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Un lien d'amour, de Caroline Anderson

Un lien d'amour de Caroline Anderson Lorsqu'il retrouve Molly Hammond, qu'il n'a pas vue depuis 3 ans, à l'hôpital où il

 
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New Suae Un lien d'amour, de Caroline Anderson

 

Un lien d'amour
de Caroline Anderson




lien d'amour, Caroline Anderson





Lorsqu'il retrouve Molly Hammond, qu'il n'a pas vue depuis 3 ans, à l'hôpital où il vient d'accepter un poste d'obstétricien, le Dr Scott Gregory sent une intense émotion le submerger, mêlée à une moins intense bouffée de culpabilité. Car s'il a un fils aujourd'hui, il doit ce bonheur à Molly qui a porté l'enfant puisque sa femme, Chrystal, était stérile. Mais cette dernière avait coupé les ponts avec Molly... Et Scott ne cesse de se reprocher d'avoir accepté. Aujourd'hui, Chrystal est morte, tuée dans un accident en compagnie de son amant, et le destin remet Scott en présence de Molly. Va-t-il oser lui proposer de faire la connaissance de leur fils?

 
 

 

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Oh non ! Pas maintenant !
Pas au moment où elle commençait juste à ne plus penser à lui constamment, à se demander s’il était mort ou vivant, à s’inquiéter à son sujet…
En fait, elle pensait toujours à lui, mais simplement d’une manière moins obsessionnelle.
Enfin presque…
Et voilà qu’il se tenait là, vêtu d’une blouse bleue de praticien, aussi beau que dans son souvenir, avec sans doute également toujours le même sourire ! Appuyé contre un pilier, il semblait plongé dans de profondes réflexions, ce qui laissa à Molly le loisir de l’observer.
Il avait perdu du poids, remarqua-t elle. Bien qu’il n’eût jamais été corpulent, sa minceur accentuait encore sa haute silhouette et la largeur de ses épaules. Sur ses tempes, quelques fils blancs se mêlaient à présent à ses cheveux bruns, et son visage portait d’autres ridules que celles provoquées par son rire si chaleureux. Trois ans déjà…, songea-t elle. Il approchait les trente-cinq ans, désormais, puisqu’il avait deux ans de plus qu’elle. Comme le temps passait vite ! Elle n’avait que vingt-huit ans lorsqu’ils s’étaient connus, et trente quand Jack était né.
Jack…
Elle sentit soudain sa gorge se nouer. Certaines choses ne se laissaient jamais oublier…
Soudain, il s’écarta du pilier, se tourna dans sa direction et s’immobilisa aussitôt. Puis un sourire radieux éclaira son beau visage et il vint vers elle à grandes enjambées, les bras tendus. Avant d’avoir eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait, la jeune femme se retrouva plaquée contre son chaud et solide torse.
— Molly ! s’exclama-t il.
Il la relâcha après quelques secondes, posa les mains sur ses épaules et la tint à bout de bras pour l’examiner de ses yeux d’un bleu profond.
— Mon Dieu, c’est vraiment toi !
Il éclata de rire et la serra de nouveau contre lui.
Cet accueil affectueux et spontané fit tomber toutes ses défenses. Un sourire s’épanouit sur ses lèvres pendant que son cœur s’emballait dans sa poitrine, faisant battre le sang à ses oreilles.
— Bonjour, Scott. Comment vas-tu ?
Un salut poli et formel. Leurs relations avaient toujours été ainsi, d’abord par nécessité, puis par habitude.
— Bien, j’imagine. Je suis débordé, mais c’est le métier qui veut ça !
— Et… Jack ? demanda-t elle d’une voix émue.
— Jack est en pleine forme. Il va à l’école, maintenant. Enfin, à la crèche, pour être précis. Mais toi ? Comment vas-tu ? Et que fais-tu là ?
— Je travaille ici. Je suis sage-femme, tu te souviens ?
— Je croyais que tu exerçais dans une clinique…
— Plus maintenant. Je voulais un poste à mi-temps et c’était plus facile d’en obtenir un à l’hôpital. Et toi, que deviens-tu ? Comment as-tu gardé secrète ta présence dans nos murs ?
— Mais ce n’est pas un secret ! rétorqua-t il en riant de bon cœur. Je n’ai commencé qu’il y a quelques jours, et j’ignorais que je te retrouverais ici. Tu vivais de l’autre côté d’Ipswich, quand nous nous sommes connus. As-tu déménagé ou accomplis-tu le trajet tous les jours ?
— Nous vivons à Audley maintenant, près de chez les parents de Mick, ce qui leur permet de voir Libby plus souvent. Cela fait six mois que je suis employée ici.
— Incroyable ! Enfin, non, à la réflexion, ajouta-t il aussitôt. Il n’y a pas tant d’hôpitaux dans le coin, et ce n’est pas la première fois que je croise quelqu’un que je connais déjà.
Il l’observa en inclinant la tête, avec une mimique charmeuse qui la fit fondre intérieurement, puis jeta un coup d’œil à la pendule accrochée au mur.
— Es-tu libre maintenant ?
— Je suis débordée, c’est le métier qui veut ça, dit-elle, le citant. Pourquoi ? Que me proposes-tu ?
— Un café, un déjeuner ? Juste histoire d’échanger les dernières nouvelles…
Molly comprit en frémissant qu’elle ne tenait pas à avoir ce genre de conversation. « Echanger les dernières nouvelles » lui semblait le meilleur moyen de rouvrir une plaie à peine refermée… Il lui avait fallu longtemps pour chasser Scott, Crystal et Jack de son esprit.
— Je ne sais pas si c’est une bonne idée…
— Excuse-moi, je suis maladroit… En tout cas, cela m’a fait plaisir de te revoir en pleine forme. A bientôt !
Il s’éloigna, la laissant désemparée. Quelle idiote d’avoir refusé ! se dit-elle. Maintenant qu’ils allaient travailler ensemble, à quoi bon instaurer une distance embarrassante entre eux ? Et il y avait Jack…
« Jack n’est pas ton fils, lui rappela sa conscience. Oublie tout cela… »
La jeune femme regarda autour d’elle d’un air absent. « Compte jusqu’à dix ! s’ordonna-t elle. Ou jusqu’à vingt. Ou jusqu’à un million… Ou va le retrouver. »
Se décidant, elle s’élança à la poursuite de Scott qu’elle rattrapa dans le hall.
— Excuse-moi, dit-elle en le saisissant par le bras. Je ne voulais pas me montrer si froide. Cela me ferait très plaisir de boire un café avec toi, si tu es toujours d’accord.
— Maintenant ou plus tard ? demanda-t il, un peu distant.
— Maintenant, si tu veux. J’allais faire une pause, de toute façon. Si on a besoin de moi, on m’appellera sur mon bipeur. Tu es libre ?
— Oui. Je viens de quitter la salle d’opération ; nous n’avions que peu d’interventions, ce matin. Il me reste un peu de paperasserie, et tu me ferais une énorme faveur en m’arrachant à ce travail assommant !
Elle éclata de rire alors qu’il l’entraînait vers l’escalier. Une minute plus tard, ils entraient dans la petite cafétéria située à l’arrière de l’hôpital, où il leur acheta des cafés et quelques tranches de cake au gingembre. Puis ils s’installèrent sur une banquette d’angle, près d’une fenêtre.
Ils restèrent silencieux un moment pendant lequel Molly se demanda soudain ce qu’elle faisait là et si elle n’avait pas perdu la raison. Scott, penché en avant, remuait son café dans son gobelet en plastique avec la concentration d’un chirurgien opérant à cœur ouvert. A quoi pensait-il ? Quand il releva brusquement la tête et la regarda droit dans les yeux, son regard lui donna l’impression qu’il lisait dans son âme à livre ouvert.
— Alors, comment vas-tu ? Sincèrement ?
— Bien, répondit-elle avec une soudaine envie de pleurer. Toujours la veuve joyeuse !
Elle laissa échapper un pauvre rire qui trahissait davantage la tristesse que la bonne humeur, et il scruta son visage de ses yeux d’un bleu cobalt.
— Oh ! Molly ! J’espérais que tu serais remariée et heureuse, avec quelqu’un qui te mériterait.
— Je suis avec quelqu’un. Libby.
— Je pensais à un homme…
— Nous n’avons pas tous besoin de vivre en couple, Scott. Il vaut parfois mieux rester seul.
Sous ce regard perçant, elle eut la sensation de passer une radiographie et détourna la tête. Scott baissa alors les yeux vers son gobelet de café.
— Je suis désolé d’avoir réagi ainsi, d’avoir cru que tu serais aussi *******e de me voir que je l’étais de te retrouver. C’était présomptueux de ma part et je m’en excuse. J’aurais dû comprendre que tu avais changé.
— Mais je suis vraiment heureuse de te revoir ! protesta-t elle, incapable de mentir. C’est juste qu’après tout ce temps, je trouve cela difficile. Je ne pensais pas que ces trois années seraient si pénibles, et maintenant que j’ai commencé à m’y habituer, je n’avais pas envie de remuer le passé. Mais tu es là, de toute façon… et… ma foi, j’ai très envie de savoir comment il va.
Scott redressa la tête et la contempla avec une profonde tendresse.
— Il est merveilleux, Molly ! Jack est la meilleure chose qui me soit arrivée. Il m’a apporté plus de bonheur que je ne l’aurais jamais imaginé… et c’est à toi que je le dois.
Elle déglutit pour retenir les larmes qui menaçaient de déborder. Que lui arrivait-il donc ? Elle, si raisonnable, si pragmatique, si réfléchie…
Pas quand il s’agissait de Jack, visiblement !
— J’aimerais bien voir une photo.
— Une photo ? répéta-t il en riant. J’en ai des centaines, et des cassettes vidéo aussi, depuis le jour de sa naissance jusqu’à maintenant. Pourquoi ne viendrais-tu pas les voir à la maison ? Tu pourrais le rencontrer par la même occasion.
Ces mots la blessèrent et ranimèrent un profond chagrin.
— Tu sais bien que Crystal ne veut pas que je le voie !
— Et tu sais bien que je n’ai jamais été d’accord avec elle. De toute façon, Crystal est morte depuis deux ans, ajouta-t il avec un sourire amer.
Molly resta une seconde sans voix. Crystal, morte ?
— Mon Dieu ! murmura-t elle. Je suis désolée…
— Merci, mais c’est du passé.
En dépit de ses paroles, il avait un visage tendu qui lui rappela sa propre douleur après la mort de Mick. N’écoutant que son cœur, elle posa la main sur celle de Scott, qui referma aussitôt les doigts autour des siens, rappelant d’un simple geste le lien de sang, de sueur et de larmes qu’ils avaient noué trois ans plus tôt.
— Comment t’en sors-tu ? Avec Jack, j’entends. Qui s’occupe de lui ?
« Mon Dieu ! faites qu’il ne se soit pas remarié ! » pria-t elle mentalement tout en posant ces question.
— J’ai la chance d’avoir depuis un an un couple qui vit à la maison. Mark est handicapé à la suite d’un accident de voiture et il ne peut accomplir que certaines tâches mais, avec Debbie, ils parviennent à s’occuper de Jack, de la maison et du jardin. Et comme ils habitent sur place, cela me facilite beaucoup la vie quand je suis de garde la nuit ou le week-end.
— Eh bien, tu as de la chance de les avoir trouvés. S’occupent-ils bien de Jack ? Les aime-t il ou est-ce encore trop tôt pour le savoir ?
— Il les adore et les considère vraiment comme des membres de la famille. Mark dessine des motifs de broderie. C’est un grand gaillard, ancien motard, avec des piercings partout ! C’est bien la dernière personne qu’on imaginerait une aiguille à la main, mais il est incroyablement doué. Quant à Debbie, c’est une véritable centrale électrique miniature. Je suis fatigué rien qu’en la regardant.
— Cela ne les a pas ennuyés de quitter Londres ?
— Apparemment non, mais nous n’avons emménagé que depuis trois semaines, et je n’ai commencé ici qu’il y a trois jours.
Comme elle-même avait été en congé les deux jours précédents, cela expliquait qu’ils ne se soient rencontrés qu’aujourd’hui. Molly regrettait cependant de ne pas avoir su plus tôt qu’il allait travailler à l’hôpital, ce qui lui aurait laissé le temps de se préparer à cette rencontre.
Ou de s’enfuir…
Le bipeur de Scott se mit à sonner. Il avala le reste de son café avant de se lever avec un sourire d’excuse.
— Nous continuerons de parler plus tard, déclara-t il. Peut-être lors d’un dîner ?
Elle lui sourit à son tour et acquiesça avec détachement. « Peut-être… » songea-t elle en le regardant s’éloigner dans le couloir.
Il était trop tard pour s’enfuir.
Tant de souvenirs !
Crystal, avec cette idée fixe, à l’exclusion de toute autre. Une dernière tentative pour sauver leur couple chancelant…
— Je veux un enfant ! ne cessait-elle de répéter. Pourquoi ne pas chercher une mère porteuse ? Tu es médecin, tu dois pouvoir en trouver une !
Il avait trouvé, par une coïncidence miraculeuse. A l’une de ses patientes, elle-même mère porteuse, il avait parlé de la proposition de Crystal.
— Vous devriez vous adresser à mon amie Molly, lui avait suggéré la jeune femme.
Molly, chaleureuse et généreuse, lui avait tout de suite plu, avec son rire et sa bonne humeur. Dès leur premier rendez-vous, il avait senti qu’il pouvait lui faire confiance et rien, par la suite, ne l’avait détrompé. Ils étaient devenus amis au cours des mois suivants. Elle était restée la même durant l’interminable procédure, les rendez-vous, les conversations, les contacts avec les avocats. Il se rappelait encore son calme, sa détermination et sa gentillesse à l’égard de Crystal. La grossesse lui avait paru interminable et, enfin, était arrivé l’appel téléphonique annonçant que l’accouchement commençait. Il se souvenait avec une incroyable précision du trajet jusqu’à l’hôpital, puis des moments intenses pendant lesquels il l’avait encouragée alors qu’elle donnait naissance à Jack. Jack, le bébé que Crystal et lui pensaient ne jamais avoir.
Leur fils, cadeau de Molly, qui avait généreusement accepté le rôle de mère porteuse. La maman du ventre, comme elle se décrivait elle-même avec un sourire adorable. Elle l’avait abrité au plus secret de son corps, protégé, nourri de son amour, jusqu’à ce que vienne le moment de le leur donner.
Il voyait encore le petit Jack, tout rouge et vociférant d’indignation après le choc de la naissance, entre les bras de Crystal prise de panique. Le bébé ne s’était calmé que lorsque la sage-femme l’avait repris pour le lui confier. En découvrant ce nourrisson si petit entre ses bras, Scott avait éprouvé un immense amour. Molly avait alors laissé échapper un profond soupir et, quand leurs regards s’étaient croisés, elle lui avait adressé un sourire et un signe du menton, comme pour lui dire que tout était parfait ainsi.
En tout cas, c’est ce qu’il croyait depuis trois ans. Mais maintenant qu’il l’avait revue, les doutes revenaient le tourmenter. Comment avaient-ils pu demander à une femme de faire ce sacrifice énorme pour que Crystal puisse réaliser son rêve ? Cette idée faillit le faire rire. Les rêves de Crystal ! Elle en avait fait beaucoup, et s’en était toujours désintéressée dès qu’ils se réalisaient…
— Dis-moi ce que tu en penses. Je crois qu’elle doit être enceinte…
Scott s’approcha de la patiente que Matt Jordan, l’interne des urgences, venait d’examiner. Celui-ci fourra les mains dans les poches de sa blouse blanche dans un geste de perplexité et se tint près de lui. Il avait d’emblée trouvé sympathique ce grand Canadien qui venait de le tirer de ses réflexions pour un cas quelque peu étrange.
— Elle pourrait être enceinte, effectivement, dit Scott en palpant l’abdomen gonflé de la femme inconsciente. Oui, je pense que tu as raison, elle l’est sûrement ; mais nous ne pouvons en être certains sans un scanner ou un test de grossesse. Cela pourrait aussi être beaucoup d’autres choses : une tumeur, un kyste ovarien, un fibrome… Sans battements cardiaques, c’est difficile à dire, et justement je n’entends rien au stéthoscope fœtal ! Cela pourrait n’être que des fluides, mais ça me surprendrait. Que sais-tu sur elle ?
— Presque rien, répondit Matt. On nous l’a amenée il y a quelques minutes. Elle s’est évanouie au volant de sa voiture. L’auto est enregistrée au nom d’un homme, et la police essaye de le retrouver pour l’interroger. Pour l’instant, personne ne connaît son identité.
— En attendant, déclara Scott, ne faites rien qui puisse compromettre la santé du fœtus, à moins d’y être obligés. Nous devons faire une échographie pour voir s’il y a un bébé vivant. Si c’est le cas, nous ferons un scanner pour déterminer l’avancement de la grossesse et savoir s’il est viable ou pas, au cas où nous devrions intervenir en urgence sur la mère. Je suppose que tu as déjà une idée sur ce qui a provoqué la perte de connaissance ?
— Non, pas vraiment, avoua Matt perplexe. Il n’y a aucune trace de diabète, et le cœur semble bon. Les pupilles sont un peu dilatées, ce qui pourrait indiquer l’usage de drogue ou un choc crânien. Est-ce que cela pourrait être lié à la grossesse ?
Scott fronça les sourcils et secoua la tête.
— Non, je ne crois pas, bien qu’il soit difficile de le dire sans plus d’informations. Je veux cette échographie le plus vite possible. Si elle est à la vingt-huitième semaine ou plus, si elle reste stable et inconsciente, nous pourrons procéder à une césarienne dans le cas où cela aiderait la mère. Mais les chances du bébé diminueraient très vite s’il est plus jeune. Et bien sûr, nous ne sommes pas à l’abri d’autres complications. C’est une fumeuse, pour commencer, et le fœtus risque d’être petit pour son âge, ce qui ne joue pas en sa faveur. Mais il ne sert à rien de spéculer avant d’être sûrs qu’elle est bien enceinte et que le bébé est vivant. Si c’est le cas et que tu la déclares stabilisée, nous la descendrons dans la salle du grand scanner pour avoir une meilleure image.
La jeune infirmière qui se trouvait près d’eux eut l’air surpris en l’entendant.
— Comment savez-vous qu’elle est fumeuse, docteur ? demanda-t elle.
— Elle sent le tabac et a les dents teintées de nicotine, répondit-il. Je crois même qu’elle est une grosse fumeuse, ajouta-t il à l’adresse de Matt, alors je te conseille de vérifier l’état de ses poumons. Surveille les signes de détresse respiratoire ou d’hypervolémie. Si cela se produisait, appelle-moi tout de suite. Le choc peut aussi avoir provoqué une hémorragie ante-partum ou une embolie amniotique.
— Nous surveillerons cela. On lui a mis une cale sous la hanche gauche pour diminuer la pression dans l’aorte et la veine cave. As-tu d’autres directives à nous donner ?
— Non, pas avant d’en savoir davantage. Fais sonner mon bipeur quand tu auras les résultats de l’échographie. Je serai dans mon bureau.
Incapable d’agir sans plus d’informations, Scott sortit de la salle. Au moins, l’état de la patiente semblait stable… Il serait temps de s’inquiéter quand on en saurait plus, se dit-il, et en attendant, d’autres sujets de préoccupation réclamaient son attention.
Tandis qu’il s’éloignait dans le couloir, cette jeune femme s’effaça de son esprit, remplacée par une image de Molly de plus en plus nette. Elle n’avait pas changé du tout. En tout cas pas assez pour que cela se remarque. Elle avait toujours la silhouette sensuelle qu’il lui connaissait avant sa grossesse, le regard aussi chaleureux. Ses cheveux soyeux n’avaient pas changé de couleur, quant à son sourire… Il manqua s’étrangler en se rappelant ce sourire ! Molly souriait avec le visage tout entier, pas seulement avec sa bouche si expressive.
Scott étouffa une exclamation agacée. Oui, c’était une très belle femme, et alors ? Il y en avait d’autres. Après tout, il travaillait tous les jours avec des femmes jeunes et séduisantes, qu’il s’agisse d’infirmières ou de patientes, sans que cela le perturbe. Pourquoi cette fixation sur Molly, la dernière personne au monde sur laquelle il devait nourrir ce genre de fantasme ? La présence de Jack rendait déjà leur relation assez complexe sans qu’il ait besoin d’en rajouter !
— Continuez de respirer par petites bouffées… Voilà, c’est très bien.
— Je n’y arriverai jamais ! s’écria Liz.
— Bien sûr que si, rétorqua Molly fermement.
Sa jeune patiente commençait à céder à la panique, ce qui indiquait clairement qu’elle entrait dans la phase de transition séparant le premier et le second stade de l’accouchement.
— Je suis certaine que vous n’avez jamais eu d’enfants, s’exclama la future mère dans un élan d’agressivité. Les sages-femmes n’en ont jamais !
— Oh ! détrompez-vous, j’en ai eu trois ! répondit Molly en riant.
— Alors, vous devez être folle ! Jamais je n’en aurai d’autre !
Liz se retourna vers son mari et se mordit la lèvre sous l’effet de la douleur.
— David, je te déteste ! lui cria-t elle. Comment as-tu pu me faire une chose pareille ? Je ne veux plus jamais te revoir !
Le jeune homme tourna un visage catastrophé vers Molly, qui le rassura en lui étreignant brièvement le bras.
— Ne vous inquiétez pas, lui expliqua-t elle. Les femmes perdent souvent le contrôle de leurs émotions dans ces moments-là, et c’est en général le père qui en fait les frais. Il n’y en a plus pour longtemps, maintenant.
Liz perdit soudain les eaux, la rappelant à sa tâche. Un examen rapide permit à Molly de constater que le cordon ombilical apparaissait à côté de la tête du bébé, dont le pouls baissait déjà d’une manière alarmante.
Il n’y en avait plus pour longtemps, effectivement, mais pas comme elle l’avait prévu…
Elle pressa le bouton d’appel installé à la tête du lit et retira les oreillers.
— Liz, il faut que vous vous tourniez sur le côté. Nous avons un problème avec le cordon ombilical et je voudrais que vous vous allongiez avec le bassin légèrement surélevé pour diminuer la pression sur le bébé. Il n’y a rien d’inquiétant pour l’instant, mais nous devons agir vite et j’ai besoin d’aide.
— La mienne, par exemple ?
La voix rassurante de Scott était le son le plus mélodieux que Molly pouvait espérer entendre en cet instant critique !
— Cordon ombilical prolabe, lui dit-elle brièvement. Elle a perdu les eaux il y a un instant, et il y avait beaucoup de liquide. Liz, ajouta-t elle plus haut, je vous présente le Dr Gregory.
Scott adressa un sourire réconfortant à la patiente et lui dit bonjour avant de se retourner vers Molly.
— Des antécédents médicaux lors des précédentes grossesses ?
— Non. C’est son premier bébé.
— Et le dernier ! s’écria Liz. Que se passe-t il à la fin ?
— Le cordon ombilical est coincé entre le col de l’utérus et la tête du bébé, lui expliqua calmement Scott. Nous avons le choix entre procéder à l’accouchement d’une manière normale mais aussi vite que possible, en utilisant les forceps, ou alors de procéder à une césarienne. Je vais juste vous examiner rapidement afin de décider quelle est la meilleure solution. Molly, les gants…
Il prit une paire de gants en latex dans la boîte qu’elle lui tendait et les enfila, puis vérifia rapidement la manière dont se présentait le bébé et la position exacte du cordon ombilical. En se redressant, il croisa le regard interrogateur de Molly et devina aussitôt vers quelle solution elle penchait.
— Qu’en penses-tu ? lui demanda-t il. On essaye ?
— Nous n’avons pas beaucoup de temps, je pense que ce serait préférable.
— Je sais. Repousse la tête jusqu’à ce qu’il y ait de nouveau un pouls dans le cordon et maintiens-la jusqu’à ce que nous soyons arrivés en salle d’op. Je ne pense pas que nous puissions remettre le cordon en place, il dépasse trop ; *******ons-nous de diminuer la pression. Nous allons procéder à une césarienne, annonça-t il à Liz.
Pendant qu’il parlait, la pièce s’était remplie d’infirmières qui avaient répondu à l’appel de Molly, et il se tourna vers Sue, l’infirmière chef.
— Posez une perfusion, s’il vous plaît, reprit-il, et donnez-lui de l’oxygène. De la terbutaline aussi, pour ralentir les contractions si nous le pouvons. Je vous retrouve en salle d’opération, Liz. Ne vous inquiétez pas, votre bébé sera bientôt là, et en pleine forme !
En se dirigeant vers la porte, il donna une tape amicale sur l’épaule du jeune mari totalement paralysé par l’agitation qui régnait autour d’eux et par l’angoisse de perdre son bébé. Molly fut touchée qu’il pense à le réconforter ainsi dans un moment aussi chaotique.
En quelques minutes, Liz fut acheminée vers la salle d’opération. La main gantée de Molly maintenait toujours la tête du bébé le plus loin possible dans l’utérus afin que la pression de celle-ci ne coupe pas la circulation sanguine dans le cordon ombilical, ce qui aurait condamné l’enfant à une mort aussi inévitable que rapide. Ils n’avaient pas beaucoup de temps à leur disposition, mais tant qu’il y avait un pouls dans le cordon, le bébé avait une bonne chance de s’en sortir sans séquelles.
Scott, qui les attendait en salle d’opération, pratiqua la césarienne dès que Liz fut anesthésiée. David, lui, faisait les cent pas dans le couloir avec la mine du condamné à mort attendant son exécution. Malgré ses crampes, Molly n’avait cessé de pousser la tête du bébé, même pendant qu’on transportait Liz sur la table d’opération. Finalement, la pression cessa lorsque Scott ôta le bébé du ventre de sa mère et le tendit à l’infirmière.
— C’est un garçon, annonça-t il. Heure de naissance, 15 h 25. Il est tout à toi, Molly !
La jeune femme se redressa et secoua le bras pour détendre son épaule engourdie. Puis, après avoir clampé et sectionné le cordon ombilical, elle prit le bébé par les pieds pour dégager ses voies respiratoires. Le nouveau-né, qui jusque-là vagissait faiblement, se mit alors à pousser un retentissant cri d’indignation qui fit presque trembler les murs de la pièce et dissipa la tension inquiète qui y régnait. Il était sain et sauf !
— Test d’Apgar à une minute : neuf, déclara Molly.
Elle sourit au bébé en voyant sa couleur passer du bleuté au rose vif. Son cœur battait vigoureusement, ses cris étaient clairs et puissants, sa tonicité musculaire excellente et il possédait un bon réflexe de succion. Un profond soulagement chassa le poids qui pesait encore sur ses épaules. « Quel dommage que Liz ait raté la naissance de son enfant ! » songea-t elle en enveloppant celui-ci dans une serviette.
Tenter un accouchement normal aurait cependant été trop risqué. Certains médecins auraient pris ce risque, d’autres auraient opté pour la solution chirurgicale sans évaluer la situation. Heureusement, Scott n’appartenait à aucune de ces catégories. Il avait rapidement pesé le pour et le contre à la lumière de son examen clinique, et pris une décision en toute connaissance de cause, une décision que Molly approuvait. Elle avait confiance en son jugement et se réjouissait à la perspective de travailler avec un médecin aussi consciencieux et scrupuleux.
Leurs regards se croisèrent alors qu’il achevait de suturer la patiente, et ses yeux se mirent à sourire par-dessus le masque qui lui couvrait la bouche. Elle avait toujours adoré la manière dont ses yeux se plissaient lorsqu’il souriait…
Sortant de la salle d’opération avec l’enfant emmitouflé dans sa serviette chaude, elle appela David qui attendait toujours dans le couloir. Il eut une mine stupéfaite en découvrant son bébé.
— Tout se passe bien ? demanda-t il, affolé
— Très bien, ne vous inquiétez pas. Les signes vitaux sont excellents, et Liz va bien. Tenez, dites bonjour à votre fils !
— Mon fils ! répéta-t il interloqué. Nous avons un bébé !
Il caressa du bout des doigts la joue encore souillée de sang et de liquide amniotique du nourrisson et la petite tête se tourna vers les doigts, sa bouche minuscule effectuant le mouvement de succion. Une émotion familière noua la gorge de Molly.
— Il a faim, expliqua-t elle. Liz pourra le nourrir dès qu’elle reprendra conscience. En attendant, il a juste besoin d’un câlin de son papa. Prenez-le une minute et parlez-lui. Il reconnaîtra votre voix qu’il a déjà entendue pendant la gestation.
Un sourire radieux avait remplacé la stupéfaction sur le visage de David, et c’est le cœur tranquille que Molly regagna la salle d’opération.
— Le test d’Apgar est à dix ? lui demanda Scott à son entrée.
— Oui, il est en pleine forme maintenant.
— Grâce à toi. Tu as été formidable !
— Tu n’y es pas pour rien non plus, rétorqua-t elle amusée.
Il rit doucement pendant qu’ils échangeaient un regard complice.
— Le placenta est là, au fait, reprit-il.
Molly l’examina soigneusement pour s’assurer qu’il n’en manquait pas un bout, ce qui aurait pu provoquer de nouveaux ennuis chez la mère.
— Il est complet, déclara-t elle, rassurée.
— Parfait. Maintenant, puis-je te demander un service si le bébé n’a pas besoin de toi pendant quelques minutes ? Pourrais-tu appeler les urgences et demander à Matt des nouvelles de la jeune femme que nous avons examinée tout à l’heure ?
— Pas de problème…
Molly appela donc les urgences, où on lui apprit que la jeune femme avait repris connaissance et qu’elle était partie après avoir signé une décharge. Scott fronça les sourcils en apprenant la nouvelle.
— A-t on eu le temps de lui faire une échographie ? s’enquit-il.
— On ne m’en a pas parlé, avoua Molly. Elle est revenue à elle juste après ton départ et n’a pas voulu rester une minute de plus. Apparemment, la police pense qu’elle a volé la voiture dans laquelle on l’a retrouvée.
— C’est bizarre. Enfin, puisque nous n’y pouvons plus rien…
Molly rejoignit David. Le bébé dormait paisiblement dans les bras de son père, l’air satisfait et en pleine santé. En regardant le visage de David, Molly constata que le nourrisson n’était pas le seul à paraître satisfait.
Scott sortit un instant plus tard de la salle d’opération.
— Nous avons terminé et Liz va bien, annonça-t il à David. Bonjour, petit bonhomme, reprit-il en se penchant vers le bébé. A-t il déjà un nom ?
— Je ne sais pas, avoua David en souriant. Nous pensions à Lucy…
— Ce n’est peut-être pas très approprié, concéda Scott, amusé.
David se mit à rire.
— Oui, je crois que nous ferions mieux d’y réfléchir de nouveau. Je ne sais pas pourquoi, nous étions sûrs d’avoir une fille. Liz prétendait en être certaine. La fameuse intuition féminine, je suppose. En tout cas, merci de nous l’avoir donné sain et sauf. Si quelque chose était arrivé, Liz et moi…
Il frémit à l’idée du drame qu’ils venaient d’éviter, et Scott lui tapota l’épaule.
— C’est mon métier, déclara-t il. Votre femme va être transportée en salle postopératoire et, quand elle sera capable de le tenir et de l’allaiter, Molly vous conduira tous les trois dans sa chambre. Ce petit bout a l’air en bonne santé, mais un pédiatre passera l’examiner pour s’assurer qu’il va bien. En attendant, je vous laisse entre les mains de Molly.
Il adressa un dernier sourire à la jeune femme et les laissa pour aller se changer. Ce fut comme si quelqu’un avait coupé la lumière…

« Oh non ! songea-t elle. Et moi qui pensais l’avoir oublié
!




 
 

 

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2
Il prit place à la grande table de ferme qui occupait le centre de la cuisine, et se cala contre le dossier de sa chaise en soupirant. Longue, et épuisante sur le plan émotionnel ! Il pensait toujours à Molly, dont le visage hantait son esprit. Il regretta de ne pas avoir son numéro de téléphone pour l’appeler.
Elle était sans doute dans l’annuaire !
Il se releva et alla le chercher. A la lettre H, il trouva vite plusieurs Hammond, mais aucun ne répondant au prénom de Molly. Parcourant la courte liste, il s’arrêta en découvrant les initiales A.M.
A.M. ? Annabel Mary, bien sûr ! Il se rappelait maintenant qu’il s’agissait de son prénom de baptême. Il referma le Bottin et décida de lui téléphoner plus tard. Mais plus tard, Jack serait au lit. Alors… maintenant ?
Il devait d’abord trier les photos et les vidéos, probablement toujours au fond de quelque carton rangé au grenier, et il lui faudrait des heures pour les retrouver.
Mais Jack était là, maintenant, et quand il avait parlé de l’enfant, les yeux de Molly brillaient avec tant de tendresse refoulée que…
Attrapant sa tasse de thé, il se rendit dans son bureau dont il referma soigneusement la porte derrière lui.
Molly observa le téléphone avec un mélange d’espoir et de bon sens. Cela ne pouvait être Scott, évidemment. Il n’avait pas son numéro et, même s’il le cherchait dans l’annuaire, il ne le trouverait pas sous l’initiale M.
D’un autre côté, il connaissait son prénom complet pour l’avoir vu un nombre incalculable de fois sur les formulaires qu’il avait dû signer autrefois. Alors peut-être que…
« Oh ! arrête donc de spéculer et réponds ! » songea-t elle avant de décrocher.
— Molly ?
Son cœur bondit dans sa poitrine en entendant la voix familière.
— Scott ?
— Oui, bonsoir. J’espère que je ne te dérange pas. J’ai repensé à ton envie de voir Jack… Serais-tu libre ce soir ? Je sais que je te préviens à la dernière minute, mais je me suis dit que si cela te faisait plaisir…
Son cœur bondit de plus belle, et elle jeta un rapide coup d’œil vers la porte. Dans la pièce voisine, Libby s’escrimait sur son violon avec obstination après avoir terminé ses devoirs. Cela faisait une demi-heure qu’elle travaillait un passage problématique, refusant de s’arrêter avant d’avoir surmonté la difficulté. Au point que sa mère regrettait par moments de lui avoir légué cette détermination…
— Evidemment, poursuivit Scott, si tu as autre chose de prévu, je le comprendrais très bien.
— Non, je n’ai aucun projet pour ce soir, s’empressa-t elle de répondre.
— Parfait. Passe quand tu veux. Pas trop tard quand même, car il se couche à 19 h 30.
— Si tard ?
La jeune femme se mordit la lèvre, mais pas assez vite. Sa remarque allait passer pour une critique, et ce n’était pas le moment. Sans compter que cela ne la regardait pas.
— Il fait la sieste l’après-midi quand il rentre de la crèche, et c’est grâce à cela que je peux le voir en revenant de l’hôpital, lui expliqua-t il. De toute façon, nous pourrions faire une exception pour ce soir. Il a été en pleine forme aujourd’hui, et je ne pense pas qu’il soit très pressé d’aller se coucher.
— Alors si tu es d’accord, nous venons tout de suite, répondit-elle.
— Parfait. As-tu de quoi noter l’adresse ?
La jeune femme attrapa une feuille et un stylo, puis écrivit les indications qu’il lui donnait pour trouver sa maison.
— Ah ! Molly, avant de te quitter…
— Oui ?
— Jack ne sait pas que tu as été sa mère porteuse. Je ne le lui ai pas dit. J’essaye toujours de trouver un moyen d’amener la nouvelle en douceur, et je te serais reconnaissant, ainsi qu’à Libby, de faire attention à ce que vous direz.
— Bien sûr, ne t’inquiète pas. A tout à l’heure.
Elle raccrocha et rassembla ses pensées confuses. Dans la pièce voisine, les miaulements avaient pris fin, remplacés par un son clair et juste. Enfin, presque juste, admit-elle avec une indulgence toute maternelle lorsqu’une fausse note la fit grincer des dents. Mais Libby n’avait pas encore dix ans ; cela lui laissait largement le temps de progresser.
La porte s’ouvrit et la petite fille entra en trombe. Vivante image de son père, elle avait les mêmes cheveux blonds et les mêmes yeux bleus que lui.
— Tu m’as écoutée ? s’écria-t elle. J’ai réussi !
— J’ai entendu, répondit sa mère en souriant avec fierté. Bravo, ma chérie ! Ton père aurait été fier de toi. Et puisque nous parlons de père, je voulais te dire que j’ai rencontré le père de Jack, aujourd’hui. Il travaille à l’hôpital.
Libby la contempla en inclinant la tête sur le côté, exactement comme le faisait Mick…
— Le père de Jack… Tu veux dire notre bébé Jack ?
— Pas vraiment le nôtre, corrigea tristement Molly, mais c’est bien le même.
— Super ! s’écria Libby. Est-ce que nous pourrons le rencontrer ? Je ne l’ai vu qu’une fois, quand il est né, il y a longtemps…
— Trois ans. Oui, nous pouvons le voir. Ce soir, même, si tu es d’accord.
— Bien sûr ! On y va tout de suite ?
Molly éclata de rire et se leva. La spontanéité de sa fille la réjouissait !
— Entendu. Mais va d’abord te passer un coup de brosse dans les cheveux, et range soigneusement ton violon dans sa boîte.
La fillette sortit de la pièce comme une flèche et revint un instant plus tard, proprement coiffée, l’étui de son violon à la main.
— Je suis prête ! annonça-t elle.
— Alors partons. Au fait, je voulais te dire que Jack ne sait pas que je suis sa maman du ventre, alors ne lui dis rien, d’accord ?
— Il ne le sait pas ? répéta Libby stupéfaite. C’est bizarre ! Laura est au courant, elle…
— Je sais, mais pas Jack. Quoi que nous en pensions, ce n’est pas à nous de le lui apprendre.
— Oui, bien sûr, ne t’inquiète pas. Je ne dirai rien…
— Il y a autre chose que tu dois savoir, reprit Molly alors qu’elles sortaient de la maison. Sa mère est morte.
— Oh ! le pauvre ! s’écria Libby avec sa compassion habituelle. Mais d’un autre côté, il pourrait t’avoir, toi ! ajouta-t elle soudain rassérénée.
Si seulement ! songea Molly le cœur serré. Cela semblait simple pour un enfant ; malheureusement, le monde des adultes était beaucoup plus compliqué…
Le trajet se déroula sans difficulté et elles arrivèrent assez vite chez Scott. C’était une jolie maison aménagée dans une ancienne ferme en brique couverte de vigne vierge, avec au milieu un porche orné d’un auvent sur lequel grimpaient chèvrefeuilles et rosiers. Au bout du bâtiment principal se détachait une aile plus petite, avec sa propre entrée. Molly devina qu’il s’agissait du logement de Debbie et de Mark.
Baigné par la lumière dorée d’une fin de journée estivale, le cottage avait un air charmant et accueillant bien différent de la maison froide que Scott habitait autrefois à Londres. Pour accéder au porche, elles traversèrent le jardin qui regorgeait de fleurs multicolores. Un vrai jardin de cottage. Incapable de résister à la tentation, la jeune femme se pencha pour respirer l’odeur d’une rose juste au moment où Scott ouvrait la porte.
— Excuse-moi, je résiste à tout, sauf à la tentation ! s’écria-t elle en riant.
— J’adore ces roses moi aussi, répondit-il, et c’est à cause d’elles que j’ai acheté la maison. Bonjour, Libby, ajouta-t il en souriant à la fillette. Je suis très heureux de te revoir. Comment vas-tu ?
— Très bien, merci. Vous avez un très beau jardin, déclara l’enfant.
— Oui, très beau, confirma-t il. Je n’y ai cependant aucun mérite. Il était ainsi quand nous avons emménagé, et c’est Debbie qui l’entretient. Mais entrez donc. Jack est dans la cuisine. Il aide Debbie à faire la vaisselle.
Il tendit alors ses mains et agita les doigts pour imiter son fils, ce qui les fit rire tous les trois.
« Mon Dieu ! songea Molly soudain émue, pourquoi suis-je venue ici ? Dans quel pétrin vais-je me jeter ? »
Il les conduisit dans le hall et les fit entrer dans la cuisine. Sur le seuil, Molly s’arrêta net et se couvrit la bouche de sa main à l’instant où des larmes brouillaient brutalement sa vision.
« Non, je ne vais pas pleurer ! » s’admonesta-t elle fermement.
— Jack, s’il te plaît, veux-tu venir ici et dire bonjour à une de mes amies ? demanda Scott.
Pétrifiée, la jeune femme resta sans bouger, à dévorer des yeux le petit garçon qui la contemplait avec la même expression curieuse que Scott arborait parfois. Il approcha et vint l’examiner sous le nez, sans la moindre timidité.
— Bonjour, déclara-t il poliment. Je m’appelle Jack.
— Bonjour, Jack, dit-elle en s’agenouillant. Moi, c’est Molly, et voici ma fille Libby. J’ai entendu dire que tu aidais à faire la vaisselle ?
Il acquiesça avec un grand sourire, et ses mèches s’agitèrent sur sa petite tête. Il était si mignon que Molly faillit céder à la tentation de le prendre dans ses bras et de le serrer très fort.
— Je lave les cuillères, annonça-t il fièrement, et on fait des bulles.
— Nous avons bien un lave-vaisselle, mais c’est beaucoup moins drôle, et comme ça on peut nettoyer le carrelage par la même occasion.
La voix rieuse de Scott la tira de sa stupeur émerveillée. Détournant à regret le regard de cet adorable petit garçon, elle se releva et serra la main de Debbie. Cette dernière, qui devait approcher des trente ans, avait les cheveux d’une nuance particulièrement réussie de rose et portait un jean trop large ainsi qu’un T-shirt vert pomme offrant un contraste presque électrique avec ses cheveux. Une énergie chaleureuse émanait de toute sa personne, en dépit de sa petite taille.
— Je suppose que vous êtes Debbie, déclara Molly avec un sourire.
— Et vous, Molly. Je vous présente mon mari, Mark.
Celui-ci, installé dans un fauteuil roulant, avait une jambe allongée sur un tabouret et un gros chat roux ronronnait sur ses genoux. Il se tenait devant le bow-window, et les rayons du soleil faisaient briller ses piercings impressionnants. Un grand tatouage en forme de dragon s’étalait sur son bras et disparaissait sous sa manche.
Le brodeur improbable, bien sûr…
Molly lui serra la main.
— Bonjour, je suis ravie de vous rencontrer. Scott m’a beaucoup parlé de vous deux.
— Oh ! j’espère qu’il n’a pas été trop méchant ! s’exclama Debbie en riant.
Elle aida Jack à s’installer à table, et Scott fit signe à Molly de prendre place à son tour.
— Je te sers quelque chose à boire ? lui proposa-t il. Je vais faire du café, mais je peux t’offrir un thé ou un apéritif.
— Je dois conduire pour rentrer à la maison, alors je ne prendrai qu’un café, merci.
Tout en parlant, Molly n’avait pas quitté Jack des yeux et luttait pour ne pas céder à l’envie de l’étreindre tendrement et le couvrir de baisers. Une attitude aussi chaleureuse l’aurait sans doute effrayé…
Scott prépara du café pour lui et sa visiteuse, et servit un jus de fruits aux enfants. Comme la soirée était exquise, ils sortirent dans le jardin. Les deux adultes s’installèrent à la table de fer, sous le chèvrefeuille et les rosiers grimpants, pendant que les enfants filaient jouer dans un petit bac à sable à quelques mètres de là.
Ce cadre idyllique enchantait Molly. Elle et sa fille vivaient certes dans une maison agréable avec un joli jardin, dans une rue bordée d’arbres proche de l’hôpital et de l’école de Libby, mais on ne pouvait en rien la comparer à ce cottage ancien qui possédait un charme fou. Scott habitait à une quinzaine de minutes du centre-ville et de l’hôpital, et pourtant le quartier était d’un calme surprenant. Ils auraient pu aussi bien se trouver en rase campagne ! Que Jack grandisse dans une demeure si belle et si chaleureuse la réjouissait.
— Alors, qu’en penses-tu ? lui demanda Scott à mi-voix.
La jeune femme détacha les yeux du petit garçon qui n’était pas son fils et regarda son hôte.
— Il est magnifique ! Il semble ouvert et souriant, et…
Elle s’interrompit, soudain submergée par l’émotion, et détourna la tête.
— J’éprouve la même émotion quand je le regarde, Molly, dit-il doucement. Je comprends ce que tu ressens.
— Vraiment ? Je ne suis pas sûre de me comprendre moi-même, pourtant. Il n’est pas mon fils, alors pourquoi suis-je aussi troublée de le voir ?
— Parce que tu lui as donné la vie ?
— Non. C’est toi et Crystal qui lui avez donné la vie. Je l’ai porté jusqu’à ce qu’il soit assez grand pour se passer de moi.
— Ne sous-estime pas ton rôle. Sans toi, il ne serait pas là. Je pense que cela te donne largement le droit d’être émue en le revoyant pour la première fois au bout de trois ans.
— J’ai tellement pensé à lui ! avoua Molly en luttant pour ne pas fondre en larmes.
— Nous aurions dû te laisser le voir, quoi qu’en pensait Crystal, rétorqua Scott brusquement. Je n’ai jamais été d’accord avec sa décision et j’aurais dû m’y opposer. Je suis désolé de n’avoir rien fait.
— Elle était sa mère, répondit tristement Molly. Elle avait le droit de faire ce choix.
Crystal lui avait pourtant brisé le cœur en lui interdisant de voir Jack, mais elle était morte désormais et il ne servait plus à rien de revenir là-dessus.
— Elle ne voulait même pas être une vraie mère, reprit Scott d’une voix sourde. Elle a recommencé à travailler quatre mois après la naissance de Jack, parce que rester à la maison l’ennuyait. Sept mois plus tard, elle a accompagné son patron dans un voyage qui lui a été fatal. Son fils n’avait même pas un an, et elle l’avait déjà abandonné ! Elle voulait vivre sa vie, comme elle disait, et c’est ainsi qu’elle est morte un soir, avec son amant, sur un jet-ski. Ils se sont écrasés contre un yacht qui entrait dans le port d’Antibes et ont été tués sur le coup. Ils avaient beaucoup bu tous les deux.
Molly le contempla avec stupeur, bouleversée par la colère et le chagrin que trahissait sa voix tendue. Sans réfléchir, elle posa la main sur son bras dans un geste de compassion.
— Oh ! Scott, je suis désolée !
— Je l’ai été moi aussi, rétorqua-t il en couvrant la main de la jeune femme de la sienne. C’était une manière un peu brutale d’apprendre que mon épouse m’était infidèle.
— Tu l’ignorais ?
— Qu’ils étaient amants ? Je suppose que j’aurais dû m’en douter, car les indices ne manquaient pas… Pourtant, je n’ai rien deviné. Je n’ai pas trouvé étrange sa hâte de retourner travailler si vite après la naissance de Jack. Crystal ne disait jamais rien. Elle agissait toujours sans m’avertir.
— Mais… pourquoi ?
— C’était dans sa nature, j’imagine. J’ai compris que tout n’était pas rose le soir où j’ai trouvé une fille au pair en rentrant à la maison. Crystal m’a annoncé que nous avions dorénavant une baby-sitter à domicile. Elle voulait sortir, aller dîner dans des restaurants snob où l’on paie une fortune pour une minuscule portion de nourriture au nom ridicule… Alors que moi, après une journée de travail éreintante, je ne rêvais que de m’affaler devant la télévision avec mon fils entre les bras.
— Et qui a gagné ?
— A ton avis ? demanda-t il avec un petit rire amer. Quand Crystal voulait quelque chose, il le lui fallait absolument ! Quelques jours plus tard, j’ai ouvert par erreur un courrier qui lui était adressé. C’était le relevé de sa carte de crédit. En trois semaines, elle avait dépensé des milliers de livres sterling ! Je suis allé jeter un œil dans ses penderies, et j’ai découvert des tas de vêtements nouveaux. Des petites robes sexy, des tailleurs pantalon moulants, de la lingerie fine… tout cela griffé des plus grands noms. Le genre de choses qu’on porte quand on veut séduire son patron.
— Apparemment, cela a fonctionné.
— Oh ! très bien ! Je lui ai parlé de ces vêtements, ce qui l’a fait fondre en larmes. Elle a prétendu être malheureuse à la maison ; bien sûr, elle adorait Jack, mais son emploi lui manquait. Il s’agissait de vêtements de travail, naturellement… Alors, comme un idiot, j’ai payé les factures et elle a repris son poste. Le reste, je te l’ai raconté.
Molly aurait voulu le réconforter, mais Scott retira sa main. Désemparée, elle examina les enfants en se demandant de quelle manière ces drames avaient pu affecter Jack. Aurait-elle porté cet enfant en sachant ce que le destin lui réservait ? Elle avait eu des doutes sur Crystal, mais trop tard, durant les derniers mois de sa grossesse. Est-ce que cela avait été une erreur de leur donner l’enfant après sa naissance ? Quand Jack éclata de rire et que le visage de Scott s’illumina d’un immense amour, la jeune femme comprit que, finalement, rien n’avait été une erreur.
« Mick est mort lui aussi, songea-t elle, et bien que nos deux histoires soient radicalement différentes, le résultat est le même… Libby se retrouve à présent dans la même situation que Jack. Malgré tout, jamais je ne pourrai dire qu’avoir eu ma fille a été une erreur ou que je regrette sa naissance. Non, j’ai eu raison de porter Jack. C’est Crystal qui a manqué à ses devoirs et je n’ai rien à me reprocher. En tout cas, Scott semble être un très bon père, et je savais qu’il le serait… »
— Il commence à être tard, reprit-elle en regardant sa montre.
— Prends donc un dernier petit café avant ton départ.
Comme il ne paraissait pas pressé de la voir partir et que Libby et Jack s’amusaient bien, la jeune femme accepta. D’ailleurs, si on le lui avait proposé, elle aurait passé toute la nuit à regarder Jack ! Suivant Scott dans la cuisine, elle se posta devant la fenêtre pour continuer d’observer les enfants.
— A quoi penses-tu ? lui demanda-t il.
— A rien de particulier. C’est juste si bon de le voir ! J’aimerais tant le prendre dans mes bras…
Molly s’interrompit et se détourna. La saisissant par l’épaule, Scott la serra contre lui avec force.
Les sanglots qu’elle retenait depuis un moment lui échappèrent tout à coup. Scott la berça un moment, la laissant pleurer sans rien dire, se *******ant de l’envelopper d’une réconfortante chaleur. Molly finit heureusement par recouvrer son calme. Il la relâcha progressivement, sans détacher d’elle ses grands yeux bleus pleins d’une sollicitude bouleversante.
— Ça va mieux ? demanda-t il doucement.
Elle acquiesça en se mouchant discrètement.
— Pour les photos, reprit-il, il faudra que je demande à Debbie de les retrouver. A propos, Mark et elle savent qui tu es par rapport à Jack. Tu peux donc parler librement quand tu es avec eux et que Jack n’est pas là.
Elle acquiesça de nouveau, et ils restèrent silencieux un instant, les yeux dans les yeux. L’expression de Scott se troubla soudain et un frémissement parcourut son visage. Il se reprit immédiatement et se détourna brusquement pour remplir leurs tasses de café. Sans son solide bon sens, Molly aurait pu jurer que, pendant une seconde, il avait été sur le point de l’embrasser avant de reprendre ses esprits et de renoncer à un acte aussi impulsif.
Impulsif, mais si tentant ! Elle avait beau se morigéner intérieurement, rien n’aurait pu lui faire davantage plaisir qu’un baiser de Scott ! Hélas ! celui-ci ne partageait apparemment pas ce fantasme…
Ils retournèrent au jardin et burent leur café en bavardant de leur travail à l’hôpital. La conversation resta neutre, mais il régnait cependant une telle tension entre eux que ce fut presque un soulagement lorsque Scott reposa sa tasse et se leva.
— Eh bien, je pense qu’il est l’heure que ce jeune homme aille au lit, annonça-t il. Il est presque 8 heures.
— Mon Dieu ! s’écria Molly en bondissant sur ses pieds. Je ne me rendais pas compte qu’il était si tard !
Il ne lui fallut qu’une minute pour installer Libby dans sa voiture. Au moment où elle allait prendre place au volant, Jack, que Scott avait pris dans ses bras, se pencha dans sa direction en tendant les bras.
— Un bisou ! s’écria-t il.
Malgré le nœud qui se forma instantanément dans sa gorge, Molly le serra contre son cœur et reçut son gros baiser humide avec une infinie reconnaissance.
— Bonne nuit, Jack, lui dit-elle. Fais de beaux rêves. Bonsoir, Scott, et merci pour tout…
— Il n’y a pas de quoi, répondit-il. Reviens quand tu veux.
Refoulant ses larmes, Molly s’installa dans son auto, mit le contact et démarra sans perdre un instant. Malgré ses efforts pour juguler son émotion, son trouble n’échappa cependant pas à Libby, qui posa une main réconfortante sur son épaule.
— Pauvre maman… Il t’a manqué, n’est-ce pas ? lui demanda-t elle.
— Oui… Au moins, je peux voir Laura régulièrement… Enfin, ajouta-t elle avec un sourire courageux, désormais je pourrai rendre visite à Jack, et tout ira bien. Je suis juste émue de l’avoir retrouvé sans avoir eu le temps de m’y préparer. Je suis désolée, ma chérie. Tout va bien, maintenant.
Elle adressa un sourire reconnaissant à sa fille, qui faisait montre d’une perspicacité rare pour une enfant de son âge. Libby ressemblait beaucoup à Mick, qui lui avait transmis sa générosité, sa bonté et sa sensibilité. Penser à son défunt mari la remplit d’une soudaine tristesse. En dépit du temps écoulé, il lui manquait toujours, avec son sens de l’humour et sa tendresse. Sans parler de leur complicité de tous les instants…
Et sa dignité, aussi. Malgré l’accident qui l’avait cloué dans un fauteuil roulant et rendu dépendant des autres pour accomplir les gestes les plus intimes, Mick n’avait jamais cessé d’être profondément digne, et elle avait été incroyablement fière de lui. Molly se demanda soudain ce qu’il aurait pensé de sa décision d’être mère porteuse. Son instinct lui disait qu’il l’aurait encouragée avec compréhension, sans que cela ne l’empêche en même temps de s’inquiéter pour elle. Elle n’aurait cependant jamais pu le faire de son vivant. Mais il était mort, et porter les enfants de couples stériles lui avait permis de combler le vide immense qu’il avait laissé derrière lui après sa disparition aussi soudaine qu’inattendue.
Durant les mois affreux suivant la fatale pneumonie de Mick, elle avait été totalement perdue. Après des années passées à prendre soin de lui, elle s’était soudain retrouvée seule avec Libby, et avait éprouvé la terrible impression d’être inutile.
Or, il était vital pour Molly de se sentir utile. Par le plus grand des hasards, l’opportunité s’était présentée de rendre service à un couple incapable d’avoir un bébé naturellement. A cause de la paraplégie de Mick, Libby avait été conçue par fécondation in vitro, et cela lui avait permis de comprendre l’angoisse d’une femme fertile qui, à cause d’une anomalie physique, ne pouvait porter son propre enfant.
Molly aurait été incapable de se séparer de son propre bébé, et aucun des deux qu’elle avait portés n’était génétiquement le sien : ils avaient été implantés sous forme d’embryon. Malgré tout, rendre Jack à ses parents biologiques en sachant qu’elle ne le reverrait jamais avait été très dur. Il lui avait fallu des années pour s’habituer à cette séparation et, à présent, elle se rendait compte qu’elle n’avait jamais vraiment réussi à l’admettre. Cela l’avait pratiquement anéantie. Par un incroyable hasard, Jack venait de réapparaître dans sa vie et, cette fois, elle n’avait pas l’intention de le laisser en ressortir !
Maintenant, il ne lui restait plus qu’à admettre que Scott lui aussi était de retour dans sa vie…









 
 

 

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a suivre....trés bientot




 
 

 

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anderson, books, caroline, caroline anderson, d'amour, french books, french novels, french romance books, french romance novels, lien, novels, ÑæÇíÇÊ, ÑæÇíÇÊ ÃÌäÈíÉ, ÑæÇíÇÊ ÑæãÇäÓíÉ, ÑæÇíÇÊ ÑæãÇäÓíÉ ÃÌäÈíÉ, ÑæÇíÇÊ ÑæãÇäÓíÉ ÝÑäÓíÉ, ÑæÇíÇÊ ÝÑäÓíÉ, romance, romance books, romance novels, un lien d'amour, ÞÕÕ, ÞÕÕ ÃÌäÈíÉ, ÞÕÕ ÑæãÇäÓíÉ, ÞÕÕ ÑæãÇäÓíÉ ÃÌäÈíÉ, ÞÕÕ ÑæãÇäÓíÉ ÝÑäÓíÉ, ÞÕÕ ÝÑäÓíÉ, ßÊÈ, ßÊÈ ÃÌäÈíÉ, ßÊÈ ÑæãÇäÓíÉ, ßÊÈ ÑæãÇäÓíÉ ÃÌäÈÉ, ßÊÈ ÑæãÇäÓíÉ ÝÑäÓíÉ, ßÊÈ ÝÑäÓíÉ
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