–*Je suis désolée, mademoiselle*Withfield, mais j’ai pour consigne de vous le remettre en mains propres ce soir même. C’est M.*Hamilton qui vous l’envoie.*
Lara soupira.*
–*D’accord, murmura-t–elle, en retirant la chaîne de sécurité. Je vais le prendre.*
A son grand étonnement, la femme s’écarta avec un sourire d’excuse pour laisser la place à Graeme qui, jusque-là, était resté hors de son champ de vision. Indignée, elle tenta de lui refermer la porte au nez, mais il l’en empêcha en posant son pied contre le chambranle.*
–*Merci beaucoup, Maryssa, dit-il. Je n’oublierai pas votre geste.*
–*Toujours à votre service, monsieur*Hamilton, répondit l’employée, la bouche en cœur. Ne m’en voulez pas, madame. J’espère que tout va s’arranger entre vous. Bonne soirée, madame. Bonne soirée, monsieur*Hamilton.*
L’employée tourna les talons et Graeme attendit que le couloir soit vide avant de parler.*
–*Tu vas me laisser entrer ou bien tu préfères que nous fassions profiter de notre discussion tous les clients de l’hôtel*? lui demanda-t–il d’un ton calme.*
A contrecœur, elle recula pour le laisser passer.*
Il portait toujours son jean, boutonné jusqu’en haut, une paire de mules en éponge brodées de l’anagramme de l’hôtel et un T-shirt noir sur lequel on pouvait lire*: «*Nous sommes tous des comédiens.*»*
L’humour tout britannique de Graeme l’avait déconcertée plus d’une fois, dans le passé, et elle considéra un instant l’ironie du message, compte tenu de ce qui venait de se passer. Mais elle n’avait pas le temps de s’y arrêter très longtemps.*
–*C’était un coup bas, ça, fulmina-t–elle, en faisant bruyamment claquer la porte. C’est comme ça que tu agis, la plupart du temps*? Tu souris, tu joues de ton charme pour que les femmes fassent tout ce que tu veux*?*
–*Oui, c’est à peu près ça, dit-il d’un ton nonchalant, en s’avançant au milieu de la pièce. Tiens, tu avais oublié ton masque…*
Elle ne prit pas le sac qu’il lui tendait, mais croisa les bras sur la poitrine. Elle venait de se rappeler qu’elle ne portait qu’une culotte et un T-shirt et que ses cheveux, encore humides, devaient ressembler à une crinière de lion.*
–*Je n’ai pas envie de te parler, répondit-elle, sans oser le regarder.*
–*Vraiment*? Ce serait dommage de ne pas finir notre très intéressante conversation de tout à l’heure, pourtant, dit-il, en balayant la chambre de son regard perçant. Nous avons encore beaucoup d’affaires à traiter.*