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CHAPITRE 6

Le téléphone sonna juste après huit heures, et voyant qu’il s’agissait de Jared, Tasha faillit ne pas décrocher.
— Tu n’as rien à me dire, Tasha ?
— J’aurais préféré rester muette mais si tu me tentes…
L’écho du rire de Jared, un peu voilé, la surprit et la troubla.
— Pourquoi appelles-tu, Jared ?
— Monica arrive par avion demain. Elle vient nous rendre visite…
Monica, la mère de Jared, avait perdu son mari. Comme elle entretenait d’excellents rapports avec Tasha, elle venait souvent à Brisbane passer quelques jours chez eux. Jared lui avait-il dit qu’ils ne vivaient plus ensemble ?
— Elle ne reste que peu de temps, car elle part sur la côte. J’ai pensé qu’on pourrait l’emmener dîner samedi soir et peut-être, aller au théâtre.
— Et si je refusais ?
— Elle serait terriblement déçue de ne pas te voir.
Jared ne mentait pas et Tasha avait une réelle affection pour Monica. Déchirée, elle se résolut au compromis.
— D’accord… pour le dîner.
— Je te rappellerai quand j’aurai réservé.
Si c’était cela, vivre seule ! médita Tasha en s’insinuant dans le trafic dense du début de matinée. Depuis qu’elle avait pris son indépendance, Jared lui avait téléphoné sans discontinuer, ils avaient dîné ensemble, s’apprêtaient à le refaire et elle vivait entourée des roses qu’il lui faisait parvenir… Cette fois, c’était Monica qui les obligeait à se revoir. Et la semaine suivante, quoi encore ?
Leur séparation tournait à la farce. Et par la faute de qui ?
Tasha se gara dans le parking souterrain du bureau et s’apprêta à une autre dure journée. De fait, lorsqu’elle rentra le soir, elle en était à se demander qui pouvait bien vivre les grossesses radieuses évoquées par les magazines. Depuis le matin, une nausée insidieuse s’était ajoutée à sa fatigue. Il n’y avait pas de quoi se sentir radieuse le moins du monde.
Tout ce qu’elle souhaitait, c’était une bonne douche et un dîner léger. Puis elle se blottirait dans un fauteuil avec un bon livre et tirerait un trait sur les tracas jusqu’au lendemain.
Tasha venait à peine de s’asseoir lorsque le téléphone sonna. Heureusement, ce n’était qu’Héloïse. Elle poussa un soupir de soulagement.
Son amie lui proposait le rendez-vous habituel pour déjeuner ensemble le lendemain. Tasha accepta avec plaisir mais sa voix laissait percer sa lassitude.
— Comment te sens-tu ? s’enquit Héloïse.
— En morceaux… Je te passe les détails.
— Dois-je demander des nouvelles de Jared ?
— De préférence non.
— Comme tu voudras, répondit son amie en riant. A demain, alors. Passe une bonne nuit.
Le sommeil ne lui fit pas défaut et le lendemain, au réveil, Tasha se sentait fraîche et dispose. Cet état plaisant dura bien cinq minutes, avant que son estomac ne se contracte et l’oblige à se réfugier dans la salle de bains.
Au travail, les secrétaires absentes avaient été remplacées par des temporaires. Les choses reprenaient leur cours habituel. Tasha vit affluer sur son bureau tout ce qui avait pris du retard et passa sa matinée à tout mettre à jour.
Elle parvint quand même à rejoindre Héloïse presque à temps. Le restaurant sous les arcades n’était pas très loin du bureau. Son amie l’accueillit avec un sourire affectueux et elles s’étreignirent.
— Que prends-tu ?0
Tasha commanda du thé et une salade César. La serveuse revint rapidement avec les plats et les deux amies, tout en bavardant, commencèrent leur déjeuner.
— Comment vas-tu ? s’enquit Tasha.
— A vrai dire… Je ne voulais pas t’en parler au téléphone mais…
Le regard de son amie pétillait d’excitation contenue.
— On a proposé à Simon un excellent poste à New York, reprit Héloïse. Nous en avons parlé… Il accepte. Lui part dans quinze jours et je le rejoins deux semaines plus tard.
— C’est formidable ! s’exclama Tasha, sincèrement enthousiasmée. Mais tu vas me manquer terriblement…
Ce n’était que pure vérité. On pouvait avoir de nombreuses relations et pourtant, les amis véritables se comptaient sur les doigts d’une main.
— Allons, New York n’est pas si loin, la consola Héloïse. Nous pourrons toujours correspondre par e-mail… Et j’ai déjà prévenu Simon que je reviendrai pour la naissance de ton bébé.
— Oh ! Héloïse ! Tu ferais ça ?
— Je ne voudrais manquer le grand événement pour rien au monde ! N’oublie pas, dit-elle d’un ton faussement solennel, que la petite personne que tu portes sera mon filleul. Ou ma filleule.
— Bien sûr ! C’était prévu entre nous depuis toujours…
Tasha s’interrompit, percevant un froncement de sourcils sur le visage de son amie.
— Ça ne va pas ?
— Je viens de voir entrer Jared avec Soleil.
— Ils se dirigent par ici ?
— On dirait.
— Soleil est conseillère juridique sur l’affaire que traite Jared, lui rappela Tasha.
Mais au même moment, elle se disait qu’il était bien tard pour un déjeuner d’affaires… La session de l’après-midi avait déjà commencé, au tribunal.
— Jared vient de nous remarquer, l’informa Héloïse. Et Soleil fait de son mieux pour ne pas sembler trop déçue !
— Cette femme est une actrice-née.
— Cela promet d’être intéressant, murmura Héloïse alors que le couple les rejoignait. Bonjour, Soleil. Jared, quel plaisir !
— Tasha…
Il se pencha pour effleurer sa joue d’un baiser, posant la main sur son épaule.
— La plaidoirie est ajournée jusqu’à demain, précisa-t il, et Soleil a suggéré qu’on mange un morceau avant de regagner le bureau.
Qu’y avait-il d’étonnant à cela ? Soleil aurait fait n’importe quoi pour un tête-à-tête avec Jared.
— Pourquoi ne pas vous joindre à nous ? offrit suavement Héloïse, ignorant le regard noir de Tasha.
— Nous ne voudrions pas interrompre votre discussion entre filles, rétorqua Soleil avec une égale suavité. D’autre part, Jared et moi devons discuter de quelques points de notre affaire…
Tasha choisit de jouer le jeu.
— Discussion confidentielle, bien entendu… Mais je doute que vous trouviez une table à cette heure-ci. Nous sommes sur le point de finir, prenez donc la nôtre.
— Je m’en voudrais de vous presser, dit Jared d’un ton un peu rauque.
Se rendait-il compte des sous-entendus de leur petite conversation ? Peut-être pas, se dit Tasha. Néanmoins, elle n’allait certainement pas assister au numéro de vamp que Soleil allait donner.
— Je dois retourner au bureau, mentit-elle effrontément. Héloïse, tu es mon invitée.
Elle se leva. En fidèle amie, Héloïse la suivit.
— Au revoir, Jared. Soleil…
Dès qu’elles furent hors de portée de voix, Héloïse demanda :
— Pourquoi cette précipitation ? A quoi joues-tu ?
— A quitter les lieux avant de devenir impolie.
— Ce faisant, tu laisses le champ libre à cette vipère !
— Franchement, je m’en moque.
— Allons donc !
Tasha régla la note et l’intermède coupa court à la discussion.
— Merci, reprit Héloïse. Ce devait être mon tour de t’inviter, tu sais… Appelle-moi.
Elles se séparèrent, chacune empruntant un chemin différent. Tasha passa l’après-midi à tenter d’oublier l’image de Soleil assise en face de Jared.
Ce n’était pas la première fois qu’ils allaient ensemble au restaurant. Jared décrivait ces pauses comme de simples déjeuners de travail. Seigneur, combien de fois Tasha avait-elle déjeuné avec un collègue, elle aussi ? Sans aucune idée romantique derrière la tête !
Donc, pourquoi cela la perturbait-elle autant ?
« Parce qu’il s’agissait de Soleil, une intrigante qui allait mettre tout en œuvre pour obtenir ce qu’elle voulait », gronda une voix intérieure.
Et qui n’hésitait pas à pousser ses avantages, constata Tasha lorsque Amanda lui annonça Soleil sur la ligne deux.
— Soleil… Que puis-je faire pour toi ? demanda-t elle froidement.
— Je tenais juste à t’avertir amicalement : rien ne me retient plus maintenant que Jared et toi êtes en train de vous séparer.
— Vraiment ? répliqua Tasha en essayant de paraître indifférente. Et qu’est-ce qui t’a menée à cette intéressante conclusion ?
— L’essentiel est que je sois au courant.
— Si c’est ce que tu espérais, pourquoi avoir attendu si longtemps ?
— Pour séduire Jared ?
Soleil égrena un rire en cascade, particulièrement irritant.
— J’ai quelques scrupules, parfois.
Première nouvelle, ironisa silencieusement Tasha avant de reprendre tout haut :
— Suis-je censée te souhaiter bonne chance ?
— Pas la peine, rétorqua Soleil, faisant tinter les notes cristallines de son rire. Je ne me fie jamais à la chance.
— Grand bien te fasse, Soleil. Maintenant, si tu n’as rien d’important à me dire, tu ne m’en voudras pas de te quitter. Un client m’attend.
Tasha raccrocha. Soleil l’avait tellement agacée qu’elle en aurait brisé quelque chose, rien que pour soulager sa mauvaise humeur. Laquelle persista tout l’après-midi… Tasha fut soulagée de partir pour pouvoir ruminer à son aise, dans son salon. Lorsqu’elle se gara devant chez elle, Damian attendait l’ascenseur. Le temps qu’elle entre, et il lui tint la porte.
— Fichtre, j’espère que votre colère n’est pas dirigée contre moi, dit-il avec un sourire malicieux.
Tasha secoua la tête et sourit. La bonne humeur de son voisin était contagieuse.
— Que diriez-vous de déposer les ennuis de la journée à votre porte ? reprit Damian. On pourrait aller au cinéma et grignoter un morceau…
Pourquoi pas ? Cela l’aiderait à décompresser.
— Vous êtes sûr, vous n’avez rien de mieux à faire ?
— Rien du tout. Je suis tout à vous.
Il ouvrit la porte de l’ascenseur et s’effaça devant elle.
— Dans dix minutes, ça vous va ?
Ils prirent la voiture de Damian et après un hamburger-frites, choisirent une comédie dans le cinéma de quartier le plus agréable. Le film était franchement amusant, et Tasha sortit de la projection d’excellente humeur. Il devait y avoir quelque chose de vrai dans l’adage qui présentait le rire comme la meilleure des médecines !
La thérapie dura jusqu’à ce que Tasha remarque une jeune femme à la chevelure auburn, qui, la voyant, s’empressa d’approcher.
— Eh bien, quelle coïncidence…, ronronna Soleil en arrivant à leur hauteur. Ne vas-tu pas nous présenter ?
Elle fixait Damian d’une manière si obstinée, si ostensible que celui-ci se racla la gorge et se présenta.
— Damian. Un ami de Tasha.
— Un ami, vraiment ? Vous avez fait connaissance dans le cadre du travail ?
— Non, répondit-il laconiquement.
Soleil laissa glisser son regard vers Tasha.
— Il faut que je parle à Jared de notre rencontre…
La perfidie de son propos était évidente. Tasha ne se laissa pas décontenancer. Elle passa son bras sous celui de Damian.
— Je suis sûre que ce genre d’histoire va le passionner. Tu veux bien nous excuser, Soleil ?
Damian comprit l’intention et lui emboîta le pas pour quitter l’auditorium.
— Je parie qu’il ne s’agit pas de votre meilleure amie…
Tasha leva un sourcil interrogateur.
— Comment l’avez-vous deviné ?
— Si vos regards avaient lancé des poignards, elle ne se serait pas relevée ! J’ai bien cru que vous alliez la massacrer, dit-il avec une grimace.
Son expression la fit rire.
— Vous êtes devin…
— Je peux faire mieux : à mon avis, cette entreprenante jeune femme lorgne le « compagnon ».
— Jared.
— Si vous le dites. Soleil ne sait pas que vous êtes enceinte ?
— Non.
— De toute façon, dit Damian, ouvrant la portière de Tasha, qu’elle le sache ou non n’a aucune importance. Car d’ici quelques semaines, Jared va vous récupérer, et ce sera comme si Soleil n’avait jamais existé. Au cas où il ait jamais remarqué son existence…
— Mais… Vous êtes incroyable. De quelle planète venez-vous ?
Il démarra en riant.
— Jared n’est pas fou. Il peut vous lâcher la bride, mais sous peu, il vous ramènera au bercail !
— Et si je ne veux pas y rentrer ?
Damian lui jeta un regard perçant.
— Etes-vous si sûre de ne pas le vouloir ?
Qu’il aille au diable ! Tasha ne se sentait pas prête à affronter une telle clairvoyance. Ils terminèrent en silence le trajet qui les ramenait à leur immeuble, dans le quartier de Kangaroo Point.
Au sortir de l’ascenseur, Tasha posa une main légère sur le bras de son voisin.
— Merci. J’ai passé une excellente soirée. Je recommencerai avec plaisir, si cela vous convient aussi.
— Quand vous voudrez. Prévenez-moi !
Un grand sourire illuminait son plaisant visage.
— Et n’hésitez pas à appeler en cas de besoin.
Tasha entra chez elle, referma soigneusement le verrou, et quelques minutes après, elle était dans son lit.
*
* *
Dîner en compagnie de Monica, la mère de Jared, avait toujours été un plaisir pour Tasha. Ces deux années avaient créé entre elles des liens solides.
Mais que Monica pensait-elle de leur couple ? Croyait-elle que leur expérience de vie commune déboucherait sur un mariage ? Des enfants ? L’espérait-elle ?
Avec beaucoup de tact, la mère de Jared avait évité toute question mais au fil du temps, on pouvait comprendre qu’elle s’interroge sur le sens que son fils donnait à cette relation.
Tasha ne pouvait donc réprimer une certaine nervosité, tout en se préparant pour la soirée. Pour consolider sa confiance en elle, elle choisit un tailleur-pantalon rouge, très chic, et le compléta de hauts escarpins. Elle se maquilla avec légèreté, soulignant sa bouche d’un gloss brillant.
Jared devait passer la prendre à 18 heures. Elle descendit quelques minutes avant et déboucha dans le hall juste au moment où la Jaguar se garait.
Un instant, Tasha se demanda quelle explication Jared avait pu fournir à sa mère au sujet des appartements séparés. Y aurait-il un reproche muet dans le regard de Monica ?
Et la grossesse ? En avait-il parlé, ou comptait-il lancer la nouvelle comme une bombe en plein milieu du repas ?
Jared ne lui laissa pas même le temps d’un bonjour. Il se pencha vers elle et prit ses lèvres, enlaçant sa langue à la sienne pour un baiser bref mais évocateur. Tasha sentit ses jambes se dérober. Chaque centimètre de sa peau renaissait à la vie.
Il ne jouait pas franc-jeu… Mais comme ils n’étaient pas seuls, Tasha ravala ses commentaires.
Monica s’avança et lui prit affectueusement les mains.
— C’est un tel plaisir de vous revoir !
— Plaisir partagé, assura Tasha avec un chaleureux sourire. Vous comptez passer quelque temps sur la côte, à ce que m’a dit Jared…
Ils regagnèrent la voiture en devisant et Jared leur tint les portières ouvertes.
— Tasha, asseyez-vous devant, décida la mère de Jared.
Le refus de Tasha provoqua son insistance.
Essayait-elle délibérément de la réconcilier avec son fils ?
Le restaurant que celui-ci avait choisi était connu comme l’un des plus réputés. Le maître d’hôtel se porta à leur rencontre et, avec déférence, les plaça à l’une des tables les mieux situées.
— Alors, quoi de neuf ? s’enquit Monica en attendant la venue du sommelier.
Voilà ce que Tasha attendait et redoutait tout à la fois. Que dire ? La vérité semblait, comme souvent, la meilleure solution.
— Vous voulez dire, à part mon déménagement ?
— Je suis certaine que vous aviez une bonne raison.
Tasha leva les yeux vers Jared : il restait de marbre.
L’arrivée du sommelier fournit un répit et ils passèrent la commande du repas.
A peine eut-il disparu que Jared reprit la main :
— Continue, Tasha, tu ne seras plus interrompue.
— Je suggère que tu donnes toi-même l’explication, se défendit-elle. Tu manies si bien le langage…
Le rire tranquille de Jared la déconcerta.
— A ton gré : de qui que provienne la nouvelle, je suis certain que ma mère sera ravie de l’apprendre. Tu vas bientôt devenir grand-mère.
— Vous allez avoir un enfant ?
Une joyeuse surprise illumina le beau visage de Monica.
— J’en suis tellement heureuse pour vous deux !
Tout à son ravissement, elle serra ses mains l’une contre l’autre et se pencha vers Tasha.
— Comment se passe la grossesse ?
— Elle a des matins difficiles, intervint Jared. Et pour répondre à ta prochaine question, oui, j’ai proposé à Tasha de m’épouser.
— Mes enfants, si je peux vous aider en quoi que ce soit pour les préparatifs…
On en arrivait à l’instant le plus douloureux.
— Il n’y aura pas de mariage, dit doucement Tasha. La grossesse n’était pas prévue.
Monica tourna un regard interrogateur vers son fils.
— Je travaille à la faire changer d’idée, maman…
Disait-il la vérité ?
Heureusement, le serveur apporta les entrées, ce qui fournit une diversion, et Tasha admira le tact de Monica : avec le plus grand naturel, celle-ci enchaîna sur une conversation agréable et toute différente du sujet précédent.
La mère de Jared était active dans de nombreux domaines et s’occupait d’organisations caritatives. Comme elle racontait à merveille les anecdotes que ne manquaient pas de lui fournir ses occupations, Tasha finit par se détendre un peu.
D’autant plus que les plats étaient délicieux, et très raffinés. Jared avait commandé des gambas et elles semblaient si succulentes que Tasha ne put retenir un regard d’envie. Jared lui retourna un sourire chaleureux et piqua une crevette au bout de sa fourchette.
— Goûte…
Du bout des dents, Tasha cueillit le délicat crustacé dont la chair lui sembla fondre sous son palais. La sauce était divine : comment dissimuler son plaisir ? Jared, en la voyant savourer sa bouchée, lui en proposa une deuxième, de la même façon. L’intimité du geste était flagrante… Tasha se laissa ensorceler. La magie agissait toujours entre eux et pendant un instant, elle se prit à souhaiter que tout fût comme avant. Si elle pouvait reculer les aiguilles des pendules…
Mais repartiraient-ils sur les mêmes bases ?
Sûrement pas. Le doute resterait présent… Jamais Tasha n’aurait voulu d’une union sans fondations solides. Elle n’était pas femme à se lancer légèrement dans l’aventure du mariage en se disant qu’au pire, le divorce résoudrait les conflits. Cela, c’était bon pour son père. Il n’avait jamais songé aux conséquences de ses revirements sentimentaux. Avait-il un instant imaginé la vie de la jeune Tasha, obligée de refréner son affection envers ses belles-mères, puisqu’elle savait qu’aucune ne ferait longtemps partie de la famille ? De même, l’adolescente avait évité de s’attacher à ses demi-frères et sœurs, car une fois le divorce prononcé, les jeunes mères les emmenaient définitivement.
Tasha avait vécu une jeunesse solitaire, marquée par la nécessité de lutter seule, sans attendre d’aide de quiconque.
— Tu sembles bien loin, dit tendrement Jared, conscient de son changement d’humeur.
Il aurait tant voulu la serrer contre lui, balayer ses craintes et la protéger, toujours. Pour qu’elle n’ait plus jamais aucune raison de douter.
Tasha parvint à afficher un faible sourire.
— Un instant d’inattention, ce n’est rien…
Mais elle n’avait plus faim et repoussa son assiette.
— Excusez-moi.
— Il n’y a rien à excuser, ma chérie, fit gentiment Monica.
Tasha déclina l’offre d’un dessert et préféra un thé.
Il était plus de 22 heures quand ils quittèrent le restaurant après que Jared se soit chargé de régler l’addition. En sortant, il enlaça les doigts de Tasha.
Son étreinte était chaude et ferme. Tasha n’eut pas envie de s’en dégager et ils demeurèrent ainsi jusqu’à la voiture.
Et lorsque Jared sortit des billets de théâtre, elle n’eut pas non plus envie de lutter. Elle avait pensé rentrer, mais Monica semblait si enthousiaste ! Pourquoi gâcher son plaisir ?
— J’adore ce metteur en scène ! Quelle bonne idée, Jared !
Le foyer du théâtre bruissait de monde. Chacun semblait rivaliser d’élégance et de toilettes.
Tasha reconnut quelques personnes de sa connaissance, et salua de la tête deux clients. L’assemblée devenait de plus en plus compacte et la conversation difficile, dans le brouhaha général. Le flux des spectateurs obligea Tasha à se rapprocher de Jared. Avec une acuité presque gênante, elle percevait la force qui émanait de lui.
Sous la coupe stricte du costume, les contours de son corps lui étaient si familiers ! Elle ressentit un besoin terrible de se lover contre lui. S’il pouvait l’enlacer, effleurer ses cheveux de ses lèvres…
Il suffirait de si peu, d’une simple oscillation, d’une bousculade pour qu’elle aille se blottir contre sa poitrine…
Tasha s’admonesta en silence : un geste aussi inconsidéré aurait de telles conséquences ! Et d’ailleurs, ces petits jeux étaient indignes d’elle. Prétendre qu’on l’avait bousculée ne tromperait personne.
Une sonnerie retentit, annonçant le début du spectacle.
— Ce sera un plaisir de s’asseoir un peu, soupira Monica. On étouffe, ici…
Ils se rendirent à l’orchestre et le rideau se leva sur une pièce du répertoire moderne, pleine d’humour et de finesse. Les acteurs étaient excellents et les deux heures du spectacle s’écoulèrent comme un songe.
Monica ne tarissait pas d’éloges lorsqu’ils quittèrent le théâtre. Jared lui baisa la main en souriant.
— Ravi que cela t’ait plu.
Tasha sentit la paume de Jared se plaquer contre ses reins. Devinait-il l’effet qu’avait sur elle ce simple geste ?
Un mois plus tôt, elle aurait cherché au fond de ses yeux sombres la promesse des moments intimes qui les réuniraient dans la nuit. Elle aurait souri, ils auraient badiné et tous deux, complices, se seraient laissés gagner par la brûlure du désir.
L’abstinence était mauvaise conseillère puisqu’elle lui dictait de se rapprocher de lui. Poser ses lèvres sur sa peau, sentir les muscles se tendre, et sous ses caresses, le toucher soyeux de sa virilité… Tasha en mourait d’envie. Son aura était aphrodisiaque, elle brûlait de goûter son corps.
Lui seul savait la métamorphoser : sous ses mains, elle devenait lascive, s’offrant à chaque plaisir qu’il choisissait de lui procurer. Elle les lui retournait au centuple, jusqu’à ce que le souffle de Jared se brise et qu’il l’arrache aux caresses qu’elle lui prodiguait. Alors il la conduisait au sommet, et chacun perdait tout contrôle dans les bras de l’autre.
— Jared…
Une voix sensuelle avait interrompu sa rêverie, et Tasha se mordit inconsciemment la lèvre. Soleil était là… Accompagnée d’un avocat connu dont Tasha peinait à se rappeler le nom.
— Quelle première extraordinaire ! s’exclama Soleil en laissant glisser sa main sur le bras de Jared. Et quel plaisir de vous revoir, madame North ! Tasha…
Le plaisir avoué semblait tout devoir à l’hypocrisie mais pour qui ne la connaissait pas, Soleil excellait à donner le change.
— J’espère que votre séjour se passe sous les meilleurs auspices, continuait-elle à l’adresse de Monica. Robert et moi allions justement chez Michael’s pour un café. Voudriez-vous vous joindre à nous ? Cela nous permettrait de bavarder un peu, chère Monica… Nous partageons un même intérêt pour tant de bonnes œuvres !
Seigneur ! Jared allait-il gober une ruse aussi grossière ? La seule personne avec qui Soleil tenait à bavarder, c’était lui ! Quant à son soi-disant dévouement aux actions caritatives, mieux valait ne pas gratter sous la surface : Soleil se *******ait d’assister, parée comme une princesse, à tout événement susceptible de lui valoir une photo bien placée à la une des revues juridiques spécialisées. Monica, au contraire, œuvrait dans l’ombre et efficacement, donnant de son temps sans compter.
— Merci mais nous avons d’autres engagements, dit Jared en s’inclinant légèrement.
Façon élégante de se dégager, car d’engagement il n’y avait point. Soleil dissimula sa déception sous un sourire qui n’atteignait pas ses yeux.
— Une autre fois, peut-être ?
— Une autre fois.
Ils se séparèrent. Portés par le mouvement de la foule, Monica, Tasha et Jared se retrouvèrent bientôt à l’extérieur.
— Merci, dit Monica, l’œil pétillant.
— Pourquoi ?
— Tu m’as offert un excellent dîner, un spectacle de choix et pour finir, tu m’épargnes la fastidieuse compagnie de Soleil…
— Tout le plaisir est pour moi.
— Je connaissais la mère de Soleil. Une femme charmante… Dommage que sa fille n’ait pas hérité de ses qualités.
— Elle se défend très bien dans sa partie, tu sais.
Monica lança à Jared un regard perçant.
— Je n’en doutais pas, puisque tu acceptes de travailler avec elle.
Dans la voiture qui reconduisait Tasha à son appartement, tous restèrent silencieux. Mais les au revoir entre les deux femmes furent plus que chaleureux.
— Ne vous dérangez pas, dit Tasha en quittant l’habitacle.
Jared tint néanmoins à l’escorter. Elle ouvrait la bouche pour le remercier mais il posa un doigt ferme sur ses lèvres.
— Ne dis rien…
Le ton de sa voix était légèrement rauque et il attira Tasha vers lui, plaquant ses lèvres sur les siennes avec une détermination qui n’admettait aucun refus.
— Je t’appelle demain, dit-il alors que l’ascenseur s’ouvrait.
Elle monta et Jared attendit que les portes se fussent refermées pour partir.
Tasha avait décidé de consacrer son dimanche à la flânerie et au shopping. Elle se leva d’assez bonne heure, s’habilla d’un jean et d’un tricot léger. Le soleil était de la partie, baignant la matinée d’une douce chaleur.
Prenant ses lunettes de soleil et ses clés, elle sortit en direction de la rive sud, où se tenaient divers marchés d’artisanat. Paresseusement, elle déambula d’échoppe en échoppe. Puis elle alla manger une pizza en terrasse et se consacra aux incontournables courses dans les grands magasins.
Lorsqu’elle reprit sa voiture, le soleil jetait ses derniers feux dans un ciel strié d’orange et de rose. Le coffre de Tasha débordait de paquets, et elle s’était arrêtée au traiteur chinois pour un léger en-cas de nems et de soja.
La fatigue de la journée la portait à lézarder. C’était un soir à regarder un film à la télévision. Ensuite, une bonne douche, et rien de plus fatigant avant de se coucher.
Le téléphone sonna sur le coup de 20 heures. Tasha sortait à peine de la douche. A la hâte, elle enroula une serviette sur son corps humide.
— Tasha…
La voix de Jared lui donna la chair de poule. Instinctivement, elle resserra la serviette autour d’elle en un geste de protection.
— Bonsoir Jared, dit-elle d’une voix tellement formelle qu’un rire amusé lui répondit. Tu vas bien ?
— Comme un homme qui tape depuis deux heures sur son clavier des références, en vue d’un renvoi de l’affaire. Et toi ?
— Comme quelqu’un qui s’apprête à aller au lit après une soirée télé.
— Je pourrais proposer quelque chose de plus motivant.
La voix était chaude, vibrante de sous-entendus. Son pouls se mit à battre la chamade.
— Je n’en doute pas, répliqua-t elle en luttant pour garder son calme. Mais je vais décliner l’offre. Tu m’appelais à propos de… ?
— D’un gala de charité à l’hôtel Hilton, mardi soir. J’ai deux billets. De beaux objets ont été légués à la fondation, et ils tiennent des enchères.
S’habiller sur son trente et un et rester trois heures en représentation n’avait rien qui puisse tenter Tasha. Jared dut le sentir car il plaida :
— C’est pour une bonne cause, tu sais ! De plus, il y aura une vente de porcelaine ancienne.
Il savait bien que c’était le point faible de Tasha : elle adorait la porcelaine. Effectivement, elle répondit d’un ton moins froid :
— Je présume que tu m’invites…
— Tu présumes à juste raison.
— J’accepte.
— Très bien. Sois prête à 18 h 30, un cocktail est prévu avant les enchères.
— Bien, chef.
Il y eut un silence perceptible à l’autre bout du fil.
— Tu peux jouer au brave petit soldat tant que tu es au téléphone mais seras-tu aussi courageuse quand nous serons face à face, mon chou ?
Les inflexions de sa voix étaient celles des nuits chaudes, lorsque les mots murmurés, avec douceur et volupté, promettaient des regains de plaisir…
— A ton avis ?
Elle ne parvint pas à se convaincre que sa voix n’avait pas vacillé.
— A mardi, Tasha. Dors bien…

 
 

 

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chapitre 7

Le lundi lui apporta une rose, et le mardi une autre, qu’elle plaça avec les précédentes en face de son bureau. La première n’avait pas seulement commencé à faner.
Le choix d’une tenue pour la soirée d’enchères demandait réflexion et Tasha opta pour une classique jupe noire, longue et parfaitement coupée, qu’elle égaya d’un haut brodé de sequins d’argent. Une étole de soie argentée vint mettre la touche finale, et, chaussant des escarpins noirs à talons aiguilles, elle releva ses cheveux en chignon.
Elle vérifiait son rouge à lèvres lorsque le bourdonnement de l’Interphone lui signala l’arrivée de Jared.
— Je descends.
Lui aussi avait misé sur l’élégance : il avait une allure stupéfiante, en smoking et nœud papillon. Toute femme se serait retournée sur son passage…
La chaleur de son sourire et l’admiration visible dans son regard donnèrent à Tasha comme un frisson de plaisir.
— Tu es très en beauté. Très séduisante…, la complimenta Jared en lui ouvrant la Jaguar. Et sexy.
Il referma la portière sans lui laisser le temps de protester.
Le chasseur du Hilton s’occupa de garer la voiture, ce qui permit à Tasha et à Jared d’arriver pile à l’heure. Le champagne circulait déjà dans le salon particulier réservé à l’étage pour l’occasion.
A 19 h 30, les portes de la grande salle furent ouvertes, et les futurs acheteurs purent contempler les pièces mises aux enchères. Outre la porcelaine, il y avait quelques tableaux et des bijoux. Des agents de sécurité circulaient en permanence et Jared ne quitta pas Tasha. Ils admirèrent plusieurs services de porcelaine fine, ainsi que des vases en cristal de chez Baccarat et Lalique.
— Y a-t il quelque chose que tu aimes particulièrement ? s’enquit Jared.
— Ce serait plus rapide de te dire ce que je n’aime pas ! s’exclama Tasha en riant. Allons-nous voir les tableaux ?
Elle savait que les préférences de Jared se portaient vers la peinture, et Tasha ne fut pas surprise de voir qu’il avait déjà repéré quelques natures mortes sur le catalogue.
Sans surprise, ils croisèrent les Haight-Smythe, eux aussi amateurs d’art. Quelques plaisanteries furent échangées, mais l’heure des enchères approchait et ce fut au dernier moment, alors qu’ils étaient à nouveau seuls, que Tasha remarqua le père de Soleil. Sa fille le rejoignit et s’avança vers eux. Les salutations d’usage furent échangées.
— C’est à peine une surprise, dit Soleil avec un sourire triomphant. Jared, j’aurais parié te voir ici ce soir.
Jared l’aurait-il parié aussi, s’interrogea Tasha ?
— Non, chuchota-t il, lisant ses pensées, alors que son père entraînait Soleil vers les bijoux.
Peut-être pas. En tout cas, il était lassant de croiser Soleil à chaque fois qu’ils sortaient en ville.
— Entièrement d’accord avec toi, décréta Jared.
— Es-tu devenu télépathe ? rétorqua-t elle, sidérée.
Le sourire de Jared lui fit battre le cœur.
— Non. Mais tu n’es pas trop difficile à deviner. Heureusement pour moi…
— Pardon ?
Il passa un doigt sur le renflement de sa lèvre.
— Disons que certaines fois, cela m’a guidé…
Tasha piqua un fard et fut reconnaissante au commissaire-priseur de commencer les enchères.
Tasha n’enchérit pas, mais Jared le fit à plusieurs reprises, emportant une huile sur toile, une figurine en porcelaine de Lladro et un vase en cristal Lalique. Dans l’ensemble, la vente fut un succès, dépassant largement les espérances de la fondation.
Une fois les questions financières réglées, les participants furent conviés au salon où les attendaient thé, café et petits fours.
Bien entendu, Soleil mit un point d’honneur à les rejoindre. Elle était si radieuse que Tasha se sentit le cœur au bord des lèvres. Mais son énergie naturelle reprit le dessus.
— Nous semblons partager les mêmes goûts, en matière de sortie…, dit-elle avec une ironie à fleur de mots.
Elle eut la satisfaction de constater que Soleil plissait les yeux, très consciente du sous-entendu.
— L’élite de Brisbane se compte sur les doigts de la main, répliqua cette dernière. Pas étonnant que nous nous retrouvions. Nous sommes tout de même moins nombreux qu’à New York…
— Même à New York, vous vous arrangeriez pour traquer votre proie.
La bouche aux contours parfaitement dessinés se pinça, et Soleil rétorqua :
— Ravie que vous reconnaissiez mes talents. Une femme avertie en vaut deux…
A cet instant, Jared prit la main de Tasha et la porta à ses lèvres.
— Si nous rentrions, chérie ?
— Bien sûr.
Tasha adressa un sourire poli vers Soleil et son père.
— Bonsoir…
Elle faillit ajouter que la rencontre avait été un plaisir mais se ravisa. L’hypocrisie n’était décidément pas son fort.
— Peux-tu m’expliquer la raison de cet échange aigre-doux ? fit Jared dès qu’ils eurent quitté l’hôtel.
— Je préfère parler d’autre chose.
— Soleil est…
— Excellente dans sa partie, compléta Tasha.
— Très obstinée dans ses approches, allais-je dire.
Le chasseur leur fit ramener la Jaguar et accepta le pourboire que lui glissa discrètement Jared.
Avec un ronronnement félin, la voiture fonça dans la nuit.
— Elle ne perd pas une occasion avec les hommes, reprit Jared en rejoignant le centre-ville.
— Ah, tu as remarqué aussi…
— Je suis assez observateur, dit-il avec un sourire en coin.
— Tu m’impressionnes…
— Un compliment de ta part, Tasha ?
— Peut-être, concéda cette dernière.
Ils ne furent pas longs à atteindre la résidence de Kangaroo Point. Alors que Jared abordait le parking privé, elle défit sa ceinture de sécurité.
— Merci pour cette intéressante soirée.
Elle avait parlé précipitamment, pressée de se réfugier chez elle.
Et pourtant, une partie d’elle-même voulait rester auprès de Jared… Elle brûlait de goûter sa bouche, de retrouver la sensuelle intimité de son contact. Mais elle savait qu’un bref baiser ne la satisferait pas. Elle voudrait aller plus loin, et c’était bien là le danger.
Il serait si simple de l’inviter à monter… Si merveilleux de lui faire l’amour. Elle savait que leur plaisir serait indescriptible. Et elle savait aussi que cela ne résoudrait rien. Seigneur, il lui fallait quitter cette voiture avant de faire la plus irréparable sottise de sa vie.
— Bonne nuit.
— Tu oublies quelque chose, fit calmement Jared.
Il encadra de ses mains l’ovale de son visage et l’embrassa. D’une façon si excitante, si ouvertement érotique que Tasha se sentit chavirée.
Lorsqu’il abandonna ses lèvres, elle était sous le charme, incapable de dire un mot.
— Si tu ne veux pas de moi dans ton lit ce soir, tu ferais bien de quitter cette voiture tout de suite, dit-il en effleurant doucement sa bouche.
Il ne lui en fallut pas plus pour revenir sur terre. Prenant son sac à la hâte, elle sortit ses clés et se retrouva devant l’ascenseur sans avoir jeté un regard en arrière.
Jared pianotait nerveusement sur son bureau. Jamais il ne s’était senti aussi seul, ni aussi oppressé.
Sa vie venait de basculer, en quelques jours à peine. Il avait quitté un état de bonheur serein pour les abords d’un territoire désolé dont l’étendue l’effrayait.
L’appartement vide, horriblement silencieux, le rendait malade. Plus aucune lumière ne l’accueillait le soir, plus aucun rire joyeux. La nuit, personne ne cherchait son étreinte. Le ciel lui en était témoin, il avait perdu toute joie de vivre en l’absence du corps tiède de Tasha lové contre lui.
Il exerçait un tel contrôle sur lui-même qu’il parvenait à plaider normalement. Mais en dehors du tribunal, il agissait mécaniquement, sans intérêt pour rien. Son travail était la seule chose qui le maintenait à flot et il s’y adonnait désespérément, rentrant le plus tard possible, et ramenant de lourds dossiers.
Comment aurait-il pu accepter la décision de Tasha ? Même s’il la respectait, comment admettre que ces deux années se soient évaporées sans laisser de trace ?
Bon sang, il lui avait demandé sa main ! N’était-ce pas suffisant ?
Apparemment non.
Sa première réaction avait été la colère. Il était sûr que Tasha reculerait devant une séparation et que si par hasard elle passait à l’acte, cela ne durerait pas. Quelques jours, une semaine au plus.
Mais cela durait. Elle acceptait ses appels, et répondait avec une politesse contrainte qui le glaçait.
Il aurait tout donné pour qu’elle revienne… dans ses bras, chez lui, dans sa vie ! Le besoin qu’il avait d’elle le consumait.
Jared passa une main lasse dans ses cheveux, ébouriffant l’ordonnance parfaite de sa coupe. Appuyé au dossier de sa chaise, il regarda d’un œil vide la pile de dossiers qui se dressait devant lui, intacte… Machinalement, son regard dériva vers la baie vitrée. A ses pieds s’étendait la ville, lumineuse, indifférente à son désespoir.
Chaque nuit, c’était la même chose. Il évaluait ses chances, pesait le pour et le contre, essayait de trouver une ligne d’action… pour se dire finalement qu’il n’avait plus aucune carte en main. Ses compétences, son habileté et toute sa force de persuasion se heurtaient à la résolution de Tasha. Pour la première fois, inefficaces.
Le seul atout qui lui restait peut-être tenait au fait qu’elle acceptait toujours leurs obligations sociales communes.
D’un geste mécanique, Jared saisit son stylo-plume et tapota le bloc-notes relié cuir de son bureau.
Tasha acceptait de sortir avec lui, oui. Mais elle ne l’invitait jamais à monter…
Il étouffa un juron. Après avoir été amants, ils en revenaient à un flirt d’adolescents ! Pourtant, pendant les brèves étreintes qu’elle avait acceptées, il sentait chez elle la même sensualité, la même passion… d’aucuns appelaient cela une alchimie, d’autres une compatibilité sexuelle. Lui, tout simplement, pensait que c’était de l’amour. Le fluide magnétique circulait toujours entre eux et pendant deux ans, cela les avait menés à des sommets d’extase dont il n’avait jamais connu l’équivalent.
Une certitude était ancrée en lui : ce ne serait jamais pareil avec une autre.
Tasha ressentait-elle la même chose, lorsqu’elle acceptait encore de faire l’amour avec lui ? Sûrement. Aucune femme ne se serait abandonnée comme elle. Elle perdait tout contrôle, et semblait saisie d’une frénésie passionnelle qui le rendait fou. Certaines fois, il l’avait menée si loin, si haut qu’il avait cru la voir se consumer dans ses bras. Sienne, si pleinement…
Et pourtant, rien de tout cela ne se limitait au sexe. Tasha était devenu sa lumière, l’air même qu’il respirait. Sa raison d’être.
Jamais il n’accepterait de la perdre. Devenir un père par intermittence, réduit à un droit de visite… pour finir par voir un autre homme prendre sa place ?
Son poing se crispa à cette pensée. Un réflexe de défense presque animal lui commandait de se battre.
Cette fois, c’était dans un élégant coffret que se présentait la livraison. Tasha referma la porte de son bureau sur Amanda, et observa l’envoi. Il était très soigneusement emballé et sur le papier-bulle, on avait placé une carte de visite. Tasha la retira : « J’ai pensé que cela irait bien dans ton bureau. Jared. »
Curieuse, Tasha termina de déballer l’objet. Il s’agissait de la délicieuse figurine en porcelaine, le Lladro que Jared avait acquis lors des enchères. Une merveille…
Tasha ne put s’empêcher de l’appeler immédiatement.
— Merci…, dit-elle avec sincérité. Je l’adore.
— Mais de rien. J’aime provoquer ton plaisir.
Tasha frissonna au sous-entendu.
— Je comptais t’appeler ce soir, reprenait Jared. Tu n’as pas oublié le show au Casino Conrad-Jupiter ? Nous avions réservé des places…
Tasha ferma un instant les yeux. Elle avait complètement oublié… Ce qui n’avait rien d’étonnant, au vu des événements qui se bousculaient dans sa vie.
Ce spectacle au Casino — situé sur la Côte dorée — promettait d’être une extravagante folie. A l’époque, elle avait vivement souhaité le voir. Jared avait suggéré qu’ils combinent cette sortie avec un week-end sur la Côte dorée. L’appartement qu’il y possédait, dans une luxueuse résidence avec accès privé à la plage, rendait la proposition évidente. Et chacun de leurs séjours là-bas avait enchanté Tasha. Les journées se passaient sur le sable, quant à leurs nuits…
En toute logique, elle aurait dû refuser.
— J’aimerais mieux ne pas rester pour le week-end, dit-elle d’une voix faible, consciente que cela représentait déjà une capitulation.
— Il y a deux chambres dans l’appartement…
Croyait-il que cela serait de nature à la rassurer ?
— Jared…
— Sois prête à midi, Tasha.
Il coupa avant qu’elle n’ait eu le temps de formuler un vrai refus.

 
 

 

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chapitre 8

Passer un week-end sur la côte avec Jared était insensé. Alors, que faisait-elle sur le siège passager de sa voiture, à écouter un CD tout en admirant le paysage que déroulait l’autoroute ?
Bien sûr, elle mourait d’envie de voir ce spectacle au Casino. Néanmoins, elle jouait avec le feu en acceptant de partager son appartement.
Dix fois elle avait saisi son téléphone portable dans l’intention d’annuler. Et toujours, au dernier moment, elle l’avait reposé.
Ses propres tergiversations finirent par l’irriter. Après tout, n’était-elle pas assez forte pour lui résister ? Elle saurait lui montrer qu’elle voulait être son amie, rien de plus. C’était important pour la suite, puisqu’il y aurait l’enfant. Une amitié fondée sur une réelle affection valait mieux pour son éducation. Et quoi qu’il lui en coûte, même si cela devait lui briser le cœur, elle deviendrait l’amie de Jared.
— Quelle belle journée, tu ne trouves pas ?
Etait-ce bien lui qui parlait, avec cette politesse distante ? Elle en avait la chair de poule. Quand elle pensait à ce qu’ils avaient partagé, à leur intimité… dans son esprit, les images de leurs étreintes défilaient. Il valait pourtant mieux les oublier. Il le fallait.
Elle adorait la Côte dorée, la proximité de sa plage, ses parcs à thèmes et ses galeries marchandes, regorgeant de boutiques sophistiquées. Elle y trouvait tous les avantages de la ville, sans les inconvénients. Dans ce paradis touristique régnait une atmosphère festive tout au long de l’année.
Le trajet fut bref, et bientôt, ils empruntèrent le boulevard qui longeait la côte. Tasha frémit d’impatience à la vue des élégants immeubles, bordant une mer indigo scintillante. Cette vue avait pour elle des vertus magiques.
Quelques instants plus tard, Jared garait la Jaguar au parking souterrain.
— Je propose que nous posions nos affaires et qu’ensuite, nous descendions déjeuner sur Tedder Avenue.
— Excellente idée, dit Tasha en le suivant vers les ascenseurs.
Tedder Avenue était l’un de ces quartiers chic où la belle société aimait à se retrouver autour d’un brunch au Bahia, ou d’un café au Mustang Sally. La journée s’écoulait tranquillement à ne rien faire en attendant l’heure d’un dîner en terrasse, sur le bord de mer.
C’était une vie facile, oisive, dont Tasha ne se serait pas satisfaite au quotidien, mais qui était vraiment plaisante le temps d’un week-end.
L’appartement de Jared donnait sur la plage, et les baies ouvraient sur l’océan… Spectacle chatoyant, toujours mouvant. L’ameublement, luxueux, déclinait des camaïeux de blanc et de beige. C’était l’endroit idéal où se détendre et oublier ses soucis.
Tasha déposa ses affaires dans la chambre d’amis et suspendit la tenue qu’elle comptait porter dans la soirée. Puis elle prit son sac et rejoignit Jared.
Il était appuyé à la vitre et regardait la mer. Il se retourna à son approche et rien n’aurait pu préparer Tasha à l’émotion électrisée qu’elle ressentit en le voyant.
Il avait vraiment tout pour lui : une taille et un physique que beaucoup lui enviaient, une carrure sculpturale et un visage fin qui lui donnaient un côté sauvage, indompté ajoutant à son charme. La sensualité qui émanait de lui en faisait un homme vraiment dangereux.
Mais il n’y avait pas que cela : sa profondeur de vues, son intelligence lui avaient forgé un caractère trempé. Il savait se montrer d’une extrême sophistication et pourtant, on devinait en lui un élément indéfinissable, de l’ordre de la détermination, qui pouvait s’avérer fatal à tout ennemi.
— Tu es prête ?
— Oui, allons-y.
Elle avait faim de plus en plus fréquemment dans la journée. Il était trop tôt pour que son corps manifeste de notables changements, mais Tasha avait remarqué quelques menues différences.
Ils se rendirent à pied au cœur de Tedder Avenue, et une terrasse les accueillit bientôt. Après avoir commandé un plateau de fruits de mer, Jared s’enquit des projets de Tasha pour l’après-midi.
Une multitude de choix s’offrait à elle mais elle pencha pour le plus simple :
— Une promenade sur la plage pour me détendre.
— Pas de shopping ?
— Il n’y a rien dont j’aie besoin.
A l’exception d’une chose, qui ne pouvait s’acheter…
Vers 15 heures, ils eurent terminé et descendirent sur la plage pour déambuler pieds nus dans le sable jusqu’au Sheraton Hotel où ils prirent une boisson fraîche à l’ombre du bar. Puis ils rebroussèrent chemin, marchant paresseusement au bord de l’eau, inhalant la fragrance iodée de l’air.
En fin d’après-midi, détendus et gorgés de soleil, ils regagnèrent l’appartement pour se changer.
Tasha avait sélectionné un fourreau noir pour cette soirée, d’une coupe élégante et près du corps. Elle arborait un pendentif de diamants et des boucles d’oreille assorties. Après s’être vêtue, elle accorda un soin tout particulier à son maquillage, et releva ses cheveux en queue de cheval, laissant quelques mèches folles encadrer son visage. Pour finir, elle enfila des escarpins noirs et prit un petit sac de soirée.
Jared lui avait réservé une surprise et la conduisit directement au Palazzo Versace Hôtel. Quatre étoiles, le summum du luxe.
On vint leur ouvrir la porte de la voiture et un voiturier la prit en charge, tandis qu’on les précédait dans le spacieux hall d’entrée.
— Je crois que tu aimes bien cet endroit…
— Oui, murmura Tasha, éblouie. C’est l’un de mes préférés.
Elle se rappelait la première fois où il l’avait emmenée au Palazzo, peu après l’ouverture de l’établissement. Elle avait adoré son décor élégant, ses dalles et ses piliers de marbre, son bassin intérieur où s’épanouissaient des fleurs d’eau et sa vue imprenable sur la côte.
— Merci, reprit-elle doucement.
— C’est à moi que cela fait plaisir.
Elle lui sourit, combattant l’envie de s’attarder sur le dernier mot qu’il avait prononcé. Détends-toi, s’adjura-t elle silencieusement alors que le maître d’hôtel les conduisait à leur table. Profite de l’instant, sans plus penser à rien.
Le soleil déclinait. Bientôt, il ferait nuit. Le paysage prendrait alors une autre dimension, mystérieuse et secrète malgré les brillantes lumières de la ville.
Ils passèrent un moment délicieux, dégustèrent des mets exquis, et ce fut presque à regret qu’ils quittèrent cet eden pour se rendre au Casino.
Celui-ci n’était distant que de quelques kilomètres en direction du sud et pendant le trajet, Tasha se rendit compte à quel point le magnétisme de Jared n’avait cessé de s’imposer à elle, tout au long de cette journée.
Chaque fois qu’il posait une main légère au creux de ses reins, ou sur son épaule, quand il enlaçait ses doigts ; c’était comme s’il imprimait sa marque en elle.
Comment ignorer la chaleur de son regard, comment méconnaître ses propres réactions ?
Jared était-il conscient des battements accélérés de son cœur, de sa crispation frémissante quand il la touchait ?
Elle aurait tout donné pour pouvoir l’embrasser… En sortant de voiture, mue par un réflexe inconscient, elle faillit lui tendre ses lèvres. Ce ne fut qu’à la dernière seconde qu’elle se reprit.
Le Casino était une ruche bourdonnant de monde et d’activités. Lui tenant fermement la main, Jared conduisit Tasha jusqu’à l’auditorium.
« Spectaculaire », « Incroyable »… Tasha ne tarit pas d’éloges pour décrire le show. La musique, la mise en scène, tout l’enchantait, et son enthousiasme se reflétait dans son regard.
Savait-elle combien elle était ravissante ? Son charme n’était pas superficiel, comme chez les femmes que fréquentait Jared dans son milieu. La séduction de Tasha irradiait du plus profond d’elle-même. Elle était sans artifice, ne jouait aucun méprisable petit jeu. Son authenticité avait amené un souffle d’air frais dans sa vie.
Curieusement, Jared n’avait jamais envisagé qu’elle pût le quitter. Dans ses relations avec les femmes, c’était le plus souvent lui qui rompait. Cette fois, pourtant…
— Je n’aurais manqué cela pour rien au monde, s’exclama Tasha lorsque les lumières se furent définitivement éteintes. N’était-ce pas fantastique ?
— Excellent. Veux-tu aller prendre un verre ?
— D’accord.
Ils gagnèrent le foyer et Jared installa Tasha à une table. Puis il s’éclipsa pour passer la commande au bar, pris d’assaut par le public, et lorsqu’il revint, il était en compagnie de… Soleil. Etait-ce une coïncidence ? Tasha estima que dans ce cas, le hasard faisait trop bien les choses…
A les voir ensemble, elle s’aperçut qu’ils formaient un couple étonnant. La crinière auburn de Soleil était un atout éblouissant, qui couronnait une silhouette sans défaut. Son visage charmeur, ses tenues toujours élégantes faisaient d’elle une femme véritablement splendide.
— Soleil…
Lorsqu’il revint s’asseoir à ses côtés, Jared glissa un bras autour de sa taille et lui offrit un sourire enjôleur… Ce fut sans doute ce qui permit à Tasha de saluer sa rivale avec un peu plus de cordialité que d’ordinaire. Mais la réponse de Soleil manqua singulièrement de chaleur.
— J’ai croisé Soleil au bar et je lui ai demandé de se joindre à nous, expliqua Jared sans enthousiasme excessif.
— Bien sûr, acquiesça Tasha.
Le sourire de Jared lui réchauffait toujours le cœur : elle pouvait bien supporter Soleil quelques instants. La courtoisie l’imposait, d’ailleurs.
Pendant qu’elle prenait place à leur table, Tasha se demandait quelles pressions Soleil avait exercées pour se retrouver sur la même affaire que Jared. Elle avait fait jouer l’influence de son père, sans nul doute…
Ils commandèrent et la conversation, aisée, roula sur le fabuleux spectacle qu’ils venaient de voir.
Au bout d’un moment, Tasha se leva.
— Si vous voulez bien m’excuser un instant…, dit-elle avec un sourire poli.
Celui-ci dissimulait un ennui profond. Effet que lui faisait toujours la conversation futile de Soleil. Aller se repoudrer le nez était un prétexte aussi bon qu’un autre… Mais à sa grande surprise, Soleil lui emboîta le pas.
Seigneur… Elle cherchait donc le tête-à-tête ! Si elle cherchait à l’impressionner, elle en serait pour ses frais.
Lorsque Tasha sortit des toilettes, sa rivale, devant la glace, vérifiait attentivement la tenue d’un maquillage pourtant parfait. Pour elle aussi, l’intermède était un prétexte.
— Donc, Jared et vous ne partagez plus le même appartement ?
Au moins, la déclaration avait le mérite d’aller doit au but.
— Je ne passe pas la nuit à l’hôtel, rétorqua Tasha.
Les yeux de Soleil jetèrent un éclair froid vaguement inquiétant.
— Répondez donc à ma question, chérie.
— Qui m’oblige à discuter de ma vie privée ? Je ne suis pas à la barre, que je sache.
— Si l’information était fausse, vous vous seriez récriée, répliqua Soleil alors qu’une expression satisfaite épanouissait ses lèvres aux contours soigneusement dessinés. Je tenais simplement à vous avertir. Jared est pour moi, à présent.
— Si vous ne craignez pas de vous heurter à un refus…
— J’ai quelques cordes à mon arc. En matière d’hommes, certains prétendent même que j’ai du talent.
Tasha reprit son petit sac et, sur le pas de la porte, marqua un bref arrêt :
— Parfois, on évalue mal la difficulté. Tout le monde n’est pas lucide quant à ses capacités.
Cette dernière salve lui fournit une grande satisfaction. Il était plaisant de clouer le bec d’une pareille pimbêche.
Tasha revint s’asseoir avec quelques instants d’avance sur Soleil, le temps d’un coup d’œil complice échangé avec Jared.
— Je ne te demande pas comment cela s’est passé ? dit-il à mi-voix, sur un ton légèrement amusé.
— Passons ! répliqua Tasha avec un sourire moqueur. La revoilà…
Soleil reprit son siège, se tourna vers Jared et lui demanda de sa voix trop assurée :
— Vous restez pour le week-end ?
— Oui, répondit celui-ci sans s’avancer.
— Moi aussi ! J’ai réservé une suite au Royal Palace. Je pensais à une petite partie de golf, demain matin… Cela vous intéresse ?
Jared suspendit sa réponse, juste le temps nécessaire pour ne pas paraître impoli :
— Merci, mais non… Tasha et moi avons d’autres projets.
Tasha ne put retenir un regard étonné.
— Des projets?
Il tourna vers elle un sourire câlin.
— Oui, pour la matinée…
Il appuya sa déclaration d’un clin d’œil qu’il ne voulait pas discret et, se tournant vers Soleil, Tasha haussa légèrement les épaules.
— Dommage pour le golf… On dirait que Jared a d’autres idées en tête.
Ce dernier termina son café et se leva.
— Si tu es prête, Tasha…
— Bien sûr, répondit-elle en prenant son sac. Profitez de votre week-end, Soleil. Je suis certaine que nous nous reverrons sous peu.
Hélas. Soleil n’abandonnerait pas si vite. Et pourtant, elle venait d’essuyer une belle rebuffade. Tasha sourit.
Ils remontèrent en voiture et en démarrant, Jared se tourna vers elle :
— Ai-je droit à une explication sur votre petit entretien ?
Il reprit la direction de la grande plage. Tasha n’avait pas l’intention d’esquiver.
— Elle a tenu à me prévenir qu’elle s’apprêtait à passer à l’attaque.
— Et tu as répondu ?
— Que certains surestimaient leurs capacités.
Jared réprima un petit sourire. Soleil avait affaire à forte partie.
Ils atteignaient la résidence, et Jared obliqua pour entrer dans le parking. L’ascenseur eut tôt fait de les mener à leur appartement.
— Est-ce que Soleil t’ennuie ? dit-il en ouvrant la porte.
Il jeta les clés sur la console de l’entrée.
— C’est plutôt à toi qu’il faudrait poser la question… C’est toi qu’elle poursuit.
Tasha s’était rendue dans sa chambre pour ôter ses boucles d’oreilles et ses escarpins, mais elle entendit distinctement la réponse de Jared.
— Devrais-je me sentir flatté ?
— Tu tournes la tête de toutes les femmes ! s’écria Tasha, exaspérée de sa réaction. Toutes, de six à soixante ans !
Il s’était approché jusqu’au seuil et elle dut se morigéner pour ne pas lui lancer son sac à la tête.
— A moins d’être plus aveugle qu’une taupe, tu l’as forcément remarqué !
Et de fait, il n’y avait pas plus perspicace que lui pour lire dans les âmes. Le langage du corps ne lui était pas étranger non plus. C’était l’une des raisons pour lesquelles Tasha préférait ne pas pousser plus loin la discussion : il lisait en elle comme à livre ouvert.
— Merci pour le dîner et pour le show, reprit-elle en guise de diversion. J’ai apprécié les deux.
— Mais pas la présence de Soleil…
— Non, répondit-elle honnêtement. Bonne nuit
Tranquillement, elle ferma la porte de sa chambre.
Elle ne mit que quelques minutes à se déshabiller et se démaquiller, puis se glissa entre les draps frais, essayant d’oublier le regard coupant de Soleil.
Le sommeil dut la prendre sans qu’elle s’en aperçût car elle s’éveilla d’un bond. Un moment, elle se sentit désorientée par l’aspect inhabituel de la chambre. Elle avait la bouche sèche. Un grand verre d’eau lui ferait du bien. Pieds nus, elle se rendit à la cuisine.
Un rai de lumière filtrait à travers les stores. La ville, elle, ne dormait jamais complètement. Tasha sortit un verre et l’emplit d’eau filtrée.
Au-dehors, la nuit pâlissait. L’aube n’allait pas tarder à poindre, mais on voyait encore briller les étoiles.
Elle but à longues gorgées. Une fois désaltérée, pourtant, Tasha se rendit compte que la soif n’était pas seule en cause. Elle se sentait nerveuse, beaucoup trop pour retourner se coucher. Le paysage nocturne l’attirait comme un aimant.
Quelque chose bougea à la périphérie de sa vision et elle identifia le trait lumineux qui rayait le ciel : un jet, en route pour l’aéroport de Coolangatta, un peu plus au sud. Les silhouettes des immeubles se dressaient, sentinelles immobiles, illuminées par les néons multicolores des publicités. La circulation était minimale à cette heure. Au loin, on entendit une sirène et un crissement de pneus. Un automobiliste inconscient qui se faisait poursuivre par la police, sans doute. Très vite, le calme retomba sur la ville.
— Tu n’arrives pas à dormir ?
Absorbée dans la contemplation du paysage, Tasha n’avait ni entendu, ni senti entrer Jared.
— J’avais soif. J’espère que je n’ai pas perturbé ton sommeil.
« Si, et pas seulement cette nuit », songea Jared.
— Je ne dormais pas.
Tasha resta un instant silencieuse. Elle ne s’était pas retournée, et gardait les yeux rivés sur la ville endormie.
— Tout est si tranquille à cette heure, dit-elle enfin.
Il était proche, bien trop pour qu’elle n’ait pas envie de fuir… mais ses membres lui refusaient tout service.
Elle le sentait derrière elle, incroyablement présent. La touche musquée de son parfum parvenait jusqu’à elle, comme sa chaleur, et l’extraordinaire puissance virile qui émanait de lui. Il dormait nu et elle imaginait les contours de son corps dans la pénombre. Ses souvenirs, malgré elle, recréaient sa souple musculature. Elle n’avait aucun mal à imaginer son excitation.
Elle oscilla légèrement vers lui, comme si la mémoire de leurs étreintes agissait de son propre chef, stimulée par le flux d’énergie primitive qui circulait entre eux.
« S’il te plaît, supplia-t elle en silence. Retourne d’où tu viens. Je n’aurai pas la force de tenir si tu ne m’aides pas… »
Elle était sans volonté, comme un instrument réglé à la perfection qui attend le toucher du maître pour exhaler la musique de son âme. Pour que leurs deux êtres s’accordent en une harmonie tellement magique, tellement ensorcelante qu’elle en perdrait souffle et raison.
Elle sentit ses mains la prendre aux épaules, et elle ploya en un soupir.
Sa peau frémissait dans l’attente de ses caresses, chaque terminaison nerveuse impatiente, piaffant de fébrilité. A nouveau elle vibrait, intense. A nouveau, en elle la vie s’éveillait.
Jared ne bougeait pas et elle non plus. Sur le fil, ils semblaient craindre de rompre le charme, de dissiper la magie de l’instant et restaient immobiles, au bord de l’inévitable.
Le souffle de Jared effleura ses tempes. Il écarta le flot de ses cheveux pour dénuder sa nuque et y posa la bouche, déclenchant chez elle une spirale de désir. Doucement, il vint taquiner le lobe de son oreille.
Elle aurait dû lui dire d’arrêter, il fallait qu’elle s’écarte de lui. Mais elle restait immobile, soumise à une alchimie trop puissante pour être combattue.
Un baiser, se disait-elle. Un simple baiser… Rien de plus.
Enfin Jared la fit pivoter vers lui. Il encadra l’ovale de son visage de ses deux mains, puis sa bouche se plaqua sur la sienne en une tendre supplication qui lui noua la gorge.
Leurs langues se mêlèrent en une danse lente, persuasive, et Tasha sentit ses jambes se dérober. Du bout des doigts, elle se hasarda à effleurer les larges épaules de Jared pour se retirer aussitôt, comme si elle se brûlait à sa chaleur.
Et toujours, sa langue contre la sienne prenait, donnait en une caresse tellement suggestive que Tasha rendait les armes. Elle s’abandonnait à son baiser… Enfin, elle acceptait.
Mais ce n’était pas assez. Ce ne serait jamais assez, et elle gémit lorsque la main de Jared se glissa sous sa nuisette et remonta le long de sa cuisse.
Il retrouva sa peau avec un bonheur indicible. Elle était comme de la soie sous ses doigts, si ferme et douce, si chaude… Telle qu’il l’avait toujours aimée. Tasha était à lui de nouveau, fébrile, passionnée, et peu à peu, ses craintes se dissipaient. Il avait eu si peur de ne plus jamais la toucher !
C’était si bon de la sentir trembler alors qu’il effleurait sa toison… Tasha laissa échapper un gémissement aigu quand il écarta les plis veloutés de son intimité pour explorer sa moiteur. Elle se cambra contre lui, cherchant instinctivement à faciliter sa caresse. Doux et précis, Jared la sollicitait, et il sentait son clitoris palpiter sous ses doigts.
Rien ne le rendait plus heureux, et plus fier, que la jouissance de Tasha. Elle lui appartenait, alors, tout entière… elle était sienne…
Quant à Tasha, elle se sentait renaître au plaisir. Il éveillait en elle mille sensations fugaces et bruissantes, comme un envol de papillons. Sa main plongée entre ses cuisses l’étourdissait. Quand il relâcha son emprise pour la dénuder, faisant passer sa nuisette au-dessus de sa tête, elle ne put que s’accrocher à lui du regard, éperdue, soumise à un maelström d’émotions si profondes, si merveilleusement complexes qu’elle en aurait crié.
Délibérément séducteur, Jared savoura d’un baiser humide le creux de son épaule, frôla son dos de la main jusqu’à atteindre l’arrondi de ses fesses.
— Je… je ne pense pas…, dit-elle en un hoquet.
— Non, répondit-il d’une voix sourde. Ne pense pas.
Il lui écarta les cuisses et la saisit par les hanches, l’attirant contre lui. Avant de fermer les yeux, Tasha eut le temps de penser qu’il mettait tout en oeuvre pour la faire succomber… et que cela n’avait aucune importance. Car elle avait envie de lui, besoin de la magie de ses étreintes.
Cette nuit, rien que cette nuit… Etait-ce mal de le vouloir si fort ?
Il l’emporta pour la mener jusqu’à sa chambre et elle enfouit le visage dans son cou, pour ne pas lui révéler l’intensité du désir qui brûlait dans ses yeux.
La lune se glissait entre les stores, nimbant la pièce d’un halo d’argent.
Jared déposa Tasha sur le lit avant de se couler auprès d’elle.
Du bout du doigt, il dessina le contour de sa lèvre pleine.
— Je veux te donner du plaisir, dit-il doucement, et sa bouche captura la tendre pointe de son sein qu’il savoura longuement.
Puis il agaça du bout des doigts son autre téton, et le fit durcir avant de l’aspirer entre ses lèvres. Tasha s’offrait, frémissante.
Elle se cambra soudain, en le sentant descendre, et ses yeux s’embuèrent. La bouche de Jared traçait un chemin moite sur sa peau, glissant jusqu’à son ventre puis plus bas, déterminée à lui prodiguer le plus intime des baisers.
Sa langue s’insinua en elle et il suivit la montée de son plaisir. Elle s’était embrasée, et gémissait régulièrement sous sa caresse. Quand la jouissance survint, comme une secousse, elle retint un cri, et il eut l’impression qu’elle se brisait.
Sa peau était perlée de fines gouttelettes quand elle se pencha sur lui. A son tour, elle lui donna du plaisir, repoussant ses larges mains sur le côté pour le savourer tout à son aise. Sa bouche continua, avide de lui, jusqu’à ce que la respiration de Jared se noue et qu’elle l’ait mené au bord de l’extase.
Alors elle le chevaucha, exultant de le prendre en elle. Ses lents et profonds coups de reins l’entraînaient dans un tourbillon. Electrisée, elle se sentait prête à le suivre, jusqu’au bout.
C’était magique, se dit-elle lorsqu’ils reprirent leur souffle dans les bras l’un de l’autre, enlacés, au bord du sommeil.
La chambre s’éclairait progressivement et sous peu, l’aube aurait repoussé la nuit. Le disque de feu du soleil ne tarderait plus à apparaître, inondant l’horizon de sa lumière. Bientôt, la ville s’éveillerait.
Mais pour l’heure, dans la pénombre, ils étaient blottis l’un contre l’autre. Les paupières de Tasha s’abaissèrent doucement et, nichée contre l’épaule de Jared, elle s’endormit

 
 

 

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