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Brûlantes promesses, de Karen Anders

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Icon Mod 44 Brûlantes promesses, de Karen Anders

 

Brûlantes promesses, de Karen Anders

Inspirant légèrement, elle perçut son parfum musqué et sentit une volute de chaleur s’épanouir dans son ventre lorsque les mains de Sam se refermèrent sur ses seins. Elle se cambra contre lui, étirant son dos contre son torse, plaquant ses hanches contre les siennes.
- Je veux faire l’amour avec toi dans la paille, Sam…
- Ca n’est pas très civilisé, Jenna ! répondit-il d’une voix rauque.
- Oui, mais c’est extrêmement excitant…
Selon toute logique, Jenna Sinclair et Sam Winchester n’auraient jamais dû se rencontrer : Jenna parcourt la planète pour donner des concerts alors que Sam a ancré sa vie dans le ranch texan de ses ancêtres. Mais, pour tenir la promesse faite à sa grand-mère de récupérer son journal intime oublié au ranch, Jenna se fait inviter chez celui qu’elle imagine être un cow-boy mal dégrossi… Et alors que l’homme sexy et attentionné qui l’accueille et lui fait oublier qu’elle a voué sa vie à la musique, elle délaisse son archet pour des plaisirs beaucoup plus terriens…

 
 

 

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si vous aimez le résumé fait moi un signe pour le commence

 
 

 

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hapitre : 1
Les mains étaient douces et chaudes sur ses épaules nues.
Le souvenir d’une mélodie lointaine traversa son es-prit, caressante, langoureuse, tels les doigts qui explo-raient à présent tout son corps.
Ivre de volupté, elle renversa la tête et contempla le visage tout près du sien. Des yeux bleu vif, une mâ-choire carrée et des lèvres sensuelles, c’était ce qui avait retenu son attention lors de leur première rencontre.
Elle frémit lorsqu’elle sentit la bouche avide se poser sur ses lèvres ardentes. Le refrain résonnait toujours dans sa tête, envoûtant, ajoutant une touche de magie à cet instant merveilleux. Dans les bras de cet homme, la musique elle-même prenait vie.
Sa robe de lamé glissa sur ses hanches et tomba à ses pieds. Elle l’abandonna sur le sol avec légèreté, sans retenue, avec la même détermination qu’au moment où elle avait quitté l’opéra : Susanna Chandler n’était pas du genre à s’embarrasser d’hésitations.
A son tour, elle posa ses mains sur le torse musclé. Les bras de l’homme l’enlacèrent. Il la tenait serrée tout contre lui, comme un trésor précieux.
Alors, elle sut qu’elle avait enfin trouvé l’amour, la passion qu’elle avait si longtemps cherchée.
Elle chuchota son nom.
Soudain, le visage de son amant s’effaça, sembla s’évanouir dans l’espace, tandis que son étreinte se des-serrait. Elle lutta pour ne pas se réveiller. Non… il était là pourtant…. Pourquoi semblait il désormais si loin ?
— Grand-mère, c’est moi.
— Jenna ?
La vieille femme ouvrit les yeux et vit sa petite-fille penchée sur elle. De longs cheveux noirs, ondulés, lui caressaient la joue. Jenna avait les traits si fins que son visage semblait l’œuvre d’un sculpteur de génie. Ses yeux bruns, parfaitement dessinés en amandes, étaient soulignés d’un trait d’eye-liner sombre, et mis en valeur par une délicate ombre à paupières rose pastel, assortie à son fard à joues.
— Tu rêvais encore de grand-père ?
Jenna s’assit au bord du lit et Susanna respira le par-fum exotique qu’elle aimait tant. Elle était fière de la jeune femme qu’était devenue sa petite-fille. Se redres-sant vivement, elle lui tendit la joue et lui ouvrit les bras.
— C’est toujours le même rêve… murmura-t elle, songeuse.
Jenna remit les couvertures en place, prit une chaise et s’assit à côté d’elle. Elle caressa un instant la main de sa grand-mère, puis se tourna vers la table de nuit, et y prit un verre qu’elle remplit d’eau fraîche avant d’y faire tomber une paille.
— Il te manque, n’est-ce pas ?
— Oui, à un point que tu ne peux imaginer. Pour moi, il était le seul homme au monde.
La vieille dame se tut un instant et avala une gorgée d’eau.
— Moi aussi, il me manque, dit Jenna tout en lui ver-sant un second verre.
Susanna lui fit signe de le reposer sur la table de nuit. Elle tendit sa main frêle au-dessus du drap et étreignit celle de sa petite-fille. De l’autre main, elle caressait un carnet de cuir rouge rubis… ainsi qu’un objet infiniment plus précieux.
Du temps de sa jeunesse, elle avait voulu expérimen-ter tous les plaisirs de la vie. Contrairement à elle, sa petite-fille s’était réfugiée dans la musique, n’attendant de la vie nulle autre passion, convaincue que l’exercice de son art parviendrait seul à la combler. Le cœur de Susanna se brisait à l’idée que sa propre fille était res-ponsable de ce désastre.
Jenna était devenue une violoniste virtuose, au som-met de sa renommée. Il était inutile de se demander comment elle avait acquis de telles compétences ; la jeune femme se consacrait corps et âme à l’étude de son instrument… lequel, selon l’avis de Susanna, ne pouvait lui apporter le bonheur auquel rêve une femme. Rien ne pouvait remplacer la chaleur d’un homme, ni la passion, ni le désir.
Mais Jenna ignorait tout de la passion. Elle ne l’avait pas encore vécue.
Susanna étudia la tenue de sa petite-fille ; aujourd’hui elle portait un tailleur-pantalon gris et un chemisier de soie rose. Une tenue très sophistiquée. Oui, elle avait bien l’allure de l’interprète de renom qu’elle était. Pour-tant, sous cette façade, Susanna savait que se cachait un cœur tendre, qui ne demandait qu’à vibrer.
Avant même que Jenna ne soit entrée dans sa cham-bre, Susanna avait déjà décidé de lui offrir l’occasion de connaître l’amour. La lassitude, la fatigue la faisaient déjà flancher, et elle savait qu’elle n’avait plus suffi-samment de temps ni d’énergie pour tout révéler à sa petite-fille de vive voix.
— Il y a quelque chose que je dois te dire…
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Jenna, soudain in-quiète.
— Le temps passe vite, et il ne m’en reste plus beau-coup…
— Ne dis pas cela, grand-mère…
La douleur et la tristesse que Susanna entendit dans la voix de sa petite-fille lui étreignirent le cœur. Sa vie se terminait… elle ne quitterait jamais cet hôpital, mais pour Jenna, il était encore temps…
— Tu t’en rends compte, n’est-ce pas ?
Elle prit le carnet sur le lit et le serra contre elle.
— A présent, écoute. Ceci est la seconde partie de mon journal intime. Le premier carnet se trouve dans mon bureau.
— Ton bureau… quel bureau, grand-mère ?
— Jenna, il faut que tu retrouves ce carnet et tu gar-deras les deux précieusement. Tu sais, j’ai mené une vie un peu débridée à une époque. J’ai assisté à de nombreu-ses soirées, j’ai connu beaucoup d’hommes… mon nom a même été mêlé à certains scandales… Aujourd’hui encore, ces carnets pourraient faire du mal.
— A qui, grand-mère ?
— Il y a aussi des bijoux. Des bijoux un peu particu-liers…
Elle attrapa la main de Jenna.
— Mets tout cela en sécurité. Ces hommes ont des familles à présent, des carrières importantes. Je t’en prie… mon journal… les bijoux….
Susanna ferma les yeux, sentant ses forces la quitter. Une dernière fois, elle serra la main de sa petite-fille.
— Promets-moi !
— Je te le promets.
— Viens plus près, ma chérie.
Le visage de Jenna sembla flotter devant elle. Lors-qu’elle la sentit toute proche, elle serra dans le creux de sa main un délicat médaillon en or monté sur une chaîne fine et brillante.
— Prends bien soin de ce bijou…
— Grand-mère…
— Trouve les carnets. Garde-les avec toi. Et lis-les.
Jenna lui parlait ; oui, elle entendait encore ses paro-les, mais elle sentait une main chaude caresser son vi-sage, et l’entraîner ailleurs, déjà… Lorsque Susanna tourna la tête, son cher époux se trouvait à côté d’elle. Poussant un profond soupir, elle se laissa partir, confiante. Alors qu’elle s’éloignait peu à peu du monde matériel, sa dernière pensée fut pour Jenna. La jeune femme devrait apprendre par elle-même que la musique n’était pas tout dans la vie.
Susanna, elle, n’avait eu aucun mal à choisir entre son mari et sa carrière de diva. L’homme qu’elle aimait comptait plus que tout au monde, plus que sa vie même. Mais les siens ne l’avaient guère imitée : sa propre fille avait choisi la musique et en avait payé le prix. Son cœur en avait été brisé à jamais. Il ne fallait pas qu’il en soit ainsi pour Jenna. C’est pourquoi il fallait absolu-ment que celle-ci lise ses carnets.
Fermant les yeux, la main de son époux chaudement serrée dans la sienne, Susanna se laissa emporter par les vagues de bonheur qui la conduisaient jusqu’au bout du chemin…
Chapitre : 2
— Jenna ! Il faut que je te parle ! Ouvre cette porte ! Jenna !
L’injonction était accompagnée de coups virulents. Cette rafale fit vibrer la porte et tira Jenna de ses pen-sées. Elle connaissait cette voix. C’était celle de son agent et amie, Sarah Mc Allister.
En maugréant, Jenna se leva, marcha jusqu’à la porte, la déverrouilla sans se hâter et ouvrit à Sarah qui pénétra dans la pièce comme une tornade et se mit à se contor-sionner frénétiquement pour retirer son manteau.
— Je prends deux semaines de congé, et lorsque je reviens, ma secrétaire m’informe que tu annules une tournée que j’ai mis des mois à organiser, tout ça pour te rendre à une obscure vente de charité dans une petite ville perdue du Texas. As-tu perdu la tête ? Ma réputa-tion est ruinée, je suis finie !
Calmement, Jenna prit le manteau de Sarah et l’accrocha dans le vestibule.
— Sarah, reprends ton souffle, je n’annule pas la tournée. Ta secrétaire a mal compris. J’ai juste besoin de me reposer quelque temps.
— Combien de temps ?
La nuque tendue, Sarah s’approcha d’elle et lut sou-dain l’anxiété dans le regard de Jenna. Sa voix se radou-cit.
— Que s’est il passé ?
— Ma grand-mère est décédée.
— Oh mon Dieu ! Et toi tu me laisses entrer ici et hurler comme une folle. Je suis désolée, Jenna. Je me sens tellement ridicule. Je te présente toutes mes condo-léances.
Sarah lui prit la main.
C’était difficile, de savoir que la femme qui avait tou-jours été là depuis son enfance ne l’était plus. Sa grand-mère avait été la seule mère qu’elle eût jamais connue. Juste après sa naissance, sa véritable mère, celle qui lui avait donné le jour, avait préféré se retrouver sous les feux de la rampe et courir les plus grands opéras des cinq continents plutôt que de s’occuper d’elle. Quant à son père, il s’inquiétait bien trop à l’époque de son épouse pour porter la moindre attention à sa fille et avait consacré le plus clair de son temps aux tournées de sa diva. Ainsi ses deux parents s’étaient ils éloignés d’elle, tandis que sa grand-mère prenait de plus en plus de place dans sa vie, et de responsabilités dans son éduca-tion.
Jenna s’assit sur le canapé beige du petit salon de sa grand-mère et invita Sarah à la rejoindre. L’embarras les gagnait, aussi Jenna brisa-t elle le silence.
— Lorsque j’étais plus jeune, je restais assise là pen-dant des heures à boire du thé, tandis que ma grand-mère crochetait de petits napperons en dentelle. Je me sou-viens encore du parfum des biscuits à la cannelle dont nous étions si friandes, toutes les deux.
Ces souvenirs vivaces lui étreignirent la poitrine. In-capable de demeurer assise plus longtemps, elle se leva, se dirigea vers le piano et fit courir ses longs doigts fins sur le couvercle de laque noire qui protégeait le clavier d’ivoire. Sur ce piano trônait l’un des napperons les plus sophistiqués de sa grand-mère, ainsi que de nombreux cadres dorés contenant autant de souvenirs. C’était un véritable panorama de la vie de son aïeule qui s’étalait, là, sous ses yeux.
— Je me souviens qu’elle faisait ses vocalises chaque jour, montant et descendant les gammes de sa voix cé-leste. Quelle voix elle avait ! Il n’est guère étonnant qu’elle ait remporté tant de succès.
Sarah se leva et vint la rejoindre près du piano. Elle posa une main chaleureuse sur les épaules de Jenna, qui sembla un instant rassérénée.
— Après toi, Jenna, ta grand-mère était la femme la plus incroyable qu’il m’ait été donné de connaître. Ta tristesse est bien compréhensible. Mais que ressens-tu exactement ? Pourquoi te dérobes-tu de la sorte, pour-quoi t’enfermes-tu à clé ?
Nerveuse, Jenna se détourna et s’approcha de la fe-nêtre. Elle regarda fixement l’énorme chêne du jardin. Les rayons du soleil couchant se réfléchissaient sur son feuillage.
— La situation est assez compliquée, dit elle.
— Donc, si je comprends bien, ce petit voyage au Texas a davantage à voir avec cette « situation compli-quée », qu’avec la vente de charité pour l’hôpital à la-quelle tu entends participer ?
Jenna hocha la tête.
— Après les funérailles, il m’était impossible de re-venir ici, c’était trop dur. Voir la maison sans elle… devoir trier ses affaires…
— Je comprends, Jenna. Mais pourquoi avoir fait changer les serrures ? insista Sarah.
— Lorsque j’ai finalement trouvé le courage de reve-nir ici, environ une semaine après les obsèques, mon oncle Paul se trouvait ici…
Des larmes lui gonflaient les yeux.
— Il était en train de tout vider. C’est ma mère qui lui avait donné les clés pour entrer. A peine ma grand-mère était elle sous terre qu’il la dépossédait de tous les biens que contenait la maison.
— C’est horrible. J’imagine à quel point cela a pu être difficile pour toi, d’assister à cela. Quel homme détestable ! Pourtant, ta mère… j’avais une meilleure opinion d’elle. Qu’a fait ton oncle des meubles et des effets de Susanna ?
— Il les a vendus.
— Et… qu’est-ce que le fait de vendre les affaires de ta grand-mère a à voir avec cette fameuse « situation compliquée » dont tu me parlais à l’instant ?
Laissant aller sa tête contre le mur, Jenna regarda de nouveau le grand chêne auréolé des couleurs du soir.
— Avant de mourir, grand-mère m’a appris que… en-fin, qu’elle avait eu une jeunesse plutôt… disons agitée. Durant cette période, elle a tenu un journal intime dans lequel elle consignait en détail ses expériences. Elle m’a donné l’un de ses deux carnets secrets. L’autre est dans son bureau.
— Eh ben dis donc… ta grand-mère…
Jenna sourit.
— Pour être franche, j’étais un peu choquée, moi aus-si. J’ai essayé d’obtenir quelques explications de sa part, mais elle était mourante et assez incohérente. Tout ce que je sais, c’est que son autre carnet se trouve là où elle l’avait rangé : dans son bureau.
Elle soupira et poursuivit.
— Le problème, c’est qu’elle avait au moins trois bu-reaux différents dans son grenier, sans compter le reste du mobilier. Mon oncle a tout envoyé dans une salle des ventes… et tout a été vendu.
Sarah la dévisagea, choquée.
— Oh, non ! Et son journal ?
Jenna s’approcha de la fenêtre.
— J’ai appelé Steven Miller, notre avocat, qui a lui-même téléphoné à l’acheteur du premier bureau. Cet homme a été très courtois et m’a autorisée à lui racheter le meuble en augmentant le prix de seulement dix pour cent. Bien sûr j’ai accepté tout de suite, et dès que le bureau est arrivé, je l’ai fouillé de fond en comble. Mais je n’y ai trouvé aucun journal intime.
Sarah avait l’air perplexe.
— M. Miller a donc appelé le second acheteur, je suppose ?
Jenna s’assit.
— Oui. C’était un juge et il a refusé que je lui rachète le meuble.
Jenna devina le malaise de Sarah. Elle comprenait parfaitement son désarroi. Car Sarah n’était pas seule-ment son agent, elle était aussi son amie, et Jenna savait que tout ce qui la touchait elle, l’affectait également. Et Sarah avait conscience de la publicité malvenue que ce journal pourrait apporter, s’il apparaissait au grand jour. Jenna, en revanche, ne s’inquiétait pas de sa réputation.
— M. Miller n’a-t il pas informé ce juge que le bu-reau recelait des carnets qui appartenaient à ta grand-mère ?
— Si, et cela a été pire que tout.
— Le juge a prétendu que tout ce que contenait le bu-reau lui appartenait désormais ? présuma Sarah.
Jenna hocha la tête.
— Le journal se trouvait il dans le meuble ?
— Non.
Sarah sembla se détendre.
— Cet acheteur a autorisé M. Miller à être présent lorsqu’il chercherait le carnet, surtout après que notre avocat lui eut dit que le bureau, même s’il avait été ac-quis de façon légitime par lui, avait été mis en vente de façon illégitime par mon oncle.
— Ce qui nous amène donc au troisième et dernier bureau. Il est au Texas, si j’ai bien suivi l’histoire ?
— C’est un certain Sam Winchester qui l’a acheté. Il vit à Savannah, au Texas.
Sarah ferma les yeux un court instant, mais Jenna n’aurait su dire si c’était de soulagement ou de crainte.
— Alors voilà pourquoi tu te rends là-bas. Tu comp-tes trouver le meuble toi-même, c’est ça ?
— Il faut que je le fasse, Sarah. Je ne peux pas pren-dre le risque que ce M. Winchester refuse, comme le juge, de me vendre le meuble, pour prétendre que tout objet qu’il pourrait y trouver lui appartient. J’ai appris qu’il a besoin d’argent pour moderniser l’hôpital de Savannah. Un concert de charité serait une excellente occasion pour lui d’obtenir cet argent… et aussi pour moi de pénétrer dans sa maison.
Dehors, le soleil se couchait lentement et sa lumière pâlissait. Sarah planta son regard dans celui de Jenna, qui perçut aussitôt les dizaines d’objections que son amie allait lui opposer. Sarah était payée — et bien payée — pour anticiper et réduire à néant tout ce qui était susceptible de causer du tort à ses clients.
Mais malgré la sagesse de son amie, rien n’importait davantage à Jenna que la promesse qu’elle avait faite à sa grand-mère.
— Tu crois que certaines personnes pourraient s’intéresser aux libres confessions d’une jeune fille ? demanda Sarah.
— Il ne s’agit pas de n’importe quelle jeune fille, Sa-rah, ne l’oublie pas. Ma grand-mère a été une diva, elle a chanté les opéras les plus célèbres et a eu des liaisons avec des hommes qui sont aujourd’hui des citoyens très influents. Très importants. Elle m’a demandé de les protéger, eux et leurs familles. Si ses écrits tombaient dans des mains mal intentionnées, ils pourraient porter de graves préjudices.
Devait elle lui dire la vérité ? Toute la vérité ? Peut-être Sarah comprendrait elle mieux pourquoi il était impératif qu’elle se rende au Texas.
— Il y a aussi des bijoux anciens et… un peu particu-liers cachés dans ce bureau.
Sarah ouvrit la bouche et soupira. Avant même que son amie lui répondît, Jenna savait qu’elle s’était déjà résignée à la laisser partir.
— Eh bien ! L’histoire est de plus en plus croustil-lante ! De quel type de bijoux s’agit il?
— D’anneaux, incrustés de pierres précieuses, et qui s’accrochent à la pointe des seins. Il y avait aussi une chaîne de taille, et un collier de jade, décoré de façon très spéciale.
— De signes phalliques ?
— Exactement.
— Mazette ! Mais… comment as-tu entendu parler de cette vente de charité, et comment comptes-tu entrer dans la maison ?
Voilà ce qu’elle aimait en Sarah. La façon qu’elle avait d’accompagner quelqu’un, et de le soutenir jus-qu’au bout.
— J’ai engagé un détective. Il m’a servi de couverture et je lui ai tout dit. Il a trouvé un article sur la rénova-tion de l’hôpital, paru dans l’Entrepreneur magazine ; il y avait même une interview de M. Winchester.
— Une couverture, dis-tu ? Comme pour les espions ?
— Mais je ne l’espionne pas vraiment ! Tout ce que je veux, c’est récupérer le journal de grand-mère et ses bijoux.
— Allons bon, quelle histoire as-tu inventée ?
— En fait… Je voudrais que tu contactes ce fameux Sam de ma part, que tu lui expliques que je suis prête à offrir deux concerts et quelques heures de cours au col-lège de sa ville, et qu’en échange, j’aimerais faire l’expérience de la vie dans un ranch.
— Hum. Comment pourrait il refuser, alors que tu proposes tout cela gratuitement ?
— C’est exactement là-dessus que je compte. De plus, il est le président de la collecte de fonds pour l’hôpital. Qui d’autre serait mieux désigné pour me recevoir ? Ce ne sera que l’affaire de deux petites semaines.
— Bien vu. De quelle taille est cette ville ?
— Moyenne. Mais elle est proche de Houston et de Galveston.
Jenna vit l’étincelle briller dans les yeux de Sarah.
— Ça me va. Au moins pourrai-je t’obtenir un peu de publicité de tout cet… événement.
— Alors, tu le feras ? Tu m’aideras ?
— Et toi, tu termineras ta tournée ?
Jenna sentit des frissons d’excitation lui parcourir l’échine.
— Tu peux me faire confiance, Sarah. T’ai-je déjà laissée tomber ?
8 octobre 1957
Cela fait déjà six mois que j’ai entamé ma re-cherche d’éveil au plaisir sexuel, mais je ne suis toujours pas parvenue à mes fins. J’ai eu quel-ques expériences intéressantes, qui ont satisfait mes besoins physiques, mais ce n’est pas assez. C’est même quelque peu décevant, sans que je sache exactement pourquoi. J’ai obtenu ce que je voulais, ce que j’avais prévu, mais cela ne m’a pas apporté le plaisir que j’en attendais. Peut-être n’ai-je pas encore rencontré l’homme qui saura me satisfaire. Il faut absolument que je trouve ce-lui qui comblera tous mes sens. Il me suffit de garder les yeux ouverts.
Jenna referma le carnet et regarda par le hublot du 747, qui volait au milieu des nuages. Elle avait toujours cru que sa grand-mère avait aimé son grand-père de tout son cœur. A présent, après avoir lu cet extrait du jour-nal, elle se demandait pourquoi sa grand-mère avait tant tenu à ce qu’elle en prît connaissance. Elle préférait nettement l’histoire d’amour candide qu’elle avait tou-jours entendue, et n’avait aucune envie d’apprendre quoi que ce soit sur les autres hommes que sa grand-mère avait pu fréquenter.
Au-dessus de sa tête, le signal indiquant qu’elle de-vait attacher sa ceinture de sécurité clignota. Le pilote annonça qu’ils approchaient de l’aéroport de Houston ; il était 1 heure de l’après-midi et en cette belle journée d’avril, la température était clémente.
Elle se pencha et attrapa l’étui à violon posé à ses pieds. A l’intérieur se trouvait un magnifique Stradiva-rius, cadeau de ses grands-parents pour son entrée à l’université.
Les souvenirs affluèrent. Elle se rappela comment elle avait quitté Rosewood, dans le Connecticut, pour se rendre à New York faire ses études. C’était pourtant bien la grande maison de style victorien de ses grands-parents qu’elle considérait comme son foyer. Le superbe appartement que sa grand-mère avait acheté pour elle à New York, afin qu’elle se sente à l’aise, et ne soit pas obligée de faire d’incessants allers-retours durant ses quatre années d’étude, ne représentait pas grand-chose pour elle.
Sa vie à l’université avait été à la fois une chance et un cauchemar. La notoriété de sa mère et de sa grand-mère lui avait nui : on la regardait comme un objet de curiosité et elle se sentait souvent seule. Son unique réconfort était dans la musique, et elle s’y était réfugiée, travaillant sans relâche, devenant un véritable prodige et se refermant sur elle-même davantage chaque jour.
Pourtant, elle n’avait nullement recherché cette consécration qui lui valait la crainte et l’admiration de ses coreligionnaires et de certains professeurs, même. Jenna aurait voulu être traitée comme les autres. Son talent devenait aussi un fardeau. La vie lui donnait une nouvelle leçon ; elle l’acceptait et en faisait les frais.
Douée dans nombre de registres, elle s’était égale-ment essayée au chant et avait une nouvelle fois suscité la jalousie des autres étudiants qui s’étaient mis à l’éviter ou à l’ignorer complètement. La musique, elle, demeurait un refuge rassurant et chaleureux où elle se sentait à l’abri. Elle était devenue comme une amie, et Jenna vivait en parfaite osmose avec elle.
Même sa grand-mère n’avait pas compris ses aspira-tions les plus profondes. La vieille dame n’avait pas caché sa déception lorsque Jenna avait choisi de déve-lopper son talent de violoniste, au lieu d’exalter sa voix exceptionnelle. Pour dire le vrai, Jenna ne souhaitait guère entamer une carrière qui la mettrait en compétition avec sa propre mère.
Caressant l’instrument dans son étui, elle fit délica-tement courir ses doigts sur les cordes. Le simple fait de se rappeler le son si pur qu’elles produisaient la fit sou-rire.
Elle referma l’étui, le posa avec soin à côté d’elle, puis, attrapant son porte-documents, y rangea le journal de sa grand-mère.
Nerveuse à l’idée de ce qui l’attendait, elle s’agrippa au siège devant elle lorsque l’avion se posa sur la piste.
En se dirigeant vers la porte, elle se jura de ne pas quitter Savannah sans avoir récupéré ce qu’elle était venue y chercher.
Fidèle à sa promesse, Sarah avait envoyé une photo d’elle à Sam Winchester, afin qu’il puisse la reconnaître à l’aéroport.
Pour sa part, en revanche, elle n’avait aucune idée de ce à quoi il ressemblait ; mais peu importait. C’était probablement un policier à la retraite, avec un ventre proéminent et des cheveux grisonnants, qui ne manque-rait pas de lui raconter les exploits de sa carrière. Il suf-firait de l’écouter avec complaisance et elle réussirait bien à se le mettre dans la poche.
Son regard fut soudain attiré par un homme dans la foule. Sa première pensée fut qu’il était extrêmement séduisant. Il se tenait appuyé nonchalamment contre un mur, attendant visiblement quelqu’un, certainement une petite amie… il tenait un superbe bouquet de roses à la main. Son Stetson de feutre noir lui cachait une bonne partie du visage et révélait sa mâchoire, que l’on devi-nait ferme ; il avait les yeux baissés sur un petit morceau de papier qu’il serrait dans sa main droite.
Une grande veste en daim frangé recouvrait sa che-mise noire, de style western. Ses épaules et son torse semblaient plutôt musclés, de même que ses cuisses, moulées dans un jean noir.
Eh bien ! La jeune femme qu’il attendait avait de la chance ! Un court instant, Jenna eut envie, elle aussi, qu’un homme aussi élégant et sexy l’attende à l’aéroport lorsqu’elle serait de retour chez elle.
Les haut-parleurs du hall annoncèrent de nouveau l’arrivée de l’avion et l’homme sursauta, comme si la contemplation de son morceau de papier l’avait empêché d’entendre le premier avis d’atterrissage.
Lorsqu’elle découvrit enfin son visage, Jenna en eut presque le souffle coupé : il était d’une beauté rava-geuse. Elle observa au passage que d’autres femmes l’avaient remarqué, elles aussi, et se retournaient sur lui. Des mèches de cheveux brun foncé s’étaient échappées de son chapeau et balayaient son front.
Jenna frémit : leurs regards se croisèrent et elle dé-couvrit ses yeux, d’un bleu profond et dont l’intensité était soulignée par une peau bronzée et le noir du cha-peau. Il eut un air de défiance qui la fit se raidir, mais la seconde d’après, il lui souriait et quittait sa posture fi-gée.
Son sourire la troubla. Il recelait, à son avis, à la fois le péché et le danger.
L’inconnu se dirigea vers elle, d’une démarche assu-rée, une pointe d’effronterie dans le regard. Jenna était comme pétrifiée. Mais elle ne pouvait s’empêcher de se demander vers quelle petite veinarde ce cow-boy diri-geait son pas viril. Il lui fallut un instant pour se ressai-sir lorsqu’il s’arrêta devant elle, et faire un pas de côté pour le laisser passer. Mais au même moment, elle vit la photo qu’il tenait dans la main. Sa photo.
Il lui tendit les fleurs.
— Bienvenue au Texas, mademoiselle Sinclair. Nous sommes honorés de votre visite, et apprécions le soutien que vous nous apportez pour notre collecte de fonds.
Sa voix était grave et chaude. Bien trop belle pour être vraie, songea-t elle. Durant un bref instant, elle ne sut que répondre et se *******a d’accepter les fleurs qu’il lui tendait, jonglant avec son porte-documents et l’étui de son violon afin de tenir le tout. Son cœur battait avec frénésie. Le bel inconnu devait être un employé que Sam Winchester avait chargé de venir l’accueillir, lui-même étant peut-être trop occupé, ou malade.
— M. Winchester n’a pas pu venir ?
— Je suis Sam Winchester. Mais puisque nous allons vivre ensemble quelque temps, je vous en prie, appelez-moi Sam.
Il lui tendit la main pour la saluer et elle fut obligée de faire passer le bouquet dans son autre main, déjà bien encombrée. Elle sentit des étincelles d’électricité la parcourir lorsque leurs mains se joignirent.
— Vous êtes Sam Winchester ? insista-t elle, visi-blement très étonnée.
Il retira son Stetson et la regarda droit dans les yeux.
— Bien sûr que c’est moi. Qui attendiez-vous donc ?
Elle regarda ses cheveux sombres comme une nuit sans lune, assez courts sur le dessus de la tête, mais plus longs dans le cou et tombant en boucles sur le col de sa veste.
— Vous, rétorqua-t elle avec gêne, mais vous êtes très différent de ce que j’imaginais.
— Vous pensiez rencontrer un cow-boy avec de la paille dans les cheveux ?
— Euh, non, plutôt un shérif vieillissant avec une grosse bedaine.
Il rit, et de nouveau elle put contempler ce sourire… si dangereux.
— Désolé de vous décevoir, m’dame.
— Qui a dit que je l’étais ?
Incroyable. Etait-ce bien elle qui venait de répondre sur ce ton libre et badin ? Elle n’avait pas pu empêcher les mots de franchir ses lèvres ! Sam sourit de nouveau, et pencha la tête de côté, l’air légèrement intrigué. Etaient ils déjà en train de flirter ?
Il remit son chapeau sur sa tête.
— Bon, nous ferions peut-être mieux d’aller chercher vos bagages.
Il se pencha pour prendre son attaché-case et l’étui à violon, et Jenna sursauta lorsque leurs mains s’effleurèrent.
— Excusez-moi, dit il.
— Non, je vous en prie, il n’y a pas de mal. Tenez, prenez mon porte-documents, mais je suis très maniaque en ce qui concerne mon instrument… Je ne le confie jamais à personne. Je crois que je porterai également les fleurs, dit elle en lui décochant son plus beau sourire, essayant d’effacer la légère tension qui venait de s’esquisser.
— Désolé, j’aurais dû me rendre compte que les mu-siciens et leurs instruments sont aussi inséparables que les cow-boys et leurs chevaux, dit il avec humour, fai-sant disparaître sa gêne sur-le-champ.
Comme il était séduisant, avec ses manières policées et sa voix grave ! Ils se dirigèrent vers la zone d’arrivée des bagages, et attendirent côte à côte ceux de Jenna. Il attrapa ses deux gros sacs, sans manifester le moindre effort, et se dirigea vers la sortie.
— Alors, dites-moi, pourrez-vous m’expliquer pour-quoi vous avez tant souhaité venir jusqu’ici, dans notre bon vieux Texas, et donner un concert gratuitement ?
Heureusement, elle avait préparé sa réponse à cette question.
— J’ai voyagé dans le monde entier, j’ai découvert des endroits merveilleux, et tout ce que les plus grandes villes ont à offrir. Aussi, lorsque mon agent m’a parlé de cet article dans le magazine, et de vos efforts pour réunir de l’argent et pouvoir moderniser l’hôpital, je n’ai pas pu résister. Je me suis dit qu’il était temps pour moi de découvrir des villes de moyenne importance. Et puis, votre cause me semble juste.
Il hocha la tête et ils quittèrent le hall de l’aéroport. Sam avait garé sa voiture dans le parking en sous-sol. Après quelques instants d’errance entre les différentes allées, Sam s’arrêta devant un 4x4 noir aux chromes étincelants. Il posa les sacs à terre et introduisit une clé dans la portière du passager.
— Et comment avez-vous su que j’étais policier ?
Mince, ça, ça n’était pas dans l’article. Elle réfléchit à toute vitesse.
— Je crois que c’est une personne du lycée, qui me l’a dit.
— Je vois.
Il lui ouvrit la portière, puis plaça ses sacs et son atta-ché-case sur le siège arrière.
— Et vous, pourquoi avez-vous mis un terme à votre carrière ?
Elle posa son étui à violon sur le sol, derrière son siège, puis déposa le bouquet sur ses bagages. Puis elle regarda le 4x4. Le marchepied était surélevé, et elle devrait lever haut la jambe pour se hisser dans le véhi-cule. Cela n’aurait pas été un problème si elle avait por-té un pantalon, mais sa petite jupe noire n’était pas vraiment l’idéal pour ce genre d’exercice.
— En fait… mon père est tombé gravement malade, et j’ai donné ma démission pour l’aider au ranch. Il est décédé l’an dernier, dit Sam en la regardant.
— Mais au départ… pourquoi avoir quitté le ranch ? demanda-t elle, sans se laisser démonter par le regard sceptique que lui opposait Sam, devant les efforts qu’elle déployait pour grimper dans le 4x4.
Elle leva une jambe, et sa jupe révéla immédiatement la peau de sa cuisse nue. Aussitôt, elle reposa le pied à terre. Elle s’essaya à diverses contorsions, mais ne par-vint pas à grimper suffisamment haut pour se glisser sur le siège.
Sam semblait s’amuser de ses efforts désespérés. Il devait pourtant bien y avoir un moyen de grimper dans ce satané 4x4 !
— Lorsque j’avais 18 ans, reprit il, mon père et moi ne partagions pas les mêmes idées. Aussi ai-je rejoint la patrouille de police juste après ma sortie du lycée.
— Je croyais que vous étiez dans l’équipe des gardes forestiers ? dit elle en prenant son élan pour une nou-velle tentative.
— Tous les Rangers sont choisis parmi les troupes de police. Donc, après avoir effectué mes huit années ré-glementaires au sein d’une équipe, j’ai postulé comme Ranger. J’ai été accepté, et ai exercé durant deux ans avant de rejoindre mon père au ranch.
Un court instant, elle resta là, dans la chaleur texane, à se demander comment diable elle allait bien pouvoir grimper dans cet engin, lorsque soudain, elle se retrouva dans ses bras… et sentit de nouveau des étincelles d’électricité lui parcourir le corps, au contact de son torse musculeux et puissant contre son vêtement fin.
— Ceci est il considéré comme un service spécial aux passagères ? demanda-t elle, ses yeux rivés aux siens.
Ils étaient si proches l’un de l’autre que, pendant quelques intenses secondes, le regard de Sam ne put se détacher du sien. La lueur de malice qu’elle avait perçue dans ses yeux durant les tous premiers instants de leur rencontre brilla à nouveau et se mua en quelque chose d’indescriptible qui la troubla, l’empêchant de détourner son regard. C’était comme écouter un air de musique inconnu et intense, si intense que l’on devait fermer les yeux pour en discerner les strates.
— Voyez-vous, bien que l’idée de vous regarder es-sayer de grimper dans mon 4x4, avec votre petite jupe si courte ne me déplaise pas, je pense que nous avons mieux à faire que de passer la journée sur ce parking.
Ses mains étaient sur elle et ses seins pressés contre son torse. Bon sang ! Elle sentait déjà des ondes de désir monter en elle ! Au même moment, une folle envie de goûter ses lèvres, à l’évidence si sensuelles, s’empara d’elle. Jamais elle n’avait éprouvé une attirance aussi forte. Cet homme possédait il une arme secrète pour la mettre dans un tel état, et si vite ?
Il la déposa délicatement sur le siège passager, ses mains s’attardant sur ses épaules et sur ses cuisses. Lorsque, finalement, il les retira, elle eut envie de saisir son visage de ses deux mains et de se laisser aller à la passion dévorante qui s’emparait d’elle.
Au lieu de cela, elle s’installa confortablement dans son siège tandis que Sam faisait le tour du véhicule et grimpait à côté d’elle. Soudain, l’espace de la cabine sembla rétrécir.
Bon sang, elle était là pour retrouver le journal et les bijoux de sa grand-mère, pas pour se laisser aller à fan-tasmer sur un inconnu. Tout à coup, elle songea à l’extrait du carnet qu’elle avait lu dans l’avion. Exis-tait il quelque chose de l’ordre du plaisir à l’état pur ? Oserait elle donner libre cours à ses élans ? Non. Il eut été vraiment incorrect de partir en quête du journal in-time, tout en se laissant aller à ses plus bas instincts… A moins que… ?
Essayant de rassembler ses esprits et de désamorcer la tension ébauchée entre eux, elle se tourna vers Sam.
— Je suis désolée pour votre père. Je sais combien il est difficile de faire le deuil d’un parent dont on est proche : je viens tout juste de perdre ma grand-mère.
Il lui jeta un coup d’œil et soupira. L’air semblait tou-jours aussi chargé… de quoi exactement ?
— Moi aussi, je suis désolé. C’est terrible, de perdre quelqu’un qu’on aime. Je n’avais jamais compris à quel point cette ville et notre ranch me manquaient jusqu’au décès de mon père.
— Oui, on a souvent tendance à tout tenir pour acquis et on ne réalise jamais à quel point les êtres nous sont chers, jusqu’au jour où ils nous quittent.
Tournant la tête vers la fenêtre, elle regarda la ligne de l’horizon, vers Houston.
— Est-ce que cela vous manque de ne plus être un Ranger ?
— Un peu, parfois, mais j’aime la vie que je mène ici. Vous savez, notre ranch, le Wildcatter, est dans ma fa-mille depuis des générations. Je n’aurais jamais pu le vendre, ni en confier la gestion à qui que ce soit. Alors, c’est moi qui mène la barque.
Elle reconnut la fierté qu’elle discernait dans sa voix. C’était la même qui émanait d’elle lorsqu’elle parlait de musique.
— Et qu’en est il de votre rôle dans la modernisation de l’hôpital ? Cela m’intrigue beaucoup.
— Chaque ville a besoin d’un service d’urgences qui puisse traiter rapidement les cas les plus difficiles. Néanmoins, en m’engageant là-dedans, je ne m’attendais pas à devoir également gérer des différends d’ordre poli-tique. D’autre part, autant vous l’apprendre, je suis le descendant du fondateur de cet hôpital. En fait, la ville elle-même porte le nom de mon arrière arrière-grand-mère, Savannah.
— Eh bien, je suis impressionnée ! Et vous vous oc-cupez de cela, en plus de vos activités au ranch ? Pour-tant, vous n’avez pas l’air d’un politicien.
Il avait l’air indomptable, sauvage, et elle ne parve-nait pas à l’imaginer en costume, assis derrière une table de conseil municipal.
Il sourit et la regarda.
— Tout à l’heure, vous m’avez dit que je ne ressem-blais pas exactement à ce à quoi vous vous attendiez, en pensant que j’étais policier. A présent, mademoiselle Sinclair, êtes-vous en train de me dire que je n’ai pas non plus le style qui convient pour faire de la politique ?
Oups. Que répondre à cela ?
— Je vous en prie, appelez-moi Jenna.
Elle le regarda attentivement, et ne put s’empêcher de laisser ses yeux courir sur son corps. Puis les mots fusè-rent, sans qu’elle pût les retenir.
— Vous avez l’air bien trop honnête… pour faire de la politique.
Sam rit.
— Ça c’est mon fardeau ! D’ailleurs le maire lui-même me reconnaît cette vertu…
C’était exactement cela. Il avait l’air très honnête. Mais il en était de même pour son oncle, qui n’avait pas même attendu que sa grand-mère, sa propre sœur, fût mise en terre pour vendre ses biens.
— Une qualité indispensable chez un homme de loi, mais guère utile dans la négociation de marchés, n’est-ce pas ?
— On peut résumer les choses ainsi.
— Mais c’est ce qui participe de votre charme, peut-être ?
Il sourit.
— Eh bien, je dirais que l’honnêteté est déterminante dans toutes les relations.
Jenna hocha la tête. Si seulement elle pouvait lui faire confiance. Sam n’avait pas l’air d’être le type d’homme qui lui mentirait pour la priver des souvenirs de sa grand-mère, mais comment pouvait elle en être sûre ?
— J’ai hâte de voir votre ranch.
— Qu’attendez-vous, au juste, de la « vie au ranch » ?
— Tout. Je veux découvrir ce que vous faites chaque jour.
— Vous avez envie de payer les factures ?
— Eh bien, peut-être pas ça, mais j’ai envie de faire une incursion dans la vie quotidienne d’un cow-boy. J’ai toujours été fascinée par ces histoires de Far West, im-provisa-t elle.
— Mon ranch ne ressemble à rien de ce que vous avez pu voir dans les séries télévisées ou au cinéma. Il est agréable, mais il n’a rien de glamour.
Sans même réfléchir, elle se pencha vers lui et posa une main sur son bras.
— Alors, aucun mélodrame, le soir autour du feu de camp ?
Sa bouche devint sèche lorsqu’elle découvrit la puis-sance des muscles de son avant-bras, tendu sous ses doigts. Durant quelques instants, elle fut incapable de retirer sa main.

 
 

 

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