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ÇáÊÓÌíá: Apr 2008
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Chapitre : 3
Au contact de cette main sur lui et à l’idée que cette superbe jeune femme venait emménager chez lui, Sam sentit ses sens s’embraser. Pourtant, il n’était pas né de la dernière pluie. Son ex-femme, Tiffany avait, elle aus-si, été excitée à l’idée de voir son ranch, disant que ce serait une expérience fabuleuse, avant de décider qu’elle ne supportait pas l’endroit : le bruit, l’odeur des vaches, les chevaux, tout la dérangeait… même lui. Elle trouvait toujours une bonne raison de s’éloigner du ranch et de son mari. Sa vie n’était que journées de shopping, voya-ges chez de vieux amis ou dans sa famille… jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de ce couple que deux alliances et une bonne dose d’amertume.
Jenna n’avait toujours pas retiré sa main, ce qui commençait à éveiller une excitation chez Sam, comme l’avaient fait auparavant ses tentatives désespérées pour monter dans son 4x4.
— Non, aucun mélo. La plupart des gens pensent que la vie dans un ranch a quelque chose de romantique, mais en fait ce n’est que poussière, transpiration et tra-vail à longueur de journée.
Cette délicate fleur d’intérieur se *******erait certai-nement de jeter un coup d’œil au bétail en pinçant le nez, puis rentrerait chez elle en courant. Et elle tenterait d’éviter les bouses de vaches, perchée sur ses talons aiguilles, complètement incongrus ici. Si ses chaussures étaient certainement superbes pour déambuler sur Park Avenue, elles seraient aussi ridicules qu’inutilisables au ranch.
Son parfum, en revanche, une fragrance certainement signée d’un grand nom, l’émoustillait.
— Je ne m’attends pas à un quelconque… divertisse-ment.
Quelque chose dans sa voix le mit en alerte. Etait-ce le ton qu’elle venait d’employer, ou bien la façon dont elle détourna subitement le regard, comme si elle avait quelque chose à cacher ? C’était exactement ainsi qu’agissaient les suspects, lorsqu’ils mentaient.
Mais il se dit qu’il était grotesque et mit ses suspi-cions de côté. Tu parles ! Comme si elle ne s’attendait pas à se faire dorloter ! Il connaissait par cœur ce genre de femmes. Eh bien, si elle voulait vraiment découvrir ce qu’était la vie dans un ranch, elle allait être servie. Et d’ici moins de deux jours, elle le supplierait de la conduire dans un hôtel avec tout le confort et le person-nel pour prendre soin d’elle.
Il ne pouvait cependant cesser de la contempler. Son invitée était vraiment très belle, et élégamment vêtue. Une fois installée sur son siège, elle avait retiré la veste de son tailleur, révélant un chemisier blanc de soie fine. Il avait bien failli faire une embardée sur la route, lors-qu’il avait découvert, alors qu’il lui jetait un regard en biais, la bordure de dentelle de son soutien-gorge qui émergeait de son décolleté.
Il s’engagea sur le petit chemin de terre qui menait à son ranch et tourna la tête vers elle, mais elle semblait perdue dans la contemplation du paysage. Ils passèrent devant le portail de fer forgé qui portait le nom de la propriété.
— Pourquoi votre ranch s’appelle-t il le Wildcatter ?
— C’est mon grand-père, Sam Winchester, qui l’a baptisé ainsi. C’était le nom que l’on donnait à l’époque aux chercheurs de pétrole. Et c’était précisément son métier. Lorsqu’il est devenu riche, il a vendu tous ses titres, est venu s’installer ici et a édifié ce ranch.
Lorsque la bâtisse fut en vue, il lui montra du doigt une arène nouvellement construite, puis les paddocks dans lesquels se trouvaient le bétail et les chevaux. Der-rière se dressait la grande maison, construite de bois de pin et d’orme et ornée d’immenses baies vitrées. La clôture et la grange, fraîchement repeintes, rutilaient.
Sam se gara tout près de la maison et coupa le mo-teur.
— C’est vraiment très moderne, observa Jenna.
— Oui, m’dame. Nous rénovons les bâtiments tous les cent ans, environ, même s’ils n’en ont pas besoin, ironisa Sam.
Elle le regarda, intriguée, mais il fit mine d’avoir rien vu et descendit du 4x4. Comme il en faisait le tour, il songea qu’il allait devoir l’aider à descendre de la ca-bine. Sa petite jupe ridicule ne lui permettrait pas de quitter le 4x4 de manière élégante. Mais devait il s’en plaindre ? Rien qu’à l’idée de toucher Jenna une nou-velle fois, il sentit son cœur faire un bond.
Il ouvrit la portière côté passager et la regarda, quê-tant en silence son approbation. Elle se retourna et attra-pa l’étui de son violon.
— J’aimerais beaucoup que vous m’aidiez à descen-dre, dit elle.
Son intonation distinguée l’irrita. Franchement, il n’avait guère le temps de s’amuser à faire découvrir les joies de la vie d’un ranch à une jeune citadine qui ne cherchait qu’à se distraire. Mais il se rappela soudain que c’était pour une bonne cause.
— Bien sûr, m’dame.
Il glissa une main sous ses jambes et retint son souffle en sentant la chaleur de sa peau sous ses bas. Il s’approcha un peu plus près et la prit dans ses bras, puis la fit descendre de son siège, aussi facilement qu’il l’avait fait monter, et l’emmena vers l’entrée. Le corps chaud et souple de la jeune femme était pressé tout contre le sien, et diverses pensées envahirent aussitôt son esprit. Sa peau était elle douce ? Il aurait aimé pou-voir la serrer plus fort encore contre lui, pour mieux respirer son délicat parfum.
— Est-ce que ceci est considéré comme un geste de bienvenue ?
— Pardon ?
Elle sourit et il aperçut la petite étincelle qui brillait dans ses yeux.
— Vous êtes en train de me porter jusqu’à votre porte d’entrée. Pensez-vous que je ne sache pas marcher ?
Sam se rendit soudain compte de ce qu’il était en train de faire. Perdu dans ses pensées, dans le désir qu’il sen-tait naître, il l’avait amenée jusqu’à la véranda. Soudain, un bruit du côté des écuries attira l’attention de Jenna, permettant à Sam de se reprendre et de la poser à terre.
— Que font ces hommes ? demanda-t elle.
— Ils dressent un étalon. J’élève de futurs cracks qu’il faut habituer à la selle. Celui-ci, dans le paddock est encore à moitié sauvage, il faut que nous l’entraînions.
— C’est excitant !
Sam haussa les épaules.
— Si on veut. En fait, ce n’est pas exactement la mé-thode habituelle, mais ce cheval-là est particulièrement retors, et ce n’est qu’en le montant que l’on obtiendra un résultat.
— Vous allez le monter pour le dresser ?
— Oui, il faudra bien.
— Vous en avez l’habitude ?
— Reposez-moi la question lorsqu’il m’aura jeté à terre et fait mordre la poussière. Bon, il va falloir que je les rejoigne, dès que je vous aurai installée à l’intérieur avec vos bagages.
Il lui vint soudain à l’idée que ce spectacle pourrait l’amener à considérer autrement la vie au ranch. Peut-être se rendrait elle compte que ce n’était pas aussi divertissant que ce qu’elle avait l’air de croire. En tout cas, c’était ce qui s’était passé pour son ex-femme. Elle aussi avait considéré que la vie qu’il menait devait être excitante. Jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle devrait res-pirer à longueur de journée la poussière, l’odeur des chevaux et la sueur des hommes.
— Pourquoi ne resteriez-vous pas pour regarder ? Au-tant commencer votre initiation à la vie du ranch tout de suite.
Elle tourna la tête vers lui.
— Je suis un peu fatiguée.
Il scruta son regard.
— Peu importe. J’aurai à m’occuper d’autres chevaux durant votre séjour.
— Ce n’est pas que je ne sois pas intéressée…
— Je comprends tout à fait. Le travail de cow-boy n’est pas toujours très attractif.
Jenna lui avait dit qu’elle voulait tout connaître, mais il savait fort bien qu’une moitié lui suffirait amplement.
— Pourquoi dites-vous cela ? Parce que je suis une citadine ? Croyez-vous que je sois trop sensible pour supporter le spectacle ?
— Non. Du moment que vos chaussures tiennent le coup.
— Vous me mettez au défi ?
— Absolument.
— Eh bien allons-y. Montrez-moi.
— Pas dans cette tenue. En avez-vous apporté d’autres ?
— J’ai un pantalon.
— Des chaussures plus adéquates ? Des bottes, peut-être ?
— J’ai bien peur que non. Juste des mocassins.
— Vous n’avez pas songé à prendre des vêtements plus confortables ?
— Un pantalon et des mocassins. C’est ce que je porte lorsque j’ai envie de me sentir à l’aise.
— Eh bien, j’espère que cela fera l’affaire. Tout au moins jusqu’à demain. Vous pourrez trouver des vête-ments plus appropriés dans les boutiques de Savannah.
Il la fit pénétrer dans un grand hall au parquet ruti-lant, éclairé par des fenêtres à claire-voie. Du plafond descendait un spectaculaire lustre reflétant l’éclat de la lumière du jour. Sur une table basse de verre aux pieds délicats, trônait un magnifique bouquet d’orchidées dont le suave parfum embaumait l’air.
— Je croyais que la vie dans un ranch n’avait rien de glamour, ironisa Jenna. Pourtant tout ceci me semble très glamour.
— Hm. C’est ce qui reste de l’influence de mon ex-femme, Tiffany.
— Oh, c’est magnifique.
— Oui, c’est exactement elle. Elle aimait les belles choses.
Il prit le bras de Jenna pour la guider vers le salon. De nouveau, le contact de sa peau contre la sienne provoqua des étincelles en lui.
Un jeune homme surgit de derrière une porte, et Jenna aperçut dans l’entrebâillement une cuisine moderne et impeccable, ainsi qu’une femme âgée qui se tenait de-vant le plan de travail.
— Voici Caleb, dit Sam, le fils de Red et Maria Spark. Maria est ma gouvernante. Caleb, lui, est un peu l’homme à tout faire de la maison. Il m’aide dans mon travail et donne également un coup de main à sa mère.
— Bonjour, Caleb. Ravie de vous rencontrer, dit Jen-na en tendant la main au jeune homme.
— Ravi également, m’dame.
— Caleb, peux-tu te charger du bagage de Mlle Sinclair ? Elle va rester avec nous quelque temps.
— Tout de suite.
Le jeune homme disparut aussitôt, puis revint l’instant d’après avec le sac et le porte-documents, tan-dis que Sam se dirigeait vers un impressionnant escalier de bois. Il s’arrêta au second étage, devant une porte, et poussa Jenna à l’intérieur. La chambre, décorée dans le plus pur style traditionnel du Far West, était meublée d’un lit à baldaquin, d’une armoire peinte à la main et disposait d’une salle de bains adjacente.
— Lorsque vous serez prête, descendez et nous irons aux écuries.
Sa main s’attarda sur son coude, et elle leva le men-ton vers lui, pour le regarder. Elle avait les yeux d’un brun profond dans lequel il avait envie de se perdre. Lui souriant, il toucha le bord de son chapeau et quitta la chambre. Caleb entra et déposa ses bagages, puis lui tendit le bouquet de roses.
— Merci Caleb. Savez-vous où je pourrais trouver un vase ?
Caleb secoua la tête et sortit, refermant la porte der-rière lui.
Tout en descendant l’escalier, Sam souriait. Une fois que sa visiteuse aurait respiré l’odeur des chevaux et abîmé ses chaussures de créateur, elle se dépêcherait de quitter son ranch et le laisserait tranquille.
Pourtant, il était conscient de l’attirance physique qu’elle exerçait sur lui, et cela ne lui plaisait guère. Il connaissait ce genre de femmes et n’avait aucune envie de s’encombrer d’une liaison. Heureusement, elle n’était ici que pour peu de temps. L’alchimie qui s’était déjà formée entre eux serait difficile à combattre. Il s’imaginait déjà, penché au-dessus d’elle, allongé entre ses cuisses laiteuses, sa bouche explorant son corps, la couvrant de baisers. Peut-être le fait de coucher avec elle, une seule fois, suffirait il à calmer sa libido.
Pourtant, son instinct lui soufflait qu’il ferait mieux de se tenir éloigné de cette superbe créature.
Lorsqu’il se rendit aux écuries un moment plus tard, son contremaître, Tooter Dobson, accoudé à la barrière, le regardait approcher. Couvert de poussière des pieds à la tête, il plissait les yeux en observant Jenna.
— Alors, patron, c’est la fameuse violoniste ?
Sam pouvait presque entendre l’avertissement dans le son de sa voix. Une autre citadine, Sam ? Es-tu tombé sur la tête ou quoi ? Tiffany ne t’a pas suffi ?
Bon sang, Tooter devrait pourtant savoir qu’il ne s’engagerait jamais avec Jenna de façon sérieuse.
— Tooter Dobson, mon contremaître.
— Ravie de vous rencontrer.
Sam proposa à Jenna de s’installer contre la barrière, afin qu’elle puisse observer le spectacle. Ses autres em-ployés se lançaient des regards en coin, et il savait par-faitement qu’ils pensaient tous la même chose que Too-ter. Qu’est-ce que leur boss faisait avec ce genre de femme ?
Tooter ne bougeait pas d’un pouce.
— Alors ! Tu crois que nous allons rester plantés là toute la journée ? On s’en occupe, de ce cheval ?
Tooter eut un sourire ironique.
— Habituellement, ce n’est pas toi qui te charges de ce genre de boulot, boss. Il faut que je te prévienne que celui-ci est particulièrement coriace. Apparemment, ni la selle, ni le poids d’un homme sur son dos ne lui plaisent.
Jenna s’agrippa à la barrière. Bien qu’elle eût fort en-vie de profiter de ce moment pour chercher le carnet de sa grand-mère, elle était intriguée. Les employés menè-rent l’étalon dans l’enclos. Sam décrocha de la barrière une paire de jambières en cuir, les accrocha autour de sa taille, et serra la ceinture. Bon sang, qu’est-ce qu’il était sexy !
Tirant ses gants de sa poche, il s’approcha de l’animal.
— Très bien. Si ce jeune crack fait le difficile, nous allons essayer la manière forte.
— Fais gaffe, Sam, il est vraiment têtu, le prévint Tooter.
— Parfait, parce que je le suis au moins autant que lui !
Tooter se mit à rire. Sam s’approcha tout près de l’étalon, et celui-ci essaya de le mordre.
— Oh là ! Tout doux. Je ne vais pas te faire de mal, mon vieux. Lorsque tu auras compris ça, on pourra peut-être s’entendre, tous les deux. Qu’est-ce que tu en pen-ses ?
Jenna les contemplait, se demandant lequel des deux réussirait à prendre le dessus. Un des employés s’approcha et banda les yeux de l’étalon avec un foulard. Sam mit un pied à l’étrier, attrapa le pommeau et grimpa en selle. Puis il enfila l’autre étrier, serra les jambes autour des flancs du cheval et leva un bras. Son regard croisa celui de son employé et il hocha la tête. Alors le jeune homme retira le foulard des yeux de l’étalon. A peine l’eut il ôté que l’animal se mit à faire des bonds de toutes parts, mais Sam s’y était préparé et se maintint en selle.
— Oh mon dieu ! s’exclama Jenna.
— Ne vous inquiétez pas, m’dame, dit Tooter. Notre Sam a une excellente assiette.
— Il a l’air tellement déterminé.
— Il l’est. Mais le cheval aussi.
Huit secondes passèrent, puis dix, et finalement Sam fut jeté à terre. Aussitôt, deux employés accoururent pour l’aider à se relever et à s’épousseter.
— Alors, tu lui as flanqué une leçon, ou bien c’est lui qui t’en a donné une ? demanda Tooter.
Sam rit. Soudain, son regard croisa celui de Jenna. Elle sentit son cœur cesser de battre. Jamais elle n’avait ressenti une telle émotion en présence d’un homme. Il était si sexy !
De nouveau Sam monta en selle et essaya de dompter l’animal. Seconde après seconde, il devenait de plus en plus maître de l’étalon.
Quelques instants plus tard, il mit pied à terre. Cette fois, il avait maté l’animal, mais Jenna était convaincue que tout n’était pas encore gagné. La prochaine fois, l’étalon ferait encore certainement des siennes, et Sam devrait de nouveau faire preuve de patience, et surtout d’endurance.
Elle attendit qu’il quitte l’enclos et vienne la retrouver.
— Pourquoi n’iriez-vous pas vous installer sous la vé-randa ? proposa-t il. Je vais appeler Maria et lui de-mander de vous apporter de la limonade.
— Vous ne vous joignez pas à moi ?
— Non, j’ai encore du travail, et vous risqueriez d’abîmer vos jolies chaussures si vous veniez avec moi.
Il s’éloigna d’elle. Soudain elle se rendit compte que Tooter s’était approché.
— Quel spectacle ! dit elle. Ils étaient aussi détermi-nés l’un que l’autre.
— Pour sûr, mademoiselle.
Une cloche sonna dans le lointain.
— Oh, c’est l’heure de manger. Je ferais mieux d’y aller avant que les gars dévorent tout !
Tooter la salua et s’en alla. Lorsqu’elle se retourna, Sam et le cheval étaient partis. Elle se dirigea vers la grange, où il commençait à doucher le cheval au jet. Elle s’arrêta net et déglutit en le voyant. Sam était nu jusqu’à la taille, seulement vêtu de son jean et de son Stetson.
Ne sachant que dire, elle s’approcha de lui.
— Pourquoi n’allez-vous pas vous reposer sous la vé-randa ?
Bon sang, qu’est-ce qu’il avait à la repousser comme ça ? Elle était peut-être new-yorkaise, mais elle n’avait pas peur des chevaux !
— Je peux peut-être vous aider ?
Il regarda par-dessus son épaule et secoua la tête. Puis, s’écartant du cheval, il attrapa une paire de bottes en caoutchouc.
— Tenez, enfilez ça.
Elle obéit. Sam prit un seau et commença à verser de l’eau chaude dedans, y ajoutant un savon spécial pour les équidés et un peu d’huile minérale. Puis, il lui tendit une éponge. Elle la jeta dans le seau, puis releva ses manches. Après tout, elle avait lavé sa voiture des dizai-nes de fois. Cela ne devait pas être plus compliqué.
Elle récupéra l’éponge imbibée de savon et commen-ça à laver les flancs du cheval. Soudain, elle sentit Sam juste derrière elle. Elle percevait presque la chaleur de son corps.
— Comme cela. Suis le sens de ses poils.
Sa main se posa sur la sienne et elle ferma les yeux un bref instant, tant elle était troublée par son contact.
— C’est toujours toi qui te charges de ces corvées ? demanda-t elle.
— Habituellement non. Les cow-boys ne passent pas beaucoup de temps à panser leurs chevaux. Mais celui-ci n’est pas à moi et je dois en prendre soin. C’est l’aspect commercial des affaires qui occupe le plus clair de mon temps, mais la vie dans un ranch, c’est aussi cela.
Elle retint sa respiration : il s’approchait encore plus près, elle sentait son souffle chaud sur son oreille.
— Regarde, comme ça.
Sa voix était si douce, si chaleureuse, qu’involontairement, elle se rapprocha de lui. Elle tour-na la tête et leurs visages se retrouvèrent soudain à quel-ques centimètres l’un de l’autre.
Tout à coup, un bruit résonna dans la grange et ils sursautèrent, reprenant leurs distances. Sam s’éclaircit la gorge.
— Attaquons l’autre côté.
Il prit une éponge et ils continuèrent à panser l’étalon. Puis Jenna s’écarta, tandis que Sam rinçait l’animal avec le jet d’eau. Elle sourit en le voyant essayer d’attraper l’eau de ses babines.
— On dirait que notre ami a soif, fit elle remarquer.
— Oui, tu as raison. Pourrais-tu attraper un seau pro-pre et lui donner à boire ?
Alors qu’elle s’approchait avec le seau, le cheval fit un écart et heurta le jet… qui se dirigea droit sur Jenna. Surprise, elle bondit en voulant éviter l’eau froide.
— Bon sang… je suis désolé, dit Sam.
— Tu parles, je suis sûre que tu l’as fait exprès !
Elle prit le jet d’eau et commença à emplir le seau.
— Non, je te jure… tu n’oserais pas, dit il en regar-dant le seau qu’elle tenait entre ses mains.
— Oh que si !
Sam sourit.
— Ne fais pas ça, ma belle. Ou tu pourrais bien le re-gretter.
— Ah oui ? Vraiment ?
Sam dirigea le jet d’eau droit sur elle et elle lui lança le contenu de son seau tout en essayant de s’emparer du jet. Ils riaient tous deux aux éclats, et avant qu’elle n’ait eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait, il la tenait serrée tout contre lui, un sourire langoureux sur les lè-vres, et une petite flamme de défi brillant dans les yeux.
Prudemment, elle fit un pas en arrière et l’entendit gémir tandis qu’il rivait son regard à son chemisier blanc.
Elle baissa les yeux pour s’apercevoir que l’eau en avait imbibé la soie, ainsi que son soutien-gorge en den-telle blanche, révélant ainsi les larges aréoles brunes de ses seins. A la simple idée que Sam les regardait, elle sentit ses tétons se durcir et un véritable feu brûla dans ses veines.
— Sam ? Tu es toujours là ?
La voix de Tooter fit réagir Sam. Soudain, elle sentit qu’il lui passait son manteau autour des épaules. Elle glissa ses bras dans les manches et ferma le vêtement sur sa poitrine. Le manteau était bien trop grand pour elle et empestait l’odeur de cheval, mais c’était le geste le plus généreux qu’un homme ait jamais eu pour elle.
— Pourquoi ne rentres-tu pas à la maison pour te doucher et te changer ? Le dîner doit être prêt. Je te retrouve là-bas.
Jetant un dernier coup d’œil à sa silhouette musclée, elle quitta la grange. Mon dieu ! Pourquoi Sam Win-chester n’était il pas le vieil homme bedonnant auquel elle s’était attendue ?

 
 

 

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ÞÏíã 16-02-09, 07:00 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 7
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ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
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merci princesse samara

 
 

 

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ÞÏíã 18-02-09, 02:56 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 8
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ÇáÊÓÌíá: Apr 2008
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Chapitre : 4

La pluie dégoulinait du chapeau bien trop grand que son hôte lui avait prêté, tandis qu’elle le suivait pas à pas. Sam, lui, semblait insensible à la pluie.
Ce lendemain matin, alors que le temps était exécra-ble et que Sam lui ouvrait grand la barrière de la grange, elle commençait à se dire que son plan, venir ici récupé-rer le journal de sa grand-mère, n’était peut-être pas une si bonne idée qu’elle l’avait cru. Elle se glissa à l’intérieur et fut assaillie par une odeur de foin et de chevaux. Ses narines frémirent et elle perçut également une odeur de terre qui éveilla en elle des souvenirs chers à son cœur.
C’était l’odeur du printemps, lorsque les tulipes commençaient à éclore, suivies des azalées et des rosiers de grand-mère. Elle se souvenait des jours anciens où elle s’asseyait dans le jardin, tout près de son aïeule, et l’observait tailler ses rosiers. La vieille dame se coiffait d’un grand chapeau de paille. Toujours aussi sophisti-quée, même lorsqu’elle travaillait au jardin…
Les images lui firent fermer les yeux.
— Hé ! Tu as besoin d’une autre tasse de café ? de-manda Sam.
Elle tressaillit et constata qu’il la regardait, amusé. Il était à peine 6 heures, ce matin, lorsqu’il avait frappé à sa porte, l’invitant à se lever et à s’habiller. Selon lui, rien ne valait l’aube, pour mieux apprécier la vie au ranch. Ce dont Môssieur le Cow-Boy ne se doutait pas, c’était qu’elle se levait toujours à cette heure-là, elle aussi, pour jouer du violon. Elle faisait ses gammes pen-dant une heure avant le petit déjeuner, et cela la mettait de belle humeur pour la journée.
— Non, je te remercie. En fait, l’odeur ici m’évoque le printemps, lorsque je regardais ma grand-mère jardi-ner.
— Oh, désolé. Moi aussi, parfois, les odeurs me plon-gent dans mes souvenirs. C’est fou, le nombre de choses dont on peut se rappeler, non ?
— Oui, c’est vrai.
Il lui tendit une pelle.
— Tu peux leur donner à chacun une pleine ration. Moi, je vais remplir les seaux.
— D’accord, chef.
— C’est toi qui as voulu participer.
— Pas de problème. Et je ne vais pas courir me réfu-gier dans un hôtel, si c’est ce que tu crois.
— Pourquoi penserais-je cela ? demanda-t il, faus-sement innocent.
— Peut-être parce que tu m’as tirée de mon lit à l’aube pour m’amener ici, sous la pluie, et me faire rem-plir les seaux de grains.
— Tu parles d’une pluie ! C’est juste une petite bruine, qui d’ailleurs sera bonne pour l’herbe. Tu n’es quand même pas une mauviette qui redoute l’eau ?
Elle sourit. Sam était irrésistible.
— Grands dieux, je ne voudrais surtout pas que l’on me colle cette étiquette.
Il lui sourit. Vêtu comme il l’était, avec son grand manteau cache-poussière, et son Stetson sur la tête, il avait l’air d’une publicité vivante de cow-boy. Elle le regarda se débarrasser de son manteau et s’emparer de deux énormes crochets qu’il planta dans des balles de foin pour les transporter. Déposant celles-ci à ses pieds, il prit une fourche qu’il planta dans le foin et commença à le distribuer dans la première stalle.
Jenna le regardait travailler, détaillant chacun de ses gestes. Il n’y en avait pas un de trop. Elle avait ren-contré nombre d’hommes bien plus sophistiqués que Sam Winchester, mais aucun d’eux ne l’avait fascinée à ce point. Pourtant, Sam ne faisait rien d’autre qu’accomplir un travail manuel très ordinaire !
— Alors, pourquoi ne veux-tu pas de moi ici ?
Elle s’empara d’une fourche. Sam cessa un instant de travailler et la contempla. Puis, il secoua la tête et se remit à l’œuvre.
— Je n’ai jamais dit que je ne voulais pas de toi.
— C’était inutile de toute façon. Je ne reste pas plus de deux semaines.
— Je te suis reconnaissant pour ce que tu fais, Jenna. Je crois simplement que l’idée de tirer une jeune cita-dine de son lit si tôt le matin, pour lui montrer ce qu’est vraiment la vie dans un ranch me plaisait assez.
— Cela t’étonnerait sans doute d’apprendre que je me lève à cette heure-ci tous les jours.
Il s’interrompit.
— Effectivement, cela me surprend.
— Je m’en doutais. Sache, pour ta gouverne, que j’aime m’exercer au violon dès que je me lève.
— Quel idiot ! Bon sang ! Dire que je t’ai traînée ici, sous la pluie, et que j’ai interrompu le cours de ton em-ploi du temps habituel.
— Ce n’est pas grave, vraiment.
Il la regarda, visiblement peiné.
— Si. Je l’admets. C’était nul.
Il se détourna et reprit sa fourche.
— Préviens-moi, la prochaine fois, si tu as envie de faire tes gammes.
— Je le ferai, ne t’inquiète pas.
Quelques heures plus tard, ils terminaient enfin leur besogne. Fatiguée, Jenna fit rouler ses épaules, sentant une tension entre ses omoplates. Sam la contempla. Il avait hâte qu’elle s’en aille, mais ne voulait pas qu’elle parte en moins bonne forme qu’elle n’était arrivée. Il s’approcha, posa ses mains sur ses épaules, et commença à lui masser la nuque du bout des doigts.
Jenna sentit chacune des cellules de son corps se met-tre à vibrer à l’unisson des mains de Sam. Son cœur battait de plus en plus vite. Elle avait la sensation que Sam la caressait, plus qu’il ne la massait. Dans la grange, le silence s’intensifia. Il était palpable. Soudain, il fut comme une sorte de lien entre eux deux, un lien au parfum de cuir et de bois, qui mettait un frein à leur désir.
— Hé boss ! Tu es là ?
Sam retira aussitôt ses mains et s’éclaircit la voix.
— Oui, à l’intérieur, Tooter.
Jenna et Sam se tenaient à présent à une distance res-pectable l’un de l’autre. Tooter entra et toucha le bord de son chapeau.
— Mademoiselle Sinclair.
Tooter hocha la tête et se tourna vers Sam.
— Silver Shadow est prête à mettre bas, mais je me fais du souci pour elle. Les choses n’ont pas l’air de se présenter normalement.
— Je vais aller voir ça.
Tooter salua de nouveau Jenna d’un « m’dame », et partit. Elle regarda Sam.
— Je vois que tu es très demandé.
— C’est le cas. Si tu préfères rentrer à la maison pour t’entraîner, vas-y. Moi, je vais aller voir la future ma-man.
— Non, ça va.
— J’ai déjà perturbé ton emploi du temps ; et il me semble bien que tu dois donner ce soir ton premier concert.
Jenna ne discuta pas. Même si elle mourait d’envie de voir la jument, Sam venait de lui rappeler que la musi-que avait toujours été sa priorité ; d’ailleurs, elle était plus à l’aise dans ce domaine qu’elle maîtrisait que lors-qu’elle était la proie de ces curieuses sensations qui s’emparaient d’elle dès qu’il la touchait.
Elle avait encore en mémoire l’image de son père blessé, lorsque sa mère avait fait de l’opéra le centre de sa vie. Depuis lors, il n’avait jamais réussi à panser son cœur brisé. Aujourd’hui encore, Jenna n’avait aucune idée de l’endroit où son père vivait. Jamais elle ne ferait à quelqu’un le mal que sa mère avait fait. Et certaine-ment pas un homme aussi fier que Sam. C’était une promesse qu’elle s’était faite depuis de nombreuses années, et qu’elle n’avait aucune intention de rompre.
La musique était toute sa vie.
Ce soir-là, Jenna se tenait en coulisses et observait son public. Un peu plus tôt dans la soirée, elle avait tenté de localiser le fameux bureau, mais elle avait dû venir s’exercer avec l’académie de musique de Savannah, ce qui ne lui avait guère laissé de temps pour prospecter.
Elle sentait naître une certaine appréhension, mais sa-vait pertinemment que cela n’avait rien à voir avec le public. Jamais elle n’avait déçu une salle. Non, ce trac provenait du fait qu’elle souhaitait ardemment que Sam apprécie sa musique. Cela comptait plus que tout. Ce serait comme une réponse aux plaisirs qu’elle prenait à leurs travaux matinaux.
Outre les morceaux habituels de son répertoire, elle comptait en jouer un qu’elle avait ajouté spécialement à son intention, intitulé Tempête. C’était un air magnifique et elle espérait sincèrement qu’il lui plairait. Soudain, une pensée terrifiante lui traversa l’esprit. Sam l’avait traînée sous la pluie pour prendre soin des chevaux et du bétail. Pour quelle raison s’intéresserait il à sa musi-que ? Et pourquoi cela avait il tant d’importance pour elle ?
— La salle est pleine, mademoiselle Sinclair, lui an-nonça le directeur de l’académie de musique, en lui po-sant une main sur l’épaule.
Il lui rendit le sourire qu’elle lui fit.
— Je vous ai entendue vous entraîner. C’était magni-fique.
— Merci beaucoup, c’est très aimable.
— Non, ce n’est pas de la gentillesse, mais de l’admiration. Et c’est la stricte vérité.
— Alors, merci pour l’admiration.
L’homme était beau, élégant, et elle aimait son accent texan. Oui, il lui plaisait bien, mais pas comme Sam, dont la voix rauque résonnait encore à ses oreilles et semblait s’insinuer dans tout son être.
Elle s’enjoignit de se ressaisir. Bon sang ! La seule et unique raison de sa présence ici était de respecter les ultimes vœux de sa grand-mère et de retrouver son jour-nal intime.
Le hall continuait à se remplir de gens qui se sa-luaient, puis cherchaient leurs sièges. Chacun était vêtu avec élégance et la lumière des lustres faisait briller les bijoux des femmes.
Soudain, les lumières se tamisèrent et le directeur de l’orchestre chuchota :
— Plus que deux minutes, mademoiselle.
Jenna prit son violon et, impatiemment, lissa sa robe noire. Sam avait été retenu dans la grange et elle ne l’avait pas vu avant de quitter le ranch ; c’était d’ailleurs un de ses employés qui l’avait conduite à l’académie.
Elle entendit son nom et retint son souffle. Puis elle quitta les coulisses et entra sur scène. Elle ne tenait guère à regarder Sam, qui se tenait au premier rang, assis à côté du maire et de sa femme. Au contraire, elle se força à regarder droit devant elle et salua le public qui applaudissait son entrée. Puis, elle porta son regard sur les sièges juste devant elle, et faillit en lâcher son ins-trument.
Au beau milieu d’une rangée de costumes sombres, il était assis là, vêtu d’une redingote noire, sous laquelle il portait un gilet rayé noir et gris et une chemise blanche.
Ses yeux croisèrent le regard bleu perçant de Sam. Il la dévorait des yeux. Jamais aucun homme n’avait pro-voqué en elle un tel émoi. En fait, tous les hommes qu’elle avait connus semblaient fades et inconsistants à côté de lui.
Elle se rappela le regard déterminé qu’il avait eu la veille, lorsqu’il avait essayé de dompter l’étalon, et elle se souvint de la force qui émanait de lui.
Il soutint son regard et inclina légèrement la tête pour la saluer, une petite lueur amusée au fond des yeux.
Elle observa sa bouche, si provocante, si sensuelle, se demandant soudain quel effet produiraient ses lèvres sur les siennes…
Il lui sourit — la narguait il ? Elle détourna enfin son regard.
— Mesdames et messieurs, bonsoir. C’est un vérita-ble plaisir, et un honneur pour moi, d’être parmi vous ce soir. Je suis fière d’être accompagnée par l’excellent orchestre de l’académie de musique de Savannah, et son brillant chef, Martin Slade.
Elle tendit la main en direction de l’orchestre, et de nouveau, la foule applaudit.
Puis, elle hocha la tête en direction de Martin Slade, qui leva sa baguette, attendant son commandement. Alors, portant le violon contre son menton, elle com-mença à jouer.
Les morceaux s’enchaînèrent. L’orchestre était par-fait, la musique magnifiquement interprétée et le public visiblement sous le charme. Sam non plus, ne la quittait pas des yeux.
Lorsque le concert prit fin, elle s’avança vers le micro pour parler au public :
— Cela faisait longtemps que j’avais envie de visiter le Texas, et je voudrais profiter de l’occasion pour re-mercier Sam Winchester de m’accueillir chez lui.
Elle baissa les yeux vers lui et sourit.
— Sam, ce soir, je voudrais jouer un air spécialement pour toi. J’espère qu’il te plaira. Il s’appelle Tempête.
Les lumières s’éteignirent, laissant la salle dans l’obscurité totale.
Puis, soudain, un bref éclair illumina la scène, relayé par une lumière stroboscopique. Ensuite, un bruit réson-na dans le théâtre, comme le grondement du tonnerre, habilement interprété par un roulement des tambours.
De nouveau, Jenna porta son violon sur son épaule. Elle en fit vibrer les cordes, et une note profonde, douce, descendit de la scène vers l’auditoire. Elle tint la note, longtemps, puis la laissa doucement décliner, pour ter-miner par un étourdissant silence. Lorsqu’un nouveau flash de lumière emplit le théâtre, suivi du roulement de tonnerre des tambours, elle reprit sa mélodie et tint la même note fascinante. Puis ses doigts se courbèrent et l’archer fit résonner un son d’une pureté éclatante. Ses doigts volaient au-dessus des cordes, tandis que Sam fermait les yeux, laissant la musique l’enivrer.
Elle joua une nappe d’accords stridents, en staccato, qui donnèrent à Sam la chair de poule. La musique sem-blait chargée d’orage, et sa plainte évoquait des prairies inondées, chuchotait le gémissement du vent, la brume et l’ombre des grands cèdres au-dessus du Rio Grande. Elle imitait les gouttes de pluie et tout l’auditoire rete-nait son souffle pour mieux savourer chaque mesure.
Sam avait l’impression que chaque corde vibrait et pénétrait en lui, jusqu’à un endroit demeuré si secret qu’il en avait à peine conscience. Il ignorait pourquoi, mais tout en le faisant rêver, la musique l’excitait, faisait battre son pouls de plus en plus vite. Puis, soudain, il se rendit compte que tout son corps brûlait de désir.
Il était rivé à son siège, fixant le visage de Jenna, tan-dis que les notes de musique résonnaient dans l’air. Il était comme hypnotisé. Lorsque leurs regards se croisè-rent, il sut que s’il ne possédait pas cette femme, son désir le rendrait fou.
Il aurait voulu la toucher tout de suite ; la serrer contre lui, l’embrasser passionnément, et la faire sienne dans l’instant.
Pour se calmer, il inspira profondément. Bon sang, il en transpirait presque. Habituellement, les femmes ne le mettaient pas dans un tel état, mais celle-ci, avec son regard si fier, avait réussi à le subjuguer.
Délicieuse, charmante, séduisante : tous ces termes lui convenaient, mais aucun ne parvenait à décrire la force de l’attraction qu’elle exerçait sur lui.
La foudre crépita, le tonnerre gronda, puis Jenna joua la dernière note et attendit l’ultime halo du projecteur.
Alors, la foule se rompit en applaudissements. Sam les entendit à peine et se précipita dans les coulisses. Lorsqu’il y parvint, Jenna avait déjà quitté la scène, et il faillit se heurter à elle. Il la prit par les épaules.
— Jenna, je…
Jamais Sam n’avait ressenti autant d’émotion en pré-sence d’une femme. Jenna Sinclair avait vraiment quel-que chose de particulier. Elle avait un corps sublime et sentait divinement bon. Même dans l’obscurité des cou-lisses, il discernait les voluptueuses courbes de son corps. Et il savait d’avance qu’elles s’harmoniseraient parfaitement avec celles de son propre corps.
— Sam… il faut que je me change. Je ne veux pas être en retard pour la réception qui a lieu à l’hôtel, je crois.
Elle le fixait de ses grands yeux bruns fascinants. La sentir si proche le troublait intensément. Un instant s’écoula, et Sam gonfla ses poumons pour reprendre contenance… et respirer une fois encore son parfum si suave.
— Très bien, je vais t’accompagner.
— Merci.
Il la laissa passer devant et la suivit jusqu’à sa loge.
— Préfères-tu que je t’attende dehors ?
— Non. J’ai besoin d’aide avec ma fermeture Eclair.
Il la suivit à l’intérieur et Jenna lui présenta son dos. Il baissa la fermeture, ses mains tremblant légèrement au contact de sa peau soyeuse. Puis elle s’écarta de lui et disparut derrière un paravent.
Il entendit le bruissement du tissu lorsqu’elle retira sa robe, et ferma les yeux.
Lorsqu’elle alluma la petite lampe située à côté d’elle, derrière le paravent, il perçut les ombres de sa silhouette et frissonna de désir. Il ne pouvait plus détacher son regard d’elle et sentait son pouls battre de plus en plus vite. Combien de promesses de volupté se trouvaient là, juste à portée de main !
Le souffle coupé, il la regarda lever les bras au-dessus de sa tête et vit un tissu léger descendre sur son corps. Il l’imagina en train de glisser de sa voluptueuse poitrine, jusqu’à ses cuisses qu’il devinait fermes. Fasciné, exci-té, il se dirigea vers le paravent. De nouveau, il ferma les yeux, essayant de maîtriser son désir. Jenna était une femme sophistiquée et avait le même mode de vie que celui qu’avait abandonné son ex-femme, pour mieux le regretter, une fois qu’elle s’était trouvée isolée au ranch. Cependant, Jenna, elle, serait partie d’ici peu, alors pourquoi ne pas laisser son désir s’exprimer librement ? Le seul danger à courir était de s’impliquer au-delà d’une simple liaison avec elle. Jenna était habituée à voyager, c’était une musicienne célèbre, et la gloire faisait partie de sa vie, une vie à laquelle elle ne renon-cerait certainement jamais. Mais après tout, n’était-ce pas ce qu’il souhaitait réellement ? Une liaison sans attaches. Cela la rendait encore plus désirable à ses yeux.
Il se tenait encore tout près du paravent, les mains po-sées dessus, lorsqu’elle en sortit et le regarda, interlo-quée. Ses yeux passèrent du paravent à la lampe, puis se fixèrent sur les vêtements qu’elle venait d’ôter. Elle lui lança un regard interrogateur. Sam sentit alors le sang affluer dans ses veines. La pensée de sa peau veloutée et son regard brûlant eurent raison de ses bonnes résolu-tions. Le désir qu’il avait vainement essayé de contrôler fut plus fort que tout, et il l’attira tout contre lui.
Sa bouche rugueuse fondit sur la sienne, plus douce que du velours.
Jenna retint son souffle. Elle s’était attendue à lire une certaine moquerie dans ses yeux, ou peut-être une invite, lorsqu’elle avait réalisé qu’il l’avait peut-être observée, nue à travers le paravent. Mais ce qu’elle dé-couvrait était plus profond, plus fort, plus violent. Ce qu’elle devinait dans ses yeux bleus si intenses était le même désir qui brûlait en elle. Ainsi que la même envie de garder ses distances et d’éviter les erreurs. Les mê-mes barrières que les siennes.
Elle posa ses mains sur ses épaules musclées, puis ca-ressa son torse.
— Chérie, dit il, tu es absolument délicieuse.
Il continua à l’embrasser passionnément, tandis qu’elle se sentait fondre de plaisir.
Jenna retint son souffle lorsque les mains viriles commencèrent à explorer son corps et vinrent se poser sur ses fesses.
— Oui… gémit elle d’une voix sourde, tout en sen-tant, à travers son pantalon, son sexe dur se presser contre elle.
Il la serra plus fort encore, frottant son sexe contre le sien. Elle avait le souffle court et haletait sous la pres-sion de sa bouche.
Un coup violent frappé à la porte brisa son élan, la forçant à ouvrir les yeux et à réaliser où elle était et ce qu’elle faisait. Elle repoussa Sam des deux mains, se demandant comment elle avait pu se laisser ainsi aller.
Sam la lâcha et s’écarta d’elle.
— Un moment, cria-t elle. J’arrive tout de suite.
Elle jeta un coup d’œil dans le miroir, rectifia son rouge à lèvres et tenta de passer devant Sam pour ouvrir la porte. Mais il l’attrapa par la taille et ses lèvres chau-des se glissèrent dans sa nuque où il déposa un langou-reux baiser.
Se sentant de nouveau excitée, elle s’écarta néan-moins de lui.
— Sam ! Il faut que j’aille ouvrir la porte.
— Je sais, répondit il en la laissant passer.
Lorsque Jenna ouvrit pour accueillir les élèves de l’académie, impatients de la retrouver, elle s’aperçut qu’elle venait d’entrevoir ce que pouvait signifier la passion que sa grand-mère décrivait si bien dans son journal intime.
Mais elle n’était pas ici pour vivre une liaison pas-sionnée.
Elle avait d’autres objectifs.
Même si la passion venait de se révéler à elle, avec son cortège de promesses sensuelles.

Chapitre : 5

Ils roulèrent en silence, mais Jenna ne parvenait pas à ôter de son esprit le souvenir de leur baiser. Elle n’osait pas regarder Sam. Même dans l’obscurité de la cabine, elle savait qu’elle n’aurait pas pu échapper à l’attrait de ses lèvres… si charnelles. Elle se tourna sur le côté, et soupira.
Il rompit le silence, la ramenant à la réalité.
— Je ne savais vraiment plus ce que je faisais.
Il avait prononcé ces paroles sans même la regarder.
— Soyons honnêtes, nous sommes tous les deux aus-si coupables l’un que l’autre. Tout cela était très… spontané. Dès que nous sommes côte à côte, il y a une sorte d’électricité entre nous.
Sam soupira.
— Je sais. Mais tu es mon invitée.
— Et si tu traites toujours tes invitées de la sorte, je te préviens, je reviens !
Il s’esclaffa et se tourna vers elle, tout sourire. Jenna observa une nouvelle fois sa bouche. Quel effet cela lui ferait il de sentir ses lèvres sur son corps, sur ses seins… entre ses cuisses ? Elle frissonna en imaginant la scène et pria silencieusement pour qu’ils arrivent bientôt à la réception.
Lorsqu’ils parvinrent à l’hôtel où devait se dérouler la soirée, elle se débrouilla pour descendre seule du 4x4. Si jamais Sam posait de nouveau les mains sur elle, elle ne répondait plus de rien.
Il l’observa et lui tendit le bras. Se rappelant que se retrouver en contact aussi étroit avec lui n’était pas une bonne idée, elle fit mine de n’avoir rien vu et avança seule. Lorsqu’elle parvint dans l’immense hall, Sam était encore deux pas derrière elle. Pourtant, elle ne ralentit pas son allure, pas même pour admirer l’élégance du lieu.
Sur un piédestal s’affichait une immense photo d’elle, ainsi que les indications pour se rendre à la ré-ception. Jenna s’enfonça dans l’épais tapis bleu. Elle était presque parvenue au seuil de la grande salle, lors-qu’elle sentit la main de Sam sur son bras.
— Hé bébé ! Il n’y a pas le feu !
S’il savait ! C’était sûrement le feu qui courait préci-sément dans ses veines, parce que jamais elle ne s’était sentie dans un tel état. Elle serra les dents, inspira pro-fondément et se tourna vers lui.
— Je ne voulais pas faire attendre les invités.
Il lui désigna un tableau accroché au mur.
— Je voulais te montrer le portrait de mon arrière ar-rière-grand-mère. Comme je te l’ai déjà dit, la ville porte son nom.
Jenna se tourna vers la peinture, trop heureuse de dé-tacher son regard de Sam. Etonnée, elle constata que l’aïeule de Sam avait de nombreux traits physiques en commun avec lui : la même mâchoire ferme, les mêmes yeux d’un bleu si profond, et les mêmes lèvres sensuel-les.
Sam regardait le portait d’un air grave.
— C’était vraiment une lady. Elle a aidé mon arrière arrière-grand-père à édifier une vie stable, elle a amené la médecine dans cette ville et a fondé le journal local. Et jusqu’à son décès, elle a toujours pris soin des au-tres.
Visiblement, Sam était fier de son héritage, et c’était tout à son honneur. Ses aïeux avaient construit une ville agréable, et aujourd’hui, il poursuivait leur œuvre.
— Et toi, tu marches sur leurs traces en essayant de moderniser l’hôpital.
— J’aurais tant aimé la connaître lorsqu’elle était jeune.
Il rit.
— Ce qui est tout à fait impossible, évidemment.
Soudain, Jenna sentit des larmes lui brûler les yeux, elle se tourna pour les dissimuler, mais il était déjà trop tard.
— Je suis désolé, dit Sam. Je ravive le souvenir de ta grand-mère.
— Ne t’inquiète pas. C’est juste que tout ceci est tel-lement récent ; et lorsque je me rends compte qu’elle est vraiment partie, cela me fait mal.
— Je comprends. A une époque, il m’arrivait sou-vent de vouloir discuter de certains sujets avec mon père. J’avais envie de prendre le téléphone et de parler avec lui, mais c’était impossible parce que, déjà, il n’était plus là.
— Dis-moi qu’avec le temps, les choses deviennent plus faciles.
— C’est le cas.
Elle s’essuya les yeux avec le mouchoir qu’il lui tendit.
— Tu es un bon menteur.
Sa présence, sa douceur : c’était tout ce dont elle avait besoin. De nouveau, ses yeux se posèrent sur sa bouche.
— Continue comme ça, et nous n’irons jamais à cette réception.
— Continuer… quoi ?
— A fixer mes lèvres ainsi. Ça me rend fou.
Ça le rendait fou. Tout comme elle. Il la rendait folle de désir.
Tandis qu’ils marchaient le long du corridor, ils en-tendirent des notes de musique. Ils pénétrèrent dans une vaste salle où un magnifique buffet avait été dres-sé. Trois superbes lustres descendaient du plafond et de nombreux couples dansaient sur le parquet ciré.
Les applaudissements fusèrent dans un coin, et continuèrent jusqu’à ce que toute la salle fût en train de frapper dans ses mains. Jenna était stupéfaite de décou-vrir autant de chaleur dans leurs regards. Tandis qu’elle s’avançait, chacun la félicitait.
Elle hocha gracieusement la tête à chaque compli-ment, saluant et remerciant chacun. A côté d’elle, Sam se sentait complètement inutile et vexé qu’elle n’ait toujours pas pris son bras.
Ils s’avancèrent un peu plus dans la salle. Une femme entre deux âges, aux longs cheveux blonds, entama une conversation avec Jenna.
— Vous jouez superbement bien. Où avez-vous ap-pris ?
Sam s’éloigna et se dirigea vers le bar, où il com-manda un whisky qu’il but d’un trait. Puis il demanda au garçon un verre de vin blanc, et un autre whisky, qu’il prit avec lui, cette fois, en retournant auprès de Jenna. L’ayant rejointe, il lui tendit le verre de vin blanc. Elle lui sourit, et effleura sa main en saisissant le verre. Sam eut le temps de voir la petite flamme briller dans ses yeux avant qu’elle ne se raidisse. Alors, soudain, il comprit. Elle ne voulait pas le toucher, parce qu’elle était attirée par lui. Voilà pourquoi elle refusait de prendre son bras.
Il saisit quelques bribes de la conversation.
— Vos concerts vous amènent ils à voyager dans des contrées exotiques ? demanda une femme vêtue d’une élégante robe noire, tout en sirotant son champa-gne.
Jenna se tourna vers elle en lui souriant. Il aimait la façon dont son visage s’éclairait, tandis qu’elle répon-dait.
— En fait, je voyage presque toute l’année. Je suis allée à Rome, à Saint-Pétersbourg et à Budapest. J’ai donné des concerts pour Noël à Londres, et pour le nouvel an à Milan. Toutes ces villes sont magnifiques.
— Combien de temps devez-vous vous exercer cha-que jour ? demanda un homme vêtu d’un costume bleu nuit, et d’un Stetson flambant neuf.
— Cela dépend, répondit Jenna. Si j’apprends un nouveau morceau, environ quatre heures. Sinon, deux ou trois suffisent.
D’autres questions suivirent, auxquelles elle répondit avec la même patience et la même gentillesse. Soudain, Sam songea qu’elle en avait assez fait.
— Ecoutez, dit il aux personnes qui entouraient Jenna. Mlle Sinclair n’a encore rien avalé de la soirée. Laissons-la aller se restaurer un peu.
Il lui tendit la main, et Jenna l’accepta. Une véritable décharge électrique le parcourut lorsqu’il sentit sa paume dans la sienne, mais il se refusa à la lâcher, et l’attira vers lui. Peut-être danser avec elle l’aiderait il à se reprendre. Ce fut pire.
— Est-ce que tu prends toujours ainsi tout en charge ? demanda Jenna.
— Eh bien, lorsque je vois une personne, supposée être mon invitée, se faire bombarder de questions alors qu’elle a l’air exténuée, que veux-tu, c’est plus fort que moi, je ne peux pas m’empêcher de voler à son secours.
Elle le fixait, et de nouveau ses yeux glissèrent jus-qu’à ses lèvres.
— Est-ce que c’est vrai, demanda-t il, que tu voya-ges presque tout le temps ?
Elle releva les yeux vers les siens, et il se sentit sou-lagé.
— Oui, je voyage une bonne partie de l’année, et le reste du temps, je pratique mon instrument. Cela me convient tout à fait.
— Et quand est-ce que tu t’amuses ?
— Que je m’amuse ?
— Oui, tu sais, les choses que l’on fait, et qui nous font plaisir, ou nous permettent de nous relaxer. Tu te souviens ?
— Hm, oui. J’en ai un vague souvenir.
— Eh bien, pourquoi ne profiterions-nous pas de ton séjour ici pour te créer d’autres souvenirs de ce genre ?
Elle cligna des yeux et regarda au loin, alors qu’une rougeur lui montait aux joues.
— Tu danses très bien la valse, dit elle en conti-nuant à éviter son regard.
Soudain, Sam se souvint de Tiffany lui apprenant la valse. Que diable était il en train de faire ? Les voya-ges que Jenna venait de mentionner ne lui rappelaient que trop la précipitation de son ex-femme pour s’éloigner du ranch dès qu’elle en avait l’occasion. La vie là-bas lui pesait et elle s’y ennuyait fermement. Quant à lui, il n’avait pas l’intention d’entamer une quelconque liaison avec une femme qui serait absente en permanence. Leur baiser n’était rien d’autre qu’une erreur, à mettre sur le compte de sa libido et d’un excès d’hormones. Il valait bien mieux pour lui comme pour elle qu’il garde ses distances.
— Que dirais-tu d’aller manger quelque chose ? de-manda-t il.
Elle leva les yeux vers lui et eut l’air intriguée. Ap-paremment, elle avait perçu un changement en lui. Bon sang, il n’y pouvait rien ! Son ex-femme lui avait brisé le cœur, en le laissant seul dans une maison et un lit vide.
Il avait envie de remplir les deux avec une femme qui resterait à ses côtés. Mais c’était là la seule chose que Jenna ne pouvait lui offrir.
Durant toute la soirée, elle alla de groupe en groupe, discutant avec chacun, évitant Sam soigneusement. Il l’observait de loin, ressentant toujours autant de désir pour elle. Son propre comportement l’agaçait. Il n’avait pas l’habitude de se retrouver dans une telle situation, à désirer ce qui n’était pas bon pour lui.
L’orchestre joua un air déchirant et il se sentit en-core plus mal à l’aise. Les notes de musique intensi-fiaient la prémonition qui ne l’avait pas quittée de la soirée. Bon sang, il avait tout fichu en l’air en l’embrassant. Qu’est-ce qui lui avait pris ? Jamais de sa vie il ne s’était comporté ainsi avec une femme.
Après avoir passé plus de vingt minutes à la contem-pler à distance, il observa quelques signes de fatigue sur son visage, même si elle faisait tout pour les ca-cher. Peut-être lui était il donné de les voir parce qu’il la connaissait un tout petit peu, après ces deux jours passés ensemble. Quoi qu’il en fût, jamais il n’admettrait l’idée qu’il aimerait apprendre à mieux la connaître encore, et sur un terrain plus intime. Lors-qu’il s’aperçut qu’elle venait de réprimer un bâille-ment, il sut que c’était à lui de jouer. Il s’approcha d’elle et l’attrapa par le coude.
— Allez, dis bonsoir.
Elle se tourna vers lui et le regarda.
— Ça va, il est encore tôt.
— Il est déjà plus de minuit, Jenna.
— Vraiment ?
— Oui, dis bonne nuit. Tu tombes de fatigue.
Un groupe d’étudiants s’approchait ; le même qui l’avait déjà monopolisée une bonne partie de la soirée.
— Dis-leur que tu t’en vas.
— Je ne voudrais pas les décevoir. Je peux rester en-core une demi-heure.
Il soupira, regarda les étudiants et comprit pourquoi elle agissait ainsi. L’émotion se lisait sur leurs figures ; leurs craintes, leurs espoirs, leurs rêves. Le fait qu’elle y fût attentive l’étonna. Jamais il n’aurait cru qu’une femme comme elle pût se soucier de quelqu’un d’autre que d’elle-même ; de la même façon qu’il avait cru qu’elle était du genre à dormir jusqu’à 9 heures du matin et à réclamer toute l’attention des domestiques. Jusqu’à quel point s’était il trompé à son sujet ?
Il lui tapota le bras.
— Tu as encore un atelier et un autre concert pour répondre à toutes leurs questions. Et d’ailleurs, je suis fatigué moi aussi.
— Vraiment ? Oh, pardon, bien sûr que tu dois l’être, excuse-moi. Laisse-moi juste remercier le prési-dent de l’académie et nous y allons.
Confortablement installés dans son 4x4, enveloppés par la nuit noire, ils reprirent la route du ranch. Lorsque Sam jeta un coup d’œil à Jenna, il vit qu’elle avait les yeux fermés et la tête posée sur l’appuie-tête. Elle était épuisée, mais il leur avait fallu quinze bonnes minutes pour quitter la salle de bal. Puis ils avaient été retardés par diverses personnes qui avaient réclamé des autogra-phes, ce qui leur avait encore pris un bon quart d’heure. A présent, il était plus de 1 heure du matin, et lui aussi commençait à ressentir sérieusement la fatigue.
Le pire était qu’il allait devoir se lever à l’aube pour les travaux quotidiens au ranch. Et s’il ne s’occupait pas rapidement de la pile de papiers qui encombrait son bureau, il risquait d’être bientôt submergé.
Jenna se réveilla en sursaut et se rendit compte que c’était uniquement parce que Sam avait ouvert sa por-tière.
— Allez, belle endormie, nous sommes arrivés.
Elle se leva et voulut descendre du véhicule, mais encore ensommeillée, elle perdit l’équilibre… et fut rattrapée par une paire de bras solides.
— On dirait bien que tu ne peux ni monter ni des-cendre de ce 4x4 sans aide, plaisanta Sam.
— Cet engin est bien trop haut, grogna-t elle.
— Plus haut qu’une limousine, ça c’est certain.
De quoi parlait il ? Des limousines ? Elle ne se dé-plaçait qu’en taxi. Bien sûr, il lui était déjà arrivé de monter dans une limousine, mais ce n’était nullement dans ses habitudes.
Elle le regarda au fond des yeux et perdit le fil de ses pensées, se noyant dans le bleu de ses yeux.
Puis, elle regarda le ciel et soupira. Les étoiles bril-laient, nombreuses dans la nuit noire. Vivant dans une métropole, elle n’avait encore jamais prêté attention à leur intensité. Elle faillit se cogner la tête en essayant de regarder le ciel dans toute sa largeur.
— Descends donc de là avant de te faire mal ou de tomber, dit Sam.
— Droit dans tes bras ? demanda-t elle en sentant des étincelles de passion fourmiller dans son corps.
Il lui tendit la main pour l’aider.
— Cela ne serait pas pour me déplaire, répondit il en lui souriant.
— A moi non plus, chuchota-t elle.
— C’est vrai ?
— Pourquoi pas ? Du moins, juste pour quelque temps.
— Ça me va.
— Il faudra bien. Parce que ma vie, c’est la musique.
— Est-ce un avertissement ?
Elle se rendit compte que c’était le cas. Oui, la mu-sique passerait toujours avant tout, elle en avait pris conscience dès son plus jeune âge, dès qu’il lui avait fallu fixer ses priorités. Sa grand-mère avait choisi l’amour, mais sa mère avait préféré la musique. C’était son cas à elle aussi, et elle frissonna en comprenant à quel point elle ressemblait à sa mère. Mais la diffé-rence, c’était qu’elle ne manipulerait jamais qui que ce soit. Sa mère, elle, utilisait les gens. Elle les cajolait et se jouait d’eux. Elle, elle préférait être franche et aller droit au but. Même si cela comportait quelques risques.
— Lorsque je couche avec un homme, j’aime qu’il comprenne mon mode de vie.
— Parce que nous allons coucher ensemble ?
— Sam, chaque fois que tu me regardes, je me sens dans tous mes états.
Il poussa un soupir et la tint un peu plus serrée contre lui. Il baissa la tête. Elle leva le menton. Et leurs bouches se scellèrent, aussi avides l’une que l’autre.
Elle n’avait pas vraiment souhaité ce baiser. Tout du moins pas en cet instant, où elle se sentait trop fatiguée et excitée par le concert. Elle savait pertinemment qu’elle était en train de baisser sa garde, et que le désir qu’elle éprouvait pour lui était particulièrement violent.
Elle lui rendit néanmoins son baiser. Il l’embrassait, la dévorait presque, écartant ses lèvres de sa langue, la plongeant en elle pour la caresser le plus intimement possible.
S’offrant à lui, elle le laissa posséder sa bouche au-tant qu’il en avait envie et se mit à gémir. Se pressant contre lui, ils ondulèrent au rythme du désir qui les dévorait, et elle comprit, qu’après tout, seule l’urgence de satisfaire son envie lui importait. Oui, tout ce qu’elle souhaitait c’était que Sam Winchester la pos-sède et attise le feu qu’il avait allumé en elle.
Elle glissa ses mains dans la ceinture de son panta-lon et en sortit sa chemise, puis commença à le cares-ser. Elle soupira de plaisir tandis que Sam glissait ses mains sous ses vêtements, caressait ses seins, puis dé-boutonnait le bustier de sa robe et en écartait les pans.
Il la poussa contre le 4x4, et, de sa main libre, soule-va le bas de sa robe jusqu’au haut de ses cuisses avant de se presser contre son aine. Il ondula contre elle tan-dis que sa bouche suçait son téton et qu’il l’excitait de plus belle. Jenna le caressait, elle aussi, et il sentit le désir les gagner tous deux de plus en plus fort.
— Oh mon Dieu, Jenna, j’ai tellement envie de toi…
Prenant sa tête entre ses mains, il se mit à l’embrasser encore plus passionnément. Avec fébrilité, Jenna laissa glisser ses mains de son torse jusqu’à son entrejambe. Lorsqu’elle toucha son sexe à travers son pantalon, elle sentit que l’excitation de Sam s’était encore accrue. Ainsi, lui aussi avait du mal à se contrô-ler en sa présence… C’était aussi bien : de cette façon, aucun d’eux n’avait l’avantage sur l’autre. Pourtant, elle devait s’assurer que tout était clair entre eux. Elle prit son souffle et le regarda droit dans les yeux.
— Tu as bien compris de quoi il s’agissait, n’est-ce pas ?
Il la regarda, surpris, les yeux écarquillés. Bien sûr, elle n’avait aucune intention de le faire souffrir, mais les mots devaient être prononcés. Impossible de le lais-ser croire quoi que ce soit d’autre.
— Du sexe, ma belle. Seulement du sexe. C’est cela que tu veux entendre ?
Il s’écarta d’elle et remit sa tenue en ordre, l’air énervé.
— Exactement. Ni amour, ni amitié. Une histoire de sexe, appelle cela comme tu voudras. Mais ce sera ça, et rien d’autre.
Elle le vit faire un pas en arrière et eut envie de pleurer, mais il fallait absolument qu’ils soient tous les deux sur la même longueur d’ondes. Sa grand-mère avait voulu qu’elle lise son journal, pour lui faire dé-couvrir que ce genre de passion était possible. A pré-sent, elle l’avait trouvée, ici, dans les bras de Sam, et elle voulait s’y abandonner, mais uniquement à certai-nes conditions : les siennes. Et il faudrait qu’il soit d’accord.
— Bon sang, Jenna, tu es douée pour rafraîchir l’ambiance.
Ils se sourirent.
— Mais bon, reprit il, ça me va. Ça me facilite même les choses. Après tout, qui refuserait de coucher avec une belle fille comme toi, qui ne réclame aucune attache ? Je te le demande, dit il froidement.
Ses mots étaient durs et elle savait que c’était uni-quement un réflexe de défense, ce qu’elle comprenait et acceptait.
— C’est tout ce que je suis capable d’offrir, dit elle.
— Tu sais quoi, ma belle, puisque tu as l’air de tout vouloir décider, pourquoi ne choisis-tu pas aussi le lieu et le moment ? Tu n’auras qu’à me siffler.
Elle réajusta sa robe et soudain, entendit des pas sur le gravier.
— Sam, c’est toi ?
Sam recula prestement d’un pas, ramassa son Stetson et le remit sur sa tête.
— Ouais. Qu’y a-t il, Tooter ?
Jenna entendit la frustration dans sa voix.
— Je voulais juste te prévenir que la mise à bas a commencé. On dirait que Silver Shadow va nous offrir un beau poulain.
— Merci Tooter. Allons voir ça.
Il prit Jenna par le bras, et l’escorta, un peu rude-ment, vers la maison.
— Je pense que tu peux rentrer seule, à partir d’ici.
— Je le pense aussi.
Sam n’était pas du genre à rester au tapis bien long-temps. Et le sourire langoureux qu’il lui adressa signi-fiait bien que lui aussi, avait son mot à dire.
— Tout est clair entre nous, ma belle. Mais avant de poser ta ravissante tête sur l’oreiller, pourquoi ne réflé-chirais-tu pas aux raisons qui te poussent à tout faire pour ne pas m’aimer ?
— Je ne fais rien de tel !
Il se mit à rire, et malgré elle, elle se rendit compte qu’elle avait encore envie de l’embrasser.
Ce qu’elle fit. Se haussant sur la pointe des pieds, elle l’attrapa par la nuque, l’attira vers elle et l’embrassa. Puis elle s’écarta de lui et le regarda droit dans les yeux, en passant sa langue sur ses lèvres.
— Hm, à présent, je sais que je vais passer une bonne nuit.
Elle se retourna, se dirigea vers la maison et sourit en entendant Sam étouffer un juron.
Elle pénétra dans le hall et, une fois arrivée dans sa chambre, s’approcha de la fenêtre afin de regarder Sam se diriger vers la grange avec Tooter. Elle soupira. Elle était complètement folle. Sam n’aurait pas dû l’accaparer autant. Sa priorité était le journal de sa grand-mère. Juste au moment où elle se disait qu’elle allait enfin avoir l’occasion d’explorer la maison, elle vit Sam quitter la grange et revenir vers celle-ci. Elle se réfugia dans l’ombre, remarquant au passage le coup d’œil qu’il avait lancé à sa fenêtre, tout en marchant. Dans sa chambre, elle se dirigea vers le lit, toujours habillée, et se sentit très seule. Elle allait s’allonger pour un petit moment et attendre que Sam ressorte pour aller chercher le carnet.
Un besoin soudain et désespéré de trouver le legs de son aïeule s’empara d’elle.
Sa grand-mère lui avait parlé de la passion et du temps qui passe. Pour elle, le temps commençait à s’enfuir dès qu’elle prenait son archer et le tendait sur les cordes de son violon.
Une musicienne de son niveau ne pouvait avoir à la fois une vie de famille heureuse et une carrière réussie. Sa propre famille en était une preuve manifeste.
Non, elle ne changerait rien à ses priorités. Surtout pas à cause de Sam.
Alors, pourquoi avait elle déjà l’impression qu’elle était en train de se noyer ?

Chapitre : 6

Jenna s’éveilla d’un bond. Elle était toujours habillée. Néanmoins, elle avait tiré la couverture sur elle durant la nuit et au moins n’avait?elle pas attrapé froid. Elle re-garda l’heure au réveil, sur la table de nuit, et s’aperçut qu’il était 4 heures du matin. Son horloge interne sem-blait décidément réglée sur l’heure de New York.
Elle s’endormit et s’éveilla de nouveau. Il était 6 heures. Rejetant les couvertures, elle se rappela qu’elle s’était endormie alors qu’elle devait juste attendre que Sam aille se coucher. Elle se jura qu’aujourd’hui, elle ne se laisserait pas distraire de son but. Mince ! Elle n’était pas plus avancée que le jour où elle était arrivée au ranch, et n’avait toujours aucune idée de l’endroit où Sam avait pu installer le bureau de sa grand-mère.
Elle s’étira et entreprit de faire glisser le zip de sa robe, qui, malheureusement, resta coincé. Elle eut beau s’y essayer plusieurs fois, rien n’y fit.
Espérant que Maria passerait par là, elle se dirigea vers la porte, traversa le couloir et aperçut Sam qui sor-tait de sa chambre. Lorsqu’il la vit, il fronça les sourcils. Mortifiée, elle ferma les yeux un instant.
— Jenna ?
— Pourrais-tu… ?
Ses paroles moururent sur ses lèvres.
— Pourrais-je… quoi ? demanda-t?il en s’approchant, l’air intrigué.
Elle se tourna et ferma les yeux. Même à travers ses vêtements, elle pouvait sentir la chaleur de sa peau. Inspirant légèrement, elle perçut son parfum musqué. Elle ressentait son désir, comme s’il était le sien. Et elle avait envie de lui, comme cela ne lui était jamais arrivé auparavant, avec aucun homme. Tout ce qu’elle voulait, c’était se fondre en lui et voir où cela les mènerait. Mais elle ne pouvait pas, non. Surtout pas maintenant. Elle avait besoin d’être seule, afin d’explorer la maison. Si elle l’entraînait dans sa chambre, qui savait combien de temps ils passeraient ensemble. En ce qui la concernait, elle aurait volontiers passé la journée entière avec lui, au lit.
Elle entendit son souffle chaud contre son oreille.
— Qu’est-ce que tu veux, Jenna ? Dis-le-moi, chu-chota-t?il.
— Pourrais-tu m’aider à détacher cette robe ? deman-da-t?elle d’une voix rauque. Je me suis endormie tout habillée et à présent la fermeture Eclair est coincée.
— Bien sûr. C’est tout ce que tu veux ?
Il prit la tirette de la fermeture entre ses doigts et commença à la faire glisser doucement, écartant le tissu. Ses doigts effleurèrent sa peau. Elle frissonna et sentit la chaleur de son corps contre son dos, comme la caresse d’une flamme. Il descendit le zip jusqu’en bas, tout en laissant courir ses doigts contre sa peau. Ses mains étaient faites pour caresser le corps d’une femme, son-gea-t?elle.
— Oui, c’est tout ce dont j’ai besoin… pour l’instant, répondit?elle.
Un désir pressant s’insinua en elle. Sam se pressa tout contre ses fesses et elle sentit son sexe dur dans le creux de ses reins.
Il prit ses longs cheveux dans une main et les fit tom-ber de côté, révélant sa nuque, puis elle sentit la chaleur de ses lèvres dans son cou et des vagues de feu se pro-pagèrent en elle. Tout était parfait. Elle le voulait, le désirait tant. Ses lèvres glissèrent jusqu’à son épaule et embrassèrent sa peau nue.
Il glissa une main sur sa taille et elle enlaça ses doigts.
— Je ne t’ai pas dit, hier soir, à quel point tu avais magnifiquement joué.
— Merci, dit?elle en dénouant ses doigts.
Sam retira sa main, puis se mit à lui caresser les che-veux.
— Est-ce que… tu pars travailler aux écuries ? de-manda-t?elle.
— Oui, je dois ranger le grenier à foin, et j’en ai pour un bon moment. Cet après-midi j’ai rendez-vous avec le comité de soutien de l’hôpital.
Il s’interrompit un instant, semblant peser ses mots.
— Aimerais-tu m’accompagner ?
Le ton séducteur de sa voix lui donnait envie d’acquiescer à tout ce qu’il disait. Elle inspira profon-dément, tandis que la joie s’insinuait en elle. Son ab-sence lui laisserait suffisamment de temps pour ses re-cherches.
— Eh bien, on dirait que tu vas être occupé toute la journée. J’ai bien peur qu’il en soit de même pour moi. J’ai rendez-vous à 13 heures avec l’académie de musi-que et une répétition à 15 heures. Et puis, il faut que je m’exerce.
Elle regarda ses mains, cherchant désespérément à en faire quelque chose, avant de les caresser.
Puis, sans même s’excuser, elle s’enfuit. La façon dont elle s’éloignait de lui était incompréhensible. Elle lui jeta un dernier coup d’œil et ferma sa porte.
Etait-ce parce qu’elle avait réellement besoin de cette matinée pour se mettre en chasse ou bien parce que Sam la troublait profondément, plus qu’aucun homme n’en avait jamais été capable ? En sa présence, elle perdait tout contrôle d’elle-même, et son cœur battait la cha-made.
A moins que ce ne fût la raison, qui l’avait fait s’éloigner de lui.
Non, certainement pas. Une femme à l’esprit pragma-tique aurait su se retirer de façon plus élégante.
Mais les lâches, eux, savent quand il faut courir et battre en retraite, et c’était ainsi qu’elle venait de se conduire. Elle retira sa robe et ses bas et se réfugia dans la salle de bains, avant de céder à une impulsion insen-sée, telle qu’ouvrir sa porte, attraper Sam par le cou et l’entraîner sur son lit pour assouvir leur désir.
Elle se glissa sous le jet de la douche et l’eau chaude commença à la relaxer. Elle était déterminée à découvrir le bureau dès ce matin et à y récupérer le fameux carnet. Ensuite, elle pourrait se rendre à ses rendez-vous de l’après-midi, satisfaite d’avoir accompli les derniers vœux de sa grand-mère.
Soudain, elle se sentit coupable. Elle avait à peine pensé à son aïeule, ces dernières vingt-quatre heures. D’aussi loin qu’elle se souvienne, sa grand-mère avait toujours été à ses côtés, et l’avait toujours soutenue, dans tout ce qu’elle avait entrepris. Tandis que sa propre mère, ne faisait qu’apparaître et disparaître dans sa vie. Jamais elle n’avait pu se débarrasser de la déception qu’elle lui avait causée. Cela n’avait pas été évident, pour une petite fille de cinq ans, de comprendre un com-portement aussi égoïste, mais depuis lors elle s’était fait à cette idée, et avait compris que l’amour et la passion de la musique ne faisaient pas bon ménage. L’un des deux devait s’effacer devant l’autre. Il en avait été de même pour sa grand-mère, qui avait renoncé à sa car-rière pour l’amour de son époux. Elle les aimait telle-ment tous les deux, son grand-père et elle, qu’elle re-merciait chaque jour sa grand-mère d’avoir fait ce sacri-fice et de lui avoir offert un foyer si chaleureux.
Pour sa part, elle n’avait aucune intention de laisser ses sentiments interférer dans sa carrière, qui était à son apogée. Jenna comptait bien rester au sommet aussi longtemps que possible. La musique était un univers sûr, sécurisant, qu’elle comprenait bien mieux que ces sensa-tions étourdissantes qui lui faisaient perdre tout contrôle sur elle-même.
Lorsqu’elle ouvrit la porte de sa chambre, pour la se-conde fois de la matinée, tout était calme dans la maison. Sam travaillait dans la grange, et il était encore tôt. Elle jeta un coup d’œil devant la porte de sa chambre, se de-mandant si le bureau pouvait s’y trouver. Inspirant pro-fondément, elle traversa le couloir et tourna la poignée. La porte s’ouvrit sans un bruit.
A pas de loup, elle entra dans la pièce. Ses yeux se posèrent sur les meubles de cèdre massif, puis sur le grand lit recouvert d’un édredon aux couleurs vives, la table de nuit et la commode. Un confortable fauteuil était installé près de la fenêtre, de laquelle on pouvait observer les pâturages dans lesquels on menait paître les bêtes.
Aucune trace de bureau. Pourtant, elle ne pouvait se résoudre à sortir.
Jenna marcha jusqu’à la commode et regarda ce qui s’y trouvait posé : une vieille montre d’homme, un badge en forme d’étoile et quelques pièces de monnaie. La montre en argent retint son attention. Elle s’en saisit ; elle avait vu suffisamment d’antiquités dans sa vie, pour savoir qu’il s’agissait d’une montre ancienne de valeur. Soulevant la chaîne, elle poussa le remontoir et la pla-que avant s’ouvrit, révélant un message gravé.
« A mon mari bien-aimé, Silas, avec tout mon amour.
Savannah. »
L’inscription, si personnelle, lui rappela qu’elle était en train de fouiller dans l’intimité de Sam. Honteuse de ce qu’elle était en train de faire, mais incapable de s’arrêter, elle referma délicatement la montre.
Ensuite, elle prit l’étoile, qu’elle reconnut aussitôt comme un insigne de l’équipe des Rangers. En l’approchant tout près de ses yeux, elle y vit l’inscription de la compagnie d’élite à laquelle Sam avait appartenu. Eh bien, tous deux avaient un riche héritage, lui avec ses ancêtres et son appartenance au Rangers, et elle avec le scandaleux carnet de sa grand-mère, sur lequel elle devait mettre la main.
Peut-être un homme tel que Sam comprendrait?il si elle se *******ait de lui expliquer quelle importance les écrits de sa grand-mère avaient pour elle. Sauf qu’elle comptait toujours sur la possibilité qu’un juge recon-naisse l’illégalité de la vente et demande la restitution de tous les meubles ainsi que des objets qu’ils contenaient. Mais pouvait?elle prendre un tel risque ?
Elle s’approcha du lit et imagina le corps de Sam al-longé, au milieu des draps et des oreillers. A cette idée, son pouls s’accéléra. Elle caressa d’une main le porte-manteau qui se trouvait dans un coin. Il était sculpté dans des cornes de bétail, et diverses ceintures et échar-pes, ainsi que la chemise blanche qu’il portait la veille au concert y étaient accrochées. Elle s’approcha et porta le vêtement à son nez. Elle avait l’habitude des eaux de toilette coûteuses, mais Sam n’en portait pas. Il n’avait besoin d’aucun parfum artificiel. Inspirant profondé-ment, elle huma la chemise, respirant l’odeur naturelle de Sam.
Elle ferma les yeux et se délecta de la senteur, qui ne ressemblait à aucune autre et embaumait le cuir, le vent et le savon.
La porte d’entrée claqua et elle entendit des pas tra-verser le hall et grimper les escaliers. Prestement, elle raccrocha la chemise et se dirigea vers la porte. Elle était juste sur le seuil, lorsque Maria arriva en haut des marches.
Jenna fit un pas en avant. Honteuse, elle avait du mal à croire qu’elle avait ainsi fouillé dans les effets person-nels de Sam et le rouge lui monta aux joues.
— Si vous cherchez Sam, dit Maria, il est dans la grange, je l’ai aperçu lorsque j’ai déposé Caleb il y a environ vingt minutes. Je suis très en retard sur mon planning, à cause de ce Tooter qui n’arrête pas de jacas-ser. Pourriez-vous dire à Sam que le petit déjeuner sera servi dans un instant ?
Jenna sourit, essayant de calmer les battements de son cœur.
— Oui, bien sûr, Maria. Merci.
Elle se dirigea vers l’escalier, tandis que Maria péné-trait dans la chambre de Sam. Elle la vit prendre le linge sale pour le laver et soupira. Apparemment, Maria ne s’interrogeait pas sur la raison de sa présence dans l’antre de Sam, et ne songeait qu’à son travail.
A mi-chemin de la grange, Jenna commença à se sen-tir nerveuse ; elle avait l’impression d’avoir dévoilé l’âme de Sam. La montre et l’étoile de Ranger révélaient déjà tant de choses sur lui qu’elle avait envie d’en savoir encore bien davantage.
— Sam ? Tu es là ?
Au-dessus d’elle, le parquet grinça et un peu de paille et de poussière tombèrent à ses pieds.
Lorsqu’il apparut, il était nu jusqu’à la taille, un ban-dana bleu noué seul autour de son cou. Ses cheveux sombres n’étaient pas attachés et descendaient dans son cou, moites de sueur.
Il avait son Stetson noir sur la tête (certainement pour empêcher ses cheveux de lui tomber sur le visage), et l’avant était tellement enfoncé que ses yeux demeuraient dans l’ombre.
Tout ce qu’elle voyait, c’était ses joues et son men-ton, ce qui mettait encore plus en valeur le dessin de ses lèvres. Quant à ses mains, elles étaient protégées par d’épais gants de cuir.
Les mots ne parvenaient pas à sortir de sa bouche. Elle était troublée par l’allure de Sam et ne parvenait qu’à le regarder fixement. Elle suivit le mouvement des gouttes de transpiration qui roulaient sur son torse, glis-saient de son ventre musclé jusqu’à la ceinture de son jean. Elle se lécha les lèvres, sentant presque le goût salé de son corps sous sa langue.
Il s’approcha d’elle.
— Eh bien ? Que se passe-t?il ? Tu as perdu ta lan-gue ?
Elle regarda son jean qui le moulait de façon si étroite, et se souvint de la puissance de ses cuisses, lors-qu’il s’était serré contre elle, la nuit précédente.
— Non, j’ai juste un peu de poussière dans l’œil, ré-pondit?elle d’une voix rauque.
Elle ne pouvait le quitter des yeux ; les muscles de sa poitrine l’hypnotisaient.
Il hésita. Les yeux sombres de Jenna semblaient bril-ler dans la semi-obscurité de la grange.
Il posa ses mains sur le plancher du grenier. D’un bond, il se laissa habilement choir sur le foin entassé à côté de Jenna et se remit rapidement sur pied.
Il s’approcha d’elle, et comme la veille, elle eut l’impression de sentir la chaleur irradier de son corps, mêlée à son odeur musquée.
Il retira ses gants et s’approcha tout près.
— Laisse-moi regarder cette poussière.
Rangeant ses gants dans la poche arrière de son jean, il se tint tout contre elle. Instinctivement, cherchant son équilibre, elle posa les mains sur son torse, et sentit son pouls s’accélérer lorsqu’il plongea son regard dans le sien. Il posa les mains sur son visage et elle se sentit tressaillir.
— Du calme, murmura-t?il d’une voix basse et rau-que, dont il usait certainement pour calmer les chevaux.
Ses mains étaient rugueuses et abîmées par les tra-vaux du ranch. Comment pouvaient?elles en même temps être si douces ?
Jenna s’abandonna à la caresse de sa main, à la cha-leur de son souffle sur son front qui faisait voleter les petits cheveux autour de son visage.
Sam fronça les sourcils.
— Tout m’a l’air normal. Est-ce que par hasard tu me raconterais des histoires ?
Elle déglutit, essayant de trouver rapidement une ex-cuse, sachant que cela lui serait impossible, alors qu’il se tenait si près d’elle et la troublait tant.
— D’accord, je l’avoue, j’ai menti. En fait, j’étais un peu troublée par ta… tenue. On ne voit pas souvent des hommes se balader ainsi, aussi peu vêtus, à New York.
— Ma tenue ? Oh… je vois. Aurais-je par hasard heurté ta sensibilité ?
— Non.
— Donc ça ne te dérange pas ?
— Non.
— Si, ça te perturbe.
— Non, pas vraiment… je… Sam, tu me troubles.
Elle ferma les yeux un instant, essayant de se repren-dre.
Sam sourit.
— Tu préfères peut-être que je mette une chemise ?
— Non… enfin, si.
Il se colla contre elle.
— Alors, que veux-tu dire ? C’est oui, ou non ?
— Tu m’énerves ! Ton corps ne me trouble pas plus que ça, sache-le ! En fait, je suis venue ici parce que j’ai pensé que tu avais peut-être faim et pour te dire que Maria était sur le point de servir le petit déjeuner.
— Hm, ce n’est pas cette faim-là qui me dévore, Jen-na, mais plutôt celle qui s’empare de moi, chaque fois que tu me regardes, comme tu es en train de le faire !
Soudain, elle se sentit prise au piège.
— Sam, à quoi joues-tu ?
Ses mots moururent sur ses lèvres, alors que Sam la prenait par la taille et la tenait serrée tout contre lui.
— Chérie, je ne joue pas.
Sa bouche se posa sur la sienne et elle sentit l’urgence de son désir.
Ses lèvres étaient chaudes et douces comme du ve-lours et elle gémit de plaisir en les sentant se poser sur les siennes. En cet instant, peu lui importaient ses doutes et les conséquences de leurs gestes.
Elle glissa ses bras autour de son cou, jetant au pas-sage son Stetson par terre. Ses mains se posèrent sur sa nuque et elle caressa ses cheveux, doux comme de la soie.
Sam gémit et l’embrassa plus profondément, sa lan-gue fouillant sa bouche comme une flamme brûlante.
Puis, soudain, il s’écarta d’elle. Il ferma les yeux et elle lut sur son visage, l’effort qu’il faisait pour ne pas se laisser aller aux pulsions de son corps.
Elle lui caressa le visage. Il ouvrit les yeux et la vul-nérabilité qu’elle découvrit en lui la toucha. Cette fa-cette de sa personnalité l’effrayait presque. Elle se sen-tait nettement plus à l’aise lorsqu’il exerçait sur elle son charme de cow-boy macho.
Cette partie de lui, si sensible, qui s’offrait à elle, lui faisait peur et en même temps l’excitait, elle devait bien le reconnaître.
Pendant une longue minute, il l’observa. Puis il leva doucement la main vers elle, et de son pouce, caressa ses lèvres. Jenna gémit et se sentit défaillir tandis qu’il continuait cette caresse si intime.
— Tu l’as déjà fait dans le foin ? chuchota-t?il.
Prenant son visage entre ses mains, il commença à l’embrasser doucement, caressant ses lèvres des siennes. Des frissons la parcoururent, lorsqu’elle sentit sa langue s’immiscer en elle.
— Maintenant, chérie ? Si nous le faisions mainte-nant ?
Elle n’eut pas le temps de lui répondre. Déjà, il l’embrassait de nouveau, caressait ses cheveux. Elle lisait le désir dans ses yeux.
Soudain, son baiser se fit plus exigeant, plus profond et elle sentit des vagues de chaleur monter en elle. Ja-mais elle n’avait connu un feu aussi brûlant. Toute résis-tance l’abandonna, et elle se cambra contre lui, appelant ses caresses de tout son corps.
Lorsqu’elle sentit ses mains se poser sur ses seins, elle sut qu’elle était en train de vivre ce dont sa grand-mère parlait dans son journal intime.
La passion.
Alors elle comprit que si elle ne s’y abandonnait pas, elle prenait le risque de ne jamais la connaître.
Sam la serra un peu plus contre lui, et leurs regards se croisèrent, éperdus.
— Sam ?
La voix de Tooter résonna dans la grange.
— Bon sang, murmura Sam sans répondre à son contremaître. J’ai bien peur que nous devions remettre nos petits jeux dans le foin à plus tard.
Il s’écarta d’elle, prit ses gants dans sa poche et les enfila, profitant de ce bref moment pour reprendre contenance. Jenna essaya d’en faire de même, mais tout ce dont elle avait envie était de poser de nouveau ses mains sur lui, et de poursuivre leurs caresses.
— Rentre à la maison, lui dit?il. Je serai là bientôt. Dis à Maria qu’elle pourra servir dans environ une demi-heure. Tu pourras tenir jusque-là ?
— Pour le petit déjeuner, peut-être, pour le reste, je ne sais pas, répondit?elle en passant devant lui.
Lorsqu’elle aperçut Tooter, elle lui sourit, mais le vieil homme se *******a de lui jeter un coup d’œil. Elle s’arrêta et le regarda, intriguée. Et soudain : elle com-prit. Tooter avait fait exprès de les interrompre. Elle se demanda ce qu’il avait contre elle. Lorsqu’elle aurait un moment, elle en parlerait à Sam. Elle était habituée à entretenir de bonnes relations avec son entourage, de même qu’avec son public et cela l’ennuyait qu’il n’en soit pas de même avec le vieil homme.
— Sam ?
— Je suis là, Tooter.
Lorsque son contremaître s’approcha de lui, Sam avait repris toute son assurance.
— Que se passe-t?il ?
— Le gars qui livre la nourriture du bétail est là.
— Tooter, pourquoi est-ce que tu viens me parler de ça ?
— Je pensais que tu aimerais être au courant.
Sam le regarda droit dans les yeux, l’air furieux.
— C’est curieux, parce que depuis que tu as commen-cé à travailler au ranch, ce qui remonte à quoi, oh, di-sons, seulement une bonne vingtaine d’années, tu t’es toujours occupé de l’alimentation des animaux sans même m’en toucher un mot !
Tooter rougit et contempla le bout de ses chaussures, avant de relever les yeux sur lui, l’air frustré. Il semblait avoir un énorme poids sur la poitrine.
— Est-ce que tout ceci n’aurait pas plutôt pour but de nous séparer, Mlle Sinclair et moi ?
Tooter se renfrogna.
— Elle n’est pas faite pour toi, Sam. Tu te laisses complètement mener par tes hormones. Elle est exacte-ment comme ton ex-femme.
Sam se sentit bouillir intérieurement, sachant que Tooter n’avait pas entièrement tort. Jenna avait de nom-breux points communs avec Tiffany, mais en cet instant, il n’en avait cure. Il avait envie d’elle.
— Ce que je fais ou ne fais pas avec Mlle Sinclair ne regarde que moi. Je n’ai pas besoin que tu te mêles de ça, Tooter. *******e-toi de faire le boulot pour lequel je te paie !
Sa rage diminua aussitôt en découvrant la peine sur le visage du vieil homme. Il se pencha et ramassa son cha-peau par terre, passa vivement sa main dans ses cheveux et remit son Stetson sur sa tête.
— Ecoute, je suis désolé de t’avoir parlé ainsi, c’était injuste. Néanmoins, ce que j’essaie de te dire c’est que je suis adulte et que je sais pertinemment ce que je suis en train de faire.
— Vraiment ? Je n’en suis pas si sûr. J’ai bien vu la façon dont tu la regardais, hier, lorsque je suis venu te parler de Silver Shadow. Je ne suis peut-être plus très jeune, mais je ne suis pas aveugle.
— N’essaie pas de me dire comment mener ma vie, Tooter. J’apprécie ton opinion et je la respecte, mais pas dans ce domaine.
Tooter lui opposa un sourire moqueur.
— Tu brûles de désir pour elle, mais elle, tout ce qu’elle fera, c’est te briser le cœur.
— Tout ceci n’est que temporaire, et s’arrêtera dès qu’elle quittera le ranch.
— Ce qui ne sera jamais assez tôt, en ce qui me concerne. Dès que je l’ai vue, j’ai su qu’elle allait t’attirer des problèmes.
Tooter se retourna et quitta la grange, grommelant à propos de la stupidité des hommes et de leur libido. Et Sam se disait qu’il n’avait peut-être pas tort.
Il frappa du poing dans sa main et regagna rapidement l’étage du grenier. Il pouvait encore sentir la main de Jenna caresser son visage, et se remémorer la façon dont elle l’avait regardé. Ses doigts étaient longs et gracieux, faits pour jouer de la musique et tirer de sublimes notes d’un instrument précieux. Mais lui avait envie de goûter à ces doigts, de jouer avec eux. Il voulait les sentir sur sa peau. Il voulait vibrer à l’unisson avec Jenna, si fort qu’il en oublierait tout. Qui il était, et qui elle était.
Même s’il le savait parfaitement.
Tooter avait raison. Jenna n’appartenait pas à son monde. Elle appartenait à New York, une ville où les hommes gardaient leurs vêtements en public. Une ville où les magnifiques gratte-ciels se découpaient sur un horizon sublime et où les voitures n’avançaient pas. Un endroit où la sophistication et l’élégance faisaient partie du quotidien. Pas un endroit où l’on trouvait en perma-nence de la poussière, de la boue, du foin et de la sueur.
Plus tard, Tooter pourrait dire qu’il l’avait bien pré-venu.
Mais seulement, bien plus tard !

 
 

 

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ÞÏíã 19-02-09, 03:16 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 9
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