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CHAPITRE 6




La pluie survint au beau milieu de la nuit. Par petites gouttes d’abord avant de tomber en un rideau épais et froid. Puis un vent glacial se leva, auquel Tanner resta parfaitement insensible. Les jambes étirées, adossé nonchalamment au dossier du transat, la tête renversée en arrière, il se laissa envahir par le parfum lourd et tenace de la terre humide. Depuis le porche du bungalow, on avait une vue grandiose sur la nature alentour. C’était également l’endroit idéal pour une conversation téléphonique sans témoin.
Jeff avait appelé sur son portable alors qu’ils revenaient du laboratoire, tour à tour désespérant à grands renforts de lamentations ou riant aux éclats de leurs tentatives infructueuses de créer une confiserie digne de ce nom. La sonnerie du téléphone les avait brutalement rappelés à la réalité, aux raisons de leur présence dans le Minnesota et aux enjeux qui y étaient liés. Le professionnel qui sommeillait en Tanner avait resurgi sitôt que Jeff l’avait avisé d’une importante nouvelle. Discuter affaires en présence d’Abby ou de qui que ce fut d’autre n’étant pas dans ses habitudes, il avait raccroché, promettant de rappeler au plus vite.
Accélérant le pas, il avait rattrapé Abby qui s’était éloignée, par discrétion. Maudit téléphone venu rompre le charme ! Tous deux avaient continué leur chemin, moroses et silencieux. Parvenus au bungalow, elle était aussitôt rentrée, non sans lui avoir souhaité bonne nuit, en fuyant son regard.
A présent, son téléphone à la main, Tanner était la proie d’une fébrile impatience. Etait-ce son désir de rejoindre au Abby à l’intérieur ou la curiosité teintée d’anxiété que Jeff avait éveillé en lui ? A l’autre bout du fil, celui-ci décrocha après deux sonneries. Tanner coupa court aux politesses d’usage.
— Il est presque 1 heure du matin, ici, Jeff. Cela ne pouvait attendre demain matin ?
— Je ne pense pas… J’ai appris qu’Henry Ward, votre concurrent le plus sérieux, avait fait grimper son offre pour les Confiseries Swanson.
Tanner se frotta les mâchoires. La bataille risquait de s’avérer plus rude qu’il ne l’imaginait.
— Combien ? se *******a-t il de demander.
— 5 millions.
— Eh bien, proposons 5 millions et demi.
— Euh… Vous parlez sérieusement ? bredouilla Jeff.
— Je ne sais plus trop aujourd’hui faire la différence entre les décisions sérieuses ou pas, répliqua Tanner avec un certain agacement.
— Ah ? Votre séjour à la campagne se passe mal ?
— Tout se déroule pour le mieux. Juste un détail que je dois à tout prix régler…
— Vous semblez tendu, patron…
— Peut-être parce que vous m’appelez au beau milieu de la nuit…
— Bien sûr, ricana Jeff, manifestement peu sensible à la mauvaise humeur de Tanner. Au fait, comment se porte votre épouse ?
— Abby assume son rôle à la perfection, et je vous prierai d’abandonner ce petit ton narquois.
— Oh oh ! Excusez-moi, je ne savais pas…
— Vous ne saviez pas quoi ?
— Eh bien… Vous paraissez, euh… Seriez-vous tombé amoureux, chef ?
— Quelle idée ridicule ! Bon. Je dois raccrocher… Tenez-moi au courant.
— Bien sûr.
— Oh, Jeff, j’allais oublier…
— Oui, je sais. Je suis viré, marmonna son plus proche collaborateur en riant. Ah, une seconde, boss ! Harrison m’a harcelé toute la journée. Il exige que nous lui signons une promesse de vente. Il tient absolument à vous racheter les Confiseries Swanson.
A cet instant, les lumières du bungalow s’éteignirent, déclenchant en Tanner une brusque bouffée de désir. Abby s’était mise au lit. Et il aurait tout donné pour être à côté d’elle. Tombé amoureux… Les paroles de Jeff résonnaient dans sa tête.
— Je ne vois pas ce que je pourrais lui vendre à cette étape de la négociation, finit-il par repartir. Faites-le patienter…
— Parfait. Bonne nuit, patron.
Agacé, Tanner fut tenté de jeter son portable dans les eaux profondes et noires du lac. Pourquoi avait-il réagi si violemment à l’allusion de Jeff ? Son collaborateur ne faisait là que plaisanter, après tout. Comme il l’avait fait des centaines de fois auparavant à propos d’autres femmes.
En quoi cette fois les choses étaient-elles si différentes ?
Un assourdissant coup de tonnerre retentit en guise de réponse. Il leva les yeux et, estimant que l’heure était décidément bien trop avancée pour méditer les effets qu’Abby avait sur lui, il décida de rentrer. Le mieux était qu’il se couchât lui aussi et s’accordât quelques heures de sommeil. Il y verrait plus clair demain.
— Oui, arrête de penser à tout cela, marmonna-t il en se levant.
Saisissant la poignée de porte, il la tourna avec lenteur, soudain indécis. Elle était là, si proche, pelotonnée sous sa couette, revêtue à coup sûr d’une légère nuisette, aussi décolletée que transparente…
Stop ! Il ne s’agit pas de vacances romantiques. Non, tu n’es pas tombé amoureux d’Abby. Certes, tu désires cette femme à la folie, mais de là à l’aimer…
Il se tourna et jeta un dernier regard au lac qui s’étirait devant lui, immobile. De majestueux éclairs zébraient le ciel…
Quelle nuit électrique ! Il poussa la porte, évitant de faire le moindre bruit. Le parfum d’Abby l’assaillit à la seconde même où il pénétra dans le bungalow. La nuit promettait d’être longue… Comment diable parviendrait-il à fermer l’œil dans une atmosphère si lourde de sensualité ? Comment trouverait-il la force d’oublier qu’elle dormait à quelques mètres de lui à peine ? Bon sang, dans quel traquenard s’était-il lui-même fourré ?
La lumière aveuglante d’un éclair inonda subitement la pièce. Furetant autour de lui, Tanner constata qu’Abby n’avait finalement pas tenu compte de sa promesse de dormir dans la baignoire. Elle avait en effet préparé à son attention le canapé, au pied de la cheminée. Malgré l’obscurité qui régnait de nouveau à l’intérieur du bungalow, il distingua bientôt une forme allongée sur le lit. Dormait-elle ? L’entendait-elle tandis qu’il retirait, avec force gesticulations son jean et sa chemise ? Ne sentait-elle pas combien il mourait d’envie de la rejoindre ?
Tanner, en caleçon, s’allongea sur le canapé et tira la couverture à lui. Il ferma les yeux et pria pour qu’un sommeil lourd s’emparât de lui…
Ne ferait-il pas mieux d’aller chercher le repos sous le porche ?
Abby ouvrit les yeux et se mit à observer Tanner. En dépit de la pénombre, elle remarqua que ses pieds débordaient amplement du canapé. A l’évidence, ce lit de fortune ne convenait pas à un homme de sa stature…
Il devait être aux environs de 5 heures et le soleil n’allait pas tarder à poindre. Elle n’avait pas fermé l’œil de la nuit, comme à l’affût, l’esprit obsédé par Tanner, épiant son souffle irrégulier, s’alertant de ses grognements.
N’ayant jamais fait chambre commune avec un homme, elle ne parvenait pas à se défaire d’une certaine tension. La seule pensée qu’il dormait là, si près, suffisait à l’oppresser. Un moment, elle avait hésité à l’inviter près d’elle afin qu’il put dormir de manière plus décente. Le courage lui avait manqué. Tanner en aurait probablement déduit qu’elle lui faisait des avances…
Et à supposer que ce fut le cas, où était donc le mal ? s’interrogea-t elle en enlaçant son oreiller. Après tout, des avances de cette nature pouvaient s’avérer délicieuses. Oui, mais… Si elle n’était plus vierge, elle n’avait pas une grande expérience des choses du sexe.
Une fois, une seule, elle avait fait l’amour.
Cela était arrivé il y avait bien longtemps, la nuit de la remise des diplômes. Greg avait beaucoup bu ce soir-là, sans qu’elle s’en inquiétât toutefois le moins du monde. Il lui avait murmuré les mots qu’elle voulait entendre — puis ils s’étaient aimés. Dès le lendemain, elle prenait conscience de son erreur, de la manière la plus cruelle. Non ******* de la plaquer, Greg l’avait présentée à ses camarades comme une fille facile. Lui accorder sa confiance avait été la pire erreur de sa vie. Une erreur qu’elle s’était jurée de ne jamais renouveler.
Elle tourna la tête : Tanner venait de bouger.
Abby inspira une profonde bouffée d’air. Elle n’était plus l’adolescente abusée et bafouée d’autrefois. Et tous les hommes n’avaient pas l’indélicatesse de Greg. Elle était adulte et en mesure de prendre ses responsabilités.
Elle leva les yeux au ciel en se souvenant de l’intensité de ses émotions sitôt que Tanner s’avisait de la regarder. Des adultes, oui, tout à fait en mesure de partager le même lit sans que cela impliquât nécessairement…
— Tanner ? murmura-t elle. Vous dormez ?
— Non.
— Comment vous sentez-vous sur ce canapé ?
— Un peu à l’étroit…
— Je le savais…
Un éclair illumina le ciel.
— Abby, chuchota-t il d’une voix tendre, vous n’avez pas peur de l’orage ?
— Non, bien sûr que non, répondit-elle.
En revanche, se fit-elle la réflexion, me retrouver seule avec vous dans cette pièce, dans ce lit, me terrifie. Oui, toutes ces sensations que vous déchaînez en moi me terrifient…
— Vous ne semblez guère convaincue, remarqua-t il, se trompant sur les vraies raisons de son brusque silence.
Elle l’entendit qui s’agitait et une seconde plus tard, elle sentit le matelas qui s’affaissait sous son poids.
Il effleura son épaule et prenant son menton, la força à le regarder.
— Les éclairs vous effraient ?
Abby voulut détourner les yeux mais n’en fit rien. Une lumière crue déchira alors la pénombre, éclairant Tanner comme en plein jour. Un orage tout aussi apocalyptique s’éleva brusquement en elle, un orage dont elle sut qu’elle ne sortirait pas indemne. Jamais elle n’avait vu Tanner si peu vêtu… Et elle en avait le frisson. Oui, il était beau et bâti comme un dieu. Elle dut faire un effort surhumain pour résister à l’envie de le toucher, de caresser sa peau, de l’attirer contre elle.
— Ne craignez rien… Si vous avez besoin de moi, je suis là, reprit-il en lui souriant.
Elle lui sourit en retour, malgré le feu qui coulait dans ses veines. J’ai besoin de quelque chose, oui, se dit-elle. Mais à le prendre, quels sont les risques ? Rien moins que la honte, le chagrin, le déshonneur, peut-être… Tanner ne se plairait-il pas, comme Greg, à la malmener, lui aussi ? S’ils faisaient l’amour, la plaquerait-il avec le même mépris ? Pour retourner dans les bras d’une femme du même monde que lui, de la même classe sociale que la sienne, quelqu’un de mille fois mieux qu’elle ?
Et alors, qu’en avait-elle à faire ?
— Abby… Voulez-vous…
— Oui ! soupira-t elle sans le laisser terminer sa phrase.
— Dessus ou dessous ?
— Pa… Pardon ?
— Comment souhaitez-vous que je dorme ? Sur la couette ou… ?
— Ah… Oh, dessous sans aucun problème, répliqua-t elle, le cœur battant la chamade.
Elle s’empressa de lui tourner le dos et lança :
— Bonne nuit, Tanner.
— Bonne nuit, Abby.
Celle-ci retint sa respiration en sentant Tanner se faufiler sous la couette. De nouveau, le matelas se creusa sous son poids. De nouveau un éclair foudroya la nuit. Et si par inadvertance, elle effleurait ses pieds. Ses jambes…
Tanner ne donnait pas cher de son entendement. La folie le guettait ! Il n’était pas homme à partager le lit d’une femme en tenue légère pour lui préférer les bras de Morphée…
Jusqu’ici, il était parvenu non sans mal à donner l’illusion d’une sereine maîtrise de soi, mais son corps, lui, était le théâtre d’un séisme à la magnitude jamais atteinte. Il la désirait, comme un fou. Et ce désir était réciproque, il en avait la certitude. Tous deux étaient adultes et responsables et… Qu’était-ce donc qui lui interdisait de tendre la main ?
— C’est plus confortable qu’un canapé, non ? murmura-t elle, son talon frôlant l’espace d’une seconde sa jambe.
— Parfait, fit-il en maquillant sa voix qu’il devinait tremblante de désir.
— S’il arrivait que je vous heurte, excusez-m’en par avance. Enfant, je dormais dans le même lit que ma sœur qui se plaignait de recevoir des coups à longueur de nuit.
— Merci de me prévenir.
— Néanmoins, je ne crois pas que je gigoterais beaucoup, cette nuit.
— Ce matin voulez-vous dire ?
— C’est juste.
Elle se tut un long moment et il imagina qu’elle s’était endormie.
— Tanner ?
— Oui ?
— Vous avez des frères et des sœurs ?
— Ni l’un ni l’autre.
— Vos parents, où se trouvent-ils ?
— J’étais tout petit lorsque maman est décédée.
— Excusez-moi…
Tanner serra les dents. Il détestait évoquer sa famille — ou plutôt son absence de famille. Seul le présent comptait — parce qu’il préparait l’avenir. En aucun cas le passé, sur lequel il n’avait aucune prise.
— Et votre papa ? continua-t elle d’une voix douce.
— Il réside en France.
— Tiens ? On pourrait lui téléphoner et lui demander de nous envoyer la recette d’un grand pâtissier… suggéra-t elle sur un ton léger.
— Impossible.
— Pourquoi ?
— Il est injoignable. Depuis près de trente ans.
— Et en cas d’urgence, euh… ? Vous n’avez pas d’autre famille ?
— Non. En cas d’urgence, je me rendrais comme un grand à l’hôpital, tout simplement.
— C’est terrible, dit-elle, manifestement choquée.
Tanner se la représenta hospitalisée, sa chambre remplie de fleurs et à son chevet ses grands-parents, son père et sa mère, les oncles, les tantes, les cousins et jusqu’au chien de la famille.
— Tout seul, à l’hôpital… répéta-t elle, incrédule.
— Je ne suis plus un enfant, Abby, remarqua-t il en riant.
Durant de longues minutes, on n’entendit plus que la pluie martelant les vitres du bungalow.
— Je serai là, moi… chuchota enfin Abby. Si vous l’acceptez, bien sûr.
Tanner tressaillit.
— En quel honneur ? dit-il, ému.
— Eh bien, nous sommes amis, n’est-ce pas ?
Il serra les poings. Abby le déstabilisait. Elle brouillait sans vergogne les cartes d’un jeu qu’il connaissait par cœur et dans lequel il excellait. Jamais aucune femme ne s’était véritablement attendrie de son enfance solitaire et sans amour. A vrai dire, ses conquêtes se moquaient bien de son passé, de ses chagrins secrets. Toutes ne voyaient en lui que le parti prestigieux qu’il représentait aujourd’hui. Elles ne cherchaient que la compagnie de l’homme d’affaires et à l’occasion de l’amant, sans plus. Abby, elle, lui offrait son amitié… Pourquoi, mais pourquoi donc n’avait-il pas choisi une autre femme pour l’accompagner ce week-end ?
— Dormez maintenant, finit-il par ordonner en empoignant son oreiller.
Son amitié. Il avait la conviction qu’ils venaient tous deux de franchir allégrement ce cap. Et devant eux se profilait à présent l’inconnu, et ses dangers.
L’orage finit par s’éloigner.
Tanner se leva en même temps que le soleil; les nerfs à fleur de peau, il n’avait pas pu fermer l’œil de la nuit. Abby, elle, avait sombré dans un profond sommeil. Attentif, il avait épié son souffle régulier quand soudain elle s’était agitée… avant de passer son bras autour de sa taille. Un peu plus tard, elle s’était pelotonnée contre lui, posant sa tête sur son torse. N’en pouvant plus, il s’était faufilé hors du lit…
Il l’observa, songeur. Elle était merveilleusement belle, ainsi éclairée par les premiers rayons du soleil. Ses cheveux défaits épars sur l’oreiller, elle dormait paisiblement, les joues délicatement rosies. Oui, elle était à croquer dans cette fine nuisette à petites fleurs violettes dont l’une des bretelles avait glissé, dévoilant en partie le galbe de ses seins.
Tanner ravala sa salive avec difficulté. Fort heureusement, il ne faisait pas assez clair pour qu’il ait vu tout ceci, cette nuit. Car en guise de réponse à sa promesse d’amitié… il se serait jeté sur elle.
Jusqu’aux premières lueurs de l’aube, il avait eu tout le temps de réfléchir aux raisons qui l’empêchaient de faire l’amour avec elle. Elle lui faisait confiance, le considérait comme un ami. Et puis, elle avait du mariage une vision à laquelle il n’adhérait pas et qui, pour tout dire, l’avait toujours rebuté.
Et alors ? Cela n’expliquait pas, fondamentalement, ses réticences. Il avait été un temps où il se posait moins de questions quand il s’agissait d’entreprendre des ébats. Non, il y avait autre chose.
La vérité, c’était qu’il la désirait comme jamais il n’avait désiré aucune femme. Oui, c’était là son vrai problème. Un problème qu’il se refusait à affronter. Abby Mac Grady ne se satisferait jamais d’un lendemain comme il avait coutume de les offrir à ses maîtresses. Un royal et revigorant petit déjeuner et l’on se séparait, point final. Abby voulait plus, bien plus. Des je t’aime et peut-être même une alliance, la promesse d’un amour éternel. Et cela, se dit Tanner en fronçant les sourcils, il ne pouvait le lui offrir.
Incroyable. Il était sur le point de négocier un contrat de plusieurs millions de dollars et voilà qu’une jolie et étrange jeune femme lui faisait perdre tous ses moyens…
De l’exercice, voilà qui lui remettrait les idées en place.
Il enfila son sweat et son jean, chaussa en vitesse ses baskets et poussa la porte. Le footing avait toujours eu un effet bénéfique sur son esprit.
Par le passé, en tout cas…
*
* *
— Quelle toilette porterez-vous, ce soir ? demanda Jan tout en engageant son Caddie dans le rayon viennoiserie.
— Je ne me suis pas encore décidée, repartit Abby en forçant un sourire.
A son réveil, Tanner avait disparu et lorsqu’il l’avait rejointe, en sueur et à bout de souffle, à peine l’avait-il saluée avant de lui expliquer qu’il serait retenu la journée entière à l’usine, avec Frank. Puis il s’était engouffré dans la salle de bains. Une seconde plus tard, l’eau de la douche martelait le carrelage, comme la pluie l’avait fait sur les carreaux, la nuit entière.
La nuit dernière.
Elle se mordit la lèvre. Bien des événements s’étaient succédé la nuit dernière. Outre son désir croissant pour Tanner qui ne faisait maintenant plus aucun doute, elle avait découvert un homme plein d’humour et charmant, au laboratoire, tandis qu’ils s’affairaient devant leur fourneau. Elle avait également découvert un Tanner sensible et meurtri quand il avait évoqué son père. Il n’était pas celui qu’il s’efforçait de paraître, un homme d’affaires distant et indifférent. Peu à peu, il se dévoilait, s’ouvrait à elle. Elle qui se sentait irrésistiblement attirée par lui.
A l’évidence néanmoins, ces moments de grâce appartenaient au passé. Il était maintenant tout à fait clair qu’il ne souhaitait pas l’amitié qu’elle lui avait offerte. Ou quoi que ce fût d’autre — à plus forte raison.
Décontenancée par sa froideur, elle n’avait pas attendu qu’il sortît de sa douche. En chemin pour le manoir, elle avait alors croisé Jan au volant de sa voiture. Refusant de passer la matinée à tourner et retourner dans son esprit les moindres faits et gestes de Tanner, Abby avait accepté l’invitation de leur charmante hôtesse à l’accompagner au supermarché. Et elle ne regrettait pas sa décision tant l’énergie et la bonne humeur de Jan lui mettait du baume au cœur.
Celle-ci s’empara d’un sachet de brioches qu’elle jeta dans le Caddie avant de suggérer :
— Je pourrais demander à l’une de mes filles de vous prêter une tenue western…
— Une tenue western ?
— C’est une soirée quadrille, ma chérie.
L’image de Tanner en costume de cow-boy traversant subitement son esprit, Abby ne put retenir un sourire. L’amusa plus encore l’idée qu’il ignorait tout des projets de Jan, très secrète sur l’organisation de cette soirée. Tanner qui se prétendait un maître de la salsa devrait se résoudre à un exercice de danses bien plus rustiques…
Un sourire aux lèvres, Abby emboîta le pas à Jan dans le rayon surgelés.
— Je dois pouvoir dénicher une tenue qui fera l’affaire, dit-elle, en revanche je ne crois pas que Tanner…
— Frank le dépannera, l’interrompit la vieille femme en saisissant un sac extra large de petits pois surfins. Je ne connais rien de plus sexy qu’un homme coiffé d’un chapeau de cow-boy…
— Je ne vois pas comment Tanner pourrait être plus sexy encore…
La devançant de quelques pas, Jan poursuivit son chemin en direction des conserves.
— Alors, vous êtes une amie de Tanner ou l’une de ses employées ? Oh, j’allais oublier, le maïs…
Après un instant d’effroi, Abby, le cœur au bord des lèvres, s’empressa au côté de Jan.
— Qu’avez-vous dit ?
— Du maïs… Frank en raffole.
— Non. Avant cela…
Jan stoppa et plongea ses yeux dans les siens.
— A propos du fait que Tanner et vous ne soyez pas mariés ?
Abby écarquilla les yeux, médusée, puis soupira longuement.
— Comment avez-vous su ?
— Oh, trésor, rit franchement Jan, j’ai deux enfants. Je sens tout de suite quand on me mène en bateau…
Abby baissa les yeux.
— Et Frank ? Il est au courant ?
— Je ne pense pas. En tout cas, il ne m’a rien dit. Je doute qu’il ait relevé certains détails… affirma-t elle en poussant de nouveau son chariot.
— Je suis tellement confuse, murmura Abby en la suivant. Si ce n’avait été pour le… Jamais je n’aurais accepté… Nous partirons sitôt que j’aurai parlé à Tanner.
— Surtout pas ! s’indigna Jan puis, baissant le ton : je m’amuse follement, à la vérité. Je me demande quand il va enfin réaliser qu’il est amoureux de vous…
Abby se figea, les bras ballants.
— Comment ?
Jan tendit le bras vers une gondole et prit un paquet de bonbons au chocolat qu’elle ouvrit aussi sec.
— Et vous… ? poursuivit-elle, glissant un bonbon dans sa bouche, quand avez-vous compris que vous étiez folle de lui ?
Le regard perdu au loin, Abby ne releva pas tout de suite.
— Je ne suis pas folle de lui, marmonna-t elle enfin. Je n’ai jamais…
Jan inclina la tête et la fixa avec un sourire entendu.
— D’accord, dit Abby. Je crois que je l’ai compris, hier… Non, cette nuit, au laboratoire.
Jan opina, l’air satisfait.
— Ah, oui… La confection des bonbons… C’est décidément une excellente idée que j’ai eu…
— Ce… C’était vous ? bredouilla Abby, partagée entre rire et larmes. De toute façon, peu importe ce que je ressens à son égard. Nous sommes si différents ! Ça ne pourra jamais marcher…
Jan en lâcha son Caddie.
— Quelle horreur proférez-vous là ?
— Eh bien, euh… Tant de choses nous opposent, euh… ou nous séparent, comme vous voulez…
Jan engouffra un nouveau bonbon dans sa bouche tout en secouant la tête.
— Et alors ? Est-ce une raison pour ne rien tenter ? Il faut savoir prendre des risques dans l’existence, Abby. Le jeu en vaut très souvent la chandelle…
Abby sourit en s’avisant que Jan parlait exactement comme sa mère.
— Il ne m’aimera jamais…
— Tt tt, siffla Jan en glissant son bras autour de ses épaules, pas de bêtises… Je comprends vos angoisses, ma chérie. Toutes deux sommes issues du même terreau… L’amour filial, le respect des valeurs essentielles… Des notions absurdes pour un garçon tel que Tanner…
Jan s’interrompit devant l’air sceptique d’Abby, puis reprit, sur le ton du secret :
— Voyez-vous, j’ai mené ma petite enquête… Tanner est comme un orphelin. Il n’était qu’un enfant quand sa mère est morte ; sa grand-mère l’a élevé jusqu’à l’âge de 7 ans, avant de disparaître à son tour. Son père n’a jamais manifesté le moindre intérêt pour lui, encore moins d’affection, trop occupé qu’il était à courir les midinettes à travers le monde. Tanner a passé son enfance en internat, abandonné à son sort…
Regardant Abby d’un air grave, elle conclut :
— Vous ne pouvez pas lui reprocher de ne pas savoir reconnaître l’amour quand il se présente enfin à lui…
Abby sentit son cœur se briser — bien qu’elle se fût doutée que l’enfance de Tanner n’avait rien de commun avec ces jours heureux dont sa propre mémoire regorgeait. Comme elle souffrait pour lui, dont les blessures aujourd’hui encore ne s’étaient d’évidence pas refermées !
Jan lui tendit le paquet de bonbons et Abby se servit, songeuse.
— Vous avez donc tout manigancé, Jan… ?
Mme Swanson sourit.
— Il faut donner aux êtres malmenés par la vie une chance de montrer de quel bois ils sont faits…

 
 

 

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CHAPITRE 7



En ce début de soirée, un vent piquant et frais soufflait aux abords du manoir, et il régnait dans l’immense grange des Swanson une ambiance survoltée. On avait disposé ici et là des balles de foin de différentes hauteurs, faisant aussi bien office de canapés que d’objets décoratifs. Des épouvantails revêtus de costumes multicolores siégeaient aux côtés des invités, autour de longues tables recouvertes de nappes à carreaux. Des guirlandes pendaient au plafond, entre des lanternes creusées dans des citrouilles. Oui, nota Tanner, la scène semblait tout droit sortie d’une image d’Epinal. Charmante, chaleureuse… Tout l’inverse d’Abby, sa chère épouse, qui ne lui manifestait que froideur.
Oh, elle ne l’ignorait pas totalement, non. Mais elle ne se montrait pas non plus particulièrement attentionnée. Tanner soupira comme il la suivait des yeux. Elle se dirigeait vers le buffet, accompagnée de Kat, l’une des filles de Swanson…
Eh ! Avait-il le droit de la blâmer, après son attitude de ce matin ?
Il avait couru à perdre haleine — jusqu’à ce qu’il eût remis de l’ordre dans ses idées. Quelques kilomètres plus tard, sa décision était prise. Il se tiendrait désormais à l’écart d’Abby : c’était sa seule chance d’échapper à l’attraction qu’elle exerçait sur lui. Fort de cette sage résolution, il était retourné, toujours en courant, jusqu’au bungalow et là, pfft, tout s’était effondré. Il n’avait pas prévu qu’elle serait si jolie, de si bon matin, avec ses cheveux roux tombant en cascade sur ses épaules. Pelotonnée dans son peignoir, elle était tout bonnement à croquer. Il avait dû se faire violence pour ne pas faillir si tôt à la promesse qu’il s’était faite… Comme il lui avait été pénible de soutenir son regard brusquement voilé de tristesse lorsqu’il s’était enfermé dans la salle de bains, lui lançant à peine un bonjour !
Comme pour le punir de son comportement de goujat, il n’avait pu, de toute la journée, la chasser de son esprit. Tandis que Frank lui faisait les honneurs de son usine, lui exposant dans le détail toutes les étapes de la fabrication, lui n’entendait que l’écho insistant de l’offre d’amitié d’Abby.
Je serai là, moi, avait-elle dit, le dos tourné, emmitouflée sous la couette…
Abby discutait maintenant avec un groupe d’amis de Kat. Elle était absolument adorable dans ce T-shirt vert pomme qui moulait de façon divine sa taille, ses seins… Jamais il n’aurait imaginé qu’une femme put aussi bien porter le jean. Et ces bottes ? Où avait-elle donc déniché ces bottes ?
Hochant la tête, admiratif, il remarqua alors les regards curieux et lourds d’envie que faisaient peser sur elle les mâles de l’assistance. Certes, pourquoi aurait-il été le seul… ? songea-t il avec un certain agacement.
Il n’avait aucun droit sur elle. Elle n’était pas sa femme, n’avait même jamais été sa petite amie. Dans ces conditions, pourquoi cette boule au creux de son ventre ? Jaloux, lui ? Non, assurément, il n’avait aucune raison de l’être — d’autant qu’Abby, se répéta-t il pour la millième fois, n’était pas du tout son style.
Et pourtant, il la désirait. Jeff n’avait pas totalement tort. Non pas qu’il fût tombé amoureux : c’était là une notion qu’il avait toujours considéré comme une folle utopie ; mais il devait admettre qu’il souffrait le martyr à la voir, ce soir, l’ignorer ainsi. Elle lui manquait. Son humour, sa manière de donner son avis sur tout, son rire… Oui, bien qu’elle ne se trouvât qu’à dix petits mètres de lui, elle lui manquait, terriblement.
— Quelle allure, cow-boy !
Tanner tressaillit. Recouvrant ses esprits, il se retourna et salua Jan dans un sourire, en soulevant légèrement son Stetson.
— Merci bien, madame.
S’approchant de lui, la vieille femme jeta un rapide regard en direction d’Abby avant de remarquer :
— C’est une bien charmante femme que vous avez là… Extrêmement élégante.
— Absolument d’accord.
— Il semblerait que vous ayez déniché l’épouse idéale.
— Je suis un homme comblé, répliqua Tanner, accablé soudain d’un intense sentiment de frustration.
— Elle a bien de la chance aussi, poursuivit Jan en le fixant.
— Trop aimable…
— Excusez mon indiscrétion… Où en êtes-vous donc de cette confiserie spéciale Tanner ?
— Nous y travaillons…
— Bien sûr, fit-elle d’un air entendu. Essayer, échouer, recommencer, c’est toujours la même histoire, n’est-ce pas ?
— Pour l’heure, nous ne faisons qu’échouer, mais je ne désespère pas…
— J’ai entière confiance, dit Jan, les yeux brillants. Je ne doute pas un seul instant que vous parveniez à vos fins.
Tanner la dévisagea. Jan faisait-elle allusion au défi que lui avait lancé son mari ou bien… ? Non, il délirait.
Chassant cette idée saugrenue, il lui offrit son bras.
— Vous dansez ?
— Vous connaissez donc le quadrille ? s’enquit-elle en riant.
— Je suis plein de ressources !
A l’autre bout de la grange, Abby feignait un intérêt immodéré envers l’un des amis de Kat, un jeune et séduisant médecin ou quelque chose d’approchant, prénommé Mark. Du coin de l’œil cependant, elle lorgnait de temps à autre Tanner, lequel paraissait s’en donner à cœur joie sur la piste de danse. Elle ne fut pas longue à remarquer qu’elle n’était pas la seule à le regarder tandis qu’il entraînait Jan dans un quadrille endiablé. Toutes ces dames sans exception le dévoraient des yeux… Lui ne se souciait guère, apparemment, de cette muette adoration — probablement parce qu’il en avait l’habitude…
Il s’imposait indubitablement ce soir comme le mâle le plus sexy de l’assemblée. Ce Stetson lui donnait un air canaille irrésistible… Auquel Abby devrait, si Dieu le voulait bien, résister deux jours encore — et deux nuits surtout !
Comme l’orchestre s’était tu, Mark inclina légèrement la tête et lui sourit.
— M’accorderez-vous la prochaine ? Je promets d’épargner vos pieds…
Comment devait-elle agir ? En femme mariée ? Elle chercha du regard le seul homme avec lequel elle aurait volontiers dansé, l’homme dont elle avait eu la bêtise de tomber amoureuse.
Elle se figea, comme frappée par un violent coup de poing dans l’estomac. Deux femmes avaient abordé Tanner et riaient, buvant littéralement ses paroles… L’une d’elles se tenait si près de lui que son décolleté effleurait son bras. Bon sang, pesta Abby, serrant les poings, cette dévergondée ne voyait-elle pas l’alliance à son doigt ? Maudit…
Affichant un sourire excessif, Abby se tourna vers Mark.
— Allons-y…
Le jeune homme l’entraîna sur la piste, juste au moment où l’orchestre entamait une valse.
— Alors, généraliste, chirurgien ou spécialiste ? demanda-t elle distraitement à son cavalier.
— Rien de tout cela. Vétérinaire… tout bêtement !
— Oh, rit-elle, je croyais que…
— J’ai toujours adoré les animaux. Comme ma femme… Elle aussi est vétérinaire.
— Tiens donc ! Est-elle présente, ce soir ?
— Elle ne devrait plus tarder… Une urgence a dû la retenir.
Abby exprima quelques regrets polis puis se laissa bercer par la musique. Mark était un danseur estimable et elle souhaitait réellement se changer les idées, ce soir. Elle se détendit peu à peu… Une fois de retour à Los Angeles, pourquoi ne s’inscrirait-elle pas à un cours de danse ? Oui, c’était une excellente idée…
Encore faudrait-il qu’elle eût un partenaire, se dit-elle soudain, le cœur lourd…
La musique s’arrêta.
— Une autre ? la supplia gentiment Mark en la retenant par le bras.
— Non, pas une de plus…
Abby se retourna et se trouva tout à coup face à Tanner qui dardait sur elle des yeux étincelants.
— Vous êtes… ? s’enquit Mark, courtois.
— Son mari, répliqua vertement Tanner. Cela vous pose un problème ?
— Bien sûr que non. Merci pour cette valse, madame…
— Quelles manières, protesta-t elle sitôt que le vétérinaire se fut éloigné. C’est vous qui avez un problème…
Sans un mot, Tanner enlaça sa taille et commença à bouger, l’orchestre jouant les premières notes d’une chanson célèbre.
— Je n’ai strictement aucun problème, marmonna-t il.
Evitant de le regarder, Abby s’interrogea sur les raisons de sa mauvaise humeur. Etait-il jaloux ? Furieux qu’elle ne se comportât pas en épouse modèle ?
— Hmm, c’est juste que… hésita Tanner, je ne supporte pas les hommes qui ont les mains baladeuses, voilà tout.
— Nous dansions, Tanner. Et puis, il est marié. Et si quelqu’un a, ici, les mains baladeuses, c’est bien vous…
Exaspéré, Tanner garda le silence. Puis, resserrant son étreinte, il la conduisit en quelques pas experts jusqu’au centre de la piste. L’orchestre interprétait un vieux succès d’un groupe jadis en vogue — une chanson qu’Abby avait toujours adorée et qui adoucit bientôt son humeur. Ainsi donc, monsieur avait été piqué par la jalousie ? Eh bien, c’était un juste retour des choses, car elle aussi avait vu rouge un peu plus tôt. Elle esquissa un sourire et s’abandonna dans ses bras.
Tanner dansait comme un dieu, avec un mélange d’autorité et de douceur… Le monde autour d’Abby se brouilla en un délicieux mirage. Kat et son époux riaient devant le buffet, Frank et Jan pouponnaient les jumeaux, Mark la saluait d’un geste amical…
— Vous lui avez dit que vous étiez mariée ? l’interpella brutalement Tanner en cessant de danser.
— Pardon ? Qui ?
— A votre cavalier…
— Encore lui… ?!
Tanner eut l’air outré.
— Si j’avais imaginé que vous profiteriez de ce séjour pour chercher à vous caser, jamais je ne vous aurais emmenée…
L’estomac d’Abby se noua ; des larmes lui montèrent aux yeux. Jamais personne ne lui avait parlé ainsi. Jaloux, lui ? Non, elle comprenait à présent ce qui l’avait mis hors de lui. La petite employée du service courrier lui faisait honte, voilà tout.
Elle ne resterait pas une seconde de plus ici, à cette soirée. A subir les foudres de Tanner et son mépris. Sans prononcer le moindre mot, elle s’en fut dignement vers la porte.
Tanner la regarda partir, jugeant admirable son audace même si son cœur la déplorait. Jamais il ne s’était adressé à une femme avec un tel manque de respect. Hélas ! A la voir danser si complaisamment avec ce moins-que-rien, son sang n’avait fait qu’un tour.
Que diable lui avait-il donc pris ? Elle ne lui appartenait pas. Une fois rentrés à Los Angeles, leur chemin se séparerait et Abby reprendrait le fil de sa vie, avec ses rendez-vous galants, ses sorties, ses slows langoureux… Il serra les dents à cette pensée, en proie à une rage subite qui s’évanouit cependant aussitôt que l’image de son visage, de ses yeux emplis de larmes, lui traversa l’esprit. Des larmes dont il était responsable. Coupable.
Jamais il n’oublierait ce désarroi dans son regard.
Bon sang. Il l’avait offensée, et alors ? N’était-elle pas qu’une modeste employée ? En tant que patron, il avait à se soucier de bien d’autres priorités que des états d’âmes de ses collaborateurs.
D’un pas déterminé, il gagna le buffet. Un verre lui ferait le plus grand bien…
Il retrouva Frank et Jan occupés à déguster des brownies. Et zut, se dit-il, convaincu que ses hôtes allaient s’inquiéter du départ précipité de la prétendue jeune mariée.
— Tout va bien ? fit Frank.
— Très bien, répondit Tanner en étudiant, sceptique, le bol de punch rempli d’un liquide orangé. Je boirais bien quelque chose de plus serré…
— On raconte qu’une tequila sunrise a des pouvoirs magiques, dit Jan.
— Un problème, Tanner ? insista Frank en lui tendant un verre. Nous avons aperçu Abby partir précipitamment…
— Je suis navré…
Frank hésita puis, plongeant ses yeux dans ceux de Tanner :
— Je ne pense pas que ce soit à nous qu’il faille présenter vos excuses.
— Ecoutez, euh…, commença Tanner, irrité.
— Tanner, l’interrompit Jan en saisissant son bras. Rappelez-vous ce que je vous ai dit tout à l’heure. Vous formez un si beau couple… Il serait dommage que vous gâchiez cette chance pour des bêtises…
— Que voulez-vous dire ?
— Prenez garde à ce que votre orgueil ne vous perde pas, Tanner…
— Mon orgueil m’a permis de bâtir une fortune.
— Il n’y a pas que les affaires dans la vie ! Et en amour, l’orgueil est souvent fatal…
En amour. S’ils connaissaient la vérité sur ce soit disant amour, ce mariage, cette farce…
— Bien, mon garçon, reprit Frank, il ne vous reste plus qu’à faire amende honorable. Nous en sommes tous passés par là, un jour ou l’autre !
Maudits soient les hommes. Et le premier d’entre eux, Tanner. Tanner qui l’avait si cruellement blessée. Assise sur l’herbe fraîche au bord du lac, dans le halo d’une lune complice, Abby se désolait. Pourquoi avait-elle finalement accepté ce job ? L’école de dessin, bien sûr. Tant de gens comptaient sur elle, des gens qui n’avaient pas les moyens de s’acquitter d’une fortune pour s’adonner à leur passion de l’art. Oui, elle avait accepté pour les meilleures et les plus louables raisons du monde… Excepté qu’elle avait aujourd’hui le sentiment que ces raisons-là relevaient plutôt de l’alibi. Et que cet alibi avait pour nom Tanner.
Ils avaient agi comme des idiots, des enfants. Et puis il avait repris conscience du fossé qui les séparait…
S’arrachant à ses pensées, elle dressa l’oreille, aux aguets, en entendant des pas se rapprocher. Elle essuya ses yeux : elle ne voulait pas que Frank, Jan ou tout autre invité comprit qu’elle avait pleuré. Elle regarda par-dessus son épaule… et retint son souffle.
Tanner venait dans sa direction. Abby s’affola. Il allait lui passer un savon, à n’en pas douter ! Dans son monde à lui, on s’abstenait de faire des scènes en public, de prêter le flanc à la rumeur. En outre, son inconséquence ne mettait-elle pas en péril le contrat qu’il projetait de conclure ?
— Je vous ai cherché partout, dit-il quand il fut à sa hauteur.
Abby se retourna ostensiblement et jeta une pierre dans les eaux argentées du lac.
— Eh bien, vous m’avez trouvée.
— Abby, écoutez-moi…
Elle bondit sur ses pieds.
— Je sais que je vous ai mis mal à l’aise et que ma conduite risque de compromettre vos chances de…
— Non, la coupa-t il. Je suis un imbécile.
Elle le scruta, interloquée, avant de murmurer :
— Oui.
— Et un fou, aussi.
— Oui.
— Je ne pensais pas ce que j’ai dit.
— Tanner… qu’attendez-vous de moi ?
— C’est-à-dire ?
— Je ne fais rien comme il faudrait…
— Faux, la corrigea-t il en esquissant un sourire, c’est même tout l’inverse et… c’est bien là le hic. Vous êtes charmante, intelligente, et… excellente danseuse… Vous n’êtes pour rien dans ce qui s’est passé tout à l’heure. Tout est de ma faute…
Abby devait-elle le croire, lui pardonner ?
Tanner fit un pas vers elle, l’implorant du regard.
— Je vous demande pardon. Je vous promets que cela ne se reproduira plus…
La sincérité de ses paroles la laissa un moment perplexe. Tanner effleura tendrement son visage.
— Pardonnez-moi, je vous en prie…
— Sinon ?
— Sinon, euh… je n’ai plus qu’à me noyer dans une cuve de crème au chocolat…
Elle voulut sourire, rire un peu à sa plaisanterie. Or elle s’entendit rétorquer :
— J’ai vu rouge. Ces deux femmes qui vous entouraient…
Tanner lui sourit, penaud.
— J’ai vu rouge lorsque ce garçon vous a pris la taille.
Abby sentit son cœur marquer un ou deux ratés.
— Je pensais que nous étions ici pour jouer la comédie, murmura-t elle, tremblante.
Tanner la dévisagea longuement avant de chuchoter à son tour :
— Je le croyais également, Abby.
Lentement, il approcha ses lèvres puis l’embrassa avec une douceur telle qu’elle crut que son cœur allait imploser. Une chaleur brûlante s’écoula en elle comme il pressait sa bouche contre la sienne, répétant encore et encore, dans une plainte :
— Je le croyais, je le croyais…
Timidement, elle caressa sa nuque. Tanner gémit et l’attira plus fermement contre lui, sans cesser de l’embrasser, fébrile, comme s’il puisait en Abby le souffle d’une renaissance. Malgré l’air frais de la nuit, elle se prit à suffoquer. Non, elle ne pourrait endurer telle émotion une minute de plus ; ses jambes déjà fléchissaient…
Sans pitié pour sa défaillance, Tanner entreprit de couvrir son cou de baisers avides. Inclinant la tête en arrière, elle s’abandonna à sa voracité. Elle voulait plus encore… Oui, elle le désirait — avec une violence qui ne l’effrayait même pas. Elle était soumise par avance à tous les caprices qu’il lui plairait de lui imposer.
Les mains de Tanner s’attardaient sur ses reins, son dos, ses épaules. Son baiser s’était fait ardent, impérieux. Abby pouvait entendre les pulsations de son cœur s’accorder aux siennes dans cette nuit magnifiée par les parfums bruts de la terre et de l’eau, de la chair et du désir.
Sans plus de force, elle recula avec lui contre le tronc large et rugueux d’un arbre. Il glissa alors ses mains sous son T-shirt puis flatta sa taille, ses seins. Elle se raidit, offrant sa poitrine à ses doigts impatients, pressant son ventre contre le sien…
— Oh, Abby, geignit-il en enfouissant sa tête dans son cou.
Avec une habileté diabolique, il dégrafa son soutien-gorge, puis soulevant son T-shirt posa sa bouche sur son sein qu’il embrassa langoureusement d’abord puis agaça de ses dents ensuite, sourd à ses protestations.
A bout de souffle, Abby se laissa consumer par le plaisir de sa caresse, proche de défaillir sous le miraculeux assaut de tant de volupté. Tanner se pressa plus encore contre elle, marmonnant des prières inaudibles qu’elle entendit néanmoins et auxquelles elle se rendit. Elle guida sa main sur sa taille, sa main qui s’empressa de défaire le bouton de son jean, de dévaler son ventre nu et tendu… Quand il la toucha, la pénétra au plus secret de son intimité, elle eut un cri — comme s’il avait trop tardé. Des vagues de plaisir la submergèrent ; son sang se mit à bouillir dans ses veines…
— Abby, ce n’est pas une comédie…
Au loin, un rire fusa.
— Quelqu’un… vient, bredouilla-t elle, prise d’une panique qui fit voler son trouble en éclats.
Oui, il avait raison. Dans ce courant qui les portait irrépressiblement l’un vers l’autre, il n’y avait rien de faux, rien de simulé. Etait-ce pour autant raisonnable ? Elle devait reprendre conscience de toute urgence. S’arracher à ce vertige. Imposer le silence à ses sens…
Brusquement, elle le repoussa et s’enfuit à toutes jambes. Longeant le lac, elle entama une course folle en direction du bungalow, ignorant ses cris. Car Tanner cria son nom, à plusieurs reprises. Puis elle comprit qu’il s’était mis à courir derrière elle… Non, elle devait le fuir, dut-elle en mourir, il lui fallait recouvrer la raison, ne pas…
Son pied heurta violemment l’arête d’un rocher ; le sol se déroba sous ses pieds… Les eaux noires et profondes du lac allaient l’engloutir…
— Abby, souffla Tanner en tendant les bras tandis qu’elle frissonnait au contact de la boue et de l’eau glaciales.
Le jean trempé, les mains maculées de vase, elle mit quelques secondes avant de revenir à elle.
— Quelle gourde, maugréa-t elle.
Ses cheveux dans le vent fouettaient son beau visage. Parvenu à côté d’elle, Tanner la prit par la taille.
— Vous n’êtes pas blessée ?
— Bien sûr que non. Je me donne en spectacle, une fois de plus, voilà tout…
Il ébaucha un sourire puis, la seconde d’après, céda au fou rire — auquel elle ne tarda pas à se joindre.
— Ne parlez pas de vous ainsi, la corrigea-t il une fois qu’il eut recouvré son calme. J’aime tant votre naturel, votre franchise… Quant à moi, ajouta-t il en retirant sa veste pour en couvrir ses épaules, je suis impardonnable.
Abby resta assise silencieuse dans l’eau et la boue. Ce bain forcé avait au moins l’avantage d’apaiser le feu que Tanner avait provoqué en elle… D’ailleurs, ce rocher en travers de son chemin s’était-il trouvé là par hasard ? Non : elle devait l’interpréter comme un signe du destin. Quoi qu’elle fît, jamais elle ne pourrait fuir les sentiments qu’elle éprouvait. Elle était bel et bien condamnée à aimer, à désirer cet homme.
Et même si leur liaison n’excédait pas ces quelques nuits volées au monde, qu’importe ? Tout les opposait, et alors ? Pourquoi ne jouirait-elle pas des heures passées en sa compagnie, sans se préoccuper du passé, encore moins du futur ? Tanner ne l’aimait certes pas comme elle l’aurait souhaité, mais il la désirait, elle en avait maintenant la preuve ; ce n’était déjà pas si mal…
Elle était une grande fille, en mesure d’assumer ses choix. Oh, bien sûr, cette histoire risquait de meurtrir à jamais son cœur… Et peut-être était-ce trop cher payé le désir qui la portait vers lui ? Bah, elle s’arrangerait avec les conséquences de ses actes quand elles se présenteraient…
— Vous allez prendre froid, observa bientôt Tanner. Il vous faut retirer ces vêtements au plus vite…
Abby leva les yeux. Il s’était accroupi face à elle et la dévisageait, un sourire au coin des lèvres. Une minute s’écoula, peut-être deux puis Abby murmura :
— Approchez un peu, cow-boy…
Agrippant sa nuque, elle l’attira si fort à elle qu’il chancela et perdit l’équilibre, s’affalant de tout son poids sur elle dans un grand éclaboussement.
— Je vous pardonne malgré tout, soupira-t elle en prenant ses lèvres.
— Vous êtes trop généreuse, madame Tanner, dit-il en riant, pressant avec ardeur sa bouche contre la sienne.
Puis, s’écartant d’elle, son coude reposant dans la boue :
— J’ai envie de vous, Abby, mais… j’ai besoin de savoir si, euh… Etes-vous vraiment sûre… ?
— Je n’ai jamais été aussi sûre de moi, jamais…
En un éclair, il fut debout. L’ayant prise dans ses bras, il franchit la dizaine de mètres qui les séparaient du bungalow, à la vitesse du prédateur qui emporte sa proie. Parvenus sous le porche, il poussa la porte du pied.
— Vous devez être glacée…
Il l’installa près de la cheminée.
— Si peu, plaisanta-t elle sans le quitter des yeux.
— Laissez-moi faire…
Il se pencha et retira en hâte son T-shirt tandis qu’elle déboutonnait son jean, entre deux baisers.
Bientôt, leurs vêtements trempés gisant non loin d’eux, ils se fixèrent, indécis, bouleversés. Ce que Tanner lut dans le regard d’Abby le fit tressaillir de désir. Elle s’offrait à lui, lui qui ne méritait pas ce don. Comment avait-il osé la traiter avec tant de légèreté ? Quel misérable il faisait et quelle chance inouïe il avait eu de la rencontrer ! Jamais il n’avait réalisé avec tant d’acuité combien son existence avait été vaine avant elle.
— Vous êtes si belle, fit-il en l’enlaçant, ses lèvres dans son cou.
La jeune femme arc-bouta son corps vers lui, enroula ses jambes autour des siennes…
— Vous me rendez fou, Abby…
Insensiblement, ils furent sur le lit. Au contact des draps glacés sur sa peau, Abby frémit, repensant vaguement à la nuit passée. Une autre vie… Que s’était-il passé ? Et que s’apprêtait-elle à faire ?
Toutes ses angoisses, toutes ses certitudes s’évanouirent. Tanner s’allongea sur elle et la posséda, sans attendre. Abby cria. Un cri de plaisir autant que de désespoir… Il la mena sous des cieux insoupçonnés, longtemps, avec passion, dans un flux et un reflux de sensations indicibles. Elle glissa sa main dans ses cheveux ; des larmes montaient à ses yeux…
— Vous me rendez fou, répéta-t il sans cesser de bouger. Oh, Abby…
— Oui… Je vous en prie, Tanner… Maintenant, je vous en prie…
Avec une cruauté qui la laissa pantelante, il s’arracha à elle, ses lèvres prenant tout de go possession de son ventre, s’attardant sur l’intérieur de ses cuisses. A la torture, elle chercha ses mains qu’il passa sous ses hanches, comme il enfouissait sa tête entre ses jambes.
— Je ne peux… Par pitié, souffla-t elle, au bord du gouffre.
Tanner s’abattit alors sur elle et la prit, avec violence, haletant à son oreille des mots gonflés de désir. Soudain, elle ouvrit les yeux ; son corps s’anima d’une fulgurante brûlure ; comme en un rêve, elle sentit qu’il s’échouait en elle. Le plaisir qui les emporta, ensemble, retentit longuement dans leur chair comme s’ils ne formaient plus qu’un seul corps.
Longtemps, aucun n’osa le moindre geste, perdu encore dans le ressac d’un plaisir qui les enveloppait de ses derniers échos. Par la fenêtre, Tanner observait la lune pleine et entière, incapable de formuler les sentiments qui se bousculaient en lui. Lui qui gardait, en toute occasion, un pan de sa conscience en éveil, comment en était-il arrivé là ? Jamais le plaisir sexuel ne l’avait transcendé à ce point. Jamais à la vérité, il n’avait connu pareille jouissance. Qu’allait-il advenir de lui ? Il tourna la tête et regarda Abby avant de l’enlacer. Aussitôt, elle se lova contre lui.
— Je suis heureuse…
— Je craignais tellement de…
Elle posa un doigt sur ses lèvres.
— Tanner… je ne suis pas une petite fille.
Sa voix était grave, et il comprit qu’elle faisait allusion à l’avenir.
— Vous êtes étonnante…
— Vraiment ?
— Je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme vous, Abby.
— Dois-je prendre ceci comme un compliment ?
Tanner ne répondit pas tout de suite, tournant et retournant sa question dans sa tête. A vrai dire, il avait le sentiment d’aller de découverte en découverte en sa présence. Leur bavardage, leurs plaisanteries et ce désir inassouvi, tout ceci était nouveau pour lui…
— Affirmatif.
Elle sourit et se pelotonna contre lui.
Sa main s’arrêta sur une balafre qu’il portait à l’épaule.
— Oh, fit-elle en posant doucement ses lèvres sur la cicatrice, que s’est-il passé ?
La main de Tanner errait sur ses hanches.
— Une mauvaise chute, à vélo, quand j’étais petit garçon…
— Un casse-cou… J’adore…
— Et vous ? Je ne vois rien… Pas de vieilles blessures ?
— Aucune… Je suis parfaite.
Tanner baissa les yeux sur sa poitrine.
— C’est bien ce qu’il m’avait semblé…
Il eut un sourire diabolique.
— … mais j’ai besoin de vérifier, une fois encore !
Il disparut sous la couette ; et les rires d’Abby se muèrent en une longue plainte…

 
 

 

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CHAPITRE 8



— Il est à peine 2 heures du matin. Pas trop fatiguée ?
— Pas vraiment…
Emmitouflée dans son peignoir, Abby leva les yeux vers Tanner et lui sourit.
— … et puis, tout est si calme, si serein…
Pelotonnée sur le canapé, au pied de la cheminée, elle abandonna un instant son bloc de papier et l’ébauche de portrait qu’elle avait entrepris. Tanner faisait un modèle idéal sous la lueur diffuse de la lampe de chevet, les lignes de son corps nu et alangui sur le lit offrant un jeu d’ombres et de lumières fascinant pour l’artiste qu’elle était. Oui, il émanait de lui une grâce et une sensualité extrêmes — tandis qu’il l’observait, l’air grave et lointain…
Elle baissa les yeux. C’était aujourd’hui son anniversaire. 25 ans, depuis deux petites heures maintenant. Elle n’en avait rien dit à Tanner mais ce week-end, cette nuit étaient les plus fabuleux présents qu’elle eut jamais osé rêver.
Après qu’ils se fussent aimés une seconde fois, Abby n’avait pas voulu céder au sommeil. Ce moment était trop précieux pour qu’elle le laissât s’enfuir… Et l’imminence du petit matin l’angoissait. Cédant à une impulsion, elle s’était levée et avait rassemblé son matériel de dessin. D’abord réticent, Tanner avait fini par se plier au jeu…
Sans la quitter des yeux, il ramena ses cheveux en arrière d’un geste nonchalant de la main — geste qui, s’il laissait affleurer sa part de féminité, n’en exaltait pas moins la virilité de son torse…
Abby, ravalant sa salive, le sermonna gentiment :
— Gardez la pose, je vous en prie…
— A vos ordres, madame… J’imaginais qu’un artiste avait besoin de soleil pour bien saisir la vérité de son sujet…
— Cela dépend du sujet…
— Tiens donc ?
— Et de l’expression que l’artiste souhaite immortaliser…
— Et quelle est-elle, maestro ?
La voix de Tanner était rauque de leurs transports passés.
— L’expression de la sérénité, finit-elle par répondre, le cœur battant.
Elle éprouvait les pires difficultés à se concentrer sur la course inspirée de son crayon…
— Mon humeur n’a rien de paisible, dit Tanner.
Il s’entêtait non sans humour à enchaîner les allusions — pour son supplice. Tanner feignit d’ignorer son trouble et, s’éclaircissant la gorge :
— Qu’est-ce qui vous a poussée à devenir artiste ?
Elle sourit, secoua la tête.
— Tanner, enfin… On ne décide pas de devenir artiste. C’est un besoin, une envie qui s’impose à vous…
— O.K., je comprends. Mais pourquoi l’enseignement ?
— J’aime l’expression de stupéfaction qu’ont mes étudiants devant certaines de leurs œuvres… En réalité, cette part de génie qui sommeille en chacun de nous me fascine…
— Certes, mais en vous consacrant exclusivement à votre peinture, vous pourriez devenir riche et célèbre…
Sans lever les yeux de son bloc, Abby chuchota :
— La fortune et la célébrité ne m’intéressent pas. J’ai grandi au sein d’une famille qui avait la hantise des fins de mois… J’ai appris tout naturellement à cultiver des besoins modestes. Je connais également la valeur du partage… Je garde en tout cas un souvenir heureux de mon enfance. Mes parents m’ont toujours entourée d’affection et aujourd’hui encore, ils n’hésitent devant aucun sacrifice pour mon seul bien-être…
Tanner la dévisagea un long moment avant de détourner les yeux vers la fenêtre, le regard perdu au loin dans la nuit noire et profonde. Abby ne savait que penser. Considérait-il la richesse et la célébrité comme deux valeurs essentielles — ou bien les seules dignes de lui ?
— Dites-moi, Abby… seriez-vous prête à accepter une vie de labeur et de privations ?
— Pourquoi pas ? Si à côté de moi, un homme…
Elle s’interrompit. Pourquoi diable la conversation s’était-elle égarée sur cette pente ? La famille, l’amour, l’avenir… C’étaient là des sujets tabous qu’elle s’était juré d’éviter.
Soupirant en silence, elle jeta son bloc et son crayon sur le lit puis bondit sur ses pieds et s’obligeant à un ton alerte et léger, elle le défia :
— A vous, maintenant ! lança-t elle en retirant son peignoir. Faites mon portrait !
Les traits de Tanner se durcirent. Elle se tenait face à lui, à quelques mètres à peine, totalement nue, son bras replié sur ses seins dans un mouvement chaste et sage, attitude innocente qui contrastait terriblement avec l’éclat qui brillait dans ses yeux. Eclat brut et sauvage du désir… Qu’espérait-elle donc de lui ?
— Abby, je crains de ne pouvoir…
Elle eut un rire perlé.
— Faites un effort ! Essayez de me voir autrement que comme un objet de plaisir…
— Vous voulez ma mort, Abby…
— Ne me regardez pas comme un corps mais comme un ensemble de courbes et de volumes.
Elle prit différentes poses.
— Dessinez d’abord quelques lignes essentielles, comme celles de mes fesses, de mes jambes, continuez par le galbe de mes seins…
— Voulez-vous donc vous taire…
Il la dévorait du regard tandis qu’elle s’expliquait, gestes à l’appui.
Ah ! son air perversement candide quand elle dit :
— Qu’est-ce qui ne va pas ?
Tanner leva les mains en signe de reddition. Pourquoi s’obstinerait-il à lutter contre l’évidence ? Quoi qu’elle fît, quoi qu’elle dît, Abby le troublait… Pour être un artiste et la dessiner comme elle l’en priait, encore eut-il fallut qu’il parvint à faire abstraction de son désir. Et cela non, il en était incapable.
— Essayez, Tanner, juste quelques traits…
A la torture, il l’implora du regard, s’amusant en même temps de ce jeu qui mettait ses nerfs à si rude épreuve. Oui, le supplice était aussi doux qu’insupportable.
Il se saisit du bloc papier et du crayon, intimidé. Lui, Tanner, intimidé ? C’était décidément le monde à l’envers. Abby brouillait tous ses repères, bousculait tous ses vieux réflexes.
Et tout compte fait, il adorait ça.
A main levée, il brossa le profil de sa jambe droite, avec plus d’aisance d’ailleurs qu’il ne l’aurait cru. Les choses commencèrent à se gâter lorsqu’il tenta de reproduire la courbe de sa hanche. Peu après, comme en sueur il s’appliquait à un trait régulier pour croquer son sein, il crut tout envoyer promener. S’il avait dû écouter son cœur, il l’aurait possédée là, sur le tapis… En soupirant, il poursuivit son œuvre, tout en s’interrogeant sur la nature inhabituelle de son désir. Une fois rentrés à Los Angeles, qu’adviendrait-il de ce désir ? Qu’adviendrait-il d’eux ?
— Alors ? Vous vous en sortez ?
— Eh bien… J’ai un peu de mal…
— Puis-je regarder ?
— Que me proposez-vous, en échange ?
Elle avança vers le lit.
— Moi…
Tanner laissa tomber son crayon et l’attira vers lui.
— J’aime votre odeur, Abby…
— Ce n’est qu’un gel douche tout à fait banal…
— Il m’enivre, avoua-t il en la faisant s’asseoir contre lui. Eh bien, que pensez-vous de mes talents d’artiste ?
Abby tressaillit au contact de son ventre chaud et dur contre ses hanches.
— Pas mal, chuchota-t elle avant de se retourner et de le contraindre à s’allonger. Pas mal du tout…
— Pas mal pour un pauvre moribond ! gémit-il.
Elle lui sourit et s’étendit contre lui, l’effleurant de ses seins dressés…
— Je vous trouve bien gaillard pour un moribond…
Elle promena sa langue autour de son nombril.
— Abby, grogna-t il.
Le sang martelait ses tempes. Il perdrait bientôt tout contrôle. Il avait perdu tout contrôle.
— Abby… Je vous veux… Je veux venir en vous…
Abby remonta patiemment jusqu’à ses lèvres. Leur baiser fut presque brutal tant la frustration de Tanner avait été grande.
— Mon cœur…
Il se perdit en elle.
Longtemps, il savoura la chaleur moite et brûlante de sa chair. Plusieurs fois, il fut sur le point d’exploser ; chaque fois il se retint ; il ne voulait pas céder au vertige sans elle.
Quand, enfin, elle cria, il s’abandonna ; et il entrevit une lueur qu’il devina être celle du paradis.

 
 

 

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