áãÔÇßá ÇáÊÓÌíá æÏÎæá ÇáãäÊÏì íÑÌì ãÑÇÓáÊäÇ Úáì ÇáÇíãíá liilasvb3@gmail.com






ÇáÚæÏÉ   ãäÊÏíÇÊ áíáÇÓ > ÇáÞÕÕ æÇáÑæÇíÇÊ > ÑæÇíÇÊ ãäæÚÉ > ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÇÌäÈíÉ > ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇáÊÓÌíá

ÈÍË ÈÔÈßÉ áíáÇÓ ÇáËÞÇÝíÉ

ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ Romantic Novels Fourm¡ ÑæÇíÇÊ ÑæãÇäÓíÉ ÇÌäÈíÉ


ÅÖÇÝÉ ÑÏ
äÓÎ ÇáÑÇÈØ
äÓÎ ááãäÊÏíÇÊ
 
LinkBack (2) ÃÏæÇÊ ÇáãæÖæÚ ÇäæÇÚ ÚÑÖ ÇáãæÖæÚ
ÞÏíã 08-11-08, 10:44 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 11
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
ÚÖæ ÑÇÞí


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
ÇáÚÖæíÉ: 62940
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 1,517
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 247

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏItaly
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

chapitre 8

Deux jours plus tard, alors qu’il allait prendre son café, Jackson découvrit dans sa cuisine Helena en grande conversation avec un jeune homme au physique avenant.
A son entrée, celui-ci se leva et lui tendit la main.
— Bonjour, monsieur Castle. Je me présente : Eric Ryan, un ami d’enfance d’Helena et de ses frères.
Un nouveau prétendant, évidemment.
Jackson hasarda un regard en direction d’Helena mais elle n’affichait pas cette expression de lassitude agacée qu’elle prenait habituellement dans ces circonstances. Au contraire, elle arborait un lumineux sourire. La visite du dénommé Eric semblait lui causer le plus grand plaisir.
Grand bien lui fasse. Après l’épisode avec Barrett, il s’était juré de ne plus intervenir dans sa vie privée.
— C’est un plaisir de vous rencontrer, disait Eric. Vous apportez en ville une animation bienvenue. J’ai fait plus de sorties en mer cette semaine que pendant un mois de juin normal.
— Eric travaille pour une compagnie qui organise des expéditions d’observation des baleines, mais il construit également des maquettes de bateaux, expliqua fièrement Helena.
— Disons plutôt que j’essaie de construire des bateaux quand j’en ai le temps.
— Un jour, tu seras connu, promit-elle.
L’inflexion si tendre de sa voix arracha à Jackson un soubresaut de souffrance. Il se domina pourtant. Outre qu’il était toujours à la recherche de nouveaux talents, il tenait à s’assurer que cet Eric était aussi convenable qu’il y paraissait. Helena pouvait bien crier sur les toits qu’elle ne voulait pas d’homme, il y avait tout à parier qu’elle était amoureuse de celui-ci.
— J’aimerais voir votre travail, dit-il.
— Vous seriez impressionné, dit Helena. Eric est un artiste-
né, croyez-moi. Quand nous étions enfants, Eric, mes frères, Lilah et moi construisions des maisons avec tout ce qui nous tombait sous la main. Et Eric nous battait toujours à plates coutures.
— C’est nouveau ! s’exclama Eric en riant. Tu te déclarais toujours gagnante d’autorité !
— Je n’allais pas me laisser battre par un garçon ! Quoi qu’il en soit, il faut que tu soumettes ton travail à Jackson. Je reconnais avoir tendance à me montrer partiale.
Elle avait aussi tendance à laisser son regard exprimer ses sentiments, pensa Jackson, observant l’éclat de ses yeux.
— Je suis également de parti pris quand mes meilleurs amis sont concernés, dit Eric.
Il se leva.
— Si tu permets, je vais me retirer. Merci pour le café, ajouta-t il à l’intention d’Helena et de Jackson.
Ce dernier hocha la tête, sans cesser d’observer le personnage.
— Heureux d’avoir fait votre connaissance, Eric. Et n’oubliez pas que je tiens à voir vos œuvres.
Eric parut gêné.
— Il ne faut pas vous sentir obligé parce que je suis un ami d’Helena. Je ne suis pas venu pour ça.
« Ça, on s’en doute » ! pensa cyniquement Jackson.
— Je sais que vous n’êtes pas venu parler bateaux, Eric.
Les joues du jeune homme se couvrirent d’une légère rougeur. Il se tourna vers Helena.
— Au sujet de…
— Oublions ça.
— Amis toujours ?
— Toujours !
Le sourire qui naquit sur les lèvres d’Eric rivalisait avec l’éclat du soleil matinal.
Après son départ, le silence s’installa dans la cuisine, uniquement rompu par le tic-tac de l’horloge murale.
— Il est venu demander votre main, dit enfin Jackson.
— Nous sommes amis d’enfance.
— Vous allez épouser votre ami d’enfance ?
Elle secoua la tête avec véhémence.
— Bien sûr que non ! Je vous ai déjà expliqué que je ne désirais pas me marier.
Bien sûr, sauf qu’il y avait cette flamme dans son regard…
Et puis cet Eric semblait tout à fait correct. Le genre d’homme qu’elle méritait. Solide, équilibré ; quelqu’un sur qui elle pourrait compter.
— Il se peut que vous changiez d’avis avec le temps.
Helena repoussa la suggestion d’un geste agacé.
— Ce qui m’intéresse, c’est qu’Eric puisse réaliser ses rêves. Depuis des années, il consacre la majeure partie de ses revenus à l’entretien de ses vieux parents. Il n’a jamais pu aller jusqu’au bout de ses ambitions mais il est réellement bourré de talent, Jackson. Si vous appréciiez son travail, il pourrait faire partie des élus.
Pour la première fois, Jackson prit conscience qu’il pourrait bien lui aussi se montrer partial. Eric lui déplaisait mais il se rendait compte que c’était de la jalousie pure, parce qu’il plaisait à Helena. Cette dernière changerait d’avis quand le bébé serait né. Il désirait par-dessus tout l’aider mais elle n’avait besoin de rien de ce qu’il pouvait lui offrir. Cependant, il pouvait accomplir un geste pour elle : aider celui qui partagerait peut-être sa vie un jour.
— Je verrai son travail, promit-il. Et pourquoi ne pas ajouter un quatrième bénéficiaire à la liste ?
Helena le dévisagea.
— Vous faites ça pour moi.
— J’ai confiance en votre jugement.
— Vous aussi éprouvez ce besoin de protection vis-à-vis des femmes, dit-elle brusquement. Vous commencez à me rappeler mes frères.
— C’est plutôt flatteur.
— Vous ne diriez pas ça si vous aviez entendu Thomas au téléphone hier, hors de lui parce qu’on vous avait vu sortir de chez moi, mon livre sur les aphrodisiaques à la main !
— Il vous a donc également appelé. Qu’avez-vous répondu ?
— Que nous nous livrions à de monstrueuses orgies, mentit-elle. Et vous ?
— Que vous m’aviez attaché aux montants du lit pour me forcer à boire vos potions.
— On peut dire que vous savez parler à mes frères !
— Et vous, que vous savez faire dévier une conversation ! Cela signifie-t il que vous ne souhaitez pas que j’apporte mon soutien à votre ami ?
— Ce n’est pas ça…
A la vérité, elle ne voulait pas qu’il se sente tenu de le faire pour elle. Il était déjà bien assez enclin à endosser la responsabilité des maux de la terre entière ! Il éprouvait des remords de l’avoir laissée seule face à Barrett, il culpabilisait de ce que ses relations avec sa femme se soient dégradées et il se sentait aussi mystérieusement responsable du fait que son mari soit tombé amoureux d’une autre…
— Vous ne me devez rien, Jackson. J’assume les erreurs que j’ai pu commettre dans ma vie. Toutes vos gentillesses ne changeront rien au passé.
— Ce n’est pas mon intention, se défendit-il.
Une idée traversa l’esprit d’Helena.
— Votre femme…
— Ne vous engagez pas sur cette voie, répliqua-t il. Mon ex-femme n’a rien à voir avec tout cela. Je ne répète pas l’histoire, Helena ; je n’essaie pas de me laver près de vous des fautes commises avec une autre. Jeanne ne vous ressemblait en rien. Et l’histoire est très simple. Je l’ai remarquée parce que c’était une adorable petite chose, presque comme on s’entiche d’une œuvre d’art. Et, en l’épousant, je l’ai privée de la part de bonheur à laquelle elle avait droit.
— Elle a donc cherché ailleurs. Ce n’était pas bien, Jackson. Du moins pas tant qu’elle était mariée à vous.
Et puis soudain, elle eut une illumination.
— Barrett…
Il acquiesça d’un signe de tête.
— Barrett sait se montrer convaincant. Elle désirait un enfant ; Barrett le lui a donné. Au début, j’ignorais qu’il était le sien, ajouta-t il d’une voix assourdie. Voyez-vous, Helena, un autre a donné à ma femme ce que je ne voulais pas lui donner. Je ne suis pas impulsif. Quand on obtient quelque chose de moi, c’est parce que j’ai examiné toutes les possibilités et pris une décision rationnelle. Comprenez-vous ?
Elle fit signe que oui bien que ce soit faux. Elle comprenait juste que Jackson s’imaginait qu’il n’avait rien à offrir à une femme et qu’il vivait dans la culpabilité d’avoir privé son épouse d’un bien élémentaire. Au fond, il se comportait comme son mari. Peter lui avait donné un enfant parce qu’il se sentait coupable d’aimer une autre femme.
— Je comprends, dit-elle d’une voix légèrement tremblante.
Alors, avec un gémissement, Jackson l’attira à lui. Enfouissant ses doigts dans ses cheveux, il écrasa sa bouche sous la sienne. Helena s’offrit entièrement à son baiser. Il était peut-être le produit de la culpabilité de Jackson, mais c’était tout ce qu’elle aurait jamais de lui.
Elle referma ses bras sur son cou et se pressa contre lui et, tandis que le baiser se faisait plus intime, les mains de Jackson partirent à l’exploration de son dos, de ses hanches, de ses seins. Elle respirait avec délices sa bonne odeur d’homme sain, caressait sa joue fraîchement rasée…
Et soudain, on frappa au carreau.
Avec un juron étouffé, Jackson la lâcha. Se retournant, ils virent Alma qui les épiait par la fenêtre.
Avec un soupir, Helena ferma les yeux.
— Prépare-toi aux représailles.
— Alma est bavarde, c’est ça ?
— Bien vu. Que crois-tu que ça donnera ?
— Un fusil pointé dans mon dos ?
— Je te protégerai, murmura Helena en lui tapotant la joue.
— J’y compte bien.
En riant, ils firent entrer Alma. C’était la première fois qu’ils prenaient la situation à la légère et c’était la seule attitude possible. Ce baiser ne devait pas compter. Bientôt, ils se sépareraient et elle ne voulait ni regrets ni souvenirs superflus.
*
* *
Jackson considéra le bout de chiffon qu’il venait d’acheter avec le sentiment d’être un idiot. Il lui avait été bien égal qu’Alma le surprenne la veille embrassant Helena mais cet achat était différent. Ce n’était pas le genre de cadeau qu’un homme offre à une femme. Qu’est-ce qui lui était passé par la tête quand il était entré dans cette boutique de Bar Harbor ?
Mais la réponse, il la connaissait : Helena avait un faible pour les tabliers. Et celui-ci semblait fait pour elle. Coupé dans un tissu blanc, très fin, il était souligné de dentelle et un semis de roses brodées ornait la bavette. Bref, un tablier inutilisable à des fins pratiques.
Il le lui offrit la porte franchie.
— Il est adorable, Jackson ! s’exclama-t elle. Merci, merci beaucoup ! Aide-moi à le passer, veux-tu ? ajouta-t elle en dénouant les cordons de son raisonnable tablier de toile.
Jackson l’ajusta sur elle, tapotant les plis disgracieux pour les faire disparaître. C’était une grisante sensation que de transgresser par ce biais l’interdiction de la toucher. Il glissait les bras de chaque côté de sa taille pour attacher le tablier quand on frappa à la porte.
— Ça devient une habitude d’être surpris en méchante posture, murmura-t il en posant un rapide baiser dans ses cheveux.
Elle fronça les sourcils.
— Nous ne faisions rien de mal ! Tu nouais juste les cordons de mon tablier.
Jackson ne put retenir un sourire.
— Tu es sûre qu’il ne s’agissait que de ça ? Persuade-t’en bien pour l’expliquer à tes frères ! dit-il comme Hank pénétrait sans y être invité, Bill, Thomas et Frank dans son sillage suivis de Lilah.
— Aucun de vous ne travaille donc ? fit remarquer Helena.
— Nous ne nous mettons pas à l’ouvrage dès l’aube, comme toi, répliqua Bill. Ça nous laisse le temps de rendre des visites.
Helena haussa les sourcils.
— Te voilà donc devenu matinal, Bill ? Dire que quand nous étions enfants, je devais régulièrement te secouer pour te réveiller !
En riant, Lilah donna un coup de coude à son aîné.
— Bien fait, Bill ! Tu sais, Helena, je suis juste venue te soutenir moralement. Normal entre jumelles.
Frank adressa un regard d’avertissement à Lilah.
— Nous n’avons pas à justifier notre venue, Helena. Pas après avoir entendu raconter que Jackson t’embrassait dans cette même cuisine hier.
— Pas possible ! fit Helena, ouvrant de grands yeux.
— D’après Alma, la scène était plutôt torride, intervint Thomas.
— Elle ne voulait pas te causer d’ennuis, dit très vite Lilah. C’est juste que… enfin, tu la connais. Elle était tout excitée.
Helena sourit.
— Je connais Alma. Je vous attendais.
— Alors, qu’as-tu à dire pour ta défense ? Tu connais pourtant sa réputation, dit Thomas, désignant Jackson de la tête.
— J’en connais bien plus sur son compte ! déclara Helena avec flamme.
Et Jackson sut qu’elle allait le défendre. Elle ne pouvait pas plus s’en empêcher que de respirer.
Doucement, il vint se placer devant elle.
— Si vous avez à vous plaindre de la façon dont je traite votre sœur, adressez-vous à moi.
— Entièrement d’accord, rétorqua froidement Bill.
— Excusez-moi, dit Helena, tapant sur l’épaule de Jackson pour essayer de s’immiscer dans le cercle.
Cependant, son attention rivée sur ses frères, il ne bougea pas d’un pouce.
— J’ai embrassé votre sœur hier, concéda-t il. Et je ne le regrette pas du tout. Helena est une fille à tout point de vue adorable. Elle me plaît beaucoup.
Il sentit Helena s’agiter dans son dos.
— Notre sœur vous intéresserait-elle ? demanda Frank.
— Si vous voulez savoir si nous allons nous marier, je crains que la réponse soit négative. Ce que je veux dire, c’est que j’admire et respecte Helena plus qu’aucune autre, tant sur un plan personnel que professionnel. Je suis ravi d’avoir eu l’occasion de faire sa connaissance et reconnais l’avoir passionnément embrassée. Cependant, je l’estime assez grande pour n’avoir pas à se justifier de ses actes. Est-ce clair ?
Les quatre frères échangèrent des regards indécis. Impatiente d’intervenir dans la discussion, Helena poussa Jackson.
— Ecoutez, je vous aime beaucoup mais vraiment, cette fois, vous allez trop loin. Est-ce que je vous ai épiés pour savoir qui vous embrassiez ? Et pourtant, avant votre mariage, vous n’aviez pas la réputation d’être des enfants de chœur ! Qu’auriez-vous pensé si je vous avais mis sur le gril chaque fois que vous approchiez une femme ?
— C’est différent, déclara Hank, croisant les bras.
— Ah oui ? Et pourquoi ?
— Enfin, Helena, tu es notre petite sœur et tu es enceinte ; nous avons le devoir de te protéger, intervint Thomas.
— Il serait temps que tu admettes que je suis adulte, Thomas. Une adulte avec des sentiments et un besoin d’intimité. Il faut me laisser tranquille maintenant. Et ne m’envoyez plus de prétendants ! Avec vos manigances, vous avez failli détruire mon amitié avec Eric. Il faut que ça cesse !
Frank ouvrit la bouche mais Helena le fit taire d’un geste.
— Et Jackson n’a aucune raison de s’excuser non plus. Je… j’avais envie qu’il m’embrasse, voilà ! Et si je désirais qu’il recommence, là, en face de vous, je ne me gênerais pas pour le lui demander. J’espère alors que vous comprendriez que vous n’avez pas à intervenir dans mes affaires.
Debout au milieu de ce royaume dont elle était la reine, elle était superbe dans son indignation. Son menton levé dans un geste de défi, elle affrontait pour lui ses frères et, devant tant de hardiesse, Jackson ne put s’empêcher de se pencher vers elle et lui chuchoter à l’oreille :
— Veux-tu ?
Elle se retourna, amenant son visage tout près du sien.
— Quoi ?
— Veux-tu m’embrasser ? répéta-t il assez fort pour que tout le monde entende.
Elle réclamait son indépendance ; il ne pouvait faire autrement que de l’aider à la conquérir. Surtout quand elle l’affolait en agitant ses lèvres tout près des siennes.
— Est-ce que je veux t’embrasser ? répéta-t elle d’un ton pensif.
Il se rangeait à son côté dans sa guerre d’indépendance. Elle lui sourit.
— En fait, oui, j’ai très envie de t’embrasser.
Et, se soulevant sur la pointe des pieds, elle glissa un bras autour de son cou. Comme elle pressait ses lèvres sur les siennes, il savoura avec un infini bonheur ce qui serait un de ses derniers contacts avec Helena.
Elle s’arracha à son étreinte, trop tôt, plongea dans le sien son regard tout embrumé et lui sourit avant de se tourner vers ses frères qui regardaient le sol d’un air embarrassé, en se dandinant.
— Helena…, fit Thomas d’une voix incertaine.
— Laisse-la tranquille, Tom, dit Hank. Elle est effectivement adulte et plus têtue que jamais.
— Vous voyez, ce n’était pas si terrible, dit-elle d’un ton léger.
Et comme Jackson retenait un grognement de frustration, il aurait juré entendre les quatre frères rire sous cape

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ**   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 08-11-08, 10:46 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 12
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
ÚÖæ ÑÇÞí


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
ÇáÚÖæíÉ: 62940
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 1,517
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 247

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏItaly
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

chapitre 9
Heureusement qu’elle avait un repas à préparer pour la réception du soir, se disait Helena. Sinon, elle aurait passé tout son temps à se repasser le film du moment où Jackson lui avait demandé si elle voulait l’embrasser. Bien sûr qu’elle voulait l’embrasser ! Mais elle désirait aussi bien davantage. Elle désirait qu’il la prenne dans ses bras et lui fasse l’amour.
A cette pensée, elle tressaillit et faillit laisser échapper la coupe de cristal qu’elle s’apprêtait à poser sur la table.
— Ça suffit, Helena ! se morigéna-t elle. Intéresse-toi donc à ta cuisine. C’est tout ce qu’on te demande !
Oui, le travail était l’unique raison de sa présence dans cette maison. A ce sujet, il ne restait plus qu’à espérer que les projets de Jackson suivraient le schéma prévu car, à de petits détails comme des pincements dans le bas des reins, elle sentait l’heure de l’accouchement approcher.
Si elle attendait avec impatience le moment de tenir son enfant dans ses bras, elle souhaitait aussi mener à bien la tâche que Jackson et elle avaient entreprise. Et quand tout serait terminé, elle se retrouverait seule avec son enfant. C’était bien ce qu’elle voulait, non ?
La question la poursuivait encore quelques heures plus tard alors que la sonnette de la porte d’entrée carillonnait sans répit. Jackson, en costume sombre, accueillait avec le sourire ses invités. Tout en poussant la desserte roulante sur laquelle elle avait disposé les entrées vers la salle à manger, Helena espérait ne pas paraître trop empotée dans sa robe rose.
— Laisse ça, Helena, je m’en charge, dit Jackson, lui prenant des mains le plat qu’elle s’apprêtait à poser sur la table. Tes amis ont envie de te voir. Viens t’asseoir.
Il la guida vers le fauteuil le plus confortable de la pièce, étouffa ses protestations d’un doigt sur ses lèvres, arrangea le col de sa robe et enfin repoussa une mèche de cheveux blond ardent qui glissait le long de sa joue.
— Assieds-toi, je t’en prie, murmura-t il.
Regardant autour d’elle, Helena fut très surprise de découvrir un nombre de gens plus important que prévu. Il y avait Eric, bien sûr, et Sharon Leggit, Hugh et Marie Brannigan, John Nesbith, mais également des enfants dont elle avait mentionné les mérites à Jackson et qui étaient venus accompagnés de leurs parents. Il y avait également Ellen Hilson qui s’occupait des chiens perdus, June Sorenson qui, à la mort de son époux, avait, à l’âge de soixante ans, décidé de passer son baccalauréat, Betty Rice qui contribuait de son propre chef à la décoration florale de Main Street, et puis Elliott Woodford, et Abe et Alma. Jackson avait évidemment lancé des invitations derrière son dos.
— Ce sont tous tes amis, lui chuchota-t il à l’oreille. Et ta famille, ajouta-t il comme Eric introduisait ses frères et Lilah.
Elle lui jeta un regard consterné.
— Cette soirée devait te permettre de désigner les bénéficiaires de ta fondation, dit-elle d’un ton de reproche.
— A l’origine, oui. Mais après une petite discussion avec Lilah, j’ai décidé de changer mes plans.
— Et s’il n’y a pas assez de nourriture ?
— Allons, tu cuisines depuis ce matin ! Et puis Lilah et Alma ont apporté des gâteaux. Rassure-toi, tout ira bien.
Jackson paraissait très ******* de lui-même tandis qu’Helena éprouvait un certain embarras.
A ce moment-là, Alma sortit d’un sac un morceau de tissu qu’elle tendit à Jackson. Après être allé se munir d’un marteau et de clous, avec l’aide de Bill, il accrocha la banderole au-dessus du passage séparant la salle de séjour de la cuisine. « Tous nos vœux de bonheur à Helena et à son bébé », disait-
elle. Et puis des paquets jaillirent dans toutes les mains. Bouche bée, la jeune femme dévisageait Jackson.
— J’ai pensé que, occupée comme tu l’étais, tu n’avais peut-être pas eu le temps de rassembler ce dont tu avais besoin, confessa-t il. Et puis, c’était tout simplement l’occasion pour tous ceux qui t’aiment de te le prouver, ajouta-t il d’une voix grave et chaude.
Sur ces mots, il lui prit la main et en baisa doucement la paume. Profondément troublée, Helena referma sa main comme pour garder à tout jamais le souvenir de ce baiser.
— Merci…, balbutia-t elle.
Jackson recula afin de permettre à ses amis d’approcher. Une chaude reconnaissance emplissait le cœur d’Helena. Bien qu’il ait toutes les raisons de se sentir mal à l’aise quand il s’agissait de bébés, il avait organisé cette petite fête en son honneur.
Des paquets qu’on lui tendait, elle sortait d’adorables vêtements de poupées, de mignons petits jouets, lorsque la sonnerie de la porte d’entrée résonna. Quelques instants plus tard, Alma revenait avec Barrett.
— J’ai ouï-dire qu’on donnait une réception ici, dit-il.
Il paraissait incroyablement sophistiqué et déplacé au milieu des affaires de bébé. Une chose était sûre, Jackson ne l’avait pas convié à la fête. Encore une fois, Barrett se permettait d’envahir son territoire. Non seulement il n’éprouvait aucun remords de ses actions passées mais encore, il était prêt à recommencer.
— Il ne s’agit pas d’une réception, dit fermement Helena mais d’une réunion entre amis intimes.
Sans paraître le moins du monde dérouté, il s’approcha.
— Je vous ai apporté un cadeau. J’espère que vous apprécierez, ajouta-t il d’un ton confidentiel.
Helena fronça les sourcils.
— Ce ne sont pas des façons de faire ainsi irruption chez les gens ! Vous auriez dû téléphoner…
L’assistance, qui ignorait à quel personnage elle avait affaire, dévisagea Helena avec stupeur. Quant à Jackson, elle crut le voir sourire. Ce qui paraissait peu probable quand celui qui l’avait tant fait souffrir s’imposait chez lui.
Submergée par la colère, elle se leva brusquement.
— Des excuses à Jackson s’imposent, monsieur Richards !
Tout d’abord, Barrett parut surpris ; une légère rougeur couvrit ses joues puis il prit l’air buté d’un enfant qui refuse d’avouer sa faute alors qu’on vient de le prendre sur le fait.
Et soudain, la pitié s’empara d’Helena. Il avait été autrefois un petit enfant plein de promesses, comme tous les enfants du monde. Quel terrible enchaînement d’événements avait donc transformé l’être innocent en ce monstre d’égoïsme ?
A travers la pièce, elle chercha le regard de Jackson. Avec un sourire, il s’approcha.
— Si tu ouvrais le paquet de Barrett, suggéra-t il. Tes amis sont curieux d’en découvrir le contenu.
Helena hocha la tête. Inutile de gâcher la fête à cause de ce triste individu. Elle lui prit le paquet des mains et le déballa. Il contenait une assiette de bébé décorée de filets d’or.
— Un peu de beauté pour l’enfant d’une beauté ! commenta l’incorrigible Barrett.
Avec satisfaction, Helena constata que, malgré tout, il avait perdu un peu de sa superbe. Il voulut lui prendre la main mais elle esquiva en ramassant le papier d’emballage.
Encore une fois, elle crut surprendre une lueur de gaieté dans le regard de Jackson.
— J’espère que son utilisation me rappellera à votre souvenir.
A présent, Helena hésitait entre le rire et les larmes. Comment la femme de Jackson avait-elle pu lui préférer ce pantin prétentieux ?
La réponse était tristement limpide ; son mari ne l’aimait pas. Elle avait dû espérer puis désespérer en comprenant qu’elle n’obtiendrait jamais son amour. Alors, elle s’était tournée vers un autre. Qui pourrait lui jeter la pierre ?
« Moi ! » se révolta Helena. Une femme qui aimerait sincèrement Jackson ne pourrait s’en détourner au profit d’un individu aussi méprisable que Barrett.
— Vous plaît-elle, ma chère ? demandait Barrett d’un ton légèrement anxieux. Que vous a offert Jackson ?
Elle se rappela que si Oliver avait porté très haut Jackson dans son estime, il n’appréciait pas Barrett, et imagina le malaise qu’on pouvait ressentir à essayer de rivaliser avec quelqu’un qui vous est infiniment supérieur.
Ce qui n’excusait nullement le comportement de Barrett.
Elle regarda Jackson et lui sourit.
— Il m’a offert cette soirée, dit-elle d’un ton très doux. J’apprécie votre cadeau, Barrett, ajouta-t elle poliment.
Quelques heures plus tard, après que Jackson eut raccompagné le dernier invité, il se tourna vers Helena.
— Vous avez géré la situation avec beaucoup de tact, madame Austin, dit-il en posant les mains sur ses épaules.
— Pour être honnête, j’avoue regretter un peu ma sortie contre Barrett. Ce doit être humiliant pour lui de savoir qu’il ne t’arrivera jamais à la cheville…
— Merci pour le compliment, murmura-t il d’une voix légèrement assourdie.
Il glissa ses doigts dans la masse de ses cheveux et entreprit de lui caresser doucement la tête, lui arrachant un ronronnement de satisfaction.
— Tu sais, Jackson, j’ai l’impression que tu n’as aucune idée de la manière dont ton entourage te perçoit, murmura-t elle.
— Si tu me l’expliquais pendant que je m’occupe de ton cas ? demanda-t il en posant un baiser sur ses cheveux.
Helena avala la boule qui obstruait sa gorge.
— Eh bien, parvint-elle à dire, les gens te respectent. Ils savent que tu es un être responsable, intègre, humain et juste. Barrett n’est rien de tout cela. C’est une version imparfaite de toi-même et je suis sûre qu’il le sait. C’est triste, non ?
Sa voix chavira. Le corps de Jackson, tout proche, ses caresses, semblaient l’inviter à se nicher contre lui.
— Tu…tu n’en es pas convaincu ?
— Songe que tu me parles de mon ennemi juré, dit-il avec une indifférence teintée d’humour.
— Tu n’as rien à craindre de lui.
— Tout me porte à croire le contraire. Ma femme, vois-tu, ne partageait pas ton opinion sur le personnage.
Durant quelques instants, Helena chercha ses mots. Enfin, elle releva la tête et regarda Jackson droit dans les yeux.
— Ecoute, je ne voudrais pas te faire de peine mais je pense que ta femme s’est conduite comme une sotte. Moi, à sa place…
Les doigts de Jackson se figèrent puis il la prit par les épaules.
— Qu’aurais-tu fait à sa place, Helena ?
Ces mots atteignirent la jeune femme en plein cœur. A quoi bon ? Elle ne serait jamais sa femme.
Elle secoua lentement la tête.
— Oublions ça. Je ne suis pas ta femme et n’ai aucun droit pour juger. Il faut que je rentre, ajouta-t elle en se massant les reins.
— Helena ? murmura-t il d’une voix tendue.
Elle esquissa une grimace.
— Que se passe-t il ?
— J’ai mal au dos. Ça s’est produit à plusieurs reprises ces derniers jours. De fausses alertes, mais cette fois la douleur persiste.
Il prit son visage dans ses mains et la força à le regarder.
— Qu’est-ce que ça signifie ?
— Je pense que… que je devrais me rendre à l’hôpital.
— J’appelle Lilah et je t’y conduis.
Helena eut un geste de dénégation.
— Inutile. Elle est partie pour Portland et ne reviendra que demain après-midi.
Il la considéra avec une inquiétude qu’il s’efforçait de masquer.
— Nous nous débrouillerons sans elle, assura-t il.
Helena eut un timide sourire.
— Bien des femmes accouchent sans quelqu’un à leur côté pour leur tenir la main.
— Ce ne sera pas ton cas. Je ne connais rien à la question mais je resterai près de toi, promit-il. Concentre-toi sur ce qui t’arrive ; je m’occupe du reste.
Et, glissant un bras autour de sa taille, il la soutint jusqu’à la voiture.

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ**   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 08-11-08, 10:47 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 13
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
ÚÖæ ÑÇÞí


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
ÇáÚÖæíÉ: 62940
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 1,517
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 247

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏItaly
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

chapitre 10

Les mains crispées sur le volant, Jackson roulait trop vite, mais pas encore assez vite à son gré. Helena allait avoir son bébé et il était la seule personne sur qui elle puisse compter.
— Comment te sens-tu ? demanda-t il en lui jetant un coup d’œil.
Elle tenta de sourire mais un cri de souffrance lui échappa.
— Tu as mal ! constata-t il en appuyant sur l’accélérateur.
— C’est normal, parvint-elle à articuler.
Cependant, quand il la regarda de nouveau, il vit qu’elle avait les yeux clos. Elle souffrait et il enrageait de se sentir inutile.
Comment soulager la douleur d’autrui ? Lui-même avait souffert, oh ! pas comme Helena. Mais dans sa jeunesse, il avait reçu des coups de couteau et sa mère l’avait corrigé à plusieurs reprises et puis Barrett et lui s’étaient sauvagement battus. Dans ces cas-là, qu’est-ce qui marche ? Penser à autre chose.
Helena exhala une nouvelle plainte. Si seulement il s’était renseigné auprès de Lilah sur ces fameux exercices de respiration. Mais, comme un idiot, il avait préféré ne pas penser à cet instant.
Il se creusa l’esprit pour trouver ce qui pourrait bien la distraire de sa souffrance.
— Helena…, commença-t il, connais-tu la recette de…
Il chercha le nom d’un plat mais s’aperçut qu’il n’arrivait pas à aligner deux idées l’une derrière l’autre.
— Une recette ? répéta Helena d’un ton chargé d’indignation. Tu veux parler cuisine maintenant ?
— J’essaie seulement de te faire penser à autre chose.
Elle voulut rire et lui tapota la main mais il la sentait lutter contre la douleur. Ils n’arriveraient donc jamais à ce maudit hôpital ?
— Helena, ça va ?
— Oui, oui…
— Helena ?
Comme il la regardait avec insistance, elle hocha la tête d’un air résigné.
— Très bien, je vais te donner la recette du tiramisu.
— N’oublie pas ta respiration. Alors, le premier ingrédient ?
— Non, non, je n’oublie pas. Il faut d’abord du chocolat amer…
— D’accord. Et ensuite ?
— Du sucre, répondit-elle faiblement.
Ils atteignaient l’hôpital. Jackson se gara puis se rua sur la portière du passager pour extraire Helena de la voiture.
— Et puis des jaunes d’œufs, dit-elle quand il la souleva dans ses bras.s
Et tandis qu’il se dirigeait vers le hall, Helena continua de réciter la liste des ingrédients nécessaires à la confection du dessert.
— Elle va avoir un bébé ! cria Jackson à la réceptionniste.
— Vous êtes son mari ?
Il hocha la tête sans vergogne. Qu’ils essaient de le séparer d’Helena s’ils l’osaient !
On installa la jeune femme dans un fauteuil roulant que l’infirmière poussa vers l’ascenseur. En entendant sa respiration se faire plus pénible, il se tourna vers la réceptionniste qui attendait qu’il remplisse les papiers administratifs.
— Oubliez l’assurance, lui dit-il. Je paie. Faites-moi juste signer.
— Vous ne comprenez pas bien, monsieur. Les soins coûtent très cher.
Il dévisagea la jeune femme.
— Ecoutez, j’ai de quoi payer. Je veux être près de ma femme ! Alors, si vous voulez me faire signer, c’est maintenant ou jamais !
Après quelques instants d’hésitation, la réceptionniste poussa à regret un document dans sa direction. Jackson le signa sans même le lire.
— Où est-elle ?
— Deuxième étage.
Un quart d’heure plus tard, il attendait avec Helena dans la salle de travail.
— Si tu veux, je fais appeler un de mes frères, suggéra-t elle.
Il secoua farouchement la tête.
— L’infirmière dit que tes contractions sont rapprochées. Je suis là, j’y reste !
— Je suis navrée de t’imposer ça.
— Mais je veux être là !
Sondant le doux regard aigue-marine, il lut l’annonce d’une contraction. Il lui prit les mains.
— Regarde-moi, Helena. Parle-moi.
Elle lui parla. Elle lui expliqua le principe de la respiration et il fit de son mieux pour l’aider. Quand la douleur devint trop forte, il lui massa le dos ; quand son front s’emperla de sueur, il l’essuya. Il se sentait malgré tout terriblement maladroit, et impuissant. Si seulement il pouvait prendre sa douleur… Pour la distraire de son mal, il tenta une nouvelle fois de détourner le cours de ses pensées.
— T’ai-je raconté l’histoire du jour où Oliver a reçu une lettre du directeur de mon école expliquant qu’on m’avait surpris en train de regarder sous les jupes d’une fille ? demanda-
t-il.
Un sifflement sortit des lèvres d’Helena.
— Tu crois vraiment… que ça m’intéresse… Tu le crois vraiment ?
— Je vais te la raconter quand même.
Et il se lança dans un récit enjolivé pour la circonstance.
— Bien sûr, termina-t il, Eleanor n’était pas une vraie femme mais le mannequin de la salle de sciences. Seulement, à nos yeux de garçons de quatorze ans, élèves d’un pensionnat, elle était ce qui se rapprochait le plus d’une femme. En tout cas, elle ne te ressemblait pas. La forme de ses jambes synthétiques ne pouvait se comparer aux douces courbes des tiennes. Prête pour une autre histoire ?
— Je te revaudrai ça, Jackson, dit-elle entre ses dents serrées.
Le médecin adressa à Jackson un sourire compatissant.
— Toutes les femmes disent ça à leur mari. Bien sûr, le cas est un peu différent. Vous n’êtes pas…
Le médecin, qui suivait Helena depuis le début de sa grossesse, savait pertinemment qu’il n’était pas le père. Comme Jackson le remerciait silencieusement de ne pas l’avoir jeté hors de la salle, Helena poussa une longue plainte et le processus s’accéléra. Peu après, le médecin annonçait à Helena qu’elle avait donné naissance à une fille.
Durant quelques secondes, la jeune femme demeura sans réaction puis elle regarda Jackson.
— Elle est là, Jackson. Ma fille est là !
Jackson lui sourit puis l’attira contre son épaule et caressa son front humide de sueur. Elle lui sourit puis regarda le petit être autour duquel s’affairait le médecin. Enfin, l’infirmière mit le bébé dans les bras de Jackson qui demeura stupéfait de la fragilité du petit paquet sans défense. Il le déposa dans les bras de sa mère et contempla, tout ému, le spectacle des petites lèvres roses qui cherchaient à prendre leur premier repas dans un silence religieux.
Pendant un long moment, il observa la scène avant de songer qu’il était temps pour lui de se retirer. Sa tâche était accomplie. Il n’avait plus aucune raison de s’attarder.
Lentement il se leva et considéra la mère et l’enfant.
— N’est-elle pas magnifique ? lui demanda Helena.
— Elle est parfaite.
Il caressa doucement la joue de la jeune femme puis l’embrassa sur le front.
— Je te laisse faire connaissance avec ta petite fille.
Il se dirigeait vers la porte quand Helena l’appela d’une voix incertaine.
— Jackson ?
Il se retourna.
— Reste, je t’en prie, dit-elle en désignant de la tête le fauteuil près de son lit. Tu dois être fatigué.
Il était tout sauf fatigué. Débordant d’énergie, agité, excité, frustré. Il s’assit pourtant et admira la plus belle scène qui soit au monde. Ces instants resteraient gravés dans sa mémoire longtemps après qu’Helena et lui se seraient quittés.
*
* *
Deux jours plus tard, Helena quittait l’hôpital, la petite Beth dans les bras de Bill. Durant ces deux jours où elle avait découvert avec délices son enfant, elle avait aussi mesuré à quel point sa vie allait changer. Jackson partirait bientôt, la laissant derrière lui. Et des sentiments contradictoires l’agitaient, mélange du bonheur de l’avoir connu et du frénétique besoin de le supplier de rester et… de l’aimer.
— Mais il n’est pas encore parti, ma douce, murmura-t elle à l’oreille de sa fille.
— Que dis-tu ? s’enquit Bill.
— Rien. Je me disais juste que ce serait bon de retrouver la maison et mes habitudes.
— Je crains que tes habitudes ne soient un peu bouleversées, dit Bill en riant.
— Oui, mais c’est bien. J’aime me sentir utile.
Et elle disposait d’encore un peu de temps pour se rendre utile à Jackson…
— Il n’est pas question que tu mettes les pieds ici ! s’exclama Jackson quand Helena se présenta chez lui un peu plus tard, la petite Beth dans son couffin. Tu sors juste de l’hôpital !
— L’accouchement s’est passé normalement ! Je suis un peu fatiguée, d’accord, mais ce n’est pas une raison pour rester inactive ! Pendant que Beth dort, je peux me rendre utile !
— Tout est prêt. Tu as bien assez travaillé à l’organisation de cette cérémonie !
— C’est justement pour ça que je peux m’occuper maintenant des derniers détails.
— C’est hors de question ! répliqua sévèrement Jackson.
— Tu ne veux pas de moi ici ?
— Ce n’est pas ce que j’ai dit.
C’était pourtant ce qu’il désirait. Sa présence lui rappelait celle qui l’avait trahi et le bébé qu’il avait perdu au profit de Barrett.
— Je… je suppose que je ne devrais pas être ici. J’ai déjà dressé le menu ; je peux préparer les plats chez moi. De toute façon, il faudra les transporter en ville.
Il toucha son bras, juste pour attirer son attention, ce qui la peina. Allons, le compte à rebours avait déjà commencé. Il s’efforçait de se montrer gentil pour couper les liens en douceur. C’était, après tout « un des célibataires les plus fortunés du monde ». Il avait l’habitude de ce genre de situation.
— Ecoute, Helena, il me semble que tu as d’autres préoccupations en ce moment que de faire la cuisine.
Elle secoua la tête.
— Cette cérémonie signifie tellement pour toi.
— Il n’est pas question que j’abuse de toi ! Que ça te plaise ou non, j’ai engagé deux extra de Boston. Tu n’auras qu’à leur donner tes instructions.
— Comment peux-tu prétendre abuser de moi alors que tu m’as soutenue tout le temps de mon accouchement ?
— Accepte davantage et laisse-moi t’offrir ce dont tu as besoin : du repos.
Malheureusement, se disait Helena, il ne saurait lui donner ce dont elle avait le plus besoin. Elle ne pouvait lui expliquer combien elle tenait à lui ; ce n’aurait pas été juste alors qu’il l’avait mise en garde. Sa désillusion n’était pas comparable aux précédentes : elle avait toujours su qu’il partirait. Il ne lui avait fait aucune promesse.
Elle essaya de se ressaisir.
— Tu veux m’offrir du temps avec mon bébé ?
— J’insiste.
Elle poussa un soupir.
— Très bien, tu es le patron, Jackson.
Il posa sur elle un regard sombre. Bientôt, il ne serait plus rien pour elle, qu’un ancien employeur. Tous deux le savaient. Sauf que dans le cœur d’Helena il continuerait d’occuper une place immense.
— Je ne veux pas te rendre malheureuse, dit-il doucement.
Se doutait-il qu’elle était tombée amoureuse de lui ? Craignait-il d’avoir un chagrin d’amour de plus sur la conscience ? Ne voulant pas accroître ses remords, elle sourit.
— Je ne suis pas malheureuse. Avoir l’occasion de travailler avec des chefs de Boston, quelle cuisinière n’apprécierait ?
Avec un sourire, il lui caressa la joue.
— Sûrement pas toi. Sois heureuse, Helena.
— Oui, finissons correctement avec cette aventure.
Le sourire de Jackson était triste quand il se pencha pour l’embrasser sur les lèvres.
— Oui, finissons-en correctement.
Ces mots prirent toutefois une nouvelle signification quand Helena rentra chez elle. La lumière de son répondeur clignotait ; elle écouta le message.
« Bonjour, douce Helena, disait la voix sirupeuse de Barrett. Je tenais à ce que vous sachiez que ma chère femme assistera à la cérémonie. Vous serez sûrement heureuse de faire sa connaissance. Vous avez tellement en commun toutes les deux. Jackson… et puis moi. Vous pourrez comparer vos notes. »
Helena compris alors qu’il n’y aurait pas moyen de terminer l’histoire correctement. Les choses allaient forcément se compliquer. Elle ne se *******erait pas de donner des instructions aux cuisiniers ; il n’était pas question qu’elle laisse Jackson être la cible de nouvelles humiliations de la part du couple. Elle en faisait une affaire personnelle. Et, pour le coup, l’aide de ses frères serait la bienvenue.
Avec un sourire vindicatif, Helena décrocha le téléphone. 0

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ**   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 08-11-08, 10:49 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 14
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
ÚÖæ ÑÇÞí


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
ÇáÚÖæíÉ: 62940
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 1,517
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 247

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏItaly
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

chapitre 11
Le jour de la cérémonie organisée en l’honneur d’Oliver se leva sur une matinée radieuse. Le soleil brillait, une légère brise soufflait ; pourquoi donc se sentait-il rempli d’une telle appréhension ?
Peut-être parce que sa préoccupation profonde ne s’attachait pas à la réussite de cette journée mais au sort d’une femme et de son enfant ? Il détestait l’idée de laisser Helena livrée à elle-même. Avec son enfant, elle serait encore plus occupée, sans pour autant se ménager puisque, de toute façon, elle pensait aux autres avant de penser à elle-même.
Enfin, peut-être que, à la longue, elle déciderait d’épouser Eric. Il grimaça. L’idée lui déplaisait profondément mais il fallait bien l’envisager. Il se pouvait aussi qu’elle ne l’épouse pas. Ce qui était sûr, c’est que les choix d’Helena ne le regardaient pas.
Il fourragea en jurant dans ses cheveux. Il n’avait d’autre solution que de laisser l’histoire se faire sans lui. De toute façon, décida-t il, il retrouverait sa tranquillité d’esprit quand il aurait laissé derrière lui Sloane’s Cove et les anciens souvenirs qui s’y attachaient.
Et quand, quelques minutes plus tard, Helena se glissa dans sa chambre avec un plateau, il parvint même à sourire. Elle était si adorable avec son air embarrassé et ses joues roses.
Elle posa le plateau sur la table de nuit et repoussa ses cheveux d’une main.
— J’ai pensé que… tu allais être très occupé aujourd’hui…, bredouilla-t elle. Et je ne voulais pas que tu oublies de prendre un bon petit déjeuner. Tu auras besoin de toutes tes forces. D’ailleurs, tu… tu as dormi trop longtemps.
Il ne dormait pas, il se rongeait les sangs en pensant à elle. Il jugea toutefois inutile de le préciser.
— Où est Beth ?
— Elle dort dans son couffin. Enfin, elle dormait, rectifia Helena en entendant un petit cri en provenance d’une chambre située à deux portes de là.
— Elle te réclame.
— C’est l’heure de son petit déjeuner !
Jackson frissonna. L’idée d’Helena allaitant son enfant le bouleversait. C’était un geste si intime, si nécessaire. Une mère nourrissant son enfant à partir de sa propre chair…
Un désespoir amer s’abattit sur lui mais il refusa de s’y abandonner. Qu’importait ? D’ici peu, il retournerait à ses affaires, et son esprit n’aurait plus le loisir de divaguer. Il aimait son existence. Quand une femme lui plaisait, il savait que, tôt ou tard, elle entrerait en compétition avec son métier, et que son métier gagnerait. Ses aventures se terminaient toujours ainsi. Ces dernières semaines avaient représenté une petite incursion au cœur d’un autre univers mais c’était fini, et il ne pouvait que s’en féliciter.
— Va voir Beth, dit-il à Helena. Je me lève bientôt.
Quand elle fut partie, il but une gorgée de café et mordit dans un muffin. C’était certes une cuisinière hors pair, mais il n’avait pas le cœur à apprécier la nourriture. Son cœur était à ce qui se passait à deux pièces de là…
C’était étrange, se disait Jackson tout en roulant vers le parc en compagnie d’Helena, Beth dans son couffin installée à l’arrière de la voiture. Alors qu’il parvenait au but tant caressé, au lieu d’en ressentir une légitime satisfaction, il éprouvait un sentiment de perte.
Bien sûr, ce sentiment s’évanouirait dès qu’il aurait quitté Sloane’s Cove. N’empêche que pour le moment il était bien réel. Et il avait du mal à fixer son attention sur sa conduite au lieu de la tourner vers celle qu’il s’apprêtait à quitter pour toujours.
Soudain, elle effleura son bras. Il tressaillit si fort qu’il faillit les envoyer dans le bas-côté.
— Tu es sûr que ça va ? demanda-t elle.
Il fit mine de croire qu’elle parlait de la cérémonie.
— J’en suis sûr. J’ai engagé une armée d’étudiants. A l’heure qu’il est, ils ont dû installer les tables et suspendre les banderoles. Le fleuriste a disposé les fleurs, les musiciens accordent leurs instruments et le champagne s’apprête à couler à flots. De plus, Lilah devait me téléphoner en cas de problème et mon portable n’a pas sonné.
— Je tiens juste à ce que tout soit parfait.
Il jeta un regard de biais à Helena, si menue, si adorable dans sa robe jaune paille. Du coin de l’œil, il apercevait la minuscule forme de Beth qui bâillait tout en agitant ses petits poings.
— Tout est parfait, assura-t il.
Et ça l’était, techniquement parlant, du moins.
Quand ils arrivèrent au parc, ils furent accueillis par les échos d’un morceau joué par le quatuor à cordes installé dans le kiosque à musique. Les riches visiteurs qui s’étaient abattus sur la ville comme une volée de moineaux dévoraient les pâtés d’Helena tout en s’extasiant sur la beauté des parterres de roses et des vasques de pensées pourpres et or disséminées dans la verdure. Des voiliers se balançaient dans le port tout proche apportant la dernière touche à un tableau digne d’être fixé sur la toile.
Jackson glissa un regard vers sa compagne. C’était la journée des adieux. A Oliver et à Helena. Malgré l’étau qui lui serrait la poitrine, il lui sourit.
— Prête ? demanda-t il en lui tendant le bras pour l’entraîner vers le podium dressé pour l’occasion.
Cependant, Helena refusa d’un signe de tête. Elle mourait d’envie de le soutenir jusqu’au bout en restant à son côté mais depuis l’appel téléphonique de Barrett, deux jours plus tôt, elle se sentait investie d’une autre mission.
— Tu ne veux pas m’accompagner ?
— C’est ton jour, Jackson.
— C’est le jour d’Oliver. Et tu as passé tant de temps sur ce projet. Ce n’est que justice que tu apparaisses au grand jour.
— Je ne peux pas laisser Beth. Si elle avait faim ?
Les mots magiques produisirent leur effet.
— Tu as raison, dit-il en lui caressant la joue.
— Bonne chance !
A longues enjambées, Jackson gagna le podium. Jamais il n’avait été si beau, si élégant, si imposant et si… hors d’atteinte, pensait Helena en le dévorant des yeux.
Puis, sa fille dans les bras, elle alla se placer légèrement en retrait de la foule afin de pouvoir examiner les lieux. Ainsi, elle verrait Barrett arriver et pourrait immédiatement intervenir.
Quand elle reporta son attention sur le podium, elle s’aperçut que Jackson la regardait et lui adressait ce sourire tendre et mystérieux qui la faisait rêver des nuits entières. Elle le contempla avec avidité. Demain, il ne lui resterait que des souvenirs mais aujourd’hui elle pouvait encore jouir de sa présence bien réelle.
— Merci de m’avoir accueilli, commença-t il de cette voix qu’il savait rendre tour à tour douce, autoritaire… ou séductrice. Quand je suis arrivé à Sloane’s Cove voici trois semaines, je ne connaissais personne. Il ne me restait de cette ville que le souvenir d’un homme qui, voici bien des années, m’avait tendu la main à un moment extrêmement difficile de mon existence. Oliver Davis était un homme bon. Par-delà les défauts des gens, il savait voir leurs qualités potentielles. Nombre de personnes dans ce public ont bénéficié de son soutien. Comme moi, ils sont là parce qu’il a transformé leur vie.
A ce moment, alors qu’elle se forçait à détacher son regard de Jackson pour examiner les alentours, Helena remarqua une voiture garée près de l’entrée du parc. Une très jolie femme brune en descendait, un enfant d’environ trois ans dans les bras. Un homme les rejoignit mais il ne regardait ni la femme ni l’enfant. Son visage trop parfait tout rembruni, il scrutait la foule.
Helena reporta son attention sur Jackson qui la dévisageait d’un air perplexe.
— Je suppose qu’Oliver imaginait que son œuvre s’achèverait avec sa mort mais nous sommes réunis aujourd’hui pour prouver le contraire, continua Jackson. Je suis venu à Sloane’s Cove dans l’intention de rendre hommage à sa mémoire et, dans l’accomplissement de cette mission, j’ai reçu une aide particulièrement efficace. Ai-je besoin de nommer cette femme admirable qui m’a secondé ? Tout le monde ici connaît et apprécie… Helena.
Il lui sourit et tous les assistants tournèrent la tête dans sa direction.
— J’ai donc aujourd’hui le grand plaisir de révéler les noms des bénéficiaires de la fondation Oliver Davis.
Un murmure parcourut la foule suivi d’applaudissements nourris. A ce moment, Helena vit Barrett, poussant sa femme devant lui, s’approcher du podium. Elle savait qu’il était venu assister à la cérémonie dans le but d’humilier Jackson. Ce n’était pas difficile : il lui suffisait d’exhiber sa femme et son enfant pour lui rappeler publiquement ce qu’il lui avait dérobé et ternir ainsi le succès de la fête.
S’il ne parvenait pas à son but, il recommencerait, bien sûr. N’empêche qu’aujourd’hui, elle ne le laisserait pas nuire, Helena se l’était solennellement promis.
Portant ses doigts à sa bouche, elle émit un sifflement strident. Comme Jackson tournait vers elle un regard stupéfait, elle lui sourit d’un air innocent.
Ce sifflement lui avait rendu de grands services quand, garçon manqué au tempérament bagarreur, elle devait appeler ses frères à la rescousse. A présent, il servait de signal. En l’entendant, les quatre frères Austin se dirigèrent vers l’endroit où se tenait Barrett. Hank passant près d’elle, elle lui adressa un sourire timide.
— Ne t’inquiète pas, sœurette, lui glissa-t il. Après ce que tu nous as raconté sur Barrett, Jackson a toute notre sympathie. Nous ne laisserons personne gâcher la cérémonie. Bill s’est pris d’un intérêt soudain pour… le commerce de Barrett. Nous le garderons occupé le temps nécessaire.
— Tu es un chic grand frère, dit-elle en l’embrassant sur la joue.
Quand elle regarda de nouveau en direction de Jackson, il dévisageait Hank d’un air interrogateur. Pourvu qu’il ne suive pas du regard la direction prise par ses frères, se dit-elle. Dans ce cas, il découvrirait Barrett. Et, intérieurement, elle pria pour qu’il la regarde, elle. Et le miracle eut lieu.
Sans le quitter des yeux, elle s’approcha du podium.
— Tu as changé d’avis ? demanda-t il. Tu as finalement décidé de rester près de moi ?
Ces mots lui firent l’effet d’une écharde en plein cœur. Rester près de lui, elle ne rêvait que de ça… et pour toujours.
Enfin, à présent que la menace de Barrett s’était dissipée, elle pouvait du moins profiter de ces quelques instants. Beth blottie dans ses bras, elle grimpa les marches et se glissa près de Jackson. Il lui prit la main, et pendant quelques secondes elle crut que son cœur allait éclater.
— Je suis heureux que tu sois là, murmura-t il.
Elle aussi était heureuse. Se tenir près de Jackson semblait faire partie de l’ordre naturel des choses.
— Au départ, je devais désigner trois personnes, reprit-il. Cependant, lorsque j’ai rencontré tous les gens qu’Helena tenait à me présenter, je me suis rendu compte qu’il m’était impossible de choisir parmi des talents si divers. Ainsi, cette année, des bourses seront attribuées à…
Suivie une longue liste dans laquelle figuraient Sharon Leggit et John Nesbith.
— J’espère que tu sais à quel point tu es merveilleux, lui dit Helena dans un souffle.
Il s’éclaircit la gorge avant de préciser que ces bourses seraient versées annuellement, qu’il avait également constitué un fonds d’aide aux personnes qui, tels Hugh et Marie Brannigan, se dévouaient au bien commun et qu’un troisième fonds bénéficierait aux artisans locaux. Cette année, le récipiendaire était Eric Ryan.
Jackson posa sur Helena un regard farouche. Elle comprenait son intention : n’étant pas candidat au rôle de mari, il s’assurait qu’un autre serait capable de l’assumer. La jeune femme sentit sa gorge se serrer. Se soulevant sur la pointe des pieds, sous les applaudissements de la foule en délire, elle posa un baiser sur sa joue.
— Partons, dit-il d’une voix étranglée.
— Mais… la cérémonie…
— Le plus important est fait.
Il reprit le micro pour dire en désignant la photo qui trônait près du podium :
— Merci, Oliver. Nous ne t’oublierons jamais.
— Bravo, Jackson ! cria une voix.
— Merci monsieur Castle ! fit une autre. Nous n’oublierons ni Oliver ni vous !
— Nous n’oublierons pas, promit Helena dans un murmure.
Parlait-elle d’Oliver ou de lui ? se demanda Jackson. Connaissant Helena, il savait qu’elle ne laisserait pas s’éteindre le souvenir d’Oliver mais il caressait l’espoir fou qu’elle se rappellerait également d’un certain Jackson. En même temps, il se rendit compte que ce serait beaucoup mieux pour elle de l’oublier très vite.
Il prit une profonde inspiration avant de se tourner de nouveau vers la foule.
— Merci d’être venus si nombreux. Je dois reprendre l’avion pour Boston tout à l’heure mais j’espère que vous passerez une excellente journée grâce aux repas, jeux et animations prévus. S’il vous plaît, que la fête commence !
En bas des marches, Helena trouva Lilah. Après lui avoir demandé de garder Beth, elle s’éloigna en compagnie de Jackson. Quand ils se retrouvèrent à l’écart, ils s’arrêtèrent et se dévisagèrent. Jackson prit le visage d’Helena dans ses mains.
— J’ai aperçu Barrett et Jeanne, lui dit-il doucement. Merci…
Il effleura sa joue d’un baiser.
— … de chercher à me protéger.
Elle se mordit la lèvre.
— J’espérais que tu ne les aurais pas remarqués. J’aurais tant voulu t’éviter cette épreuve.
Il sourit.
— Je ne regrette rien car ça m’a donné l’occasion de t’entendre siffler ! Tu m’étonneras toujours, tu sais. Je désire par-dessus tout que tu sois heureuse, Helena.
Elle fixa sur lui le regard de ses beaux yeux couleur aigue— marine qui s’embuaient.
— Je me suis arrangé avec Lilah pour qu’elle vous raccompagne, ajouta-t il.
Il valait mieux qu’il ne s’en charge pas car il était certain de ne pas résister à l’envie de lui faire des adieux corrects. Ce n’était pas possible, bien sûr, d’abord parce que son corps n’y était certainement pas disposé mais, surtout, parce que ce serait se comporter comme le dernier des derniers que de coucher avec elle et de partir ensuite. Il refusait de s’inscrire sur la liste de ceux qui s’étaient servis d’elle et l’avaient abandonnée. Et il n’avait rien à lui offrir.
— Tes bagages sont prêts ? demanda-t elle d’une petite voix.
— Ils m’attendent dans la voiture, répondit-il en s’efforçant de garder un ton naturel.
Il craignait tellement de dire des choses qu’ils pourraient tous deux regretter. Elle avait pourtant l’air si perdu, si vulnérable, si avide de tendresse qu’il ne put se retenir de lui caresser les cheveux.
— Tu es une femme merveilleuse, lui dit-il.
Cependant, elle ne lui offrit pas le sourire qu’il espérait. Ces paroles, elle avait dû les entendre de la bouche d’autres hommes. Et elle les entendrait encore, se rappela-t il.
— Avant que tu partes, je voudrais te dire…, commença-t elle d’une voix mal assurée. Je n’oublierai jamais ce que tu as fait. Tu as changé des vies, Jackson.
Il sourit tristement.
— Tu as changé ma vie. Grâce à toi, j’ai repris confiance dans les femmes.
— J’en suis heureuse. Peut-être que la prochaine fois qu’une femme enceinte voudra travailler pour toi, tu discuteras un peu moins.
« Ou, plus probablement, je me rappellerai tout ce que j’ai perdu. »
— Adieu, trésor, dit-il. Ne laisse personne t’entraîner là où tu ne veux pas aller.
Il se pencha sur elle et prit ses lèvres.
— J’y veillerai, murmura-t elle en se pressant plus étroitement contre lui. Souviens-toi de cet été.
Comme s’il pourrait jamais l’oublier…
Il la serra avec une sorte de désespoir, comme pour imprimer à jamais en lui le souvenir de son corps. Et il l’embrassa jusqu’à ce que la tension devienne insupportable.
— Je m’en souviendrai, promit-il. Prends bien soin de toi et du bébé.
Et puis, il la lâcha, écarta ses cheveux de son visage et contempla une dernière fois la plus délicieuse femme de la terre. Et il s’éloigna avant de commettre l’erreur de la supplier de lui donner ce qu’elle affirmait ne pas vouloir donner, ou d’essayer de se convaincre qu’il n’était pas celui qu’il croyait être.
Jackson monta dans sa voiture, démarra et reprit le chemin de son univers. 0

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ**   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 10-11-08, 03:57 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 15
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
áíáÇÓ ãÊÇáÞ


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Feb 2008
ÇáÚÖæíÉ: 65541
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 2,187
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: ruba ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚruba ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚruba ÚÖæ Úáì ØÑíÞ ÇáÇÈÏÇÚ
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 211

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏPalestine
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
ruba ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : **ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** ÇáãäÊÏì : ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÇÝÊÑÇÖí

 

thanks riham....great job....mbrook il awseme....maybe someday i'll be able to read it

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ ruba   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÅÖÇÝÉ ÑÏ

ãæÇÞÚ ÇáäÔÑ (ÇáãÝÖáÉ)

ÇáßáãÇÊ ÇáÏáÇáíÉ (Tags)
myrna mackenzie, ÑæÇíÉ ÝÑäÓíÉ
facebook




ÌÏíÏ ãæÇÖíÚ ÞÓã ÇáÑæÇíÇÊ ÇáÑæãÇäÓíÉ ÇáÇÌäÈíÉ
ÃÏæÇÊ ÇáãæÖæÚ
ãÔÇåÏÉ ÕÝÍÉ ØÈÇÚÉ ÇáãæÖæÚ ãÔÇåÏÉ ÕÝÍÉ ØÈÇÚÉ ÇáãæÖæÚ
ÊÚáíãÇÊ ÇáãÔÇÑßÉ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÅÖÇÝÉ ãæÇÖíÚ ÌÏíÏÉ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÇáÑÏ Úáì ÇáãæÇÖíÚ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÅÑÝÇÞ ãáÝÇÊ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÊÚÏíá ãÔÇÑßÇÊß

BB code is ãÊÇÍÉ
ßæÏ [IMG] ãÊÇÍÉ
ßæÏ HTML ãÚØáÉ
Trackbacks are ãÊÇÍÉ
Pingbacks are ãÊÇÍÉ
Refbacks are ãÊÇÍÉ


LinkBacks (?)
LinkBack to this Thread: https://www.liilas.com/vb3/t95309.html
ÃÑÓáÊ ÈæÇÓØÉ For Type ÇáÊÇÑíÎ
Untitled document This thread Refback 23-11-10 01:36 PM
une femme providentielle( رائعة) - منتديات ليلاس - Gturl This thread Refback 16-08-09 10:08 AM


ÇáÓÇÚÉ ÇáÂä 04:30 PM.


 



Powered by vBulletin® Version 3.8.11
Copyright ©2000 - 2024, Jelsoft Enterprises Ltd.
SEO by vBSEO 3.3.0 ©2009, Crawlability, Inc.
ÔÈßÉ áíáÇÓ ÇáËÞÇÝíÉ