[CHAPITRE 10
Sam se cala dans son fauteuil, les yeux rivés sur l’écran de son ordinateur. Son bureau était encore en travaux, et il avait posé l’ordinateur portable sur ses genoux, essayant de se concentrer sur les colonnes de chiffres qui dansaient sous ses yeux, mais son esprit était ailleurs.
L’aube venait à peine de se lever, lumineuse et claire, et même si cela faisait à peine une semaine que Jenna était arrivée au Wildcatter, il savait que bientôt le temps qu’ils passaient ensemble prendrait fin. Elle retournerait à New York, et lui poursuivrait sa vie ici, sans elle.
Il l’avait laissée dans son lit, après une nouvelle nuit passée à faire l’amour. Même s’il avait peu dormi, il se sentait en pleine forme, comme revigoré, et avait décidé de se mettre au travail de bonne heure.
Jenna avait été merveilleuse, cette nuit. Elle lui avait prodigué mille caresses de ses mains si douces. Sa peau était comme de la soie, et il ne se lassait pas de la cares-ser ; quant à ses yeux si profonds, il aurait voulu s’y noyer.
Tandis qu’il piquait les balles de foin pour les distri-buer aux chevaux, il s’était remémoré la danse de leurs corps, dans l’ombre de la nuit. En remplissant les abreu-voirs, il avait songé à ses lèvres, si sensuelles, si pas-sionnées. En piétinant dans l’herbe et dans la boue, il s’était senti réchauffé par le souvenir de sa candeur et de ses appétits.
Quant à Tooter, il n’avait jamais manifesté autant d’hostilité envers quiconque, pas même Tiffany. Voyait‑il une ennemie, en Jenna ? Et si c’était le cas, en quoi cela le blessait‑il tellement, lui ?
Tiffany était superficielle, alors que Jenna possédait une personnalité riche, profonde, qui l’électrisait.
Dix minutes plus tard, il éteignait l’ordinateur. Il n’arriverait à rien de bon ce matin. Tout ce dont il était capable était de penser à Jenna, couchée dans son lit. Lorsqu’il l’avait laissée, le drap dissimulait à peine ses épaules nues, ses cheveux étaient répandus sur l’oreiller et elle souriait dans son sommeil. Bon sang ! Il ne pou-vait se l’ôter de l’esprit. Dormait‑elle encore ?
En entendant la porte de son bureau s’ouvrir, il leva les yeux. Alors qu’il s’attendait à voir Maria entrer pour faire le ménage, ce fut la mince silhouette de Jenna qui apparut dans l’embrasure de la porte. Elle portait un de ses jeans neufs et une chemise colorée. Il déglutit en voyant qu’elle était pieds nus, ce qu’il trouvait diable-ment sexy, surtout avec d’aussi ravissants orteils joli-ment vernis.
Elle fit quelques pas dans la pièce, se dirigeant vers le fond. La lumière était si faible qu’il n’était pas certain qu’elle ait remarqué sa présence. Elle s’arrêta devant une sculpture représentant un cow-boy sur son cheval cabré, que son arrière arrière-grand-père avait acquis pour une bouchée de pain, avant que le sculpteur ne devienne célèbre. Doucement, elle caressa la sculpture et il se demanda quelles pensées lui traversaient l’esprit.
Puis elle se détourna et il remarqua qu’elle regardait fixement son nouveau bureau. Soudain, le bruit du cou-vercle de son ordinateur, qu’il était en train de refermer, la fit sursauter, et elle tourna la tête dans sa direction.
Leurs regards se croisèrent.
Elle se raidit imperceptiblement et une lueur de pani-que dansa dans ses yeux. Aussitôt son instinct de Ranger se mit en alerte.
Elle était à la recherche de quelque chose, l’avertit la partie rationnelle de son cerveau. Il posa l’ordinateur sur la table basse à côté de son fauteuil. Si, d’un côté, son esprit logique tentait de le convaincre, sa sensibilité, de l’autre, entendait ignorer l’avertissement. Il voulait aller vers elle.
— Jenna, que se passe-t‑il ?
Elle le regarda fixement et il se sentit troublé. Des émotions diverses se mêlaient en lui. Cependant, si elle essayait de lui cacher quelque chose, il fallait qu’il le sache.
Il l’attrapa par le bras.
Il devait absolument savoir.
— Je t’ai posé une question. Que fais-tu ici ?
— Je suis désolée. Je sais que je n’aurais pas dû venir ici sans ton accord, mais je n’ai pas pu résister.
Elle posa une main sur son torse et il sentit son cœur s’accélérer. Plissant les yeux, il l’observa, ne sachant plus que penser. Se faisait‑il des illusions ou était-ce vraiment la culpabilité et la crainte qu’il avait lues dans ses yeux, et non un simple embarras ?
— Vraiment ?
— Oui. Ici, c’est un peu toi que je retrouve. La sculp-ture, tes souvenirs de Ranger et tes antiquités en disent long sur toi.
— Comme quoi, par exemple ?
— Que ton passé et tes ancêtres sont importants pour toi. Que tu attaches une grande importance à la famille. Ça me trouble beaucoup, car en un sens, cela me rap-pelle ma grand-mère. Je me souviens combien elle tenait à toutes ces petites choses, qui représentaient l’unité familiale. Les anciennes photographies, comme les plus récentes. Tous ces objets dont elle choisissait de s’entourer, évoquant ses souvenirs…
Des larmes lui montèrent aux yeux, et en les voyant, Sam sentit sa méfiance s’évanouir et son cœur se serrer. Jamais il n’avait pu supporter les pleurs d’une femme. Son chagrin transparaissait tellement à travers ses yeux sombres qu’il en fut ému, et il se souvint de la veille, lorsqu’elle l’avait réconforté, alors que le souvenir de son père l’avait tant fait souffrir.
Soudain, il eut honte que ses doutes l’aient empêché de lui offrir tout de suite le réconfort dont elle avait manifestement besoin.
Il la serra dans ses bras.
— Jenna, je suis désolé. Je suis juste un peu énervé, parce que je suis bloqué là avec cette paperasse et toutes ces factures.
Elle leva les yeux vers lui.
— Pourquoi n’irions-nous pas faire un tour ? proposa-t‑il.
— Il faut que je m’exerce.
— Un peu plus tard, alors.
Elle hocha la tête.
— Que dirais-tu de faire le tour du ranch à cheval ?
— Je suis complètement débutante dans ce domaine, tu sais.
— Dans ce cas, ce sera une expérience intéressante. Je crois que je vais me replonger dans ces colonnes de chiffres pour un moment, et une fois que tu auras termi-né tes gammes, enfile tes bottes et retrouve-moi aux écuries, d’accord ?
— Ça marche.
— Tu es devenu dingue, ou quoi ?
Sam mit ses poings sur ses hanches et dévisagea son contremaître.
Tooter se redressait de toute sa taille, se raidissant avec indignation, tout en poursuivant sa diatribe.
— Depuis qu’elle est ici, elle n’a rien fait d’autre que te distraire de ton travail. Dawson est ici avec des ju-ments qu’il veut nous proposer. Nous avons de nom-breux jeunes poulains dont il faut s’occuper, d’autres juments, ainsi que des vaches prêtes à mettre bas. Il faut faire courir les yearlings, préparer les boxes, réparer les clôtures, et nous avons tout un troupeau à mener au pâ-turage. Avec tout ça, crois-tu vraiment qu’il te reste du temps pour t’amuser avec la jeune dame ?
— Tooter, rétorqua Sam d’une voix autoritaire. Il ne s’agit que d’une petite ballade à cheval pour commencer la journée. Je serai vite de retour et nous pourrons nous occuper de tout cela après le déjeuner. Tu auras toute mon attention.
Tooter retira son Stetson et en frappa sa cuisse.
— Ecoute mon garçon, je n’ai pas eu ton attention une seule seconde depuis que cette femelle a posé le pied ici, et tu le sais très bien.
— Tooter, je n’ai aucune intention de discuter avec toi. Sors Silver Shadow et Black Spot de leurs boxes et selle-les pour moi, s’il te plaît.
— Quoi ? Shadow et Black ? Ce sont tes préférés !
— Exact.
— Et tu vas laisser cette gamine monter l’un de tes favoris ?
— Tooter, fais ce que je te demande.
— Je n’arrive pas à croire que tu vas laisser cette femme monter l’un de tes chevaux personnels, qui plus est l’un de tes préférés. Tu n’as jamais agi ainsi avec Tiffany.
— Ce n’est pas le sujet, Tooter.
Il savait que le vieil homme n’était animé que de bonnes intentions, et qu’il ne voulait pas le voir souffrir à cause d’une autre femme, mais il se montrait si protec-teur que cela en devenait irritant.
— Tiffany ne comprenait rien aux chevaux.
— Parce que celle-là, si ?
— Je ne sais pas très bien comment exprimer cela, mais Jenna est bien plus ouverte aux nouvelles expé-riences que ne l’était Tiffany. Tu sais très bien que mon ex-femme n’en avait absolument rien à faire des che-vaux. Tout ce qui lui plaisait, c’était l’image du cow-boy.
— Eh bien, celle-ci t’a bien embobiné, si tu crois qu’elle s’intéresse à toi et à ce ranch. Elle ne va pas rester ici et jouer à l’épouse idéale pour un cow-boy comme toi. Crois-moi, elle a bien mieux à faire, et elle le sait.
Sam commença à s’éloigner, mais Tooter ne baissait pas les bras. Sam savait qu’il avait raison, mais cela lui faisait mal de l’entendre. Jenna ne resterait pas ici. Il le savait et ne se faisait aucune illusion. Tout ce qu’ils partageaient était une formidable complicité sexuelle. Rien de plus. Si elle semblait s’intéresser un peu plus à lui, c’était uniquement parce qu’il était très différent des hommes qu’elle rencontrait à New York. Il était tout à fait conscient du fait qu’elle était attirée par l’image du cow-boy, comme Tiffany l’avait été, mais Jenna le com-prenait et semblait deviner ce qui était important pour lui ou pas. Tiffany ne s’intéressait qu’à elle-même.
Le moment d’intimité qu’il avait passé avec Jenna dans son bureau l’avait troublé. Il aurait voulu en parta-ger d’autres. Néanmoins, il devrait mettre un frein à tout ceci, parce que Tooter avait fichtrement raison.
— Tu crois que je ne sais pas tout ça, lui dit‑il. Je ne suis pas stupide !
— Alors, cesse de te conduire comme si tu l’étais, ré-torqua Tooter en partant.
Avant qu’il ne tourne les talons, Sam avait eu le temps de remarquer la lueur de déception dans ses yeux.
C’était à cause d’elle qu’ils se disputaient, elle le sa-vait. Jenna se tenait sur le seuil de la porte, tandis que des bribes de conversation lui parvenaient. Lorsqu’elle vit Sam arriver, elle l’évita, passa par derrière et suivit Too-ter dans la grange.
Dans le bureau de Sam, elle avait dû mentir ; la honte et la culpabilité l’avaient envahie. Cependant, ce qu’elle lui avait dit n’était pas entièrement faux, et c’était bien là son problème. Il la fascinait, elle voulait connaître tout ce qui le concernait. A présent, elle avait besoin de sentir sa peau contre elle, lorsqu’elle s’endormait, et la première chose qu’elle avait envie de contempler au matin, c’étaient son visage encore endormi ainsi que ses mains puissantes.
A son réveil, ce matin, elle avait été contrariée de constater qu’il avait déjà quitté le lit. Elle avait aussitôt pensé qu’il avait dû s’habiller et aller accomplir ses corvées quotidiennes. Après tout, on était déjà lundi et c’était un jour de travail pour lui. La veille, il lui avait consacré sa journée entière. Elle ne pouvait pas s’attendre à ce qu’il en soit ainsi chaque jour.
C’est pourquoi elle s’était dirigée vers son bureau, avant que quiconque ne rôde dans les parages. Pas de chance. Sam s’y trouvait, assis dans l’ombre, son ordi-nateur portable sur les genoux. En le voyant, si beau, si sexy, l’idée de chercher le carnet intime de sa grand-mère avait été reléguée au second plan. Néanmoins, la lueur de suspicion qu’elle avait reconnue dans ses yeux l’avait alarmée pour des raisons qu’elle était incapable de définir. Des raisons auxquelles elle ne voulait même pas songer, tant cela impliquait de choses nouvelles… Pour elle, mais pour lui aussi.
Elle entendit Tooter maugréer à propos de leur dis-pute. Savoir qu’elle était la cause d’une discorde entre ces deux hommes qui s’estimaient tant, la peinait.
Tooter passait un licol autour d’un bel étalon gris, lorsqu’elle s’éclaircit la gorge.
Il la regarda, plissant les yeux.
Elle n’était pas du genre à tergiverser lorsqu’elle avait quelque chose à dire, et alla droit au but.
— Ce que vous dites à propos de moi n’est pas tota-lement vrai.
— Mais une partie l’est.
— Oui. Je ne vais pas rester ici. Ma vie est ailleurs. Tout ceci n’est que temporaire, Tooter. Bientôt, vous retrouverez votre Sam.
Tooter s’écarta du cheval.
— Vous croyez cela ? Vous croyez que Sam ne pense qu’au « temporaire », comme vous dites. Je connais cet homme, et vous êtes dangereuse pour lui, dit‑il en poin-tant son doigt vers elle.
Jenna posa ses mains sur ses hanches.
— Je serai partie bientôt, alors, arrêtez de l’ennuyer comme ça ! Si vous avez envie de passer votre colère sur quelqu’un, alors faites-le sur moi ! Sam est un hôte agréable et un homme bon !
Lentement, Tooter la dévisagea.
— Peut-être bien que vous vous souciez un petit peu de lui. Mais pas assez !
— Ne me jugez pas.
Il se détourna d’elle et attrapa une selle.
— Faites en sorte que tout soit clair entre vous. Et qu’il ne souffre pas !
— Je vous promets de ne pas le blesser.
Elle fit mine de ne rien entendre, lorsqu’il marmonna entre ses dents.
— Ouais, ça j’en suis sûr, mais Sam est du genre têtu.
En sortant de la grange, elle tomba droit sur Sam.
— Justement, je te cherchais, dit‑elle avant qu’il ne puisse spéculer sur la raison de sa présence près de Too-ter et des chevaux.
Il la regarda et sourit.
— Ça tombe bien, moi aussi.
Soudain, ils entendirent le bruit des sabots tout proches.
— On dirait que Tooter a enfin sellé ces chevaux, dit Sam.
Elle le regarda et dut s’efforcer de retenir toute la tendresse qu’elle sentait monter en elle. Elle avait pro-mis à Tooter qu’elle ne serait qu’une invitée de passage. Et elle tenait toujours ses promesses. Elle ne ferait pas de mal à Sam, elle ne le supporterait pas. Non, elle ne se comporterait pas comme sa mère. A chaque occasion possible, elle rappellerait à Sam qu’elle n’était ici que pour peu de temps, afin qu’ils puissent se quitter en excellents termes. Il n’y avait aucune raison que Sam découvre la véritable raison de sa présence ici. Elle ré-cupérerait le carnet et les bijoux, puis disparaîtrait, sans qu’il ait vu quoi que ce soit.
— Je crois que tu ferais bien de m’apprendre à mon-ter. Le temps passe vite, et d’ici la fin de la semaine, je serai partie.
Sam serra les dents. Il se força à sourire et hocha la tête. Il s’empara des rênes après que Tooter eut sorti les deux chevaux de la grange.
Sam regarda le vieil homme s’éloigner et Jenna dis-cerna de la peine dans ses yeux. Il était évident qu’il aimait beaucoup son irascible compagnon, et elle espé-rait que ces deux-là pourraient bientôt redevenir les meilleurs amis du monde.
Sam se tourna vers elle et lui présenta les deux che-vaux. Elle sentit de la fierté chez lui, tandis qu’il l’invitait à faire connaissance avec Black Spot, l’un des chevaux les plus doux du ranch.
— Laisse-lui le temps de faire ta connaissance, dit‑il.
L’animal pencha son cou vers elle et la renifla.
— Caresse-le derrière les oreilles, il adore ça.
Elle obéit et Black Spot ferma les yeux, savourant vi-siblement la caresse. Puis, elle descendit sa main sur son chanfrein, jusqu’à son nez.
— Qu’il est doux ! s’exclama-t‑elle.
Surpris par sa voix, le cheval fit un écart et la regarda nerveusement.
— Désolée, mon vieux, dit‑elle un ton plus bas.
Ensuite Sam lui expliqua comment placer son pied dans l’étrier pour se hisser sur le dos du cheval et se mettre en selle. Cela avait l’air si simple… qu’elle dut s’y reprendre plusieurs fois.
Sans se décourager, elle essaya encore d’attraper la selle et de s’y asseoir, mais elle ne réussissait pas à prendre assez d’élan. Soudain, elle sentit une paire de mains familières l’attraper par la taille et la hisser en selle.
— J’aurais peut-être pu y arriver, si tu m’en avais laissé le temps, hasarda-t‑elle.
— Ouais, mais je n’aurais pas pu rester très long-temps à regarder tes jolies petites fesses moulées dans ton jean, ou bien le mien serait devenu trop étroit.
Eh bien, ça au moins c’était direct ! Elle sourit. Sam ne se donnait même pas la peine de dissimuler le désir qu’il éprouvait pour elle.
Ils avancèrent au pas, en silence, durant un bon mo-ment. Ils n’avaient tout simplement pas besoin de parler. Soudain, elle vit Sam se crisper, se lever de sa selle, et regarder au loin. Il mit son cheval au trot et traversa le pré.
Black Spot l’imita et elle se cramponna de son mieux à la selle. Lorsqu’elle arriva près de Sam, il avait déjà mis pied à terre et s’approchait d’une vache étendue sur le flanc.
Elle avait l’air de souffrir et Sam semblait inquiet.
— Est-ce que je peux t’aider ? proposa-t‑elle.
— Oui, descends et apporte-moi la corde accrochée à ma selle.
Elle obtempéra, malgré une légère difficulté à des-cendre élégamment, et lui apporta la corde. Sam avait déjà ôté sa chemise et était en train d’aider l’animal.
— Elle est sur le point de mettre bas, mais le veau a l’air d’être coincé. Bon sang, Rose du Texas est l’une de mes préférées !
Jenna s’approcha de l’animal, se mit à genoux et lui caressa la tête.
— Pauvre Rose, Sam va t’aider, tout va s’arranger.
Sam la regarda et esquissa un sourire en l’entendant parler ainsi à la vache. Sa gorge se serra en voyant toute la douceur qui émanait d’elle et transparaissait sur son visage. Si seulement elle pouvait le regarder aussi ten-drement, juste une fois. Il aurait donné sa main droite, pour ça. Pourtant, il savait également qu’il pourrait bien devenir accro à un tel regard. Son regard s’attarda sur sa main, qui caressait Rose et il ne put s’empêcher de se souvenir de cette même main, lui caressant tout le corps, jusqu’à ce qu’il avait de plus intimes.
— Il y a un téléphone portable dans la sacoche de ma selle, ainsi que des serviettes. Pourrais-tu me les appor-ter ?
Elle lui tendit une des serviettes et il se nettoya les mains, puis s’empara de son téléphone et composa un numéro.
— Tooter, c’est Sam. Rose du Texas est en train d’essayer de mettre bas, mais le veau se présente mal. Appelle le vétérinaire. Je suis juste à l’est de la grange rouge. Amène-le ici dès qu’il arrive.
Il raccrocha et reporta toute son attention sur Rose.
— Est-ce ton père, ou bien Tooter, qui t’a appris à t’occuper des chevaux et des vaches ?
— Mon père était bien trop occupé à diriger le ranch pour m’enseigner quoi que ce soit. Tooter était bien plus patient, c’est lui qui m’a tout appris. Mais je n’ai pas vraiment le temps de discuter de cela, maintenant, Jen-na. Il faut que nous aidions Rose, sinon, elle risque de mourir.
Il lui expliqua comment faire. Le veau étant déjà à moitié sorti, ils allaient tenter de l’expulser complète-ment, en s’aidant de la corde, en poussant et en tirant le plus fort possible.
Ils accordèrent leurs efforts et en quelques instants, le veau était né.
— Est-ce qu’il va bien ? demanda Jenna.
— Ça m’en a tout l’air.
Il regarda Rose du Texas et fronça les sourcils.
— Pas elle, cependant, observa-t‑il, l’air inquiet. Elle aurait dû cesser de s’agiter, se mettre sur pied et lécher son petit.
— Sam, qu’est-ce qui ne va pas ?
— Elle devrait se lever, à présent, à moins que… oh bon sang !
Il se pencha de nouveau sur le ventre de l’animal.
— Des jumeaux ! Elle est en train de donner nais-sance à un autre veau !
Jenna était aux anges.
— Celui-ci n’est pas bloqué, dit Sam. Tout a l’air de bien se passer.
En quelques instants, le second veau vit le jour. Ce-pendant, contrairement à son frère, il ne remuait pas.
— Bon sang ! C’est pas vrai ! cria Sam en se pen-chant sur lui et palpant sa tête, qui devenait dangereu-sement bleue.
Jenna se mordit la lèvre, sentant des larmes lui monter aux yeux.
— Oh Sam, non ! chuchota-t‑elle.
Il se pencha vers le petit, s’attendant au pire. Contrai-rement à ce qui aurait pu se passer, Rose du Texas avait survécu et avait déjà donné naissance à un premier veau, superbe.
Soudain, contre toute attente, le faible animal inspira profondément et sembla reprendre vie. Sa mère s’approcha de lui et se mit à le lécher.
Sam se redressa, soulagé.
— Bravo, Rosy. Tu m’as donné deux superbes futurs taureaux.
Un peu plus tard, de retour dans la grange, Sam appe-la le vétérinaire pour lui annoncer la bonne nouvelle et ils convinrent ensemble d’un rendez-vous pour le len-demain, afin d’examiner les jeunes veaux.
Jenna entendait la fierté dans la voix de Sam. Elle se demandait si elle pourrait observer les animaux depuis le grenier à foin, aussi grimpa-t‑elle à l’échelle, poussa la porte et entra. Un souffle d’air régnait dans le grenier et elle se tordit le cou pour voir la jeune mère et ses deux petits. Soudain, son pied glissa et elle se rattrapa au montant de la porte. Une poigne solide l’attrapa et elle se sentit serrée contre une poitrine musclée.
— Alors, tu comptais faire un petit vol plané ?
Sam l’enlaçait. Ils se regardèrent et aussitôt, s’embrassèrent passionnément.
— J’ai envie de toi, Sam.
Elle le regarda, amusée, constatant qu’il était troublé, et songea au journal de sa grand-mère et à la façon dont elle avait appris à satisfaire les hommes.
Elle s’approcha plus près de lui, ses mains se posant sur sa braguette, caressant son sexe à travers son jean.
— Jenna…, murmura-t‑il.
L’air du grenier était chargé de leur désir.
— Retire ta chemise, ordonna-t‑elle sans retirer ses mains.
Elle sentait son sexe durcir et frémir sous ses doigts. De sa main libre, elle ouvrit sa braguette et fit descendre son jean sur ses hanches.
Elle se serra contre lui et sentit le désir monter en elle. Oui, elle avait envie de lui, mais pas seulement pour quelques jours.
Elle le voulait pour toujours.
Pour la vie entière.
Impossible.
Sam frissonnait sous ses caresses et elle ressentit un impérieux besoin de l’embrasser.
Sam se cambra et lui mordit gentiment les lèvres, à plusieurs reprises. Puis, jouant avec sa langue, il caressa l’intérieur de sa bouche. C’était si bon qu’elle se sentait déjà défaillir !
— Faisons-le ici, Sam, dans le foin.
Il sourit et la caressa.
Du feu. Partout où il la touchait, son corps semblait s’enflammer.
Sentir Sam derrière elle l’excitait au plus haut point. Elle aurait voulu qu’il la pénètre tout de suite. Son souf-fle dans sa nuque était chaud et la faisait frémir d’impatience. Elle sentit des volutes de chaleur dans son ventre lorsque ses doigts glissèrent de sa nuque jusqu’à ses épaules, puis descendirent lentement jusqu’au bas de son dos, le caressant langoureusement. Soudain, ses mains s’accrochèrent à son jean et saisirent vigoureuse-ment ses hanches.
Elle gémit de plaisir en sentant son sexe dur se pres-ser entre ses cuisses.
— Dans le foin ? Mais ce n’est pas très… civilisé, Jenna, dit‑il d’une voix rauque.
— Peut-être, mais c’est extrêmement excitant, répon-dit‑
elle sur un ton provocant.
Etourdie, elle sentit ses seins se durcir, tandis qu’il lui retirait sa chemise et dégrafait son soutien-gorge.
Lorsqu’il prit enfin ses seins dans ses mains, les té-tons en étaient déjà durcis. Sa bouche descendit jusqu’à son oreille dont il suça le lobe, et elle sentit des étincel-les de plaisir la parcourir jusqu’au bout de ses seins. Elle se cambra contre lui.
— Dis-moi que cela t’excite, demanda-t‑il d’une voix rauque.
Ces mots l’embrasèrent un peu plus.
Elle haleta et se cambra encore un peu plus contre lui, étirant son dos contre son torse. Lorsqu’il se mit à ta-quiner et pincer le bout de ses seins entre ses doigts, elle se sentait déjà au bord de l’orgasme. Il la prit alors par les épaules, et la fit se retourner face à lui. Dans ses yeux brillait une telle flamme de désir, qu’elle en fut profondément troublée. Elle passa une main dans ses cheveux, et il ferma les yeux, comme s’il était déjà au bord du plaisir ultime.
Sa bouche descendit sur ses lèvres qu’il captura, sem-blant lui demander de se rendre, de baisser sa garde, et de lui donner tout ce qu’elle pouvait lui offrir.
Mais elle capitulerait plus tard. Pour l’instant, il y avait quelque chose qu’elle tenait absolument à faire.
Le gémissement de Sam fut étouffé dans la bouche de Jenna lorsqu’elle laissa sa main descendre de son torse à son entrejambe, et que ses doigts se refermèrent sur son sexe.
— Jenna… oh mon Dieu…
Elle commença à le caresser, sa main allant de haut en bas sur son sexe dur et dressé. Aussitôt, il remua les hanches d’avant en arrière, conduisant son sexe dans sa main, le dos appuyé contre le mur, afin de garder l’équilibre. Sa poitrine se soulevait au rythme de sa res-piration, qui devenait de plus en plus forte, jusqu’au râle, et de son autre main, elle lui caressait la joue, sans cesser de l’embrasser.
Puis sa bouche descendit le long de son corps.
Lorsque ses lèvres se posèrent sur le bout de son sexe, il gémit encore plus fort.
Elle saisit la base de son sexe et enroula sa langue au-tour, le léchant jusqu’à ce qu’elle l’entende jurer dou-cement. L’attrapant par les épaules, il la fit alors se re-dresser. Durant un bref instant, il la regarda droit dans les yeux et elle frémit en y découvrant l’intensité de son désir.
Durant un moment, il se *******a de la regarder. Puis il prit l’un de ses tétons entre ses dents, le lécha et le suça jusqu’à ce qu’elle se cambre et gémisse de plaisir.
Soudain, il voulut aussi la débarrasser de son jean. Il le détacha, baissa sa culotte, et fit glisser le tout le long de ses jambes, tandis qu’elle piétinait les vêtements pour mieux s’en extraire.
Les lèvres de Sam avaient repris possession de sa bouche, et la chaleur de ses baisers réduisait à néant le souvenir de tous les baisers qu’elle avait reçus dans sa vie. Lorsqu’il s’agissait de Sam, aucun homme ne tenait la comparaison.
Son baiser se fit plus profond, plus pressant, et il posa ses deux mains sur ses fesses, l’attirant tout contre lui. Elle gémit en sentant son sexe tendu contre elle. Du plus profond d’elle, lui vint une curieuse sensation : celle d’être totalement faite pour lui, comme s’ils étaient deux entités dont la rencontre avait été prévue depuis la nuit des temps.
Sam, lui, n’avait qu’une envie : se fondre en elle, le plus profondément possible, et s’y perdre. Pourquoi l’attirait‑elle si fort ? Pourquoi réveillait‑elle ainsi tous ses instincts les plus primaires ?
Plus il l’embrassait, plus il avait envie d’elle. Son dé-sir s’intensifia tellement, qu’il finit par la pousser sur une pile de foin.
S’allongeant sur elle, il plaqua ses hanches contre les siennes, et se mit à l’embrasser plus doucement, plus tendrement. Ce faisant, il perçut comme une innocence en elle, comme si elle n’avait jamais été embrassée, ni connu cette passion qui semblait les dévorer.
Lorsque sa langue se faufila entre ses lèvres, elle s’offrit à lui totalement, soupirant d’aise.
Leurs deux langues s’emmêlèrent, se caressèrent, se taquinèrent.
— Maintenant, Sam.
Il posa ses deux mains de chaque côté d’elle et plon-gea profondément en elle. Le moment n’était plus à la retenue. Tout n’était plus que passion. Elle commença à jouir presque aussitôt. Il la sentit se contracter, gémir, haleter, respirer de plus en plus fort, et un sentiment d’immense fierté monta en lui. Il parvenait à la faire vibrer passionément sous lui, il aimait la regarder crier de plaisir. Son orgasme fut le moment le plus érotique qu’il ait jamais vécu.
Après son extase, il continua à aller et venir intensé-ment en elle. Alors, elle noua ses jambes autour de ses hanches et ils ondulèrent au même rythme, en gémissant ensemble.
Puis soudain, l’orgasme explosa aussi en lui, et il se laissa aller à un plaisir inouï.
Quelques instants plus tard, frissonnant de satisfac-tion, il s’allongea sur le dos, et la serra contre lui.
Un curieux élan de possessivité s’emparait doucement de lui, sans qu’il s’y soit attendu. Depuis que Tiffany l’avait quitté, et qu’il avait juré de ne plus jamais retom-ber amoureux, il n’avait pensé qu’à son travail. Au-jourd’hui, tout ce qui importait était de garder Jenna à ses côtés et de ne jamais la laisser partir. Mais cela ne dépendait pas uniquement de lui.
Il avait compris la leçon et savait parfaitement qu’il n’avait rien à offrir à Jenna qui fût compatible avec la vie qu’elle menait.