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ÇáÊÓÌíá

ÈÍË ÈÔÈßÉ áíáÇÓ ÇáËÞÇÝíÉ

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ÞÏíã 20-03-09, 12:54 AM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 21
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ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
ÇáÚÖæíÉ: 62940
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 1,517
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ÞÏíã 06-04-09, 10:30 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 22
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ÇáÊÓÌíá: Sep 2007
ÇáÚÖæíÉ: 43839
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 67
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äÞÇØ ÇáÊÞííã: 16

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merci ma puce pr ce magnifique roman,enfin des romans en francais on attend la suite ac impatience et merci encore

 
 

 

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ÞÏíã 06-04-09, 11:19 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 23
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ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Mar 2007
ÇáÚÖæíÉ: 26400
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 1,140
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ãÚÏá ÇáÊÞííã: äæÑãáÇß ÚÖæ ÈÍÇÌå Çáì ÊÍÓíä æÖÚå
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 32

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ÔÜßÜÜ æÈÇÑß Çááå Ýíß ÜÜÜÑÇ áß ... áß ãäí ÃÌãá ÊÍíÉ .

 
 

 

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ÞÏíã 08-04-09, 03:29 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 24
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ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
ÇáÚÖæíÉ: 62940
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chapitre 9

Les premiers rayons d’un soleil radieux effleurèrent la table sur laquelle on avait déposé quelques violettes. Abby détourna le regard des fleurs pourpres et délicates et se lova contre Tanner, enroulant son bras autour de sa taille, mêlant ses jambes aux siennes.
Son souffle paisible et régulier finit par apaiser son angoisse. Elle ne voulait qu’une chose, jouir pleinement de ce moment d’intense bonheur. Pas question de se laisser aller à penser à demain, à leur retour à Los Angeles. Seul comptait le présent.
Et pourtant… si elle avait appris à connaître, à aimer cette part secrète de vulnérabilité qu’il s’efforçait de dissimuler au monde dans le seul but de se protéger, c’était précisément cette faille dans sa carapace qui ferait qu’il s’écarterait d’elle, la repousserait, l’oublierait. Tanner n’était pas prêt à s’engager et peut-être même ne le serait-il jamais. Elle ne se sentait pas, en tout cas, le courage d’affronter son rejet… Alors, dans le silence de ce petit matin, sa joue reposant contre son torse nu, elle résolut de prétendre qu’elle ne l’aimait pas et de profiter, sans espérer plus, de ces dernières heures en sa compagnie.
Elle se garderait bien de lui demander ce qu’il adviendrait de leur relation une fois de retour à Los Angeles. Elle devait d’ores et déjà effacer de son esprit toute éventualité d’un avenir quelconque avec lui. Tant pis pour elle.
Elle s’étira et sa main frôla son torse… Tanner ouvrit les yeux.
— Bonjour, mon artiste adorée, fit-il d’une voix chaude et sensuelle.
— Bonjour…Tanner, et si nous…
— Aucun problème, l’interrompit-il en venant embrasser son cou, je suis à vos ordres, trésor…
— Oh, mais non… Ce n’est pas ce que je voulais dire, tenta-t elle de protester en riant.
Elle n’insista pas. Elle savait être parfaitement inutile de résister à ses chuchotements, à ses caresses. Plus tard… Elle aurait tout le temps de lui mentir sur ses sentiments, de prendre ses distances avant qu’il les lui imposât…
Perdu dans ses pensées, Tanner la dévisageait, fasciné par les sensations que cette femme lui inspirait. Ses relations avec les femmes s’étaient avérées jusqu’ici d’une remarquable simplicité — aventures sans lendemain en tout point confortables qui lui avaient toujours donné entière satisfaction. Aujourd’hui, tout était différent. Abby. Il était fou d’elle. Et cette évidence le rendait plus fou encore…
Déjà, du haut de ses 7 ans, il n’aspirait qu’à une chose : grandir. Tandis que son père courait d’un jupon à l’autre, Tanner faisait son possible pour affronter le monde, heureusement choyé par sa grand-mère. A la mort de celle-ci, il avait intégré le pensionnat pour n’en ressortir qu’à l’âge de 16 ans. A 23 ans à peine, il s’affirmait comme l’un des hommes d’affaires les plus dynamiques de sa génération. Et depuis, il cumulait les succès et les victoires, seul, sans l’aide de quiconque, car c’était bien là son credo : il n’avait besoin de personne…
Jusqu’à la nuit dernière.
Abby avait changé tout cela.
Il en avait l’intime conviction.
Il lui sourit, se laissant pénétrer du seul bonheur que lui procurait sa présence, caressant avec une tendresse infinie ce corps auprès duquel il avait rencontré un plaisir mille fois plus intense que tous ces ébats furtifs auprès de chairs solitaires et tristes. Oui, tout cela était fabuleusement nouveau. Encore plus fabuleusement inattendu. Très bien, mais demain, Tanner ?
Se penchant sur ce visage dont il ne se lassait pas d’apprécier chaque détail, il l’embrassa, pris d’un désir subit et impérieux, comme si c’était pour la dernière fois. Or ça ne l’était pas. Oui, une fois rentrés à Los Angeles, rien ne s’opposait à ce qu’ils continuent à se voir…
Se dégageant de son étreinte, Abby le déséquilibra pour s’allonger sur lui, ses yeux brillant d’une passion pénétrante et presque douloureuse. Souriant à son trouble, elle murmura, mutine et provocante :
— Je vous préviens… Je ne quitterai pas ces draps tant que je n’obtiendrai pas ce que je veux…
— Voilà une menace à prendre au sérieux. Et quel sera mon sort si j’échoue dans ma mission ?
— Je ne vous permets pas d’échouer, dit-elle gravement.
Et de fait, ils n’échouèrent qu’après qu’un raz-de-marée de plaisir les eût submergés tous deux — et sur les plus doux des récifs…
Il était près de 10 heures quand ils se levèrent. Assise sur le bord du lit, Abby dégustait une brioche apparue, avec café et jus de fruits, comme par enchantement sur un plateau, devant la porte du bungalow. Quelques coups discrets à la porte et des pas qui s’éloignaient précipitamment, c’était tout ce qu’ils avaient entendu ; mais Abby aurait parié que Jan se cachait derrière ce petit déjeuner royal.
— C’est fou comme vous m’inspirez, fit Tanner.
— Je sais, vous me l’avez dit, répondit-elle en lui jetant un regard lourd de sens. Une bonne cinquantaine de fois entre cette nuit et ce matin…
— Trésor, répliqua-t il en avalant une gorgée de café, je parle là d’un autre type d’inspiration…
Elle sourit derechef comme il s’habillait. Ah ! qu’elle aimait l’éclat de ses yeux, la couleur cuivrée de sa peau ! Il émanait de lui une grâce qu’elle n’avait jamais entrevue chez aucun homme. Chaussé de ces bottes en caoutchouc, coiffé d’une casquette de base-ball, il était follement craquant…
Et désormais, il lui faudrait compter avec ça. Demain après-midi, elle reprendrait son service, au courrier, avec ce sentiment et ce désir tout-puissants et…
Elle frémit, abattue à cette pensée. Non, elle ne trouverait jamais la force de le croiser, jour après jour, et d’imposer le silence à son cœur, à son corps…
— J’ai une idée, reprit Tanner, l’air triomphant, pour notre défi…
— Ah… vraiment ?
— Oui, madame. Nous n’avons plus guère de temps. C’est ce soir que nous devons présenter notre création. Venez…
Ils sortirent aussitôt du bungalow et remontèrent le chemin du lac. Comme ils arrivaient au niveau du verger, Tanner ralentit le pas, pour s’arrêter devant un champ de pommiers.
— Oui ? s’enquit Abby, interloquée. Quel rapport entre ce verger et les confiseries Tanner ?
— Devinez, murmura-t il, d’un air énigmatique.
Elle fureta autour d’elle, huma le parfum capiteux des pommes. Ce verger était pour elle l’image même du paradis. La nature exposait ici toute la simplicité de son génie. Sous le ciel bleu pâle, des dizaines de pommiers se dressaient, leur tronc épais et rugueux surgissant d’un tapis de feuilles mortes allant du roux au brun orangé, amassées là par un vent capricieux. Des pommes par centaines pendaient aux branches tortueuses… Oui, c’était là, pour l’artiste qu’elle était, un tableau renversant et une leçon d’humilité.
Elle se tourna vers Tanner qui, les mains sur les hanches, arborait une mine satisfaite.
— Je ne comprends toujours pas… Euh, vous voulez faire pousser des bonbons… ?
— Abby ! Nous allons créer un bonbon à la pomme, voilà tout !
— Tous les deux ? Enfin, je veux dire, euh…
— Je sais ce que vous voulez dire… Oui, travaillons ensemble, main dans la main. A deux, nous ferons des miracles…
Elle baissa les yeux.
— Oui, bien sûr, bien sûr…
Il chercha à capturer son regard puis, chuchotant presque :
— Et ce bonbon, je le baptiserai La Gourmandise d’Abby…
— Vous me faites trop d’honneur !
Il montrait beaucoup d’application à la flatter, lui parut-elle. Probablement à cause de l’échéance de ce maudit week-end… Il devait déjà culpabiliser de l’issue qu’il allait forcément donner à ce qui resterait forcément pour lui un intermède…
— La première fois où nous avons dîné ensemble, vous m’aviez avoué adorer cet arbre…
Elle le fixa, désespérément émue.
— Oui, c’est juste…
Elle retint à grand peine ses larmes.
Au cri d’ « Au travail, maintenant ! », Tanner courut alors d’arbre en arbre, cueillant les fruits les plus dodus…
— Il manque quelque chose.
— Que suggérez-vous ? s’enquit Tanner.
Abby ferma les yeux pour mieux se concentrer. Le bonbon fondait suavement sur sa langue, laissant un goût acidulé. Oui, Tanner avait fait preuve de génie.
— C’est délicieux, vraiment, dit-elle… Je pense seulement qu’un nappage de caramel en ferait un produit plus original encore…
— Vous ne craignez pas que cela soit indigeste ?
— Allons, Tanner, dit-elle en riant, vous devez apprendre à raisonner comme un chef confiseur…
— Eh ! Je ne suis pas encore à la tête des Confiseries Swanson…
Et pour tout dire, l’idée que Frank n’appréciât pas ses efforts méritants ne l’obsédait pas. C’était là un sentiment nouveau pour lui qui, quarante-huit heures plus tôt, ne vivait que pour le business…
Tout à coup, son portable sonna. Sur l’écran, il vit s’afficher le numéro de son correspondant. Jeff, encore lui.
— Aucun souci, intervint Abby en se postant devant le fourneau. Je prends le relais le temps que vous téléphonez. Faites-moi confiance…
Tanner lui céda sa place, silencieux, son téléphone à la main. Jamais il ne s’était senti aussi heureux, aussi détendu… Non, il ne laisserait personne interrompre la magie de ce moment ! Le portable pouvait sonner, il s’en fichait.
Abby s’affairait, une spatule à la main, l’air appliqué et gourmand… Adorable, elle était tout simplement adorable avec son jean élimé et son T-shirt trois fois trop large, pas même maquillée. Si différente et mille fois plus désirable que ses anciennes conquêtes — toujours tirées à quatre épingles, toujours fardées, toujours en représentation…
Il s’avança et passa ses bras autour de sa taille, fermant les yeux pour mieux s’imprégner de son parfum, de sa présence.
— Je n’ai aucune envie de décrocher, lui dit-il à l’oreille.
— Alors, au travail ! ordonna-t elle en riant, le menaçant de sa spatule.
Côte à côte, ils s’activèrent avec enthousiasme, bavardant, riant de tout et de rien — s’aspergeant de sucre en poudre comme des enfants…
Oui, ce furent des instants de pure magie, de totale insouciance, tels que Tanner n’en avait jamais connus.
— Pas mal, dit-il en goûtant à leur mixture. Ce goût de pomme… votre peau a la même saveur…
Troublée, Abby passa brièvement sa langue sur sa lèvre. Un geste anodin… qui eut pour effet d’électriser Tanner. Son désir restait là, latent, toujours prêt à surgir… Oui, elle l’inspirait, le transportait.
— Je crois que nous pouvons être fiers de nous, Abby. Venez, maintenant, vous avez bien mérité une douche… J’ai moi-même à faire… Une surprise…
— Non… Je ne peux pas…
Tétanisée par la panique, Abby fixait le petit avion qu’un filin rattachait à un autre, à peine plus grand. Croyait-il sérieusement qu’elle embarquerait sur ce coucou ridicule ?
— … je n’en aurais jamais le courage, acheva-t elle.
Tanner passa un bras protecteur autour de ses épaules.
— Ecoutez-moi, Abby. A l’avant, c’est un Piper, un engin tout à fait performant. Quant au planeur, il n’a pas de moteur : vous n’avez strictement rien à craindre…
— Mensonges !
— Vous devez affronter votre peur, Abby.
— Et pourquoi donc ?
— Pour vous en libérer. Vivre dans la peur n’est pas vivre… Et puis, je suis là. Je vous aiderai…
— M’aider… ? M’aider à quoi ?
Croisant les bras, il la dévisagea, un sourire au coin des lèvres.
— Vous piloterez le planeur. Mais vous ne risquez rien… Je veillerai sur vous, promis…
— Mais… Je…
— Je serai installé derrière vous. Croyez-moi, c’est sans danger. Je possède mon brevet de pilote depuis longtemps et compte déjà à mon actif plusieurs centaines d’heures de vol…
— C’est de la folie !
— Au moindre problème…
— Quel genre de problème ? Tanner, je ne doute pas de vos compétences mais, euh… Allez-y, vous… Je vous regarderai, depuis le plancher des vaches, bien en sécurité…
Il prit ses mains dans les siennes et plongea ses yeux dans les siens.
— Abby…
— Quoi donc ?
— Faites-moi confiance… Je ne permettrai jamais qu’il vous arrive malheur…
C’était déjà fait, pensa-t elle amèrement. Demain, elle devrait se résigner à voir partir l’homme de sa vie. Seuls resteraient quelques souvenirs et une ébauche de portrait… Elle détourna les yeux.
— Qu’est-ce qui vous fait croire que je peux arriver à faire cela ? demanda-t elle au bout d’un long silence.
— Je crois en vous, Abby. Tout bonnement.
Il croyait en elle. Même dans ses rêves les plus fous, elle n’avait jamais osé espérer qu’un homme lui fît cette confidence. Tanner moins encore que les autres. Elle se sentit soudain prête à tout, habitée par un courage dont elle ne se serait pas cru capable. Se redressant, elle leva les yeux sur lui et, bravement, lança :
— Qu’attendons-nous ?
Tanner lui sourit, les yeux étincelants d’un bonheur sincère qui la fit tressaillir. A ce moment s’avança vers eux un homme d’un certain âge habillé d’un blouson de cuir aux couleurs de l’aérodrome.
— Vous et votre épouse êtes prêts au décollage, monsieur ? les interpella le pilote du Piper.
Tanner lorgna Abby, quêta son approbation. Inspirant une profonde bouffée d’air, elle opina enfin.
— Je ne peux pas être plus prête.
Un ciel immense et pur, lumineux et paisible. Une fabuleuse sensation de liberté… Oui, Tanner avait raison, et elle était heureuse de ne pas avoir laissé son angoisse la priver d’un tel spectacle.
D’un subtil mouvement du poignet, elle abaissa le manche. Le planeur amorça un piqué. Son estomac se noua ; la seconde d’après, elle sourit, en proie à une joie proche de l’euphorie. Derrière elle, Tanner cria :
— Excellent !
Un sentiment d’intense fierté l’envahit. Oui, elle ne s’en sortait pas si mal ! Oh, au début, il y avait bien eu quelques ratés. En particulier, lorsque Tanner avait décroché le filin qui reliait le planeur au Piper. Elle avait cru sa dernière heure arrivée… Puis, avec un calme désarmant, depuis son siège, à l’arrière, il lui avait montré comment exploiter le vent. Et, ô miracle ! elle s’était peu à peu sentie en confiance, et avait pris possession du manche, écoutant avec attention ses instructions. Une minute plus tard, elle avait réalisé que toute sa peur avait disparu, comme par magie.
— Tout va bien ?
— C’est merveilleux…
— Bon anniversaire, Abby.
Stupéfaite, elle se retourna.
— Mais, euh… Comment… ?
— J’ai mes espions. Alors ? Mon cadeau vous plaît ?
Une larme scintilla dans les yeux de la jeune femme.
— Enormément.
— C’est toujours ainsi, la première fois… Personnellement, je ne pourrais pas me passer de voler. C’est comme une drogue… J’ai besoin de cette paix, de cette clarté, du vent…
— Je vous envie.
— Rien ne s’oppose à ce que vous m’accompagniez. Vous serez toujours la bienvenue…
Elle se mordit la lèvre. Que venait-il donc de dire ? Envisageait-il de poursuivre leur relation ? Non, assurément, se raisonna-t elle, il avait parlé sans réfléchir, par pure politesse…
— Comme les autres, je suppose… marmonna-t elle, presque malgré elle.
— Aucune femme n’a jamais volé avec moi, répliqua-t il du tac au tac.
Aucune femme n’a jamais volé avec moi… Ce doux aveu bercerait désormais sa solitude. Abby sourit. Seul comptait le présent, le présent uniquement. Et la splendeur de ce paysage automnal, qui s’étirait mille pieds plus bas…

 
 

 

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ÞÏíã 08-04-09, 04:00 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 25
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ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
ÇáÚÖæíÉ: 62940
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chapitre 10

— Le bain de madame est avancé, déclara Tanner, solennel, en ouvrant la porte de la salle de bains.
Ils étaient rentrés de leur folle aventure céleste peu de temps auparavant, après une descente pour le moins turbulente — suivie néanmoins d’un atterrissage remarquable, dans un pré d’herbe tendre au beau milieu de nulle part. Venus les récupérer, des mécaniciens les avaient reconduits à l’aéroport tandis qu’au-dessus de leur tête s’amoncelaient d’épais nuages noirs. Ils s’apprêtaient à monter dans la limousine quand soudain Tanner l’avait enlacée, déposant sur ses lèvres un baiser furtif. Jamais il n’avait éprouvé une telle fierté à l’égard de quiconque.
En route pour le manoir des Swanson, Abby lui avait confié qu’elle se sentait littéralement fourbue après toutes ces émotions. Tanner avait songé à la soulager par quelques massages appliqués, puis s’était ravisé. Un bain serait plus raisonnable et la détendrait bien plus efficacement… D’autant que le dîner était prévu dans à peine trente petites minutes.
Il s’était douché en vitesse puis aussitôt habillé afin de lui libérer la salle de bains au plus vite.
— Dépêchez-vous, Abby, l’eau est à température idéale !
Les pieds nus, la jeune femme s’avança, ses cheveux roux dénoués, le peignoir jeté sur ses épaules.
— Est-ce un bain moussant ?
Tanner toussota, exaspéré par le désir que cette vision avait déclenché en lui.
— Un bain moussant ? Euh… Oui, bien sûr…
— Parfait…
Un sourire impertinent aux lèvres, elle effleura le revers de son smoking.
— … pour votre peine, et parce que je vous trouve affreusement sexy, je vous accorde un vœu…
— Un seul ?
— Jamais ******* !
— D’accord, d’accord. Une petite minute… Hum… Ça y est ! J’ai trouvé !
— Que souhaitez-vous ?
— Que vous laissiez la porte de la salle de bains ouverte.
D’abord interdite, Abby éclata de rire, les joues rouges de confusion.
— Dans quel but ? le nargua-t elle.
Tanner se saisit de la ceinture de son peignoir tout en chuchotant :
— Afin que votre esclave puisse assister à votre bain… cette fois.
— Cette fois ? soupira-t elle en retenant sa main qui déjà s’échappait, remontant le long de son dos.
Tanner avala avec peine sa salive. S’il n’arrêtait pas immédiatement, jamais lui ni Abby ne seraient en mesure d’honorer de leur présence la réception de ce soir. Et ce dîner représentait une étape capitale dans son projet d’acquisition. L’avait-il oublié ? Prudemment, il s’écarta et, prenant sa main :
— La dernière fois que vous avez pris un bain, j’étais derrière la porte, seul avec mes fantasmes…
— Ce n’était pas très aimable de ma part, ironisa-t elle. Hum… pour me faire pardonner, je vous accorde votre vœu…
Tanner serra sa main plus fermement, cette main qui portait l’alliance de sa grand-mère.
— J’ai passé une journée inoubliable, Tanner. Merci pour cette balade dans les airs… oui, merci pour tout, sincèrement.
— Tout le plaisir fut pour moi. Je vous le répète, vous serez toujours la bienvenue…
— J’aimerais tant…
— Qu’est-ce qui pourrait vous en empêcher ?
Fuyant son regard, elle haussa les épaules.
— Je doute disposer d’assez de loisirs, une fois rentrée…
— Peut-être pourrais-je de temps à autre vous enlever à vos cours de dessin ?
Elle eut un triste sourire.
— Peut-être. Je ne crois pas pouvoir me libérer, mais… Nous verrons bien…
Pouvoir se libérer ? Tanner fronça les sourcils, frappé de stupeur à l’idée d’être privé de sa présence. Mû par un subit désespoir, il l’enlaça et prit ses lèvres.
Abby se pressa contre lui, lui rendant son baiser avec la même fougue, cherchant à se fondre en lui, portée par le même désir fulgurant.
— Tanner…
Son peignoir glissa de ses épaules, dévoilant la rondeur d’un sein tendu.
Tanner fit courir ses lèvres sur son cou offert, goûtant avec délice chaque pore de sa peau. Son destin était lié à celui de cette femme. Plus rien désormais ne serait pareil. De toute façon, peu lui importait tout ce qui n’était pas elle.
— Tanner, je vous en supplie… Nous ne devons pas nous mettre en retard…
C’était elle, elle son employée, qui le rappelait à la raison — lui, l’homme d’affaires rigoureux et ambitieux.
Le monde à l’envers !
A bout de souffle, il se redressa. Oui, ils auraient tout le temps de se retrouver, en tête à tête, en corps à corps, une fois rentrés à Los Angeles… Inspirant une profonde bouffée d’air, il s’écarta puis ramena sans hâte le peignoir sur ses épaules.
— Au bain, princesse… Et n’oubliez pas la porte ! rappela-t il en prenant un air sévère.
Elle rit puis s’engouffra dans la salle de bains — abandonnant Tanner à l’ébullition de ses sens, les nerfs à vif.
Elle lui décocha un sourire coquin avant de laisser le peignoir choir sur le carrelage. La seconde d’après, elle s’immergea dans la baignoire, frissonnant imperceptiblement au contact de l’eau sur sa peau nue et brûlante. Elle demeura un long moment allongée, la tête renversée, les yeux clos. Puis elle se redressa et entreprit de faire glisser l’éponge sur son bras, son cou… Tanner sentit son cœur s’accélérer quand sa main disparut sous l’eau, s’attardant en des endroits que son esprit aux abois imaginait chauds et palpitants…
Laissant échapper un profond soupir, il serra les poings, se promettant d’explorer chaque centimètre de ce corps dont il se savait aujourd’hui, et pour l’éternité, l’esclave ô combien consentant.
Attendrie, Abby regarda la vieille femme et son mari goûter une nouvelle fois aux bonbons à la pomme que Tanner et elle avaient mis au point, bonbons qui ce soir avaient remporté un franc succès.
A sa grande surprise, le dîner s’était déroulé dans une ambiance plutôt bon enfant. Les autres candidats à la reprise des Confiseries Swanson s’étaient montrés chaleureux et affables, et nul n’avait eu le mauvais goût d’évoquer l’affaire qui les avait réunis là ce soir.
Peu après 21 heures, les deux derniers couples avaient pris congé, prétextant une longue route ou un avion à prendre. En réalité, tous les convives avaient fini par se rendre à l’évidence : les vainqueurs du défi lancé par Frank étaient déjà désignés. Il n’avait échappé à personne que les Swanson avaient définitivement adopté Tanner et Abby. Celle-ci se reprochait d’autant plus d’avoir menti à ses hôtes. Bien sûr, Jan connaissait leur secret, mais que se serait-il passé si elle s’était confiée à son mari ? S’il avait connu la vérité, Frank se serait-il prononcé en faveur de Tanner ? Restait à espérer que celui-ci se montrât digne de cette confiance.
Frank et Jan s’étaient enthousiasmés pour leur confiserie fruitée, présentée à la fin d’un repas gargantuesque. Frank avait gratifié Tanner d’une franche claque dans le dos, riant aux éclats, tandis que Jan adressait à Abby un clin d’œil complice.
La famille Swanson était rassemblée au grand complet, et Tanner n’avait cessé de jouer avec les enfants de Kat, comme si l’issue de cette soirée lui avait échappé.
— Tanner me semble mûr pour la paternité, avait même chuchoté celle-ci à l’oreille d’une Abby rouge comme une pivoine.
La petite fille de cinq ans juchée sur ses épaules, Tanner semblait aux anges. Sa patience était exemplaire, son calme étonnant et sa tendresse touchante. Que de temps passé, que de bouleversements depuis leur première entrevue, dans la maison du bord de l’océan, réalisait Abby, un sourire ému aux lèvres…
Au cours de ces trois jours, elle avait vu s’affirmer un autre Tanner, à des années-lumière du Tanner qu’elle connaissait. Le séducteur froid avait cédé la place à un homme attentif, plein d’humour et de délicatesse.
Un homme qu’elle aimait.
Et dont il lui faudrait se séparer, pas plus tard que le lendemain…
A genoux devant la cheminée, Tanner craqua une allumette près de la feuille de journal. Dans un ballet de flammes majestueuses, le bois sec s’anima… Exactement comme il en était de lui lorsque Abby se tenait à ses côtés. D’ailleurs, tout fonctionnait bien mieux dès qu’elle était près de lui…
La soirée s’était idéalement déroulée et il avait atteint son objectif. Frank et Jan lui avaient remis le contrat de vente dûment paraphé, affirmant être ravis de céder l’entreprise familiale à des gens aussi formidables — et qu’ils considéraient dorénavant comme des amis.
Il se retourna, pour la dixième fois peut-être depuis qu’ils avaient regagné le bungalow, regardant avec insistance la porte de la salle de bains.
Abby. Elle serait à lui, cette nuit… A condition qu’elle daignât se montrer enfin.
— Abby ?
— Une petite seconde.
Une bonne minute plus tard, la porte s’ouvrit. Tanner fut médusé. Abby se tenait devant lui, ravissante dans son déshabillé crème, ses cheveux roux cascadant sur ses épaules… Il fronça les sourcils quand, provocatrice, elle s’adossa au chambranle, dardant sur lui un regard plein de défi. Il esquissa un sourire en pensant à la femme qui, quelques jours plus tôt, pénétrait dans son bureau, accumulant gaffes et maladresses.
— Prêt à fêter ça ? fit-elle d’une voix sensuelle.
Il s’efforça de contenir le désir qui l’étreignait.
— Vous êtes délicieuse…
Elle vint jusqu’à lui et s’agenouilla .
— Merci…
N’y tenant plus, il se jeta sur elle, prenant sa bouche avec fureur, gémissant du bonheur de retrouver ses lèvres dont il lui semblait avoir été privé une éternité entière.
— Tout a été si… Ce séjour fut merveilleux, Tanner, chuchota-t elle en plongeant ses yeux dans les siens.
Il crut percevoir dans son ton l’écho d’un adieu, d’une séparation.
— Abby, de retour à Los Angeles, je voudrais tant que, euh… nous continuions à nous voir.
Elle se dressa sur ses genoux, le cœur battant.
— Que… Que dites-vous… ?
Tanner hésita. Une lueur s’était allumée dans les yeux d’Abby, lueur qu’il connaissait par cœur pour l’avoir vue cent fois briller, chaque fois qu’il avait laissé les choses aller un peu trop loin avec l’une ou l’autre de ses conquêtes. Le mariage n’était pas dans ses projets. En revanche, il n’imaginait pas pouvoir se passer d’Abby. Restait à lui faire comprendre qu’il avait besoin d’elle — sans lui donner de faux espoirs.
— Abby, je…
Quelques coups discrets frappés à la porte les firent tous deux sursauter.
— Peut-être Frank et Jan souhaitent-ils sceller ce contrat de quelques coupes de champagne ? suggéra-t elle en se levant. Ne bougez pas ! Je vais chercher des bougies dans la salle de bains.
Tanner se leva à son tour, contrarié de ne pas avoir pu éclaircir les choses. Car le temps pressait et… Oui, si les Swanson entendaient porter quelques toasts, il leur ferait gentiment comprendre qu’il avait d’autres projets…
Ouvrant grand la porte, il se figea, et considéra Jeff Rhodes comme s’il se fût agi d’un extraterrestre.
— Salut, patron ! dit celui-ci, sourire aux lèvres, une chemise bourrée de dossiers sous le bras.
— Que faites-vous là ? s’exclama Tanner en repoussant Jeff sous le porche, fermant la porte du bungalow derrière lui. Ce n’est pas le moment…
— Je comprends, ricana sottement son D.R.H. J’ai essayé de vous joindre sur votre portable… Rien à faire. Alors j’ai pris le premier avion.
— Quel est le problème ?
— Harrison. Il monte encore les enchères. Nous avons décidé d’une réunion demain, à 10 heures.
— Les enchères ? Une réunion ? De quoi parlez-vous ? J’ai besoin de temps. Harrison attendra…
— Allons, boss… C’est un marché juteux pour Tanner Enterprises… Ne laissons pas passer cette opportunité.
L’idée de signer un contrat de plusieurs millions de dollars n’excitait plus Tanner. C’était comme si toutes ses théories sur le business s’étaient effondrées. Certes, il avait envisagé de revendre les Confiseries Swanson à Harrison. Mais c’était avant… Dans une autre vie…
— Vous n’êtes pas habilité à mener des négociations de cette envergure, Jeff, marmonna-t il.
— Mais, je pensais que…
— Ne pensez plus.
Sa décision était prise. Une décision folle. Car il devait avoir perdu la tête pour refuser l’offre de ce satané Harrison !
Il fit quelques pas et contempla le lac, avant de déclarer, sur un ton ferme :
— Les Confiseries Swanson resteront dans la famille.
Jeff en fut bouche bée.
— Pardon ? La famille ? Quelle famille ? Qu’est-ce qui vous arrive ? Vous êtes malade ?
Tanner se retourna, l’air grave. Plus qu’un précieux collaborateur, Jeff était son ami. Mais un ami méritait parfois qu’on lui rappelât sa place.
— Vous disiez, Jeff ? s’enquit-il, glacial.
— Euh, et bien… bafouilla le jeune homme, je m’inquiète, comprenez-moi…
— Vous vous inquiétez pour moi, Jeff ? Ou pour le capital de Tanner Enterprises ?
— Je ne vous reconnais plus.
— Parce qu’en ce qui me concerne, reprit Tanner, je ne me suis jamais senti aussi bien. Peut-être cela ne vous importe-t il pas, au fond…
— Mais… Mais…
Jeff dévisagea son patron un long moment puis, brusquement, il éclata d’un rire incrédule.
— Ne me dites pas que vous êtes tombé amoureux de la fille du courrier ?
— Manquez-lui une seconde fois de respect et vous aurez mon poing sur la figure.
Jeff fourra ses dossiers dans son attaché-case.
— Très bien, très bien. Je repars pour Los Angeles… Je vais annuler la réunion de demain… J’espère qu’Harrison ne nous fera pas un procès pour abus de confiance…
— Harrison n’osera jamais. Il me craint trop…
Et il avait raison de le craindre, étant donné la réputation qu’il s’était forgé dans le monde des affaires. Une réputation de fonceur, d’ambitieux. Et il s’apprêtait à tout gâcher ? A renier toutes ces années de travail acharné, de sacrifices ?
Perplexe, il se frotta les mâchoires. Où était donc passé son sens aigu des priorités ? Il allait tout remettre en question à cause de trois petites journées délicieuses ? Abby, quelque exquise qu’elle fût, ne ferait-elle pas que passer dans sa vie ? Oui, il ne pouvait en être autrement. L’expérience lui avait prouvé à plusieurs reprises que ce monde ne se prêtait pas aux sentiments. Les trahisons le disputaient aux mensonges, les coups bas aux intrigues. Exactement comme dans le business, à cette différence près que les affaires ne vous brisaient jamais le cœur…
N’avait-il pas vécu ces trois derniers jours dans un état de profonde hypnose ?
Il comprit subitement qu’il devait s’arracher à cette léthargie, revenir sur terre.
— Je serai au bureau demain à l’aube. Rentrez à Los Angeles et veillez aux préparatifs de cette réunion…
Il n’attendit pas la réaction de Jeff et rentra dans le bungalow avec le sentiment très net de n’être plus le Tanner qui en était sorti, il y avait quelques minutes à peine.
Fini l’insouciance, la liberté, le bonheur.
Enveloppée dans son peignoir, Abby l’attendait, au pied de la cheminée.
— Je suis désolé, commença-t il, c’était mon…
— Je sais, l’interrompit-elle froidement.
Tanner vint s’asseoir auprès d’elle, le cœur battant d’une lourde appréhension.
— Qu’est-ce qui ne va pas ?
— Comment osez-vous ? se récria-t elle, les yeux brillant de colère. Vendre la société que vous venez tout juste d’acquérir ? Et à un homme qui ne souhaite que la dissoudre ?
— Question de gros sous, Abby. Vous ne pouvez pas comprendre…
— C’est juste ! Je ne peux pas comprendre. Non, je ne peux pas comprendre que vous trompiez ainsi la confiance des Swanson. Expliquez-moi…
— Le business.
— Le business a bon dos ! Il vous autoriserait donc à blesser des personnes qui ont foi en vous ? Je croyais que vous aviez changé, Tanner. Je pensais que vous et moi, euh…
Elle secoua la tête.
— … je ne sais plus ce que je pensais.
Abby sentit un désespoir profond s’abattre sur elle. Ce n’était pas ainsi qu’elle avait imaginé leur dernière nuit dans le Minnesota. Elle avait rêvé de moments somptueux, sensuels et gais… Comment avait-il pu… ? C’était là l’acte d’un homme d’affaires froid et calculateur, pas celui de l’homme aimant et tendre qui l’avait tenue dans ses bras la nuit dernière.
Elle avait pourtant l’intuition que cet homme pour lequel aujourd’hui elle aurait tout donné existait encore quelque part, enfoui au fond de lui…
— Je vous aimais, Tanner, tellement… dit-elle d’une voix mal assurée. Mais ce Tanner-là…
— Amoureuse ? répéta-t il. J’ai pourtant été clair, Abby. Je n’ai aucune envie de m’engager ni de me marier. Je tiens trop à ma liberté.
— Et vous imaginez que je désire vous en priver ? répliqua-t elle. Le mariage n’est pas une prison, Tanner. C’est un contrat d’amour autant que d’amitié…
Il soupira et effleura sa joue, la forçant à le regarder.
— Je veux simplement continuer à vous voir, Abby.
— Aujourd’hui, peut-être. Qu’en sera-t il plus tard, lorsque vous vous lasserez de moi… ?
— On ne sait jamais ce que la vie nous réserve, Abby. Le plus solide des liens peut un jour se défaire et…
— Et vous préférez ne pas vous engager !? Par crainte d’être abandonné…
— Vous vous trompez…
— Je ne le crois pas…
Les yeux d’Abby s’égarèrent sur le bloc-notes qui gisait au pied du lit. Tout de go, le souvenir de cette nuit magique la submergea… Non, se dit-elle, il ne pouvait en être ainsi. Elle devait essayer encore et encore de toucher son cœur.
— Un jour, quelqu’un m’a dit qu’il fallait surmonter ses peurs… Vous vous souvenez ?
— Quel est l’idiot qui a pu vous seriner pareille bêtise ?
— C’est vous.
Croisant les bras, Tanner fronça les sourcils, puis, sur le ton détestable du parfait businessman :
— Ecoutez, j’ai réellement envie que nous poursuivions cette relation… Mais pas question d’engagements ni de critiques sur ma façon de mener ma vie. Voilà tout ce que je puis vous offrir.
Cela ne suffisait pas. Si elle l’aimait comme jamais elle n’avait aimé auparavant, elle le haïssait dans le rôle qu’il endossait ce soir.
— Votre offre ne m’intéresse pas, monsieur. Tanner, lâcha-t elle.
Il lui décocha un regard lourd de reproches.
— Je dois rentrer à Los Angeles.
Abby se mordit la lèvre. Elle n’allait pas lui faire l’honneur d’éclater en sanglots !
— Très bien, parvint-elle à articuler. Je ne vous retiens pas… J’expliquerai à Frank et Jan qu’une affaire urgente a nécessité votre retour.
— C’est vraiment ce que vous souhaitez ?
Avec le sentiment que son existence entière se décidait en cet instant, elle murmura, déterminée malgré tout :
— Oui. Partez au plus vite… Vous n’avez plus rien à faire ici. Vous avez obtenu tout ce que vous vouliez…
Il la dévisagea, les traits tendus par une colère contenue. Le feu derrière lui flambait allégrement… Abby baissa les yeux.
— Je ferai en sorte que le jet soit à votre disposition, demain matin, dit-il en se levant.
— Ne vous inquiétez pas pour moi, Tanner. Je prendrai un charter, comme tout le monde.
Il ne rajouta pas un mot. D’un geste vif, elle essuya une larme brûlante qui roulait sur sa joue. Cette journée qui avait débuté comme si elle devait être la plus belle de toute sa vie… se révélait être la pire de toutes. Elle avait attendu cette nuit avec tant d’impatience, tant de bonheur et de désir ! Et voilà que tout s’écroulait. Non, jamais elle n’avait éprouvé telle souffrance…
Dans un silence têtu, Tanner rassembla ses bagages, enfila une veste, et prit la porte.
La seconde d’après, Abby fondait en larmes.

 
 

 

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