Comment pourrait-elle l’avoir oubliée*? Son imagination la transporta instantanément vers cette auberge perdue au cœur de l’Ecosse, où ils avaient fait l’amour pour la première fois. Elle revit, comme si elle y était, la petite chambre au charme désuet avec son lit en fer, en face de la cheminée, recouvert d’un plaid bariolé, et la salle de bains minuscule où les tuyaux gargouillaient pendant qu’ils batifolaient dans la baignoire.*
–*Oui, évidemment que je me rappelle, dit-elle doucement.*
Il prit une longue inspiration.*
–*Voilà ce que je te propose… Nous sommes légalement mariés et tu m’as dit que tu ne couchais pas avec ce type…*
–*Il s’appelle Christopher, corrigea-t–elle sèchement. Et je n’ai pas encore couché avec lui.*
–*D’accord, fit-il, en couvrant sa main avec la sienne. Donc, voici ma proposition*: avant de mettre fin à notre mariage, et de commencer nos nouvelles vies pleines de projets enchanteurs, je voudrais passer deux jours avec toi, simplement ça, deux jours ensemble, en Ecosse. Dans cette auberge…*
C’était la dernière proposition à laquelle elle s’attendait.*
–*Et dans quel but*? lui demanda-t–elle, feignant le détachement.*
–*Faire l’amour autant que nous le pourrons, jusqu’à plus soif.*
Un tintamarre métallique les fit sursauter tous deux. La serveuse, qui venait de faire tomber une corbeille pleine de couverts, leur adressa un sourire d’excuse, avant de se pencher pour ramasser.*
–*Je ne comprends toujours pas, répondit-elle en baissant la voix.*
–*Viens avec moi et je te fournirai toutes les explications nécessaires, mon ange…*
Sa façon de rouler les «*r*» la fit frémir. Son accent écossais était, en vérité, une arme de séduction redoutable. Quant à sa proposition, c’était presque trop beau. Elle voulut s’assurer qu’elle avait bien compris, avant de dire oui. –*Tu veux retourner en Ecosse avec moi, pour deux jours de sexe non-stop, c’est bien ça*?*
–*Deux jours avec leurs nuits. Bien entendu, tu ne seras pas obligée de coucher avec moi, mais, si jamais tu en avais envie, je suis prêt à me sacrifier pour te faire plaisir.*
Il rit, apparemment amusé devant son expression ahurie.*
–*Lara, je plaisante encore. Plus sérieusement, j’aurais envie de me retrouver avec toi quelque part au calme, loin de tout ce cirque médiatique. L’auberge est dans un coin perdu où tout le monde se fiche de qui je suis. C’est drôle, je trouve, que l’Ecosse soit le seul endroit du monde anglo-saxon où personne ne me connaît.*
–*Mais pourquoi retourner là-bas, précisément*?*
–*En souvenir du bon vieux temps, comme on dit. Nous étions si jeunes… Je me suis souvent demandé si, à cette époque, nous n’étions pas plus amoureux de l’amour que l’un de l’autre.*
Elle n’aima pas ce qu’elle venait d’entendre. Graeme avait l’air d’insinuer que leurs sentiments n’avaient été qu’une projection de leurs envies, qu’il n’y avait pas eu de véritable amour entre eux. Et qu’elle avait donc passé cinq ans à regretter quelque chose qui n’avait pas existé. Non, elle refusait d’envisager leur histoire sous cet angle.*
–*Je ne pense pas que ça ait été le cas, dit-elle, mortifiée d’entendre sa voix trembler.*
Il pressa sa main entre les siennes comme s’il voulait la rassurer.*
–*Je ne dis pas que ça a été le cas, je pose la question, simplement. C’est pourquoi je te propose de retourner là-bas, pour jeter un regard d’adulte sur nos souvenirs. Nous avons peut-être idéalisé le passé.*
–*Tu le crois vraiment*?