CHAPITRE 9
Le lendemain après-midi vers quatorze heures, elle se résolut à se rendre chez Anthony pour voir sa mère. Cette fois,
elle ne prit pas sa voiture mais sa grosse cylindrée que ses parents lui avaient offerte pour ses vingt-trois ans.
Anthony serait-il chez lui ? Elle l’espérait tant. Elle avait passé une si belle journée la veille en sa compagnie. En
serait-il de même aujourd’hui ? Anthony était toujours imprévisible. Il pouvait être chaleureux et gentil et la seconde qui
suivait, il était froid. Etait-il toujours comme cela ou était-ce à cause d’elle ?
Elle roulait maintenant à plus de cent vingt kilomètres heures sachant par coeur la route. Tout défilait à grande vitesse
devant ses yeux. Elle ouvrit la visière de son casque et le vent fouetta d’un coup son visage brutalement ce qui la stupéfiait
toujours énormément. C’était tellement bon de sentir le vent effleurer son visage et d’entendre le ronronnement de la moto.
Ce fut Allan qui ouvrit la porte lorsqu’elle arriva devant l’entrée.
- Bonjour Miss Gordon ! S’exclama-t-il.
- Bonjour Allan.
- Entrez, mais Anthony n’est pas là, dit-il ennuyé.
- Ce n’est pas grave, je suis venue voir sa mère, répondit-elle très déçue. Comment s’appelle-t-elle en fait ?
- Maria. Suivez-moi, elle est dans le salon.
Il l’emmena à l’endroit dit et s’éclipsa tout de suite après l’avoir annoncé. Maria était assise sur son fauteuil. Vêtue
d’une robe noire, elle était éblouissante. Maria posa son journal sur la table basse en verre et lui tendit les deux mains.
- Bonjour ma chère enfant, comment allez-vous ?
- Très bien merci. A ce que je vois vous êtes resplendissante.
Christelle lui fit la bise.
- J’ai rapporté le maillot de bain.
- Ce n’était pas pressé. Anthony n’est pas là et je ne sais pas quand il rentrera.
- C’est ce que m’a dit Allan.
- Souhaitez-vous boire du thé ? Proposa Maria.
- Très volontiers.
La mère d’Anthony tira sur le cordon, Allan vint tout de suite et Maria fit part de ce qu’elle souhaitait.
Ce salon était magnifique. Une cheminée en pierre était à sa droite et au-dessus de celle-ci se trouvait un tableau peint
avec le visage rayonnant d’Anthony. Ses yeux vert émeraude exprimaient une lueur victorieuse.
Christelle s’approcha de plus en plus de cette peinture dont les yeux semblaient la détailler. Celui qui l’avait peint
devait être un maître dans l’art tellement ce portrait semblait vivant. Mais une chose la chiffonnait. Elle scruta intensément
le visage d’Anthony et aperçut une cicatrice. Elle ne l’avait jamais vue sur le visage d’Anthony.
- C’était mon mari, dit Maria d’une voix emplit de tristesse.
- Il ressemble tellement à Anthony.
- Il y a pourtant une différence.
- Oui, la cicatrice. Mais ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau.
- Plus je vois Anthony, plus je vois son défunt père.
- Cela doit être dur.
- Oui, mon mari me manque. Heureusement que j’ai Anthony et Rebecca.
Allan rentra avec un plateau de thé et des sablés. Il leur servit et fit un clin d’oeil à Christelle avant de sortir. Tout en
buvant leur thé, la mère d’Anthony lui raconta les histoires des ancêtres de son mari dont les portraits de peinture ornaient
les murs. Ce qui la retint en haleine était une histoire d’amour qui s’était déroulée au onzième siècle.
♦♦
Un jeune garçon dénommé Matthew avait hérité d’un vaste domaine vers l’âge de dix ans. Ce domaine était la
propriété du seigneur Mikelin. Matthew n’appartenait pas à sa famille et n’était pas de noble ligné. La seule chose qui les
rattachait l’un à l’autre était Leonora.
Leonora, une jeune femme noble avait prise sous son aile Matthew lorsque des chevaliers de son château l’avaient
trouvé errant dans les bois. Matthew était alors âgé de deux ans. Ces parents avaient été tués sauvagement par des bandits
de grand chemin.
Leonora était la bien-aimé de Mikelin. Ce dernier était considéré comme l’ennemi de tous et surtout du frère de
Leonora dont le château était voisin du sien. Un complot avait était orchestré à l’encontre de Mikelin. Leonora cherchait,
malgré l’interdiction de Mikelin, qui pouvait être le scélérat qui s’en prenait à son amour. Leonora utilisait maints
subterfuges auprès de son frère Dunstan pour passé du temps avec Mikelin. Dunstan ne croyait pas en l’innocence de
Mikelin et lui défendait de voir celui-ci.
Malheureusement Leonora avait été assassinée quand elle avait découvert le tourmenteur de Mikelin et celui-ci avait
été tué lors d’un combat avec son ennemi.
Dunstan avait disparu laissant à son meilleur ami, Nicolas, Doomhameron son domaine.
L’intendant du château de Mikelin avait transmis à Nicolas et Matthew les dernières volontés de son maitre.
Nicolas avait élevé Matthew, et Elsbeth une petite fille de cinq ans qu’il avait sauvé d’ignobles individus.
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Matthew et Elsbeth étaient très amoureux l’un de l’autre depuis qu’ils se connaissaient. Quand Matthew fut en âge de
se marier et de prendre possession du domaine de Mikelin que Nicolas gérait, le roi lui avait trouvé épouse.
La future épouse ainsi que ses parents et tout un équipage étaient arrivés devant les portes de Doomhameron quelques
jours après l’annonce du roi.
Bien que belle, la promise de Matthew avait un caractère très froid tout comme sa mère. Matthew et Elsbeth
essayaient en vain de mettre mal à l’aise ses deux femmes durant leur court séjour. Le père par contre était la gentillesse et
la douceur même. Une légère tristesse s’emparait de lui lorsqu’il posait son regard sur Elsbeth.
Un soir qu’elle était avec Matthew, Lord Hawke leur avait tenu compagnie.
Soudain, il lui avait prit les mains.
- Vous ressemblez à ma femme.
- Non je ne crois pas, avait répliqué Matthew en riant.
- Ma première femme, je voulais dire mon premier amour. Elle était si belle… elle est morte en accouchant. Nous
avions une fille mais on me l’a enlevée.
Elsbeth avait été triste pour lui.
- Elle devrait avoir le même âge que vous, avait-il poursuivit. Vous avez quel âge mon enfant ?
- Seize ans, monseigneur.
- Oui, le même âge. Vous auriez pu être ma fille mais… Elle était belle ma fille, rousse, de magnifique yeux. A cinq
ans, elle était si joyeuse et on me l’a enlevée. On a eu beau la chercher…
Nicolas était sortit de l’ombre où il avait suivi la conversation depuis un bon moment.
- Je me dois de vous dire la vérité, avait-il finit par dire.
Le trio s’était retourné vers lui.
- Elsbeth est votre fille, monseigneur.
- Co… comment ?
- Je vais vous expliquer.
Elsbeth tombait des nues. Elle ne savait pas si c’était une plaisanterie.
- Siméon, entrez s’il vous plait.
Siméon était apparut auprès de Nicolas.
- Siméon, l’homme en qui j’avais confiance, qu’avez-vous fait ! S’était écrié lord Hawke en s’élançant vers lui.
Nicolas l’avait intercepté et arrêté en pleine course.
- Je vous demande une chose, asseyez-vous et écoutez ce que l’on a à vous dire. Mais première chose à faire, nous
irons dans un endroit où les allés et venus ne nous dérangeront pas.
Ils s’étaient tous rendus en silence dans la pièce qui servait de salle de cours à Matthew et Elsbeth, et avaient pris
place autour de la table en bois. Le silence s’était éternisé un moment. Chacun avait été dans ses pensées.
- Je vous écoute…
Nicolas avait jeté un regard vers Siméon afin qu’il prenne la parole.
- J’ai enlevé Elsbeth pour la protéger de Lady Catherine. Elle voulait l’empoisonner pour que sa fille soit l’héritière à
votre mort. Je l’ai entendue un jour. Elle ne vous a jamais aimé. J’ai bien essayé de vous le dire mais vous étiez tellement
amoureux que vous ne m’écoutiez point. Votre confiance s’amenuisait envers moi au fur et à mesure que Lady Catherine
était à vos côtés. Sans vous rendre compte, elle occupait chacune de vos précieuses secondes. Votre fille était aussi
délaissée…
- Mais pourquoi ne pas m’avoir ouvert les yeux ?
- J’ai bien essayé. Je vous avais dit mes doutes sur elle avant votre mariage. Même après, mais c’était parler à un mur.
Donc le jour où j’ai surpris votre femme en plein complot, j’ai décidé de mettre hors de danger Elsbeth. Mais je fus
poursuivi par deux hommes qu’elle avait envoyés. Après deux jours d’escapade, nous fûmes rattrapés. J’ai cru notre heure
arrivé mais heureusement que Lord Nicolas et un autre chevalier nous vinrent en aide. Après mon récit, ils me proposèrent
de nous abriter.
- Pourquoi ne m’avez-vous pas averti ?
- Cet autre chevalier m’a conseillé d’attendre jusqu’à ce qu’Elsbeth ait l’âge de seize ans. Tout danger serait alors
écarté. Ne me demandez pas pourquoi mais ce chevalier était digne de confiance.
Nicolas avait hoché la tête.
- Donc lorsque vos hommes se renseignèrent au château au sujet de votre fille, avait continué Nicolas, nous leur
mentîmes. Pour la protéger, nous décidâmes qu’elle passerait pour une paysanne. Je sais que nous avons géré votre vie
pendant tout ce temps-là, avait-il dit en les regardant, mais c’était pour votre bien.
Elsbeth s’était jeté dans les bras de son père. Son foulard était tombé et avait révélé sa magnifique chevelure rousse.
- Ma fille, tu es vivante. Quelle joie ! Que de temps perdu à cause de ma cécité amoureuse. Que cette sorcière soit
bannie à tout jamais de ma vie.
Lady Catherine et sa fille restèrent dans son domaine mais dans une autre aile afin qu’il ne put que les voir très
rarement. Matthew et Elsbeth se marièrent.
♦♦
Durant tout ce récit, Christelle avait eu une sensation de déjà vu. Cette histoire qu’elle ne connaissait pas lui était si
familière.
- Et si je vous faisais visiter la propriété, proposa la mère d’Anthony.
- Pourquoi pas !
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Au moment où elles s’apprêtèrent à sortir de la pièce, Anthony et Dominika entrèrent dans le salon. Anthony qui était
en pleine discussion, s’arrêta net et le sourire que Christelle aimait tant se dessina sur ses lèvres.
- Bonjour Christelle.
- Bonjour.
- Vous vouliez me parler, je suppose ?
- Non. Je suis venue apporter le maillot de bain que votre mère à eu l’amabilité de me prêter la veille.
- J’allais justement lui montrer la propriété mais comme tu es là, tu pourrais le faire à ma place.
- Si tu veux. Allons-y tout de suite.
Dominika allait les suivre lorsque la voix tranchante de Maria s’éleva dans la pièce.
- Dominika, vous restez avec moi car vous avez déjà vu la propriété dans sa totalité.
- Mais...
- En plus, vous me tiendrez compagnie ma fille.
Dominika regarda Anthony plein de désespoir mais celui-ci n’avait d’yeux que pour Christelle qui fixait Allan à
l’embrasure de la porte. Ce dernier répliqua :
- Je vous tiendrais également compagnie ma mie.
- Allez-y mes enfants ! S’exclama Maria avec un large sourire.
La demeure était beaucoup plus grande que ce qu’elle avait imaginé. Elle contenait un salon, une salle à manger, une
cuisine, la chambre conçue pour l’essayage des maillots de bain mais le plus étonnant c’était les douze chambres
semblables les unes des autres. Celles-ci comprenaient un salon avec une mini bibliothèque, une chaîne HI-FI, une
télévision écran plat, un lecteur DVD, sur une étagère se trouvaient beaucoup de CD et de DVD. Il y avait également une
salle de bain et des toilettes. Ce n’était plus une chambre mais un appartement. Toutes ces chambres étaient situées à deux
étages différents. Celle d’Anthony et de Rebecca était au premier et très différentes des autres. Le rez-de-chaussée se
composait d’une salle de jeu pour les enfants des invités, d’une bibliothèque, d’une salle de musculation, d’une salle de
danse et d’un grand salon où avait eu lieu la réception.
Ils sortirent ensuite à l’extérieur où ils se dirigèrent vers une écurie où se trouvait une dizaine de chevaux plus beau les
uns que les autres mais un seul attira plus son attention. Ce fut un cheval noir.
- Un pur sang arabe. Ne vous approchez pas trop de lui. Speed n’est pas très docile.
Contrairement à son avertissement, elle s’approcha et tendit la main pour le caresser. Speed méfiant au début ne se
laissa pas toucher puis peu à peu vint vers elle. Christelle lui chuchota une chose inaudible sous le regard médusé
d’Anthony.
Anthony n'en croyait pas ses yeux. Speed n'avait pas bronché aux caresses de Christelle. Lui seul avait pu l'approcher,
maintenant ils étaient deux. Christelle le surprenait de plus en plus car elle était exceptionnelle.
- Pourrais-je le monter ? Demanda-t-elle.
- Je ne crois pas que ceci soit une bonne idée. J’ai dû faire plusieurs chutes avant de l’apprivoiser… Je pense que vous
ne désirez plus le monter, c’est trop dangereux.
- C'est mal me connaître. J’adore la difficulté.
- Et si vous vous cassiez quelque chose ?
- Tant pis, qui ne risque rien, n'a rien. J'aurai essayé. S'il vous plaît... s'obstina-t-elle d'une voix implorante.
- Avez-vous déjà fait du cheval ?
- J'ai fait de l'équitation pendant plusieurs années.
- Bon, vous l'aurez voulu.
Il sortit Speed après l’avoir scellé.
Christelle le chevaucha et au moment où Anthony lâcha Speed, celui-ci se cabra. Heureusement que Christelle était
une bonne cavalière sinon la chute aurait pu être violente.
- Oh ! Calme-toi ou tu n'auras pas ce que je t'ai promis.
Après ces quelques mots, celui-ci s'apaisa sous le regard admiratif et stupéfié d'Anthony.
- Que lui avez-vous promis ?
- Que j'allais lui donner du sucre la prochaine fois que je reviendrai s'il était gentil.
- Bien, je vous félicite.
- Merci.
- Et si nous continuons notre visite à cheval, dit-il à Christelle.
- D'accord.
Il se dirigea vers la sellerie pour prendre une autre selle. Anthony prit un cheval blanc. Il ne manquait plus qu'une
corne au milieu de sa tête afin qu'il ressemble à une licorne de légende.
Sur plusieurs hectares se trouvaient un terrain de tennis, de basket, de volley-ball. Après avoir fait le tour de la
propriété en parlant de tout et de rien comme s’ils s’étaient connus depuis l’enfance, ils rentrèrent au galop jusqu’à l’écurie
après avoir parié sur un dîner au restaurant de leur choix. Ce fut Christelle qui gagna.
♦♦
Ces quelques heures passées avec Anthony avaient été merveilleuse, se remémorait Christelle en route vers le circuit.
Ce bel Italien était d’une humeur changeante. Un coup, il était tout beau, tout gentil, tout mignon presque aimant voir
amoureux et l’instant d’après, il était dur, froid comme de la pierre et indifférent.
Aujourd’hui, il fut encore un compagnon vraiment adorable. Mais pendant un dixième de seconde, elle avait cru
percevoir dans ces yeux une lueur froide quand elle l’avait quitté pour un soi-disant rendez-vous important. Si cela n’avait
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tenu qu’à elle, elle serait encore restée, mais le devoir l’appelait sur le circuit où devait l’attendre ses compagnons
d’infortunes.
- Salut les gars ! Prêt pour faire une course Khaled ?
- Ouais !
Khaled était son coéquipier. Lui aussi était dans le secret d’état. Il l’avait vu dans les vestiaires se changer. Khaled
était l’un des meilleurs pilotes qu’elle connaissait depuis deux années. Khaled était très connu. C’était un honneur pour
Christelle d’être la coéquipière d’un homme comme lui. C’était aussi un très bon professeur car après l’avoir vu conduire,
il lui donnait certain conseilles qui la faisait devenir meilleure que jamais. Ben était toujours là au cas où Anthony mettrait
le bout du nez sur le terrain et pour tous les techniciens de l’écurie Luciano. Ben ramenait toujours avec lui ses cours pour
réviser et se cachait dans les vestiaires.
- Que le meilleur gagne ! lança Khaled au micro.
Ils firent une course de trente tours. Tantôt, elle faisait le meilleur temps, tantôt c’était lui.
- Tu ne t’es pas mal débrouillée. Tu me battras sûrement la prochaine fois, déclara Khaled une fois tous les deux sortis
du monospace et se dirigeant vers les vestiaires sans avoir retiré leurs cagoules.
- Inch’Allah.
- Vous deux ! S’écria Tom en les rejoignant. La pôle position se déroulera Mardi 28 Avril au Brésil.
Deux jours après la semaine qu’elle passerait à Paris avec Anthony.
♦♦
Christelle ouvrit la boite aux lettres et découvrit des tas de journaux de promotion ainsi que des factures et une lettre
spécialement destiné à son frère qui n’était pas là en ce moment.
Elle posa les lettres sur la petite table pour les regarder de plus près en buvant une bonne tasse de café.
Son frère arriva quelques minutes après elle.
- Déjà de retour ! Mais je croyais que tu en avais pour un certain temps à déménager l’appartement de ton copain.
- Moi aussi mais tout a été fait rapidement. Il y avait plus de monde que prévu.
Il s’assit à côté d’elle.
- Tiens ! Il y a une lettre pour toi.
- Ah ? Je me demande ce que c’est ?
Il ouvrit et parcourut la lettre. Plus il la lisait plus son visage devenait livide.
- Qu’y a-t-il ? Interrogea Christelle.
- Un problème.
- Grave ?
- Cela dépend.
- De quoi ?
- De la personne à qui je vais le dire.
- Qui est-ce ?
- Il s'agit de toi.
- De moi, pourquoi ?
- La saison commence bien le 28 Avril ?
- Oui et alors ?
- Mon examen se déroulera en même temps que la saison de formule 1.
- Tu plaisantes ?
Il n'en avait pourtant pas l'air. Elle lui prit la lettre des mains et la lu. Il avait raison. Pourquoi n'était-ce pas une
blague ? Qu’allait-elle faire sans Ben ?
- Je suis désolé mais cela ne durera seulement que deux semaines, finit par dire Ben.
- Ce n'est pas ta faute, il faut que je trouve une solution. Comment expliquer à Anthony ton absence alors que je
conduirais ?
Elle lui rendit la lettre et monta dans sa chambre.
Il fallait trouver une solution et vite.
Elle enfila son jogging et mit ses cheveux sous une casquette pour aller courir. C'était un très bon moyen pour stimuler
son esprit.
Lorsqu'elle ouvrit la porte pour sortir dehors, elle découvrit Rebecca au pas de la porte qui s’apprêtait à sonner. Celleci
sauta tout à coup sur elle.
- Ben, je ne savais pas que tu avais un sixième sens.
- Rebecca, c’est moi Christelle, tu te trompes.
Rebecca desserra son étreinte et dévisagea Christelle.
- Et en plus tu imites parfaitement la voix de ta soeur.
- Non, je t'assure, je suis bien Christelle. Comment peux-tu confondre ?
Christelle enleva ses lunettes de soleil sous l’oeil stupéfait de Rebecca.
- Comme cela, je ressemble à Ben ?
- Wouaaah ! C’est vrai, c'est toi Christelle, ta ressemblance avec ton frère était frappante sous ton jogging, ta casquette
et tes lunettes.
- Bon, je te laisse, je dois y aller.
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Ce disant, elle partit en courant. Elle n'aurait jamais pu imaginer que Rebecca la prenne pour son frère. Depuis que
Rebecca et son frère s’étaient rencontrés, ils ne se quittaient plus. Rebecca venait pratiquement tous les jours à la maison
contrairement à Anthony.
Anthony…
Ce bel italien ténébreux et plein de charme, viendrait la chercher dans deux jours pour partir à Paris. Encore un jour de
supplice sans le voir.
Elle traversa le parc et s’arrêta au café. Ce café où elle avait rencontré Anthony. Après s'être assise à une table, elle
aperçut que deux jeunes femmes lui souriaient béatement. Elle regarda derrière elle et vit qu'il n'y avait qu'un vieux couple.
Pourquoi la regardaient-elles ainsi ? Avait-elle un bouton au milieu de la figure ? Celles-ci se levèrent et vinrent se planter
devant Christelle.
- Peut-on s'asseoir ? Demanda l'une d'elle.
- Allez-y !
Elles s’installèrent avec le même sourire béat.
- Que puis-je pour vous ? Interrogea Christelle.
- Tout simplement discuter, précisa celle qui avait déjà parlé.
- De quoi ?
- De vous, nous voulons tout savoir sur vous. Vous êtes si mimi.
- Vous êtes gentilles mais je ne suis pas de ce bord là.
Les deux jeunes filles perdirent leurs sourires.
- C’est dommage. Pourquoi les beaux mecs sont homos, c’est du gâchis ?
- Qu'avez-vous toutes à me prendre pour un homme ? Je suis une femme bon sang !
- Vous voulez rire ?
- Non, regardez.
Elle enleva ses lunettes et sa casquette qui dissimulait ses longs cheveux. Les deux jeunes femmes furent ébahies, ce
qui tira un sourire au coin des lèvres de Christelle.
- Je... je rêve, balbutia la femme blonde.
- Pas du tout... je vais vous laisser maintenant, lança Christelle en se levant.
- Attendez, dit la même femme.
- Oui ?
- Vous n'auriez pas un frère par hasard ?
- Si, mais... il est déjà pris. Au revoir.
Elle paya sa tasse de café et prit le chemin de retour en courant. Quelle journée ! Ensuite, elle ne pensait plus qu'au
petit problème qui l'avait amenée à courir.
Elle ralentit le pas et ouvrit le portail. Ben était dans le salon en train d'étudier.
- Où est Rebecca ?
- Chez elle, je suppose.
- Dispute d'amoureux ?
- Pourquoi dis-tu cela ? Demanda-t-il sans lever les yeux de ses bouquins.
- Cela ne fait pas une heure que je suis partie et elle n'est déjà plus là.
- Ce n'est pas pour cette raison. Elle vient juste de partir pour me laisser travailler. As-tu trouvé une solution ?
- Non, mais je ne désespère pas. Je vais prendre une douche et nous faire un dîner.
Aussitôt dit, aussitôt fait, elle prit sa douche et fit des hamburgers maison pour elle et son frère.
♦♦
Christelle se réveilla toute joyeuse. Elle avait trouvé la solution du problème. Son frère, réveillé bien avant elle, fut
surpris par son changement d’humeur. Hier, avant de se coucher, elle était mélancolique malgré les efforts qu'elle faisait
pour qu'il ne s'en aperçoive pas.
Elle lui raconta, excitée comme une enfant, qu'elle avait trouvé la solution dans son rêve.
Ben n'en croyait pas ses oreilles. Lorsque Christelle avait une idée derrière la tête, il fallait s'attendre à une idée
saugrenue mais celle-ci était bien pire encore.
Il essaya de l'en dissuader prétextant qu'il allait se creuser les méninges pour en trouver une autre cependant elle tint
bon en argumentant. Et contre cela, il céda.
- C'est demain que tu pars pour une semaine à Paris ?
- Oui, à 15 heures 30.
- D'accord, de toute façon je serais là pour te dire au revoir.
Encore une journée et Anthony ne serait plus qu'à elle seule pendant une semaine. Aujourd'hui, comme tous les autres
jours, elle passa sa journée à lire, à s’entraîner pour la dernière fois avant le grand prix du Brésil et à rêver d'Anthony.