure. Maman et moi, on ne s’en serait pas sorties sans toi.

— Eh bien, maintenant que tu as dégoté ce boulot génial et que maman a enfin un petit ami, je crois que c’est à mon tour de vivre. J’ai une envie folle de me laisser aller, d’être emportée dans quelque chose de fou et d’inattendu. Je veux vivre une aventure passionnée.

— Tu es une fille bien…

— Je ne veux plus être une fille bien ! s’exclama Meghan avec véhémence. J’ai vingt-sept ans et je n’ai jamais rien fait d’excitant ou d’inattendu. C’est cette semaine ou jamais.

Julie la contempla avec stupeur.

— Mais, Meg, tu ne saurais même pas comment t’y prendre !

Meghan sentit monter en elle une vague de ressentiment. Sa sœur cadette, qui avait connu plus de garçons et s’était mariée avant elle, lui donnait des leçons. Comment avait-elle pu tomber aussi bas ?

— Je me sens tellement à côté de la plaque, Julie. C’est comme si ma nature profonde était enfouie sous plusieurs couches. Je sais que je suis différente au fond de moi, mais parfois, j’ai peur d’être cette reine des glaces, hautaine et froide, que Rob m’a jetée à la figure.

— Mais tu n’es pas comme ça, Meg. Tu es douce et chaleureuse…

— Tu dois penser que je suis stupide, répliqua-t?elle en marchant résolument vers la fenêtre, mais j’ai besoin de faire quelque chose de fou, d’impulsif. Vivre une sexualité sans tabou.

Comme Elise.

— Je ne pense pas que tu sois stupide, Meg. Je pense que tu es courageuse, commenta Julie avec un sourire admiratif. Si c’est ce que tu veux, vas-y !

Bien que surprise, Meghan se sentit plus légère. Finalement, ce n’était pas si difficile que cela, de casser le mythe de la grande sœur parfaite. Elle sourit, soulagée, et saisit un morceau de quiche aux fruits de mer. Chez les Foster, on ne laissait jamais les émotions interférer avec un bon repas.

— Alors, tu veux bien m’aider à me transformer en séductrice ?

— Bien sûr. Mais il va falloir changer ta garde-robe.

Meghan s’observa dans la glace sans ménagement. Elle aurait sans doute pu perdre un ou deux kilos sur les hanches, mais sa silhouette était très agréable à regarder. Avec ses habits classiques, bien coupés, elle renvoyait une image professionnelle, sympathique — pas vraiment celle d’une séductrice.

— J’adore tes nouveaux dessous, mais il faut aussi que tu changes de style au-dessus, poursuivit Julie. L’habit fait le moine, Meg. Si tu veux être une bombe, habille-toi comme telle.

— Je viens de lâcher mon boulot, je n’ai pas les moyens de m’offrir une nouvelle garde-robe.

— Passe me voir dans mon bungalow tout à l’heure. Je te prêterai des fringues, et je te maquillerai. Tu verras, tu seras irrésistible. Tu n’auras plus qu’à dénicher l’homme de tes rêves. A Cayo Sueño, ça ne devrait pas être difficile.

Meghan retint un sourire. L’homme de ses rêves, elle l’avait déjà trouvé : beau, grand, brun, avec le sens de l’humour et de très belles fesses… Nick. Un concentré de sexe à l’état pur, dans une chemise de très mauvais goût ! Il ressemblait tellement à l’homme de ses fantasmes — mis à part la chemise, bien sûr — que c’en était effrayant.
— O.K. Essayons de définir ce M. Fabuleux, proposa Julie avec enjouement.

Délaissant le plateau, elle se dirigea vers le secrétaire d’où elle sortit une feuille de papier à lettres.

Meghan lut par-dessus son épaule.

— Que fais-tu ?

— J’établis la liste des qualités de M. Fabuleux. Comme ça, tu pourras choisir plus facilement.

— J’ai déjà choisi.

— Eh bien, tu n’auras qu’à comparer Nick avec ta liste pour voir s’il fait l’affaire. Avant tout, il doit être romantique. Tu sais, le genre à te couvrir de roses rouges ou à te faire un cadeau comme ça, juste pour le plaisir.

Meghan se fichait bien qu’il soit romantique ou pas. Tout ce qui l’intéressait, c’était qu’il lui fasse l’amour comme un dieu. Mais si ça amusait sa sœur…

— Il faut qu’il soit sensible, pour que tu n’aies pas peur d’explorer de nouvelles frontières sexuelles avec lui, enchaîna Julie. Et puis il doit être très laid. Comme ça, il sera trop ******* que tu t’intéresses à lui pour aller voir ailleurs.

Eclatant de rire, Meghan lui arracha la liste des mains.

— C’est quoi, cette liste fantaisiste, Jules ?

De son écriture ronde, sa sœur avait ajouté aventurier, audacieux et héroïque à côté de romantique et sexy. Exactement le portrait de son mari défunt. Meghan la regarda avec compassion, elle aussi envahie par une vague de tristesse.

— Moi aussi je l’aimais et il me manque, mais…

— Tu peux dire son nom, tu sais, intervint Julie avec un sourire triste. Kyle.

Les souvenirs affluèrent en Meghan, en même temps que la colère qu’elle ressentait chaque fois qu’elle pensait à la mort de son beau-frère.

— Je suis désolée, Julie. Mais je ne veux pas d’un homme qui court après le danger. J’ai besoin de me sentir en sécurité.

— Je ne te comprends que trop bien. Je ne te remercierai jamais assez pour toutes les fois où tu es venue attendre avec moi qu’il rentre de mission. Ce n’est pas facile d’être femme de flic. Vivre dans l’incertitude, se demander chaque matin si on le reverra le soir… Mais, tu sais, je n’échangerais aucun des jours passés à ses côtés, ajouta-t?elle d’une voix marquée par le chagrin. Malgré la fin.

— Oh, Jules…

Elles restèrent un instant silencieuses, unies par les souvenirs. Puis Julie essuya les larmes qui faisaient briller ses yeux et déclara :

— Mais, de toute façon, tu n’es pas à la recherche d’un mari. Alors, reprenons cette liste.

Heureuse de changer de sujet, Meghan prit une nouvelle feuille de papier.

— Tout d’abord, M. Fabuleux doit être un minimum cultivé. Je veux pouvoir discuter politique ou littérature avec lui.

— Tu rigoles ? s’écria Julie en essayant de lui prendre la feuille des mains. Tu détestes la politique et tu n’as pas ouvert un livre depuis… depuis quand ?

Meghan tint bon et poursuivit comme si elle n’avait pas été interrompue.

— Il faut qu’il soit intelligent, sensible, viril et ponctuel.

— Ponctuel ? Meghan, tu te fiches de moi ! Allez, avoue. Tout ce que tu veux c’est un type qui soit : 1) beau comme un dieu et 2) monté comme une star du porno.

Elles durent s’interrompre, gagnées par un fou rire irrépressible.

Après avoir repris son souffle, Julie jeta un coup d’œil à sa montre et grimaça.

— Je dois y aller. J’anime la soirée des célibataires au bord de la piscine ce soir, et rien n’est prêt.

Meghan la serra très fort dans ses bras.

— Merci encore. J’apprécie vraiment tout ce que tu fais pour moi.

— Je suis tellement *******e que tu sois là. Tu vas t’éclater ! assura sa sœur en faisant claquer un baiser sur sa joue. Viens me rejoindre à la fête. Si Nick ne fait pas l’affaire, je suis sûre que tu y trouveras ton bonheur.

— Nick fera parfaitement l’affaire.

Meghan sourit en refermant la porte. Elle avait hâte de jouer les cendrillon. Bien sûr, la peur le disputait à l’excitation, mais elle se savait décidée à accomplir l’objectif qu’elle s’était fixé. Elle prit un petit carnet vert dans son sac à main et sortit sur le balcon.

L’homme de ses fantasmes avait désormais un nom et un visage. Elle s’assit dans un fauteuil et se laissa aller contre le dossier, les yeux fermés. Quelques secondes plus tard, elle releva les paupières, saisit son stylo et ouvrit son nouveau journal intime à la première page.

Les mots s’égaillèrent sur le papier blanc à mesure que les images défilaient devant ses yeux.

Les yeux verts de Nick brûlent d’un feu intérieur tandis qu’il dévisage Elise. Lorsqu’il ouvre enfin la bouche, sa voix est sourde. « Déshabille-toi ! » L’ordre claque et elle s’exécute, lentement, en retenant son souffle.

Alex prit une bière dans le minibar. Il allait s’installer sur le balcon quand son regard tomba sur le petit carnet bleu. Une petite voix raisonnable s’éleva dans un coin de son esprit, mais la curiosité était trop forte. Sans doute Meghan s’était-elle sentie trop bousculée tout à l’heure pour se rappeler son journal intime — contrairement à lui.

Les personnages qui batifolaient près de la cascade avaient même un visage, désormais. Celui de Meghan et le sien.

Nous nous accouplons sous la cascade. M’empoignant, il me colle à lui. Mon corps glisse et s’empale encore et encore…

Il jeta un rapide coup d’œil à sa montre et décida qu’il avait le temps de faire un peu de lecture.

Quelques instants plus tard, il tendit le bras vers sa bière. Vide. Sa bouche était devenue sèche dix pages plus tôt et il avait descendu toute la bouteille sans presque s’en rendre compte. Plutôt que de se lever pour aller en chercher une autre, il décida d’allumer une cigarette. Avant de se replonger dans le petit carnet.

Encore une page. Juste une.

Il se laissa prendre par les scènes follement érotiques qu’elle avait su créer. Au fil des pages, il ne pouvait s’empêcher de comparer l’héroïne fictive et Meghan telle qu’elle lui était apparue. Derrière l’image lisse et professionnelle qu’elle renvoyait, se cachait une personnalité ardente et passionnée qui ne demandait qu’à être révélée.

Il écrasa sa cigarette tout en se demandant s’il devait se méfier. Et si tout ça n’était qu’un numéro d’actrice ? Le journal intime, la charmante innocence, les joues qui rosissaient sous l’effet des compliments… Etait-ce un leurre pour qu’il baisse la garde ? Après le terrible fiasco d’Overtown, Braga devait être à l’affût d’une nouvelle trahison.

Alex referma le journal d’un coup sec et se massa la nuque. Posant le carnet sur la table basse, il se dirigea vers la salle de bains afin de prendre une douche.

Une fois rafraîchi, il se rasa, s’habilla et glissa le journal intime dans la poche de sa veste de sport avant de sortir. Devait-il le lui rendre avant ou après le repas ? Il prit l’ascenseur, puis se dirigea vers le bar. Ses yeux cherchaient Meghan parmi les clients.

Waouh !

Sa robe rose pâle flottait sur ses courbes comme une caresse. Très échancré, son décolleté révélait la naissance de ses seins. Sa courte jupe dénudait ses cuisses et ses longues jambes couleur caramel. Sous la table, elle avait croisé ses pieds nus, et ses sandales en cuir clair gisaient, abandonnées, sous sa chaise. Alex s’arracha à la contemplation de ses courbes pour regarder son visage. Ses magnifiques yeux bruns avaient un je-ne-sais-quoi de mystérieux, et ses lèvres pulpeuses, d’un rose glamour, ne demandaient qu’à être mordues. Il se mit à bander. Coupable ou innocente, cette fille lui faisait un effet incroyable !

Que porte-t?elle sous sa robe ? L’ensemble en dentelle noire ? Non, trop voyant. Le satin blanc, sans aucun doute.

Imaginant ses doigts sous le tissu soyeux, il s’avança vers elle avec un sourire…

Et s’arrêta net.

Il était tellement obnubilé par Meghan qu’il n’avait pas remarqué l’homme qui l’accompagnait. Un homme qu’il ne connaissait que trop. Les souvenirs l’assaillant par flashes, il dut fermer les yeux, le temps de se reprendre. Les coups de feu. Le chaos. L’odeur du sang. La douleur aveuglante.

La cicatrice sur sa tempe se mit à pulser et il sentit une vague de nausée remonter dans sa gorge. Il se glissa derrière une colonne en marbre et étudia Rogelio Braga, très gentleman avec ses cheveux poivre et sel et ses manières raffinées. S’il n’était pas une ordure de trafiquant de drogue, Alex l’aurait sans doute trouvé charmant.

Dans la poche de sa veste, il caressa le petit carnet bleu du bout des doigts. Et dire qu’il avait eu des scrupules…

Tout à coup, elle éclata de rire à une plaisanterie de Braga. Le ventre noué, il se mit à la maudire. Est-ce qu’ils étaient en train de se moquer de lui ? Braga avait invité « Nicholas » à Cayo Sueño pour le remercier de lui avoir sauvé la vie. Mlle Foster — si du moins c’était son vrai nom — était peut-être sa récompense… Et merde !

Une part de lui voulait encore croire à son innocence, croire que l’erreur de chambre n’était qu’une coïncidence. Mais à la lecture de son journal, il devait reconnaître qu’elle avait un don pour cacher sa vraie personnalité. Comment avait-il pu se laisser berner ainsi ? Une seule explication : il avait perdu son instinct.

Il observa Braga poser sa main sur le bras de Meghan tout en lui parlant. La jeune femme hocha la tête et Braga prit congé. Elle demeura là sans bouger, puis se retourna et fouilla la foule du regard.

Sortant de sa cachette, Alex s’avança vers elle.

Elle lui fit de grands signes pendant qu’il approchait. S’il n’avait pas eu de soupçons à son sujet, il l’aurait adorée. Sauf que, là, il était en rogne de s’être laissé avoir. Méfiant, il la détailla, mais ne lut dans son sourire que de la gaieté. Rien qui n’eût l’air faux ou forcé.

Si seulement il pouvait s’être trompé !

— Salut, Nick ! s’écria-t?elle en l’invitant d’un geste à prendre le siège que Braga venait de libérer. Je commençais à me demander si vous m’aviez posé un lapin.

Nick. Exact. Chacun son rôle. Jouons un peu…

Il prit place sans cesser de la dévisager.

— Vous n’aviez pas l’air de vous ennuyer.

— Quoi ? Ah… On bavardait, c’est tout. Ne vous inquiétez pas, je ne comptais pas vous remplacer.

Elle lui adressa un sourire provocant et ses mains voltigèrent sur ses genoux. Elle avait l’air un peu emprunté, voire nerveux — coupable ?

— Qui était-ce ? demanda-t?il sur un ton qui trahissait plus d’intérêt qu’il ne l’aurait voulu.

Elle parut surprise.

— Personne. Il m’a juste reconnue grâce à la petite prestation de ma sœur, tout à l’heure.

Pas le moindre signe de duplicité, nota-t?il, toujours à l’affût.


— Vous aviez l’air plongés dans une discussion passionnante.

— Vous êtes très observateur, pour quelqu’un qui vient tout juste d’arriver.

Il laissa échapper un petit sourire appréciateur devant la justesse de sa repartie. Bon, il pouvait se détendre. Jusqu’à présent, elle lui répondait franchement, sans se montrer évasive.

— Excusez-moi, ce doit être la jalousie.

Elle aussi parut se détendre. Alors qu’elle se laissait aller en arrière, un coude posé sur le bras du fauteuil, son décolleté s’accentua, dévoilant quelques centimètres de dentelle rose.

Sa poitrine était bien pigeonnante, par rapport à tout à l’heure, songea-t?il. Le miracle du Wonderbra ? Il ne s’en plaignait pas. Elle était sublime, rayonnante. Restait une question : pourquoi ?

— Et alors, que vous a-t?il raconté ?

— Il m’a parlé des ruines qui se trouvent de l’autre côté de l’île. Apparemment, c’est un habitué du club.

— Il suivait les instructions de Julie : faire de vos vacances un souvenir inoubliable. Je croyais que c’était mon job, protesta-t?il, faussement vexé.

Devant lui, Meghan dessinait avec ses doigts des petits cercles concentriques sur la peau tendre de son poignet. Décidément, il y avait quelque chose de changé en elle ! Soit elle connaissait son rôle par cœur, soit elle avait décidé de libérer sa sensualité. En dépit de sa méfiance, il ne pouvait s’empêcher d’être excité. Meghan n’était pas la seule à vouloir explorer ses fantasmes…

— Je ne vous ai pas encore embauché, retorqua-t?elle.

Elle inclina la tête sur le côté et ses lèvres roses s’étirèrent en un sourire légèrement hautain. Elle poursuivit :

— Tout d’abord, il y a le problème de la tenue vestimentaire.

— Mais c’est ma chemise préférée ! se récria-t?il en entrouvrant sa veste de sport de façon à mieux lui montrer le motif criard.

— Ce serait dommage que vous échouiez si près du but. Il ne vous manque que le perroquet et la rapière pour compléter votre déguisement.

Si elle voulait jouer à ça, pas de problème. Il se pencha vers elle, les yeux brillants, et baissa la voix.

— Si elle ne vous plaît pas, je peux l’enlever. On pourrait jouer au pirate vigoureux et à la princesse délurée.

— Ça m’a l’air d’un fantasme intéressant…

— Ce n’en est qu’un parmi tant d’autres. Si vous voulez, je vous les raconterai tout à l’heure.

Elle se laissa aller contre le dossier de son fauteuil avec un sourire ravi.

— O.K., vous êtes embauché. A combien se montent vos honoraires ?

— Je préfère le troc. Si vous voulez, on peut négocier pendant le dîner ? proposa-t?il en se levant.

— Je vous préviens, je suis dure en affaires.

— Très bien. Que la joute commence ! déclara-t?il en riant.

Il lui tendit la main, trop heureux de la toucher enfin. S’appuyant sur son bras, elle se baissa pour enfiler ses sandales et lui donna un nouvel aperçu de son décolleté. Quand elle se redressa, elle le regarda dans les yeux avec un air de défi. Pas de doute, elle l’avait fait exprès !

Elle n’avait pas seulement changé de look, ce soir ; elle semblait aussi plus sûre d’elle, plus audacieuse. Quelle que fût la cause de cette transformation, il aimait ça. Une femme sûre de ses attraits et de son pouvoir de séduction.

Ils traversèrent le bar et rejoignirent la terrasse de Breezes, le restaurant de l’hôtel. Il ne put s’empêcher de la reluquer tandis qu’elle marchait devant lui, tête haute, épaules redressées. Ses hanches se balançaient avec grâce, telle une invitation à la suivre.

Elle se retourna et lui jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Ses yeux d’ambre pétillèrent de gaieté en interceptant son regard.

Oh, oui ! Il approuvait définitivement le changement. Beauté fatale avait ce soir un je-ne-sais-quoi de fascinant.

En même temps, sa métamorphose était si rapide et si complète qu’il se devait de rester prudent. Hors de question qu’il se compromette avec une suspecte. Les types des Affaires internes seraient trop *******s de se jeter sur lui.

Observant les convives attablés dans le restaurant, il vit Rogelio Braga s’approcher du bar de l’autre côté de la véranda, en compagnie de deux hommes. Il reconnut l’un des deux, un trafiquant de drogue dont la photo était classée dans ses fichiers, à Miami. L’autre, il ne l’avait jamais vu.

Son attention se reporta sur Meghan.

Peut-être avait-il exagéré, après tout. Sa conversation avec Braga était peut-être innocente, comme elle l’avait prétendu. Ou pas. Dans tous les cas, il allait conserver plus longtemps son journal intime — le meilleur moyen de découvrir qui elle était vraiment. Parallèlement, il demanderait à son coéquipier de se renseigner sur elle. Il fallait qu’il sache si elle avait un lien quelconque avec le cartel de Miami.

Tout au fond de lui, il se traita de sale menteur. Il se fichait bien de savoir si elle était une criminelle. Ce qu’il voulait, c’était la coucher dans son lit. Voire plus, si affinités... 0

 
 

 

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4

Tout mon corps, tout mon être est en feu. Je me consume à l’idée de ses caresses. Le désir me fait perdre la tête, je m’enflamme pour cet homme que je ne connais pas et que je n’ai nullement l’intention de revoir.

— Bonsoir, mademoiselle Foster. Bonsoir, monsieur.

Le maître d’hôtel de Breezes les accompagna jusqu’à une table un peu isolée avec vue sur le golfe.

— Je vous souhaite un bon appétit.

Ils prirent place en le remerciant.

Meghan avait noté son air tendu dès que Nick l’avait rejointe. Comment allait-elle le séduire si elle ne parvenait pas à captiver son attention plus d’une minute ? Elle appela Elise à la rescousse. Se penchant un peu en avant, elle fit glisser ses doigts le long de son décolleté, de haut en bas, de bas en haut.

Enfin, il la regardait ! Ses yeux verts avaient pris une teinte plus sombre, trahissant son désir et sa fascination. Elle le vit la déshabiller du regard et s’attarder longuement sur ses seins. Un frisson d’excitation la parcourut et elle lui rendit son sourire avec assurance.

Savourant le contact de ses cuisses nues l’une contre l’autre, elle croisa et décroisa les jambes. Elle eut soudain une conscience aiguë de son string en dentelle qui se frottait contre son sexe.

Prenant une longue inspiration, elle imagina les doigts de Nick se glisser sous le fin tissu et s’insinuer dans sa fente humide. Le rouge lui monta aux joues. Elle trempa les lèvres dans son verre de vin afin de se remettre.

Elle se sentait étonnamment bien dans sa peau. Peut-être bien que l’habit faisait le moine, finalement… Elle avait troqué ses lunettes contre une paire de lentilles et coiffé ses cheveux en arrière. Julie l’avait maquillée avec soin, donnant à sa bouche une moue adorable et à son regard une intensité nouvelle. Meghan avait eu du mal à se reconnaître dans le miroir.

Quant à la robe que lui avait proposé sa sœur, elle lui avait paru bien innocente à première vue. Sa couleur rose pâle et son tissu léger comme l’air semblaient bien trop angéliques pour habiller une femme fatale. « Vraiment ? » avait répliqué Julie devant son air dubitatif. Elle avait eu un petit sourire en coin et l’avait persuadée de l’enfiler.

Hou là là !

Nick, qui la dévorait des yeux, semblait partager son avis.

— Vous aimez ce que vous voyez ?

— Vous en doutez, Beauté fatale ?

Le serveur revint prendre leur commande. Entrecôte saignante et pommes de terre pour Nick, bouquet de crevettes au beurre blanc et risotto aux champignons sauvages pour elle. Le vieux dicton avait raison : les contraires s’attirent, songea-t?elle avec un sourire. Pourvu que ce soit aussi vrai au lit !

Posant les coudes sur la table, Nick joignit ses mains sous son menton et inclina la tête sur le côté.

— Parlez-moi un peu de vous, déclara-t?il avec un sourire hyper sensuel.

— Que voulez-vous savoir ?

— Tout.

Elle plissa les yeux et se cala contre le dossier de sa chaise. Cette semaine était spéciale. Elle voulait la vivre libre de tout, sans remords ni regrets. Rien de personnel, aucune attache, que du plaisir. Elle ne voulait pas avoir à se poser de questions à la fin de son séjour.

— Quel intérêt ? Ne préférez-vous pas le mystère de la rencontre ?

Une ombre passagère assombrit le regard de Nick.

— Je suppose que je devrai me *******er de ce que vous voudrez bien me révéler.

— Je fais un mètre soixante-cinq et je refuse de vous dire mon poids.

— Fascinant, commenta-t?il sur un ton qui signifiait le contraire. J’aimerais plutôt savoir si vous voyez quelqu’un en ce moment, si vous avez quelque chose de prévu pour demain et si vous dormez nue.

Elle remercia le serveur qui venait de lui apporter son plat avant de répondre.

— Dans l’ordre : non. Pas encore. Et je ne vous le dirai pas.

— Vous êtes en vacances. Ça vous dirait d’essayer quelque chose de vraiment nouveau ? proposa-t?il d’un air de défi.

Médusée, elle lui lança un nouveau coup d’œil. Etait-elle si transparente que ça ? Finalement, le séduire se révélait un jeu d’enfant.

— Je suis pour les aventures qui sortent de l’ordinaire. Vous avez une idée ?

— Puisque vous êtes libre demain, que diriez-vous de m’accompagner en mer, avec masque et tuba ? Il paraît que les fonds sous-marins du parc national sont extraordinaires.

De la plongée sous-marine ? Etait-ce une métaphore pour « faire l’amour » ?

— Euh… si vous voulez, répondit-elle sans conviction.

— Vous pensiez à autre chose ?

Elle hésita. Oserait-elle ? Elise n’hésiterait pas, elle.

— D’après ma sœur, il y a une plage naturiste sur la côte sud-ouest.

— Je préfère la nudité dans l’intimité. Mais je dors dans le plus simple appareil, si ça vous intéresse.

Si ça l’intéressait ? Hmm ! l’image était tout simplement fascinante. Son corps viril, parfaitement sculpté, étendu sur le sable fin, nu à l’exception d’une mince pellicule de sueur…

— J’y songerai, répliqua-t?elle sur un ton qu’elle voulut anodin.

Peine perdue. Elle avait si chaud, tout d’un coup ! Attrapant son verre pour se donner une contenance, elle but une nouvelle gorgée de vin.

— D’un autre côté, je vous imagine plutôt dormir dans un de ces petits négligés en dentelle qui remplissent vos valises.

— Ça, je suis la seule à le savoir… Mais vous pouvez essayer de le découvrir.

Il répondit à son sourire faussement innocent par une moue craquante.

— Ça vous dirait de jouer au photographe et à la top modèle ?

Elle éclata de rire, la fourchette immobilisée à mi-course entre son plat et sa bouche.

— C’est vraiment votre truc, les jeux de rôles ?

— J’aime fantasmer…

Oh, bon sang ! c’était elle qui nageait en plein fantasme ! Il ne lui restait plus qu’à trouver le moment opportun pour lui exposer son plan. Apparemment, la suite ne poserait pas la moindre difficulté.

— Vous avez un peu de sauce de salade sur la lèvre, Meghan. Je vous l’enlève ?

— Non, mais merci d’y avoir pensé.

Sous son regard embrasé, elle passa lentement la langue sur sa bouche. Sauf que c’étaient ses lèvres à lui qu’elle voulait lécher et mordiller. Et aussi sa nuque, son torse, son ventre… Si elle continuait à l’imaginer nu ainsi, elle allait se désintégrer, là, sous ses yeux.

— Allez, Beauté fatale, arrêtez de m’allumer et dites-m’en un peu plus sur vous.

Elle voulait bien l’inviter dans son intimité, mais pas question de lui révéler l’existence de son pyjama en coton.

— En général, je dors en petite culotte.

— Ah oui ? Laquelle ? La petite bleue avec…

— A votre tour, le coupa-t?elle. Je ne vais pas me déshabiller devant vous sans que vous y alliez aussi de votre confidence. Quel est l’endroit le plus bizarre où vous ayez fait l’amour ? Vous préférez vous caresser sous la douche ou dans votre lit ? Comment aimez-vous…

— Hé, du calme ! s’écria-t?il, l’air choqué.

A l’évidence, il ne s’attendait pas qu’elle se montre si directe. Elle haussa les épaules.

— Dégonflé !

— Très bien. J’ai fait l’amour dans un ascenseur coincé entre deux étages pendant deux heures.

Son pouls s’accéléra brusquement, au point qu’elle en oublia presque de reprendre son souffle. L’un des fantasmes qu’elle avait consigné dans son journal incluait précisément un ascenseur en panne, un inconnu et un pot de glace au chocolat en train de fondre.

— Coincé pendant deux heures ou fait l’amour pendant deux heures ?

— Fait l’amour pendant deux heures. Ça vous impressionne ?

— Ça dépend. Je n’ai pas encore décidé si vous étiez un dragueur ou un vantard.

Il plissa les paupières, le regard chaud comme de la braise, et sa voix devint rauque.

— Il y a deux choses dans lesquelles j’excelle, ma Beauté. La deuxième, c’est la drague.

Cette fois, le thermomètre allait exploser ! Très bien. Elle aussi savait draguer. Décroisant les jambes, elle ôta une de ses sandales puis toucha la cheville de Nick du bout des orteils. Il bougea son pied, comme si le contact était accidentel, et elle recommença, les yeux rivés dans les siens.

— Il y a de l’orage dans l’air, remarqua-t?il, la voix un peu enrouée.

Plus que de la sensualité, il émanait de lui une virilité animale, brute. Meghan sentait tous ses sens en alerte. Une vague de désir, brûlante, irrésistible, remonta entre ses cuisses. Vas-y, demande-lui. Jette-toi à l’eau.

Elle ouvrait la bouche pour parler quand quelqu’un s’approcha d’elle.

Le maître d’hôtel. Il s’excusa de les importuner, avant de se pencher vers Nick. Il lui murmura quelques mots à l’oreille.

— Maintenant ? s’étonna Nick en fronçant les sourcils.

Comme le maître d’hôtel acquiesçait d’un signe de tête, sa bouche prit un pli sévère, et il jura dans sa barbe.

— Que se passe-t?il ? s’enquit-elle, surprise, une fois que le maître d’hôtel se fut éloigné.

L’énergie sexuelle qui électrisait l’air une seconde plus tôt s’était dissipée, et elle se retrouvait face à un inconnu. Le visage de son compagnon était devenu dur et sa voix impersonnelle.

— Nick ?

Il leva les yeux vers elle comme s’il ne savait pas qui elle était. Puis ses traits se détendirent et il lui adressa un sourire piteux.

— Je suis désolé, Meghan, mais j’ai un contretemps. Le travail m’appelle. Je dois y aller.

— Mais vous êtes en vacances !


— Disons plutôt en vacances de travail. J’ai été invité par un gros client. C’est lui qui paie, je ne peux pas lui faire faux bond. Croyez-moi, je le regrette sincèrement.

— Vous me quittez maintenant ? Vous n’avez même pas touché à votre assiette !

Une tentative bien pitoyable pour le retenir et qu’elle regretta aussitôt. Il lui adressa un sourire forcé, mais à l’évidence, ses pensées étaient déjà ailleurs.

— Désolé, Meghan. Je n’ai pas le choix, répéta-t?il en se levant. Je vous retrouve après, promis.

Elle le regarda s’éloigner, incrédule. L’homme de ses fantasmes venait de prendre la fuite — un rebondissement qu’elle n’avait pas prévu. Elle baissa la tête vers son assiette, évitant délibérément les regards des autres clients. Tout le monde était sans doute en train de la dévisager avec pitié.

Elle avait fière allure, l’apprentie déesse du sexe.

Alex claqua la porte de sa suite derrière Emelio Sanchez, son coéquipier à la division des opérations spéciales et son meilleur ami depuis l’université.

Emelio se laissa tomber sur le canapé, puis posa les pieds sur la table basse.

— Tu me fais la gueule parce que j’ai interrompu ton rendez-vous galant ? demanda-t?il en gobant une noix de cajou. Je te signale que j’ai dû vider le minibar pour me nourrir.

Oh, que oui, il lui faisait la gueule ! Alex ne se souvenait pas qu’une femme l’ait jamais autant fasciné.

— J’espère que ça en vaut la peine.

— Ouais, ça en vaut la peine. Je viens juste d’apprendre que le yacht de Frankie Ramos, le Cielo blanco, vient d’amarrer à Key West.

Alex, qui marchait de long en large, s’arrêta avec un sourire carnassier sur les lèvres.

— Le patron de Braga refait enfin surface. Parfait.

— Disons que le bateau est arrivé. Mais pas Ramos.

— Quoi ?

L’image de Meghan dans sa petit robe rose s’interposa dans ses pensées.

— Génial ! commenta-t?il en soupirant. Maintenant, mon repas doit être froid et mon rendez-vous encore plus, tout ça parce que…

— Je t’ai fait monter parce qu’Easton veut que tu le rappelles. Pronto et même plus vite que ça — je le cite.

Brent Easton était leur supérieur. Il comptait également parmi leurs amis, mais en tant que patron, c’était un sale con. Jamais *******.

— Et merde ! Je crains le pire, marmonna Alex en se laissant à son tour tomber sur le canapé. On a intérêt à découvrir au plus tôt la cachette de Ramos.

— Ce n’est qu’une question de temps. On finira bien par l’avoir, ce salopard.

— Je te rappelle que c’est ce que tu m’as dit il y a six semaines, répliqua-t?il.

— Va te faire foutre, mec.

— Excuse-moi, Em. C’était nul de dire ça, s’excusa-t?il en se passant les deux mains dans les cheveux.

— Oublie ça.

Emelio froissa rageusement le paquet de noix de cajou vide dans son poing, avant de le lancer dans la corbeille, de l’autre côté de la pièce.

— Rien ne se passe comme prévu dans cette affaire pourrie, grommela Alex.

Il avait repris la direction de l’enquête après que la couverture de son coéquipier avait été grillée. Emelio avait eu le tort de prendre une indic en pitié. Gina, d’une beauté à couper le souffle, était coincée dans une situation inextricable et avait fini par le trahir. Maintenant, Braga — et combien d’autres ? — savaient qu’il était flic.

— Bon, où en sommes-nous ? demanda Alex en se ressaisissant.

— D’après les bruits qui courent, Ramos est en train de péter un plomb, expliqua Emelio en prenant deux bières dans le minibar. Apparemment, il passe plus de temps à sniffer de la coke qu’à s’occuper des affaires du cartel. Il aurait même détourné une partie des fonds sur ses comptes privés…

Prenant la bière qu’il lui tendait, Alex laissa échapper un petit sifflement admiratif.

— Frankie a vraiment des couilles en or ! Les barons de la drogue n’ont pas pour habitude de faire des cadeaux.

— Ou alors, il s’est grillé le cerveau à force de sniffer cette merde. Si on arrive à le coincer, il nous livrera tous ses petits copains en échange d’une remise de peine.

Pensif, Alex fit rouler sa bouteille de bière entre ses mains.

— J’ai l’impression que Braga est en train de manigancer quelque chose. Je ne crois pas qu’il m’ait invité par hasard cette semaine.

Emelio secoua la tête.

— Oublie Braga. Ramos est bien plus vulnérable. Tu sais à quel point la cocaïne peut rendre paranoïaque. Ça en fait quelqu’un d’imprévisible, mais aussi de plus manipulable.

— Quelque chose de gros est en train de se tramer, insista Alex en faisant défiler plusieurs scénarios dans sa tête. Braga dînait avec deux gros bonnets ce soir… Je me demande s’il n’est pas en train d’essayer de renverser Ramos.

S’interrompant, il se redressa et regarda Emelio droit dans les yeux.

— Ecoute, j’aimerais que tu fasses des vérifications au sujet d’une fille. Meghan Elise Foster, de Baltimore.

— Ton rendez-vous de ce soir ? Tu crois qu’elle fait partie du cartel ?
— Je n’en sais rien. Elle bavardait avec Braga ce soir, mais ç’aurait très bien pu être innocent. Je veux m’en assurer.

Emelio hocha la tête.

— O.K., je passerai quelques coups de fil ce soir. En attendant, si on se commandait quelque chose à manger ?

Alex appela la réception et commanda deux repas. Il ne pourrait sans doute pas retrouver Meghan, finalement. Tant pis. Le boulot avant tout. Attrapant le téléphone avec un soupir, il composa de mémoire un numéro de téléphone à Miami. L’appel fut automatiquement transféré sur une autre ligne — une précaution de plus, au cas où quelqu’un vérifiait ses appels.

— Allô ? Ici Brent Easton.

Alex alla droit au but.

— C’est moi. Je suis avec Em. On vient aux nouvelles.

La voix d’Easton explosa à l’autre bout du fil.

— Où étiez-vous passé, nom de Dieu ? Je t’ai bipé il y a plus d’une heure.

— On progresse.

— Vous avez intérêt. Ça commence à chauffer ici et il n’est pas question que je prenne pour tout le monde.

— Braga m’a déjà contacté — mais je ne l’ai pas encore vu. Em sait de source sûre que Ramos est dans les parages.

— Ne déconnez pas, les gars, cette fois. Encore une erreur et on vous retire l’affaire, capice ?

— Et puis quoi encore ? répliqua Alex dans un accès de colère. Ça fait deux ans qu’on est sur le dossier et Ramos est enfin dans notre ligne de mire. Nick Alexander va bientôt entrer en scène. Manny Ortega est en taule et Braga cherche un nouveau banquier. Je suis sûr qu’il a confiance en Nick. Ce n’est pas le moment de tout foutre en l’air !

— Tu as intérêt à jouer dans les règles, Alex. Au moindre écart, les Affaires internes se feront un plaisir de t’épingler.

— Tu sais ce que je leur dis, aux Affaires internes ?

— Tu as un sérieux problème de comportement, ces derniers temps. J’en ai marre de vous couvrir, Emelio et toi, d’autant que la proc me met la pression. Je veux des résultats, Alex. Bougez-vous les fesses !

Sur ces mots, Easton raccrocha sans lui laisser l’occasion de lui répondre. Alex reposa le combiné sur son socle et chercha ses cigarettes du regard.

Avait-il réellement un problème ? Se pouvait-il qu’il ne soit plus un aussi bon flic ? A Overtown, il avait frôlé la catastrophe de très près. Peut-être aurait-il dû sentir le vent tourner… Deux personnes étaient mortes — et Emelio, comme lui, avaient failli y passer. C’était un miracle si sa couverture tenait encore debout. D’ailleurs, à quoi cela servait-il ? Depuis huit ans, il bossait sur des missions d’infiltration et n’avait quasiment plus de contacts avec sa famille et ses amis. Et malgré tous ces sacrifices, combien de trafiquants étaient passés entre les mailles du filet ?

Merde ! il commençait à détester son boulot.

Sortant sur le balcon, il coupa sa cigarette en deux et l’alluma. Avec tout le stress qu’il subissait, il n’arrivait pas à se débarrasser de cette sale habitude. Alors, il réduisait sa consommation.

— Il t’a mis la pression ? s’enquit Emelio en le rejoignant.

— Quand j’étais dans le Sud, à mes débuts en sous-marin, j’ai appris quelque chose de vital, hombre, déclara Alex, pensif. Tu sais quoi ?

Emelio haussa les sourcils d’un air interrogateur.

— J’ai malmené des indics, j’ai vu des criminels s’entretuer sans que ça m’empêche de dormir. Je suis même allé jusqu’à goûter les échantillons de coke pour rendre mon personnage plus crédible.

— Je sais, mec. Je connais ta réputation. Où veux-tu en venir ?

— Mes supérieurs ne m’ont jamais posé le moindre problème, tant que je leur ai donné des résultats. Mais cette fois, ils nous ont dans le collimateur. Pas question de commettre la moindre faute.

— Même si on fait tomber le cartel, ils continueront à nous mener la vie dure, remarqua Emelio. Tu y penses, toi, à raccrocher ? Tu te souviens de cette agence de détectives dont on avait parlé, dans le temps ?

Alex secoua la tête en recrachant un petit nuage de fumée.

— On a une mission à remplir, Em. Et moi, personnellement, je n’ai rien d’autre. Ce boulot, c’est ma vie. Pas question de tout foutre en l’air.

 
 

 

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5

La nuit est sombre et agitée, tout comme moi, dans l’attente de mon amant aux yeux verts…

Non. Recommence.

Ses cheveux noirs brillent dans le clair de lune. Je suis nue, devant lui, impatiente de désir…

Meghan referma le petit carnet vert et le posa sur le canapé à côté d’elle. Elle voulait écrire, mais impossible de se concentrer. Les yeux perdus dans le vague, elle regardait la nuit au-dehors, accablée par un étrange sentiment d’abandon.

Le départ soudain de Nick avait porté un coup à ses résolutions. C’était comme si l’homme de ses fantasmes — et avec lui, toute sa confiance en elle — s’était subitement évanoui. Elle se sentait triste et solitaire, et il s’en était fallu de peu pour qu’elle se terre dans sa suite avec un pot de glace au chocolat.

Elle avait cru sentir quelque chose de spécial entre Nick et elle — un lien émotionnel, en plus de l’attirance physique. Chaque fois qu’ils se touchaient, elle recevait une sorte de décharge. Ne l’avait-il pas ressenti, lui aussi ?

Elle avait dû se tromper, une fois de plus. Elle ouvrit la porte-fenêtre qui donnait sur le balcon et contempla, sourcils froncés, la petite foule qui se pressait autour de la piscine illuminée. C’était la soirée des célibataires à laquelle Julie l’avait invitée.

Et pourquoi pas ? Elle n’allait quand même pas rester dans sa chambre à se morfondre ! Non, elle se trouverait un amant pour les vacances et prendrait du bon temps avant de recommencer la fac. Elle saisit sa clé magnétique et quitta sa chambre.

Dehors, une large banderole était tendue au-dessus du chemin qui menait à la piscine. « Bienvenue à la soirée des célibataires. » Meghan hésita un instant, observant de loin les invités. La brise marine lui caressait les cheveux, légère et rafraîchissante. Tu peux le faire, songea-t?elle en s’armant de courage.

A peine eut-elle avancé d’un pas vers la piscine qu’un groupe d’hommes la remarqua.

— Hé, la sœur de Julie, par ici ! résonna une voix rocailleuse.

Elle se fit toute petite et se replia vers le bar. Il lui faudrait un peu plus que du courage pour se lancer dans la chasse au partenaire idéal. Alors qu’elle s’accoudait au bar, le barman — Alfonso, d’après son badge — lui sourit et se pencha vers elle. Il haussa la voix afin de se faire entendre par-dessus un air de salsa.

— Salut, la sœur de Julie !

— Appelle-moi Meghan ! répondit-elle en lui rendant son sourire.

— Que dirais-tu d’un rafraîchissement, Meghan ? Nous, les Jamaïcains, on fait des miracles avec des fruits frais et des glaçons…

— Merci.

Elle se retourna et balaya les alentours du regard. Peut-être Nick allait-il se montrer, après tout. Mais c’est Julie qui apparut soudain à ses côtés.

— Salut, Meg ! Où est passé ton pirate ?

— Parti nourrir son perroquet, je suppose.

— Désolée. Mais tu n’aurais pas pu mieux tomber pour lui trouver un remplaçant. J’ai fait une petite sélection de candidats potentiels au poste de M. Fabuleux.

— Comment savais-tu que mon pirate allait me laisser tomber comme une vieille chaussette ?

— Je n’en savais rien. C’était pour moi ! répliqua Julie en éclatant de rire. Tu viens ?

— J’attends qu’Alfonso ait terminé mon verre.

Julie regarda d’un air abasourdi le cocktail que le barman posa devant sa sœur.

— Tu lui as préparé un Miami Vice ?

— Tu m’as dit de pousser les clients à commander le cocktail du jour.

Meghan jeta un coup d’œil méfiant au liquide multicolore qui remplissait son verre puis le goûta du bout des lèvres. Hmm ! Du rhum, du jus de fraise, un peu de piña colada. Quant au liquide bleu qui flottait à la surface, elle n’aurait su dire de quoi il s’agissait… et préféra ne rien demander.

— Allez, Meg, prends ton verre et suis-moi. On va te trouver un bel étalon pour t’amuser !

Voyant Alfonso sourire jusqu’aux oreilles, Meghan rougit et se tourna vers sa sœur.

— Pourquoi ne l’annonces-tu pas carrément au micro ?

— Hé, je veux bien, moi, être ton jouet ! proposa le barman.

Julie lui jeta un regard torve par-dessus son épaule.

— Occupe-toi plutôt des clients, Casanova !

Alfonso adressa un clin d’œil à Meghan et tira la langue en direction de Julie avant de s’éloigner vers d’autres clients.

— J’ai fait de mon mieux pour écarter les nuls et les ratés, expliqua Julie en passant son bras sous celui de sa sœur, mais c’était difficile de poser toutes les questions que je voulais tout en restant subtile…

— C’est vrai que tu es connue pour ta subtilité, Jules.

Meghan prit une nouvelle gorgée de son cocktail tout en l’écoutant lui détailler les mérites respectifs de ses prétendants. Elle se détendit à mesure que le rhum agissait, distillant une chaleur diffuse dans ses veines.

Que Nick aille au diable ! Elle se *******erait… Non, elle se choisirait un autre amant. Elle regarda autour d’elle. D’accord, ils se donnaient tous un mal de chien pour se présenter sous leur meilleur jour — sans toujours y parvenir —, mais au moins, ils avaient l’air de s’amuser.

— Moi aussi, je peux m’amuser, dit-elle à haute voix.

— Bien sûr, ma chérie, acquiesça Julie en lui tapotant le bras. Viens, je vais te présenter à Bobby.

Après de courtes présentations, Julie la laissa entre les mains du moniteur de plongée, un Australien.

— Hello ! Beauté, la salua Bobby avec un sourire éclatant de blancheur, tout en la détaillant des pieds à la tête.

Meghan sentit son moral remonter. Il était beau, musclé, bronzé. Allez, Meg, sois sexy ! Elle tenta de s’imaginer entre ses bras, de l’inclure dans l’un de ses fantasmes… Peine perdue.


L’Australien était pourtant intelligent, charmeur, viril — trop viril. Après quelques minutes en sa compagnie, elle remarqua qu’il ne la regardait pas dans les yeux mais semblait fixer un point mouvant derrière elle. Elle se retourna. Incroyable, il déshabillait des yeux toutes les femmes qui passaient dans son dos !

— Coucou, c’est moi, tu te souviens ? fit-elle observer en faisant claquer ses doigts devant lui. Je m’en vais !

Elle retourna au bar et commanda un deuxième Miami Vice. Alfonso lui sourit d’un air encourageant, tandis que Julie la rejoignait, un nouveau candidat à ses côtés. Meghan accepta de danser avec lui. Ce n’était pas Nick, mais il n’était pas si mal. Grand, beau, expansif. Carrément bavard. Elle revint vers Alfonso quand son prétendant eut fini de lui confier ses préférences sexuelles — échangisme, ménage à trois, un brin de sadomasochisme…

Un autre Miami Vice, et ce fut le tour de James, représentant de commerce. Puis d’Evan, informaticien. Après son cinquième cocktail, Meghan perdit le compte des « merveilleux » célibataires que sa sœur lui présentait. Et quand Brian, de Sacramento, lui révéla qu’il était homosexuel et ne participait à la fête que pour faire enrager son petit ami, elle décida d’arrêter les frais.

Assise au bar, elle dessinait des petits ronds sur la buée qui recouvrait son verre. A quoi bon rester ? Elle avait déjà trouvé l’amant idéal. Aucun homme ne lui avait jamais fait autant d’effet. Quand il s’approchait, elle en avait la chair de poule.

Un peu comme là…

— J’ai changé de chemise pour vous plaire, murmura-t?on tout contre son oreille.

Elle reconnut sa voix chaude en même temps que son parfum mêlé à l’odeur du savon. Son cœur bondit dans sa poitrine, et elle pivota sur son tabouret. Oh, Dieu, qu’il était beau !

La tension sexuelle aiguisait ses traits et intensifiait son regard. Quant à son sourire sensuel, il était simplement irrésistible. Si elle s’était écoutée, elle l’aurait embrassé, comme ça, sans un mot.

Tendant la main, elle caressa sa nouvelle chemise, trop *******e qu’il lui donne un prétexte pour le toucher. Le tissu rouge et violet était certes soyeux au toucher, mais tout aussi révoltant à regarder.

— Je ne saurais dire laquelle je préfère… Est-ce qu’Aldo Maccione a porté plainte, quand vous avez dévalisé sa garde-robe ?

Nick eut un petit sourire moqueur et commanda une bière. Il se tenait si près qu’elle sentait la chaleur émaner de son corps. A moins que ce ne fût la flamme de son propre désir qui l’embrasait ainsi entre les cuisses.

— Je ne pensais pas vous revoir ce soir, fit-elle remarquer.

— Ça commençait tout juste à devenir intéressant…

Il porta sa bouteille de bière à ses lèvres et la reposa sur le bar tout en la dévisageant.

— Alors, reprit-il avec un air entendu, il paraît que vous êtes à la recherche d’un étalon ?

Elle fusilla Alfonso du regard. Le barman lui adressa un petit signe du pouce.

— Il lui semblait que je pourrais faire l’affaire, poursuivit Nick. Qu’en pensez-vous ?

— Je ne sais pas. Julie m’a branchée avec des types fascinants, ce soir… Je vais avoir du mal à choisir.

— Vraiment ? Et quels sont vos critères de sélection ? Je pourrais quand même tenter ma chance, on ne sait jamais.

Il posa un pied sur le rail qui courait le long du bar, et sa jambe frôla la sienne. Le bref contact de son jean contre sa peau nue lui brouilla les sens. A moins que ce ne fût les Miami Vice qui commençaient à faire leur effet ?

— Voyons… Ah oui. Je suis censée trouver un mec sexy, viril, cultivé, brillant, romantique et sensible.

— Ce n’est pas un peu contradictoire ? Viril et sensible ?

Elle éclata de rire devant l’aspect ridicule de sa liste.

— C’est vrai ! Enfin, du moment que vous n’êtes ni pervers, ni homo, ni coureur… ni flic !

Pourquoi avait-elle dit ça ? se demanda-t?elle en le voyant se raidir. Ce devait être l’alcool. Elle ne voulait pas qu’il la comprenne de travers.

— Ça m’a échappé, expliqua-t?elle vivement avec un geste vague de la main. Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas une criminelle en fuite et je n’ai rien contre la police. Mais ma sœur a été mariée à un flic. Ce n’était pas une partie de plaisir.

Il parut se détendre. Tout en la contemplant par en dessous, il s’adossa au bar et prit une nouvelle gorgée de bière. Elle ne put s’empêcher de regarder son entrejambe. Oh là là ! Détournant les yeux, elle essaya de calmer les battements de son cœur.

— Comment expliquez-vous que, lorsque je suis avec vous, j’ai l’impression d’être embarquée dans un train emballé ?

Il caressa sa joue du bout des doigts et prit son menton dans le creux de sa main. Elle leva les yeux vers lui. Ses yeux brillaient d’un curieux mélange de tendresse et de sensualité.

— Ne vous inquiétez pas. Avec moi, vous serez en sécurité.

Elle reprit son souffle, emplie d’une douce sensation de plaisir. L’intensité de son regard… et cette protubérance dans son pantalon. Il la désirait, c’était évident. Elle le voyait dans ses yeux, le sentait au contact de sa peau.

— Et qui me protégera de vous ?

— Nous savons, vous et moi, que vous êtes en mal d’aventure. Mais ne vous inquiétez pas. Nous allons prendre notre temps. C’est comme ça que j’avance. Lentement, mais sûrement.

Elle prit une gorgée de son cocktail et déglutit avec peine. Lentement ou pas, elle s’en fichait. Elle le désirait et elle l’aurait.

— Avant de faire mon choix, je veux vous voir en action, répliqua-t?elle, provocante. On danse ?

Il la fit descendre du tabouret et la prit dans ses bras. Elle s’attendait qu’il soit maladroit ou raide, mais non. Se laissant porter par la musique, il la guida d’un pas sûr, l’enlaça, la fit tourner puis la serra de nouveau contre lui.

Son corps s’accordait parfaitement au sien. A moins que ce ne soit le contraire. Peu importe. Elle se sentait parfaitement à l’aise entre ses bras, balançant des hanches, frottant ses cuisses contre les siennes. Elle avait lu un jour que les hommes qui dansaient bien étaient encore meilleurs au lit.

Nick était un excellent danseur.

Une décharge électrique passa entre eux. Serait-il aussi bon au lit que sur la piste de danse ? Elle avait hâte de le découvrir. Comme elle le regardait à la dérobée, il baissa la tête vers elle et lui adressa un clin d’œil. Son visage rayonnait, animé par le plaisir de la danse. Elle ne put s’empêcher de sourire tant sa joie était communicative.

Baissant les paupières, elle se laissa aller totalement dans ses bras. Et trébucha.

Oh ! oh ! Tous ces Miami Vice…

Il lui fallut un moment pour analyser son état. Les joues rouges, la tête qui tourne, les jambes qui flageolent… Elle se sentait tout émoustillée.

— Je crois que j’ai un peu bu.

Il se mit à rire.

— Une femme qui ne tient pas l’alcool ? Ah non, alors. Là, c’est vous qui ne correspondez plus à mon type de femme.

La musique avait changé et il l’entraîna vers le bar.

— Pas question de danser sur ce genre de disco ! Alfonso, vous nous préparez du café ?

— Je ne veux pas de café, protesta-t?elle en s’appuyant contre son épaule. Je veux encore un Miami Vice.

— Je crois que vous avez eu assez de « vice » ce soir.

— Oh non, ça ne risque pas ! J’ai un tel retard à rattraper… C’est moi la gentille fille, dans la famille.

Devant son sourire en coin, elle sentit ses dernières inhibitions s’envoler et le considéra avec impudeur. Ce soir, elle était l’allumeuse, l’amazone à la recherche d’un homme-objet. Elle allait mettre cet homme dans son lit.

Ses mains douces se poseraient sur sa poitrine et caresseraient sa peau sensible. Il prendrait ses seins dans la paume de ses mains, les soupèserait puis frotterait les petites pointes tendues de désir avec ses pouces.

Elle dressa la poitrine vers lui.

— Que se passe-t?il, Beauté fatale ? Vos yeux brillent d’une lueur dangereuse.

Elle allait prendre un risque incroyable qui la laisserait peut-être vulnérable et meurtrie. Mais l’alcool dans ses veines avait vaincu sa réserve. Attrapant la main de Nick, elle la posa sur sa cuisse.

Il l’agrippa, comme par réflexe, et ses pupilles se dilatèrent. Comme il ne retirait pas sa main, elle prit une longue inspiration et lâcha le morceau.

— Je veux faire l’amour sans réfléchir. Je veux que ce soit torride. Que ce soit fou. Et que ce soit avec vous.

 
 

 

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ãÚÏá ÇáÊÞííã: aghatha ÚÖæ ÈÍÇÌå Çáì ÊÍÓíä æÖÚå
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rihame vous etes la meilleure ma puce wow quelle comeback tu nous a epaté merci chere soeur on attd tjrs tes nouveautés si exquisites tu ne cesse pas de nous eblouir merci pr ts

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ aghatha   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÅÖÇÝÉ ÑÏ

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